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Repères photographies

Corinne Bourdenet Vi

Created on October 30, 2025

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L'art, les sciences et les technologies : dialogue ou hybridation

ART en latin « science, savoir faire, méthode » L’art est ce que l’homme ajoute à la nature, ce qui est artificiel. L’art est l’expression de l’homme par des oeuvres, d’un idéal esthétique et l’ensemble des activités humaines créatrices visant à cette expression. TECHNIQUE S = toutes les innovations techniques et technologiques La techné, d’où dérive le mot technique, désigne en grec l’ensemble des connaissances pratiques et des savoir-faire requis pour l’exécution d’une tâche ou la réalisation d’un produit : un sens somme toute très proche de ars, qui signifie en latin le talent, le savoir-faire, l’habilité, et s’applique à des activités mettant en jeu la dextérité telles que la peinture ou la sculpture mais aussi la boucherie ou la cordonnerie. La figure de l’artiste, qui se différencie aujourd’hui de l’artisan, et la notion de beaux-arts ne s’imposent qu’à partir du XVe siècle. Et sans cesse les innovations techniques ont transformé les outils de l’art et apporté de nouveaux médias, qui ont à leur tour influé sur l’esthétique. SCIENCE S = toutes les sciences (humaines, physiques, biologiques, astronomiques) en latin « savoir » Ensemble de connaissances, critiques, conceptualisées, rationnelles et objectives. Regroupement des sciences de la nature (physique, chimie et biologie) dont les objets sont la matière et le vivant, les sciences formelles ou sciences logico-mathématiques (mathématiques, logique et informatique) dont les objets sont des êtres abstraits et les sciences humaines (histoire, psychologie, sociologie, anthropologie, économie et linguistique) qui ont pour objets les comportements humains.

L'art, les sciences et les technologies : dialogue ou hybridation

Dialogue : harmonieux ou conflictuel Hybridation : fusion de deux éléments de différente nature pour en créer un nouveau

« Depuis la Renaissance, l’art a le regard tourné vers la science : mathématiques au sens large, avec la géométrie et les nombres, anatomie, dissection, optique, théories de la couleur, théories de la perception, évolutionnisme, darwinisme, théorie de la relativité et de la quatrième dimension, géométries noneuclidiennes, psychanalyse, linguistique structurale, cybernétique, théorie de l’information, théorie des jeux, et depuis quelques années, mathématiques du chaos, des objets fractals, sciences cognitives et sciences du vivant. » Edmont Couchot, La technologie dans l’art, 1998

Deux périodes favorisent des rapprochements entre art, technologies et sciences : la Renaissance et les XIXème et XXème siècles

La Renaissance constitue le grand moment de rencontre entre l’art et la science, puisque l’artiste, passe de l'artisan au « génie universel », considère que sa recherche touche à la compréhension raisonnée et scientifique du monde, plutôt qu’à la pratique artisanale fondée sur les savoir-faire des « arts mécaniques ». L’art est « cosa mentale » selon Léonard de Vinci et, pour l’atteindre, des dispositifs ingénieux fondés sur les mathématiques et la physique sont mis en œuvre : la Tavoletta de Brunelleschi visant à contrôler la juste réalisation perspectiviste du dessin, la "fenêtre" (ou perspectographe) de Dürer, la peinture à l'huile (Jan Van Eyck), la peinture sur chevalet (transportable, facilement commercialisable) > L'art donne une visibilité à la science par une traduction savante du monde, par sa mise en représentation > Sciences et technologies entrent au service de l’art > mais aussi certaines avancées techniques ou technologiques tendent à minimiser ou à remplacer le rôle de l'artiste > mais aussi les artistes sont parfois des lanceurs d'alerte, qui portent un regard critique sur les avancées de la science

Jean Arp : « J’aime les calculs faux – car ils donnent des résultats plus justes » cité par Marc Dachy dans son ouvrage Dada, la révolte de l’art, Paris, Gallimard, 2005, p. 19.

La Tavoletta de Brunelleschi

Filippo Brunelleschi, homme de chantiers, architecte, mathématicien, réalise en 1413 une expérience démonstrative qui théorise la perspective exacte grâce à la Tavoletta (petite planche de bois trouée) et un miroir :

Battistero di San Giovanni (Baptistère Saint-Jean), Florence

Invention de la peinture à l'huile = Idée n°28 dans l'ouvrage 100 idées qui ont transformé l'art, , par Michael Bird, édition Seuil, 2012

page 62 :

Les époux Arnolfini de Jan Van Eyck, 1434, peinture à l’huile sur panneau de chêne, 82,2 × 60 cm, National Gallery, Londres. https://www.nationalgallery.org.uk/paintings/jan-van-eyck-the-arnolfini-portrait

Jan Van EYCK

Chancelier Rolin en prière devant la Vierge, dit La Vierge du chancelier Rolin, Jan van Eyck, 1430-1435, peinture à l’huile sur panneau de chêne, 66 x 62 cm, Musée du Louvre, Paris, https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010061856.

L’art est « cosa mentale » selon Léonard de Vinci L'artiste n'est plus seulement un artisan mais c'est aussi un intellectuel !

sfumato

La Tavoletta de Brunelleschi = maîtrise de la perspective linéaire à 1 point de fuite

Filippo Brunelleschi, homme de chantiers, architecte, mathématicien, réalise en 1413 une expérience démonstrative qui théorise la perspective exacte grâce à la Tavoletta (petite planche de bois trouée) et un miroir :

La "fenêtre" ou "portillon" de Dürer Invention technique pour une aide au dessin

Albrecht Dürer réalise plus de 76 peintures, plus de 2000 dessins, aquarelles, esquisses, aussi 170 xylographies, plus de 100 gravures en taille-douce et, rédige 3 ouvrages théoriques sur les proportions du corps humain et les principes de la perspective. Il est alors le premier grand artiste de la Renaissance allemande à avoir intégré les concepts de la perspective et de la proportion humaine développés en Italie.

L’Autoportrait, 1500

Grande Touffe d'herbesaquarelle 41 × 31,5 cm 1503

Dürer est un virtuose du dessin reconnu de son temps, mais ses contemporains lui reprochent d'avoir inventé une "machine" qui permettra à toute personne même sans talent de représenter avec une grande justesse le réel. Comment alors distinguer l'artiste du "tricheur" ?

Gravure = maîtrise technique, mais aussi moyen rapide de reproduire et diffuser son art (technique au service de sa notoriété artistique).

Son Traité de géométrie est aussi un guide à l’intention des artistes. " Il est évident que si les peintres allemands sont loin de manquer de talent tant dans l’emploi de la couleur que du point de vue de leur dextérité manuelle, ils ont encore beaucoup à gagner sur le chapitre des mesures et de la perspective. Il y a donc lieu d’espérer que s’ils se penchent sur l’étude de ces problèmes et que s’ils améliorent leur talent grâce à de nouvelles connaissances".

Rhinocéros gravure sur bois 1515

Albrecht Dürer, Melencolia I, 1514

Deux périodes favorisent des rapprochements entre art, technologies et sciences : la Renaissance et les XIXème et XXème siècles

Au XIXème siècle :- invention du tube de peinture (1845) > pleinairisme, artistes quittent leur atelier pour peindre sur le vif - invention de la photographie (1826-1827) - invention de la chronophotographie (1878), des animations (thaumatrope : 1825), du cinéma (1895) Au XXème : - invention du numérique (art numérique avec Benjamin Francis Laposky dès 1950)

Photographie : entre innovations techniques d'ingénieurs et physiciens et medium artistique utilisé par des artistes

Quelques repères historiques en photographie

Médium incontournable de la création contemporaine, la photographie artistique soulève des problématiques complexes qui lui sont propres : art du multiple, rapport avec le réel, développement de la technologie de la captation au tirage et à la diffusion, fonction documentaire, objective ?, photomontage, format, dispositif de monstration, interface de diffusion, rapport au spectateur

https://www.profartspla.site/wordpress/2016/07/14/lignes-du-temps-photo/

Quelques repères historiques en photographie

La première photographie date de 1826-1827, presque 200 ans !

Le Point de vue du Gras, de Nicéphore Niepce 1827 Considérée comme la première photographie (ou héliographie : « écriture par le soleil ») permanente réussie prise dans sa maison de Saint-Loup-de-Varennes près de Chalon-sur-Saône en Bourgogne. 16,2 × 20,2 cm, Université d'Austin, Texas, Etats-Unis

Canaletto, Joseph Vernet, Johannes Vermeer, Jan Van Eyck, et d'autres utilisaient la chambre noire pour "copier" le réel le plus fidèlement possible.

Pour réaliser l'héliographe, Niépce dissolvait du bitume de Judée photosensible dans de l'huile de lavande et en appliquait une fine couche sur une plaque d'étain polie (matrice). Il insérait la plaque dans une chambre noire (camera obscura) et la plaçait près d'une fenêtre de son atelier, situé au premier étage. Après plusieurs jours d'exposition à la lumière du soleil, la plaque révélait l'empreinte de la cour, des dépendances et des arbres environnants.

https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/chambre-noire/

Le 12 avril 1816, Nicéphore Niépce décrit le premier appareil photographique qu’il vient de mettre au point dans un courrier adressé à son frère Claude : "Je profite du peu de temps que nous avons à passer ici pour faire faire une espèce d’oeil artificiel qui est une petite boîte carrée de 6 pouces de chaque face ; laquelle sera munie d’un tuyau susceptible de s’allonger et portant un verre lenticulaire. Je ne pourrais sans cet appareil me rendre complètement à raison de mon procédé".La première photographie aurait été prise entre le 4 juin et le 18 juillet 1827, et, selon le chercheur Jean-Louis Marignier (CNRS), elle aurait nécessité deux jours d’exposition.

https://videopress.com/v/SJwBRndB

Comme aujourd'hui avec l'IA la photographie est vue comme une innovation technique mais aussi un potentiel "danger" pour les artistes attachés à la représentation (reproduction fidèle) du réel en dessin ou en peinture. Pourtant, dès les débuts de la photographie, peintres et photographes y voient un moyen d'expression exceptionnel ! Edgar Degas ou Rosa Bonheur seront aussi photographes ! Le photographe Nadar, ami des artistes peintres impressionnistes leur loue son atelier au 35 boulevard des Capucines à Paris pour leur première exposition en 1874 !

Louis Daguerre remplace la plaque d'étain par du cuivre qui offre une précision de détails sans égal, à laquelle s’ajoute une variété de gris et une sensibilité qui permet de photographier même au clair de lune ! En 1838, il faut 30 minutes d’exposition à Daguerre, ce qui explique que le Boulevard du Temple pourtant très animé (par des cheveaux et promeneurs...) semble désert (car ... en mouvement donc pas assez statiques pour être "imprimés" sur la plaque), à l’exception de l’homme se faisant cirer les chaussures. En 1839, 7 à 8 minutes suffisent En 1840, moins de 2 minutes En 1843, quelques secondes !

Louis Daguerre, Boulevard du Temple, Paris, 1838

Cet homme se faisant cirer les chaussures, statique, est le premier humain photographié !

Dès les années 1840, soit un an après l’annonce officielle de l’invention de la photographie et du dépôt de son brevet par Louis Daguerre, les trucages sont aussi inventés. Gustave LE GRAY constate qu’il est très difficile de photographier un ciel et un paysage en même temps avec de beaux effets sur ces deux parties. Il décide alors de « monter » deux négatifs, un avec un « beau » ciel, et un autre avec un « bel » effet sur le paysage. L’image obtenue est magnifique mais … fausse !

Photographie manipulée : technique des "ciels rapportés"

https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/photographie-manipulee/

1840 : Hippolyte BAYARD (1801-1887) réalise son Autoportrait en noyé, dans une posture faisant référence au Marat Assassiné de Jacques-Louis DAVID, peint en 1793, conservé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles. Hippolyte BAYARD n'est pas artiste, il fonctionnaire au ministère des Finances mais il s'intéresse à l’art, s’essaie à la peinture et fréquente des artistes. Il s'oriente par passion vers la photographie.

Le Pelletier de Saint-Fargeau sur son lit de mort d’Anatole DevosgeDessin, 46,7 x 40 cm Musée des Beaux-Arts, Dijon

La Mort de Marat de Jacques-Louis DavidHuile sur toile, 162 x 130 cm Version du Musée du Louvre, Paris Réplique de l'atelier de DAVID du tableau de la main de DAVID donné à la Convention le 14 novembre 1793, exposé aujourd'hui au Musée royal des Beaux-Arts, Bruxelles

Autoportrait en noyé de Hippolyte BAYARD

BAYARD utilise ici la photographie non pour reproduire le réel mais bien pour construire une image symbolique, une fiction personnelle.il en existe trois variantes, conservées à la Société française de photographie.

La technique dite du positif direct est un procédé photographique mis au point par Hippolyte Bayard dès le printemps de l’année 1839. Ce procédé consiste à pré-insoler une feuille de papier rendue photosensible afin qu’elle blanchisse sous l’effet de la lumière dans la chambre obscure. Directement positive, c’est-à-dire sans passer par l’étape intermédiaire de la production d’un négatif, l’image ainsi obtenue est donc unique, en sens inversé droite-gauche et ses contrastes sont généralement assez faibles. Hippolyte déploya beaucoup d’énergie entre 1839 et 1840 afin de développer ce procédé qu’il abandonnera sans doute à l’hiver 1840-1841. C’est avec ce procédé qu’il réalise son image la plus célèbre, un autoportrait en noyé, dont on connait trois versions différentes. Louis Daguerre sera son principal concurrent, et avec ses "daguerréotypes" obtenus sur plaque de cuivre polie comme un miroir, nommés aussi « miroirs dotés de mémoire ». Malgré le soutien de l’Académie des Beaux-Arts, Bayard ne parvient pas à imposer son invention face au daguerréotype de Louis Daguerre, soutenu, lui, par l’Académie des Sciences.

Recto Verso

« Le cadavre du monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, l’inventeur du procédé dont vous venez de voir et dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s’occupait à perfectionner son invention. L’Académie, le Roi, et tous ceux qui ont vu ses dessins, que lui trouvait imparfaits, les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui a fait beaucoup d’honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement, qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre, a dit ne pouvoir rien faire pour M. Bayard et le malheureux s’est noyé ! Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui pendant longtemps et aujourd’hui qu’il y a plusieurs jours qu’il est exposé à la Morgue, personne ne l’a encore reconnu ni réclamé ! Messieurs et Dames, passons à d’autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la figure du Monsieur et ses mains commencent à pourrir, comme vous pouvez le remarquer ».

La fonction de l’artiste n’est-elle pas de recomposer la réalité ? et peu importe avec quel médium...Deux tendances vont ainsi se distinguer : - les « pictorialistes » qui composent et retravaillent l’image - le mouvement de la « straight photography » qui se concentre sur les spécificités du médium et l'instantanéité dit aussi "photographie pure" aussi réaliste et objective que possible, renonçant donc à toute forme de manipulation

Le pictorialisme est le tout premier mouvement de photographie artistique reconnu sur le plan international des années 1889-1914, et jusqu'en 1940 en Belgique. Pour ces photographes, l'image photographique doit simuler la peinture et l'eau-forte et donc être à l'opposé de la photographie documentaire, ils s'intéressent aux effets esthétiques de ce médium.

Alfred Stieglitz est l’instigateur de la Straight Photography avec The Steerage (L'Entrepont), de 1907, où les principales caractéristiques du mouvement sont présentes : contemporanéité du sujet, spontanéité et réalisme social

" Avec The Steerage, Stieglitz a abandonné l'idée que les photographies doivent assumer une certaine ressemblance avec les peintures et s'est lancé dans une nouvelle voie qui est d'explorer les photos comme des photos à part entière " dans Institut des arts de Minneapolis, "Alfred Stieglitz : The Steerage. " Dans The Steerage, Stieglitz , "a montré que l'essentiel des photographies documentaires pourraient transmettre des vérités transcendantales et incarner pleinement l'ensemble des principes pour lesquels elles ont été considérées comme des images artistiques ", de Richard Pitnick, The Ermgence of Photography as Collectible Art.

les photographes puisent leur inspiration dans toute l'histoire de la peinture occidentale, comme Guido Rey avec Johannes Vermeer et Robert Demachy avec Edgar Degas.

Robert Demachy, Dans les Coulisses, vers 1900, tirage au bichromate de gomme, 16,2 x 9,8 cm, coll. particulière.

Guido (Guy) Rey, La Lettre 1908, tirage platine sur papier, 17 x 21.9 cm, The J. Paul Getty Museum

Les avant-gardistes (artistes innovants) adaptent leurs expérimentations plastiques aux particularités techniques de la photographie. - Les constructivistes développent de nouveaux angles de vue (contre-plongée, diagonales dynamiques…) - Les cubistes puis les surréalistes piègent le spectateur en détournant la réalité photographiée.

https://www.moma.org/collection/works/49573

Moholy-Nagy et Man Ray travaillent par montages, solarisations, surimpressions, brûlages… afin de révéler la poésie de l’accident. Ils développent la technique du "photogramme" ou "rayogramme" Champs délicieux de Man Ray réunit dans un portfolio 12 rayogrammes en 1922 obtenus sans objectif ni négatif, par simple contact des objets sur un papier sensible. La préface est de Tristan Tzara, une figure centrale du mouvement Dada, ami et co-locataires de Man Ray.

Man Ray Sans titre n°4 22.7 × 17.1 cm MoMa

Alexandre RODTCHENKOPortrait de Lili Brik, 1924

Photographie détournée dans la publicité pour la maison d’éditions Knigi du même Alexandre Rodtchenko

La photographie humaniste

L’Homme est le sujet principal du photographe. L’instantanéité est recherchée. La mise en scène, la théâtralisation ne sont pas admises (mais parfois anticipées tout de même !).

Ce cliché est issu d’une commande passée à Robert Doisneau par le magazine Life. La photographie semble être un instant volé, alors que Doisneau avait lui-même mis en scène deux étudiants en art dramatique rémunérés pour la séance. Lesquels, en 1992 alors que le cliché sera devenu célèbre, poursuivront Doisneau en justice pour violation de leur vie privée. Le consentement étant établi, ils seront déboutés et, malgré la controverse provoquée !

Robert Doisneau, Autoportrait au Rolleiflex, 1947

« Photographier c'est arrêter un moment qui m'enchante »

Robert Doisneau, Les pains de Picasso, 1950

Robert Doisneau, Le Baiser de l’hôtel de ville, 1950

La photographie humaniste

L’Homme est le sujet principal du photographe. L’instantanéité est recherchée. La mise en scène, la théâtralisation ne sont pas admises (mais parfois anticipées tout de même !).

« L’aventurier qui est en moi se sentit obligé de témoigner, avec un instrument plus rapide qu’un pinceau, des cicatrices du monde » Henri Cartier-Bresson

« La photographie est une trace indélébile, une empreinte du réel ; elle fixe un moment unique et irrécupérable, tout en devenant un témoignage pour l'avenir » Henri Cartier-Bresson prône l'instant décisif dans la photographie.

Henri Cartier-Bresson, Rue Mouffetard, Paris 1952, épreuve gélatino-argentique, 39,7 x 29,8 cm, Centre Pompidou Paris

Henri Cartier-Bresson, Derrière la gare Saint-Lazare, 1932, épreuve gélatino-argentique, 35,4 × 23,8 cm

La photographie humaniste

L’Homme est le sujet principal du photographe. L’instantanéité est recherchée. La mise en scène, la théâtralisation ne sont pas admises (mais parfois anticipées tout de même !).

En 1935, Dorothea Lange est engagée au sein de la section historique de la Resettlement Administration, organisme de secours pour les paysans ruinés – qui devient en 1937 la Farm Security Administration (FSA). Cette administration déploie jusqu’en 1942 un gigantesque projet, à la fois documentation et propagande, destiné à « présenter l’Amérique aux Américains » par la photographie. Ses images, largement reproduites, commencent à devenir des « icônes » de la crise.

Dorothea Lange, Mère Migrante, California, 1936

Photo-journalisme ou photo-reportage : la photographie a attiré la presse par son apparente objectivité

Robert CAPA co-fondateur de l'agence Magnum Photos en 1947

Prise le 5 septembre 1936, publiée d'abord par le magazine Vu le 23 septembre 1936, puis par le magazine Life qui la publie le 12 juillet 1937. Elle montre la mort, présentée comme réelle et prise en direct, d'un milicien républicain durant la guerre d'Espagne.

Dans les années 70, deux journalistes anglais ont mis en doute l’authenticité de ce cliché, soupçonnant Robert Capa d’avoir procédé à une mise en scène ou à un montage. Le débat reste ouvert, le négatif ayant été perdu. Le combattant serait Federico Borell Garcia, un anarchiste combattant dans les rangs républicains durant la guerre d’Espagne. Des publications récentes établissent que le cliché n’aurait pas été pris sur le champ de bataille de Cerro Muriano, mais à proximité d’Espejo, un autre jour.

« Si ta photo n’est pas assez bonne, c’est que tu n’étais pas assez près »Robert CAPA

La photographie dans le processus artistique

Roman OPALKA, 1965/1 – ∞, détails 2075998, 2081397, 2083115, 4368225, 4513817, 4826550, 5135439 et 5341636, Autoportraits, série photographique, noir et blanc sur papier, 24 x 30,50 cm. Collection du FRAC Lorraine : Édition limitée, 298 exemplaires numérotés et signés : 50 autoportraits présentés dans un coffret, 24 x 30 cm, 2008 « … ce que je nomme mon autoportrait, est composé de milliers de jours de travail. Chacun d’eux correspond au nombre et au moment précis où je me suis arrêté de peindre après une séance de travail » Roman OPALKA OPALKA explique son protocole : Ma proposition fondamentale, programme de toute ma vie, se traduit dans un processus de travail enregistrant une progression qui est à la fois un document sur le temps et sa définition. Une seule date, 1965, celle à laquelle j’ai entrepris mon premier Détail.

Chaque Détail (nom de ses toiles peintes) appartient à une totalité désignée par cette date, qui ouvre le signe de l’infini, et par le premier et le dernier nombre portés sur la toile. J’inscris la progression numérique élémentaire de 1 à l’infini sur des toiles de même dimensions, 196 sur 135 centimètres (hormis les « cartes de voyage »), à la main, au pinceau (de taille toujours identique « no zéro » afin de veiller à la dimension graphique et à la lisibilité peinte des nombres), en blanc, sur un fond recevant depuis 1972 chaque fois environ 1 % de blanc supplémentaire. Arrivera donc le moment où je peindrai en blanc sur blanc.

La photographie dans le processus artistique

Pour que tout soit identique, même si son atelier change de lieu, il garde des traces avec des mesures de son cadre de travail : Le 6 août 2011 (jour de son décès), Roman Opalka a achevé son oeuvre : « le fini défini par le non fini »

C'est seulement, dans les années 1980, que le tirage photographique devient un médium de l’art contemporain.

La photographie plasticienne concerne toute œuvre effectuée sur un support photographique argentique ou numérique, qui s’ancre dans une démarche de création. Cette catégorie implique de nombreuses déclinaisons reposant tant sur l’usage fait de ces photographies que sur leur mise en œuvre. La photographie plasticienne est à distinguer de la photographie documentaire, qui est la trace d’une oeuvre d’un autre médium comme l’installation, la performance, de nature éphémère ou disparue.

https://www.profartspla.site/wordpress/Dictionnaire/photographie-plasticienne/

Démarche de Thomas Ruff, série des Portraits, dès 1987

Démarche de Thomas Struth, série des Museum Photographs , dès 1989

Selon un protocole précis et simple, l’artiste a demandé à des proches de venir poser sous son objectif devant un fond coloré uni (et différent à chaque fois), avec la consigne d’adopter une attitude ne trahissant aucune émotion, proche de la photographie d'identité. Ruff documente une variété de visages, mais son traitement neutre ôte toute dimension psychologique ou narrative.Après cette série de petits formats, Ruff expérimente jusqu’en 1991 la monumentalité et plus de radicalité : frontalité imposée et lumière froide = crudité du cliché.

La série des Museum Photographs réalisée par l’artiste allemand Thomas Struth montre des spectateurs regardant des peintures, exposées dans les plus grands musées du monde. Cette série questionne le rôle du spectateur et notre rapport à l’histoire de l’art. L’artiste interroge le spectacle muséal. Il souligne les rapports entre visiteurs et œuvre d’art, peinture et photographie, passé et présent, œuvre documentaire et mise en scène. Struth représente « un moment présent et un moment historique dans une même photographie » et restitue un sentiment de théâtralité. La représentation picturale est mise en abime dans l'image photographique = image dans l'image

https://www.mudam.com/fr/collection/thomas-struth

Exposition « Métaphotographie. Thomas Ruff », musée d’Art moderne et contemporain, Saint-Etienne, 2022

Musée d’Orsay 1, Paris, 1989, C-Print, 150 x 185,5 cm, MUDAM