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Repères photographies
Corinne Bourdenet Vi
Created on October 30, 2025
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Quelques repères historiques en photographie
Médium incontournable de la création contemporaine, la photographie artistique soulève des problématiques complexes qui lui sont propres : art du multiple, rapport avec le réel, développement de la technologie de la captation au tirage et à la diffusion, fonction documentaire, objective ?, photomontage, format, dispositif de monstration, interface de diffusion, rapport au spectateur
https://www.profartspla.site/wordpress/2016/07/14/lignes-du-temps-photo/
Quelques repères historiques en photographie
La première photographie date de 1826-1827, presque 200 ans !
Le Point de vue du Gras, de Nicéphore Niepce 1827 Considérée comme la première photographie (ou héliographie : « écriture par le soleil ») permanente réussie prise dans sa maison de Saint-Loup-de-Varennes près de Chalon-sur-Saône en Bourgogne. 16,2 × 20,2 cm, Université d'Austin, Texas, Etats-Unis
Canaletto, Joseph Vernet, Johannes Vermeer, Jan Van Eyck, et d'autres utilisaient la chambre noire pour "copier" le réel le plus fidèlement possible.
Pour réaliser l'héliographe, Niépce dissolvait du bitume de Judée photosensible dans de l'huile de lavande et en appliquait une fine couche sur une plaque d'étain polie (matrice). Il insérait la plaque dans une chambre noire (camera obscura) et la plaçait près d'une fenêtre de son atelier, situé au premier étage. Après plusieurs jours d'exposition à la lumière du soleil, la plaque révélait l'empreinte de la cour, des dépendances et des arbres environnants.
https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/chambre-noire/
Le 12 avril 1816, Nicéphore Niépce décrit le premier appareil photographique qu’il vient de mettre au point dans un courrier adressé à son frère Claude : "Je profite du peu de temps que nous avons à passer ici pour faire faire une espèce d’oeil artificiel qui est une petite boîte carrée de 6 pouces de chaque face ; laquelle sera munie d’un tuyau susceptible de s’allonger et portant un verre lenticulaire. Je ne pourrais sans cet appareil me rendre complètement à raison de mon procédé".La première photographie aurait été prise entre le 4 juin et le 18 juillet 1827, et, selon le chercheur Jean-Louis Marignier (CNRS), elle aurait nécessité deux jours d’exposition.
https://videopress.com/v/SJwBRndB
Comme aujourd'hui avec l'IA la photographie est vue comme une innovation technique mais aussi un potentiel "danger" pour les artistes attachés à la représentation (reproduction fidèle) du réel en dessin ou en peinture. Pourtant, dès les débuts de la photographie, peintres et photographes y voient un moyen d'expression exceptionnel ! Edgar Degas ou Rosa Bonheur seront aussi photographes ! Le photographe Nadar, ami des artistes peintres impressionnistes leur loue son atelier au 35 boulevard des Capucines à Paris pour leur première exposition en 1874 !
Louis Daguerre remplace la plaque d'étain par du cuivre qui offre une précision de détails sans égal, à laquelle s’ajoute une variété de gris et une sensibilité qui permet de photographier même au clair de lune ! En 1838, il faut 30 minutes d’exposition à Daguerre, ce qui explique que le Boulevard du Temple pourtant très animé (par des cheveaux et promeneurs...) semble désert (car ... en mouvement donc pas assez statiques pour être "imprimés" sur la plaque), à l’exception de l’homme se faisant cirer les chaussures. En 1839, 7 à 8 minutes suffisent En 1840, moins de 2 minutes En 1843, quelques secondes !
Louis Daguerre, Boulevard du Temple, Paris, 1838
Cet homme se faisant cirer les chaussures, statique, est le premier humain photographié !
Dès les années 1840, soit un an après l’annonce officielle de l’invention de la photographie et du dépôt de son brevet par Louis Daguerre, les trucages sont aussi inventés. Gustave LE GRAY constate qu’il est très difficile de photographier un ciel et un paysage en même temps avec de beaux effets sur ces deux parties. Il décide alors de « monter » deux négatifs, un avec un « beau » ciel, et un autre avec un « bel » effet sur le paysage. L’image obtenue est magnifique mais … fausse !
Photographie manipulée : technique des "ciels rapportés"
https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/photographie-manipulee/
1840 : Hippolyte BAYARD (1801-1887) réalise son Autoportrait en noyé, dans une posture faisant référence au Marat Assassiné de Jacques-Louis DAVID, peint en 1793, conservé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles. Hippolyte BAYARD n'est pas artiste, il fonctionnaire au ministère des Finances mais il s'intéresse à l’art, s’essaie à la peinture et fréquente des artistes. Il s'oriente par passion vers la photographie.
Le Pelletier de Saint-Fargeau sur son lit de mort d’Anatole DevosgeDessin, 46,7 x 40 cm Musée des Beaux-Arts, Dijon
La Mort de Marat de Jacques-Louis DavidHuile sur toile, 162 x 130 cm Version du Musée du Louvre, Paris Réplique de l'atelier de DAVID du tableau de la main de DAVID donné à la Convention le 14 novembre 1793, exposé aujourd'hui au Musée royal des Beaux-Arts, Bruxelles
Autoportrait en noyé de Hippolyte BAYARD
BAYARD utilise ici la photographie non pour reproduire le réel mais bien pour construire une image symbolique, une fiction personnelle.il en existe trois variantes, conservées à la Société française de photographie.
La technique dite du positif direct est un procédé photographique mis au point par Hippolyte Bayard dès le printemps de l’année 1839. Ce procédé consiste à pré-insoler une feuille de papier rendue photosensible afin qu’elle blanchisse sous l’effet de la lumière dans la chambre obscure. Directement positive, c’est-à-dire sans passer par l’étape intermédiaire de la production d’un négatif, l’image ainsi obtenue est donc unique, en sens inversé droite-gauche et ses contrastes sont généralement assez faibles. Hippolyte déploya beaucoup d’énergie entre 1839 et 1840 afin de développer ce procédé qu’il abandonnera sans doute à l’hiver 1840-1841. C’est avec ce procédé qu’il réalise son image la plus célèbre, un autoportrait en noyé, dont on connait trois versions différentes. Louis Daguerre sera son principal concurrent, et avec ses "daguerréotypes" obtenus sur plaque de cuivre polie comme un miroir, nommés aussi « miroirs dotés de mémoire ». Malgré le soutien de l’Académie des Beaux-Arts, Bayard ne parvient pas à imposer son invention face au daguerréotype de Louis Daguerre, soutenu, lui, par l’Académie des Sciences.
Recto Verso
« Le cadavre du monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, l’inventeur du procédé dont vous venez de voir et dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait à perfectionner son invention. L’Académie, le Roi, et tous ceux qui ont vu ses dessins, que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé ! Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la Morgue, personne ne l’a encore reconnu ni réclamé ! Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la figure du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer ».
La fonction de l’artiste n’est-elle pas de recomposer la réalité ? et peu importe avec quel médium...Deux tendances vont ainsi se distinguer : - les « pictorialistes » qui composent et retravaillent l’image - le mouvement de la « straight photography » qui se concentre sur les spécificités du médium et l'instantanéité dit aussi "photographie pure" aussi réaliste et objective que possible, renonçant donc à toute forme de manipulation
Le pictorialisme est le tout premier mouvement de photographie artistique reconnu sur le plan international des années 1889-1914, et jusqu'en 1940 en Belgique. Pour ces photographes, l'image photographique doit simuler la peinture et l'eau-forte et donc être à l'opposé de la photographie documentaire, ils s'intéressent aux effets esthétiques de ce médium.
Alfred Stieglitz est l’instigateur de la Straight Photography avec The Steerage (L'Entrepont), de 1907, où les principales caractéristiques du mouvement sont présentes : contemporanéité du sujet, spontanéité et réalisme social
" Avec The Steerage, Stieglitz a abandonné l'idée que les photographies doivent assumer une certaine ressemblance avec les peintures et s'est lancé dans une nouvelle voie qui est d'explorer les photos comme des photos à part entière " dans Institut des arts de Minneapolis, "Alfred Stieglitz : The Steerage. " Dans The Steerage, Stieglitz , "a montré que l'essentiel des photographies documentaires pourraient transmettre des vérités transcendantales et incarner pleinement l'ensemble des principes pour lesquels elles ont été considérées comme des images artistiques ", de Richard Pitnick, The Ermgence of Photography as Collectible Art.
les photographes puisent leur inspiration dans toute l'histoire de la peinture occidentale, comme Guido Rey avec Johannes Vermeer et Robert Demachy avec Edgar Degas.
La Lettre 1908, tirage platine sur papier, 17 x 21.9 cm, The J. Paul Getty Museum
C'est seulement, dans les années 1980, que le tirage photographique devient un médium de l’art contemporain.
La photographie plasticienne concerne toute œuvre effectuée sur un support photographique argentique ou numérique, qui s’ancre dans une démarche de création. Cette catégorie implique de nombreuses déclinaisons reposant tant sur l’usage fait de ces photographies que sur leur mise en œuvre. La photographie plasticienne est à distinguer de la photographie documentaire, qui est la trace d’une oeuvre d’un autre médium comme l’installation, la performance, de nature éphémère ou disparue.
https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/photographie-plasticienne/
Démarche de Thomas Ruff, série des Portraits, dès 1987
Démarche de Thomas Struth, série des Museum Photographs , dès 1989
Selon un protocole précis et simple, l’artiste a demandé à des proches de venir poser sous son objectif devant un fond coloré uni (et différent à chaque fois), avec la consigne d’adopter une attitude ne trahissant aucune émotion, proche de la photographie d'identité. Ruff documente une variété de visages, mais son traitement neutre ôte toute dimension psychologique ou narrative.Après cette série de petits formats, Ruff expérimente jusqu’en 1991 la monumentalité et plus de radicalité : frontalité imposée et lumière froide = crudité du cliché.
La série des Museum Photographs réalisée par l’artiste allemand Thomas Struth montre des spectateurs regardant des peintures, exposées dans les plus grands musées du monde. Cette série questionne le rôle du spectateur et notre rapport à l’histoire de l’art. L’artiste interroge le spectacle muséal. Il souligne les rapports entre visiteurs et œuvre d’art, peinture et photographie, passé et présent, œuvre documentaire et mise en scène. Struth représente « un moment présent et un moment historique dans une même photographie » et restitue un sentiment de théâtralité. La représentation picturale est mise en abime dans l'image photographique = image dans l'image
https://www.mudam.com/fr/collection/thomas-struth
Exposition « Métaphotographie. Thomas Ruff », musée d’Art moderne et contemporain, Saint-Etienne, 2022
Musée d’Orsay 1, Paris, 1989, C-Print, 150 x 185,5 cm, MUDAM