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bleu sang

Lola

Created on May 29, 2025

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Transcript

13 juin 1970, 7h15 Je viens de me réveiller en sursaut. Je n’arrive plus à dormir sereinement ces derniers temps… Tout cela à cause d’un étrange rêve qui ne cesse de se transformer en cauchemar : trois femmes. Toutes en blanc. Elles couraient, effrayées, dans une forêt sombre. Je les poursuis, je cours de toutes mes forces. Mais je ne pouvais pas les rattraper pour voir leur visage. D’un coup, je vois une image figée de ces trois femmes, complètement bleue, d’une teinte presque indescriptible, comme une sorte de tableau ? Cela fait des mois que je suis devant ma toile, désespérée et fatiguée de ne pas trouver l’inspiration nécessaire pour tenter ne serait-ce que de donner un seul coup de pinceau… Mais ces femmes, qui sont-elles ? Elles semblent hanter mes rêves de plus en plus fréquemment ces temps-ci…

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J’ai besoin de le découvrir. Il le faut ! Mais mes pensées se bousculent, je n’en peux plus. Cela fait des jours que je me réveille, toujours aussi agitée. Je sais que c’est mauvais, mais j’ai commencé à boire de plus en plus de thé, plusieurs fois par jour, pour me calmer les nerfs. J’ai l’impression d’être plus reposée en journée, mais ça n’a aucun effet sur ces étranges rêves, un peu plus et je croirais que c’est le thé qui en est la cause… Mais je divague, vite, le tableau ! Je dois m’y mettre maintenant, tant que les images sont encore un peu claires. J’ai enfin l’inspiration qu’il me fallait ! Même si, quand j’y repense, je me demande quand même ce que signifiait cette main, rouge sang, qui tout d’un coup s’est jetée sur moi…

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Ce ne sont pas des mains de cousine Ni d’ouvrières aux _ros fronts Que brûle, aux bois p_ant l’usine; Un soleil _vre de _oudrons. Ce sont des ployeuses d’échi_es, Des mains qui ne font jamais mal, Plus fatal_s que des machines, Plus fortes que tout un cheval !

L’éclat _e ces mains amoureuses Tourn_ le crâne des brebis ! Dans leurs phalanges savoureuses Le grand soleil met un rubis ! Une tache de populace Les brunit _omme un sein d’hier ; Le d_s de ces mains est la place Qu’en baisa tout Révol_é fi_r !

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Mais quel était ce rêve…? Il semblait si réaliste, si réel, encore maintenant je me demande si je ne l’ai pas vraiment vécu… Est-ce que c’était un souvenir ? Est-ce que je suis cette femme ? Pourtant, j’ai beau fouiller ma mémoire, je ne crois jamais avoir eu de potager, et encore moins de poules… Et puis ce lieu, ces vêtements, et même ce chien, leur existence qui était alors si tangible, s’est comme évaporée dès que j’ai ouvert les yeux. Mais je ne me rappelle même pas avoir ouvert les yeux, ni avant ça les avoir fermés… Il se dégageait une émotion si sereine, une émotion sans mot, une forme d’évidence, et pourtant je ne peux m’empêcher d’y repenser avec une certaine agitation. Je n’avais jamais vécu ça. Je ne peux pas croire que ce n’était qu’un rêve, non ! Mais quelle espèce d’hallucination était-ce ? J’ai beau savoir que ça n’est jamais arrivé, j’ai l’impression de ressentir encore sur ma main les poils du chien, la dureté des œufs, la mollesse des fruits….

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Et ce fruit, je ne l’avais jamais vu. Il était rond, plus gros qu’une myrtille, d’un bleu si profond et obscur. J’ai eu la sensation d’un picotement quand je l’ai touché, et une folle envie tout à la fois de le jeter et de le goûter… Si seulement je pouvais savoir le nom de ce fruit, je pourrais peut-être mieux comprendre cette vision… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la certitude qu’elle est liée d’une façon ou d’une autre à ce cauchemar que j’ai fait, celui des trois femmes et du tableau. C’est comme si celui-ci m’appelait, comme si quelque chose de plus fort que moi me poussait à le réaliser. Je n’arrive pas à me souvenir du tableau en lui-même, mais mes mains me picotent, comme si elles allaient me guider, peindre pour moi ce qui se cache peut-être dans mon inconscient. Et cette hallucination est une première clé vers la révélation. Je sens les couleurs, les formes, les images naître dans mon esprit, en même temps que mes doigts font glisser les pinceaux. Je suis comme transportée !

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Ont-elles bu des _ieux barbares, Calmes sur les g_noux charmants ? Ont-elles _oulé des c_gare_, Ou trafiqué d_s diamants ?Remuant comme _es fournaises, Et secouant to_s ses frissons, Leur chair chante _es marseillaises Et jamais les ele_sons !Elles ont pâli, merveilleuses, Au grand soleil d’_mour chargé, Sur le _ronze des mitrail_euses A trav_rs paris insurgé !

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Encore un rêve, mais je ne comprends plus rien ! Cette fois, j’y ai vu une femme, couverte de blessures, d’hématomes, de terre, d’une poudre argenté, un peu comme de la poudre à canon. Les images commencent déjà à s’estomper, mais je la revois encore en train de mélanger diverses choses, jusqu’à en faire une espèce de mixture étrange. Plus bizarre encore, elle l’a ensuite mise dans un tissu, qu’elle a placé sous un banc avant d’y mettre feu ? J’ai l’impression de devenir folle, tout cela n’a aucun sens ! Pourquoi aurait-elle fait ça ? Et surtout, pourquoi est-ce que je rêve de ces femmes qui semblent venir d’une autre vie ? Encore maintenant, mes mains sentent la terre, les herbes, mon nez sent l’odeur du feu. Comme si j’avais été cette femme. Ces hallucinations commencent à vraiment me peser…

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Aujourd’hui, depuis que j’ai commencé à écrire le premier mot, je n’arrive pas à me défaire de cette sensation perturbante que je ne suis pas en train d'écrire, mais en train de peindre, que je ne tiens pas un stylo, mais un pinceau, que je ne trace pas des lettres, mais des formes, des images ; ces images ! Celles du tableau ! Celles de mon premier cauchemar ! Le rêve de cette femme, se battant, se superpose dans mon esprit, comme par une évidence, au tableau de mon cauchemar, ce tableau qui m’a si fort appelé, pour ensuite me laisser vide et perdue, sans défense face à cette toile à moitié entamée. Je ne saurais l’expliquer, mais j’ai la sensation du tableau, je n’ai aucune image précise que je pourrais reproduire, mais j’ai la sensation de l’image. Mes mains, encore une fois, s’activent toutes seules ! Je suis spectatrice, et j’admire le travail accompli sous mes yeux ! Par une touche plus claire, je vois apparaître devant moi une deuxième femme, assise, près de la première, allongée. Cette vision, si bleue, m’envoûte et me transperce…

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Et puis plus rien. Je ne vois plus rien. Mon esprit est vide, mes mains sont vides, mes pinceaux sont vides, même ma toile paraît vide… Pleine de couleurs, mais vide de sens, je ne comprends même plus pourquoi j’ai peint ça… Tout cela n’a aucun sens, cela ne rime à rien… Je n’en peux plus, je ne suis plus moi-même, j’ai l’impression d’être habitée par une force étrange, et quand elle m’abandonne, je ne suis plus rien…

J’ai besoin de me détendre, de me calmer, j’ai toute cette agitation en moi. Je vais me faire une tasse de thé, peut-être deux en fait, au vu de l’état dans lequel je suis…

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Et c’est un Soubresaut étrangeDans nos êtres, quand, quelquefois,On veut vous déhâler, _ains d’ange,En vous faisant saigner les d_igts Oh ! quel _êve les a saisi_sDans _es pandicu_ations ?Un r_ve inouï des Asies,Des Khenghavars ou des Sions ?Sur les pieds ardents des Madones Ont-elles _ané des fle_rs d'o_ ?C’est le sang no_r des belladon_sQ_i dan_ leur paume éclat_ et dort.

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Hier était une journée si intense, je n’ai pas vraiment pris le temps d’écrire… J’ai encore fait un rêve, du même genre que les deux précédents. Je voyais une femme, assez normale cette fois, peut-être une écrivaine. Elle lisait Les Fleurs du Mal… Et si la réponse se trouvait là ? Et si je devais chercher du côté de ces plantes étranges : d’abord le fruit qui ressemblait à une myrtille, ensuite ces feuilles broyées, et maintenant tous ces noms bizarres écrits par cette femme sur cette feuille… Que désignaient ces noms ? Je devrais chercher, il doit forcément y avoir un lien avec tous ces rêves, ces hallucinations, ces inspirations artistiques soudaines mais qui me quittent si vite ! Encore hier, mes mains, après ce rêve, se sont animées toutes seules et j’ai poursuivi le tableau. Les formes sont devenues, peu à peu, plus claires, plus discernables. Les couleurs se mélangeaient sous mes yeux, au fur et à mesure que mes pinceaux bougeaient. J’ai le sentiment que le tableau est terminé, ou presque…

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Hier était donc une journée à la fois apaisante et oppressante pour moi. Avant de m’endormir, je n’ai pas pu résister à me faire une dernière tasse de thé. C’est devenu une habitude, et je sens que j’en ai besoin, que cela me soulage. Mais j’ai fait ce matin, de nouveau, un rêve, et qui ne ressemble à aucun de ceux qui m’apparaissent dernièrement… Je ne comprends pas bien ce que j’ai vu, je crois me souvenir que les trois femmes étaient présentes, toutes contre un arbre, tour à tour, et le même arbre… Puis, tout à coup, elles avaient toutes un trait blanc sur les yeux, comme sur le tableau ! Les images étaient saccadées, comme des flashs ! Et puis, j’étais là, je me suis vue, dans mon propre rêve, au milieu de ces femmes… J’étais endormie, un livre, L’herbe bleue, sur les genoux, et une reproduction, une vision, du tableau que j’ai peint, de l’image de mon cauchemar. Encore une fois l’ambiance a changé, il y avait des flashs bleus, puis rouges, puis bleus, puis rouges, pour chaque femme, chacune passait du bleu au rouge, comme si c’était une énigme, un message à déchiffrer…

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Un lien m’unit à ces femmes, mais j’ai du mal à en saisir le sens. Nous étions toutes au même endroit, toutes dans les mêmes couleurs, et elles, de bleu, devenaient rouges..? Et moi, à la fin, j’étais rouge aussi… Est-ce que je dois comprendre qu’elles sont devenues moi…? Ces femmes, qui sont-elles ? Elles avaient toutes un lien avec une plante ; la même ? Et puis, à la fin, l’écrivaine a inscrit sur son cahier, sous les plantes, “Tu fais partie d’un tout”... S'adressait-elle à moi ? Est-ce que je ferais partie du tout que forment ces femmes ? J’ai l’impression de devenir folle, tout cela n’a aucun sens, je perds la tête ! Quelle est cette plante bon sang ? Et ce livre, L'herbe bleue, encore une histoire de plante ! Peut-être que si je savais de quoi parlait ce livre, cela m’aiderait à comprendre ce qui m’arrive…

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L'herbe bleue

Biographie anonyme

Un soir, une jeune fille de quinze ans mal dans sa peau est invitée à une soirée. Elle joue au jeu "il court il court le furet", elle ne le sait pas mais, dans dix des quatorze verres, il y a du LSD.

Elle y prend goût et tout s'enchaîne très vite : elle se drogue de plus en plus souvent, développe une addiction, quitte ses parents, rencontre des mauvaises personnes, vend aussi et se retrouve presque à la rue.

Belladone

Atropa belladonna

La Belladone est parfois désignée par divers noms vernaculaires :