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Objet de travail conclusifHistoire et mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes

Introduction. De l’événement à la mémoire

I/ Emergence et matérialisation de la mémoire du génocide des Juifs et des Tziganes

Problématique

→ Par quels moyens l’histoire du génocide des Juifs et des Tziganes s’est-elle inscrite dans la mémoire collective ?

A/ Comment la mémoire des génocides s'est-elle construite ?

Manuel Belin p. 267

1/ Lieux disparus, lieux "mémorialisés"

Manuel Magnard p. 194

B/ Lieux de mémoire des génocides des Juifs et des Tsiganes

Localisation des centres d'extermination nazis

chantier de fouilles à Sobibor

Document A. Auschwitz et les conflits de mémoire Historien français, Jean-Charles Szurek est spécialiste de la Pologne et des relations judéo-polonaises. Le musée d'Auschwitz est créé en 1947 comme « musée du Martyre de la nation polonaise et des autres nations ». Dans cet intitulé sont déjà présents les conflits de mémoire […] entre une lecture polonaise et une lecture juive du camp. Il faut rappeler que le camp d'Auschwitz est à la fois le plus grand cimetière juif, avec un million de morts, et aussi le plus grand cimetière polonais, avec 75 000 morts. Après la guerre, une puissante organisation de déportés polonais du camp, dominée par des communistes dans le contexte de la soviétisation du pays, amène l'État à en préserver le site afin de faire œuvre de mémoire. Le caractère exceptionnel d'Auschwitz comme camp d'extermination des Juifs est occulté au profit d'une mémoire polonaise et antifasciste. […] Le destin spécifique des Juifs fut dès lors minoré pratiquement jusqu'à̀ la fin du régime communiste […]. Depuis l'avènement de la démocratie en Pologne, le dispositif muséologique a changé […]. Le destin précis des Juifs européens acheminés et assassinés à Auschwitz-Birkenau n'est plus gommé. On perçoit maintenant clairement que les valises, lunettes, prothèses, et autres objets, appartenaient aux juifs de Hollande, de France ou d'ailleurs.

En quête d’un récit national magnifié, le gouvernement national-conservateur de la Pologne est accusé de « réécrire » l’histoire de la Shoah à des fins politiques. Dernière controverse en date, la nomination en avril de Beata Szydło, vice-présidente du parti au pouvoir, au sein du conseil d’administration du musée d’Auschwitz.

Document C. Histoire et mémoire en Pologne aujourd’hui La disparition de la quasi-totalité des Juifs de Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale est due à leur assassinat systématique par les Allemands. Mais que sait-on des comportements de la population polonaise ? Et comment vivre avec la mémoire d'Auschwitz, de Treblinka, de Belzec, autant de mémoriaux situés en Pologne ? Depuis une quinzaine d'années, des historiens de ce pays ont montré combien il était difficile aux Juifs qui tentaient d'échapper aux tueurs de trouver appui auprès des populations locales, surtout en milieu rural, tant en raison de la politique de terreur menée par l'occupant que de l'hostilité de la société polonaise à l'égard des Juifs. Leurs travaux font désormais autorité dans le monde entier. Pourtant, depuis quelques années, les autorités de Varsovie mettent en œuvre une « politique historique » qui vise à minorer, voire à nier, la participation de franges importantes de la population polonaise à la traque des Juifs. Sur place, malgré les embûches et les intimidations, les historiens travaillent, publient, organisent des colloques, forment des étudiants. Sous la direction d'Audrey Kichelewski, Judith Lyon-Caen, Jean-Charles Szurek, Annette Wieviorka, Les Polonais et la Shoah, Une nouvelle école historique, CNRS éditions, 2019.

Magnard p. 195/ Article du Monde et compte Twitter du Mémorial

Ci-dessus. Plaque commémorative, école Anatole France, Villeurbanne A droite. Stèle commémorative en mémoire des Juifs anéantis à Majdanek, camp de concentration et centre de mise à mort.

2/ Musées, mémoriaux et commémorations des génocides dans le monde

1948. Inauguration du monument aux héros de l’insurrection du ghetto de Varsovie

Le mémorial Yad Vashem, inauguré en 1953 dans la forêt de Jérusalem. Le nom de l’institution est tiré de la Bible hébraïque. « Je leur donnerai dans ma maison et dans mes murs un monument et un nom [yad vashem] meilleurs que des fils et des filles ; je leur donnerai un nom pour toujours, il ne sera jamais retranché. » (Isaïe 56:5).

A gauche. Holocaust memorial, Washington Ci-dessus. Memorial aux Juifs assassinés d’Europe, Berlin

Le mémorial de la Shoah à Paris

Manuel p. 222

Le réseau des lieux de mémoire de la Shoah en France Créé en 2015, le Réseau des lieux de mémoire de la Shoah en France « vise à promouvoir la connaissance et la transmission de l'histoire de la Shoah à l'échelle nationale comme locale, contribuant à l'affirmation des valeurs républicaines et démocratiques, notamment dans la lutte contre toute forme de racisme et d'antisémitisme. »

Manuel Belin p. 252

Une mémoire des génocides encore inaboutie ?

Mise au point sur le génocide des Tsiganes :

Le tribunal militaire international de Nuremberg, novembre 1945 - octobre 1946

A/ Après Nuremberg : les procès en Allemagne au sortir de la guerre

II/ Juger les crimes nazis : une étape essentielle pour en construire les mémoires

Zones d'occupation des Alliés entre 1945 et 1949

Analyse d'une photographie :

Procès de Rudolf Höss, organisé par les Polonais avec la justice soviétique à Auschwitz en 1947

4 décembre 1945: procès de Dachau organisé par la justice américaine

Manuel p. 228-229

Fiches de travail avec consignes

--> En quoi les procès d’Eichmann à Jérusalem en 1961 et les procès de Francfort en Allemagne (1963-1965) marquent-ils un tournant dans la reconnaissance de la spécificité de la Shoah ?

B/ Le tournant des années 1960 : la Shoah, crime contre l’humanité

Manuel pp 226-227

Le procès Eichmann à Jérusalem (1961)

Document B. Le procès Eichmann, un tournant Le procès Eichmann marque un véritable tournant dans l’émergence de la mémoire du génocide, en France, en Allemagne, aux Etats-Unis comme en Israël. Eichmann, ordonnateur de la Solution finale, caché sous une fausse identité en Argentine, avait été enlevé par les services secrets israéliens en mai 1960, clandestinement emmené en Israël, jugé à Jérusalem à partir du 11 avril 1961. Avec ce procès, la mémoire du génocide devient constitutive d’une certaine identité juive, tout en revendiquant fortement sa présence dans l’espace public. Ce procès est puissamment novateur. Toutes les « premières fois » s’y rassemblent. Pour la première fois, un procès se fixe comme objectif de donner une leçon d’histoire. Pour la première fois, apparait le thème de la pédagogie et de la transmission, présent aujourd’hui dans de nombreux pays et se déclinant sous plusieurs formes : inscription de la Shoah dans les programmes éducatifs, érections de musée-mémoriaux destinés aux jeunes, constitution d’archives filmées à destinées tout à la fois à archiver la mémoire et à servir d’outils pédagogiques. Le procès Eichmann marque aussi l’avènement de l’ère du témoin. En effet, à la différence du procès de Nuremberg où l’accusation s’était fondée principalement sur des documents, le procureur israélien, Gidéon Hausner, décide de construire la scénographie du procès sur la déposition des témoins. Annette Wieviorka, « La mémoire de la Shoah », Cahiers français, 200

Les procès de Francfort (1963-1965) ou « Second procès d’Auschwitz »

Fritz Bauer

Document B. Fritz Bauer, un magistrat allemand contre le silence Victime de la répression du régime nazi à cause de son identité juive et de son engagement à gauche, il parvient à se réfugier en Suède en 1935. De retour en RFA en 1949, il contribue en tant que procureur à recueillir des preuves contre certains criminels nazis. Bauer a fourni aux services secrets israéliens les indications décisives pour localiser Adolf Eichmann, ce qui a conduit à l'enlèvement et au transfert du haut fonctionnaire nazi vers Israël. […] En outre, en tant que procureur général du Land de Hesse, F. Bauer a été l'un des initiateurs principaux des procès de Francfort relatifs au personnel du camp d'Auschwitz. Il considérait que ces procès devaient confronter la société allemande dans son ensemble à son passé, dans les limites qu'offrait le nouveau cadre juridique. En réalité, les procès d'Auschwitz se sont conclus par des peines très légères. Beaucoup de condamnés furent libérés quelques années plus tard. Mais ces procès ont changé la face du monde dans la mesure où pour la première fois un peuple a conduit ses propres criminels devant un tribunal. Entretien avec l'historien Werner Renz, auteur de « Fritz Bauer et l'échec de la justice », Allemagne d'aujourd'hui, 2017.

Serge et Beate Klarsfeld, « chasseurs de nazis »

C/ Poursuivre et juger sans limite de temps ni de frontières

Manuel Belin dossier pp. 256-257

En 1987, Klaus Barbie est jugé pour crime contre l'humanité devant la cour d'assises du Rhône à Lyon. À l'occasion du procès, sa culpabilité est établie grâce à des documents d'archives conservés par le CDJC, dont un télégramme concernant l'arrestation de 44 enfants et de 7 adultes à Izieu le 6 avril 1944.

Manuel p. 229

A/ Ecrire l’anéantissement

III/ La culture diffuse et entretient la mémoire des génocides

Témoignages de victimes de la Shoah

Manuel p. 230

Vous qui vivez en toute quiétude Bien au chaud dans vos maisons, Vous qui trouvez le soir en rentrant La table mise et des visages amis, Considérez si c'est un homme Que celui qui peine dans la boue, Qui ne connaît pas de repos, Qui se bat pour un quignon de pain, Qui meurt pour un oui ou pour un non. Considérez si c'est une femme Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux Et jusqu'à la force de se souvenir, Les yeux vides et le sein froid Comme une grenouille en hiver. N'oubliez pas que cela fut, Non, ne l'oubliez pas : Gravez ces mots dans votre cœur, Pensez-y chez vous, dans la rue, En vous couchant, en vous levant ; Répétez-les à vos enfants, Ou que votre maison s'écroule, Que la maladie vous accable, Que vos enfants se détournent de vous.

Nathan p. 226

Né en 1928 à Sighet en Transylvanie, Elie Wiesel était un adolescent lorsqu'en 1944 il fut déporté avec sa famille à Auschwitz puis à Birkenau. La Nuit est le récit des souvenirs qu'Elie Wiesel conserve de la séparation d'avec sa mère et sa petite sœur qu'il ne reverra plus jamais et du camp où avec son père il partage la faim, le froid, les coups, les tortures… et la honte de perdre sa dignité d'homme quand il ne répondra pas à son père mourant. La Nuit, écrivait Elie Wiesel en 1983 est un récit, un écrit à part, mais il est la source de tout ce que j'ai écrit par la suite. Le véritable thème de La Nuit est celui du sacrifice d'Isaac, le thème fondateur de l'histoire juive. Abraham veut tuer Isaac, le père veut tuer son fils, et selon une tradition légendaire le père tue en effet son fils. L'expérience de notre génération est, à l'inverse, celle du fils qui tue le père, ou plutôt qui survit au père. La Nuit est l'histoire de cette expérience. Cet ouvrage est paru en 1958 aux éditions de Minuit et c'est le premier ouvrage d'Elie Wiesel qui est, depuis, l'auteur de plus de quarante œuvres de fiction et non-fiction. Prix Nobel de la paix en 1986, il est titulaire d'une chaire à l'université de Boston. La Nuit a fait l'objet d'une nouvelle traduction aux États-Unis, en janvier 2006, avec une préface d'Elie Wiesel, et cette édition connaît un succès considérable.

MAUS, d'Art Spiegelmann( 1980-1991)

"En fait, j'aurais tout aussi bien pu ne pas écrire. Après tout, ce n'est pas une obligation. Depuis la guerre, je suis resté un homme discret ; grâce à Dieu, je n'ai jamais eu besoin, comme certains de mes anciens collègues, d'écrire mes Mémoires à fin de justification, car je n'ai rien à justifier, ni dans un but lucratif, car je gagne assez bien ma vie comme ça. Je ne regrette rien: j'ai fait mon travail, voilà tout; quant à mes histoires de famille, que je raconterai peut-être aussi, elles ne concernent que moi ; et pour le reste, vers la fin, j'ai sans doute forcé la limite, mais là je n'étais plus tout à fait moi-même, je vacillais, le monde entier basculait, je ne fus pas le seul à perdre la tête, reconnaissez-le. Malgré mes travers, et ils ont été nombreux, je suis resté de ceux qui pensent que les seules choses indispensables à la vie humaine sont l'air, le manger, le boire et l'excrétion, et la recherche de la vérité. Le reste est facultatif." Avec cette somme qui s'inscrit aussi bien sous l'égide d'Eschyle que dans la lignée de Vie et destin de Vassili Grossman ou des Damnés de Visconti, Jonathan Littell nous fait revivre les horreurs de la Seconde Guerre mondiale du côté des bourreaux, tout en nous montrant un homme comme rarement on l'avait fait : l'épopée d'un être emporté dans la traversée de lui-même et de l'Histoire.

L’œuvre de Ceija Stojka (1933-2013)

1/ Produire un cinéma qui documente

B/ Représenter et documenter la Shoah au cinéma

Nuit et brouillard, d'Alain Resnais, 1956Voir manuel p. 232

Manuel p. 233

Shoah, de Claude Lanzmann, 1985

Films américains des années 1960 qui mettent en scène d'anciens nazis ou des rescapés du génocide

2/ Le génocide et la fiction

En 1978, une mini-série de la chaîne NBC, Holocauste, qui raconte le destin tragique d'une famille juive allemande, connait un succès mondial et contribue à ancrer le génocide juif dans la mémoire collective.

Magnard p. 200