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Calendrier de l'Avent 2025_Mme Dormegnie
DORMEGNIE
Created on November 23, 2025
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Transcript
Cette année, il a été très sage… ou presque ! Surtout, il a décidé de se lancer dans une grande enquête pour démasquer l’auteur d’un mystérieux crime au cœur d’un récit plein de rebondissements. Vous aussi, vous voulez découvrir le vrai coupable ? Alors restez connectés ! Chaque jour, ouvrez une nouvelle case du calendrier de l’Avent : vous y trouverez un extrait de l’histoire qui vous rapprochera pas à pas de la vérité. Encore un peu de patience… Le récit débutera le 1er décembre. Une création originale des 4e B.
La fabrique du petit Gérard
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Les liens se débloqueront à la date du jour.
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1er décembre
Notre histoire se déroule au cœur de Cambrai, une ville des Hauts-de-France connue pour ses ruelles paisibles et son charme ancien. Les pavés du centre-ville reflètent encore l’histoire médiévale de Cambrai, bercée par des siècles de secrets et de traditions. Le beffroi, majestueux et immobile, domine la ville comme un gardien silencieux. Autour de lui, des maisons aux briques rouges racontent les souvenirs d’un passé chaleureux. À quelques pas, la cathédrale Notre-Dame-de-Grâce accueille chaque jour habitants et visiteurs. Non loin de là, les célèbres rues commerçantes débordent de petites boutiques artisanales. Parmi elles, la plus singulière reste la « Fabrique du Petit Gérard », une minuscule échoppe qui embaume tout le quartier. Gérard, un homme de 74 ans, en est l’unique propriétaire. Depuis plusieurs années, il vit seul dans un immeuble qui surplombe la place Aristide-Briand. Sa solitude n’est atténuée que par la pensée de ses trois petits-enfants : Rudolphe, Fleur et Belle. Ce sont eux qui apportent lumière et joie dans son cœur déjà bien marqué par le temps. Pour leur offrir chaque Noël de magnifiques cadeaux, Gérard s’est inventé une tradition bien à lui. Chaque année, dès le mois de novembre, il confectionne des biscuits de Noël entièrement faits à la main. Cette tradition est rapidement devenue un symbole supplémentaire de Cambrai, au même titre que les célèbres bêtises. Les habitants attendent toujours avec impatience la réouverture saisonnière de sa petite fabrique…
02 décembre
On dit que ses biscuits portent bonheur à ceux qui les dégustent près du beffroi illuminé. Gérard prépare ses recettes secrètes avec patience et amour, comme un alchimiste des douceurs. Ses biscuits, ornés de sucre scintillant, rappellent la magie de Noël à tous ceux qui les voient. Les enfants du quartier observent souvent la vitrine pour essayer d’apercevoir le vieil artisan au travail. Dans sa boutique, tout sent la cannelle, la vanille et le miel. Les moules en bois accrochés au mur témoignent de décennies de savoir-faire. Chaque année, Gérard tente d’innover et de proposer une nouvelle forme ou un nouveau parfum. Il affirme toujours que la surprise fait partie de l’esprit de Noël. Les habitants, fidèles à cette tradition, viennent acheter ses biscuits pour décorer leur sapin ou accompagner un chocolat chaud. Grâce à ces ventes, Gérard peut mettre un peu d’argent de côté. Cet argent devient ensuite des cadeaux merveilleux pour Rudolphe, Fleur et Belle. Mais depuis quelques années, en secret, Gérard achète aussi des jouets, des vêtements et des livres qu’il remet anonymement à une association locale. Il veut que chaque enfant de Cambrai, même les plus pauvres, ait un cadeau sous le sapin. Les habitants ignorent que la mystérieuse “main généreuse du Père Noël” n’est autre que lui. Enfin, avec une partie de cet argent, Gérard contribue discrètement à la restauration d’éléments du patrimoine, comme un vitrail de la cathédrale ou l’installation des bancs près de la Grand-Place. Il veut préserver la beauté de sa ville pour les générations futures. La Fabrique du Petit Gérard est ainsi devenue un symbole de générosité et de tendresse dans toute la ville. Le vieil homme est discret, mais tout le monde le connaît et l’apprécie. Pourtant, cette année, quelque chose d’inattendu s’apprête à bouleverser la tranquillité de Cambrai. Et c’est précisément dans cette fabrique chaleureuse que les premiers signes du mystère vont apparaître…
03 décembre
Ce matin-là, Gérard déverrouilla la porte de sa fabrique comme à son habitude, le cœur léger. Il avait passé la veille à façonner de nouveaux biscuits en forme d’étoile, sa création la plus attendue de l’année. En entrant dans l’atelier, une odeur étrange flottait, ni sucrée ni familière. Son premier regard se porta instinctivement vers les grandes étagères où il déposa toujours ses biscuits fraîchement cuits. Son cœur manqua un battement. Les étagères étaient complètement vides. Pas une miette ne traînait sur la table, comme si les biscuits n’avaient jamais existé. Gérard, tremblant, vérifia chaque recoin de la pièce en espérant s’être trompé. Mais la disparition était totale et incompréhensible. Pour la première fois depuis trente ans, sa production de Noël avait disparu du jour au lendemain. Les moules en bois étaient encore chauds, preuve qu’il avait bien travaillé tard la veille. Pourtant, aucune trace d’effraction n’apparaissait sur la porte ou les fenêtres. Il ouvrit le tiroir où il gardait les recettes, mais même celles-ci semblaient avoir été touchées, déplacées. Une légère sensation de malaise le traversa. Qui pouvait bien vouloir voler des biscuits de Noël ? Et pourquoi maintenant, alors que la fête approchait à grands pas ? …
04 décembre
Gérard tenta de se calmer, mais une inquiétude sourde se glissa dans sa poitrine. Ces biscuits n’étaient pas qu’un simple gagne-pain : ils étaient essentiels à son projet secret de dons pour les enfants défavorisés mais également pour la restauration des monuments de la ville. Sans ces ventes, il ne pourrait pas remplir les boîtes-cadeaux qu’il préparait en cachette chaque année. Il pensa un instant appeler la police, mais la honte d’un "vol de biscuits" le retint. Alors, il inspecta lui-même la boutique, à la recherche d’indices. Près de la porte, il découvrit une trace de pas minuscule, comme imprimée dans une fine poussière de farine. Cette trace ne ressemblait ni à une chaussure, ni à une botte, encore moins à un sabot d’animal. Le dessin semblait presque… décoratif, comme une petite spirale. Intrigué, il la suivit jusqu’à l’arrière-boutique, mais elle s’arrêtait brusquement sous une étagère. Gérard sentit un frisson lui parcourir le dos, un frisson qu’il ne s’expliquait pas. Il se dit qu’il devait rapidement refaire ses biscuits, mais il manquait déjà de temps. Les habitants viendraient bientôt, impatients de découvrir ses créations. S’ils apprenaient que toute la production avait disparu, Cambrai risquerait de perdre sa magie de Noël. Et Gérard comprit, à cet instant précis, que ce vol n’était que le début d’un mystère bien plus grand que lui…
Après la découverte du vol, Gérard sentit son cœur s’emballer : toute sa production de biscuits avait disparu. Jamais il n’avait vécu une telle catastrophe, surtout à quelques jours de Noël. Toute la ville comptait sur lui pour garder la magie vivante. Il devait absolument comprendre qui avait osé commettre un tel acte. Alors, il se mit à observer les gens autour de lui… et très vite, un nombre inquiétant de suspects se dessina. Le premier, c’était Lucien Moreau, son voisin grincheux de 68 ans. Ancien boulanger, il connaissait toutes les recettes traditionnelles par cœur, parfois même mieux que Gérard. Depuis l’ouverture de la fabrique, il n’avait jamais caché sa jalousie. Il répétait souvent que “c’était mieux avant”, et il rôdait régulièrement devant la boutique sous prétexte de surveiller le quartier. Peut-être n’avait-il pas supporté de voir Gérard réussir là où lui avait échoué… et avait voulu saboter sa production par pure envie. C’est vrai, Lucien a toujours été jaloux de Gérard, mais jamais il n’aurait osé voler des biscuits pour ruiner Noël : il aime quand même la ville et les enfants. De plus, ce soir-là, il avait passé la soirée à réparer son vieux four, et plusieurs voisins l’ont vu s’activer dans sa cuisine alors, même s’il rôdait parfois devant la boutique, c’était surtout pour surveiller que tout soit en sécurité, selon lui. Gérard resta pensif. Lucien semblait coupable, mais quelque chose dans ses yeux montrait qu’il ne pourrait jamais saboter la magie de Noël à Cambrai …
05 décembre
06 décembre
Le deuxième suspect était Clémence Dufour, la jeune apprentie de 22 ans, timide mais bourrée d’ambition. Gérard l’aimait bien, mais il savait qu’elle rêvait de devenir célèbre grâce à ses créations. Depuis quelque temps, elle insistait pour apprendre les recettes secrètes de Noël, mais Gérard avait refusé. Un soir, on l’avait vue près de la boutique avec un sac mystérieux. Et quand il lui avait posé une question innocente, elle avait rougi, nerveuse. Voulait-elle prouver qu’elle pouvait faire mieux que lui ? Peut-être. Après réflexion, Gérard se dit que Clémence voulait apprendre ses recettes mais pas pour les voler. Elle rêvait de faire plaisir aux gens avec ses créations. Le sac mystérieux qu’on l’avait vue porter contenait juste ses propres ustensiles et ingrédients pour s’entraîner chez elle. Elle était timide et nerveuse, mais Gérard savait qu’elle était honnête et passionnée par la pâtisserie. Gérard grimaça. Clémence semblait avoir un alibi solide… mais pourquoi ce sac à cette heure-là ? Était-ce un hasard, ou cachait-elle quelque chose d’autre ?
07 décembre
Le troisième suspect n’était autre que Monsieur Delcroix, le directeur du marché de Noël. Toujours pressé, toujours stressé, il voulait absolument obtenir l’exclusivité des biscuits de Gérard pour ses chalets. Mais Gérard avait refusé, refusant de dépendre de la municipalité. Delcroix n’avait pas apprécié. On disait qu’il était prêt à tout pour créer un “produit phare” qui attirerait les touristes… y compris organiser un vol ou acheter quelques silences. Seulement, Delcroix voulait vraiment que la ville ait le plus beau marché de Noël, et il insistait pour que Gérard vende ses biscuits. Mais organiser un vol ? Ce serait se mettre dans de gros ennuis avec la mairie et les habitants et surtout les élections qui approchent, lui qui se rêvait maire de la ville depuis toujours. De plus, des témoins affirmaient l’avoir vu toute la soirée dans son bureau, à préparer les illuminations et les chalets du marché. Gérard fronça les sourcils. Delcroix semblait trop occupé pour être le voleur… mais pouvait-il avoir un complice ?
Et puis, il y avait les suspects les plus étranges : les trois enfants mystères. Plusieurs habitants avaient affirmé les avoir aperçus près de la fabrique la veille du vol, juste avant minuit. Gérard se rappelait les récits : trois silhouettes minuscules, rapides comme des ombres, glissant presque sans bruit entre les bâtiments. Personne ne savait d’où elles venaient ni qui elles étaient. Certains disaient même qu’elles n’avaient jamais été vues auparavant dans la ville, comme si elles apparaissaient uniquement quand la neige tombait ou que le vent soufflait juste d’une certaine façon. Gérard avait retrouvé des traces au sol, en spirale, comme si de petits pieds avaient tourné en rond dans la farine fraîchement étalée sur le plancher de la fabrique. Les spirales semblaient presque danser, comme si elles voulaient guider son regard vers quelque chose de précis. Le vieil homme frissonna : leur présence avait quelque chose d’irréel, presque magique. Ces silhouettes étaient minuscules, silencieuses, rapides… et invisibles aux yeux de la plupart des habitants. Gérard se demanda si elles existaient vraiment ou si elles étaient le produit d’un phénomène étrange lié à la magie de Noël. Les spirales sur le sol semblaient vivantes, brillantes légèrement sous la lumière des lanternes, et Gérard eut presque l’impression qu’elles racontaient une histoire. Peut-être qu’elles n’étaient pas là pour voler les biscuits, mais pour les protéger, ou les emmener ailleurs, là où ils seraient nécessaires. Pourtant, l’idée que ces enfants puissent être responsables ne pouvait pas être totalement écartée. Gérard observa attentivement chaque spirale lumineuse, se demandant si un passage secret n’avait pas été créé, ou si la magie de Noël elle-même avait agi pour déplacer les biscuits. Le mystère s’épaississait à chaque instant, et Gérard sentit son cœur battre plus fort. Gérard observa les spirales lumineuses au sol. Les enfants mystères semblaient plus magiques qu’humains… mais pouvaient-ils être responsables du vol ? L’enquête ne s’arrêtait pas là. D’autres suspects, encore plus inattendus, vinrent s’ajouter à la liste. Qui est Cindy-Lou, Kevin ou encore Zigo ? …
08 décembre
09 décembre
D’abord, il y avait Cindy-Lou. Elle voyait en Gérard le grand-père qu’elle n’avait jamais eu, celui qui pouvait raconter des histoires, préparer des biscuits et lui offrir un vrai sourire chaleureux. Cette petite fille avait six ans et un nez toujours rouge, un peu comme si le froid d’hiver avait décidé de s’installer dessus pour rester. Elle adorait tellement les biscuits de Gérard qu’on l’avait déjà surprise à en goûter un ou deux en cachette… mais jamais pour les prendre tous ou les vendre. C’était juste de la gourmandise d’enfant. Le jour du vol, son pull était effectivement couvert de miettes, exactement les mêmes que celles des biscuits disparus. Mais Gérard savait que Cindy-Lou pouvait facilement se salir en jouant dans la cuisine ou en attrapant un biscuit tombé par terre, sans que cela ne soit un vrai vol. Quand il l’avait interrogée, elle avait détourné le regard et affirmé avoir joué au ballon dehors… même si personne ne l’avait vue dans le jardin. Cela ne prouvait pas qu’elle mentait ; elle pouvait juste avoir été timide, ou avoir eu peur de se faire gronder pour une petite gourmandise, et c’était normal pour une enfant de son âge. De plus, Cindy-Lou n’avait jamais montré de méchanceté ou de volonté de voler de manière sérieuse. Elle aimait Gérard et voulait seulement passer du temps avec lui et ses biscuits. Les miettes sur son pull pouvaient très bien être un accident, un petit reste de goûter, ou même le résultat d’un jeu innocent dans la cuisine. Gérard comprit que si Cindy-Lou avait été là au moment du vol, ce n’était certainement pas pour prendre ses biscuits par malice… mais simplement parce qu’elle était curieuse, gourmande, et attachée à lui.
10 décembre
Puis il y avait Kevin, neuf ans, petit et blond, que sa famille avait accidentellement oublié en partant au Japon. Kevin était souvent affamé et curieux, mais Gérard savait que ce n’était pas un garçon méchant. Les empreintes devant la porte et les traces de doigts sur la vitrine pouvaient faire penser à de la malice, mais Gérard se dit que Kevin avait peut-être juste cherché à voir les biscuits de plus près, attiré par leur odeur délicieuse. Kevin avait toujours été poli et respectueux avec Gérard, et jamais il n’aurait pensé à voler tous les biscuits de Noël. Il était seul cette semaine-là, c’est vrai, mais cela ne signifiait pas qu’il avait commis le vol : il avait probablement juste exploré la ville pour tuer le temps, ou rêvé devant la vitrine. Gérard pensa que ces petites empreintes et traces pouvaient tout aussi bien être accidentelles, le résultat d’un jeu ou d’une promenade nocturne innocente. Kevin aimait Noël et les biscuits, mais il ne voulait pas gâcher la magie pour qui que ce soit.
11 décembre
Ensuite, il y avait Zigo, le petit lutin de 75 cm, habillé en rouge et vert avec une clochette au bonnet. Gérard savait que Zigo aimait faire des bêtises, mais il n’avait jamais été cruel : ses farces visaient surtout à amuser les autres, ou à attirer l’attention du Père Noël. La petite clochette retrouvée derrière la fabrique et les traces en spirale dans la farine pouvaient faire penser qu’il avait pris les biscuits, mais Gérard se rappela que Zigo aimait jouer avec les objets, les déplacer ou les cacher simplement pour rire, pas pour voler ou nuire. Zigo prétendait réparer un traîneau au Pôle Nord, mais Gérard savait qu’il pouvait mentir un peu sur ses activités nocturnes. Pourtant, son histoire était plausible : il aimait travailler seul, préparer des surprises, et il ne ferait jamais quelque chose qui gâcherait Noël pour des enfants ou pour Gérard. Les traces en spirale pouvaient donc être une de ses farces, ou même un simple phénomène magique lié à sa présence. Gérard comprit qu’il devait rester prudent avant de juger Zigo coupable : derrière son petit air espiègle, il y avait surtout un lutin curieux et joueur, pas un vrai voleur.
Enfin, le plus inquiétant de tous : le Grinch de Cambrai. Une grande créature verte et velue, vivant dans la grotte du Palais des Grottes. On disait qu’il détestait Noël et faisait toujours tout pour gâcher la fête. Cette année, des poils verts avaient été retrouvés derrière la boutique, et une énorme trace de main s’imprimait encore sur le mur, comme si quelqu’un de gigantesque avait tenté de regarder à l’intérieur. Le Grinch affirmait qu’il dormait paisiblement dans sa grotte… mais personne n’osait aller vérifier. Avec ces huit suspects : un voisin jaloux, une apprentie ambitieuse, un directeur opportuniste, trois silhouettes mystérieuses, une fillette gourmande, un garçon affamé, un lutin farceur et une créature grincheuse. Gérard comprit que son enquête serait bien plus difficile que prévu. Mais une chose était sûre : quelque part dans Cambrai, quelqu’un savait où se trouvaient ses biscuits. Et Gérard comptait bien le découvrir avant Noël. Il s’assit sur une chaise, prit une grande inspiration, et se demanda par où commencer. C’est alors qu’une petite lumière dorée apparut dans l’atelier. Elle tourbillonnait, scintillante et chaude, comme un souffle de magie. Une voix douce en sortit : - Gérard… ce n’est pas ce que tu crois. - Mais qui… ? murmura-t-il. La lumière se mit à danser autour de la pièce, jusqu’à s’arrêter au-dessus des traces en spirale dans la farine. - Suis-les, Gérard… et tu découvriras qui détient vraiment tes biscuits. - Mais… qui est derrière tout ça ?! s’exclama-t-il. La lumière disparut d’un coup, laissant Gérard seul dans l’atelier. Son cœur battait à tout rompre.
12 décembre
13 décembre
Gérard inspira profondément, puis suivit les spirales dorées qui s’estompaient peu à peu. Elles traversaient l’atelier, glissaient sous la porte, puis disparaissaient dans la rue glacée. Quand il sortit, la nuit avait recouvert Cambrai. Les lumières du marché de Noël scintillaient sur la Grand-Place, et le beffroi se dressait comme un géant veillant sur la ville. Gérard plissa les yeux. Une très légère traînée de farine s’éloignait vers la rue Sadi Carnot. Ce n’était plus une lueur magique, juste de la farine… mais suffisamment visible pour guider un regard attentif. Il suivit la piste, longeant les vitrines décorées jusqu’à arriver devant la confiserie Chameau, célèbre pour ses bêtises. La boutique était encore éclairée, bien qu’il soit tard. À l’intérieur, une silhouette en manteau rouge rangeait des boîtes derrière le comptoir. Gérard poussa timidement la porte. - Jean-Marc ? Le Père Noël officiel du marché : barbe blanche, ventre rond, veste rouge impeccable, leva brusquement la tête, surpris. - Gérard ! Je… je ne t’attendais pas. Son ton hésitant alarma immédiatement l’artisan. Encore plus lorsqu’il remarqua, sur le sol de la boutique… des miettes de biscuits, identiques aux siennes. - Tu sais quelque chose, n’est-ce pas ? demanda Gérard. Le Père Noël soupira, puis fit signe à Gérard de le suivre. Ils sortirent par l’arrière-boutique et se dirigèrent vers le Beffroi. L’air était glacé, les guirlandes clignotaient dans le vent. Arrivés en haut, Jean-Marc sortit soudain un petit télescope pliable. - Regarde, dit-il. Gérard pointa l’instrument vers la rue des Capucins. Son cœur manqua un battement. Là, au pied d’un chalet du marché de Noël, un mince sentier de miettes formait une ligne irrégulière qui filait entre les stands. Une piste invisible à l’œil nu depuis le sol… mais évidente si elle est vue de tout là-haut. - Je l’ai remarqué par hasard, expliqua Jean-Marc. Mais je ne voulais pas accuser sans preuve. Alors j’ai surveillé… - Et tu as vu quelqu’un ? - Pas clairement. Juste une ombre. Quelqu’un qui avançait vite, accroupi, comme s’il voulait rester discret. Gérard sentit un frisson lui parcourir le dos. Il fallait désormais suivre ces traces …
Ils redescendirent les marches du Beffroi et suivirent la piste de miettes à travers les chalets, les stands de vin chaud et les guirlandes. La trace les mena jusqu’à une petite porte métallique, près de la patinoire centrale. La porte était entrouverte. Gérard échangea un regard avec le Père Noël. Ils poussèrent doucement. À l’intérieur, l’obscurité. Une odeur de sucre chaud. Un bruit de pas précipités. - Hé ! Qui est là ? lança Gérard. Une silhouette se retourna brusquement, renversant une caisse. Dans la pénombre, impossible de distinguer son visage. La lumière des guirlandes, filtrant à travers une fenêtre, dessinait sur le mur une ombre étrangement déformée, grande et rapide. Gérard crut un instant que c’était un adulte… mais quelque chose semblait étrange : les mouvements étaient vifs, presque pressés, presque maladroits. Avant qu’il ne puisse faire un pas de plus, la silhouette se glissa par une sortie latérale et s’enfuit, disparaissant dans les ruelles étroites près de la Place du Marché. - Reviens ! cria Gérard, mais il n’y eut aucune réponse. Essoufflé, il s’arrêta et contempla la magnifique nouvelle place Robert Leroy quand tout à coup, il baissa les yeux. Un petit objet brillait sur le sol : un papier froissé, tombé pendant la fuite. Il le ramassa, les mains tremblantes. Il le déplia lentement… Et son visage se figea. C’était une lettre. Qu’avait-il dans cette lettre ? Il restait figé, les yeux rivés sur le papier, comme si les mots écrits dessus venaient de bouleverser toute l’histoire. La vérité se rapprochait. …
14 décembre
La lettre, une simple lettre qui était dans une enveloppe légère comme une plume. En l’ouvrant, Gérard avait vu tomber des miettes de biscuits et une fine poussière de sucre glace qui s’accrocha à ses doigts. Il sortit le papier, froissé, parfumé… à la cannelle. Une odeur trop familière, trop parfaite pour être un hasard. Il déplia la lettre. L’écriture lui parut immédiatement étrange : des lettres rondes, certaines énormes, d’autres minuscules. Mais qui a écrit ça ? Un chat ? Un singe ? En tous les cas, ça ne pouvait pas être un élève de 4e B, aucun n’a de problème en orthographe … Impossible de reconnaître un style, un âge, une main. Le message disait : La phrase s’interrompait là, brutalement. Et c’est trois petits points que voulaient-ils dire ? Pas de nom. Pas d’initiales. Pas la moindre indication qui pourrait trahir l’auteur. Juste ces points. Comme une signature muette. Ou une menace maladroite. Gérard fronça les sourcils. L’écriture était-elle volontaire. La situation était juste… étrange. Et pourtant, il sentait que cette lettre allait tout changer. Le suspense restait entier. La vérité, totalement cachée. Et l’épreuve de minuit… allait commencer.
15 décembre
Gérard frissonna dans la nuit glacée. Minuit sonnerait bientôt en haut de l’hôtel de ville, là où se tiennent les célèbres « Martin & Martine ». Minuit heure de la première épreuve qui l’attendait. La lettre chiffonnée dans sa main ne disait rien de plus : “Suivez les miettes. Rendez-vous au pied du sapin. Minuit pile.” Il inspira profondément et s’avança sur la Grand-Place. Le grand sapin de Noël se dressait flamboyant, entouré de chalets de bois, d’odeurs de chocolat chaud et de sucre cuit. Mais là, sous sa lumière douce, la place semblait soudain vide et immense. Puis Gérard aperçut quelque chose : un petit sentier de miettes, partant du pied du sapin et glissant vers la rue du Marché aux Poissons. - « Eh ben… ça commence fort », marmonna-t-il. Il suivit la piste là où la lettre l’y invitait. Les miettes étaient minuscules, presque invisibles… sauf pour un pâtissier habitué à reconnaître ses biscuits à l’odeur. Gérard ne put s’empêcher de sourire : « C’est mes biscuits… ça sent la vanille et la cannelle à dix mètres. » La piste le mena jusqu’à la rue du Marché aux Poissons, puis bifurqua brusquement vers la rue Sadi Carnot, là où les vitrines du marché de Noël reflétaient des centaines de petites lumières. Sur sa droite, il aperçut la façade éclairée de la Confiserie Chameau, la boutique la plus célèbre de la ville pour ses Bêtises de Cambrai. Une drôle d’ironie : on volait ses biscuits… juste à quelques mètres du temple des bonbons réputés pour être “un accident délicieux”. - « Si ça se trouve… c’est une énorme bêtise, mais pas du bonbon », souffla-t-il. Sous le lampadaire, juste devant la vitrine, il remarqua d’ailleurs une étrange alternance : des miettes de ses biscuits mélangées à de minuscules cristaux brillants. Du sucre de Bêtises. Il en était presque certain. - « Ah. Là, c’est nouveau… Quelqu’un mélange mes biscuits et leurs bonbons ? Pour brouiller les pistes ? » L’idée était folle… mais rien ne semblait normal ce soir-là. La trace se poursuivait encore vers la rue du Marché aux Herbes, un endroit calme à cette heure-ci, où les pierres anciennes semblaient absorber tous les sons. Martin & Martine sonna un premier coup, qui résonna dans tout Cambrai. Minuit approchait. Gérard pressa le pas. Les miettes formaient maintenant un chemin plus dense, comme si la personne - ou les personnes - avaient marché en vitesse. Il arriva enfin en vue de la Grand-Place, mais cette fois sur le côté opposé du sapin. Là, près de la patinoire, se trouvait une petite porte métallique donnant accès au dépôt des décorations du marché. Et juste devant… une grosse traînée de miettes, comme si quelqu’un s’était arrêté là avec un sac trop rempli. Gérard déglutit. Un souffle glacé parcourut la place. Le beffroi sonna minuit. …
16 décembre
17 décembre
Le beffroi sonna minuit. … Au même moment, un bruit étouffé retentit derrière la porte. Puis un chuchotement. Puis… un rire très léger, très court. Un rire d’enfant. Gérard sentit son cœur s’emballer. - « Hé ! Qui est là ?! » lança-t-il, sa voix tremblante résonnant sur les pavés. Silence. Puis un froissement. Un petit mouvement vif. Comme une silhouette filante qui se serait glissée entre deux chalets. Gérard s’avança, mais ne vit personne. Alors qu’il s’apprêtait à rebrousser chemin, son pied heurta un objet au sol. Une petite boîte en carton, légèrement ouverte. À l’intérieur : des miettes de biscuits, un morceau de ruban, et un minuscule emballage de Bêtise de Cambrai. Un mélange étrange, déroutant… presque trop bien calculé. Le vent fit grincer le chalet. Gérard referma la boîte en tremblant. Il le sentait : quelqu’un jouait avec lui. Quelqu’un le testait. Et quelqu’un voulait qu’il continue. Cette épreuve ne lui a pas permis de retrouver ses biscuits mais un carton ne contenant que trop peu d’indices. Pourquoi cette épreuve ? pour tester sa patience et sa capacité à observer les indices, même si cette première étape ne lui révélerait que peu d’informations, Gérard, ne baissa pas les bras. Une ombre passa soudain devant le sapin. Rapide. Silencieuse. Inaccessible. Gérard ouvrit grand les yeux. L’épreuve de minuit n’était qu’un début. La véritable chasse allait commencer. Et à Cambrai, cette nuit-là, même les rues semblaient vouloir garder le secret.
Une petite miette de sucre scintilla sous la lumière des lampions du marché. Gérard la suivit, émerveillé et nerveux, sentant que cette piste le mènerait au cœur du marché et au secret qu’on voulait lui faire découvrir. Chaque pas qu’il faisait sur les pavés glacés semblait résonner dans le silence de la nuit, entre les stands décorés et les guirlandes qui clignotaient doucement. Les effluves de vin chaud et de pain d’épices le guidaient comme un parfum familier, et il sentit son cœur battre plus vite. Sur la Grand-Place, il remarqua que le marché était encore animé, malgré l’heure tardive. Les habitants s’étaient rassemblés autour du gigantesque sapin pour l’illumination imminente, et les vitrines des gâteaux de Noël étincelaient sous les projecteurs. Gérard plissa les yeux et aperçut, derrière la foule, une silhouette sombre qui semblait s’approcher furtivement de la vitrine principale. Son instinct lui cria que ce mouvement n’était pas innocent. Sans hésiter, il se faufila entre les passants, suivant la miette scintillante qui semblait se poser devant lui, filant vers le cœur du marché. Les stands de confiseries, les décorations et les lampions formaient un labyrinthe lumineux, et chaque tour de rue semblait amplifier la tension. Gérard comprit que cette miette n’était pas un simple reste de sucre : elle était un guide, une invitation à poursuivre le mystère, et peut-être à rencontrer celui ou celle qui avait orchestré la disparition de ses biscuits. Au détour d’un stand de bêtises de Cambrai, il aperçut que la miette semblait s’arrêter près d’une vitrine où les gâteaux étaient exposés pour la traditionnelle compétition annuelle. La maire de la ville vérifiait une dernière fois la fermeture de la vitrine. Gérard, le souffle court, se rendit compte que l’aventure venait de passer du simple suivi d’indices à une véritable course contre le temps, au milieu de la foule et des lumières de Noël. Soudain, la silhouette sombre s’éclipsa derrière un arbre décoré, laissant Gérard deviner qu’elle venait de remarquer qu’il suivait la piste. Le vieil artisan, à la fois inquiet et déterminé, accéléra le pas, prêt à se lancer dans cette poursuite à travers les rues illuminées, les chalets et les stands, au risque de se perdre lui-même dans la magie et le mystère de la nuit de Noël à Cambrai. Et dans son dos, le scintillement de la miette dorée continuait de briller, comme un fil invisible reliant le secret des biscuits disparus au cœur du marché animé…
18 décembre
19 décembre
Gérard suivait la dernière miette dorée entre les chalets du marché. Elle passait près des stands de bêtises de Cambrai et des vitrines remplies de gâteaux de Noël, scintillant sous les lampions. Son cœur battait très fort. Chaque pas le rapprochait du mystère… mais la miette disparut soudain. Gérard s’arrêta, plissant les yeux dans la lumière des lampions. Il se pencha pour chercher un reste de sucre, un petit bout de biscuit… mais rien. Le fil magique s’était arrêté net. Alors il comprit : il avait été détourné volontairement. Quelqu’un avait voulu le guider juste assez pour qu’il suive un chemin, mais pas jusqu’au bout. C’était comme un jeu : voir s’il était patient, attentif et assez malin pour continuer sans aide. Gérard sentit un mélange d’agacement et d’excitation. Celui ou celle qui faisait ça voulait tester sa détermination. Il inspira profondément et se redressa. Les miettes dorées avaient disparu, mais elles avaient une utilité : elles lui montraient qu’il devait observer tout autour de lui et réfléchir par lui-même, plutôt que de se fier à un fil magique. Gérard sentit un frisson d’adrénaline. Il n’avait toujours pas trouvé les biscuits, mais maintenant il comprenait qu’il devait rester vigilant et malin, car le vrai mystère était toujours d’actualité.
Gérard resta un instant immobile, les yeux fixés sur le sol vide où la dernière miette dorée avait disparu. Il se frotta le front et murmura pour lui-même : - Et si c’était un animal… ? Un chien ou un chat rapide, qui aurait joué avec les biscuits et laissé des traces trompeuses ? Ou peut-être un oiseau curieux qui avait fait tomber quelques miettes pour l’amuser ? Il se rappela une histoire qu’il avait entendue récemment : un homme, en promenade dans les rues de Cambrai, avait aperçu un chien qui semblait blessé, avec des petites taches rouges sur le sol. L’animal avait filé à toute vitesse, et l’homme avait essayé de le suivre. Il avait trouvé des empreintes et des traces de sang. Le chien s’était finalement arrêté devant un panier. Il avait commencé à grignoter ce qu’il contenait, mais l’homme l’en avait empêché et avait repris le panier pour chercher son propriétaire. Il avait frappé à plusieurs portes dans le quartier, mais il n’appartenait à personne. L’homme avait même fini par explorer un vieux bâtiment abandonné. Rien à signaler à l’intérieur, juste un peu de désordre. Finalement, le panier avait été remis à sa place initiale, et il s’était avéré que le “sang” n’était que de la pâte à sucre rouge. Gérard sourit en imaginant la scène. Il comprit que les animaux, les traces et les confusions pouvaient facilement créer de fausses pistes, et qu’il devait rester prudent. Quelqu’un ou quelque chose, ou même un petit stratagème, avait peut-être voulu le faire courir partout et tester son attention. Il observa une dernière fois les miettes et la neige. Elles semblaient normales… mais le doute persistait. Gérard savait désormais que les indices visibles ne racontaient jamais toute l’histoire, et que suivre ses instincts serait essentiel pour retrouver ses biscuits et découvrir ce qui se passait vraiment cette nuit-là.
20 décembre
21 décembre
Il était maintenant deux heures du matin. Les rues de Cambrai étaient silencieuses, seules les lumières des lampions et des décorations des chalets du marché perçaient l’obscurité. Gérard marchait lentement, ses bottes crissant sur la neige fraîche, les mains dans les poches, l’esprit en alerte. Chaque coin de rue semblait receler un indice, une piste, un petit mystère à résoudre. Soudain, il aperçut une silhouette assise sur un banc près de la place du Théâtre. Un homme, emmitouflé dans un vieux manteau, mangeait quelque chose avec attention. Gérard s’approcha doucement, intrigué. Il reconnut aussitôt… un de ses biscuits ! La pâte légèrement dorée, le glaçage parsemé de sucre cristallisé, c’était bien son propre biscuit de Noël. - Bonsoir… murmura Gérard, hésitant à déranger l’homme. L’homme leva les yeux, un peu surpris, mais pas effrayé. Ses mains tremblaient légèrement alors qu’il tenait le biscuit comme un trésor. - Bonsoir, répondit-il. Je… je suis désolé, je ne voulais pas… Mais j’avais si faim, et… je voulais… vivre un peu la magie de Noël, comme tout le monde. Gérard comprit alors que l’homme n’avait pas volé les biscuits, il avait dû trouver l’un des biscuits oubliés, peut-être tombé d’un panier ou laissé derrière un chalet. L’homme avait juste voulu goûter, ressentir la chaleur et la joie que ces biscuits apportaient à tous ceux qui les recevaient. - Tu l’as trouvé… par hasard ? demanda Gérard doucement. - Oui… murmura l’homme. Il y avait un petit sac derrière le marché. J’ai vu ce biscuit et je me suis dit que… Noël, c’est pour tout le monde, non ? Gérard sentit son cœur se réchauffer malgré le froid mordant de la nuit. Il hocha la tête et, avec un sourire, dit : - Alors, profite de ce moment. Mais viens, je vais t’en chercher d’autres. Après tout, un peu de magie de Noël, ça ne se refuse à personne. Et tandis que Gérard s’éloignait pour chercher d’autres biscuits, il sentit que, cette nuit-là, le mystère n’était pas seulement dans les biscuits disparus, mais dans toutes ces petites mains et cœurs qui voulaient eux aussi garder vivante la magie de Noël.
Après avoir quitté le SDF, Gérard continua à errer dans les rues silencieuses de Cambrai. Il était maintenant environ 2h30 du matin, et la ville semblait endormie. Soudain, un son de musique joyeuse parvint à ses oreilles, léger mais distinct. La mélodie venait du Théâtre de Cambrai, où habituellement les planches restaient silencieuses à cette heure. Intrigué, Gérard s’approcha, suivant instinctivement le son. À l’arrière, il repéra la Grange Dinière. En poussant la porte, il découvrit le gardien du théâtre, un homme d’âge moyen, seul sur scène. Mais ce qu’il vit le laissa bouche bée : le gardien chantait à tue-tête, dansait avec un enthousiasme fou, comme s’il vivait chaque nuit son rêve le plus extravagant. Ses gestes étaient grands, maladroits mais pleins de passion, et Gérard ne put s’empêcher de sourire, amusé. Pourtant, il n’était pas là pour rire. Ses yeux furent rapidement attirés par quelque chose de plus important : les traces en spirale fines sur la poussière du vieux plancher. Gérard sentit son cœur battre plus fort. Ces traces, identiques à celles de son atelier, semblaient partir du rideau de scène et s’éloigner vers une porte arrière. Il comprit que la musique, le spectacle du gardien, n’était qu’une fausse piste, un moyen de détourner son attention. Mais il devait rester concentré. Gérard s’avança prudemment, suivant les spirales. Le gardien, absorbé par sa chorégraphie nocturne, ne le remarqua même pas. Chaque pas de Gérard semblait résonner légèrement dans le silence, comme si le théâtre retenait son souffle. Les spirales le conduisirent hors de la grange, à travers une petite cour derrière le théâtre. Là, la musique s’estompait, mais les traces continuaient sur le sol gelé, serpentant entre des poubelles et des caisses abandonnées. Gérard se pencha pour mieux les voir : un peu de farine, des miettes minuscules, et quelques éclats de sucre glacé. Chaque indice lui rappelait qu’il n’était pas seul, qu’il suivait quelqu’un ou quelque chose de très attentif à ses mouvements. Il remonta ensuite la rue des Ratelots, toujours guidé par les spirales, qui semblaient briller faiblement sous les lampions du marché endormi. Son intuition lui soufflait que le point final de cette longue nuit mystérieuse se rapprochait. Les spirales tournèrent en une dernière boucle devant un bâtiment plus vaste et silencieux : le Labo…
22 décembre
23 décembre
Le Labo, la médiathèque de Cambrai. Gérard s’arrêta, le souffle court. Les grandes portes de verre reflétaient les lampadaires, et il aperçut une lumière douce à l’intérieur, filtrant par les étagères de livres et les vitrines d’exposition. Les traces spirales s’arrêtèrent juste devant la porte, comme pour lui indiquer qu’il devait entrer. Parmi les rayonnages de livres anciens, il remarque un volume qui semble un peu à l’écart, posé sur une table. Curieux, il l’ouvre. Le livre n’est pas un livre ordinaire : il contient des recettes oubliées de confiseries et biscuits de Cambrai, avec des annotations sur la manière de préserver la magie des recettes et de protéger les douceurs de la gourmandise malveillante. Certaines pages montrent des croquis de chemins, des symboles pour guider quelqu’un de confiance, et même des indices sur les traces en spirale. En feuilletant, Gérard comprend que ce livre a été laissé pour lui, comme un petit jeu de piste ou un guide, et qu’il ne trouvera pas les biscuits ici. Il doit mettre en pratique les conseils et suivre les traces restantes pour retrouver ses créations. Il referma le livre, et en se levant, il remarqua de nouvelles spirales de farine, presque invisibles sous la lumière des lampes. Elles se dirigeaient vers la porte du Labo, puis s’échappaient dans la cour. Gérard suivit les traces, pressé et nerveux, sentant que chaque pas le rapprochait du mystère final. Les spirales semblaient l’inviter, le guider avec patience. Avant de sortir, il jeta un dernier coup d’œil au livre sur la table. La magie de Noël semblait palpiter dans ces pages, et un sourire naquit sur son visage fatigué : quelqu’un avait veillé sur ses biscuits, et maintenant, c’était à lui de les retrouver. Il poussa la porte du Labo et s’engagea dans la nuit glaciale. Les traces de farine, fines et scintillantes sous les lampions du marché, reprirent leur rôle de fil conducteur. Gérard savait qu’elles le mèneraient bientôt vers le la fin du mystère. Mais il ignorait encore qui se cachait derrière ces gestes, ni ce qu’il découvrirait en suivant ces spirales jusqu’au bout …
Le jour allait se lever sur Cambrai, et Gérard avait suivi les étranges traces de spirales dans la neige fraîche. Il tremblait, à la fois d’inquiétude et de curiosité. Les traces s’éloignaient du centre-ville et glissaient vers le kiosque du jardin public. Ce kiosque, c’était celui qu’il entretenait secrètement chaque année en mémoire de sa femme. Une lueur dorée brillait au milieu des arbres, comme une lanterne oubliée. Gérard s’approcha lentement, le souffle court. Soudain, trois petites silhouettes émergèrent de la lumière. C’étaient les fameux enfants que plusieurs habitants avaient aperçus la veille. Mais en s’avançant, Gérard remarqua qu’ils n’avaient rien d’enfants ordinaires. Leurs pas étaient légers comme des flocons, et leurs yeux brillaient comme des étoiles. L’un d’eux tenait un panier rempli de biscuits… les siens. Gérard sentit son cœur se serrer : le mystère touchait à sa fin. Avant qu’il ne puisse parler, la plus grande silhouette prit la parole d’une voix douce. « Nous ne sommes pas venus voler, monsieur Gérard. Nous sommes venus protéger. » Gérard fronça les sourcils, incapable de comprendre. « Tes biscuits portent de la joie à toute la ville, mais cette année, un malheur les menaçait. » Le deuxième enfant tendit une petite main transparente, presque lumineuse. « Quelqu’un voulait s’en emparer pour les vendre hors de Cambrai, loin de leur magie. » Gérard comprit alors qu’une personne mal intentionnée avait prévu de profiter injustement de son travail. « Nous avons pris les biscuits pour empêcher cela », continua l’enfant. « Et pour être sûrs qu’ils reviennent au bon endroit. » Le plus petit dévoila alors une grande caisse emballée de rubans rouges. Gérard reconnut immédiatement sa propre production, soigneusement rangée. Ses biscuits n’avaient pas disparu : ils avaient été mis à l’abri. Ému, il sentit ses yeux s'humidifier. « Mais… qui êtes-vous ? » murmura-t-il. Les enfants échangèrent un sourire mystérieux. « Nous sommes ceux qui veillent sur les traditions de Cambrai, quand elles sont faites avec amour. » Puis, dans une brume dorée, ils disparurent aussi doucement qu’ils étaient venus. Quelques-heures plus tard, la fabrique rouvrit avec ses biscuits retrouvés, et toute la ville retrouva la magie de Noël… sans jamais savoir ce qui s’était réellement passé cette nuit-là.
Nuit de Noël