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99 Cent d'Andreas GURSKY
Corinne Bourdenet Vi
Created on October 20, 2025
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99 Cent d'Andreas GURSKY
1999 Tirage : 5/6 photographie, épreuve couleur sous Diasec, épreuve chromogène 206,5 x 337 x 5,8 cm Retirage en 2024 Centre Pompidou, Paris. Acquisition par le Centre Pompidou Paris : par achat, en 2000 Secteur de collection : Cabinet de la photographie https://collection.centrepompidou.fr/artwork/andreas-gursky-99-cent-150000003186622
Savoir décrypter le cartel de cette oeuvre :
Tirage : 5/6 La photographie a été tirée en 6 exemplaires et que celle qui est conservée au Centre Pompidou Paris est le 5ème exemplaire de cette série de 6 tirages. Andreas Gursky édite souvent ses photographies en 6 exemplaires avec 2 épreuves d’artistes, qui sont des impressions destinées à l'artiste lui-même. Dans le cas d'un fonds de photographe, il est normal de trouver différents tirages de la même image. La photographie est par essence un art du multiple qui permet d'obtenir des objets à la fois semblables (même image) mais offrant des matérialités différentes, en termes de formats, encadrements, supports, cadrages, valeurs de gris. Photographie, épreuve couleur sous Diasec : Le Diasec est un procédé breveté en 1969 par le suisse Heinz Sovilla-Brulhart qui permet de garantir la préservation des photographies du vieillissement pendant 100 ans. L’image est imprimée puis une fine couche de résine acrylique est appliquée dessus sans dénaturer ni les couleurs, ni l’aspect du papier. Le Diasec étant un procédé breveté, il ne peut être pratiqué que par des laboratoires agréés. Les Diasec doivent être montés à l’aide de produits officiels et sur des machines certifiées que seuls les détenteurs de licence officielle peuvent obtenir. Une seule licence est accordée par pays. Épreuve chromogène ou Épreuve à jet d'encre pigmentaire : tirage sur des imprimantes spécialisées, en très grand format. Ces machines utilisent des lasers ou des LED pour exposer le papier argentique photosensible à l’image produite par projection de microgouttelettes d'encres noires et de cyan, magenta et jaune (la projection remplace le négatif). Les tirages chromogènes offrent une gradation de couleurs lisse et des détails fins, même sur de très grands formats. 206,5 x 337 x 5,8 cm : format monumental, proche des peintures d'histoire, religieuses, mythologiques (genre noble ou "grand genre"). Retirage en 2024 : tirage supplémentaire excécuté par une personne agréée par l'artiste ou le centre d'art. Acquisition par le Centre Pompidou Paris : par achat, en 2000. Le Centre Pompidou Paris a acheté ce tirage à l'artiste. Cabinet de la photographie : salle spécifique permettant les bonnes conditions de conservation.
Savoir décrypter le cartel de cette oeuvre :
206,5 x 337 x 5,8 cm : format monumental, proche des peintures d'histoire, religieuses, mythologiques (genre noble ou "grand genre").
"L'approche de Gursky en matière de composition est profondément enracinée dans les traditions de la peinture. Ses images, bien que photographiques, imitent souvent la structure et la formalité des peintures historiques de grande échelle, où chaque élément est soigneusement placé pour créer un sentiment d'harmonie et de profondeur." Jean-François Chevrier, critique d'art spécialiste de la photographie.
La Bataille de Nancy d'Eugène Delacroix, 1831, huile sur toile de 237 × 350 cm, Musée des Beaux-Arts de Nancy.
Rapports de proportion entre les formats de ces oeuvres et un spectateur de 170 cm :
Les oeuvres de Gursky sont définies comme des "tableaux-photographiques"
La Bataille de Nancy d'Eugène Delacroix, 1831, huile sur toile de 237 × 350 cm (sans cadre), Musée des Beaux-Arts de Nancy.
99 Cent d'Andreas Gursky, 1999, Tirage : 5/6, épreuve couleur sous Diasec, épreuve chromogène 206,5 x 337 x 5,8 cm (197 x 327 cm hors marge et sans cadre) Centre Pompidou Paris.
La démarche artistique d'Andreas Gursky
Tout commence en 1984.Gursky raconte qu'en développant une pellicule de vues d'un panorama alpin apparemment sans présence humaine, il découvre de minuscules randonneurs dont l'image a été fixée sur le négatif alors qu'à l'oeil nu il ne les avait pas perçus. Il va alors choisir des décors qui semblent se répéter à l'infini, dans lesquels l'être humain, s'il est présent, est un être minuscule à peine reconnaissable.
Klausenpass (Col du Klausen), 1984, photographie couleur, 29,7 x 38,8 cm
Klausenpass II, 2025, impression numérique sous Diasec encadrée, 245,4 × 326,9 × 6,2 cm, 6 exemplaires
La démarche artistique d'Andreas Gursky
- photographies couleurs de vues extérieures (paysages de montagne, parkings, architectures urbaines…) ou intérieures (usines, bâtiments officiels, salles de concert…)- imprimées en très grands formats, ses photographies deviennent des "tableaux-photographiques" - regard sur la société contemporaine, mondialisation, de la consommation de masse - hybride deux visions : - macroscopique, grâce aux formats monumentaux qui couvrent l'entièreté d’une scène recomposée - microscopique, avec une accumulation obsessionnelle de détails, démultipliés, ajoutés, dupliqués
Depuis 1991, Gursky a abandonné la photographie argentique avec objectif et pellicule pour le numérique et la retouche d'images afin de donner à voir une "hyperréalité" ou une réalité augmentée.
" Mes images sont toujours des interprétations des lieux " Andreas Gursky
"Je ne suis pas intéressé par une vision objective du monde, mais par une vision picturale".
" La réalité ne peut être montrée qu’en la construisant. Paradoxalement, le montage et la manipulation nous amènent plus près de la vérité "
"Je suis souvent confronté à des lieux ou des situations où l'image telle qu'elle existe réellement n'est pas aussi puissante que l'idée que j'en ai. C'est là que la manipulation intervient."
La démarche artistique d'Andreas Gursky
Andreas Gursky a créé une image composite : « J’ai photographié depuis cinq points de vue différents, sur une période de trois jours », explique-t-il, avant de passer plusieurs mois à recomposer l’image sur ordinateur. Il a aussi supprimé les détails importuns et choisi les images où les rideaux étaient ouverts, pour composer son image comme un peintre.
180,02 x 350,04 cm, impression numérique
Impossible de voir l’immeuble d’habitation Maine-Montparnasse, à Paris, comme le photographe allemand Andreas Gursky le montre, c’est-à-dire d’un seul tenant. Cette barre HLM construite entre 1959 et 1966 s’impose, monumentale, avec ses 750 logements et ses 1 122 fenêtres – « on les a comptées », dit en souriant le photographe.
En 1993, je réalise ma première image à l'aide d'un montage numérique ;Paris, Montparnasse combine plusieurs photographies d'un HLM prises depuis des points de vues différents, très reculés et ensuite rassemblées en une large image.
La démarche artistique d'Andreas Gursky
en lien avec - les œuvres géométriques et abstraites du peintre néerlandais Piet Mondrian - les « Nuanciers » du peintre allemand Gerhard Richter
Paris, Montparnasse, 1993, impression numérique, 5 exemplaires produitsdont 1 au Musée de Cologne : et un autre à la Tate Gallery de Londres :
https://www.kulturelles-erbe-koeln.de/documents/obj/05119590
https://www.tate.org.uk/art/artworks/gursky-paris-montparnasse-p77737
https://videopress.com/v/f0B8ea5C
et 2 exemplaires vendus par Christie's et Sotheby's, à Londres en 2013 pour 2 416 475 $
https://www.christies.com/lot/lot-andreas-gursky-b-1955-paris-montparnasse-3821881/?
https://www.sothebys.com/en/auctions/ecatalogue/2013/contemporary-art-evening-auction-l13024/lot.7.html
https://videopress.com/v/1LbEgUZq
Du 17 octobre 2025 au 2 mars 2026, la Fondation Louis Vuitton présente une rétrospective de l'œuvre de Gerhard Richter
https://videopress.com/v/4OE7AOnK
La démarche artistique d'Andreas Gursky en lien avec - les œuvres géométriques et abstraites du peintre néerlandais Piet Mondrian
Paris, Montparnasse, 1993, impression numérique, 5 exemplaires produits
"Les photographies de Gursky, avec leurs compositions soigneusement construites, transcendent le documentaire pour devenir une forme d'art visuel à part entière." Jean-François Chevrier, critique d'art, spécialiste de la photographie.
Piet Mondrian, Composition N°IV, avec Rouge, Bleu et Jaune, 1929, Stedelijk Museum d’Amsterdam
La démarche artistique d'Andreas Gursky en lien avec - les « Nuanciers » du peintre allemand Gerhard Richter
Paris, Montparnasse, 1993, impression numérique, 5 exemplaires produits
Gerhard Richter, 4900 Farben, 2007, Laque sur Alu-Dibond, 196 panneaux de 48,5 x 48,5 cm chacun, Fondation Louis Vuitton, Paris
Opérations plastiques sur l'image : cadrer - recadrer - rogner - encadrer dupliquer - copier - coller - multiplier - combiner déformer - isoler - extraire - insérer - agrandir juxtaposer - superposer - assembler - ajouter imbriquer - agglutiner - accumuler aligner - compartimenter - ordonner rapprocher - rassembler - relier accentuer
Partie recadrée dans la version du Centre Pompidou Paris
Représentation - Rapport au réel Vraisemblance Figuration et construction de l'image
Composition de l'image : fuyantes avec effet de perspective linéaire à 1 point de fuite "presque" central
Point de vue en plongée : placé en hauteur comme une caméra de surveillance
Couleurs : Gursky retouche les couleurs des produits, en les saturant, donnant une esthétique "pop" à l'image.
Espace : l'image est saturée de détails, sur toute sa surface tel un all-over pictural. Les marges blanches et le cadre viennent délimiter cet espace.
Composition de l'image : surface organisée avec des repères orthogonaux
Reflets ajoutés qui ferment l'espace en hauteur
Espace "caisse" ajouté avec concentration humaine, aucune issue
Composition de l'image : plans organisés en registres (superposés)
présences humaines ajoutées
M+ Matters and M+ International : Archigram CitiesExposition en 2020 à Hong Kong et Shanghai Dennis Cromptonun des fondateurs du groupe ARCHIGRAM
Présence humaine : les "clients" ont ici le rôle de grouillots = comme dans les maquettes architecturales, ce ne sont que des indicateurs d'échelle
Accumulation de détails minuscules : vision intimiste, au plus près de l'oeuvre, comme plongé dedans
Sollicitation du spectateur :
Grand format : vision frontale à distance
Spectatrice devant l'oeuvre à l'exposition rétrospective organisée par le musée Frieder Burda, à Baden-Baden, en Allemagne, en 2015.
- "Le travail de Gursky plonge le spectateur dans une interaction complexe avec la vie contemporaine, mêlant approche documentaire et artistique."- "Gursky crée une distance esthétique par rapport à leur sujet, permettant aux spectateurs de contempler les scènes avec un regard détaché, presque clinique." - "Les photographies de Gursky offrent un commentaire unique sur la réalité en juxtaposant des scènes vastes et très détaillées avec un niveau d'abstraction qui transforme l'ordinaire en quelque chose de presque surréaliste. Cette approche pousse les spectateurs à reconsidérer les frontières entre le réel et l'abstrait."
Citations de Charlotte Cotton, commissaire d'exposition et écrivaine, extraites de son livre La Photographie dans l'art contemporain.
Marché de l'art Mondialisation Cote artistique
les 50 premiers figurent ici :
99 Cent de 1999 est l'une des 5 plus chères photographies au monde, alors qu'ironiquement, cette image d'Andreas Gursky, représente un supermarché aux "bonnes affaires" (tout à 99 cents).99 Cent a été adjugé pour 3,34 millions de $ lors d'une vente publique le 7 février 2007. La vente d'un autre tirage à New York en mai 2006 a rapporté 2,25 millions de $, et un troisième tirage a été vendu 2,48 millions de $ par une galerie new-yorkaise en novembre de la même année.
La carrière de Gursky démarre au début des années 1990 avec plusieurs expositions en Allemagne et en Suisse, une tribune à la Biennale de Venise en 1990, puis à Londres en 1995 et à la Biennale de Sydney en 1996. A cette époque, seules quelques photographies de paysages passent en salles pour se vendre entre 2 000 $ et 3 000 $... une broutille en regard de sa cote actuelle (la cote de certains petits tirages a triplé ou quadruplé). Sa carrière décolle véritablement en 1998, année ou il décroche le prix de photographie de la Private Citibank, ainsi que sa première exposition aux Etats-Unis et une rétrospective au musée des Beaux-Arts de Düsseldorf. Au cours de cette même année 1998, le marché teste pour la première fois un grand format aux enchères avec la Conversation avec Giordano Bruno (1989, 138 cm x 165 cm, éditée à 4 exemplaires). Pour la première fois, Gursky passe le seuil des 10 000 €. Repassée récemment aux enchères, cette même épreuve s’est vendue l’équivalent de 44 600 €. Le prix de cette épreuve a donc flambé de +346% en quinze ans. Que s’est-il passé entre temps ? En 1999, l’oeuvre de Gursky poursuit sa conquête américaine, avec un solo show au musée d’art contemporain de Houston (Texas) et une première adjudication à plus de 100 000 € à New York. En 2000, les amateurs ont vent d’une exposition monographique qui se prépare au prestigieux Museum of Modern Art de New York. L’annonce a forcément un effet levier sur les prix et Gursky frôle les 300 000 € aux enchères, un niveau de prix qu’il doublera largement l’année de sa consécration par le MoMA. En novembre 2001, la maison de ventes Christie’s propose, à l’occasion d’une grande vente new-yorkaise, une oeuvre vue au MoMA, intitulée Paris, Montparnasse. L’effet MoMA propulse cette grande fresque urbaine d’une estimation basse équivalente à 340 000 € à un prix final de 680 400 € avec la commission acheteur. La photographie contemporaine file vers les sommets millionnaires et Gursky sera le premier artiste vivant à connaître cette consécration : en 2006, Sotheby’s décroche 2 m$ – soit 1,57 m€ – pour les rayonnages colorés de supermarché du tirage 99 Cent. Un vent de folie acheteuse souffle désormais sur cette série, qui intéressent de près autant les collectionneurs les plus fortunés de la planète que les investisseurs appâtés par la hausse soudaine des prix. Résultat : six mois après l’adjudication de 1,57 m€ de 99 Cent, un autre exemplaire se vend 142 600 € de plus, puis une 3ème gagne encore 561 000 € au début de l’année 2007.
Représentation : objectivité / vraisemblance
Comme dans l'univers de la publicité, le réel peut être transformé à souhait, mais à condition que cela ne se voit pas, et que le produit présenté nous paraisse crédible, vraisemblable. Gursky augmente, duplique, amplifie le réel afin de mieux montrer sa réalité. Il souhaite impressionner le public avec des images qui nous semblent quotidiennes, habituelles, qui sont des "métaphores visuelles" du monde contemporain, qui ont un impact émotionnel et qui sont aussi des compositions visuellement frappantes.
Cet objectif est aux antipodes de la démarche objective de Bernd et Hilla Becher (couple de photographes et professeurs de Gursky à Düsseldorf) :
Bernd et Hilla Becher, Réservoirs de gaz, 1983–1992, série de 15 épreuves argentiques à la gélatine, total 172 x 240 cm.
https://www.laboiteverte.fr/bernd-et-hilla-becher/
La série et le protocole comme démarche artistique : Bernd (1931-2007) et Hilla Becher (1934-2015) sont deux photographes allemands connus pour leurs séries de photographies de bâtiments industriels. Le couple a commencé en 1959 à photographier des bâtiments industriels en utilisant toujours le même procédé bien précis pour avoir des photos quasiment similaires : ⁃ un temps couvert pour éviter une lumière trop forte, lumière zénithale et permettre de bien voir les volumes, sans aucune présence humaine ⁃ à bonne distance du bâtiment pour faire un plan d’ensemble ⁃ à mi-hauteur pour éviter d’avoir une plongée ou une contreplongée sur le sujet ⁃ au format 30 x 40 cm pour permettre un niveau de détail élevé Le couple a appliqué rigoureusement cette méthode de photographie toute sa vie, créant ainsi un grand nombre de séries où toutes les photographies se ressemblent. Ces séries de photographies ont un intérêt aussi bien esthétique que documentaire puisqu’elles témoignent des évolutions de l’industrie dans la seconde moitié du XXème siècle. Leur démarche artistique très rigoureuse leur permet d’obtenir des séries très exhaustives, objectives, d’une grande exigence. Cela leur a permis d’obtenir des prix aussi bien dans le monde de la photographie (par exemple le prix international de la fondation Hasselblad en 2004) que dans le monde de l’art contemporain (le prix de sculpture de la Biennale de Venise en 1990).
Le 13 novembre 2015, à Paris chez Sotheby’s, un collectionneur privé américain a déboursé 411 000 euros, (l’estimation était de 60 000 à 80 000 euros), pour Wassertüme Trichter (Entonnoirs de châteaux d'eau), de 1972, 9 tirages argentiques de Bernd et Hilla Becher.
Pour étudier le travail plastique d'un photographe, quelques repères historiques en photographie sont nécessaires... Poursuivre votre étude avec cette présentation : https://view.genially.com/69033b6745991c7ac33a62e5/presentation-reperes-photographies