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Jules Carrez, un instituteur dans la Résistance
Cécile Vast
Created on November 11, 2022
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Transcript
INTRODUCTION
Crédits
Un instituteur dans la Résistance
Jules Carrez
4. Une fonction de commandement : responsable de Libération-Nord et recruteur pour le maquis du Lomont (1943- 1944)
3. Une fonction intellectuelle : rédacteur de la presse clandestine (1943-1944)
2. Un instituteur surveillé et sanctionné par Vichy (1940-1942)
1. Qui est Jules Carrez (1903-1985) ?
Sommaire
1. Qui est Jules Carrez ? (20 juillet 1903 – 27 octobre 1985)
Jules Carrez est né à Nods (Doubs) le 20 juillet 1903. Son père, Émile-Simon, est instituteur. Jules passe son enfance et son adolescence à Vercel. Il devient en 1920 élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Besançon où se développe et se transmet après la Grande Guerre un patriotisme pacifique attaché à la laïcité et au modèle démocratique. Instituteur en 1923, il effectue une partie de son service militaire dans la zone d’occupation française en Allemagne (Ruhr) jusqu’en 1925. Nommé instituteur à Vercel, Jules Carrez poursuit des études de lettres et d’histoire à l’université de Besançon : il obtient les certificats de licence de littérature française, d’histoire moderne et contemporaine et de géographie. Il est affecté à la rentrée de 1929 à Valentigney, ville dont le maire est Jules Peugeot, et se marie la même année avec Lucie Laub, également institutrice. En 1932 il crée l’Association des Membres libres penseurs de l’Enseignement public avec quelques-uns de ses collègues dont Marius Jacquemard et Georges Reverbory. Militant de l’École émancipée inspirée des principes pédagogiques promus par Célestin Freinet, il milite également à la Fédération unitaire de l’enseignement comme secrétaire du Syndicat de l’enseignement du Doubs ainsi qu’au Syndicat national des instituteurs (SNI). Mobilisé le 3 septembre 1939, il connaît la débâcle de l’armée française puis est démobilisé le 21 juillet 1940. Sur demande du maire de Valentigney, Jules Peugeot, qui réprouve les engagements syndicaux et militants de Jules Carrez, ce dernier est déplacé par les autorités académiques à Maîche en mars 1941 puis à Blamont à la rentrée 1942. Responsable du mouvement Libération-Nord dans le pays de Montbéliard en 1943, il est le principal rédacteur du journal clandestin Libération du Pays de Montbéliard en 1944. Au cours de l’été 1944, il organise le recrutement et encourage d’anciens élèves à rejoindre le maquis du Lomont. Jules Carrez est membre du Comité départemental de la Libération du Doubs, plus spécifiquement chargé de l’épuration administrative et politique. Il est réintégré à Valentigney en novembre 1944 jusqu’à sa retraite en 1958.
Fausse carte d'identité de Jules Carrez établie au nom de Jean Courtot © Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon
© Musée de la Résistance et de la Déporation de Besançon
Document n°1 : Lettre de l’Inspecteur d’académie en résidence à Besançon à Jules Carrez, 18 juin 1942.
Connu pour ses engagements syndicalistes et militants, Jules Carrez est rapidement la cible de mesures répressives qui visent à révoquer, déplacer ou sanctionner les instituteurs et les personnels considérés comme suspects par le gouvernement de Vichy. Les 9 et 16 août 1940, deux circulaires sont ainsi envoyées dans les académies par le secrétariat d’État à l’Instruction publique aux recteurs et aux inspecteurs. Dans ce cadre répressif, Jules Carrez est déplacé à Maîche en mars 1941. La lettre que lui adresse l’Inspecteur d’académie en résidence à Besançon le 18 juin 1942 se réfère à ces deux circulaires pour appuyer la décision de le nommer à Maîche et mentionne explicitement des « motifs politiques » : « Votre déplacement avait plutôt des motifs politiques que des motifs d’activité syndicaliste » et ajoute quelques lignes plus loin : « on a simplement tenu à vous éloigner d’un milieu dans lequel vous avez eu autrefois une certaine activité politique » (document n°1).
2. Un instituteur surveillé et sanctionné par Vichy (1940-1942)
© Musée de la Résistance et de la Déporation de Besançon
Document n°2 : Rapport et plainte de Jules Carrez, le 19 janvier 1945.
Au cours de l’année 1942, Jules Carrez refuse avec quelques collègues de son école de participer à l’organisation de la fête des mères à Maîche. Dénoncé, il fait l’objet d’une enquête et d’une nouvelle sanction : il est déplacé à l’école de Blamont à la rentrée de septembre 1942. Après la Libération, au mois de janvier 1945, il porte plainte avec un autre collègue instituteur auprès de l’administration afin d’être rétabli dans ses droits. Son rapport rappelle les faits qui lui ont été reprochés alors, comme le « refus de participer à la Fête des Mères » ainsi que d’avoir « constitué un parti antigouvernemental et gaulliste » (document n°2).
2. Un instituteur surveillé et sanctionné par Vichy (1940-1942)
© Archives privées François Marcot
Document n°3 : Témoignage de Jules Carrez recueilli le 14 avril 1971 par François Marcot (document sonore et transcription).
Sollicité en avril 1971 par François Marcot pour recueillir son témoignage, Jules Carrez revient sur cette première période au cours de laquelle, surveillé et réprimé pour ses engagements syndicalistes, il s’inscrit résolument dans un refus de l’ordre vichyste tout en tissant des liens avec les premières organisations clandestines (document n°3).
2. Un instituteur surveillé et sanctionné par Vichy (1940-1942)
© Archives privées François Marcot
Document n°1 : Témoignage de Jules Carrez recueilli le 14 avril 1971 par François Marcot (document sonore et transcription).
Au cours de l’année 1942, Jules Carrez prend contact avec des membres du mouvement Libération-Nord. Le mouvement originaire de Paris se déploie dans le Doubs à Besançon autour de Jean Minjoz et de Fernand Clerc, à Pontarlier autour de Jules Pagnier et dans le Pays de Montbéliard autour d’Armand Bermont et de Jules Carrez. D’abord à Maîche avec la complicité de la meunière et de l’abbé Charles puis à Blamont, où il a été à nouveau déplacé à la rentrée de 1942, il récupère avec l’aide de la postière des paquets du journal Libération-Nord qu’il cache dans le grenier de son école avant de les distribuer à Valentigney et dans le pays de Montbéliard. Il raconte en 1971 cette première activité de distribution de la presse clandestine à François Marcot (document n°1).
3. Une fonction intellectuelle : rédacteur de la presse clandestine
Document n°2 : Texte manuscrit de Jules Carrez, éditorial du numéro 2 du journal clandestin Libération du Pays de Montbéliard, juillet 1944
© Musée de la Résistance et de la Déporation de Besançon
En 1944, Jules Carrez est le fondateur et l’un des principaux rédacteurs de la feuille clandestine Libération du Pays de Montbéliard : de juillet à septembre 1944, 8 numéros diffusés à un millier d’exemplaires chacun sont imprimés. Un numéro est rédigé en allemand. Le numéro 2 adressée « À la population du Pays de Montbéliard » propose un véritable programme pour la Libération attendue : départ des Allemands et fin du nazisme, rejet du régime de Vichy, mise en place d’une IVème République, rétablissement de l’ordre républicain, épuration des collaborateurs, défense des classes paysannes et ouvrières, idéal unitaire de la Résistance. Le brouillon manuscrit est de la main de Jules Carrez (document n°2).
3. Une fonction intellectuelle : rédacteur de la presse clandestine
© Archives privées François Marcot
Document n°1 : Témoignage de Jules Carrez recueilli le 14 avril 1971 par François Marcot (document sonore et transcription).
Au cours de l’année 1943, Jules Carrez devient l’un des responsables du mouvement Libération-Nord pour la région de Montbéliard et recrute, organise le recueil de renseignements ou participe au repérage de terrains d’atterrissage. Bien que partisan de la séparation du politique et du militaire, il encourage au cours du mois d’août 1944 d’anciens élèves à rejoindre le maquis du Lomont. Dans le témoignage qu’il confie à François Marcot, il raconte la difficulté à faire accepter ses recrues dans un maquis souvent dénommé le « maquis Peugeot » (document n°1).
4. Une fonction organisationnelle et de commandement : responsable de Libération-Nord et recruteur pour le maquis du Lomont (1943- 1944)
Document n°2 : Autorisations signées des parents des enfants mineurs pour rejoindre le maquis.
© Musée de la Résistance et de la Déporation de Besançon
Son aura d’instituteur lui permet cependant de convaincre quelques anciens élèves : il demande aux jeunes mineurs une autorisation signée de leurs parents pour partir au maquis. Certains rédigent de véritables lettres de motivation ! Ces billets, rédigés sans la moindre précaution pour masquer les identités des personnes, révèlent à quel point la légitimité est désormais du côté de la Résistance (document n°2).
4. Une fonction organisationnelle et de commandement : responsable de Libération-Nord et recruteur pour le maquis du Lomont (1943- 1944)
Un instituteur dans la Résistance : Jules Carrez
Crédits Ce support documentaire interactif a été réalisé pour accompagner la formation académique consacrée à la préparation au Concours national de la Résistance et de la déportation 2023 (Besançon, 24 novembre 2022) : « L’École et la Résistance (1939-1945). Des jours sombres aux lendemains de la Libération ». Bibliographie et ressources Matthieu Devigne, L’École des années noires. Une histoire du primaire en temps de guerre, Presses universitaires de France, 2018. Nathalie Lambert et Jean-Marie Alix, Jules Carrez 1903-1985. Convictions et engagements d’un instituteur dans le Pays de Montbéliard (Doubs), Belfort, Éditions Réalgraphic, 2003. François Marcot, Les voix de la Résistance. Tracts et journaux clandestins francs-comtois, Besançon, Cêtre, 1989. Biographie de Jules Carrez sur le site en ligne du Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article18811 Fonds Jules Carrez © Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon Collection du journal clandestin Libération du Pays de Montbéliard ©Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon Entretien de Jules Carrez avec François Marcot, 14 avril 1971 © Archives privées François Marcot, avec son aimable autorisation. Conception, rédaction et réalisation technique : Cécile Vast