Notes sur le fascisme
La "brava gente" en Lybie
Par les étudiant·es du cours-séminaire "Histoire politique et sociale de l'Europe au XXe siècle: l'invention du fascisme", donné par la Prof. Stefanie Prezioso au semestre d'automne 2024.
Libera Stampa
L'axe Rome-Berlin
Giacomo Matteotti
Fascisme et religion
La Grève générale de 1918 en Suisse
Fascisme et femmes : Margherita Sarfatti
La fusillade du 9 novembre 1932 à Genève
Le corporatisme fasciste à l’Université de Lausanne
Le Pacte d'Acier
Les lois raciales et racistes
Mussolini, le fascisme et les représentations visuelles
L'invasion fasciste de l’Ethiopie
La contre-révolution fasciste 1919 – 1922
Fascisme et sport
Les lois fascistissimes
Une carte forcée?
Le Pacte d’Acier
En quoi le Pacte d'Acier a-t-il progressivement marginalisé Mussolini dans son alliance avec Hitler ?
Entre ambition et réalité, lorsque le fascisme italien rencontre le nazisme allemand
Karine Coly
Le Pacte d'Acier, signé le 22 mai 1939, officialise une alliance militaire entre l'Italie fasciste de Mussolini et l'Allemagne nazie dirigée par Hitler. Cet accord engage les deux nations à se soutenir mutuellement de manière immédiate en cas d'entrée en guerre de l'un des deux signataires. Conçu pour unir les deux régimes autour d'intérêts stratégiques communs, le pacte révèle rapidement un déséquilibre important entre les deux États, ainsi que dans la relation entre Hitler et Mussolini. Tandis qu'Hitler consolide son influence à travers une Allemagne militairement rétablie de la Première Guerre mondiale, Mussolini peine à suivre, contraint par les faiblesses économiques et militaires de son pays (Rosé, 2012). Cette asymétrie dans l'alliance conduira à une marginalisation progressive de Mussolini. Ce déséquilibre se manifeste notamment à travers trois évènements majeurs : l'invasion de la Pologne en 1939, l'invasion de la Grèce en 1940 et l'opération Barbarossa en 1941.
La signature du Pacte d'Acier, le 22 mai 1939 à Berlin, Istituto Luce. On y aperçoit nottament asis au premier plan (de g. à d.): Galeazzo Ciano, Adolf Hitler et Joachim von Ribbentrop.
Le corporatisme fasciste à l’Université de Lausanne
Cours, conférences et thèse: découvrez comment l’UNIL a promu le corporatisme fasciste entre 1930 et 1934
Hadrien Burnand
Le régime fasciste réorganise à partir de 1926 les associations d’employés et d’employeurs en un nombre restreint de syndicats d’Etat, à qui il délégue des compétences économiques et sociales. Il leur interdit ensuite de s’affronter via des grèves et des lock-outs et les oblige à négocier. Ce système socio-économique prend le nom de «corporatisme fasciste».
L’Italie fasciste prétend ainsi avoir mis fin à la lutte des classes, en créant une "troisième voie" entre socialisme et libéralisme. En réalité, elle met au point une structure autoritaire pour contrôler les syndicats et l’économie.
En 1930 et 1934, l’Université de Lausanne invite des intellectuels fascistes à donner des conférences en lien avec le corporatisme fasciste, sous l’impulsion de Pasquale Boninsegni. Raymond Devrient rédige également une thèse de doctorat sur ce sujet en 1931. Ces conférences et cette thèse ne proposent pas une perspective critique mais font au contraire la promotion de l’organisation sociale fasciste.
Portrait de Carlo Costamagna
Raymond Devrient en 1987
Le soir du 9 novembre, des milliers de manifestants se rassemblent devant la salle communale dans le but de stopper le meeting. La police est vite dépassée et demande alors l’intervention des soldats. Une fois au milieu de la foule, les militaires sont rapidement repérés et pris à partie. Les soldats se replient et se retrouvent acculés devant l’ancien palais des expositions. La foule les encercle, et les officiers ordonnent à plusieurs reprises la dispersion. À 21h34, le lieutenant Burnat donne l’ordre de faire feu. Treize personnes sont tuées et 65 blessées.
La fusillade du 9 novembre 1932
La répression sanglante d’une protestation ouvrière à Genève
Lucas Bänteli, Noel Gillieron, Théophile Michod
En 1977, l'émission Temps Présent revisite cet épisode tragique de l'histoire romande à travers le témoignage des jeunes recrues présentes ce jour-là.
À l'aube des années 1930, la Suisse, comme le reste de l'Europe, est un lieu où les affrontements deviennent de plus en plus directs entre formations politiques. Dans ce contexte, au sein d’une Genève déjà ultra-polarisée, le parti d’extrême droite de l’Union nationale décide de procéder à une mise en accusation publique des deux principaux dirigeants du Parti socialiste : Léon Nicole et Jacques Dicker. Ils accusent Nicole et Dicker de « préparer la guerre civile » et invitent la population à se présenter au procès le 9 novembre à la salle communale de Plainpalais.
Compte tenu de la violence de l’accusation, le Parti socialiste demande au Conseil d’État genevois d’annuler ce procès public. Ce dernier refuse catégoriquement. Le Parti socialiste genevois (PSG) appelle donc les ouvriers genevois à se mobiliser pour stopper le procès. Le Conseil d’État prend peur et demande au gouvernement fédéral de mobiliser l’armée pour contenir les manifestants. Le Conseil fédéral, après hésitation, accepte d’envoyer des soldats d’une école de recrues située à Lausanne.
L'axe Rome-Berlin
1935
9 octobre
Formé en 1936, l'axe Rome-Berlin était une alliance militaire, économique et stratégique entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste.
1936
1er novembre
Naemi de Trey, Michael Bürki, Sammuel Bovigny et Léo Fischer
L’axe Rome-Berlin (1936-1945) a joué un grand rôle dans le déroulement de l’équilibre européen avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la première moitié des années 1930, une alliance entre l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie semblait inimaginable. L’Italie était beaucoup plus proche des démocraties occidentales. Les sanctions économiques de la part de la Société des Nations à l’encontre de l’Italie en 1935, à la suite de son invasion de l'Éthiopie, ont fortement influencé la formation de cette alliance.
Le 1er novembre 1936, Benito Mussolini proclame l’axe Rome-Berlin lors d’un discours. Cette annonce fait suite à la signature d’un protocole secret datant du 23 octobre de la même année.
En 1940, Adolf Hitler voit son allié italien le rejoindre dans la Seconde Guerre mondiale à partir du 10 juin. Lors de l’année 1941, le transit de marchandises et de personnes entre ces deux grandes puissances bat son plein, surtout via la Suisse.
Le 10 juillet 1943, les Alliés envahissent la Sicile, ce qui précipite la chute de l’alliance entre Adolf Hitler et Benito Mussolini en 1945.
1940
10 juin
1941
En Suisse
1943
10 juillet
1945
28 avril
L'invasion fasciste de l'Ethiopie
La guerre italo-éthiopienne débute le 3 octobre 1935 et se termine le 5 mai 1936 avec l’occupation d’Addis-Abeba par les troupes italiennes. Ce conflit marque la fin des relations diplomatiques tendues entre l’Italie, désireuse d’affirmer sa puissance coloniale, et l’Éthiopie, dernier État indépendant d’Afrique. L’Italie fasciste, menée par Mussolini, cherche à “venger” la défaite d’Adoua en 1896 et à imposer sa suprématie, motivée par une idéologie raciale et impérialiste.
Deux fronts principaux se dessinent : au nord depuis l'Erythrée, et au sud depuis la Somalie italienne. L’idéologie fasciste de Mussolini glorifie la violence et justifie l’usage de méthodes brutales, notamment les armes chimiques, pour renforcer la domination italienne.
La guerre se conclut par la prise d’Addis-Abeba et la création de l’Afrique orientale italienne regroupant le territoire éthiopien avec les colonies d’Erythrée et de la Somalie italienne. Ce conflit met en lumière l’inefficacité de la Société des Nations face aux agressions des puissances fascistes.
« Ô Ethiopie ! Nous patientons depuis quarante ans, maintenant ça suffit ! »
Benito Mussolini : discours radiodiffusé du 2 octobre 1935
Jules Sciboz, Aman Yigzaw, Vincent Magnenat, Andrea Rochat
Bibliothèque nationale de France, journal l'Humanité 3 octobre 1935.
Vu de Suisse Encore choquée par la grève générale de 1918, la classe dirigeante suisse voit d’un bon oeil l’émergence du fascisme et de son
anticommunisme viscéral. Cette sympathie se traduit par une politique diplomatique conciliante à son endroit. Si, comme requis par la
Société des Nations, la Suisse sanctionne l’Italie pour son agression de l’Éthiopie, elle est aussi le premier Etat neutre à reconnaître
officiellement l’Impero en 1936. Le philo-fascisme bourgeois s’exprime aussi dans la presse libérale vaudoise : la colonisation fasciste en
Libye y est vantée, la propagande du régime abondamment relayée. Seule la presse socialiste dénonce fermement ses crimes.
La « brava gente » en Libye
Aux colonies, l’histoire d’une violence refoulée
Andrea Rochat
Histoire niée En Libye, l’Italie se heurte depuis 1911 à une résistance indigène féroce, empêchant le contrôle total du pays. L’arrivée au pouvoir du
fascisme marque alors un tournant : la violence contre les autochtones s’exacerbe et culmine dans la décision de déporter et d’interner la
population civile dans des camps de concentration afin d’isoler la rébellion. La conquête du pays est ainsi acquise, mais la famine, les
punitions, les maladies ont raison de beaucoup d’internés. Le bilan humain est si terrible que maints historiens s’accordent pour parler de
génocide. Au lendemain de la guerre, l’Italie républicaine s’efforce d’occulter ces crimes de la mémoire collective.
Un modèle insoupçonné Le fascisme fait l’objet de préjugés tenaces. Sa dépiction en un régime soumis au nazisme en fait partie. Après la guerre, ce poncif a été
utilisé pour le dédouaner de ses crimes et minimiser sa convergence idéologique avec son allié allemand, notamment sur la question du
racisme. Pourtant des travaux récents infirment cette interprétation. Pour les nazis, le fascisme fait figure de pionnier en matière coloniale
; ses politiques de ségrégation raciale, ses infrastructures, comme ses pratiques répressives en Africa italiana servent de modèle à la
planification de l’expansion allemande à l’Est et en Afrique centrale.
Fascisme et religion
L’EIA est une organisation qui cherche à lutter contre le communisme à travers un réseau d’influence international. À sa création, le thème religieux se situe à l’arrière-plan de ses discours mais dans les années 1930 il prend de plus en plus d’importance. En 1933, l’EIA fonde ainsi une section spécialisée dans la lutte anticommuniste au sein des milieux religieux nommée Pro Deo.
L’EIA collabore avec Mussolini en échangeant des informations et en recevant des financements de la part du régime fasciste. Dans les années 1930, l’EIA puis Pro Deo sont très proches de l’Antikomintern, une organisation anticommuniste nazie, grâce à laquelle ils reçoivent soutiens et financements leur permettant de mener une lutte religieuse anticommuniste.
Les relations entre l’Église et le fascisme sont tout au long de l’entre-deux-guerres rythmées par des compromis, des alliances, mais aussi des différends. Notamment, sur l’éducation qui est fondamentale dans la construction de la société selon leurs visions respectives qui, malgré leurs points communs, sont concurrentes.
Dans l'entre-deux-guerres, l'articulation entre le fascisme et la religion prend des formes différentes en fonction des pays.
Noémi Weber et Arno Freiburghaus
En Italie L’Église catholique italienne est la seule institution non fasciste qui reste autorisée sous le fascisme. Cette particularité s’explique par l’atout que représente la religion catholique pour assimiler les masses au fascisme et pour donner une crédibilité internationale au régime.
Malgré la violence et le caractère antidémocratique du fascisme, l’Église catholique ne s’oppose pas au régime de Mussolini car elle perçoit en lui un allié lui permettant de remettre l’autorité de Dieu au centre de la société, à l’instar du communisme bolchévique et du libéralisme des Lumières qui mettent l’Homme et la liberté de conscience au centre de leur projet en évacuant Dieu.
Le Cardinal Pietro Gasparri et Benito Mussolini signent les accords du Latran le 11 février 1929 dans le Palais du Latran.
Et en Suisse ? En Suisse, certaines églises sont proches des mouvements nationalistes d’extrême-droite en raison d’un anticommunisme commun. On retrouve ce rapprochement notamment dans l’Entente Internationale Anticommuniste (EIA), créée à Genève en 1924.
Couverture d’une brochure vendue lors de l’exposition sur les Sans-Dieu organisée par Pro Deo en 1934. ACV, Fonds William Rusterholz.
La contre-révolution fasciste 1912-1922
1918-1919
Sortie de la guerre
Dans l'italie d'après-guerre, le développement du fascisme et de ses faisceaux de combat mène à une violente « contre-révolution préventive »
Mars 1919
Fondation des faisceaux de combat
Alice Marion-Veyron
Entre 1919 et 1922, l’Italie connait de fortes perturbations politiques, économiques et sociales qui mènent Mussolini et les fascistes au pouvoir. De nombreuses grèves ont lieu, suivies par l’occupation des usines par les ouvriers dans tout le pays. Les partis ouvriers, dont le parti socialiste (dominé par la fraction maximaliste), remportent les élections de novembre 1919. Après la fondation des faisceaux de combat et leur stagnation jusqu’à l’été 1920, le nombre d’adhérents augmente brusquement, passant de 100 en juillet 1920 à 1000 en avril 1921. Les faisceaux de combat organisent des « « expéditions punitives » visant à détruire méthodiquement les institutions du socialisme (syndicats, maisons du peuple, bourses du travail, etc.), battre violemment ou tuer tous·tes celleux qui s’y trouvent afin de démettre les socialistes des positions de pouvoir. Le terme de « contre-révolution préventive » est avancé par le communiste Luigi Fabbri (1877-1935) pour souligner l’inexistence de la révolution que les fascistes prétendent contrer avec tant de violence.
20 Septembre 1920
Occupation des usines
1920
Entre légalité et illégalité
1921
Création du Parti national fasciste
L’esthétisme est au centre de la communication du régime de l’Italie fasciste à destination de sa population alors peu instruite. Cet esthétisme transmet, au travers du corps humain, de l’art et de l’architecture, un idéal de beauté repris de l'Antiquité romaine. Cela renforce le régime fasciste en faisant appel au sentiment national du peuple. Cet attrait pour l'Antiquité est appelé la romanità. C’est autour de celle-ci que se base le nationalisme du régime fasciste, car l’Empire romain est le seul moment où l’Italie, voulue par le projet fasciste, est unifiée. La romanità apparaît dans l’art fasciste par le biais de traits spécifiques dans les portraits qui rappellent des portraits antiques ou encore dans les bâtiments néoclassiques qui puisent leur inspiration dans l'Antiquité tout en y ajoutant une touche de modernité. L’art met en image le sentiment national et la grandeur de l’Italie fasciste qui se veut miroir de l’Empire romain.
Un élément central de cette identité nationale est la figure de Mussolini. Ce dernier incarne en son corps la nation. La machine de propagande fasciste, grâce à l’art, fait en sorte que personne n’arrive à dissocier la nation italienne de la figure Mussolini. Cela permet la création d’un culte de la personnalité, qui confère au dictateur un statut quasiment divin. Il s’impose ainsi sur la totalité de la société fasciste italienne.
À travers l’art, Mussolini est vénéré comme une figure messianique par son peuple. Tout, que ce soit l’écriture d’articles de journaux, la rédaction de discours publics, ou encore l’art, est réfléchi par rapport à son opinion. Ainsi, les représentations visuelles servent à le présenter comme une figure indissociable du fascisme.
Ainsi, le fascisme utilise l’art pour renforcer le sentiment d’appartenance nationale et le culte de la personnalité.
Mussolini, le fascisme et les représentations visuelles
Johann Bellwald et Inès Dupont
L’art est souvent utilisé en politique comme moyen de propagande afin d’acquérir le soutien des masses. C’est le cas dans le fascisme italien.
Peu nombreuses sont les femmes qui occupent la sphère publique comme Margherita Sarfatti dans l’Italie de Mussolini. Rédactrice en cheffe du Gerarchia, journal du régime, fondatrice du mouvement d’art le « Novecento », autrice de dizaines d’articles publiés dans le Popolo d’Italia, Sarfatti ne suit pas du tout le modèle féminin défendu par le régime fasciste. L’idéal-type de la femme italienne est celui de la génitrice, pas de l’intellectuelle à plein-temps. En 1926, Margherita recommande à Mussolini de fonder l’Accademia d’Italia qui aurait pour but de donner une ligne directrice à la production culturelle en Italie. C’est dans la villa Farnesina, vestige de la Renaissance à Rome que siège l'Académie.
Margherita Sarfatti La fabrique d’un mythe et d’une esthétique fascistes
C’est en 1912, alors qu’elle tient une rubrique de critique d’art dans l’Avanti !, journal du parti socialiste italien, que Margherita Sarfatti, féministe et intellectuelle juive, rencontre Mussolini qui en est le directeur. Très vite, ils se rapprochent : Margherita devient son amante et sa conseillère et le suit jusque au début des années 1930 avant que les lois antisémites ne la forcent à s'exiler. En 1925, elle rédige Dux, la biographie de Mussolini, dans laquelle elle dessine le portrait d’un homme né pour devenir chef d’Etat. Le livre se vend à 1,5 millions d’exemplaires en Italie et devient un outil de propagande puissant contribuant à créer le mythe du duce.
Peu nombreuses sont les femmes qui occupent la sphère publique comme Margherita Sarfatti dans l’Italie de Mussolini. Rédactrice en cheffe du Gerarchia, journal du régime, fondatrice du mouvement d’art le « Novecento », autrice de dizaines d’articles publiés dans le Popolo d’Italia, Sarfatti ne suit pas du tout le modèle féminin défendu par le régime fasciste. L’idéal-type de la femme italienne est celui de la génitrice, pas de l’intellectuelle à plein-temps. En 1926, Margherita recommande à Mussolini de fonder l’Accademia d’Italia qui aurait pour but de donner une ligne directrice à la production culturelle en Italie. C’est dans la villa Farnesina, vestige de la Renaissance à Rome que siègera l’académie.
Yseult Ferry
L’influence culturelle italienne perdure au Tessin après la guerre : de 1946 à 1966, le projet « Premio Libera Stampa », un prix culturel de littérature italophone, est également attribué à d’importants intellectuels italiens.
Dans les années 80 et 90 le journal entre en crise et essaie de se réinventer comme forum indépendant de la gauche tessinoise, toutefois celui-ci cesse d’exister en 1993.
Libera Stampa : La voix contestataire de l'autre côté de la frontière
Contre-information, lutte antifasciste et terre tessinoise
Francesca Sacchetti
Le journal tessinois Libera Stampa, fondé en 1913 par Guglielmo Canevascini et Paolo Bardazzi, naît comme organe de diffusion d’information des socialistes dissidents et, à partir du 1917, du PS tessinois. Dans une première période, le contenu est strictement socialiste, les articles concernent le travail, le salaire, les grèves etc., mais avec la montée du mouvement fasciste, la rédaction commence à s’intéresser massivement à ce quiest en train de passer en Italie. Quand la presse italienne applique de plus en plus la censure, Libera Stampa sert aux antifascistes italiens d'outil de contre-information : c’est le premier journal antifasciste en langue italienne d’Europe. En 1923 le régime fasciste interdit sa diffusion en Italie, mais la diffusion continue de manière clandestine.
Tonello, Canevascini et Barana à Libera Stampa, environ 1929. ID : 21346 [Archivio Fondazione Pellegrini-Canevascini].
Dans la rédaction de Libera Stampa collaborent des intellectuels italiens, dans la plupart des cas des fuoriusciti en terre tessinoise, qui ont la possibilité de partager ce qu’ils ont vécu dans leur chair. Ils peuvent continuer à mener leur lutte en dehors de l’Italie, désormais ravagée par la censure et la violence fasciste. La lutte antifasciste du journal n’est pas seulement informative : un réseau s’est organisé autour de la rédaction pour faciliter l’entrée de clandestins italiens et réunir l’aide matérielle et psychologique nécessaire aux réfugiés. Ces actions se font en collaboration avec le « Secours Rouge » et le groupe « Giustizia e Libertà ».
« Comment le brigand Mussolini prépare les élections en Italie », Libera Stampa, n°24, année XII, 29 janvier 1924, p. 3.
Les lois "fascistissimes"
1923
Réforme Gentile
L'abolition des libertés, la consolidation du pouvoir et la soumission de la population : l'impact des lois fascistes de 1926 sur la transformation de l'Italie en un état totalitaire
1923
Loi Acerbo
1925
Einat Prouff, Eva Geuggis, Rosalie Lehnherr
Loi sur les attributions et prérogatives du chef du gouvernement
Les lois fascistissimes de 1926 jouent un rôle central dans l’établissement du fascisme. Elles permettent au régime d’abolir les partis d’opposition, le Parti national fasciste est ainsi institué comme l’unique force politique et un état policier est instauré. L’OVRA, la police secrète, traque les comportements jugés antifascistes, même privés, grâce à un vaste réseau d’informateurs. Critiquer le régime ou posséder des ouvrages interdits peut conduire à des peines sévères prononcées par des tribunaux spéciaux. En tout, 160 000 Italiens sont surveillés, et près de 5 000 condamnés. Ces lois instaurent un climat de peur propice à la soumission totale de la population italienne. Parallèlement, les réformes éducatives de Giovanni Gentile consolident le contrôle du régime en remodelant l’école pour en faire un outil de propagande et éradiquer la pensée critique. Les programmes glorifient Mussolini ainsi que la guerre. Les enseignants, soumis au régime, participent à la formation d’une jeunesse docile et patriote, façonnant ainsi des "citoyens-soldats" au service du fascisme. L’éducation et la répression s'avèrent être les piliers du totalitarisme mussolinien.
1926
Loi pour la défense de l'État
1926
Loi sur la presse
1929
La fascisation des manuels scolaires
Fascisme et antisémitisme
Les lois raciales de 1938
25 septembre 1937
La rencontre
Emma Berthoud, Salomé Jacquet, Sam Johnson, Jade Weibel
5 août 1938
La promulgation des lois raciales, le 18 septembre 1938, devant
la Piazza Unità d’Italia à Trieste par le Duce en personne, marque un tournant radical pour la
population juive italienne et étrangère. Dès lors celle-ci est soumise à des restrictions sévères visant à terme leur exclusion de la vie italienne. En 1943, l’antisémisme connaît une
accélération de la violence et mène à la déportation de nombreuses personnes. La soudaineté de ces
mesures soulève des interrogations concernant un possible lien avec l’Allemagne nazie, au vu
de la montée des régimes autoritaires en Europe et de l’alliance militaire italo-allemande. Afin
de les légitimer, le Parti fasciste fait appel à la presse pour donner l’illusion que ces lois
s’inscrivent dans une continuité historique italienne. La propagande antisémite sert donc à
justifier et à légitimer les discriminations subies par les Juifs. Néanmoins, l’influence de cette
propagande peut être discutée, car de nombreux organismes coercitifs ont encadré le bon
déroulement d’un antisémitisme d’État. L’Italie n’est donc pas un moindre mal face au
nazisme.
La Difesa della razza
18 Septembre 1938
La promulgation
1943
Le début des déportations
18 septembre 2018
La mémoire
Lors de son discours du 30 mai 1924 à la Chambre des Députés, il dénonce les fraudes électorales et le climat de violence ayant précédé les élections du 6 avril. Il réclame, au nom du Parti Socialiste Unitaire, l'annulation des élections. Ce discours marque la fin de sa carrière politique. En effet, le 10 juin 1924, Matteotti est assassiné par la Ceka, la police secrète du Parti national fasciste, chargée de persécuter les opposants au régime. Son assassinat suscite des réactions d'indignation dans toute l'Italie et même à l'échelle européenne. Il devient un symbole de la résistance, incarnant la lutte pour la liberté et pour la démocratie.
Giacomo Matteotti et la lutte contre le fascisme
Portrait signé de Giacomo Matteotti, avant 1924.
La dénonciation des violences et des manipulations du régime au nom de la démocratie et de la justice sociale
Daniel Cruz Pinheiro, Adelaide Filippini, Adam Bouzourene
Après la fin de la Première Guerre mondiale, l'Italie se trouve dans une situation de crise économique, sociale et politique. La révolution socialiste qui marque les années d'après-guerre échoue et cède la place à la montée du fascisme comme réponse réactionnaire. Giacomo Matteotti, membre du Parti socialiste, partage un socialisme pragmatique et moderne, défendant à la fois les droits des travailleurs et les principes démocratiques. Il s'oppose fermement au fascisme et critique régulièrement les violences exercées contre les travailleurs et les militants socialistes. De plus, il dénonce l'illégalité du fascisme en soulignant le mépris des principes démocratiques, notamment lors de l'octroi des pleins pouvoirs à Mussolini en 1922.
En outre, Matteotti conteste les revendications des fascistes concernant une supposée reprise économique due à leur régime, affirmant qu'elle résulte en réalité de la fin de la guerre et de l'arrêt des dépenses exceptionnelles qu'elle avait engendrées. En critiquant le fascisme, Matteotti met en lumière ses aspects négatifs et devient l'un des premiers à tenter de définir ce nouveau mouvement. Actif également sur la scène internationale, il participe aux débats sur l'après-guerre et sur les relations internationales et il condamne la violence fasciste et les échecs économiques du régime.
La thèse de la "carte forcée"
Octobre 1930
Boninsegni "sentinelle avancée du fascisme".
La thèse d’un choix forcé stipule que les acteurs concernés se sont sentis contraints à attribuer le titre au Duce. Regardons la chronologie sur laquelle repose l’interprétation de Jean-Christian Lambelet.
Juin 1936
Mussolini est informé qu'il va être solicité financièrement.
Loïc Biedermann
20 septembre-30 octobre 1936
Si la décision prise par l’UNIL s’explique par une dérive idéologique de l’institution, un auteur nous propose une autre lecture de ce choix. La thèse de J.-C. Lambelet repose sur le fait que des fuites d’informations ont mis au courant B. Mussolini du processus d’attribution du doctorat h.c. Sachant cela, les acteurs concernés se seraient alors sentis contraints d’attribuer le titre honorifique par crainte de provoquer un incident diplomatique avec l’Italie. L’auteur de ces indiscrétions est Pasquale Boninsegni, à la fois ami proche du Duce et président de l’Ecole des SSP.
Cependant, cette thèse est largement déconstruite par plusieurs auteurs qui disent que, en utilisant seulement l’argument d’un choix forcé, J.-C. Lambelet déresponsabilise les acteurs qui ont participé à la décision et met sous le tapis l’allégeance répandue au fascisme dans la sphère académique et politique suisse. Bien que critiquable à plusieurs égards donc, la thèse de la carte forcée permet tout de même d’avoir une réflexion contemporaine sur l’autonomie des universités vis-à-vis du champ politique.
L'émergence de l'idée d'un d.h.c.
3-5 novembre 1936
Le Conseil d'État apprend que le Duce a été informé des débats en cours.
30 novembre 1936
Bonisegni sort de l'ombre.
2006
Les dangers de la thèse de la carte forcée présentés par François Vallotton.
L’homme nouveau
Le concept de "l’homme nouveau" fasciste vise à rompre avec la décadence libérale pour renouer avec la grandeur de l’Empire romain.
Pour Mussolini, cet homme doit être politique, religieux, guerrier et, indirectement, sportif. Le sport étant essentiel pour façonner physiquement et mentalement une génération jeune, forte et virile.
Pensé pour une masse homogène et disciplinée, cet idéal collectif fait du sport un pilier du projet fasciste. Les champions, loin d’être des héros individuels, servent d’exemple pour éduquer physiquement et moralement le peuple, clé de la réussite du régime. Les gymnases et stades deviennent ainsi des symboles où triomphe une jeunesse nouvelle, un "homme nouveau".
Fascisme et sport
La propagande par « l’homme nouveau » et le pays moderne
Louis Magada
Tout au long de son existence, le fascisme a utilisé le sport comme outil de propagande pour promouvoir l'idéal de « l’homme nouveau ». Ce dernier incarne la virilité, la jeunesse et la discipline, puisant dans un passé glorieux tout en se projetant dans une modernité qui rompt avec les valeurs contemporaines de l'époque.
Le régime transforme le sport en instrument de contrôle social et de rayonnement international, illustré par des infrastructures modernes et des événements tels que la Coupe du monde de football en 1934, véritable vitrine de l’Italie moderne.
À travers des réformes sportives et une presse spécialisée, le sport diffuse les valeurs fascistes dans toutes les couches de la société. Toutefois, cette instrumentalisation révèle une tension entre apparences et réalités, notamment par le manque d’infrastructures pour les sports moins populaires et l’absence d’une amélioration générale des conditions sportives. C'est là toute l’ambivalence du projet fasciste : où le sport, bien plus qu’un divertissement, devient une arme idéologique façonnant un narratif au service du régime.
Le pays moderne
Avec la Coupe du monde de football en ligne de mire, le parti investit dans des infrastructures modernes, rénovant ou construisant des stades comme le Stadio Nazionale ou le Stadio Mussolini, vitrines d’un pays à la pointe de la modernité. Mais derrière les apparences, le manque d’équipements pour d’autres sports comme l’athlétisme ou la boxe montre bien que tout cela relève plus du spectacle que d’un réel projet de développement sportif.
Le Foro Italico, appelé à l’époque Foro Mussolini, est l’exemple parfait de la manière dont le régime fasciste mêle sport et propagande. Construit en 1928, ce complexe sportif à l’esthétique romaine abrite l’Académie fasciste d’éducation physique, conçue pour forger la jeunesse italienne à l’image de « l’homme nouveau ».
Une de la revue mensuelle illustrée "Lo sport fascista", 1928.
Cet ultimatum provoque une réponse violente du gouvernement, redoutant une "menace bolchévique". La grève générale de 1918 devient alors un moment marquant dans la lutte pour la justice sociale en Suisse, exposant les tensions entre classes et les craintes face aux révolutions sociales qui secouent l'Europe.
Grêve générale de 1918 : révolte ouvrière en Suisse
La grève générale de 1918, née de la colère ouvrière face à la crise économique d'après guerre révèle des tensions sociales profondes en Suisse. Ce mouvement, perçu comme une menace par les autorités, déclenche non seulement une répression violente, mais ouvre aussi la voie à des changements idéologiques majeurs.
Les membres du comité d'action et leurs défenseurs devant le tribunal militaire de la 3e division à Berne en mars ou avril 1919 (Archives sociales suisses, Zurich, F Fd-0002-03).
Durant la Première Guerre mondiale, bien que neutre, la Suisse subit les effets du conflit : fermetures des frontières, chômage croissant, inflation, et dégradation des conditions de vie. Tandis que les ouvriers s'appauvrissent et luttent pour survivre, les banques et industries suisses prospérent accentuant les inégalités. Face à cette injustice, une partie du prolétariat, menée par le comité d'Olten, formé en 1918 par des leaders syndicaux et socialistes, se mobilise. Inspirés par les mouvements sociaux européens, ils formulent des revendications audacieuses : AVS, droit de vote des femmes, semaine de 48 heures, scrutin proportionnel, réforme de l'armée, monopole d'Etat sur l'import-export, et baisse du prix du lait.
Mathilde Pralong, Accacia Joao, Nils Ramseyer et Laureen Dudoy
Déploiement de troupes sur la Waisenhausplatz à Berne pendant la grève générale. Archives fédérales suisses.
Pour en savoir plus sur la réaction des organisations patronales
Les premières lois visant à interdire l'opposition politique apparaissent en 1925. Toutefois, la « Loi Acerbo », proposée par Giacomo Acerbo et adoptée le 18 novembre 1923, introduit un système électoral majoritaire, renforçant le pouvoir du parti fasciste.
Photo de Giacomo Acerbo, le sous-secrétaire au Trésor dans le gouvernement de Benito Mussolini.
Cette loi accroît l’autorité du Chef du gouvernement. Il n’est plus responsable devant le Parlement, mais uniquement devant le roi. Il a la capacité de promulguer des décrets sans passer devant la Chambre ainsi que de destituer et nommer des ministres.
Carte postale du roi d’Italie Victor-Emmanuel III, entre 1924-1932
« Répression sans pitié. Persécution féroce de chaque juif, chaque francmaçon,
chaque élément négatif pour notre race. Il faut en finir avec cette anti-race élue qui
mine les bases de notre existence depuis des siècles, avec une fureur démoniaque. »
Roberto
Farinacci, secrétaire du parti national fasciste, 1944.
Le gouvernement Giolitti, qui pense instrumentaliser le fascisme contre le socialisme, offre de nouvelles opportunités au mouvement. Celui-ci peut désormais s’appuyer sur les forces de police en plus de ses activités paramilitaires.
La création des faisceaux de combat, le 23 mars 1919, passe presque inaperçue dans la presse. Leur premier acte violent est le saccage et l’incendie du siège d’Avanti !, le journal du parti socialiste.
Les lois fascistissimes transforment les manuels scolaires en outils de propagande, ils sont uniformisés avec l’introduction du “livre d’État unique” qui glorifie Mussolini, la romanité et l’idéal fasciste. Illustrés de symboles guerriers, ces ouvrages façonnent une jeunesse dévouée au régime, incarnant le modèle du “citoyen-soldat”. Cette illustration d'un cahier d'écolier met en scène un enfant qui tient un fusil et un livre, symbolisant la nation militarisée.
La régénération du citoyen passe par une éducation intellectuelle et militaire imposée par le fascisme, qui constitue les fondements de cette nouvelle société.
Source: Petrucci, Alfredo. Il libro della seconda classe. L’italiano nuovo, Roma, La Libreria dello Stato, 1936.
Extrait d'un manuel scolaire de 1936
Bibliographie
Pour J.-C. Lambelet, si le Conseil d’Etat a donné son aval à l’attribution du grade c’est pour éviter un incident diplomatique avec le Duce. Or, cette décision s’explique davantage par la proximité des élites politiques bourgeoises lausannoises avec le fascisme italien.
Pour en savoir plus
Sur Angelo Tonello Mauro Cerutti, Angelo Tonello, in Dictionnaire Historique de la Suisse. Renato Simoni, Antifascisti italiani da Lugano a Madrid, Bellinzona : FPC, 2021, p. 12. (IT) Sur Guglielmo Canevascini Gabriele Rossi, Guglielmo Canevascini, in Dictionnaire Historique de la Suisse. Biografia di Gugliemo Canevascini, Fondazione Pellegrini-Canevascini. (IT) Transmission en mémoire de Guglielmo Canevascini avec Marco Marcacci et Fabrizio Viscontini, Millevoci-RSI. (IT) Nelly Valsangiacomo, Storia di un leader. Vita di Guglielmo Canevascini 1886-1965, Bellinzona : Edizioni Casagrande, 2001, 480 p.
Image d’une session du tribunal spécial pour la défense de l’Etat. La plupart de ces photographies datent des années 1927 à 1943, période durant laquelle ce tribunal a été actif sous le régime fasciste italien.
Le 25 novembre 1926, Mussolini consolide sa dictature avec les « Provvedimenti per la difesa dello Stato ». Cette loi renforce le pouvoir fasciste par des mesures comme la peine de mort, la déchéance de nationalité et la création d’un tribunal militaire spécial.
Acteur clé de la Grève générale, le PSS défend le prolétariat avec des revendications claires : lui donner une voix et des droits. Les tensions sont vives et des arrestations suivront. Le PSS abandonne la voie révolutionnaire afin de s’adapter à la démocratie helvétique pour une intégration durable.
L’Antikomintern est une organisation qui dépend du ministère de la Propagande nazi, son rôle est de propager l’idéologie nazie dans les milieux conservateurs européens en utilisant la lutte anticommuniste. Comme l’EIA, elle rassemble des informations sur les communistes russes et européens, elle produit des documents et elle influence les milieux conservateurs. L’EIA considère que l’arrivée au pouvoir d’Hitler et de Mussolini a permis d’arrêter une partie du plan de bolchévisation mondial des communistes. Elle considère les régimes fascistes comme des remparts contre leur ennemi commun, ils sont donc alliés.
Cette première fuite a lieu à la suite de la réunion du sénat de l’UNIL pour discuter du 400ème anniversaire de l’institution. Le président du comité d’organisation, Arnold Reymond, évoque que peu après la séance, le Duce a été mis au courant des discussions et, de ce fait, il s’est senti obligé de le solliciter. Le Duce répond favorablement à cet appel et envoie un don de 1'000.- à l’UNIL le 20 septembre 1936.
Lettre de la BCV à Arnold Reymond, 10.09.1936 dans UNIL, Livre blanc de l’Université de Lausanne sur le doctorat honoris causa de Benito Mussolini, 1987, Lausanne, p.5.
Carlo Costamagna est un politicien fasciste et l'un des principaux théoriciens du corporatisme fasciste. Il est invité à donner trois cours publics à l’Université de Lausanne en février 1930. Lors d’un de ces cours, il déclare à propos du corporatisme fasciste que : « le principe de la liberté syndicale, cher à la démocratie sociale, est ainsi mis de côté ».
Programme des trois leçons de Carlo Costamagna de février 1930. ACV K XIII 369 4, UNIVERSITÉ DE LAUSANNE.
La lettre de P. Boninsegni adressée au Duce pour appuyer une demande des autorités vaudoises à l’Italie illustre la proximité entre les deux hommes et le fascisme : « En ma qualité de sentinelle avancée du fascisme, j’estime qu’il est de mon devoir de conseiller au Duce d’accomplir cet acte gracieux. »
Portrait de Pasquale Boninsegni. Présenté dans Jean-Christian Lambelet, Des palmes académiques pour Benito Mussolini. Le doctorat honoris causa de l’Université de Lausanne décerné au Duce en 1937. Une interprétation. Lausanne, L’Age d’Homme, 2004, p.38.
Pasquale Boninsegni, le professeur qui dirige cette thèse, entretient une correspondance regullière avec Benito Mussolini. Très content de cette thèse, il en envoie un exemplaire au dictateur.
Thèse de Raymond Devrient L’organisation syndicale et corporative en Italie (1931), BCUL, ZAT 4293
La Difesa della razza est une revue illustrée vouée à la
propagande antisémite, mêlant des articles revisitant l’histoire et des iconographies
stéréotypées à l’encontre des Juifs. Elle légitime ainsi les lois raciales et l'antisémitisme d'État
en renforçant la diffusion de ces idéologies racistes.
Consultez ici l'article de Philippe Foro qui analyse le "racisme antique" du régime fasciste à travers l'exemple de cette revue.
"Difesa della Razza: Scienza, Documentazione, Polemica, QuesBonario,
August 5, 1938".
Plaque commémorative de la promulgation des lois raciales de 1938 installée en 2018 à Trieste.
En mémoire des 80 ans de promulgation des lois raciales, la
commune de Trieste appose à l’entrée de la Piazza Unità d’Italia une plaque sur laquelle nous
pouvons lire : « Pour que les nouvelles générations se souviennent et soient vigilantes dans la
sauvegarde des droits fondamentaux de liberté ».
Dans ses discours concernant la montée du nouveau régime, Matteotti avance souvent des arguments contre la violence fasciste. Aussi le 30 mai 1924, il dénonce la présence d'une milice paramilitaire fasciste qui joue un rôle déterminant dans la période pré-électorale. Il affirme que cette force armée a instauré un climat de terreur qui n'a pas permis un déroulement démocratique des élections. En effet, la milice empêche de voter pour un parti autre que le PNF et ne permet pas aux candidats de l'opposition de mener une campagne électorale.
Il y a une milice armée... (Interruptions à droite) qui a un objectif fondamental et avoué : celui de soutenir un Chef du Gouvernement bien identifié et désigné, à savoir le Chef du fascisme, contrairement à l’Armée qui elle obéit au Chef de l’État. [...] Il y a une milice armée, composée de citoyens issus d’un seul et même Parti, laquelle s’est donné ouvertement la mission de soutenir par la force ce Gouvernement même si celui-ci perdait l’assentiment des électeurs. (Interventions.) De plus, notamment... (Interruptions) en vertu de la loi électorale les miliciens en fonction ou mobilisés n’auraient pas dû voter ; cependant, dans les faits, partout en Italie et notamment dans les territoires ruraux nous avons constaté ces jours-là la présence de milices nationales en grand nombre... (Interruptions, bruits.)
Discours de Matteotti à la Chambre des Députés contre la violence fasciste , le 30 mai 1924
Réaction conservatrice des élites suisses et militarisation du conflit
Face à la menace d'une révolution sociale, les élites de droite suisses exploitent l'essor du fascisme en Europe pour instaurer un nationalisme extrême, centraliser le pouvoir et défendre un ordre social rigide. Depuis 1919, les chrétiens conservateurs occupent des postes clés au sein du Parlement et du gouvernement. Les milices armées, illégales mais soutenues par les autorités, répriment et intimident la classe ouvrière.
Les organisations patronales, en particulier l'Union Centrale des Associations Patronales suisses, déployent des efforts considérables pour préparer et contenir la grève générale. La circulaire n° 91 est destinée aux employeurs, son objectif est d'organiser la défense des intérêts patronaux face aux mouvements ouvriers. Elle donne différentes instructions : placarder des affiches dans les usines et informer des dangers de la grève, ne payer les salaires sous aucun prétexte ou encore faire usage de la police ou toute autre assistance pour pouvoir continuer le travail.
Consultez le texte complet de l'ordonnance ici.
Suite à de nombreuses grèves qui n’ont pas porté leurs fruits, et aux pressions des industriels, les ouvriers occupent les usines dans tout le pays. Si le mouvement impressionne les industriels, il n’aboutit pas à une réponse satisfaisante pour les ouvriers.
Les dangers d’une telle thèse est qu’elle masque « les marques de sympathie, voire d’admiration, d’une partie des élites politiques et économiques de Suisse romande envers le fascisme (…) au profit d’une explication circonstancielle qui vise à déresponsabiliser les acteurs de cet épisode ».
On retrouve différentes critiques faites à cette thèses, notamment dans les textes suivants : - Stéfanie Prezioso, « Doctorat honoris causa Benito Mussolini, histoire d’une mémoire chaude », Laboratoire italien [En ligne], 30 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/laboratoireitalien/10099 ; DOI : https://doi.org/10.4000/laboratoireitalien.10099
- F. Vallotton, « Compte rendu de : Jean-Christian Lambelet, avec la collaboration d’Olivier Robert, Des palmes académiques pour Benito Mussolini. Le doctorat honoris causa de l’Université de Lausanne décerné au Duce en 1937. Une interprétation, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2004. », Revue historique vaudoise, 2006, p. 357-359.
- F. Wisard, L’université vaudoise d’une guerre à l’autre. Politique, finances, refuges, Lausanne, Payot, 1998, pp. 196-213.
Références bibliographiques pour approfondir la question Cantini Claude, Le fascisme italien à Lausanne (1920-1943), Lausanne, Cedipis, 1976.
C’est dans cette troisième fuite d’information que P. Boninsegni est formellement identifié : il écrit une lettre au Duce pour lui informer de la décision du Conseil des SSP. L’ensemble de ces fuites amènent J.-C. Lambelet à considérer Boninsegni comme « l’œil lausannois et vaudois de Mussolini ».
L’exposition itinerante sur les Sans-Dieu organisée par Pro Deo passe par plusieurs villes suisses et européennes entre janvier 1934 et mai 1935. Le but de cette exposition est de montrer les dangers du communisme, de dénoncer les persécutions contre les chrétiens en URSS et de prouver la lutte antireligieuse mise en place par les soviétiques. De nombreuses photos et caricatures sont présentées dans l’objectif de choquer le public.
Références supplémentaires
Béguin, Jérôme. L’extrême droite genevoise : des origines à nos jours. Collection Archives vivantes. Yens sur Morges: Ed. Cabédita, 2007.
Rey, Michel. Genève 1930 - 1933: la révolution de Léon Nicole. Histoire, sciences auxiliaires de l’histoire, 1978.
Torracinta, Claude. Genève 1930-1939 : Le temps des passions. Tribune édition. Geneve, 1978.
Dans Dux, Sarfatti raconte l’histoire d’un « grand homme », « un de ces rares […] qui sont nés pour attirer l’admiration et la dévotion de tout autour d’eux ». On y découvre les qualités de cet « archétype de l’Italien », celui qui pourra redonner sa grandeur à l’Italie, tel un héros de l’Antiquité romaine.
Texte complet de Dux téléchargeable ici.
Couverture de Dux, édition Mondadori de 1929.
L’art est utilisé dans le culte de la personnalité de Mussolini pour représenter sa force, sa virilité et ses caractéristiques messianiques. Il est, aux yeux de ses partisans, un modèle idéal à suivre. Cette pièce fait son éloge comme fondateur de l’Empire italien, tel Auguste, fondateur l’Empire romain. Il est représenté de manière divine, étant placé parmi les nuages avec une lumière dorée illuminant son visage. Malgré ce rappel traditionnel, Mussolini est associé à la modernisation de l’Italie grâce à l'arrière-plan composé de rangées d’usines dont les cheminées actives symbolisent la prospérité.
L’Esposizione Universale di Roma (EUR), par sa structure symétrique, rappelle les villes antiques. Ses bâtiments d’architecture néoclassique associent la monumentalité de l’empire romain à un style plus contemporain. Le Palazzo della Civiltà Italiana est représentatif de cela. L’EUR est censé représenter la cité italienne idéale, soit une manifestation visuelle du régime. Sa localisation, entre Rome et la mer, exprime la volonté d’étendre l’empire fasciste jusqu’à la mer afin de mener à bien le projet fasciste de la mare nostrum, reproduisant les frontières de l’Empire romain à son apogée.
Arhchidap, Planimetria generale dell'Esposizione Universale di Roma del 1942.
29 September 1937. Adolf Hitler and Benito Mussolini on a car parade
through Berlin. © Photo credit: Bundesarchiv, Bild 183-C13771.
Le 25 septembre 1937 marque la deuxième rencontre entre
Hitler et Mussolini en Allemagne. C'est un moment crucial dans la genèse des lois raciales de
1938. En effet, la puissance du régime autoritaire nazi aurait donné envie à Mussolini de
radicaliser son fascisme dans une perspective totalitaire.
Désormais, pour qu’un journal soit publié, il a l’obligation d’avoir un directeur reconnu par l’État. Le régime de Mussolini cherche à contrôler et institutionnaliser la presse qui en tant qu’outil de propagande de masse est une des ses préoccupations essentielles.
Photo de Giovanni Gentile (droite) et de Leonardo Saveri (gauche) au Ministère de l'Instruction publique, Rome, 1923.
Influencée par le néo-idéalisme porté par le philosophe Giovanni Gentile, la réforme réorganise l’éducation en hiérarchisant les filières et en favorisant les sciences humaines pour former une élite au service de l’État. Son modèle élitiste, aligné sur les idéaux fascistes, devient un outil clé pour diffuser la propagande et consolider le contrôle sur la société.
Consultez ici l'ouvrage de Giovanni Gentile, La Réforme de l'éducation
Plus d'ouvrages sur cette question
Le 9 novembre 1921 est fondé le parti national fasciste. C’est l’entrée du fascisme dans la politique institutionnelle. Les squadre (faisceaux de combat) sont réglementés. L’idée de la violence fasciste comme une légitime défense est défendue.
Le 10 juin 1924 : le déroulement du meurtre de Giacomo Matteotti
Giacomo Matteotti, ce mardi 10 juin 1924, sort de son domicile, 40 rue Pisanelli, aux environs de seize heures. Depuis son discours du 30 mai 1924, le député socialiste est sous protection policière. Cependant, les agents de police ne le suivent pas car l’ordre est de surveiller les alentours de son domicile. Un choix complaisant qui s’explique néanmoins par la récurrence des passages à tabac d’adversaires politiques dans les environs de leur domicile. Un an auparavant, le 19 mai 1923, Alfredo Misuri, adhérent fasciste et monarchiste dissident, suite à des commentaires proférés au Parlement italien contre la figure de Mussolini, est battu et menacé de mort le soir même devant son immeuble. La récurrence du modus operandi employé par les fascistes expliquerait le manque de moyen mis à disposition plus d’un an après, malgré la menace réelle.
Ce jour-là, Giacomo Matteotti part en direction du palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés italienne. Il ignore alors qu’un détachement de la Tchéka, composé d’Albino Volpi, Amerigo Dumini, Giuseppe Viola, Augusto Malacria et Amleto Poveromo, le prend en filature depuis quelques jours. Cette réaction du parti national fasciste (PNF) aurait été organisée par Giovanni Marinelli, membre important du parti et lieutenant dans la Tchéka, alors dirigé par Emilio De Bono . La surveillance du député serait liée premièrement à son combat antifasciste qu’il mène en Italie ainsi que dans le reste de l’Europe , puis dans un second temps à son dernier discours de mai 1924. Leur Lancia Lambda s'arrête au boulevard Arnaldo da Brescia, proche du domicile du député. Albino Volpi et Augusto Malacria sortent du véhicule et attaquent Matteotti. Malgré ses efforts, il est traîné dans la voiture où il est passé à tabac et poignardé . Il décède rapidement suite à ses blessures lors de la fuite de ses agresseurs. Le groupe se rend alors dans la commune de Riano, au nord de Rome. Pour une raison ou une autre, les assassins décident de déposer le corps au maquis de la Quartarella, à 25 kilomètres de la capitale. Le corps est retrouvé deux mois plus tard, dans la matinée du 16 août 1924, par le chien d'un des carabiniers de la région en patrouille dans la campagne proche de Riano. La découverte du corps de Matteotti provoque une grande indignation au sein de la société italienne ainsi que par les mouvements socialistes à travers l’Europe.
Depuis son enlèvement, les socialistes italiens, en signe de protestation face à cette attaque claire contre la démocratie, abandonnent le Parlement italien dès le 13 juin 1924. Une situation chaotique pour le gouvernement de Mussolini qui le pousse à exercer un semblant de justice. Il Duce fait arrêter les responsables de l’affaire en juillet 1924. Le 16 mars 1926, le procès de Chieti s’ouvre. Le lieu du procès semble avoir été choisi avec l’intention d’éloigner le plus possible le jugement de Rome, afin d’éviter les risques supplémentaires liés à une telle affaire. Après seulement neuf jours d’audience, le verdict tombe et, comme attendu dans un régime autoritaire fasciste, les peines sont dérisoires. Ses instigateurs, Giovanni Marinelli et Cesare Rossi, voient leurs peines être diminuées sous prétexte qu’ils sont uniquement impliqués dans l’enlèvement et non le meurtre de Giacomo Matteotti. Parmi les cinq assassins qui formaient le groupe du 10 juin 1924, Augusto Malacria et Giuseppe Viola sont acquittés, les trois autres, Amerigo Dumini, Albino Volpi ainsi que Amleto Poveromo, sont reconnu coupables de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ils sont condamnés à cinq ans, onze mois et vingt jours. Une peine bien maigre qui n’est que partiellement appliquée car, une loi d’amnistie du 31 juillet 1925, votée en prévision du procès, réduit les peines de quatre ans . Un véritable simulacre justifié par la complaisance des juges alliés au gouvernement en place qui ne reconnaissent pas la préméditation dans les actes ayant causé la mort du député. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 6 novembre 1946, peu de temps après la proclamation de la République italienne, la Cour de cassation revient sur le jugement rendu à Chieti vingt ans auparavant. L’affaire est réouverte dans un contexte complètement différent et moins complaisant à l’égard des fascistes. Néanmoins, seules trois personnes sont réellement condamnées : Amerigo Dumini, Amleto Poveromo et Augusto Viola. Ils sont premièrement condamnés à la réclusion à perpétuité, puis à trente ans de prison. Une peine qu’aucun ne purge dans sa totalité. Poveromo meurt en prison en 1953. Dumini est gracié en 1956. Viola avait été condamné en contumace, car il avait disparu depuis juillet 1943. Les autres responsables sont soit déjà décédés, comme Albino Volpi ou Giovanni Marinelli, soit amnistiés en accord avec les traités signés à la fin du conflit.
Le gouvernement Giolitti, qui pense instrumentaliser le fascisme contre le socialisme, offre de nouvelles opportunités au mouvement. Celui-ci peut désormais s’appuyer sur les forces de police en plus de ses activités paramilitaires.
Giacomo Matteotti : une voix internationale contre le fascisme
Giacomo Matteotti est une figure clé dans la dénonciation du fascisme sur la scène internationale, notamment par ses différents contacts. En 1924, il publie des critiques envers le régime de Mussolini dans des revues anglaises comme The English Life , attirant l’attention des démocraties libérales, notamment l’Angleterre. Son travail inspire des figures antifascistes comme Gaetano Salvemini, exilé aux États-Unis, qui sensibilise l’opinion publique mondiale après son assassinat. Matteotti entretint aussi des liens avec la Ligue des Nations pour mobiliser un soutien contre le fascisme.
Le discours de Mussolini du 18 septembre 1938. Archivio Luce Cinecittà
Trieste, 150’000 personnes. Mussolini promulgue dix-neuf lois
contre la population juive. Le Juif est défini, ses droits sont restreints. Le lexique est guerrier :
« [L]’hébraïsme mondial […] un ennemi […] du fascisme ». La race ? Un outil de mobilisation.
80 ans plus tard ? Une plaque commémorative.
Consultez ici un article qui explore la question du racisme de Mussolini à travers son lexique.
Références bibliographiques pour approfondir la question Bernhard Patrick (2017), Colonial Crossovers: Nazi Germany and its Entanglements with Other Empires.
In : Journal of Global History. ISSN 1740-0228. 12(2), p. 206–227.
Heyriès. H (2021), Histoire de l’armée italienne, Paris, Éditions Perrin Heyriès. H in Lopez. J et Wieviorka.O (2023), Les grandes erreurs de la seconde guerre mondiale (Partie 7), Paris, Éditions Perrin Milza.P (2013), Conversations Hitler-Mussolini 1934-1944, Paris, Éditions Fayard Rosé. Jean-Christophe (2012), Mussolini-Hitler : L'opéra des assassins.
Les accords du Latran sont signés le 11 février 1929 par le Saint-Siège et le régime fasciste de Mussolini. Ils mettent fin à une période de séparation entre l’État et l’Église à la suite de l’unification italienne en 1870. Ces accords mènent à une reconnaissance mutuelle entre le Vatican et l’État italien. La religion catholique devient la religion d’État, l’enseignement religieux devient obligatoire, plusieurs édifices religieux sont protégés et le mariage est reconnu comme sacré.
Références bibliographiques pour approfondir la question Labanca Nicola, Outre-mer. Histoire de l’expansion coloniale italienne, UGA Editions, Grenoble, 2014 Del Boca Angelo, Italiani, brava gente ? Un mito duro a morire, Beat besteller, 2020.
Période d’instabilité politique, économique et sociale. L’idée d’une « victoire mutilée » se répand. Le parti socialiste prêche une révolution sans se donner les moyens de la réaliser, soutenant les ouvriers avant de leur refuser tout appui lorsqu’ils décident d’occuper une usine.
Quelle autre bâtisse « n'est plus complète et plus curieuse, […] centrale et merveilleusement, royalement belle, que cette Farnesina, entre légende et histoire, si riche, si variée, si gracieuse » ? Aucune, c’est donc là que se fait « le travail de glorification de l'esprit italien », selon Margherita.
Texte complet de l'article de Sarfatti téléchargeable ici.
Première page de l’article de Sarfatti dans la Rivista illustrata del Popolo d’Italia de 1927 (vol. 1).
C’est à la suite du don effectué par le Duce et entre les deux dates mentionnées que l’idée de lui attribuer un doctorat h. c. émerge, certainement dans des discussions entre P. Boninsegni et A. Reymond. L’interprétation historique la plus courante est que Boninsegni est à l’origine de la proposition.
Matteotti en tant que socialiste
Giacomo Matteotti est un socialiste très attaché aux valeurs démocratiques et aux idéaux de justice sociale. Il défend les droits des classes populaires, en mettant l’accent sur la lutte contre les inégalités sociales et économiques. En 1923, après la scission du PSI, il fonde avec Filippo Turati le Parti Socialiste Unitaire (PSU) en proposant un socialisme réformiste et avec le but de protéger les institutions démocratiques contre la montée du régime de Mussolini . Il critique l’inaction des socialistes face à la montée du fascisme et la corruption institutionnelle qui renforce Mussolini.
Notes sur le fascisme
Les Accroches
Created on May 27, 2025
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Notes sur le fascisme
La "brava gente" en Lybie
Par les étudiant·es du cours-séminaire "Histoire politique et sociale de l'Europe au XXe siècle: l'invention du fascisme", donné par la Prof. Stefanie Prezioso au semestre d'automne 2024.
Libera Stampa
L'axe Rome-Berlin
Giacomo Matteotti
Fascisme et religion
La Grève générale de 1918 en Suisse
Fascisme et femmes : Margherita Sarfatti
La fusillade du 9 novembre 1932 à Genève
Le corporatisme fasciste à l’Université de Lausanne
Le Pacte d'Acier
Les lois raciales et racistes
Mussolini, le fascisme et les représentations visuelles
L'invasion fasciste de l’Ethiopie
La contre-révolution fasciste 1919 – 1922
Fascisme et sport
Les lois fascistissimes
Une carte forcée?
Le Pacte d’Acier
En quoi le Pacte d'Acier a-t-il progressivement marginalisé Mussolini dans son alliance avec Hitler ?
Entre ambition et réalité, lorsque le fascisme italien rencontre le nazisme allemand
Karine Coly
Le Pacte d'Acier, signé le 22 mai 1939, officialise une alliance militaire entre l'Italie fasciste de Mussolini et l'Allemagne nazie dirigée par Hitler. Cet accord engage les deux nations à se soutenir mutuellement de manière immédiate en cas d'entrée en guerre de l'un des deux signataires. Conçu pour unir les deux régimes autour d'intérêts stratégiques communs, le pacte révèle rapidement un déséquilibre important entre les deux États, ainsi que dans la relation entre Hitler et Mussolini. Tandis qu'Hitler consolide son influence à travers une Allemagne militairement rétablie de la Première Guerre mondiale, Mussolini peine à suivre, contraint par les faiblesses économiques et militaires de son pays (Rosé, 2012). Cette asymétrie dans l'alliance conduira à une marginalisation progressive de Mussolini. Ce déséquilibre se manifeste notamment à travers trois évènements majeurs : l'invasion de la Pologne en 1939, l'invasion de la Grèce en 1940 et l'opération Barbarossa en 1941.
La signature du Pacte d'Acier, le 22 mai 1939 à Berlin, Istituto Luce. On y aperçoit nottament asis au premier plan (de g. à d.): Galeazzo Ciano, Adolf Hitler et Joachim von Ribbentrop.
Le corporatisme fasciste à l’Université de Lausanne
Cours, conférences et thèse: découvrez comment l’UNIL a promu le corporatisme fasciste entre 1930 et 1934
Hadrien Burnand
Le régime fasciste réorganise à partir de 1926 les associations d’employés et d’employeurs en un nombre restreint de syndicats d’Etat, à qui il délégue des compétences économiques et sociales. Il leur interdit ensuite de s’affronter via des grèves et des lock-outs et les oblige à négocier. Ce système socio-économique prend le nom de «corporatisme fasciste». L’Italie fasciste prétend ainsi avoir mis fin à la lutte des classes, en créant une "troisième voie" entre socialisme et libéralisme. En réalité, elle met au point une structure autoritaire pour contrôler les syndicats et l’économie. En 1930 et 1934, l’Université de Lausanne invite des intellectuels fascistes à donner des conférences en lien avec le corporatisme fasciste, sous l’impulsion de Pasquale Boninsegni. Raymond Devrient rédige également une thèse de doctorat sur ce sujet en 1931. Ces conférences et cette thèse ne proposent pas une perspective critique mais font au contraire la promotion de l’organisation sociale fasciste.
Portrait de Carlo Costamagna
Raymond Devrient en 1987
Le soir du 9 novembre, des milliers de manifestants se rassemblent devant la salle communale dans le but de stopper le meeting. La police est vite dépassée et demande alors l’intervention des soldats. Une fois au milieu de la foule, les militaires sont rapidement repérés et pris à partie. Les soldats se replient et se retrouvent acculés devant l’ancien palais des expositions. La foule les encercle, et les officiers ordonnent à plusieurs reprises la dispersion. À 21h34, le lieutenant Burnat donne l’ordre de faire feu. Treize personnes sont tuées et 65 blessées.
La fusillade du 9 novembre 1932
La répression sanglante d’une protestation ouvrière à Genève
Lucas Bänteli, Noel Gillieron, Théophile Michod
En 1977, l'émission Temps Présent revisite cet épisode tragique de l'histoire romande à travers le témoignage des jeunes recrues présentes ce jour-là.
À l'aube des années 1930, la Suisse, comme le reste de l'Europe, est un lieu où les affrontements deviennent de plus en plus directs entre formations politiques. Dans ce contexte, au sein d’une Genève déjà ultra-polarisée, le parti d’extrême droite de l’Union nationale décide de procéder à une mise en accusation publique des deux principaux dirigeants du Parti socialiste : Léon Nicole et Jacques Dicker. Ils accusent Nicole et Dicker de « préparer la guerre civile » et invitent la population à se présenter au procès le 9 novembre à la salle communale de Plainpalais.
Compte tenu de la violence de l’accusation, le Parti socialiste demande au Conseil d’État genevois d’annuler ce procès public. Ce dernier refuse catégoriquement. Le Parti socialiste genevois (PSG) appelle donc les ouvriers genevois à se mobiliser pour stopper le procès. Le Conseil d’État prend peur et demande au gouvernement fédéral de mobiliser l’armée pour contenir les manifestants. Le Conseil fédéral, après hésitation, accepte d’envoyer des soldats d’une école de recrues située à Lausanne.
L'axe Rome-Berlin
1935
9 octobre
Formé en 1936, l'axe Rome-Berlin était une alliance militaire, économique et stratégique entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste.
1936
1er novembre
Naemi de Trey, Michael Bürki, Sammuel Bovigny et Léo Fischer
L’axe Rome-Berlin (1936-1945) a joué un grand rôle dans le déroulement de l’équilibre européen avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la première moitié des années 1930, une alliance entre l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie semblait inimaginable. L’Italie était beaucoup plus proche des démocraties occidentales. Les sanctions économiques de la part de la Société des Nations à l’encontre de l’Italie en 1935, à la suite de son invasion de l'Éthiopie, ont fortement influencé la formation de cette alliance. Le 1er novembre 1936, Benito Mussolini proclame l’axe Rome-Berlin lors d’un discours. Cette annonce fait suite à la signature d’un protocole secret datant du 23 octobre de la même année. En 1940, Adolf Hitler voit son allié italien le rejoindre dans la Seconde Guerre mondiale à partir du 10 juin. Lors de l’année 1941, le transit de marchandises et de personnes entre ces deux grandes puissances bat son plein, surtout via la Suisse. Le 10 juillet 1943, les Alliés envahissent la Sicile, ce qui précipite la chute de l’alliance entre Adolf Hitler et Benito Mussolini en 1945.
1940
10 juin
1941
En Suisse
1943
10 juillet
1945
28 avril
L'invasion fasciste de l'Ethiopie
La guerre italo-éthiopienne débute le 3 octobre 1935 et se termine le 5 mai 1936 avec l’occupation d’Addis-Abeba par les troupes italiennes. Ce conflit marque la fin des relations diplomatiques tendues entre l’Italie, désireuse d’affirmer sa puissance coloniale, et l’Éthiopie, dernier État indépendant d’Afrique. L’Italie fasciste, menée par Mussolini, cherche à “venger” la défaite d’Adoua en 1896 et à imposer sa suprématie, motivée par une idéologie raciale et impérialiste. Deux fronts principaux se dessinent : au nord depuis l'Erythrée, et au sud depuis la Somalie italienne. L’idéologie fasciste de Mussolini glorifie la violence et justifie l’usage de méthodes brutales, notamment les armes chimiques, pour renforcer la domination italienne. La guerre se conclut par la prise d’Addis-Abeba et la création de l’Afrique orientale italienne regroupant le territoire éthiopien avec les colonies d’Erythrée et de la Somalie italienne. Ce conflit met en lumière l’inefficacité de la Société des Nations face aux agressions des puissances fascistes.
« Ô Ethiopie ! Nous patientons depuis quarante ans, maintenant ça suffit ! »
Benito Mussolini : discours radiodiffusé du 2 octobre 1935
Jules Sciboz, Aman Yigzaw, Vincent Magnenat, Andrea Rochat
Bibliothèque nationale de France, journal l'Humanité 3 octobre 1935.
Vu de Suisse Encore choquée par la grève générale de 1918, la classe dirigeante suisse voit d’un bon oeil l’émergence du fascisme et de son anticommunisme viscéral. Cette sympathie se traduit par une politique diplomatique conciliante à son endroit. Si, comme requis par la Société des Nations, la Suisse sanctionne l’Italie pour son agression de l’Éthiopie, elle est aussi le premier Etat neutre à reconnaître officiellement l’Impero en 1936. Le philo-fascisme bourgeois s’exprime aussi dans la presse libérale vaudoise : la colonisation fasciste en Libye y est vantée, la propagande du régime abondamment relayée. Seule la presse socialiste dénonce fermement ses crimes.
La « brava gente » en Libye
Aux colonies, l’histoire d’une violence refoulée
Andrea Rochat
Histoire niée En Libye, l’Italie se heurte depuis 1911 à une résistance indigène féroce, empêchant le contrôle total du pays. L’arrivée au pouvoir du fascisme marque alors un tournant : la violence contre les autochtones s’exacerbe et culmine dans la décision de déporter et d’interner la population civile dans des camps de concentration afin d’isoler la rébellion. La conquête du pays est ainsi acquise, mais la famine, les punitions, les maladies ont raison de beaucoup d’internés. Le bilan humain est si terrible que maints historiens s’accordent pour parler de génocide. Au lendemain de la guerre, l’Italie républicaine s’efforce d’occulter ces crimes de la mémoire collective.
Un modèle insoupçonné Le fascisme fait l’objet de préjugés tenaces. Sa dépiction en un régime soumis au nazisme en fait partie. Après la guerre, ce poncif a été utilisé pour le dédouaner de ses crimes et minimiser sa convergence idéologique avec son allié allemand, notamment sur la question du racisme. Pourtant des travaux récents infirment cette interprétation. Pour les nazis, le fascisme fait figure de pionnier en matière coloniale ; ses politiques de ségrégation raciale, ses infrastructures, comme ses pratiques répressives en Africa italiana servent de modèle à la planification de l’expansion allemande à l’Est et en Afrique centrale.
Fascisme et religion
L’EIA est une organisation qui cherche à lutter contre le communisme à travers un réseau d’influence international. À sa création, le thème religieux se situe à l’arrière-plan de ses discours mais dans les années 1930 il prend de plus en plus d’importance. En 1933, l’EIA fonde ainsi une section spécialisée dans la lutte anticommuniste au sein des milieux religieux nommée Pro Deo. L’EIA collabore avec Mussolini en échangeant des informations et en recevant des financements de la part du régime fasciste. Dans les années 1930, l’EIA puis Pro Deo sont très proches de l’Antikomintern, une organisation anticommuniste nazie, grâce à laquelle ils reçoivent soutiens et financements leur permettant de mener une lutte religieuse anticommuniste.
Les relations entre l’Église et le fascisme sont tout au long de l’entre-deux-guerres rythmées par des compromis, des alliances, mais aussi des différends. Notamment, sur l’éducation qui est fondamentale dans la construction de la société selon leurs visions respectives qui, malgré leurs points communs, sont concurrentes.
Dans l'entre-deux-guerres, l'articulation entre le fascisme et la religion prend des formes différentes en fonction des pays.
Noémi Weber et Arno Freiburghaus
En Italie L’Église catholique italienne est la seule institution non fasciste qui reste autorisée sous le fascisme. Cette particularité s’explique par l’atout que représente la religion catholique pour assimiler les masses au fascisme et pour donner une crédibilité internationale au régime. Malgré la violence et le caractère antidémocratique du fascisme, l’Église catholique ne s’oppose pas au régime de Mussolini car elle perçoit en lui un allié lui permettant de remettre l’autorité de Dieu au centre de la société, à l’instar du communisme bolchévique et du libéralisme des Lumières qui mettent l’Homme et la liberté de conscience au centre de leur projet en évacuant Dieu.
Le Cardinal Pietro Gasparri et Benito Mussolini signent les accords du Latran le 11 février 1929 dans le Palais du Latran.
Et en Suisse ? En Suisse, certaines églises sont proches des mouvements nationalistes d’extrême-droite en raison d’un anticommunisme commun. On retrouve ce rapprochement notamment dans l’Entente Internationale Anticommuniste (EIA), créée à Genève en 1924.
Couverture d’une brochure vendue lors de l’exposition sur les Sans-Dieu organisée par Pro Deo en 1934. ACV, Fonds William Rusterholz.
La contre-révolution fasciste 1912-1922
1918-1919
Sortie de la guerre
Dans l'italie d'après-guerre, le développement du fascisme et de ses faisceaux de combat mène à une violente « contre-révolution préventive »
Mars 1919
Fondation des faisceaux de combat
Alice Marion-Veyron
Entre 1919 et 1922, l’Italie connait de fortes perturbations politiques, économiques et sociales qui mènent Mussolini et les fascistes au pouvoir. De nombreuses grèves ont lieu, suivies par l’occupation des usines par les ouvriers dans tout le pays. Les partis ouvriers, dont le parti socialiste (dominé par la fraction maximaliste), remportent les élections de novembre 1919. Après la fondation des faisceaux de combat et leur stagnation jusqu’à l’été 1920, le nombre d’adhérents augmente brusquement, passant de 100 en juillet 1920 à 1000 en avril 1921. Les faisceaux de combat organisent des « « expéditions punitives » visant à détruire méthodiquement les institutions du socialisme (syndicats, maisons du peuple, bourses du travail, etc.), battre violemment ou tuer tous·tes celleux qui s’y trouvent afin de démettre les socialistes des positions de pouvoir. Le terme de « contre-révolution préventive » est avancé par le communiste Luigi Fabbri (1877-1935) pour souligner l’inexistence de la révolution que les fascistes prétendent contrer avec tant de violence.
20 Septembre 1920
Occupation des usines
1920
Entre légalité et illégalité
1921
Création du Parti national fasciste
L’esthétisme est au centre de la communication du régime de l’Italie fasciste à destination de sa population alors peu instruite. Cet esthétisme transmet, au travers du corps humain, de l’art et de l’architecture, un idéal de beauté repris de l'Antiquité romaine. Cela renforce le régime fasciste en faisant appel au sentiment national du peuple. Cet attrait pour l'Antiquité est appelé la romanità. C’est autour de celle-ci que se base le nationalisme du régime fasciste, car l’Empire romain est le seul moment où l’Italie, voulue par le projet fasciste, est unifiée. La romanità apparaît dans l’art fasciste par le biais de traits spécifiques dans les portraits qui rappellent des portraits antiques ou encore dans les bâtiments néoclassiques qui puisent leur inspiration dans l'Antiquité tout en y ajoutant une touche de modernité. L’art met en image le sentiment national et la grandeur de l’Italie fasciste qui se veut miroir de l’Empire romain. Un élément central de cette identité nationale est la figure de Mussolini. Ce dernier incarne en son corps la nation. La machine de propagande fasciste, grâce à l’art, fait en sorte que personne n’arrive à dissocier la nation italienne de la figure Mussolini. Cela permet la création d’un culte de la personnalité, qui confère au dictateur un statut quasiment divin. Il s’impose ainsi sur la totalité de la société fasciste italienne.
À travers l’art, Mussolini est vénéré comme une figure messianique par son peuple. Tout, que ce soit l’écriture d’articles de journaux, la rédaction de discours publics, ou encore l’art, est réfléchi par rapport à son opinion. Ainsi, les représentations visuelles servent à le présenter comme une figure indissociable du fascisme. Ainsi, le fascisme utilise l’art pour renforcer le sentiment d’appartenance nationale et le culte de la personnalité.
Mussolini, le fascisme et les représentations visuelles
Johann Bellwald et Inès Dupont
L’art est souvent utilisé en politique comme moyen de propagande afin d’acquérir le soutien des masses. C’est le cas dans le fascisme italien.
Peu nombreuses sont les femmes qui occupent la sphère publique comme Margherita Sarfatti dans l’Italie de Mussolini. Rédactrice en cheffe du Gerarchia, journal du régime, fondatrice du mouvement d’art le « Novecento », autrice de dizaines d’articles publiés dans le Popolo d’Italia, Sarfatti ne suit pas du tout le modèle féminin défendu par le régime fasciste. L’idéal-type de la femme italienne est celui de la génitrice, pas de l’intellectuelle à plein-temps. En 1926, Margherita recommande à Mussolini de fonder l’Accademia d’Italia qui aurait pour but de donner une ligne directrice à la production culturelle en Italie. C’est dans la villa Farnesina, vestige de la Renaissance à Rome que siège l'Académie.
Margherita Sarfatti La fabrique d’un mythe et d’une esthétique fascistes
C’est en 1912, alors qu’elle tient une rubrique de critique d’art dans l’Avanti !, journal du parti socialiste italien, que Margherita Sarfatti, féministe et intellectuelle juive, rencontre Mussolini qui en est le directeur. Très vite, ils se rapprochent : Margherita devient son amante et sa conseillère et le suit jusque au début des années 1930 avant que les lois antisémites ne la forcent à s'exiler. En 1925, elle rédige Dux, la biographie de Mussolini, dans laquelle elle dessine le portrait d’un homme né pour devenir chef d’Etat. Le livre se vend à 1,5 millions d’exemplaires en Italie et devient un outil de propagande puissant contribuant à créer le mythe du duce.
Peu nombreuses sont les femmes qui occupent la sphère publique comme Margherita Sarfatti dans l’Italie de Mussolini. Rédactrice en cheffe du Gerarchia, journal du régime, fondatrice du mouvement d’art le « Novecento », autrice de dizaines d’articles publiés dans le Popolo d’Italia, Sarfatti ne suit pas du tout le modèle féminin défendu par le régime fasciste. L’idéal-type de la femme italienne est celui de la génitrice, pas de l’intellectuelle à plein-temps. En 1926, Margherita recommande à Mussolini de fonder l’Accademia d’Italia qui aurait pour but de donner une ligne directrice à la production culturelle en Italie. C’est dans la villa Farnesina, vestige de la Renaissance à Rome que siègera l’académie.
Yseult Ferry
L’influence culturelle italienne perdure au Tessin après la guerre : de 1946 à 1966, le projet « Premio Libera Stampa », un prix culturel de littérature italophone, est également attribué à d’importants intellectuels italiens. Dans les années 80 et 90 le journal entre en crise et essaie de se réinventer comme forum indépendant de la gauche tessinoise, toutefois celui-ci cesse d’exister en 1993.
Libera Stampa : La voix contestataire de l'autre côté de la frontière
Contre-information, lutte antifasciste et terre tessinoise
Francesca Sacchetti
Le journal tessinois Libera Stampa, fondé en 1913 par Guglielmo Canevascini et Paolo Bardazzi, naît comme organe de diffusion d’information des socialistes dissidents et, à partir du 1917, du PS tessinois. Dans une première période, le contenu est strictement socialiste, les articles concernent le travail, le salaire, les grèves etc., mais avec la montée du mouvement fasciste, la rédaction commence à s’intéresser massivement à ce quiest en train de passer en Italie. Quand la presse italienne applique de plus en plus la censure, Libera Stampa sert aux antifascistes italiens d'outil de contre-information : c’est le premier journal antifasciste en langue italienne d’Europe. En 1923 le régime fasciste interdit sa diffusion en Italie, mais la diffusion continue de manière clandestine.
Tonello, Canevascini et Barana à Libera Stampa, environ 1929. ID : 21346 [Archivio Fondazione Pellegrini-Canevascini].
Dans la rédaction de Libera Stampa collaborent des intellectuels italiens, dans la plupart des cas des fuoriusciti en terre tessinoise, qui ont la possibilité de partager ce qu’ils ont vécu dans leur chair. Ils peuvent continuer à mener leur lutte en dehors de l’Italie, désormais ravagée par la censure et la violence fasciste. La lutte antifasciste du journal n’est pas seulement informative : un réseau s’est organisé autour de la rédaction pour faciliter l’entrée de clandestins italiens et réunir l’aide matérielle et psychologique nécessaire aux réfugiés. Ces actions se font en collaboration avec le « Secours Rouge » et le groupe « Giustizia e Libertà ».
« Comment le brigand Mussolini prépare les élections en Italie », Libera Stampa, n°24, année XII, 29 janvier 1924, p. 3.
Les lois "fascistissimes"
1923
Réforme Gentile
L'abolition des libertés, la consolidation du pouvoir et la soumission de la population : l'impact des lois fascistes de 1926 sur la transformation de l'Italie en un état totalitaire
1923
Loi Acerbo
1925
Einat Prouff, Eva Geuggis, Rosalie Lehnherr
Loi sur les attributions et prérogatives du chef du gouvernement
Les lois fascistissimes de 1926 jouent un rôle central dans l’établissement du fascisme. Elles permettent au régime d’abolir les partis d’opposition, le Parti national fasciste est ainsi institué comme l’unique force politique et un état policier est instauré. L’OVRA, la police secrète, traque les comportements jugés antifascistes, même privés, grâce à un vaste réseau d’informateurs. Critiquer le régime ou posséder des ouvrages interdits peut conduire à des peines sévères prononcées par des tribunaux spéciaux. En tout, 160 000 Italiens sont surveillés, et près de 5 000 condamnés. Ces lois instaurent un climat de peur propice à la soumission totale de la population italienne. Parallèlement, les réformes éducatives de Giovanni Gentile consolident le contrôle du régime en remodelant l’école pour en faire un outil de propagande et éradiquer la pensée critique. Les programmes glorifient Mussolini ainsi que la guerre. Les enseignants, soumis au régime, participent à la formation d’une jeunesse docile et patriote, façonnant ainsi des "citoyens-soldats" au service du fascisme. L’éducation et la répression s'avèrent être les piliers du totalitarisme mussolinien.
1926
Loi pour la défense de l'État
1926
Loi sur la presse
1929
La fascisation des manuels scolaires
Fascisme et antisémitisme
Les lois raciales de 1938
25 septembre 1937
La rencontre
Emma Berthoud, Salomé Jacquet, Sam Johnson, Jade Weibel
5 août 1938
La promulgation des lois raciales, le 18 septembre 1938, devant la Piazza Unità d’Italia à Trieste par le Duce en personne, marque un tournant radical pour la population juive italienne et étrangère. Dès lors celle-ci est soumise à des restrictions sévères visant à terme leur exclusion de la vie italienne. En 1943, l’antisémisme connaît une accélération de la violence et mène à la déportation de nombreuses personnes. La soudaineté de ces mesures soulève des interrogations concernant un possible lien avec l’Allemagne nazie, au vu de la montée des régimes autoritaires en Europe et de l’alliance militaire italo-allemande. Afin de les légitimer, le Parti fasciste fait appel à la presse pour donner l’illusion que ces lois s’inscrivent dans une continuité historique italienne. La propagande antisémite sert donc à justifier et à légitimer les discriminations subies par les Juifs. Néanmoins, l’influence de cette propagande peut être discutée, car de nombreux organismes coercitifs ont encadré le bon déroulement d’un antisémitisme d’État. L’Italie n’est donc pas un moindre mal face au nazisme.
La Difesa della razza
18 Septembre 1938
La promulgation
1943
Le début des déportations
18 septembre 2018
La mémoire
Lors de son discours du 30 mai 1924 à la Chambre des Députés, il dénonce les fraudes électorales et le climat de violence ayant précédé les élections du 6 avril. Il réclame, au nom du Parti Socialiste Unitaire, l'annulation des élections. Ce discours marque la fin de sa carrière politique. En effet, le 10 juin 1924, Matteotti est assassiné par la Ceka, la police secrète du Parti national fasciste, chargée de persécuter les opposants au régime. Son assassinat suscite des réactions d'indignation dans toute l'Italie et même à l'échelle européenne. Il devient un symbole de la résistance, incarnant la lutte pour la liberté et pour la démocratie.
Giacomo Matteotti et la lutte contre le fascisme
Portrait signé de Giacomo Matteotti, avant 1924.
La dénonciation des violences et des manipulations du régime au nom de la démocratie et de la justice sociale
Daniel Cruz Pinheiro, Adelaide Filippini, Adam Bouzourene
Après la fin de la Première Guerre mondiale, l'Italie se trouve dans une situation de crise économique, sociale et politique. La révolution socialiste qui marque les années d'après-guerre échoue et cède la place à la montée du fascisme comme réponse réactionnaire. Giacomo Matteotti, membre du Parti socialiste, partage un socialisme pragmatique et moderne, défendant à la fois les droits des travailleurs et les principes démocratiques. Il s'oppose fermement au fascisme et critique régulièrement les violences exercées contre les travailleurs et les militants socialistes. De plus, il dénonce l'illégalité du fascisme en soulignant le mépris des principes démocratiques, notamment lors de l'octroi des pleins pouvoirs à Mussolini en 1922.
En outre, Matteotti conteste les revendications des fascistes concernant une supposée reprise économique due à leur régime, affirmant qu'elle résulte en réalité de la fin de la guerre et de l'arrêt des dépenses exceptionnelles qu'elle avait engendrées. En critiquant le fascisme, Matteotti met en lumière ses aspects négatifs et devient l'un des premiers à tenter de définir ce nouveau mouvement. Actif également sur la scène internationale, il participe aux débats sur l'après-guerre et sur les relations internationales et il condamne la violence fasciste et les échecs économiques du régime.
La thèse de la "carte forcée"
Octobre 1930
Boninsegni "sentinelle avancée du fascisme".
La thèse d’un choix forcé stipule que les acteurs concernés se sont sentis contraints à attribuer le titre au Duce. Regardons la chronologie sur laquelle repose l’interprétation de Jean-Christian Lambelet.
Juin 1936
Mussolini est informé qu'il va être solicité financièrement.
Loïc Biedermann
20 septembre-30 octobre 1936
Si la décision prise par l’UNIL s’explique par une dérive idéologique de l’institution, un auteur nous propose une autre lecture de ce choix. La thèse de J.-C. Lambelet repose sur le fait que des fuites d’informations ont mis au courant B. Mussolini du processus d’attribution du doctorat h.c. Sachant cela, les acteurs concernés se seraient alors sentis contraints d’attribuer le titre honorifique par crainte de provoquer un incident diplomatique avec l’Italie. L’auteur de ces indiscrétions est Pasquale Boninsegni, à la fois ami proche du Duce et président de l’Ecole des SSP. Cependant, cette thèse est largement déconstruite par plusieurs auteurs qui disent que, en utilisant seulement l’argument d’un choix forcé, J.-C. Lambelet déresponsabilise les acteurs qui ont participé à la décision et met sous le tapis l’allégeance répandue au fascisme dans la sphère académique et politique suisse. Bien que critiquable à plusieurs égards donc, la thèse de la carte forcée permet tout de même d’avoir une réflexion contemporaine sur l’autonomie des universités vis-à-vis du champ politique.
L'émergence de l'idée d'un d.h.c.
3-5 novembre 1936
Le Conseil d'État apprend que le Duce a été informé des débats en cours.
30 novembre 1936
Bonisegni sort de l'ombre.
2006
Les dangers de la thèse de la carte forcée présentés par François Vallotton.
L’homme nouveau Le concept de "l’homme nouveau" fasciste vise à rompre avec la décadence libérale pour renouer avec la grandeur de l’Empire romain. Pour Mussolini, cet homme doit être politique, religieux, guerrier et, indirectement, sportif. Le sport étant essentiel pour façonner physiquement et mentalement une génération jeune, forte et virile. Pensé pour une masse homogène et disciplinée, cet idéal collectif fait du sport un pilier du projet fasciste. Les champions, loin d’être des héros individuels, servent d’exemple pour éduquer physiquement et moralement le peuple, clé de la réussite du régime. Les gymnases et stades deviennent ainsi des symboles où triomphe une jeunesse nouvelle, un "homme nouveau".
Fascisme et sport
La propagande par « l’homme nouveau » et le pays moderne
Louis Magada
Tout au long de son existence, le fascisme a utilisé le sport comme outil de propagande pour promouvoir l'idéal de « l’homme nouveau ». Ce dernier incarne la virilité, la jeunesse et la discipline, puisant dans un passé glorieux tout en se projetant dans une modernité qui rompt avec les valeurs contemporaines de l'époque. Le régime transforme le sport en instrument de contrôle social et de rayonnement international, illustré par des infrastructures modernes et des événements tels que la Coupe du monde de football en 1934, véritable vitrine de l’Italie moderne. À travers des réformes sportives et une presse spécialisée, le sport diffuse les valeurs fascistes dans toutes les couches de la société. Toutefois, cette instrumentalisation révèle une tension entre apparences et réalités, notamment par le manque d’infrastructures pour les sports moins populaires et l’absence d’une amélioration générale des conditions sportives. C'est là toute l’ambivalence du projet fasciste : où le sport, bien plus qu’un divertissement, devient une arme idéologique façonnant un narratif au service du régime.
Le pays moderne Avec la Coupe du monde de football en ligne de mire, le parti investit dans des infrastructures modernes, rénovant ou construisant des stades comme le Stadio Nazionale ou le Stadio Mussolini, vitrines d’un pays à la pointe de la modernité. Mais derrière les apparences, le manque d’équipements pour d’autres sports comme l’athlétisme ou la boxe montre bien que tout cela relève plus du spectacle que d’un réel projet de développement sportif. Le Foro Italico, appelé à l’époque Foro Mussolini, est l’exemple parfait de la manière dont le régime fasciste mêle sport et propagande. Construit en 1928, ce complexe sportif à l’esthétique romaine abrite l’Académie fasciste d’éducation physique, conçue pour forger la jeunesse italienne à l’image de « l’homme nouveau ».
Une de la revue mensuelle illustrée "Lo sport fascista", 1928.
Cet ultimatum provoque une réponse violente du gouvernement, redoutant une "menace bolchévique". La grève générale de 1918 devient alors un moment marquant dans la lutte pour la justice sociale en Suisse, exposant les tensions entre classes et les craintes face aux révolutions sociales qui secouent l'Europe.
Grêve générale de 1918 : révolte ouvrière en Suisse
La grève générale de 1918, née de la colère ouvrière face à la crise économique d'après guerre révèle des tensions sociales profondes en Suisse. Ce mouvement, perçu comme une menace par les autorités, déclenche non seulement une répression violente, mais ouvre aussi la voie à des changements idéologiques majeurs.
Les membres du comité d'action et leurs défenseurs devant le tribunal militaire de la 3e division à Berne en mars ou avril 1919 (Archives sociales suisses, Zurich, F Fd-0002-03).
Durant la Première Guerre mondiale, bien que neutre, la Suisse subit les effets du conflit : fermetures des frontières, chômage croissant, inflation, et dégradation des conditions de vie. Tandis que les ouvriers s'appauvrissent et luttent pour survivre, les banques et industries suisses prospérent accentuant les inégalités. Face à cette injustice, une partie du prolétariat, menée par le comité d'Olten, formé en 1918 par des leaders syndicaux et socialistes, se mobilise. Inspirés par les mouvements sociaux européens, ils formulent des revendications audacieuses : AVS, droit de vote des femmes, semaine de 48 heures, scrutin proportionnel, réforme de l'armée, monopole d'Etat sur l'import-export, et baisse du prix du lait.
Mathilde Pralong, Accacia Joao, Nils Ramseyer et Laureen Dudoy
Déploiement de troupes sur la Waisenhausplatz à Berne pendant la grève générale. Archives fédérales suisses.
Pour en savoir plus sur la réaction des organisations patronales
Les premières lois visant à interdire l'opposition politique apparaissent en 1925. Toutefois, la « Loi Acerbo », proposée par Giacomo Acerbo et adoptée le 18 novembre 1923, introduit un système électoral majoritaire, renforçant le pouvoir du parti fasciste.
Photo de Giacomo Acerbo, le sous-secrétaire au Trésor dans le gouvernement de Benito Mussolini.
Cette loi accroît l’autorité du Chef du gouvernement. Il n’est plus responsable devant le Parlement, mais uniquement devant le roi. Il a la capacité de promulguer des décrets sans passer devant la Chambre ainsi que de destituer et nommer des ministres.
Carte postale du roi d’Italie Victor-Emmanuel III, entre 1924-1932
« Répression sans pitié. Persécution féroce de chaque juif, chaque francmaçon, chaque élément négatif pour notre race. Il faut en finir avec cette anti-race élue qui mine les bases de notre existence depuis des siècles, avec une fureur démoniaque. »
Roberto Farinacci, secrétaire du parti national fasciste, 1944.
Le gouvernement Giolitti, qui pense instrumentaliser le fascisme contre le socialisme, offre de nouvelles opportunités au mouvement. Celui-ci peut désormais s’appuyer sur les forces de police en plus de ses activités paramilitaires.
La création des faisceaux de combat, le 23 mars 1919, passe presque inaperçue dans la presse. Leur premier acte violent est le saccage et l’incendie du siège d’Avanti !, le journal du parti socialiste.
Les lois fascistissimes transforment les manuels scolaires en outils de propagande, ils sont uniformisés avec l’introduction du “livre d’État unique” qui glorifie Mussolini, la romanité et l’idéal fasciste. Illustrés de symboles guerriers, ces ouvrages façonnent une jeunesse dévouée au régime, incarnant le modèle du “citoyen-soldat”. Cette illustration d'un cahier d'écolier met en scène un enfant qui tient un fusil et un livre, symbolisant la nation militarisée. La régénération du citoyen passe par une éducation intellectuelle et militaire imposée par le fascisme, qui constitue les fondements de cette nouvelle société.
Source: Petrucci, Alfredo. Il libro della seconda classe. L’italiano nuovo, Roma, La Libreria dello Stato, 1936.
Extrait d'un manuel scolaire de 1936
Bibliographie
Pour J.-C. Lambelet, si le Conseil d’Etat a donné son aval à l’attribution du grade c’est pour éviter un incident diplomatique avec le Duce. Or, cette décision s’explique davantage par la proximité des élites politiques bourgeoises lausannoises avec le fascisme italien.
Pour en savoir plus
Sur Angelo Tonello Mauro Cerutti, Angelo Tonello, in Dictionnaire Historique de la Suisse. Renato Simoni, Antifascisti italiani da Lugano a Madrid, Bellinzona : FPC, 2021, p. 12. (IT) Sur Guglielmo Canevascini Gabriele Rossi, Guglielmo Canevascini, in Dictionnaire Historique de la Suisse. Biografia di Gugliemo Canevascini, Fondazione Pellegrini-Canevascini. (IT) Transmission en mémoire de Guglielmo Canevascini avec Marco Marcacci et Fabrizio Viscontini, Millevoci-RSI. (IT) Nelly Valsangiacomo, Storia di un leader. Vita di Guglielmo Canevascini 1886-1965, Bellinzona : Edizioni Casagrande, 2001, 480 p.
Image d’une session du tribunal spécial pour la défense de l’Etat. La plupart de ces photographies datent des années 1927 à 1943, période durant laquelle ce tribunal a été actif sous le régime fasciste italien.
Le 25 novembre 1926, Mussolini consolide sa dictature avec les « Provvedimenti per la difesa dello Stato ». Cette loi renforce le pouvoir fasciste par des mesures comme la peine de mort, la déchéance de nationalité et la création d’un tribunal militaire spécial.
Acteur clé de la Grève générale, le PSS défend le prolétariat avec des revendications claires : lui donner une voix et des droits. Les tensions sont vives et des arrestations suivront. Le PSS abandonne la voie révolutionnaire afin de s’adapter à la démocratie helvétique pour une intégration durable.
L’Antikomintern est une organisation qui dépend du ministère de la Propagande nazi, son rôle est de propager l’idéologie nazie dans les milieux conservateurs européens en utilisant la lutte anticommuniste. Comme l’EIA, elle rassemble des informations sur les communistes russes et européens, elle produit des documents et elle influence les milieux conservateurs. L’EIA considère que l’arrivée au pouvoir d’Hitler et de Mussolini a permis d’arrêter une partie du plan de bolchévisation mondial des communistes. Elle considère les régimes fascistes comme des remparts contre leur ennemi commun, ils sont donc alliés.
Cette première fuite a lieu à la suite de la réunion du sénat de l’UNIL pour discuter du 400ème anniversaire de l’institution. Le président du comité d’organisation, Arnold Reymond, évoque que peu après la séance, le Duce a été mis au courant des discussions et, de ce fait, il s’est senti obligé de le solliciter. Le Duce répond favorablement à cet appel et envoie un don de 1'000.- à l’UNIL le 20 septembre 1936.
Lettre de la BCV à Arnold Reymond, 10.09.1936 dans UNIL, Livre blanc de l’Université de Lausanne sur le doctorat honoris causa de Benito Mussolini, 1987, Lausanne, p.5.
Carlo Costamagna est un politicien fasciste et l'un des principaux théoriciens du corporatisme fasciste. Il est invité à donner trois cours publics à l’Université de Lausanne en février 1930. Lors d’un de ces cours, il déclare à propos du corporatisme fasciste que : « le principe de la liberté syndicale, cher à la démocratie sociale, est ainsi mis de côté ».
Programme des trois leçons de Carlo Costamagna de février 1930. ACV K XIII 369 4, UNIVERSITÉ DE LAUSANNE.
La lettre de P. Boninsegni adressée au Duce pour appuyer une demande des autorités vaudoises à l’Italie illustre la proximité entre les deux hommes et le fascisme : « En ma qualité de sentinelle avancée du fascisme, j’estime qu’il est de mon devoir de conseiller au Duce d’accomplir cet acte gracieux. »
Portrait de Pasquale Boninsegni. Présenté dans Jean-Christian Lambelet, Des palmes académiques pour Benito Mussolini. Le doctorat honoris causa de l’Université de Lausanne décerné au Duce en 1937. Une interprétation. Lausanne, L’Age d’Homme, 2004, p.38.
Pasquale Boninsegni, le professeur qui dirige cette thèse, entretient une correspondance regullière avec Benito Mussolini. Très content de cette thèse, il en envoie un exemplaire au dictateur.
Thèse de Raymond Devrient L’organisation syndicale et corporative en Italie (1931), BCUL, ZAT 4293
La Difesa della razza est une revue illustrée vouée à la propagande antisémite, mêlant des articles revisitant l’histoire et des iconographies stéréotypées à l’encontre des Juifs. Elle légitime ainsi les lois raciales et l'antisémitisme d'État en renforçant la diffusion de ces idéologies racistes.
Consultez ici l'article de Philippe Foro qui analyse le "racisme antique" du régime fasciste à travers l'exemple de cette revue.
"Difesa della Razza: Scienza, Documentazione, Polemica, QuesBonario, August 5, 1938".
Plaque commémorative de la promulgation des lois raciales de 1938 installée en 2018 à Trieste.
En mémoire des 80 ans de promulgation des lois raciales, la commune de Trieste appose à l’entrée de la Piazza Unità d’Italia une plaque sur laquelle nous pouvons lire : « Pour que les nouvelles générations se souviennent et soient vigilantes dans la sauvegarde des droits fondamentaux de liberté ».
Dans ses discours concernant la montée du nouveau régime, Matteotti avance souvent des arguments contre la violence fasciste. Aussi le 30 mai 1924, il dénonce la présence d'une milice paramilitaire fasciste qui joue un rôle déterminant dans la période pré-électorale. Il affirme que cette force armée a instauré un climat de terreur qui n'a pas permis un déroulement démocratique des élections. En effet, la milice empêche de voter pour un parti autre que le PNF et ne permet pas aux candidats de l'opposition de mener une campagne électorale.
Il y a une milice armée... (Interruptions à droite) qui a un objectif fondamental et avoué : celui de soutenir un Chef du Gouvernement bien identifié et désigné, à savoir le Chef du fascisme, contrairement à l’Armée qui elle obéit au Chef de l’État. [...] Il y a une milice armée, composée de citoyens issus d’un seul et même Parti, laquelle s’est donné ouvertement la mission de soutenir par la force ce Gouvernement même si celui-ci perdait l’assentiment des électeurs. (Interventions.) De plus, notamment... (Interruptions) en vertu de la loi électorale les miliciens en fonction ou mobilisés n’auraient pas dû voter ; cependant, dans les faits, partout en Italie et notamment dans les territoires ruraux nous avons constaté ces jours-là la présence de milices nationales en grand nombre... (Interruptions, bruits.)
Discours de Matteotti à la Chambre des Députés contre la violence fasciste , le 30 mai 1924
Réaction conservatrice des élites suisses et militarisation du conflit
Face à la menace d'une révolution sociale, les élites de droite suisses exploitent l'essor du fascisme en Europe pour instaurer un nationalisme extrême, centraliser le pouvoir et défendre un ordre social rigide. Depuis 1919, les chrétiens conservateurs occupent des postes clés au sein du Parlement et du gouvernement. Les milices armées, illégales mais soutenues par les autorités, répriment et intimident la classe ouvrière.
Les organisations patronales, en particulier l'Union Centrale des Associations Patronales suisses, déployent des efforts considérables pour préparer et contenir la grève générale. La circulaire n° 91 est destinée aux employeurs, son objectif est d'organiser la défense des intérêts patronaux face aux mouvements ouvriers. Elle donne différentes instructions : placarder des affiches dans les usines et informer des dangers de la grève, ne payer les salaires sous aucun prétexte ou encore faire usage de la police ou toute autre assistance pour pouvoir continuer le travail.
Consultez le texte complet de l'ordonnance ici.
Suite à de nombreuses grèves qui n’ont pas porté leurs fruits, et aux pressions des industriels, les ouvriers occupent les usines dans tout le pays. Si le mouvement impressionne les industriels, il n’aboutit pas à une réponse satisfaisante pour les ouvriers.
Les dangers d’une telle thèse est qu’elle masque « les marques de sympathie, voire d’admiration, d’une partie des élites politiques et économiques de Suisse romande envers le fascisme (…) au profit d’une explication circonstancielle qui vise à déresponsabiliser les acteurs de cet épisode ».
On retrouve différentes critiques faites à cette thèses, notamment dans les textes suivants : - Stéfanie Prezioso, « Doctorat honoris causa Benito Mussolini, histoire d’une mémoire chaude », Laboratoire italien [En ligne], 30 | 2023, mis en ligne le 01 septembre 2023. URL : http://journals.openedition.org/laboratoireitalien/10099 ; DOI : https://doi.org/10.4000/laboratoireitalien.10099 - F. Vallotton, « Compte rendu de : Jean-Christian Lambelet, avec la collaboration d’Olivier Robert, Des palmes académiques pour Benito Mussolini. Le doctorat honoris causa de l’Université de Lausanne décerné au Duce en 1937. Une interprétation, Lausanne, L’Âge d’Homme, 2004. », Revue historique vaudoise, 2006, p. 357-359. - F. Wisard, L’université vaudoise d’une guerre à l’autre. Politique, finances, refuges, Lausanne, Payot, 1998, pp. 196-213.
Références bibliographiques pour approfondir la question Cantini Claude, Le fascisme italien à Lausanne (1920-1943), Lausanne, Cedipis, 1976.
C’est dans cette troisième fuite d’information que P. Boninsegni est formellement identifié : il écrit une lettre au Duce pour lui informer de la décision du Conseil des SSP. L’ensemble de ces fuites amènent J.-C. Lambelet à considérer Boninsegni comme « l’œil lausannois et vaudois de Mussolini ».
L’exposition itinerante sur les Sans-Dieu organisée par Pro Deo passe par plusieurs villes suisses et européennes entre janvier 1934 et mai 1935. Le but de cette exposition est de montrer les dangers du communisme, de dénoncer les persécutions contre les chrétiens en URSS et de prouver la lutte antireligieuse mise en place par les soviétiques. De nombreuses photos et caricatures sont présentées dans l’objectif de choquer le public.
Références supplémentaires
Béguin, Jérôme. L’extrême droite genevoise : des origines à nos jours. Collection Archives vivantes. Yens sur Morges: Ed. Cabédita, 2007. Rey, Michel. Genève 1930 - 1933: la révolution de Léon Nicole. Histoire, sciences auxiliaires de l’histoire, 1978. Torracinta, Claude. Genève 1930-1939 : Le temps des passions. Tribune édition. Geneve, 1978.
Dans Dux, Sarfatti raconte l’histoire d’un « grand homme », « un de ces rares […] qui sont nés pour attirer l’admiration et la dévotion de tout autour d’eux ». On y découvre les qualités de cet « archétype de l’Italien », celui qui pourra redonner sa grandeur à l’Italie, tel un héros de l’Antiquité romaine.
Texte complet de Dux téléchargeable ici.
Couverture de Dux, édition Mondadori de 1929.
L’art est utilisé dans le culte de la personnalité de Mussolini pour représenter sa force, sa virilité et ses caractéristiques messianiques. Il est, aux yeux de ses partisans, un modèle idéal à suivre. Cette pièce fait son éloge comme fondateur de l’Empire italien, tel Auguste, fondateur l’Empire romain. Il est représenté de manière divine, étant placé parmi les nuages avec une lumière dorée illuminant son visage. Malgré ce rappel traditionnel, Mussolini est associé à la modernisation de l’Italie grâce à l'arrière-plan composé de rangées d’usines dont les cheminées actives symbolisent la prospérité.
L’Esposizione Universale di Roma (EUR), par sa structure symétrique, rappelle les villes antiques. Ses bâtiments d’architecture néoclassique associent la monumentalité de l’empire romain à un style plus contemporain. Le Palazzo della Civiltà Italiana est représentatif de cela. L’EUR est censé représenter la cité italienne idéale, soit une manifestation visuelle du régime. Sa localisation, entre Rome et la mer, exprime la volonté d’étendre l’empire fasciste jusqu’à la mer afin de mener à bien le projet fasciste de la mare nostrum, reproduisant les frontières de l’Empire romain à son apogée.
Arhchidap, Planimetria generale dell'Esposizione Universale di Roma del 1942.
29 September 1937. Adolf Hitler and Benito Mussolini on a car parade through Berlin. © Photo credit: Bundesarchiv, Bild 183-C13771.
Le 25 septembre 1937 marque la deuxième rencontre entre Hitler et Mussolini en Allemagne. C'est un moment crucial dans la genèse des lois raciales de 1938. En effet, la puissance du régime autoritaire nazi aurait donné envie à Mussolini de radicaliser son fascisme dans une perspective totalitaire.
Désormais, pour qu’un journal soit publié, il a l’obligation d’avoir un directeur reconnu par l’État. Le régime de Mussolini cherche à contrôler et institutionnaliser la presse qui en tant qu’outil de propagande de masse est une des ses préoccupations essentielles.
Photo de Giovanni Gentile (droite) et de Leonardo Saveri (gauche) au Ministère de l'Instruction publique, Rome, 1923.
Influencée par le néo-idéalisme porté par le philosophe Giovanni Gentile, la réforme réorganise l’éducation en hiérarchisant les filières et en favorisant les sciences humaines pour former une élite au service de l’État. Son modèle élitiste, aligné sur les idéaux fascistes, devient un outil clé pour diffuser la propagande et consolider le contrôle sur la société.
Consultez ici l'ouvrage de Giovanni Gentile, La Réforme de l'éducation
Plus d'ouvrages sur cette question
Le 9 novembre 1921 est fondé le parti national fasciste. C’est l’entrée du fascisme dans la politique institutionnelle. Les squadre (faisceaux de combat) sont réglementés. L’idée de la violence fasciste comme une légitime défense est défendue.
Le 10 juin 1924 : le déroulement du meurtre de Giacomo Matteotti
Giacomo Matteotti, ce mardi 10 juin 1924, sort de son domicile, 40 rue Pisanelli, aux environs de seize heures. Depuis son discours du 30 mai 1924, le député socialiste est sous protection policière. Cependant, les agents de police ne le suivent pas car l’ordre est de surveiller les alentours de son domicile. Un choix complaisant qui s’explique néanmoins par la récurrence des passages à tabac d’adversaires politiques dans les environs de leur domicile. Un an auparavant, le 19 mai 1923, Alfredo Misuri, adhérent fasciste et monarchiste dissident, suite à des commentaires proférés au Parlement italien contre la figure de Mussolini, est battu et menacé de mort le soir même devant son immeuble. La récurrence du modus operandi employé par les fascistes expliquerait le manque de moyen mis à disposition plus d’un an après, malgré la menace réelle. Ce jour-là, Giacomo Matteotti part en direction du palais Montecitorio, siège de la Chambre des députés italienne. Il ignore alors qu’un détachement de la Tchéka, composé d’Albino Volpi, Amerigo Dumini, Giuseppe Viola, Augusto Malacria et Amleto Poveromo, le prend en filature depuis quelques jours. Cette réaction du parti national fasciste (PNF) aurait été organisée par Giovanni Marinelli, membre important du parti et lieutenant dans la Tchéka, alors dirigé par Emilio De Bono . La surveillance du député serait liée premièrement à son combat antifasciste qu’il mène en Italie ainsi que dans le reste de l’Europe , puis dans un second temps à son dernier discours de mai 1924. Leur Lancia Lambda s'arrête au boulevard Arnaldo da Brescia, proche du domicile du député. Albino Volpi et Augusto Malacria sortent du véhicule et attaquent Matteotti. Malgré ses efforts, il est traîné dans la voiture où il est passé à tabac et poignardé . Il décède rapidement suite à ses blessures lors de la fuite de ses agresseurs. Le groupe se rend alors dans la commune de Riano, au nord de Rome. Pour une raison ou une autre, les assassins décident de déposer le corps au maquis de la Quartarella, à 25 kilomètres de la capitale. Le corps est retrouvé deux mois plus tard, dans la matinée du 16 août 1924, par le chien d'un des carabiniers de la région en patrouille dans la campagne proche de Riano. La découverte du corps de Matteotti provoque une grande indignation au sein de la société italienne ainsi que par les mouvements socialistes à travers l’Europe.
Depuis son enlèvement, les socialistes italiens, en signe de protestation face à cette attaque claire contre la démocratie, abandonnent le Parlement italien dès le 13 juin 1924. Une situation chaotique pour le gouvernement de Mussolini qui le pousse à exercer un semblant de justice. Il Duce fait arrêter les responsables de l’affaire en juillet 1924. Le 16 mars 1926, le procès de Chieti s’ouvre. Le lieu du procès semble avoir été choisi avec l’intention d’éloigner le plus possible le jugement de Rome, afin d’éviter les risques supplémentaires liés à une telle affaire. Après seulement neuf jours d’audience, le verdict tombe et, comme attendu dans un régime autoritaire fasciste, les peines sont dérisoires. Ses instigateurs, Giovanni Marinelli et Cesare Rossi, voient leurs peines être diminuées sous prétexte qu’ils sont uniquement impliqués dans l’enlèvement et non le meurtre de Giacomo Matteotti. Parmi les cinq assassins qui formaient le groupe du 10 juin 1924, Augusto Malacria et Giuseppe Viola sont acquittés, les trois autres, Amerigo Dumini, Albino Volpi ainsi que Amleto Poveromo, sont reconnu coupables de coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Ils sont condamnés à cinq ans, onze mois et vingt jours. Une peine bien maigre qui n’est que partiellement appliquée car, une loi d’amnistie du 31 juillet 1925, votée en prévision du procès, réduit les peines de quatre ans . Un véritable simulacre justifié par la complaisance des juges alliés au gouvernement en place qui ne reconnaissent pas la préméditation dans les actes ayant causé la mort du député. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 6 novembre 1946, peu de temps après la proclamation de la République italienne, la Cour de cassation revient sur le jugement rendu à Chieti vingt ans auparavant. L’affaire est réouverte dans un contexte complètement différent et moins complaisant à l’égard des fascistes. Néanmoins, seules trois personnes sont réellement condamnées : Amerigo Dumini, Amleto Poveromo et Augusto Viola. Ils sont premièrement condamnés à la réclusion à perpétuité, puis à trente ans de prison. Une peine qu’aucun ne purge dans sa totalité. Poveromo meurt en prison en 1953. Dumini est gracié en 1956. Viola avait été condamné en contumace, car il avait disparu depuis juillet 1943. Les autres responsables sont soit déjà décédés, comme Albino Volpi ou Giovanni Marinelli, soit amnistiés en accord avec les traités signés à la fin du conflit.
Le gouvernement Giolitti, qui pense instrumentaliser le fascisme contre le socialisme, offre de nouvelles opportunités au mouvement. Celui-ci peut désormais s’appuyer sur les forces de police en plus de ses activités paramilitaires.
Giacomo Matteotti : une voix internationale contre le fascisme
Giacomo Matteotti est une figure clé dans la dénonciation du fascisme sur la scène internationale, notamment par ses différents contacts. En 1924, il publie des critiques envers le régime de Mussolini dans des revues anglaises comme The English Life , attirant l’attention des démocraties libérales, notamment l’Angleterre. Son travail inspire des figures antifascistes comme Gaetano Salvemini, exilé aux États-Unis, qui sensibilise l’opinion publique mondiale après son assassinat. Matteotti entretint aussi des liens avec la Ligue des Nations pour mobiliser un soutien contre le fascisme.
Le discours de Mussolini du 18 septembre 1938. Archivio Luce Cinecittà
Trieste, 150’000 personnes. Mussolini promulgue dix-neuf lois contre la population juive. Le Juif est défini, ses droits sont restreints. Le lexique est guerrier : « [L]’hébraïsme mondial […] un ennemi […] du fascisme ». La race ? Un outil de mobilisation. 80 ans plus tard ? Une plaque commémorative.
Consultez ici un article qui explore la question du racisme de Mussolini à travers son lexique.
Références bibliographiques pour approfondir la question Bernhard Patrick (2017), Colonial Crossovers: Nazi Germany and its Entanglements with Other Empires. In : Journal of Global History. ISSN 1740-0228. 12(2), p. 206–227.
Heyriès. H (2021), Histoire de l’armée italienne, Paris, Éditions Perrin Heyriès. H in Lopez. J et Wieviorka.O (2023), Les grandes erreurs de la seconde guerre mondiale (Partie 7), Paris, Éditions Perrin Milza.P (2013), Conversations Hitler-Mussolini 1934-1944, Paris, Éditions Fayard Rosé. Jean-Christophe (2012), Mussolini-Hitler : L'opéra des assassins.
Les accords du Latran sont signés le 11 février 1929 par le Saint-Siège et le régime fasciste de Mussolini. Ils mettent fin à une période de séparation entre l’État et l’Église à la suite de l’unification italienne en 1870. Ces accords mènent à une reconnaissance mutuelle entre le Vatican et l’État italien. La religion catholique devient la religion d’État, l’enseignement religieux devient obligatoire, plusieurs édifices religieux sont protégés et le mariage est reconnu comme sacré.
Références bibliographiques pour approfondir la question Labanca Nicola, Outre-mer. Histoire de l’expansion coloniale italienne, UGA Editions, Grenoble, 2014 Del Boca Angelo, Italiani, brava gente ? Un mito duro a morire, Beat besteller, 2020.
Période d’instabilité politique, économique et sociale. L’idée d’une « victoire mutilée » se répand. Le parti socialiste prêche une révolution sans se donner les moyens de la réaliser, soutenant les ouvriers avant de leur refuser tout appui lorsqu’ils décident d’occuper une usine.
Quelle autre bâtisse « n'est plus complète et plus curieuse, […] centrale et merveilleusement, royalement belle, que cette Farnesina, entre légende et histoire, si riche, si variée, si gracieuse » ? Aucune, c’est donc là que se fait « le travail de glorification de l'esprit italien », selon Margherita.
Texte complet de l'article de Sarfatti téléchargeable ici.
Première page de l’article de Sarfatti dans la Rivista illustrata del Popolo d’Italia de 1927 (vol. 1).
C’est à la suite du don effectué par le Duce et entre les deux dates mentionnées que l’idée de lui attribuer un doctorat h. c. émerge, certainement dans des discussions entre P. Boninsegni et A. Reymond. L’interprétation historique la plus courante est que Boninsegni est à l’origine de la proposition.
Matteotti en tant que socialiste
Giacomo Matteotti est un socialiste très attaché aux valeurs démocratiques et aux idéaux de justice sociale. Il défend les droits des classes populaires, en mettant l’accent sur la lutte contre les inégalités sociales et économiques. En 1923, après la scission du PSI, il fonde avec Filippo Turati le Parti Socialiste Unitaire (PSU) en proposant un socialisme réformiste et avec le but de protéger les institutions démocratiques contre la montée du régime de Mussolini . Il critique l’inaction des socialistes face à la montée du fascisme et la corruption institutionnelle qui renforce Mussolini.