Crise du XIVe siècle
En Europe, et notamment en France, l'essor provoqué par la révolution économique médiévale des 12e et 13e siècles est entravé, dès le début du 14e siècle, par divers événements :
- changement climatique,
- crises dans la production agricole (avec notamment la grande famine de 1314-1317),
- destructions causées par le déclenchement (en 1337) de la Guerre de cent ans entre les royaumes de France et d'Angleterre,
- épidémies (peste noire de 1347-1351 et ses récidives jusqu'en 1370).
Du fait de ces épidémies notamment, la population de certaines régions diminue de moitié ou plus. La France ne retrouvera que vers 1600 sa population de 1320.
Dans ce contexte, on note aussi une baisse des prix des denrées et de nombreuses faillites, défaillances d'États et/ou de banques privées : par exemple, vers 1345, défaut d'Edouard III d'Angleterre, faillites des banques florentines Bardi et Perruzi.
Les épidémies se traduisent, quant à elles, par une augmentation des salaires, les bras devenant moins nombreux.
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5. Guerre de cent ans 6. Crise de la Papauté: le Pape doir s’installer à Avignon sous « contrôle du roi de France » 7. Les révoltes populaires: les Jacqueries
1) Les conditions climatiques
Le Petit Age Glaciaire (1350-1850 apr. J.-C.) a été caractérisé par la plus importante récurrence glaciaire de l’Holocène*, avec trois maxima vers environ 1350, 1600 et 1820/1850
2) La grande famine 1315-1317 (1322)
C’est la première d'une série de crises qui ont frappé l'échelle Europe du Nord début XIVe siècle, causant des millions de morts depuis de nombreuses années et la fin d'une période antérieure de la croissance et la prospérité qui a duré du XIe au XIIIe siècle. En commençant par le mauvais temps au printemps 1315, la période de mauvaises récoltes a duré tout au long de la 1316 jusqu'à l'été 1317; L'Europe ne se rétablit pas complètement jusqu'à ce que la 1322.
Quelles en sont les conséquences?
C’est une période marquée par:
- des niveaux extrêmes d'activités criminelles,
- De nombreuses maladies et décès,
- Des infanticides et des actes de cannibalisme.
Selon les documents officiels venant d’Angleterre, l'espérance de vie moyenne:
- en 1276 était 35,28 ans.
- Entre 1301 et 1325, pendant la Grande Famine, avait chuté à 29,84,
- tandis qu'entre 1348 et 1378,
au cours de la peste noire Il est tombé à 17,33.
3) La Guerre de Cent ans
4) La Peste
Guy de Chauliac Portrait de Guy de Chauliac tableau de l'école de médecine de Paris
- Né à la toute fin du XIIIe siècle, ce médecin personnel du pape Clément VI a constaté de ses yeux les ravages de la peste noire. Entre 1347 et 1353, cette pandémie, unique dans l’Histoire par sa létalité, a rayé de la carte entre 25 et 60 % de la population de l’Europe, du Maghreb et du Proche-Orient.
- De sa violence, de la terreur qu’elle a suscitée, on en retrouve encore des traces dans notre vocabulaire : les mots "pestiféré" ou "pestilentiel" ont conservé toute leur puissance évocatrice.
"Peste" vient du latin pestis, "fléau".
Le témoignage d’un médecin
Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.»
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes et carboncles sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […]
Si Rome, dès l'Antiquité, avait dû sa puissance et sa grandeur à sa position centrale dans le bassin méditerranéen, elle avait perdu de l'importance et, dans cette fin du Moyen Âge, le centre de gravité du monde chrétien s'était déplacé.
- La situation d'Avignon était bien plus favorable géographiquement (au carrefour des foires entre Flandres et Méditerranée)
- et politiquement (le roi de France est le monarque le plus puissant de l’époque).
Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
Clément V et Philippe le Bel face aux Templiers 1314;Jacques de Molay, dernier grand maître de l'ordre du Temple
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes [abcès] et carboncles [furoncles] sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […]
Peste pulmonaire transmise par voie aérienne
Peste bubonique transmise par la puce du rat
Il décrit les formes cliniques de la peste avec la minutie de l’homme de science
De nombreux membres du Clergé ont pris la fuite pour échapper à la contagion
Il faut trouver un responsable! L’expression de la colère de Dieu envers les Juifs (Clément VI tentera malgré tout de s’opposer à ces accusations au moins à Avignon, en menaçant dès juillet 1348 d’excommunication les chrétiens qui s’en prenaient aux juifs). À Strasbourg, en février 1349, 2000 Juifs périssent sous les coups de la populace qui les accuse d'avoir empoisonné les sources et les fontaines. POGROM En 1349, après la Peste noire, les Juifs d'Allemagne sont enfermés dans un quartier dont les portes sont fermées chaque soir. Il s'agit bien de ghetto, même si le terme ne sera officialisé qu'en 1516, par une encyclique du pape Paul IV.
Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.»
… puis d’autres boucs émissaires: les lépreux, les inconnus et même les nobles
Il pense comme les médecins de son temps que la peste est un phénomène astrologique, tout en ayant conscience de la contagion.
Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
La population de l’époque voit dans l’épidémie une manifestation de la colère divine. En l’absence de remède médical, elle est gagnée par un regain de ferveur chrétienne. Un vaste mouvement d’expiation et de flagellants se développe dans toute l’Europe.
"Les gens mouraient sans serviteur et étaient ensevelis sans prêtre. Le père ne visitait pas son fils ni le fils son père. La charité était morte et l’espérance abattue." Ces mots de Guy de Chauliac sont ceux d’un survivant. Né à la toute fin du XIIIe siècle, ce médecin personnel du pape Clément VI a constaté de ses yeux les ravages de la peste noire. Entre 1347 et 1353, cette pandémie, unique dans l’Histoire par sa létalité, a rayé de la carte entre 25 et 60 % de la population de l’Europe, du Maghreb et du Proche-Orient. De sa violence, de la terreur qu’elle a suscitée, on en retrouve encore des traces dans notre vocabulaire : les mots "pestiféré" ou "pestilentiel" ont conservé toute leur puissance évocatrice. La puce et le rat "Peste" vient du latin pestis, "fléau".
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes et carboncles sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […] «Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.» Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
La population de l’époque voit dans l’épidémie une manifestation de la colère divine. En l’absence de remède médical, elle est gagnée par un regain de ferveur chrétienne. Un vaste mouvement d’expiation et de flagellants se développe dans toute l’Europe. Certaines communautés servent de boucs émissaires comme les Juifs. Accusés d’empoisonnement, ils subissent des pogroms, notamment en Espagne et en Allemagne (2000 exécutions ò Strasbourg, en février 1349)
« En ce temps,écrit-il, furent généralement par tout le monde pris et brûlés les Juifs, leurs avoirs confisqués, excepté en Avignon, en terre d'Église. Jean Froissart (v. 1337 - v. 1404), le grand chroniqueur de l'époque médiévale, est l'un de ceux qui ont le mieux raconté les événements. « À Strasbourg, en février 1349, ajoute-t-il, 2000 Juifs périssent sous les coups de la populace qui les accuse d'avoir empoisonné les sources et les fontaines ». En 1349, après la Peste noire, les Juifs d'Allemagne furent enfermés dans un quartier dont les portes étaient closes chaque soir.
Crise du XIVe siècle copie pour essai.pptx
Mireille Coste
Created on September 25, 2025
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Crise du XIVe siècle
En Europe, et notamment en France, l'essor provoqué par la révolution économique médiévale des 12e et 13e siècles est entravé, dès le début du 14e siècle, par divers événements :
- changement climatique,
- crises dans la production agricole (avec notamment la grande famine de 1314-1317),
- destructions causées par le déclenchement (en 1337) de la Guerre de cent ans entre les royaumes de France et d'Angleterre,
- épidémies (peste noire de 1347-1351 et ses récidives jusqu'en 1370).
Du fait de ces épidémies notamment, la population de certaines régions diminue de moitié ou plus. La France ne retrouvera que vers 1600 sa population de 1320.
Dans ce contexte, on note aussi une baisse des prix des denrées et de nombreuses faillites, défaillances d'États et/ou de banques privées : par exemple, vers 1345, défaut d'Edouard III d'Angleterre, faillites des banques florentines Bardi et Perruzi.
Les épidémies se traduisent, quant à elles, par une augmentation des salaires, les bras devenant moins nombreux.Next
5. Guerre de cent ans 6. Crise de la Papauté: le Pape doir s’installer à Avignon sous « contrôle du roi de France » 7. Les révoltes populaires: les Jacqueries
1) Les conditions climatiques
Le Petit Age Glaciaire (1350-1850 apr. J.-C.) a été caractérisé par la plus importante récurrence glaciaire de l’Holocène*, avec trois maxima vers environ 1350, 1600 et 1820/1850
2) La grande famine 1315-1317 (1322)
C’est la première d'une série de crises qui ont frappé l'échelle Europe du Nord début XIVe siècle, causant des millions de morts depuis de nombreuses années et la fin d'une période antérieure de la croissance et la prospérité qui a duré du XIe au XIIIe siècle. En commençant par le mauvais temps au printemps 1315, la période de mauvaises récoltes a duré tout au long de la 1316 jusqu'à l'été 1317; L'Europe ne se rétablit pas complètement jusqu'à ce que la 1322.
Quelles en sont les conséquences?
C’est une période marquée par:
Selon les documents officiels venant d’Angleterre, l'espérance de vie moyenne:
- en 1276 était 35,28 ans.
- Entre 1301 et 1325, pendant la Grande Famine, avait chuté à 29,84,
- tandis qu'entre 1348 et 1378,
au cours de la peste noire Il est tombé à 17,33.3) La Guerre de Cent ans
4) La Peste
Guy de Chauliac Portrait de Guy de Chauliac tableau de l'école de médecine de Paris
- Né à la toute fin du XIIIe siècle, ce médecin personnel du pape Clément VI a constaté de ses yeux les ravages de la peste noire. Entre 1347 et 1353, cette pandémie, unique dans l’Histoire par sa létalité, a rayé de la carte entre 25 et 60 % de la population de l’Europe, du Maghreb et du Proche-Orient.
- De sa violence, de la terreur qu’elle a suscitée, on en retrouve encore des traces dans notre vocabulaire : les mots "pestiféré" ou "pestilentiel" ont conservé toute leur puissance évocatrice.
"Peste" vient du latin pestis, "fléau".Le témoignage d’un médecin
Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.»
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes et carboncles sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […]
Si Rome, dès l'Antiquité, avait dû sa puissance et sa grandeur à sa position centrale dans le bassin méditerranéen, elle avait perdu de l'importance et, dans cette fin du Moyen Âge, le centre de gravité du monde chrétien s'était déplacé.
Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
Clément V et Philippe le Bel face aux Templiers 1314;Jacques de Molay, dernier grand maître de l'ordre du Temple
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes [abcès] et carboncles [furoncles] sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […]
Peste pulmonaire transmise par voie aérienne
Peste bubonique transmise par la puce du rat
Il décrit les formes cliniques de la peste avec la minutie de l’homme de science
De nombreux membres du Clergé ont pris la fuite pour échapper à la contagion
Il faut trouver un responsable! L’expression de la colère de Dieu envers les Juifs (Clément VI tentera malgré tout de s’opposer à ces accusations au moins à Avignon, en menaçant dès juillet 1348 d’excommunication les chrétiens qui s’en prenaient aux juifs). À Strasbourg, en février 1349, 2000 Juifs périssent sous les coups de la populace qui les accuse d'avoir empoisonné les sources et les fontaines. POGROM En 1349, après la Peste noire, les Juifs d'Allemagne sont enfermés dans un quartier dont les portes sont fermées chaque soir. Il s'agit bien de ghetto, même si le terme ne sera officialisé qu'en 1516, par une encyclique du pape Paul IV.
Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.»
… puis d’autres boucs émissaires: les lépreux, les inconnus et même les nobles
Il pense comme les médecins de son temps que la peste est un phénomène astrologique, tout en ayant conscience de la contagion.
Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
La population de l’époque voit dans l’épidémie une manifestation de la colère divine. En l’absence de remède médical, elle est gagnée par un regain de ferveur chrétienne. Un vaste mouvement d’expiation et de flagellants se développe dans toute l’Europe.
"Les gens mouraient sans serviteur et étaient ensevelis sans prêtre. Le père ne visitait pas son fils ni le fils son père. La charité était morte et l’espérance abattue." Ces mots de Guy de Chauliac sont ceux d’un survivant. Né à la toute fin du XIIIe siècle, ce médecin personnel du pape Clément VI a constaté de ses yeux les ravages de la peste noire. Entre 1347 et 1353, cette pandémie, unique dans l’Histoire par sa létalité, a rayé de la carte entre 25 et 60 % de la population de l’Europe, du Maghreb et du Proche-Orient. De sa violence, de la terreur qu’elle a suscitée, on en retrouve encore des traces dans notre vocabulaire : les mots "pestiféré" ou "pestilentiel" ont conservé toute leur puissance évocatrice. La puce et le rat "Peste" vient du latin pestis, "fléau".
Maître Gui de Chauliac, chanoine vivant à la cour du pape d’Avignon mais aussi le médecin et chirurgien du pape.
« La grande mortalité, telle qu’on n’en avait jamais entendu parler de semblable, apparut en Avignon en l’an 1348 de Notre Seigneur, durant la sixième année du pontificat de Clément VI.[…] Ladite mortalité commença pour nous au mois de janvier et dura sept mois[…] La première dure deux mois avec fièvre continue et crachements de sang. La seconde est pendant toute sa durée une fièvre continue avec apostèmes et carboncles sur les parties externes principalement aux aisselles et à l’aine. On en mourrait en cinq jours. Elle fut de si grande contagion, spécialement celle qui était avec crachements de sang, que seulement en séjournant [auprès du malade] ou en le regardant, l’un la prenait de l’autre. Les gens mourraient sans serviteur et étaient enterrés sans prêtre. […] «Plusieurs doutèrent de la cause de cette grande mortalité. En quelque lieu on crut que les juifs avaient empoisonné le monde, aussi on les tuait. En quelque autre, c’étaient les pauvres mutilés [les lépreux] et on les chassait. En d’autres, c’étaient les nobles et ainsi, ils craignaient d’aller par le monde. Finalement on en vint jusqu’à tenir des gardes aux villes et villages et ne permettre l’entrée à personne qui ne fut bien connue. Et si on trouvait sur quelqu’un des poudres et des onguents, craignant que ce fussent des poisons, on les leur faisait avaler [...]. La charité était morte et l’espérance abattue. « Mais quoi que dise le peuple, la vérité est que la cause de cette mortalité fut double : l’une agente universelle, l’autre patiente particulière. Celle qui est universelle fut la disposition de certaines conjonctions des trois plus grands corps célestes supérieurs : Saturne, Jupiter et Mars, laquelle avait précédé en l’an 1345, le 24° jour du mois de Mars, au 4e degré du verseau.» Gui de Chauliac : Chirurgia Magna, Edition en ancien français de Laurens Joubert, Lyon : Etienne Michel, 1579.
La population de l’époque voit dans l’épidémie une manifestation de la colère divine. En l’absence de remède médical, elle est gagnée par un regain de ferveur chrétienne. Un vaste mouvement d’expiation et de flagellants se développe dans toute l’Europe. Certaines communautés servent de boucs émissaires comme les Juifs. Accusés d’empoisonnement, ils subissent des pogroms, notamment en Espagne et en Allemagne (2000 exécutions ò Strasbourg, en février 1349)
« En ce temps,écrit-il, furent généralement par tout le monde pris et brûlés les Juifs, leurs avoirs confisqués, excepté en Avignon, en terre d'Église. Jean Froissart (v. 1337 - v. 1404), le grand chroniqueur de l'époque médiévale, est l'un de ceux qui ont le mieux raconté les événements. « À Strasbourg, en février 1349, ajoute-t-il, 2000 Juifs périssent sous les coups de la populace qui les accuse d'avoir empoisonné les sources et les fontaines ». En 1349, après la Peste noire, les Juifs d'Allemagne furent enfermés dans un quartier dont les portes étaient closes chaque soir.