Want to create interactive content? It’s easy in Genially!

Get started free

CopiePaul - GeochimieCVRH

Frédéric Gresselin

Created on March 23, 2025

Start designing with a free template

Discover more than 1500 professional designs like these:

Transcript

Frédéric Gresselin

La géochimie des eaux souterraines

source worldarrest
flyer geyser, Névada

01

L'interaction entre la roche et l'eau : principe général

  • En traversant le sol puis la roche, l'eau de pluie se minéralise
  • Elle solubilise pour cela un certain nombre d'atomes parmi les plus solubles dans l'eau
  • Il s'agit du calcium, du magnésium, du chlore et du sodium
minéraux
roche
hydrolyse de certains minéraux constitutifs du sol et de la roche parent
Déstructuration progressive des minéraux constitutifs de la roche s'accompagnant de la désagrégation de cette dernière, de la libération des minéraux non hydrolysés et de production d'argiles.
roche parent
acidification induite par l'activité biologique du sol
pluie
sol
percolation de la pluie dans le sol, puis la roche parent
pluie s'acidifiantau contact du CO2 contenu dans l'atmosphère

01-a

La géochimie des eaux des aquifères carbonatés

  • La craie et les calcaires de manière plus générale constituent des aquifères de grande extension géographique en France
  • Ils sont abondamment exploités
  • Le carbonate de calcium, constituant principal des calcaires et craie, est assez soluble dans l'eau
  • Les eaux de ces aquifères sont riches en ions hydrogénocarbonate (bicarbonate) et calcium

La géochimie des eaux souterraines des aquifères carbonatés (craie-calcaire)

Source : ARS - ADES
  • Aquifère crayeux karstique
  • AEP
  • Conductivité : 550 -600 µS/cm
  • Hydrogénocarbonate : 275 - 300 mg/L
Conductivité et concentration de l'ion hydrogénocarbonate à la source de Radicatel (vallée de la Seine, Seine-Maritime).
la Seine
Plus une eau contient de l'acide carbonique, plus le carbonate de calcium y est soluble
Solubilité de la calcite (CaCO3) dans l'eau associée à une phase gazeuse contenant du CO2

01-b

La géochimie des eaux des aquifères de socle

Pour les aquifères de socle, la dissolution des minéraux est très lente. Durée de vie moyenne de quelques minéraux à 25°C et pH 5
  • Plus un minéral est riche en calcium et magnésium, plus il est altérable et libère anions et cations
  • Plus un minéral est riche en silice ou en aluminium, plus il est stable
  • Le quartz (SiO2) est quasi-inaltérable à l'échelle humaine
  • Quartz et plagioclases sodique et calcique sont constitutifs des granites
Source : Lasaga et al. (1994)
  • Le calcium et le magnésium, les deux éléments les plus solubles, sont inclus dans la trame cristalline des plagioclases et du mica noir. L'arénisation d'un granite (altération en sable) va résulter sous nos latitudes de la destructuration de la roche par altération de ces deux minéraux.
  • Des éléments traces solubles dans l'eau comme le césium, le bore, le lithium...sont susceptibles d'être relargués lors de l'altération
Un granite, avec ses principaux minéraux et leur formule chimique
formule générale d'un plagioclase : Na(AlSi3O8) à Ca(Al2Si2O8)
  • Dans la chambre magmatique, quand le plagioclase se forme, il incorpore préférentiellement dans sa trame cristalline du calcium. Quand le calcium s'épuise dans le magma, il le remplace par du sodium. Le minéral est donc plus riche en sodium en sa périphérie (ellipse bleue) qu'en son coeur.
  • L'hydrolyse va préférentiellement attaquer les zones les plus riches en calcium et pénétrer de manière centripète jusqu'au coeur du minéral, délaissant sa zone périphérique. Le sodium est en effet moins soluble dans l'eau que le calcium
      • Le calcium va s'associer au CO2 pour former du CaCO3 du calcaire
      • Le processus va constituer un puits de carbone
pénétration de l'altération
L'altération de certains minéraux des roches magmatiques consomme du CO2 Exemple de l'altération par hydrolyse d'un cristal de plagioclase
altération
  • L'altération d'une biotite va produire des argiles, comme la chlorite, et libérer des ions.
  • Cette réaction est une hydrolyse (la chlorite contient plus d'ions OH que n'en contient la biotite)
  • Plus le climat est chaud, plus l'altération est profonde et rapide
  • L'aluminium fait partie des éléments les plus stables
  • Il va se stocker dans les sols
Altération dune biotite (mica noir) en chlorite
Chlorite (argile)(Fe,Mg,Al)6(Si,Al)4O10(OH)8
Mica noir (biotite)K(Mg,Fe)3(OH,F)2(Si3AlO10)
  • Aquifère grès fissurés
  • AEP
  • Conductivité : 250 -350 µS/cm
  • Hydrogénocarbonate : 25 - 35 mg/L
Conductivité et concentration de l'ion hydrogénocarbonate Forage de Beaumont-Hague BSS000FCSX (Manche)

02

Les caractéristiques physico-chimiques des eaux peuvent varier dans le temps

  • La conductivité peut varier rapidement dans le temps en lien avec la recharge des nappes d'eau souterraine
  • Ceci est d'autant plus vrai que l'eau de pluie pénètre rapidement dans l'aquifère
  • Le mélange entre eau de nappe et de pluie entraîne une baisse de la conductivité dans le socle et le contraire dans les sables (pollution agricole ?)
conductivité en µS/cm
Mesure en continu de la conductivité des nappes d'un massif dunaire et de son socle (schistes et grès)
  • Réponse thermique différente entre l'aquifère de socle et celui du sable dunaire
  • Différence d'amplitude
  • Déphasage
  • Critère complémentaire d'évaluation de la vulnérabilité : l'amplitude thermique du signal annuel de la nappe
Mesure en continu de la température dans un massif dunaire et son socle (schistes et grès)
source : rqes.ca
La composition chimique des eaux dépend aussi de leur âge
  • Plus une eau réside longtemps dans un aquifère, plus elle se minéralise
  • Elle s'enrichit en sulfates, en sodium, en chlore...
  • Les eaux les plus récentes sont plutôt de type "bicarbonaté calcique"
  • Les eaux anciennes et profondes de type "chloruré-sodique"
  • Les eaux intermédiaires de type "sulfaté sodique"
  • Les mélanges entre eaux de différente composition sont fréquents
Eaux anciennes : une chimie très particulière
Eaux jeunes : peu minéralisées, souvent bicarbonatées calciques

03

Quels paramètres clefs à analyser en plus de la conductivité et de la température

Le fluor : favorise la santé dentaire à faible concentration (1mg/L). Au dessus de 1,5 mg/L, il entraîne de la fluorose dentaire (taches). Au delà de 5 mg/L, il peut provoquer la perte des dents et l'apparition de fluorose osseuse
  • le pH, la température, l'oxygène dissous, la conductivité...
  • les éléments dits majeurs, qui permettent d'identifier les caractéristiques minérales de l'eau
  • les mineurs, certains d'entre eux peuvent éventuellement poser problème, d'autres signalent un environnement pollué
  • les traces, si un problème particulier est diagnostiqué
Les analyses d'eau : que faut-il mesurer ?
La présence de certains ions offre des informations sur l'état d'oxygénation ou d'anoxie du milieu
  • Dégrossir à partir de simples mesures physico-chimiques (conductivité) et l'analyse des éléments majeurs et mineurs.
  • Le faire sur un nombre important de prélèvements bien représentatifs du contexte hydrogéologique et de l’objectif de l’étude .
  • Comparer au fond géochimique naturel
  • Affiner en étudiant les éléments traces sur un nombre plus restreint d’échantillons
  • Choisir ensuite si nécessaire sur un petit nombre de points d’eau des outils plus sophistiqués tels que les isotopes stables de l'eau, les éléments dissous, les outils de datations chimiques ou radio-isotopiques

L'origine d'une eau souterraine ou d'une pollution Analyser de manière progressive, complexité et coût croissants

diapo sur fond géochimique
Origine
Lors d'un processus physique ou chimique, la différence de comportement entre les isotopes lourds et légers d'un élement détermine une modification de leur rapport d'origine
Utiliser des isotopes stables pour diagnostiquer l'origine d'une pollution : le principe du fractionnement isotopique
A titre d'exemple : les isotopes de l'azote pour déterminer l'origine de certaines pollutions ou phénomène
  • Les engrais azotés chimiques sont fabriqués à partir de l'azote de l'air.
  • Leur concentration en 15N est plus faible que celle des engrais naturels qui subissent, avant d'intégrer le sol et dans le sol, une évaporation de l'ammoniac NH3.
  • L'évaporation enrichit la phase résiduelle en 15N, car l'isotope 15N nécessite plus d'énergie pour être évaporer que l'isotope 14N plus léger
  • Les pollutions par engrais azotés chimiques n'ont donc pas la même signature géochimique que celles produites par les engrais organiques
Les isotopes de l'azote pour déterminer l'origine de certaines pollutions ou phénomène : un autre exemple
  • Dans un aquifère, lorsque les eaux sont captives et dépourvues d'oxygène, certaines bactéries présentes dans les nappes utilisent l'oxygène des nitrates (NO3-) en tant que comburant en remplacement de l'O2.
  • Pour les bactéries du cycle de l'azote, utiliser le 14N des nitrates dans leur métabolisme requiert moins d'énergie que d'utiliser le 15N, isotope de masse atomique légèrement supérieure
  • Dans les aquifères, en présence de réactions de dénitrification, cette stratégie bactérienne détermine l'augmentation progressive du 15N par rapport au 14N
  • Le rapport 14N/15N des eaux souterraines est ainsi un indicateur de dénitrification naturelle

04

Exercice : zut, encore un ! J'espère que ce n'est pas une histoire d'isotopes

Et dans quels types d'aquifère sont-elles prélevées ?
Voici la concentration chimique de quelques eaux de source ou minérales Laquelle provient de Zilia, d'Evian et de Contrexéville ?
Quelle eau / Quelle composition chimique ?
  • comment l'eau se charge en minéraux lorsqu'elle circule dans la roche ?
  • que la géochimie de l'eau permet d'en caractériser l'origine tout du moins en partie
  • qu'une eau âgée peut avoir un chimisme très particulier et ne pas être potabilisable
  • comment accéder à de l'information sur la qualité des eaux souterraines
A l'issue de cette séquence, vous avez compris :