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La collection des instruments scientifiques anciens - lycée St-Sernin

Marie Perny

Created on March 12, 2022

Ce livret interactif présente la collection des instruments scientifiques anciens du lycée St-Sernin de Toulouse et retrace quelques aspects de l'enseignement des sciences dans un lycée de filles des années 1880 aux années 1920. Il participe à la mise en valeur du patrimoine pédagogique du lycée.

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Ecriture & conception : Marie Perny

Etude de l'enseignement des sciences dans un lycée de filles (1880-1930) et valorisation du patrimoine scolaire

La collection des instruments scientifiques pédagogiques anciens du lycée Saint-Sernin de Toulouse

REMERCIEMENTS

Bibliographie

La collection des instruments anciens de Physique-Chimie du lycée Saint-Sernin de Toulouse

L'enseignement des sciences dans un lycée de filles (1880-1930)

Identifier, nettoyer, photographier...

La campagne d'inventaire de la collection

Table des MAtières

Rassembler, nettoyer, identifier, photographierCroiser les sources : les registres des collections pédagogiques

La campagne d'inventaire de la collection

D'avril à juin 2021, une douzaine d'étudiants d'Hypokhâgne s'est engagée dans la campagne d'inventaire de la collection des instruments scientifiques anciens du lycée Saint-Sernin, ancien lycée de filles de Toulouse, ouvert en 1884. Plus de 70 instruments ont été rassemblés, nettoyés, identifiés puis photographiés.

La campagne d'inventaire: assembler, nettoyer, identifier, photographier.

Détail de la première page du premier registre d'inventaire du cabinet de Physique-Chimie (1884-1908). Archives du lycée.

Ces objets ont été croisés avec des archives écrites : les registres d'inventaire couvrant la période 1884-1910 ont été transcrits et ont permis d'identifier les instruments, d'en connaître les fournisseurs et le prix d'achat. Enfin, la liste établie de la collection figure désormais dans la base de données de l'ASEISTE (www.aseiste.org, rubrique "inventaires") qui répertorie les instruments scientifiques pédagogiques anciens d'une centaine d'établissements en France.

Croiser les sources : les registres des collections pédagogiques

Les programmesLes examens Les salles de sciences Le cas spécifique de la 6e année "voie sciences" Quelques figures de l'enseignement des sciences au lycée de filles de Toulouse

L'enseignement des sciences dans un lycée de filles (1880 - 1930)

Salle de Chimie en 1930 (photographie issue d'une brochure sur le lycée). Les élèves sont en séance de travaux pratiques.

Les instructions insistent sur la nécessité de proposer un enseignement fondé sur l'expérimentation et l'observation.Les manipulations de physique-chimie réalisées par les élèves doivent devenir obligatoires dans les classes de Seconde de tous les établissements féminins à partir d'octobre 1928 : c'était jusque-là les professeurs qui réalisaient les expériences devant les élèves.

Avant 1924 et l'alignement des enseignements secondaires des filles et des garçons, les programmes destinés aux filles font la part belle à des enseignements dits « modernes », sans les matières classiques des garçons et privilégient des savoirs concrets qui bannissent toute approche théorique et conceptuelle. Les éléments de sciences ont une petite part dans cette enseignement : entre 1882 et la fin des années 1920, les sciences (Mathématiques, Sciences naturelles, Physique-Chimie) qui figurent au tronc commun et parfois dans les matières facultatives, occupent entre 1/8e et 1/3 de l'horaire de l'ensemble des enseignements, selon le moment et les classes concernées.

Les sciences dans les cursus du lycée de filles : les programmes

Extrait des registres d'examen du lycée, sujet du Diplôme de fin d'étude de 1921 (archives du lycée)

Avant la fin des années 1920, les filles ne passent pas les mêmes diplômes que les garçons en raison des différences de finalité des enseignements. Les filles connaissent deux examens : à la fin de la 3e année, un certificat d'études secondaires, et à la fin de la 5e année, un diplôme de fin d'études secondaires. Les sciences sont toujours évaluées pour l'obtention de ces deux diplômes. L'une des épreuves du Diplôme de fin d'études consiste en une composition de Sciences. Les sujets donnés reflètent la dimension expérimentale de l'enseignement des sciences. Certaines filles passaient le baccalauréat mais sans que le lycée ne les y prépare directement avant 1924. Au lycée de Toulouse, la part des lycéennes passant un bac "sciences" entre 1912 et 1927 s'élève à 25 % en moyenne (cf graphique ci-contre).

Les sciences dans les cursus du lycée de filles : les examens

(Archives municipales de Toulouse)

En 1911, la construction d'un amphithéâtre est envisagée, comme on en trouve dans d'autres établissements afin de permettre aux élèves de mieux voir les expériences réalisées par le professeur. La guerre a interrompu ces projets. Par ailleurs, l'hôpital militaire installé dans les locaux durant toute la guerre entraîne de nombreux dégats dans la salle de Physique...

Les sciences dans les cursus du lycée de filles : les salles de cours

Les lycées prévoient des salles spécifiques à l'enseignement des sciences : une salle de cours associée à un cabinet de Physique et à un laboratoire de Chimie, parfois aussi à une salle de collections. Un plan de 1886 montre la disposition de ces salles au premier étage du lycée de Toulouse. La création d'un cabinet montre que les instruments de Physique sont nombreux et nécessitent un lieu dédié à leur rangement et pour la préparation des expériences.

Classe de 6e année "voie sciences" de l'année 1909-1910 où il y a un nombre record d'élèves (photographie publiée dans la publication du centenaire, en 1984).

Le cas spécifique de la 6e année "voie sciences"

Cette 6e année « voie Sciences » est supprimée à Toulouse à partir de 1918-1919 : les résultats d'admission étaient en baisse et les moyens récupérés sont notamment affectés à la nouvelle préparation du baccalauréat. La 6e année voie « Lettres » est conservée.

En plus des cinq années du cursus dans les lycées de filles, il existait aussi une 6e année, équivalent de nos classes préparatoires. On y préparait le concours des seules grandes écoles ouvertes aux femmes : celui des Ecoles normales supérieures de Sèvres et de Fontenay, qui formaient les professeures des lycées. Cette 6e année pouvait aussi servir d'approfondissement aux élèves qui avaient obtenu leur diplôme et faire ainsi office d'études supérieures. On pouvait rester un, deux, trois voire cinq années en 6e année. Selon le concours visé, les élèves suivent la voie « Lettres » ou la voie « Sciences ».

Emma Baillaud (1846-1934)

Benjamin Baillaud (1848-1934), son épouse et leurs huit enfants. Deux de ses fils ont été astronomes comme lui et un autre a été opticien et fabricant d'instruments de mesure. Sa fille aînée, Madeleine, épouse le libraire et éditeur Edouard Privat, fournisseur privilégié des bibliothèques scolaires de la ville. Il est question plus loin de sa deuxième fille, Marthe, agrégée de Sciences Physiques.

La première directrice du lycée, Emma Baillaud, à la tête du lycée de 1884 jusqu’en 1908, était la sœur du directeur de l’Observatoire d’astronomie de Toulouse, Benjamin Baillaud, par ailleurs doyen de la faculté des sciences de Toulouse entre 1879 et 1908 et fondateur de l’Observatoire du Pic du Midi. Il a donné quelques heures de cours de mathématiques dans les premières années du lycée et il y scolarise ses trois filles.

Les Baillaud sont intimement liés avec des figures du milieu scientifique universitaire français, notamment dans le milieu de l’astronomie, mais aussi de la Physique, des Mathématiques et des Sciences naturelles. On peut alors penser que l’enseignement des sciences auprès des filles soient encouragés, ce qui pourrait expliquer la qualité de la collection des instruments scientifiques.

(1/3) Quelques figures de l'enseignement des sciences au lycée de filles de Toulouse : la famille Baillaud

Deux photographies d'Alice Préjean (publication du centenaire).

(2/3) Une professeure de sciences : Mlle Alice Préjean

Alice Préjean est née en Algérie en 1872. Elle est reçue à l'ENS de Sèvres de 1892 à 1894. Elle passe l'agrégation de Sciences en 1894 et est nommée au lycée de Toulouse en 1895 : elle y fait toute sa carrière jusqu'à sa retraite en 1932.Les rapports d'inspection soulignent du début à la fin de sa carrière la grande précision de ses cours, le recours constant aux expériences et le soin qu'elle déploie à entretenir le cabinet de Physique. Les inspecteurs remarquent son élocution rapide et sa grande énergie. La première directrice, Emma Baillaud, considère qu'elle excelle dans son travail.Mais elle semble avoir été un professeur particulièrement exigeant, tant avec ses élèves qu'avec ses collègues. Entre 1915 et 1919, plusieurs litiges l'opposent à la deuxième directrice, Mme Gonnet, une agrégée de Lettres, et à l'intendante au sujet de commandes d'instruments qu'elle aurait passées sans autorisation.Enfin, les rapports d'inspection de la deuxième moitié de sa carrière font état de sa sévérité et des effets contre-productifs sur son enseignement. On lit à de nombreuses reprises ses demandes de recevoir un traitement similaire à celui des professeurs masculins (rémunération, temps de travail).

Marthe Baillaud (à droite) et Marie Curie

Nièce de la première directrice et fille du scientifique Benjamin Baillaud, Marthe obtient tous ses diplômes au lycée de Toulouse entre 1896 et 1898. Elle fait deux ans de 6e année "voie sciences" et intègre l'ENS de Sèvres en 1901. Elle y suit les cours de Marie Curie et est reçue à l'agrégation de Sciences Physique en 1904. Elle revient enseigner les sciences au lycée de Toulouse quelques années. En 1957, elle évoque ses souvenirs auprès de l'association des anciennes élèves du lycée : elle y parle de son professeur, Mlle Préjean, et du respect autant que de la crainte qu'elle lui inspirait. Elle raconte que, jeune professeure, elle avait par mégarde cassé un instrument de Chimie et qu'elle ne l'avait pas inscrit sur le registre de peur que Mlle Préjean ne la réprimande... Une autre élève du lycée mérite d'être citée : Paule Grillet, née en 1893, qui effectue trois ans de 6e année "voie sciences" entre 1909 et 1912. Elle enseigne les sciences pendant la guerre dans divers établissements (notamment de garçons) du Sud-Ouest. Puis elle suit les cours de l'ENS de Sèvres et obtient l'agrégation de Sciences Physiques en 1921. Après quelques années d'enseignement, elle devient directrice de lycée et dirige celui de Toulouse entre 1940 et 1951.

(3/3) Deux élèves du lycée dans la voie sciences : Marthe Baillaud et Paule Grillet

Le fournisseur principal : la maison BianchiLa collection pédagogique

Visitez le cabinet virtuel de Physique-Chimie de notre lycée de 1884 aux années 1930...

La collection des instruments anciens de Physique-Chimie du lycée Saint-Sernin de Toulouse

Détails de trois instruments Bianchi de la collection du Lycée Saint-Sernin : une balance hydrostatique, une machine pneumatique à deux corps de pompe, un thermomètre différentiel.

Une particularité toulousaine : le fournisseur Bianchi

La collection d'instruments pédagogiques scientifiques du lycée de filles de Toulouse est riche (près de 300 instruments à la veille de la Première Guerre mondiale).On peut en souligner une particularité : un très grand nombre d'instruments a été fourni par la maison toulousaine Bianchi, située rue de la Pomme, et réputée pour ses instruments d'optique, de précision et de photographie. La maison Bianchi est aussi à Paris et a reçu de nombreuses récompenses pour ses instruments (notamment à l'Exposition Universelle de 1855). Les instruments Bianchi sont présents dans d'autres établissements en France mais pas aussi nombreux qu'à Toulouse. Le développement des cabinets de Physique se fait en partie avec les fournisseurs locaux.

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Pesanteur & mécanique

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Magnétisme

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Acoustique

vers le diaporama d'accompagnement de l'exposition sur l'optique (mars-avril 2022)

Expérience d'optique réalisée à partir d'instruments anciens par deux élèves de seconde :

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Optique & astronomie

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Chimie

https://saint-sernin.mon-ent-occitanie.fr/

  • Dépôts d'archives consultées :
Archives nationales, Archives départementales de Haute-Garonne, Archives municipales de Toulouse, Archives du lycée Saint-Sernin.
  • Sur l'histoire des sciences et des instruments scientifiques :
Francis Gires (dir.), Encyclopédie des instruments de l’enseignement de la physique du XVIIIe au milieu du XXe siècle, ASEISTE, 2016.Le site de l’ASEISTE (Association de sauvegarde et d’étude des instruments scientifiques et techniques de l’enseignement) : www.aseiste.orgNicole Hulin, Les Femmes, l’enseignement et les sciences. Un long cheminement (XIXe – XXe siècle), L’Harmattan, 2008.
  • Sur l'histoire de l'enseignement :
Antoine Prost, L’enseignement en France 1800-1967, Armand Colin, 1968 (plusieurs rééditions).Françoise Mayeur, Histoire de l’enseignement et de l’éducation, 1789-1930, tome 3, Perrin, Tempus, 2004.
  • Sur l'histoire du lycée Saint-Sernin :
Livret interactif :Podcast de la midi-conférence sur la collection des instruments scientifiques du lycée :Vers le diaporama d'accompagnement de l'exposition sur l'optique (mars-avril 2022) :

Bibliographie

Marie Perny Professeure agrégée d'Histoire en Classes Préparatoires Littéraires Lycée public Saint-Sernin, Toulouse

La valorisation de ce patrimoine pédagogique doit beaucoup à l'engagement de plusieurs étudiants de la classe d'Hypokhâgne LSHA de l'année scolaire 2020-2021 qui se sont portés volontaires pour transcrire les registres, puis nettoyer, inventorier et photographier les instruments scientifiques, le tout avec efficacité et bonne humeur. Qu'ils en soient ici remerciés : Sarah Albert-Fournier, Emma Amat, Jeanne Bardeau, Martin Bouissou, Léo Collin, Noam Houerbi, Diane Icardo, Amélie Le Garrec, Clara Maurel, Clément Peyrilles, Clara Rouillé. Madame Annick Assalit, agent technique du laboratoire de Physique-Chimie, nous a ouvert les placards des collections et nous a accompagnés dans nos découvertes. Monsieur Luc Denamiel, professeur de Physique-Chimie, nous a aidés à mieux comprendre l'usage de nombreux instruments. Un grand merci à eux. Nous remercions également Hélène Carbonell et Véronique Pacaud, professeures d'Arts plastiques, pour le prêt du matériel de photographie. Monsieur Francis Girès, professeur de Physique-Chimie, fondateur de l'ASEISTE, a été d'une aide précieuse pour identifier les instruments et pour leur intégration dans la base de données de l'association. Nous le remercions pour son travail et son inlassable dévouement pour le patrimoine scientifique pédagogique. Nous remercions enfin l'équipe de direction du lycée Saint-Sernin, le secrétariat et le service d'intendance pour leur confiance et pour nous avoir permis de fureter dans plusieurs salles à la recherche des éléments de notre collection d'instruments.

Remerciements