Un piéton dans le Paris du XIXe siècle
GERMAIN Gabriel
Created on February 2, 2024
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Transcript
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Emile Zola https://snl.no/%C3%89mile_Zola
Le grand magasin https://passerelles.essentiels.bnf.fr
L’opéra Garnier https://passerelles.essentiels.bnf.fr
L’immeuble haussmannien https://passerelles.essentiels.bnf.fr
Le pavillon des B.O.F. https://www.google.com/url?sa=i&url=http%3A%2F%2Fwww.camembert-museum.com
Le quartier misérable Eugène Atget Rue Quincampoix © Bibliothèque nationale de France, Estampes Eo 109b boîte 7, microfilm : H029708, T039902.
La tour Eiffel BnF.fr
Les halles de Paris- La marée wikimedia.org
Le grand magasin
Alors que je vagabondais, errant dans la ville Lumière, observant l’incessant va-et-vient des bourgeois, tantôt pressés, tantôt se promenant, je me rendis peu à peu compte que les nombreux habitants arpentant de long en large les somptueuses avenues de la ville étaient bien mieux vêtus que moi ! Je m’étais pourtant habillé de ma plus belle chemise et de mon chapeau le moins élimé ! Un homme aspirant à rencontrer Emile Zola se devrait d'être vêtu d’une façon pour le moins élégante. Je me mis donc en quête d’une boutique où trouver une tenue décente. Ainsi, quand, étant déjà passé devant quelques échoppes sans intérêt quelconque et un peu découragé, j’arrivai à l’angle des rues du Bac et de Sèvres, mon cœur fit soudainement un bond dans ma poitrine. Je le trouvai enfin, ce grand magasin, ce temple du commerce vanté par les plus grands auteurs de notre temps ! La haute et majestueuse porte principale, ornée de dorures, encadrée par les nombreuses vitrines de glace débordantes de produits semblait soutenir la prestigieuse enseigne “Au Bon Marché”. Alors, le souffle presque coupé par cet étalage de luxe, des glaces sans tain aux comptoirs en passant par les nombreuses demoiselles vêtues de soie noire qui s’affairaient hâtivement derrière les vitrines pleines à craquer, je pénétrai d’un pas conquérant, dans ce temple inextricable de la consommation où il est si facile d’entrer, mais beaucoup plus ardu de ressortir sans rien acheter ! Alors que j’errais dans le magasin, depuis deux heures déjà, totalement désorienté, au détour d’un rayonnage aussi long que la seule avenue de mon petit village, au milieu d’une multitude de napperons, de couverts, de vases, d’une luxuriance de parfums aux senteurs et aux formes diverses et variées, d’une avalanche de sorties de bal, de fourrures ou encore de bandes de vison d’Amérique bariolées, chinées, rayées, d’une opulence de draperies et de lainages gris ardoise, bleu marine et vert olive, au milieu de tout cela, je le vis ! Je le vis, ce costume qui me mènera à Emile Zola, le plus grand auteur naturaliste de notre ère ! Aussitôt, les demoiselles de magasin accoururent. Un nouveau haut de forme ? Vendu ! De belles et brillantes chaussures noires ? Adjugé ! Et pourquoi pas ces beaux gants à la dernière mode de Paris ? Mais bien volontiers ! Lorsque je quittai enfin le grand magasin, il était presque midi. Alors, un sourire béat aux lèvres et l’esprit embué par toutes les merveilles que j’avais vues aujourd’hui, je repensais à tous mes vêtements neufs, bien pliés au fond d'un petit sac de toile que je tenais à mon bras. Décidément, il était bien là, le progrès, le vrai !
Portrait de l’artiste à rencontrer-Emile Zola
Alors que je m’étais enfin rendu à l’Exposition Universelle, point culminant de mon voyage à Paris, et que j’errais sur les champs de Mars, en bordure de la Seine, admirant l’imposante tour de fer qu’on avait baptisé la “Tour Eiffel” et qui semblait dominer toute la capitale, des faubourgs aux quartiers huppés, de ses trois cents mètres de haut, vêtu de mon plus beau costume, que j’avais acheté au Bon Marché, et espérant secrètement avoir l’honneur de rencontrer le chef de file et le plus grand auteur du mouvement naturaliste, au détour d’une allée, je le vis ! Emile Zola, cet écrivain et journaliste français né le 2 avril 1840 à Paris, ce romancier des plus populaires, des plus publiés, des plus traduits et commentés dans le monde entier, connu pour ses romans peignant la société du Second Empire dans toute sa diversité, notamment à travers ses romans Germinal, Nana ou encore Au Bonheur des Dames, mais surtout et par dessus tout à travers sa fresque de roman Les Rougon-Macquart, se tenait devant moi, assis devant un bureau et dédicaçant des livres au personnes ayant le courage de surmonter la foule patientant devant l'auteur. Quelle surprise, mais surtout, quelle joie ! Lorsque vint enfin mon tour, nous causâmes longuement. Tout en lui inspirait le respect et l’admiration, autant à l’oral qu’à l’écrit: son sens aigu du détail, de la métaphore ou encore le rythme des ses phrases. Après avoir fait dédicacer mon exemplaire du Ventre de Paris et lui avoir fait mes adieux, je repartis, le cœur lourd de multiples merveilles. Ah, mais quel homme que cet Emile Zola, le plus grand auteur de notre temps !
La tour Eiffel
Après avoir rencontré mon romancier favori, je me rendis à l'extrémité nord-ouest du parc du Champs de Mars au pied de la “Tour des 300 mètres”, ouvrage provisoire, qui était alors recouverte en ce mois de mars 1889 d’une épaisse couche de peinture d’une magnifique couleur dite “brun rouge”. Cette splendide tour de fer puddlé de 1000 pieds de hauteur à base carrée avait été achevée, semblait-il, en un temps record de deux ans, deux mois et cinq jours seulement, en avant-première de l’Exposition universelle du centenaire de la prise de la Bastille ! Avant le début des festivités de l’inauguration, Gustave Eiffel, l’ingénieur de grand prestige qui avait dirigé les travaux de construction de la Tour Eiffel suite à sa victoire lors d’un concours où il avait été choisi parmi 107 candidats, alla déployer au sommet de l’édifice un grand drapeau national tricolore sur une étroite plate-forme, en compagnie d’un cercle restreint de certains de ses collaborateurs et de personnalités du Gouvernement et de la ville de Paris, comme les centraliens Mr Contamin et Mr Charton, ce qui avait augmenté de 12 mètres la hauteur du monument, qui s'élevait désormais donc à 312 mètres du sol. De retour au plancher des vaches, il rendit un vibrant hommage à ses équipes et notamment aux 300 ouvriers qui avaient construit celle qui était devenue la Dame de Fer. Ensuite s’ensuivit une cérémonie grandiose digne des fêtes qui avaient jadis lieu au palais de Versailles. Un véritable festin, avec un buffet gigantesque proposant toutes sortes de mets divins, s’était tenu, et, pour cloître en douceur cette commémoration éblouissante, des feux d’artifices furent tirés dans la soirée, créant un spectacle éclatant et fastueux.
L’immeuble haussmannien
Le soir venu, je me rendis chez Philippe Leblanc, mon ancien frère d'armes que je considérais comme un membre de ma famille. Je l’avais rencontré lorsque j’avais été mobilisé dans le 15° régiment d’artillerie durant la guerre de septante, en 1870. C’était mon hôte, chez qui j'allais loger au cours de cette escapade dans cette splendide ville qu’est la ville des Lumières. Étant marié à une aristocrate de la haute bourgeoisie, il vivait dans le 17ème arrondissement. Alors que je me dirigeais vers sa demeure, au détour d’une petite place, c’est là que je découvris le véritable Paris d’Haussmann. C'était dans cette rue que Philippe habitait. Cette rue, que dis-je, dans cette impressionnante avenue ! Non, pas dans cette impressionnante avenue, dans ce gigantesque boulevard sans fin ! J’aperçus enfin l’hôtel particulier dans lequel il logeait, qui était en réalité un imposant immeuble haussmannien d’une demi-douzaine d’étages. J’y reconnais assez rapidement la large porte cochère en bois peint, qui permettaient à des fiacres d’accéder à l’écurie dans la cour, à côté de laquelle un bonnetier faisait commerce. L’entresol, ainsi que le rez-de-chaussée étaient striés de profonds refends qui marquaient profondément cette magnifique façade en pierre de taille. L’étage « noble », où il habitait, comportait un balcon en pierre filant, tout comme le cinquième étage, et l’on pouvait entrevoir à travers les vastes fenêtres une pièce de réception. On pouvait aussi apercevoir de la rue le sixième étage, constitué de mansardes, où logeaient les domestiques, sous le toit de zinc.
Toutes les bâtisses du quartier appartenaient à un ensemble homogène, et semblaient respecter une même hauteur, ce qui donnait une véritable impression d’unité. J'appuyai sur la sonnette, et, quelques instants plus tard, le concierge vint m’ouvrir. A peine entré, je fus directement ébloui par la splendeur du porche d’entrée. Un majordome me fit signe, et me conduisit ensuite dans un somptueux escalier digne des grands hôtels parisiens : des limons en acier à découpe crémaillère, des marches de hêtre avec nez de corbin, des garde-corps en fer forgé… Au deuxième étage, j’aperçus enfin ce cher Philippe, qui m’attendait avec impatience. Après une effusion d’embrassades de courte durée, je pénétrai alors dans son appartement : si la beauté et le prestige de la façade attirait l’œil, l’intérieur n’en était pas moins raffiné. Il y avait des moulures en plâtre aux angles des plafonds, courant le long des murs ou s’accrochant aux encadrements des portes. Le parquet massif en bois en point de Hongrie grinçait légèrement, ce qui faisait partie de son charme. Au-dessus d’une cheminée de marbre, un grand miroir reflétait la lumière naturelle dans la pièce, due aux fenêtres élancées. Mais, épuisé par cette longue journée, je me dirigeai sans même avoir dîné vers la chambre à coucher qu’on m’avait réservée, et m’endormis alors rapidement d’un sommeil lourd.
Suite (Immeuble Haussmannien)
Les halles de Paris- La marée
Lors de mon séjour parisien, mon hôte me parla longuement des Halles, ce vaste labyrinthe d’étals, dont je connaissais les coins et recoins grâce au Ventre de Paris d’Emile Zola. J’eus alors l’idée de partir, avec les domestiques de mon ancien frère d’armes, explorer cette “Chapelle du ventre” pendant qu’ils faisaient les commissions. Lorsque j’arrivai, à l’aurore, j’eus l’immense plaisir d’assister à ce spectacle, à cette aquarelle de teintes douces et apaisantes des flammes d’incendie du levant et de la poussière d’or volante soulevée par les nombreux camions d'arrivée débouchant de la rue Turbigo. Ah, quel merveilleux moment que celui-là, où les carreaux bourdonnaient et les pavillons grondaient, où toutes les voix donnaient, où contrastaient les notes aiguës des glapissements de criée avec les basses sourdes de la foule, ah, mais quel moment ! Je restai ainsi, émerveillé et immobile, devant le somptueux spectacle de cette fourmilière humaine, jusqu’à ce qu’un des domestiques avec qui j’avais longuement causé durant le trajet ne m'appelle. Nous décidâmes alors d’entrer dans le pavillon de la Marée, celui où, paraît-il, on vendait les meilleurs poissons de toute la capitale. Lorsque je pénétrai dans l'imposant bâtiment surmonté d’une majestueuse verrerie, après être passé devant la somptueuse fontaine de la poissonnerie, je restai bouche bée. La pièce, du sol au plafond, était couverte d’une multitude de soles, de kyrielles de thon aussi larges que longs, des nombreux bancs de sardines aux yeux vitreux, d’un luxuriance de truites arc-en-ciel dont les écailles reflétaient la lumière passant par les larges vitres de glace ou encore de myriades de bars et de cabillaud coupés et séchés.
Un peu plus loin trônaient des poissons plus rares et moins connus tels que des tacauds, des sébastes, des plies, des chinchards ou encore des congres. Plus loin encore, sur un présentoir, étaient posés des sauces et d’autres condiments. Enfin, au milieu de tout cela, en haut d’une avalanche de multiples crustacés, dans un aquarium, demeuraient d’énormes crabes et des homards plus gigantesques encore. Les paleurs matinales se reflétant sur les écailles des poissons et les carapaces des crustacés, ainsi que l’odeur qui régnait, tantôt salée, tantôt fumée, tantôt iodée, plongeaient le pavillon dans une ambiance des plus agréables. Mon émerveillement passé et les domestiques ayant fini leurs commissions, nous nous dirigeâmes vers un autre pavillon.
Suite (La marée)
Le pavillon des B.O.F.
J’étais en train de vagabonder dans la multitude des étalages, lorsque, au détour d’un pavillon sans grande importance, je fus attiré par une odeur alléchante qui caressait mes narines, et découvris la cathédrale du bon Français par excellence, cathédrale sur laquelle trônait en lettres capitales l’inscription B.O.F., ce qui était l’acronyme de Beurre, Œuf et Fromage. On pouvait donc acheter ici toutes sortes de produits fermiers de fabrication artisanale, mais l’étal le plus imposant était celui de la fromagerie. Les différents fromages étaient séparés en fonction de deux catégories : le type de lait (chèvre, vache, brebis...) ou encore la région de France d’où le produit provenait. On y trouvait donc par centaines d’un côté, tout en bas, contre la glace, du comté 36 mois d’affinage, du morbier, du mont d’Or coulant ou du gruyère de Franche-comté; d’un autre, sur le présentoir, du beaufort qui m’avait l’air ma foi fort appétissant, de l’abondance, du reblochon ou encore du Saint Marcellin à l’allure laiteuse, en provenance de la Savoie et du Rhône-Alpes, dans un coin au dessus; mais aussi, sous une cloche de verre, du camembert bien fait, du Pont-l’évêque de couleur beige et de forme carrée à la texture moelleuse et oncteuse, du livarot, tandis que, derrière s’empilaient une avalanche de caisses dont mon odorat m’informa qu’ils venaient probablement du Nord-pas-de-Calais et de la Picardie: véritable mimolette française à la chair orangée, Vieux-Lille de couleur grisâtre à l’odeur légérement ammoniacale, boulette d’Avesnes et l’éternel Maroilles. En déambulant à travers la salle, des serveurs, munis de plateaux d’argent, proposaient pour certains une dégustation de toutes sortes de bleus: bleu de Gex du Jura, bleu des Causses du Languedoc-Roussillon, bleu d’Auvergne ou bleu du Vercors-Sassenage, et pour d’autres un assortiment de différents fromages de toutes la France: il y avait donc du Saint Nectaire d’Auvergne, de la tome des Bauges, du roquefort d’une saveur ovine prononcée et d’un goût de moisissures quelque peu salé… Ah, quelle heureuse matinée ai-je passée ce jour-ci ! Ah, quelle quantité astronomique de mets fins et raffinés ai-je découvert ! Ah, quelle merveille que ce “ventre de Paris” !
Le quartier misérable
C’était un beau matin de printemps. Mon hôte étant parti au travail, sa femme faisant ses emplettes au Bon Marché et ayant laissé ses domestiques aux Halles, j’étais seul et m’ennuyais ferme. Quel intérêt, lorsque l’on est à Paris, la ville Lumière, de passer son temps dans ces appartements, certes magnifiques, mais qui manquent singulièrement de vie et d’animation, contrairement aux imposantes avenues et aux majestueux monuments du dehors. Je décidai donc d’aller me promener le long de la Seine, d’où je pourrais admirer le Louvre, la Place de la Concorde ou encore la légendaire cathédrale Notre Dame de Paris et flâner dans le jardin des Tuileries. Hélas, je ne savais pas encore que cette promenade de rêve allait vite tourner au cauchemar… Alors que je m'aventurais, m’éloignant inconsciemment de la Seine, de plus en plus dans les tréfonds de la capitale, je me rendis peu à peu compte que les rues, qui m’étaient de moins en moins familières, devenaient plus petites, plus étroites, plus austères… Lorsque je fus convaincu que j'étais bel et bien perdu, j’envisageai tout d'abord de prendre un fiacre. Hélas, aucun ne stationnait dans les parages. Je m'arrêtai alors pour mesurer l’ampleur de la situation dans laquelle je m'étais fourré. Ce que je vis me sidéra: çà et là, des enfants vêtus de nippes crasseuses jouaient dans le caniveau, entre les vieux taudis faits de bric et de broc; des mendiants loqueteux et de misérables chiens errants jonchaient la rue dont j’avais appris le nom à la vue de l’enseigne à moitié sortie de ses gonds “Rue Quincampoix”. Les rares boutiques délabrées aux vitrines couvertes de buée étaient devenues de véritables coupe-gorge. Au milieu de cet indigent bouge plein de mansardes insalubres et d’hommes et de femmes dépenaillés et nécessiteux, loin de tout confort, la détresse, mêlée à une colère noire, me prit. Quel genre d’homme pouvaient ainsi laisser de tels quartiers pleins d'hommes fangeux et de pauvres femmes à leur sort ? Lorsque je fus enfin rentré, après de multiples vagabondages dans ce miséreux quartier, je me rendis compte que cette malheureuse excursion m'avait laissé dans un abîme de perplexité. Décidément, Paris était une ville pleine de contrastes…
L’opéra Garnier
Lors de mon dernier soir à Paris, mon hôte et sa femme décidèrent de m’inviter à l’Opéra Garnier, lieu où ils avaient l’habitude de se divertir. Après une longue discussion, nous décidâmes d’aller voir le Cid, de Pierre Corneille, une pièce tragi-comique que je n'avais, malgré mon grand intérêt pour ce dramaturge, jamais vue. Arrivé là-bas, je fus frappé par la beauté, le luxe et l’apparat qui se dégageaient de ce bâtiment. La grande façade décorée de marbre, de stucs, de fresques, ou encore de dorures et de divers autres ornements était à couper le souffle. Les marches de l’entrée, qui donnaient l'impression de ne pas être à dimension humaine, semblaient soutenir les nombreuses grandes et lourdes portes par lesquelles s’engouffraient nombre de riches gens luxueusement vêtus arrivés par de somptueux fiacres privés tirés par de beaux chevaux blancs. Sur le toit, les grandes statues d’or et le dôme qui me dominaient semblaient surplomber le quartier de toute leur hauteur. J’entrais par l'une des portes principales, située sur la façade Est du bâtiment, et je commençai alors une brève visite . J'aperçus dans la Rotonde des Abonnés un plafond orné d’arabesques avec l’inscription « JEAN LOUIS CHARLES GARNIER ARCHITECTE 1861-1875 ». Une fois franchie, elle donnait sur le bassin de la Pythie, qui menait jusqu’au grand escalier d’apparat -chef d’oeuvre où la richesse des matériaux est éblouissante : onyx, cuivres, dorures, peintures, mosaïques…- et à l’incroyable nef de 30 mètres de haut construite en marbre.
Arrivé dans la salle de spectacle de l’opéra de Paris, je m’installai à ma place réservée. En attendant que commence la représentation du Cid, j’observais la pièce dans laquelle j’étais assis : en forme de fer à cheval, elle permettait de voir et d’être vu; la structure métallique était masquée de différentes matières, comme le velours, qui supportaient l’immense lustre de cristal et de bronze; le plafond, peint par Marc Chagall ainsi que le rideau de scène étaient également splendides.La pièce étant terminée, je rentrais dormir avec mes hôtes dans le 17ème arrondissement. Lorsque je me glissai, ce soir-là, dans mes draps de soie dorée, le corps lourd de fatigue et le coeur rempli de merveilles, je songeai que dans moins de dix heures, je serai à la gare Montparnasse, bagage en main, puis repartirai m’abandonner à mon ennuyeuse et monotone fin de vie, près de Tours. Ah, comme ils furent merveilleux ces deux jours-là ! Décidément, ce magnifique séjour dans la Ville-Lumière restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Suite (L'opéra Garnier)