Une photo chez les Kirdi

Figure 2 - Notes de Michel Leiris

Figure 1 - Fiche de terrain d'André Schaffner intitulée "Musique : instruments"

Ces deux objets ont été "collectés" pendant la mission Dakar-Djibouti. Cette mission ethnographique avait pour objectif, entre autres, l'étude et la description des sociétés rencontrées, de leur mode de vie, et de leurs pratiques. Cela passait à la fois par la photographie, comme le représente la photo du Kirdi Sifflant, par la prise de notes (figure 1 et 2) mais également par la collecte d'objets. Près 3 500 objets ont été collectés pendant cette mission, ces deux sifflets en font partie. Il s’agissait de pouvoir témoigner de la culture matérielle de chaque société mais également, dans le contexte colonial de l’époque, d’avoir des connaissances sur les populations des territoires soumis. Ces collectes sont aujourd’hui questionnées dans la légitimité qu’ont les anciens colons à conserver des objets “collectés” dans des circonstances discutables.

Photographies, collecte de mots et d'objets

Pour en savoir plus sur Marcel Griaule et l'expédition Dakar-Djibouti, écoutez notre podcast !

Marcel Griaule est un ethnologue et africaniste français principalement connu pour ses missions ethnographiques. Il a notamment dirigé la mission Dakar-Djibouti, de laquelle est issue notre photographie. Pendant cette période, lors des expéditions scientifiques, l'identification en tant qu'auteur des photographies se rapportait davantage à une autorité scientifique de référence qu'à la personne derrière la photographie. C’est donc à Marcel Griaule qu'ont été attribuées toutes les photographies de cette expédition après accord avec les autres membres bien qu'il n'en soit pas systématiquement l'auteur. Il reste en néanmoins celui ayant réalisé le plus grand nombre de photographies au cours de l'expédition.

Marcel Griaule (1898 - 1956)

Cette photographie a été prise au même moment, dans la même région et avec la même technique que la photo du Kirdi Sifflant, on peut alors imaginer qu'elles font parties de la même série.

Titre donné par le Musée du quai Branly : Musicien Kirdi

Cette photographie a été prise au même moment, dans la même région et avec la même technique que la photo du Kirdi Sifflant, on peut alors imaginer qu'elles font parties de la même série.

Titre donné par le Musée du quai Branly : Musicien Kirdi

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« Kirdi sifflant », c’est ainsi que le Musée de l’Homme a décidé de nommer cette photo. L’homme sur la photo serait donc un « Kirdi ». Les Kirdi ont été désignés ainsi et relégués au rang d’infidèle par opposition aux fidèles de l’islam. Ce terme péjoratif regroupe sous la même appellation des dizaines d’ethnies de nord du Cameroun aux noms, cultures et structurations sociales différentes. L’homme sur la photo, ayant été désigné comme « Kirdi », fait en réalité partie d’une ethnie peuplant les terres de la région Mora à l’extrême nord du Cameroun, dans les hauteurs des massifs.

Kirdi Sifflant

Quel objet tient l'homme sur la photo entre ses mains ?

André Schaeffner, ethnomusicologue, dans la revue Minautore.

« Dans les danses les joueurs de sifflets et de cornes se groupent en cercle à peu près serré. Leurs instruments sont constitués uniquement par des cornes d'animaux ; les plus grandes, des cornes d'antilope (madva) sur le pourtour desquelles une embouchure latérale est taillée en forme de rectangle ; les plus petites, des cornes de biche (zarakamba), à l'intérieur desquelles l'on souffle comme dans une clé. […] les mélodies ainsi jouées ont une étendue de six à sept notes et sont indéfiniment répétées. Les musiciens n'exécutent chacun qu'une ou deux notes, en soufflant certaines d'un coup sec, et en baissant brusquement et alternativement le buste. »

La musique chez les Kirdi