A missione
helbronner
Un’epupea scintifica è umana par’ssi alti monti corsi
Da scopre quì
La corse sous l'oeil
d'helbronner
Une épopée scientifique, technique et humaine dans la haute montagne corse
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BenvinutuBienvenue
Soyez les bienvenus dans cette exposition virtuelle consacrée à Paul Helbronner. Alpiniste, explorateur et géodésien, il entreprit en1925 de réaliser le rattachement géodésique de la Corse au continent français et de préciser l'altitude d'un certain nombre de sommets insulaires. À l'occasion du centenaire de " la mission Helbronner ", découvrez cette épopée scientifique et humaine hors du commun...
L’omu è u metudu
L'homme et la méthode
A Corsica trà scenza è mitu
La corse, entre science et mythe
A spidizioni di u 1925
l'expédition de 1925
Risultati è pusterità
Résultats et postérité
Qui était Paul Helbronner ?
L'homme et la méthode
Alpiniste, ingénieur, artiste …
Paul Helbronner naît en 1871 à Compiègne. À sa sortie de polytechnique en 1894, et après un bref passage dans l’artillerie, il travaille aux aciéries de Pompey en Lorraine. Peu satisfait des cartes officielles qui ne contiennent que peu de relevés détaillés et précis de la haute montagne, il propose dès 1902 au Club Alpin Français d’établir des cartes à grande échelle. À partir de cette date, il va consacrer le reste de sa vie à sa passion de la montagne et entreprendre un gigantesque travail de cartographie entre 1903 et 1928 dans les Alpes françaises et en Corse. Ce travail, initié au départ avec Henri et Joseph Vallot, sera poursuivi sur ses fonds propres avec le soutien de l’armée française.
chapitre 1
Henri et Joseph Vallot
L'homme et la méthode
Dans les Alpes, il cartographie 20 000 km², effectue 8 500 points de visée, stationne sur 1 818 sommets et autres points remarquables dont 151 au-dessus de 3 000 mètres. Il prend plus de 15 000 clichés dont de nombreux panoramas circulaires depuis les sommets les plus importants. En 1925, il réalise une méridienne en Corse et la jonction géodésique directe de la Corse avec le continent. Il publie ses travaux dans 12 volumes et deux atlas sous le titre Description géométrique détaillée des Alpes françaises . Nommé membre de l’Académie des Sciences en 1927, il s’éteint en 1938 à Paris. Une pointe, située dans le massif du Mont Blanc à 3462 m d’altitude, porte aujourd’hui son nom.
chapitre 1
L'homme et la méthode
La triangulation
Pour créer une carte, on utilise une méthode appelée triangulation. Elle commence par une ligne de base (appelée méridienne), à partir de laquelle on trace des triangles. Ces triangles servent ensuite de cadre pour mesurer le terrain.
Grâce à la trigonométrie, on peut calculer une distance si l’on connaît la longueur d’un côté et deux angles du triangle.
chapitre 1
À la fin du XVIIIe siècle (vers 1770), Jean-Joseph Tranchot (1752 – 1815), après avoir réalisé avec soin une méridienne allant de la tour de Tollare aux environs de Borgu, trace 91 triangles principaux. Ce travail permet de dresser, sous la direction de Testevuide et Begedis le plan Terrier de la Corse à l’échelle d’environ 1/10000, le tout présenté sous la forme de 39 rouleaux.
L'homme et la méthode
Tranchot Jean Joseph (1752 – 1815) Il réalise entre 1787 et 1793 la triangulation de la Corse en vue de la réalisation du plan Terrier. Il effectue ensuite la cartographie de certaines îles méditerranéennes, puis participe à la mesure de l’arc méridien de la France. La mesure qui en résulte va servir à définir l’unité de longueur du système métrique : le mètre.
Qu'est ce qu'une méridienne ?
chapitre 1
Le plan terrier
L'homme et la méthode
De 1770 à 1795 une équipe de géomètres, sous la direction de Testevuide et Begedis, va cartographier l’état de la Corse sous la forme de 39 rouleaux. Les plans fournissent des informations sur le patrimoine : fontaines, chemins, lieux dits, cultures, etc. Ils sont accompagnés de volumes descriptifs dans lesquels l’état des propriétés est précisé. Il s’agit d’un document remarquable qui fournit un état de la Corse à la fin du XVIIIe siècle.
chapitre 1
la triangulation de durand
Le capitaine Adrien Durand (1787 – 1835) est nommé Ingénieur géographe après sa sortie de polytechnique. Il réalise en 1827, cent ans avant Helbronner, le premier rattachement géodésique de la Corse au continent. Il vise pour ce faire, le sommet du Cintu et la falaise est de la Paglia Orba depuis plusieurs sommets provençaux. Hélas, la faible distance entre les deux sommets corses (moins de 7 kilomètres et la difficulté de viser un point précis à la Paglia Orba rendent ses calculs très peu précis.
La triangulation de 1863 : le Cintu détrône le Ritondu
L'homme et la méthode
Le Capitaine (futur général) François Perrier (1833 – 1888) réalise au début des années 1860 une nouvelle triangulation de la Corse. C’est à cette occasion que le Monte Cintu détrône le Monte Ritondu comme point culminant de la Corse. Cette campagne est destinée aux levés de la carte au 1/80000e, la première carte dite d’Etat Major. Le relief y est représenté sous la forme de hachures. Il est le créateur de l’observatoire du Mont Aigoual dans les Cévennes.
chapitre 1
La géodésie et les instrumentsde mesure
L'homme et la méthode
Au sommet des trois grandes montagnes corses, le Cintu, le Ritondu et le Stellu, Paul Helbronner installe un instrument de mesure équipé d’une lunette de visée. Cet appareil va lui permettre de viser les points lumineux situés sur le continent et de mesurer avec précision les angles entre deux repères. Lorsque les conditions météo sont favorables, il répète les mesures plusieurs fois. Son cercle azimutal est muni d’un micromètre qui permet des mesures d’angle extrêmement précises. Helbronner y ajoute même un éclairage intégré qui lui permet de réaliser des mesures nocturnes.
Les sommets choisis sur le continent — le Mont Coudon (702 m) et La Sauvette (779 m) près de Toulon, ainsi que le Mont Chauve (840 m) et le Mont Agel (1 149 m) autour de Nice — ont été sélectionnés pour être observables au-dessus de l’horizon visible depuis les hauteurs corses.
chapitre 1
Du graphomètre au théodolite
L'homme et la méthode
chapitre 1
Les instruments de mesure utilisés par Helbronner
Les instruments de mesure utilisés par Helbronner
L'homme et la méthode
chapitre 1
une île au coeur de la Méditerranée
la corse entre science et mythe
Dès le XVe siècle, la position centrale et stratégique de la Corse en Méditerranée occidentale est rapidement définie.
Néanmoins, la forme générale de l’île est plus longue à être établie : la représentation de l’intérieur nécessitera ainsi plusieurs siècles afin d'être progressivement précisée.
La montagne et son lac central d’où s’échappent trois fleuves (Liamone, Golu et Tavignani) symbolise bien la mauvaise connaissance du relief de la plus montagneuse des îles de la Méditerranée.
chapitre 2
une île au relief insaisissable
la corse entre science et mythe
Les représentations anciennes de la Corse et de ses montagnes : un défi cartographique
Un vrai défi se pose : comment représenter sur une feuille plane la courbure de la Terre et le relief montagneux ?
Au fil du temps, plusieurs techniques vont être utilisées :Les « taupinières » : des petits monticules dessinés en perspective pour figurer les montagnes ;Le surlignage à plat : comme sur le Plan terrier, où les zones élevées sont surchargées pour marquer le relief ;Les hachures avec ombrage : elles donnent une bonne impression d’ensemble du relief, mais, dans le détail, les zones élevées sont difficilement lisibles ;
Les courbes de niveau : elles ne se généralisent qu’avec l’arrivée de la photographie aérienne, et surtout de la stéréophotographie, qui permet une lecture fine et fidèle du relief.
chapitre 2
Voir le continent depuis la corse
la corse entre science et mythe
Mirage ou réalité ?
La courbure de la Terre limite la visibilité directe entre la Corse et le continent – et réciproquement.
Pourtant, contrairement à ce que l’on peut entendre, lorsque l’île est visible depuis un point du continent, il ne s’agit pas d’un mirage, mais bien d’une vision directe et réelle rendue possible par deux conditions :
- que l’atmosphère soit suffisamment transparente ;- et que les points d’observation soient suffisamment élevés aussi bien en Corse que sur le continent.
Pour aller plus loin :
Une question de hauteur et de distance
Ce que l'on peut (ou ne peut pas) voir
Et la réfraction atmosphérique ?
chapitre 2
la corse entre science et mythe
Le panorama des alpes italiennes depuis Calvi
chapitre 2
la corse entre science et mythe
La corse vue depuis le continent français
Vue depuis le mont Coudon
Cette image a été prise dans le proche infrarouge depuis le sommet du mont Coudon (700 m). Il s’agit de l’un des quatre sommets du continent où étaient placés les projecteurs qu’Helbronner cherchait à observer depuis la Corse.
Qu'est ce que le proche infrarouge ?
chapitre 2
la corse entre science et mythe
Un clin d'oeil de toscane
Le photographe positionné sur le Monte Cintu observe et photographie l’Italie dans le secteur de la Toscane. Un ami situé dans les Apennins a allumé les phares de son véhicule en direction de la Corse. Il reproduit ainsi les opérations réalisées par Helbronner qui cherchait, depuis les trois sommets corses, à observer les projecteurs allumés sur les quatre sommets provençaux.
chapitre 2
La préparation d’un exploit scientifique
L'expédition de 1925 en Corse
L’idée initiale : la jonction directe entre la Corse et la Provence
« C’est à la suite de la terminaison heureuse de mes opérations de la chaîne méridienne des Alpes françaises, que mon esprit se trouva de plus en plus attiré vivement par le brillant mais délicat problème de la jonction directe avec la côte de Provence … Dès le mois de décembre 1924, il s’était imposé à moi avec l’obsession d’une idée fixe… ». Paul Helbronner
À la fin de ses travaux sur la méridienne des Alpes françaises, Paul Helbronner se lance un nouveau défi : relier géodésiquement la Corse au continent, grâce à des observations à grande distance.
Pour cela, il prévoit de capter, depuis divers sommets corses, la lumière émise par des projecteurs placés sur plusieurs montagnes du continent.
Le choix des sommets corses
Une préparation minutieuse
chapitre 3
L'expédition de 1925 en Corse
Au sommet du ritondu
Installé au sommet du monte Ritondu, Paul Helbronner entame un long séjour d’observation du 31 juillet au 13 août 1925.
Après plusieurs nuits de veille sans qu’aucun signal ne soit visible, le découragement commence à s’installer…
chapitre 3
La nuit décisive
Quand l'attente prend fin
L'expédition de 1925 en Corse
« Pourrais-je alors décrire l’émotion – pour ne pas dire la commotion- qu’il me fut donné d’éprouver, lorsque tout à coup, vers 20 h 30 mn, un petit point rouge très net, indubitable, apparut sur le champ obscur de ma lunette pointée en direction calculée de la Sauvette ? Dans cette seconde inoubliable probablement jusqu’à la fin de ma vie, moment culminant et véritable synthèse d’une demi-année entière, semblent se fondre subitement les notions de temps et d’espace… »
chapitre 3
Paul Helbronner Nuit du 6 août 1925
Au sommet du ritondu
L'expédition de 1925 en Corse
Trois nuits pour un exploit
Deux autres nuits favorables complètent cette première observation. Au final, Helbronner parvient à obtenir toutes les séries de mesures nécessaires pour sa triangulation entre la Corse et le continent. De multiples défisCette réussite repose sur une organisation très complexe, notamment pour l’époque :- une météorologie favorable aussi bien en Corse que sur le continent ;
- la mobilisation de très nombreux collaborateurs civils et militaires ;
- une synchronicité sur la durée entre l’allumage des signaux sur le continent et les observations en Corse.
chapitre 3
L'expédition de 1925 en Corse
Au sommet du Cintu
Un éclat intense
Le séjour de Paul Helbronner au sommet du Cintu se déroule du 18 au 30 août 1925. Il est marqué par un évènement dramatique : un véritable ouragan s’abat sur le Cintu et détruit le refuge dans lequel il était installé. Il échappe miraculeusement à une grave blessure.
Malgré les dégats, le refuge est réparé et Helbronner reprend ses observations.
Il parvient à observer, une première fois, trois des projecteurs continentaux et celui du Stellu, en Corse.
chapitre 3
Mais lors d’une nuit inoubliable pour Helbronner, il concrétise son projet.
L'expédition de 1925 en Corse
Pendant huit heures d’affilée, Helbronner enchaîne les observations et les mesures, dans des conditions extrêmes.
Cette nuit symbolise l’aboutissement de mois de préparation et représente pour lui l’un des sommets de sa carrière scientifique.
chapitre 3
Au sommet du STellu
L'expédition de 1925 en Corse
Le séjour au sommet
Au début du mois de septembre 1925, Paul Helbronner s’installe pour neuf jours au sommet du Monte Stellu (1 305 m), dans un abri spécialement construit. Depuis ce point stratégique, il réalise ses dernières observations depuis l’île.
chapitre 3
Au sommet du STellu
L'expédition de 1925 en Corse
Dernières observations de la Corse
Après un mois et demi passé sur les sommets de l’île, Helbronner entame la dernière phase de son expédition. Entre septembre et octobre, il stationne sur les quatre sommets continentaux pour réaliser les visées réciproques : il observe alors les sources lumineuses installées sur les sommets corses, complétant ainsi la triangulation entre l’île et le continent.
chapitre 3
En savoir +
Les variations d'altitude des sommets corses
une jonction réussie
résultats et héritage
Le raccordement géodésique de la Corse au continent
L’objectif principal de la vingtième mission d’Helbronner était ambitieux : raccorder géodésiquement la Corse au continent français. Grâce aux mesures effectuées depuis les sommets corses, cette jonction est une réussite remarquable.
Les valeurs obtenues par Helbronner à l’époque sont d’une telle précision, qu’elles restent valables encore aujourd’hui, un siècle plus tard.
chapitre 4
Au-delà de la corse
résultats et héritage
Helbronner ne s’arrête pas à la Corse et la Provence. Les raccordements avec la Sardaigne et l’Italie sont également réalisés. En intégrant les mesures effectuées au cours de ses précédentes missions, il trace un arc de méridien partant du nord des Alpes françaises jusqu’en Sardaigne. Un relèvement géodésique de très nombreux sommets de la Corse est également réalisé avec des précisions altimétriques sur de nombreux sommets secondaires de l’île, jusque-là peu documentés. Ce travail fondateur permettra de mieux comprendre et représenter le relief complexe de la Corse, et de l’inscrire durablement dans les réseaux de cartographie nationaux et européens.
chapitre 4
l'héritage scientifique
résultats et héritage
Le métronome de l'inutile ?
La mission Corse d’Helbronner connait, à l’époque, un vrai retentissement médiatique. Entre 1926 et 1938, date de son décès, ses travaux font l’objet de conférences, d’articles scientifiques et de nombreuses parutions dans la presse.Les technologies modernes — photographie aérienne, satellites, GPS, LiDAR — pourraient rendre obsolètes ces relevés réalisés à la lueur des projecteurs. Pourtant, les mesures effectuées par Helbronner il y a un siècle sont toujours justes.
Les outils actuels les confirment… et les affinent.
chapitre 4
En savoir +
Le LiDAR
résultats et héritage
Une mine d’or pour les géographesL'intérêt actuel de l’œuvre d’Helbronner réside dans sa volumineuse iconographie photographique : plus de 15 000 clichés pris depuis 767 points stationnés qui représentent une ressource inestimable.
« Nul doute que les géographes sl'hérpécialisés dans l’évolution récente des paysages (glaciers, végétation, urbanisation…) puissent trouver là de nombreuses informations. » Michel Coûteaux.
Une leçon d’engagement Au-delà des chiffres et des mesures, l’œuvre d’Helbronner témoigne d’une extraordinaire volonté, celle d’un homme guidé par un idéal scientifique exigeant et une passion de la haute montagne. Son ex-libris, simple et puissant, résume la philosophie de son parcours : Perseverentia.
chapitre 4
Bibliographie
Couteaux Michel. 2000. La face cachée d’Helbronner. Alpe n° 7. P. 62 - 69
Leon Daniel 2015. Les Alpes d’Helbronner, mesures et demesures. Glénat. 160 p.
Helbronner Paul. 1929. Jonction géodésique directe de la Corse au continent français – Chaine méridienne de Corse – Mesure de l’arc méridien des Alpes françaises : Tome IX. 1492 p.
« Il s’agit d’un ouvrage volumineux, encombrant et lourd abondamment illustré (photographies d’appareils, cartes…). Il compte 1492 pages, dont un très grand nombre (correspondances surtout) sont imprimées en petits caractères et plus de 600 consacrées aux seuls calculs géodésiques. L’ouvrage se divise en 3 livres : – le premier, traitant de la jonction géodésique directe de la Corse au continent français, est divisé en 5 chapitres (dont l’historique de la jonction); – le second est consacré à «La chaîne méridienne de Corse», 7 chapitres; – le troisième à la «Mesure de l’arc de méridien de 39°, dit des Alpes françaises». Extrait de l’article de J. Palmieri.
Palmieri Joseph, 2010. Paul Helbronner (1871 – 1938) et la géodésie de la Corse. BSSHNC . N° 733 – 733/ Pages 229 – 278. Il s’agit d’une remarquable mise au point sur la mission de 1925. Plus facile à consulter que l’imposant et rare volume IX des travaux d’Helbronner. Lecture à recommander pour tout lecteur désirant approfondir sa connaissance du séjour d’Helbronner en Corse.
www.helbronner.org
Une exposition numérique présentée par la Collectivité de Corse à l'occasion du centenaire de la "Mission Helbronner" Une réalisation de la direction du Patrimoine Directeur du Patrimoine Pierre-Jean Campocasso Directrice adjointe Action patrimoniale Caroline Causse Commissariat et écriture Alain Gauthier Avec la contribution de Michel Muracciole Création graphique et cordination éditoriale Service de la mise en valeur du Patrimoine Gil Novi, Sylvie Pardies Pellegrini, Gabrielle Torre Numérisation et traitement Antoine Mangiavacca Crédits photographiques et documents d'archive Sauf mention contraire, les photographies de cette exposition sont issues de l'ouvrage de Paul Helbronner Jonction géodésique directe de la Corse au continent français – Chaine méridienne de Corse – Mesure de l’arc méridien des Alpes françaises : Tome IX Alain Gauthier, Antoine Mangiavacca, Canal B Prod Laurent Santoni Remerciements
L'association Paul Helbronner, Jean-Marc Barféty, Bibliothèque de l'Université de Corse, Marie-Claude Lepeltier, Joseph Palmieri, Laurent Santoni, Marc Plattard,
Collectivité de Corse, 2025 www.isula.corsica/patrimoine
« Pendant huit heures consécutives, sans autre arrêt que quelques minutes à minuit et demi pour absorber une tasse de liquide chaud je ressentis l’une des plus grandes satisfactions scientifiques de ma vie,… mes cinq projecteurs lumineux, celui du Stello dans l’île, à 60 kilomètres, et les quatre du continent, le Mont Agel à 198 km, le Mont Chauve à 206 km, la Sauvette à 236 km et le Coudon à 256 km, ne cessant de briller une seule minute d’un éclat intense, je les pointais de 20 heures le soir à 4 heures le matin, recueillant ainsi en cette nuit exceptionnelle une trentaine de séries sur les cinq positions prévues… » Paul Helbronner, nuit du 25 au 26 août 1925
Une famille d'artistes
La mère de Paul Helbronner, Hermance Saint Paul était une artiste peintre. Elle est l'auteure de ce tableau qui représente Paul Helbronner enfant. Paul Helbronner signe quant à lui de nombreux portraits et aquarelles représentant les panoramas qu'il a exploré au fil de ses expéditions.
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Les variations d’altitude du Cintu, du Ritondu et du Monte Stellu au cours des deux derniers siècles
- A la fin du XVIIIe siècle, lors des premières opérations de triangulation, le point culminant de la Corse est le Ritondu (2774 m) et le second sommet la Paglia Orba (2650 m). Le Monte Cintu est nommé mais son altitude non précisée. L’altitude du Monte Stellu est de 1388 m. - Dans les années 1860, le Ritondu est détrôné par le Cintu à l’occasion d’une nouvelle mission de triangulation. On lui attribuera l’altitude de 2710 m et le Ritondu rétrogradera de 150 mètres avec 2624 m. La même altitude de 1305 m est attribuée au Stellu et la Cima à i Folliccie, les deux sommets du Cap. - En 1925, les valeurs mesurées par Helbronner sont respectivement de 2709,1 m pour le sommet du Cintu et de 2621,7m pour le Rotondo. Il attribue 1306,9 m au Stellu. - Aujourd'hui, IGN donne sur ses cartes au 1/25000 : 1 307 m pour le Stellu, mais 15 mètres de plus à la Cima à i Follicie (1 322 m) qui est donc le sommet du Cap. L’altitude du Cintu est de 2 706 m et celle du Ritondu 2622 m.
L’utilisation très récente du LiDAR a permis, outre la multiplication des points côtés, de déterminer avec « exactitude » l’altitude des principaux sommets. Monte Cintu : 2707, 25 m. Erreur de moins de 2 m avec Helbronner et les cartes IGN. Monte Ritondu : 2622,2 m. Erreur de quelques décimètres. Ces altitudes précises ne sont pas nécessairement définitives. Il faut tenir compte de deux phénomènes qui peuvent s’additionner ou se contrarier : la surrection du relief et/ou l’érosion. Ces phénomènes peuvent, sur le temps long (plusieurs décades, un siècle) modifier à la marge les altitudes qui sont donc susceptibles d’évoluer. En effet en admettant des vitesses d’érosion ou de surrection du millimètre par an, (valeurs mesurées dans les Alpes), les variations possibles sont du décimètre par siècle ou du mètre par millénaire !
Une question de hauteur et de distance
Des formules permettent de calculer soit l’altitude (h2) du point observable, soit la distance D de l’horizon apparent en fonction de l’altitude h1 de l’observateur :D – 3,6√h1------------------ = h2
3,6
Formule qui permet de calculer la distance de l’horizon apparent √R h ---------- = D 0,42 R est le rayon terrestre et h la hauteur en mètre au point d’observation
Compte tenu de l’altitude du Cintu et du Ritondu, il n’est pas possible d’observer le trait de côte du littoral varois ou de celui des Alpes maritimes car il est caché par la rotondité de la Terre. En revanche, il est possible de voir des zones de l’arrière-pays situées au-dessus de 500 mètres d’altitude, c’est ce qu’on appelle « l’horizon apparent ».
Ce que l'on peut (ou ne peut pas) voir
En savoir +
Le LiDAR
Depuis quelques années le LiDAR (Light Detection And Ranging) utilisant les propriétés des ondes lumineuses a révolutionné la précision et le nombre des mesures possibles.
Le principe : on place dans un aéronef un scanner qui émet des milliers d’impulsions dans le proche infrarouge. On mesure le temps écoulé entre l’émission de celles-ci et leur retour vers l’émetteur. On peut ainsi déterminer la position des points « illuminés ». C’est le même principe que le radar, mais les longueurs d’onde utilisées correspondent aux ondes lumineuses.
La précision des mesures est de quelques centimètres et/ou décimètres en distance horizontale ou verticale.
Schéma de la triangulationColette, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Henri et Joseph Vallot
Henri Vallot (1853 – 1922). Cousin du précédent. Ingénieur, il participa avec Joseph aux travaux de construction de l’observatoire et aux travaux de triangulation de la chaîne alpine. Sa rencontre avec Paul Helbronner et les travaux effectués ensemble ont joué un grand rôle au début de la carrière « géodésique » de ce dernier.
Joseph Vallot (1854 – 1925). Naturaliste, alpiniste, glaciologue, il a consacré 40 ans de sa vie à l’étude de la haute montagne et en particulier du massif du Mont Blanc qu’il a gravi 34 fois. Il a séjourné, en 1887, trois jours et trois nuits au sommet pour démontrer qu’il était possible de vivre à cette altitude. Il a fait construire, en grande partie à son compte, un premier refuge, 450 mètres au-dessous du sommet, puis un observatoire destiné aux scientifiques. Ce dernier sera agrandi et modifié à plusieurs reprises. Il existe toujours sur un des itinéraires conduisant au sommet. Il est élu président du Club Alpin Français en 1909.
« Installé pendant neuf jours dans le logis que j’y avais fait construire à une douzaine de mètres en dessous du poste de travail, au cours de deux nuits favorables, j’observais les foyers lumineux du continent, … et je profitais de plusieurs heures propices de jours pour les observations de mes signaux de l’île. Une séance sur les projecteurs du Mont Chauve et du Mont Agel me procura notamment dix-sept séries dont la régularité des différences angulaires se traduisit par des valeurs s’écartant toutes de la valeur moyenne de moins de dix secondes centésimales… » Paul Helbronner
Dans certaines conditions, l’atmosphère agit comme une lentille naturelle : elle dévie légèrement les rayons lumineux, ce qui permet de voir au-delà de l’horizon géométrique.
Ce phénomène de réfraction peut dans certaines conditions, permettre d’observer exceptionnellement ce qui est sous l’horizon apparent.
Et la réfraction atmosphérique ?
Une préparation minutieuse pour un exploit unique
Helbronner consacre tout le premier semestre 1925 à préparer sa mission et à obtenir l’importante aide logistique de l’armée.
Débarqué à Bunifaziu fin juin 1925, il consacre tout le mois de juillet à la triangulation des sommets de sa méridienne. En parallèle, les 200 hommes mobilisés du 173e régiment améliorent les chemins d’accès aux sommets, construisent les refuges et transportent le matériel. Une véritable prouesse technique et humaine dans des conditions de haute montagne parfois extrêmes. Le 173e est un régiment d’infanterie dans lequel de très nombreux Corses furent mobilisés au point d’être souvent appelé « le régiment des Corses ». Il a joué un rôle héroïque pendant la guerre de 14 - 18
Le choix des sommets corses
En Corse, il sélectionne trois sommets :
- le Monte Cintu (2 710 m) visible depuis les quatre sommets continentaux choisis ; - le Monte Stellu (1 305 m) visible depuis les deux sommets des Alpes-Maritimes ; - le Monte Ritondu (2 625 m) visible aussi des quatre sommets continentaux, complète les triangles de visée. Ces trois sommets constituent un triangle de 20, 60 et 70 km de côtés. De plus, ces trois sommets sont visibles les uns des autres, condition indispensable pour la fiabilité des triangulations.
Halbro
Sylvie
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helbronner
Un’epupea scintifica è umana par’ssi alti monti corsi
Da scopre quì
La corse sous l'oeil
d'helbronner
Une épopée scientifique, technique et humaine dans la haute montagne corse
découvrir
BenvinutuBienvenue
Soyez les bienvenus dans cette exposition virtuelle consacrée à Paul Helbronner. Alpiniste, explorateur et géodésien, il entreprit en1925 de réaliser le rattachement géodésique de la Corse au continent français et de préciser l'altitude d'un certain nombre de sommets insulaires. À l'occasion du centenaire de " la mission Helbronner ", découvrez cette épopée scientifique et humaine hors du commun...
L’omu è u metudu
L'homme et la méthode
A Corsica trà scenza è mitu
La corse, entre science et mythe
A spidizioni di u 1925
l'expédition de 1925
Risultati è pusterità
Résultats et postérité
Qui était Paul Helbronner ?
L'homme et la méthode
Alpiniste, ingénieur, artiste …
Paul Helbronner naît en 1871 à Compiègne. À sa sortie de polytechnique en 1894, et après un bref passage dans l’artillerie, il travaille aux aciéries de Pompey en Lorraine. Peu satisfait des cartes officielles qui ne contiennent que peu de relevés détaillés et précis de la haute montagne, il propose dès 1902 au Club Alpin Français d’établir des cartes à grande échelle. À partir de cette date, il va consacrer le reste de sa vie à sa passion de la montagne et entreprendre un gigantesque travail de cartographie entre 1903 et 1928 dans les Alpes françaises et en Corse. Ce travail, initié au départ avec Henri et Joseph Vallot, sera poursuivi sur ses fonds propres avec le soutien de l’armée française.
chapitre 1
Henri et Joseph Vallot
L'homme et la méthode
Dans les Alpes, il cartographie 20 000 km², effectue 8 500 points de visée, stationne sur 1 818 sommets et autres points remarquables dont 151 au-dessus de 3 000 mètres. Il prend plus de 15 000 clichés dont de nombreux panoramas circulaires depuis les sommets les plus importants. En 1925, il réalise une méridienne en Corse et la jonction géodésique directe de la Corse avec le continent. Il publie ses travaux dans 12 volumes et deux atlas sous le titre Description géométrique détaillée des Alpes françaises . Nommé membre de l’Académie des Sciences en 1927, il s’éteint en 1938 à Paris. Une pointe, située dans le massif du Mont Blanc à 3462 m d’altitude, porte aujourd’hui son nom.
chapitre 1
L'homme et la méthode
La triangulation
Pour créer une carte, on utilise une méthode appelée triangulation. Elle commence par une ligne de base (appelée méridienne), à partir de laquelle on trace des triangles. Ces triangles servent ensuite de cadre pour mesurer le terrain. Grâce à la trigonométrie, on peut calculer une distance si l’on connaît la longueur d’un côté et deux angles du triangle.
chapitre 1
À la fin du XVIIIe siècle (vers 1770), Jean-Joseph Tranchot (1752 – 1815), après avoir réalisé avec soin une méridienne allant de la tour de Tollare aux environs de Borgu, trace 91 triangles principaux. Ce travail permet de dresser, sous la direction de Testevuide et Begedis le plan Terrier de la Corse à l’échelle d’environ 1/10000, le tout présenté sous la forme de 39 rouleaux.
L'homme et la méthode
Tranchot Jean Joseph (1752 – 1815) Il réalise entre 1787 et 1793 la triangulation de la Corse en vue de la réalisation du plan Terrier. Il effectue ensuite la cartographie de certaines îles méditerranéennes, puis participe à la mesure de l’arc méridien de la France. La mesure qui en résulte va servir à définir l’unité de longueur du système métrique : le mètre.
Qu'est ce qu'une méridienne ?
chapitre 1
Le plan terrier
L'homme et la méthode
De 1770 à 1795 une équipe de géomètres, sous la direction de Testevuide et Begedis, va cartographier l’état de la Corse sous la forme de 39 rouleaux. Les plans fournissent des informations sur le patrimoine : fontaines, chemins, lieux dits, cultures, etc. Ils sont accompagnés de volumes descriptifs dans lesquels l’état des propriétés est précisé. Il s’agit d’un document remarquable qui fournit un état de la Corse à la fin du XVIIIe siècle.
chapitre 1
la triangulation de durand
Le capitaine Adrien Durand (1787 – 1835) est nommé Ingénieur géographe après sa sortie de polytechnique. Il réalise en 1827, cent ans avant Helbronner, le premier rattachement géodésique de la Corse au continent. Il vise pour ce faire, le sommet du Cintu et la falaise est de la Paglia Orba depuis plusieurs sommets provençaux. Hélas, la faible distance entre les deux sommets corses (moins de 7 kilomètres et la difficulté de viser un point précis à la Paglia Orba rendent ses calculs très peu précis.
La triangulation de 1863 : le Cintu détrône le Ritondu
L'homme et la méthode
Le Capitaine (futur général) François Perrier (1833 – 1888) réalise au début des années 1860 une nouvelle triangulation de la Corse. C’est à cette occasion que le Monte Cintu détrône le Monte Ritondu comme point culminant de la Corse. Cette campagne est destinée aux levés de la carte au 1/80000e, la première carte dite d’Etat Major. Le relief y est représenté sous la forme de hachures. Il est le créateur de l’observatoire du Mont Aigoual dans les Cévennes.
chapitre 1
La géodésie et les instrumentsde mesure
L'homme et la méthode
Au sommet des trois grandes montagnes corses, le Cintu, le Ritondu et le Stellu, Paul Helbronner installe un instrument de mesure équipé d’une lunette de visée. Cet appareil va lui permettre de viser les points lumineux situés sur le continent et de mesurer avec précision les angles entre deux repères. Lorsque les conditions météo sont favorables, il répète les mesures plusieurs fois. Son cercle azimutal est muni d’un micromètre qui permet des mesures d’angle extrêmement précises. Helbronner y ajoute même un éclairage intégré qui lui permet de réaliser des mesures nocturnes. Les sommets choisis sur le continent — le Mont Coudon (702 m) et La Sauvette (779 m) près de Toulon, ainsi que le Mont Chauve (840 m) et le Mont Agel (1 149 m) autour de Nice — ont été sélectionnés pour être observables au-dessus de l’horizon visible depuis les hauteurs corses.
chapitre 1
Du graphomètre au théodolite
L'homme et la méthode
chapitre 1
Les instruments de mesure utilisés par Helbronner
Les instruments de mesure utilisés par Helbronner
L'homme et la méthode
chapitre 1
une île au coeur de la Méditerranée
la corse entre science et mythe
Dès le XVe siècle, la position centrale et stratégique de la Corse en Méditerranée occidentale est rapidement définie. Néanmoins, la forme générale de l’île est plus longue à être établie : la représentation de l’intérieur nécessitera ainsi plusieurs siècles afin d'être progressivement précisée. La montagne et son lac central d’où s’échappent trois fleuves (Liamone, Golu et Tavignani) symbolise bien la mauvaise connaissance du relief de la plus montagneuse des îles de la Méditerranée.
chapitre 2
une île au relief insaisissable
la corse entre science et mythe
Les représentations anciennes de la Corse et de ses montagnes : un défi cartographique
Un vrai défi se pose : comment représenter sur une feuille plane la courbure de la Terre et le relief montagneux ?
Au fil du temps, plusieurs techniques vont être utilisées :Les « taupinières » : des petits monticules dessinés en perspective pour figurer les montagnes ;Le surlignage à plat : comme sur le Plan terrier, où les zones élevées sont surchargées pour marquer le relief ;Les hachures avec ombrage : elles donnent une bonne impression d’ensemble du relief, mais, dans le détail, les zones élevées sont difficilement lisibles ; Les courbes de niveau : elles ne se généralisent qu’avec l’arrivée de la photographie aérienne, et surtout de la stéréophotographie, qui permet une lecture fine et fidèle du relief.
chapitre 2
Voir le continent depuis la corse
la corse entre science et mythe
Mirage ou réalité ?
La courbure de la Terre limite la visibilité directe entre la Corse et le continent – et réciproquement. Pourtant, contrairement à ce que l’on peut entendre, lorsque l’île est visible depuis un point du continent, il ne s’agit pas d’un mirage, mais bien d’une vision directe et réelle rendue possible par deux conditions : - que l’atmosphère soit suffisamment transparente ;- et que les points d’observation soient suffisamment élevés aussi bien en Corse que sur le continent.
Pour aller plus loin :
Une question de hauteur et de distance
Ce que l'on peut (ou ne peut pas) voir
Et la réfraction atmosphérique ?
chapitre 2
la corse entre science et mythe
Le panorama des alpes italiennes depuis Calvi
chapitre 2
la corse entre science et mythe
La corse vue depuis le continent français
Vue depuis le mont Coudon Cette image a été prise dans le proche infrarouge depuis le sommet du mont Coudon (700 m). Il s’agit de l’un des quatre sommets du continent où étaient placés les projecteurs qu’Helbronner cherchait à observer depuis la Corse.
Qu'est ce que le proche infrarouge ?
chapitre 2
la corse entre science et mythe
Un clin d'oeil de toscane
Le photographe positionné sur le Monte Cintu observe et photographie l’Italie dans le secteur de la Toscane. Un ami situé dans les Apennins a allumé les phares de son véhicule en direction de la Corse. Il reproduit ainsi les opérations réalisées par Helbronner qui cherchait, depuis les trois sommets corses, à observer les projecteurs allumés sur les quatre sommets provençaux.
chapitre 2
La préparation d’un exploit scientifique
L'expédition de 1925 en Corse
L’idée initiale : la jonction directe entre la Corse et la Provence « C’est à la suite de la terminaison heureuse de mes opérations de la chaîne méridienne des Alpes françaises, que mon esprit se trouva de plus en plus attiré vivement par le brillant mais délicat problème de la jonction directe avec la côte de Provence … Dès le mois de décembre 1924, il s’était imposé à moi avec l’obsession d’une idée fixe… ». Paul Helbronner À la fin de ses travaux sur la méridienne des Alpes françaises, Paul Helbronner se lance un nouveau défi : relier géodésiquement la Corse au continent, grâce à des observations à grande distance. Pour cela, il prévoit de capter, depuis divers sommets corses, la lumière émise par des projecteurs placés sur plusieurs montagnes du continent.
Le choix des sommets corses
Une préparation minutieuse
chapitre 3
L'expédition de 1925 en Corse
Au sommet du ritondu
Installé au sommet du monte Ritondu, Paul Helbronner entame un long séjour d’observation du 31 juillet au 13 août 1925. Après plusieurs nuits de veille sans qu’aucun signal ne soit visible, le découragement commence à s’installer…
chapitre 3
La nuit décisive
Quand l'attente prend fin
L'expédition de 1925 en Corse
« Pourrais-je alors décrire l’émotion – pour ne pas dire la commotion- qu’il me fut donné d’éprouver, lorsque tout à coup, vers 20 h 30 mn, un petit point rouge très net, indubitable, apparut sur le champ obscur de ma lunette pointée en direction calculée de la Sauvette ? Dans cette seconde inoubliable probablement jusqu’à la fin de ma vie, moment culminant et véritable synthèse d’une demi-année entière, semblent se fondre subitement les notions de temps et d’espace… »
chapitre 3
Paul Helbronner Nuit du 6 août 1925
Au sommet du ritondu
L'expédition de 1925 en Corse
Trois nuits pour un exploit
Deux autres nuits favorables complètent cette première observation. Au final, Helbronner parvient à obtenir toutes les séries de mesures nécessaires pour sa triangulation entre la Corse et le continent. De multiples défisCette réussite repose sur une organisation très complexe, notamment pour l’époque :- une météorologie favorable aussi bien en Corse que sur le continent ; - la mobilisation de très nombreux collaborateurs civils et militaires ; - une synchronicité sur la durée entre l’allumage des signaux sur le continent et les observations en Corse.
chapitre 3
L'expédition de 1925 en Corse
Au sommet du Cintu
Un éclat intense
Le séjour de Paul Helbronner au sommet du Cintu se déroule du 18 au 30 août 1925. Il est marqué par un évènement dramatique : un véritable ouragan s’abat sur le Cintu et détruit le refuge dans lequel il était installé. Il échappe miraculeusement à une grave blessure.
Malgré les dégats, le refuge est réparé et Helbronner reprend ses observations. Il parvient à observer, une première fois, trois des projecteurs continentaux et celui du Stellu, en Corse.
chapitre 3
Mais lors d’une nuit inoubliable pour Helbronner, il concrétise son projet.
L'expédition de 1925 en Corse
Pendant huit heures d’affilée, Helbronner enchaîne les observations et les mesures, dans des conditions extrêmes. Cette nuit symbolise l’aboutissement de mois de préparation et représente pour lui l’un des sommets de sa carrière scientifique.
chapitre 3
Au sommet du STellu
L'expédition de 1925 en Corse
Le séjour au sommet
Au début du mois de septembre 1925, Paul Helbronner s’installe pour neuf jours au sommet du Monte Stellu (1 305 m), dans un abri spécialement construit. Depuis ce point stratégique, il réalise ses dernières observations depuis l’île.
chapitre 3
Au sommet du STellu
L'expédition de 1925 en Corse
Dernières observations de la Corse
Après un mois et demi passé sur les sommets de l’île, Helbronner entame la dernière phase de son expédition. Entre septembre et octobre, il stationne sur les quatre sommets continentaux pour réaliser les visées réciproques : il observe alors les sources lumineuses installées sur les sommets corses, complétant ainsi la triangulation entre l’île et le continent.
chapitre 3
En savoir +
Les variations d'altitude des sommets corses
une jonction réussie
résultats et héritage
Le raccordement géodésique de la Corse au continent
L’objectif principal de la vingtième mission d’Helbronner était ambitieux : raccorder géodésiquement la Corse au continent français. Grâce aux mesures effectuées depuis les sommets corses, cette jonction est une réussite remarquable. Les valeurs obtenues par Helbronner à l’époque sont d’une telle précision, qu’elles restent valables encore aujourd’hui, un siècle plus tard.
chapitre 4
Au-delà de la corse
résultats et héritage
Helbronner ne s’arrête pas à la Corse et la Provence. Les raccordements avec la Sardaigne et l’Italie sont également réalisés. En intégrant les mesures effectuées au cours de ses précédentes missions, il trace un arc de méridien partant du nord des Alpes françaises jusqu’en Sardaigne. Un relèvement géodésique de très nombreux sommets de la Corse est également réalisé avec des précisions altimétriques sur de nombreux sommets secondaires de l’île, jusque-là peu documentés. Ce travail fondateur permettra de mieux comprendre et représenter le relief complexe de la Corse, et de l’inscrire durablement dans les réseaux de cartographie nationaux et européens.
chapitre 4
l'héritage scientifique
résultats et héritage
Le métronome de l'inutile ?
La mission Corse d’Helbronner connait, à l’époque, un vrai retentissement médiatique. Entre 1926 et 1938, date de son décès, ses travaux font l’objet de conférences, d’articles scientifiques et de nombreuses parutions dans la presse.Les technologies modernes — photographie aérienne, satellites, GPS, LiDAR — pourraient rendre obsolètes ces relevés réalisés à la lueur des projecteurs. Pourtant, les mesures effectuées par Helbronner il y a un siècle sont toujours justes. Les outils actuels les confirment… et les affinent.
chapitre 4
En savoir +
Le LiDAR
résultats et héritage
Une mine d’or pour les géographesL'intérêt actuel de l’œuvre d’Helbronner réside dans sa volumineuse iconographie photographique : plus de 15 000 clichés pris depuis 767 points stationnés qui représentent une ressource inestimable. « Nul doute que les géographes sl'hérpécialisés dans l’évolution récente des paysages (glaciers, végétation, urbanisation…) puissent trouver là de nombreuses informations. » Michel Coûteaux.
Une leçon d’engagement Au-delà des chiffres et des mesures, l’œuvre d’Helbronner témoigne d’une extraordinaire volonté, celle d’un homme guidé par un idéal scientifique exigeant et une passion de la haute montagne. Son ex-libris, simple et puissant, résume la philosophie de son parcours : Perseverentia.
chapitre 4
Bibliographie
Couteaux Michel. 2000. La face cachée d’Helbronner. Alpe n° 7. P. 62 - 69 Leon Daniel 2015. Les Alpes d’Helbronner, mesures et demesures. Glénat. 160 p. Helbronner Paul. 1929. Jonction géodésique directe de la Corse au continent français – Chaine méridienne de Corse – Mesure de l’arc méridien des Alpes françaises : Tome IX. 1492 p. « Il s’agit d’un ouvrage volumineux, encombrant et lourd abondamment illustré (photographies d’appareils, cartes…). Il compte 1492 pages, dont un très grand nombre (correspondances surtout) sont imprimées en petits caractères et plus de 600 consacrées aux seuls calculs géodésiques. L’ouvrage se divise en 3 livres : – le premier, traitant de la jonction géodésique directe de la Corse au continent français, est divisé en 5 chapitres (dont l’historique de la jonction); – le second est consacré à «La chaîne méridienne de Corse», 7 chapitres; – le troisième à la «Mesure de l’arc de méridien de 39°, dit des Alpes françaises». Extrait de l’article de J. Palmieri. Palmieri Joseph, 2010. Paul Helbronner (1871 – 1938) et la géodésie de la Corse. BSSHNC . N° 733 – 733/ Pages 229 – 278. Il s’agit d’une remarquable mise au point sur la mission de 1925. Plus facile à consulter que l’imposant et rare volume IX des travaux d’Helbronner. Lecture à recommander pour tout lecteur désirant approfondir sa connaissance du séjour d’Helbronner en Corse. www.helbronner.org
Une exposition numérique présentée par la Collectivité de Corse à l'occasion du centenaire de la "Mission Helbronner" Une réalisation de la direction du Patrimoine Directeur du Patrimoine Pierre-Jean Campocasso Directrice adjointe Action patrimoniale Caroline Causse Commissariat et écriture Alain Gauthier Avec la contribution de Michel Muracciole Création graphique et cordination éditoriale Service de la mise en valeur du Patrimoine Gil Novi, Sylvie Pardies Pellegrini, Gabrielle Torre Numérisation et traitement Antoine Mangiavacca Crédits photographiques et documents d'archive Sauf mention contraire, les photographies de cette exposition sont issues de l'ouvrage de Paul Helbronner Jonction géodésique directe de la Corse au continent français – Chaine méridienne de Corse – Mesure de l’arc méridien des Alpes françaises : Tome IX Alain Gauthier, Antoine Mangiavacca, Canal B Prod Laurent Santoni Remerciements L'association Paul Helbronner, Jean-Marc Barféty, Bibliothèque de l'Université de Corse, Marie-Claude Lepeltier, Joseph Palmieri, Laurent Santoni, Marc Plattard,
Collectivité de Corse, 2025 www.isula.corsica/patrimoine
« Pendant huit heures consécutives, sans autre arrêt que quelques minutes à minuit et demi pour absorber une tasse de liquide chaud je ressentis l’une des plus grandes satisfactions scientifiques de ma vie,… mes cinq projecteurs lumineux, celui du Stello dans l’île, à 60 kilomètres, et les quatre du continent, le Mont Agel à 198 km, le Mont Chauve à 206 km, la Sauvette à 236 km et le Coudon à 256 km, ne cessant de briller une seule minute d’un éclat intense, je les pointais de 20 heures le soir à 4 heures le matin, recueillant ainsi en cette nuit exceptionnelle une trentaine de séries sur les cinq positions prévues… » Paul Helbronner, nuit du 25 au 26 août 1925
Une famille d'artistes
La mère de Paul Helbronner, Hermance Saint Paul était une artiste peintre. Elle est l'auteure de ce tableau qui représente Paul Helbronner enfant. Paul Helbronner signe quant à lui de nombreux portraits et aquarelles représentant les panoramas qu'il a exploré au fil de ses expéditions.
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Les variations d’altitude du Cintu, du Ritondu et du Monte Stellu au cours des deux derniers siècles
- A la fin du XVIIIe siècle, lors des premières opérations de triangulation, le point culminant de la Corse est le Ritondu (2774 m) et le second sommet la Paglia Orba (2650 m). Le Monte Cintu est nommé mais son altitude non précisée. L’altitude du Monte Stellu est de 1388 m. - Dans les années 1860, le Ritondu est détrôné par le Cintu à l’occasion d’une nouvelle mission de triangulation. On lui attribuera l’altitude de 2710 m et le Ritondu rétrogradera de 150 mètres avec 2624 m. La même altitude de 1305 m est attribuée au Stellu et la Cima à i Folliccie, les deux sommets du Cap. - En 1925, les valeurs mesurées par Helbronner sont respectivement de 2709,1 m pour le sommet du Cintu et de 2621,7m pour le Rotondo. Il attribue 1306,9 m au Stellu. - Aujourd'hui, IGN donne sur ses cartes au 1/25000 : 1 307 m pour le Stellu, mais 15 mètres de plus à la Cima à i Follicie (1 322 m) qui est donc le sommet du Cap. L’altitude du Cintu est de 2 706 m et celle du Ritondu 2622 m.
L’utilisation très récente du LiDAR a permis, outre la multiplication des points côtés, de déterminer avec « exactitude » l’altitude des principaux sommets. Monte Cintu : 2707, 25 m. Erreur de moins de 2 m avec Helbronner et les cartes IGN. Monte Ritondu : 2622,2 m. Erreur de quelques décimètres. Ces altitudes précises ne sont pas nécessairement définitives. Il faut tenir compte de deux phénomènes qui peuvent s’additionner ou se contrarier : la surrection du relief et/ou l’érosion. Ces phénomènes peuvent, sur le temps long (plusieurs décades, un siècle) modifier à la marge les altitudes qui sont donc susceptibles d’évoluer. En effet en admettant des vitesses d’érosion ou de surrection du millimètre par an, (valeurs mesurées dans les Alpes), les variations possibles sont du décimètre par siècle ou du mètre par millénaire !
Une question de hauteur et de distance
Des formules permettent de calculer soit l’altitude (h2) du point observable, soit la distance D de l’horizon apparent en fonction de l’altitude h1 de l’observateur :D – 3,6√h1------------------ = h2 3,6
Formule qui permet de calculer la distance de l’horizon apparent √R h ---------- = D 0,42 R est le rayon terrestre et h la hauteur en mètre au point d’observation
Compte tenu de l’altitude du Cintu et du Ritondu, il n’est pas possible d’observer le trait de côte du littoral varois ou de celui des Alpes maritimes car il est caché par la rotondité de la Terre. En revanche, il est possible de voir des zones de l’arrière-pays situées au-dessus de 500 mètres d’altitude, c’est ce qu’on appelle « l’horizon apparent ».
Ce que l'on peut (ou ne peut pas) voir
En savoir +
Le LiDAR
Depuis quelques années le LiDAR (Light Detection And Ranging) utilisant les propriétés des ondes lumineuses a révolutionné la précision et le nombre des mesures possibles. Le principe : on place dans un aéronef un scanner qui émet des milliers d’impulsions dans le proche infrarouge. On mesure le temps écoulé entre l’émission de celles-ci et leur retour vers l’émetteur. On peut ainsi déterminer la position des points « illuminés ». C’est le même principe que le radar, mais les longueurs d’onde utilisées correspondent aux ondes lumineuses. La précision des mesures est de quelques centimètres et/ou décimètres en distance horizontale ou verticale.
Schéma de la triangulationColette, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
Henri et Joseph Vallot
Henri Vallot (1853 – 1922). Cousin du précédent. Ingénieur, il participa avec Joseph aux travaux de construction de l’observatoire et aux travaux de triangulation de la chaîne alpine. Sa rencontre avec Paul Helbronner et les travaux effectués ensemble ont joué un grand rôle au début de la carrière « géodésique » de ce dernier.
Joseph Vallot (1854 – 1925). Naturaliste, alpiniste, glaciologue, il a consacré 40 ans de sa vie à l’étude de la haute montagne et en particulier du massif du Mont Blanc qu’il a gravi 34 fois. Il a séjourné, en 1887, trois jours et trois nuits au sommet pour démontrer qu’il était possible de vivre à cette altitude. Il a fait construire, en grande partie à son compte, un premier refuge, 450 mètres au-dessous du sommet, puis un observatoire destiné aux scientifiques. Ce dernier sera agrandi et modifié à plusieurs reprises. Il existe toujours sur un des itinéraires conduisant au sommet. Il est élu président du Club Alpin Français en 1909.
« Installé pendant neuf jours dans le logis que j’y avais fait construire à une douzaine de mètres en dessous du poste de travail, au cours de deux nuits favorables, j’observais les foyers lumineux du continent, … et je profitais de plusieurs heures propices de jours pour les observations de mes signaux de l’île. Une séance sur les projecteurs du Mont Chauve et du Mont Agel me procura notamment dix-sept séries dont la régularité des différences angulaires se traduisit par des valeurs s’écartant toutes de la valeur moyenne de moins de dix secondes centésimales… » Paul Helbronner
Dans certaines conditions, l’atmosphère agit comme une lentille naturelle : elle dévie légèrement les rayons lumineux, ce qui permet de voir au-delà de l’horizon géométrique. Ce phénomène de réfraction peut dans certaines conditions, permettre d’observer exceptionnellement ce qui est sous l’horizon apparent.
Et la réfraction atmosphérique ?
Une préparation minutieuse pour un exploit unique
Helbronner consacre tout le premier semestre 1925 à préparer sa mission et à obtenir l’importante aide logistique de l’armée. Débarqué à Bunifaziu fin juin 1925, il consacre tout le mois de juillet à la triangulation des sommets de sa méridienne. En parallèle, les 200 hommes mobilisés du 173e régiment améliorent les chemins d’accès aux sommets, construisent les refuges et transportent le matériel. Une véritable prouesse technique et humaine dans des conditions de haute montagne parfois extrêmes. Le 173e est un régiment d’infanterie dans lequel de très nombreux Corses furent mobilisés au point d’être souvent appelé « le régiment des Corses ». Il a joué un rôle héroïque pendant la guerre de 14 - 18
Le choix des sommets corses
En Corse, il sélectionne trois sommets : - le Monte Cintu (2 710 m) visible depuis les quatre sommets continentaux choisis ; - le Monte Stellu (1 305 m) visible depuis les deux sommets des Alpes-Maritimes ; - le Monte Ritondu (2 625 m) visible aussi des quatre sommets continentaux, complète les triangles de visée. Ces trois sommets constituent un triangle de 20, 60 et 70 km de côtés. De plus, ces trois sommets sont visibles les uns des autres, condition indispensable pour la fiabilité des triangulations.