De Louise Courvoisier | Par Louise Courvoisier, Théo Abadie
Avec Clément Faveau, Maïwène Barthèlemy, Luna Garret
Durée: 1h 30min
Niveau: Lycée
Synopsis
Bande Annonce
Critiques
Pistes pédagogiques (3/3)
Ressources
SYNOPSIS
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite soeur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Bande Annonce
Critiques
Louise Courvoisier filme son Jura natal pour nous conter une épopée agricole dotée d’un charme fou. Vingt Dieux est un triple récit de première fois, pour sa réalisatrice, ses comédiens et son personnage principal. Moderne et rustique, local et universel, elle réussit son affinage avec brio. Bande à Part
A travers l'histoire d'un jeune homme qui fabrique un fromage, Louise Courvoisier r10éussi un premier film drôle et vigoureux, sur fond de paysages grandioses. Une bouffée d'air frais.
Les Echos
Si on a l’impression d’en apprendre autant sur cet environnement, c’est parce que la réalisatrice, Louise Courvoisier, sait de quoi elle parle. [...] On comprend mieux, alors, d’où vient tout l’amour qui circule dans ce film tendre, sincère, et drôle tout en réussissant à montrer la dureté de la vie rurale et des situations traversées par les personnages. Abus de Ciné
N’en déplaise aux esprits chagrins, le cinéma français sait produire des œuvres à la fois exigeantes et populaires, loin des fameux appartements haussmanniens parisiens. Un splendide plan-séquence initial donne d’emblée le ton en promenant la caméra dans une fête rurale. Et déjà pointe l’attachement profond de la cinéaste à son territoire.
L'Humanité
Pistes pédagogiques
Des questions à poser aux élèves
- Quelles sont les circonstances qui font basculer le protagoniste du film de l'insouciance de
l'adolescence aux responsabilités de l'âge adulte? Auxquelles ne semble-t-il pas du tout préparé ?
- Comme le film ne fait aucune mention d'un éventuel soutien de l'Etat, qu'a voulu souligner le film par rapport à la situation des familles en difficulté du monde agricole en France ? - Qu'est-ce qu'une AOC? Dans quel pays les conditions paraissent-elles plus draconiennes pour obtenir l'appellation d'origine contrôlée pour un produit agricole comme le fromage ? En Suisse ou en France ? - Quelles caractéristiques rapprochent Vingt dieux du genre documentaire, mais aussi du
western? - Analyser une séquence spécifique du film du point de vue de la mise en scène (au moyen des
photogrammes proposés en annexe de cette fiche)
Analyser la première scène
C’est par une image insolite (un veau debout sur le siège-avant d’une voiture), précédant un long travelling méandreux à la suite d’un homme transportant un fût de bière et circulant au milieu des stands d’une fête agricole, que le spectateur entre dans la fiction de Vingt Dieux. Ou plutôt est projeté dans un lointain microcosme de campagne, une sorte de Far West (plutôt « East » ici) à la française. Soit la campagne jurassienne avec ses règles et ses pratiques, ses visages et ses corps taiseux, son accent traînant et son décor naturel, ses vaches laitières et ses engins agricoles, son temps qui s’écoule lentement (surtout pour les jeunes) et son alcool qui coule à flots. Une vie rurale, en somme, rien que de très ordinaire, mais pour autant singulière pour qui en méconnaît les codes et la cartographie des villages trop distants les uns des autres pour ne pas être doté, dès l’adolescence, d’un engin motorisé offrant une relative liberté de mouvement (un des principaux motifs du film). Là, donc, dans ce coin de province franc-comtoise, les comices agricoles et le bal du week-end représentent les principaux lieux de socialisation, de rencontres entre filles et garçons, de frictions et de soûlographie triomphante entre garçons. Là, dans cette campagne dont l’horizon n’est pas seulement bouché par les monts environnants, les garçons imposent (encore) leurs lois, leurs chansons à boire, leurs divertissements sur des circuits de stock-cars ou montés sur de petites motos pétaradantes (en guise de chevaux westerniens). Jeunes, ils se donnent souvent des airs de virilité pour cacher leur mal-assurance ; ils s’adressent de festifs et gaulois défis entre copains (le strip-tease de Totone du début) ou quelques horions entre groupes rivaux (le coup de bouteille de Totone au bal), soit par crânerie, volonté de séduire ou impulsivité juvénile comme preuve de force et de courage. Enfin, souvent une fille à conquérir (comme celle du bal) devient l’enjeu des passions et des querelles entre garçons. D'après le dossier pédagogique
Commentaires
Ce premier long-métrage désarmant de naturel a non seulement obtenu la Prix de la jeunesse au Festival de Cannes (section Un Certain regard), mais il a surtout fait un bien fou aux critiques présents sur la Croisette : "Après plusieurs projections à subir du poids lourd auteuriste en plein ego trip d'avantgardisme chic, le film faisait l'effet d'un coup de frais, comme si tout à coup on reprenait pied dans une expérience un tant soit peu compréhensible et partageable, plutôt que de voler en drone au-dessus d'imaginaires en état de de décomposition avancée", écrivait ainsi Didier Péron, chef de la rubrique culture du quotidien Libération. Après des études à la CinéFabrique à Lyon et un court-métrage très remarqué (Mano a Mano), Louise Courvoisier a fait le pari d'un premier film de fiction entièrement interprété par des non-professionnels. Clément Faveau (Totone) travaille dans un élevage de volailles. Maïwène Barthelemy (Marie-Lise) était en BTS agricole quand elle a passé le casting. "J'avais envie de filmer cette jeunesse peu représentée au cinéma, qui part dans l'existence avec moins de chance que d'autres. Ils ont, la plupart du temps, arrêté tôt leurs études pour travailler avec leurs parents dans des exploitations agricoles. Beaucoup connaissent des situations familiales difficiles" , dit la réalisatrice. Le film se tient adroitement à distance des clichés. Il évite tout autant l'idéalisation feel good d'une campagne bucolique que la peinture déprimante d'un monde agricole sinistré. "Il fallait trouver le juste milieu entre un regard brut, frontal, et une approche poétique, car il ne s'agissait pas non plus d'être totalement âpre", commente Louise Courvoisier. Le film séduit par sa sensibilité à dessiner des personnages attachants, à capter un paysage rarement montré au cinéma, à insérer une réalité documentaire brute (vêlage, fabrication du fromage, stock cars), sans jamais adopter une position de surplomb.
Ressources
La page du distributeur: http://distrib.pyramidefilms.com/pyramide-distribution-catalogue/vingt-dieux.html https://bdper.plandetudes.ch/uploads/ressources/24458/Vingt_Dieux.pdf https://www.grignoux.be/fr/dossier/575/vingt-dieux Un article dans Le Café Pédagogique: https://www.cafepedagogique.net/2024/12/11/le-film-de-la-semaine-vingt-dieux-de-louise-courvoisier/