DOCUMENTER, AUGMENTER LE REEL
Start
Le réel : Ce qui est, en totalité La réalité : Fragmantation perceptible et humaine du réel
Documenter : Enregistrement objectif du réel Augmenter : Ajout de la subjectivité artistique par son interprétation plus ou moins fidèle
BRAINSTORMING
OEUVRES AU PROGRAMME
Joseph VERNET , La ville et la rade de Toulon,
1756
Andreas GURSKY, 99 Cent, 1999
Comment ces deux oeuvres peuvent-elles à la fois incarner des documents objectifs de leur temps tout en proposant une vision augmentée de leurs propres réalités ?
Document : Vient du latin « documentum » qui signifie
« enseignement », « acte écrit qui sert de témoignage »,
« preuve ». Dérivé de « docere » qui signifie « enseigner,
informer »
Documenter : Fournir des documents à; renseigner, instruire,
s’entourer de documents, les utiliser pour son travail
- Appuyer, étayer (un ouvrage, un travail) par des
documents; porter un certain nombre d’informations sur un support
DOCUMENTER
Vient du latin « augmentare », rendre plus
grand (en quantité, en durée…), plus fort (en intensité) en
ajoutant à ce qui existe quelque chose de même nature.
En accroître l’étendue, l’importance. En arts, la notion d'augmentation peut être analysée en évoquant la subjectivité de l'artiste mais aussi d'exagérer les choses pour les rendre plus visibles, plus compréhensibles par le public et les spectateurs.
AUGMENTER
REEL / REALITE
Le réel est, par définition, ce qui est, en tant que tel, un et absolu. Il est par essence intangible et impossible à percevoir dans sa totalité. La réalité en est la représentation, et même la reconstruction de plus en plus « approchée ». On parle ainsi de réalités physiques, chimiques, économiques, sociales, culturelles, sensibles, intelligibles, individuelles, collectives. La réalité n'est donc pas une et absolue comme l'est le réel, elle est multiple et change avec les époques et les différentes civilisations, selon l'état des moyens d'investigation scientifiques et d'opération techniques. La réalité est donc bien une re-présentation, sensible ou/et intelligible, individuelle ou/et collective, du réel, qui, lui, ne change pas.
• Toute oeuvre d’art est-elle un document du réel ? • L’art vient-il documenter le réel ? Est-ce son rôle ? • L’art est-il un enregistreur de la réalité ? • L’art doit-il augmenter le réel ? Le dépasser ? Créer un autre réel ?
• L’oeuvre d’art peut-elle amplifier notre rapport au réel ? Le modifier ? • L’artiste peut-il emprunter à l’historien et/ou à l’archiviste pour créer ? • La vérité, l’authenticité peuvent-elles constituer des critères artistiques légitimes ?
JOSEPH VERNET
A retenir : Vernet s'inspire des vedutes et de la peinture de paysage. Pour les ports, il répond à une commande par une série : c'est un inventaire. Il alterne entre l'objectivité de l'étude et la liberté de créer pour composer. Tableaux à la gloire de la Marine et témoignage de la vie des ports. Dimension politique et pédagogique.
La série des ports de France intervient durant le règne de Louis XV et d'un moment de prospérité et de paix dans le pays où les lettres et la culture vont se développer dans le milieu bourgeois, en parallèle
Elements Biographiques
Ancrage historique
La série des Ports de France de Vernet
d'une grande souffrance du peuple. Des penseurs comme Voltaire, Rousseau ou encore Diderot poseront les premiers jallons de la pensée démocratique qui conduiront à la Révolution de 1789
Né Claude-Joseph VERNET le 14 août 1714 et mort le 3
décembre 1789 .Peintre, dessinateur et graveur français, connu pour ses peintures de paysages et ses marines. Issu d’une famille de peintres et d’artistes.
Il se forme auprès de son père puis part à Rome en 1734 où il
est influencé par le style des peintres paysagistes et marins
italiens.
Il développe une vision objective, une forme de réalisme
car il fait des études sur le motif En 1753, il est admis à l’Académie royale de peinture et de
sculpture puis reçoit une commande de Louis XV pour
peindre une série des principaux ports de France. 15
tableaux sont réalisés de 1753 à 1765 (Marseille, La
Rochelle, Toulon, Bayonne…). Série inachevée.
On demande à Vernet de représenter sur chaque tableau, au
1er plan, les activités spécifiques à la région. Ses peintures
sont donc de véritables témoignages de la vie dans les ports il
y a plus de 250 ans. Le roi ne pouvant pas se rendre dans chacun de ces ports,
commande ces vues afin de les connaître. Elles ont alors une
visée ornementale et pédagogique Les éléments peints sont réfléchis pour informer le roi de
manière à ce qu’il connaisse les régions (costumes, traditions,
topographie, habitudes…), les produits importés et exportés
On peut rapprocher ces vues des plans reliefs. Elles ont
vocation à rester dans la partie officielle de Versailles
"Surtout ne perdés pas de vue l'intention du Roy qui est de voir les ports du royaume représentés au naturel dans vos tableaux. Je sens bien que votre imagination se trouve par là génée; mais avec votre talent, on peut réunir le mérite de
Une commande Royale
l'imitation et celui de l'investion: vous en avés donné les preuves"
Marquis de Marigny, surintendant des Batiments
Les Vedutes italiennes
La veduta est un procédé de peinture très détaillé, en général en grand format, d'un paysage urbain ou d'autres panoramas qui reproduit ce que le regard saisit. Par la rigueur des lignes tracées, l'exactitude topographique, les peintres restituent le cadre de la vie quotidienne avec précision.
- Travail sur plan - Parcours de l'espace, multiplication des points de vue - Création de plusieurs études - Composition sous forme de dessin - Passage à la toile définitive sans passer par
l’ébauche pour « profiter de la chaleur de son
imagination » - Aide d'élèves en atelier - Encadrement avec cadre à la romaine, préféré aux cadres chargés, baroque.
Inspirations
Processus
A gauche : Canaletto, Vue du Palazzo Ducale vers la Riva degli Schiavoni, 1740
A droite : Guardi, Le Grand Canal de Venise avec le Palazzo Bembo, 1768
JOSEPH VERNET
DESCRIPTION DE L’OEUVRE
Composition panoramique offrant une large ouverture
sur la rade de Toulon (Rade = Grand bassin ayant une
issue vers la mer et où les navires peuvent mouiller)
On observe la double préoccupation de l’artiste :
figurer les activités humaines + topographie de l'espace. Perspective aérienne/atmosphérique : il atténue
contours et couleurs dans les lointains . Au
1er plan animé : effervescence humaine et animale.
On voit de nombreux personnages en mouvement,
exécutant des activités par groupe. De part et
d’autres de la toile, des éléments architecturaux
notables : une bâtisse riche à gauche, une fontaine
ornementale à droite (une femme semble montrer des
poissons en pointant du doigt l’eau) Les personnages comme les animaux se répartissent de façon homogène dans cet
espace qui est très clairement délimité en tant que 1er plan par une ligne horizontale qui coïncide avec la
rambarde de cette terrasse. Des détails nombreux voulus par l’artiste viennent nous donner l’atmosphère du
lieu et donnent des indices quant à la localisation : la table en train d’être mise sous la tonnelle, le jeu de
boules, la présence de cyprès, la lumière chaude, les pots contenant les arbres fruitiers… renvoient au sud
de la France. Par-delà la rambarde et ce 1er plan qui offre un point de vue en plongée sur le reste du paysage, se déploie
la nature dominée par l’homme. Les haies sont taillées, les champs cultivés et délimités, parcelle par parcelle.
Ce paysage bocager constitue le 2ème plan de notre composition. Quelques bâtiments apparaissent dans cet
espace mais c’est véritablement le vert et la végétation qui dominent. Les nuances de vert sont nombreuses
et témoignent de la prouesse technique de l’artiste. Le 3eme plan et arrière-plan commence avec l’eau et la fameuse rade qui donne son titre au tableau. Les
couleurs sont claires, ténues, de plus en plus floutées pour respecter la perspective aérienne. De nombreux
bateaux apparaissent avec leur multitude de mats et, pour ceux qui naviguent, avec leurs voiles déployées.
Le paysage, en fond, se montre plus accidenté, plus vallonné et dessine les contours de la rade. Au loin, la ligne d’horizon à peine esquissée et se
confondant presque avec le ciel. Cette oeuvre présente un aspect descriptif et documentaire très affirmé : Joseph Vernet nous présente un
espace reconnaissable, à la topographie exacte, ainsi que les coutumes de ce lieu.
Il établit un rapport bien défini du proche et du lointain. Le point de vue est essentiel et correspond à celui de
l’artiste depuis une maison de campagne.
Joseph VERNET (1714-1789), La ville et la rade de Toulon,
deuxième vue, le port de Toulon, vue du mont Faron, 1756,
huile sur toile, H. : 165 cm, L. : 263 cm, Paris, musée du
Louvre ; Tableau=15-527418 : © 2015 GrandPalaisRmn
(musée du Louvre)
Il est très important de noter que Vernet assouplit la demande qui lui a été faite par l’ANECDOTE augmentant
ainsi le réel. En effet, la dimension décorative insistante, l’importance du récit incarné par les saynètes du 1er
plan ainsi que la composition très rigoureuse du tableau donnent l’impression d’une réalité mise en scène,
augmentée.
ANDREAS GURSKY
A retenir : Gursky se pose au carrefour des différents mouvements photographiques du XXème siècle en croisant l'objectivité du regard éloigné, frontal de la photographie à un humanisme lattent dans le sujet même de ses oeuvres. Ses retouches s'approchent de la construction subjective de la photographie pour renforcer le regard du spectateur.
La photographie subjective tente de manière expérimentale, telle la peinture, d'être considérée comme un art à part entière, une « photographie d'auteur » dès les années 1920. Pour ses adeptes, la photo ne doit pas aspirer à la reproduction objective ou naturaliste de la réalité mais doit a contrario tendre vers une interprétation imagée et personnelle. Selon eux, n'importe quel cliché possède un caractère subjectif de par son cadrage, son immédiateté et la perspective.
Elements Biographiques
Photographie subjective
Oeuvres d'Andreas Gursky
Né en Allemagne, en 1955 dans une famille de photographes, il étudie d'abord à la Folwangschule d'Essen qui prône une photographie subjective avant d'entrer aux Beaux-Arts de Düsseldorf sous la direction des célèbres photographes Bernd et Hilla BECHER dont le regard détaché et objectif sur la société post-industrielle s'oppose aux idées de l'école d'Essen.A partir des années 90, il réalise des sériesphotographiques qui dressent un INVENTAIRE DES LIEUX EMBLÉMATIQUES DE LA VIE SOCIALE MONDIALISÉE : supermarchés, gratte-ciels, usines, parkings, rassemblements festifs et sportifs…Ses images interrogent la standardisation et l’ampleur du monde moderne. Gursky est une figure majeure de la photographiecontemporaine. Ses images sont proches despeintures en termes de composition et demonumentalité. Bien que ses photos puissent sembler documentaires, elles sont le plus souvent modifiées et recomposées numériquement, soulevant ainsi des questions sur la réalité et la perception visuelle
Otto Steinert, Etreinte, 1946
Pour Hilla Becher, qui fonde l'école de Düsseldorf, « la photographie est une esthétique qui informe ». Ainsi, l’objectivité ne s’identifie pas à une sorte de vérité de la photo, elle est plutôt du côté de l’outil, du fonctionnel. L’image photographique relève de la technique de l’inventaire, elle ne recherche pas l’émotion ou l’empathie. Les photographies des Becher respectent un protocole minutieux : lumière neutre, cadrage frontal et serré, absence de nuage, de personnages… Les tirages toujours en N&B sont ensuite présentés et regroupés de façon à constituer des typologies de sites
Bernd et Hila Becher,12 châteaux d'eau
1978 - 1985
Photographie Objective
À la sortie de la deuxième guerre, se développe un courant de la photographie mettant au centre de son propos la personne humainel. Tous ces artistes partagent une vision essentialiste et lyrique de l’homme et s’appuient sur l’idée d’une nature humaine universelle
Gursky travaille la photographie à la manière d'un peintre. Il capture les espaces à l'aide d'une chambre noire de laquelle il extrait "sur le vif" des négatifs qui vont lui permettre de composer l'image finale.
Photographie humaniste
Processus
Cartier Bresson, Derrière la gare St Lazare, 1932
Dorothea Lange, Migrant mother, 1936
De retour à l'atelier, il va assembler numériquement ces négatifs afin d'amplifier les espaces, de les mettre en scène pour créer ces effets d'accumulation ou, au contraire, de vide sans fin. Son travail photographique est un travail de composition des espaces.
Robert Doisneau, Le baiser de l'hotel de ville, 1950
ANDREAS GURSKY
DESCRIPTION DE L’OEUVRE Cette photographie, aux couleurs saturées et particulièrement nombreuses, présente l’intérieur d’un commerce où tous les produits sont à 99 cents. Cette vue panoramique en légère plongée offre aux yeux du spectateur une succession de rayonnages emplis de produits de consommation courante et, en particulier, alimentaires, qui donnent l’impression quasiment d’une étendue infinie.La composition est simple et particulièrement efficace : une succession de lignes horizontales qui structure l’espace du tableau, entrecoupées par quelques verticales qui correspondent aux éléments structurels du magasin (colonnes reliant le sol au plafond) et des lignes de fuite perceptibles, induisant la profondeur et guidant notre regard, mais finalement peu marquées.Quelques figures humaines dont nous ne distinguons que le buste et/ou la tête ponctuent ce paysage commercial et nous offrent un rapport d’échelle. Cependant cette présence est ténue et ne semble pas être le sujet principal de l’oeuvre. Les clients incarnent le double mouvement photographique : la miniaturisation puis l’agrandissement. L’aspect presque fantomatique de ces personnes renforce l’impression de déshumanisation provoquée par la société de consommation.Cette photographie fonctionne comme une peinture et pourrait aisément être transformée en toile abstraite caractérisée par des lignes, des couleurs et un rythme régulier.Ici on perçoit le document sous le tableau puisque la chaîne de magasins a fermé en 2024 et cette photo est le témoignage d’une époque.Mais il y a une AUGMENTATION DE LA DESCRIPTION DOCUMENTAIRE puisqu’il y a AGRANDISSEMENT DE L’IMAGE NUMÉRIQUE et un SURCROÎT DE NETTETÉ apporté par le montage numérique.Contrairement à ce que l’on percevrait dans la réalité, ici TOUT EST NET comme s’il s’agissait d’une vision supra-humaine car la vision humaine ne permet pas d’embrasser d’un seul coup d’oeil tant de détails.Il s’agit d’une PERCEPTION AUGMENTÉE DU RÉEL Il y a augmentation de l’image en tant que réalité par le traitement informatique. Avec Gursky nous sommes davantage devant la réalité de l’image que devant l’image de la réalité car aucune connaissance n’est fournie. Le monde devient spectacleTaille importante de la photographie qui permet une immersion du spectateur
Andreas GURSKY (1955-…), 99 Cent, 1999, tirage : 5/6, photographie, épreuve couleur sous Diasec, épreuve chromogène, 206,5 x 337 x 5,8 cm (197 x 327 cmhors marge), Paris, Musée national d’art moderne (MNAM)
« Mes photographies sont des tableaux d’uneréalité intensifiée. Elles sont basées sur la réalité, mais elles sont aussi une reconstruction de la réalité »
Andreas Gursky
DOCUMENTER, AUGMENTER LE REEL
Johanna Braun
Created on March 14, 2025
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DOCUMENTER, AUGMENTER LE REEL
Start
Le réel : Ce qui est, en totalité La réalité : Fragmantation perceptible et humaine du réel
Documenter : Enregistrement objectif du réel Augmenter : Ajout de la subjectivité artistique par son interprétation plus ou moins fidèle
BRAINSTORMING
OEUVRES AU PROGRAMME
Joseph VERNET , La ville et la rade de Toulon, 1756
Andreas GURSKY, 99 Cent, 1999
Comment ces deux oeuvres peuvent-elles à la fois incarner des documents objectifs de leur temps tout en proposant une vision augmentée de leurs propres réalités ?
Document : Vient du latin « documentum » qui signifie « enseignement », « acte écrit qui sert de témoignage », « preuve ». Dérivé de « docere » qui signifie « enseigner, informer » Documenter : Fournir des documents à; renseigner, instruire, s’entourer de documents, les utiliser pour son travail - Appuyer, étayer (un ouvrage, un travail) par des documents; porter un certain nombre d’informations sur un support
DOCUMENTER
Vient du latin « augmentare », rendre plus grand (en quantité, en durée…), plus fort (en intensité) en ajoutant à ce qui existe quelque chose de même nature. En accroître l’étendue, l’importance. En arts, la notion d'augmentation peut être analysée en évoquant la subjectivité de l'artiste mais aussi d'exagérer les choses pour les rendre plus visibles, plus compréhensibles par le public et les spectateurs.
AUGMENTER
REEL / REALITE
Le réel est, par définition, ce qui est, en tant que tel, un et absolu. Il est par essence intangible et impossible à percevoir dans sa totalité. La réalité en est la représentation, et même la reconstruction de plus en plus « approchée ». On parle ainsi de réalités physiques, chimiques, économiques, sociales, culturelles, sensibles, intelligibles, individuelles, collectives. La réalité n'est donc pas une et absolue comme l'est le réel, elle est multiple et change avec les époques et les différentes civilisations, selon l'état des moyens d'investigation scientifiques et d'opération techniques. La réalité est donc bien une re-présentation, sensible ou/et intelligible, individuelle ou/et collective, du réel, qui, lui, ne change pas.
• Toute oeuvre d’art est-elle un document du réel ? • L’art vient-il documenter le réel ? Est-ce son rôle ? • L’art est-il un enregistreur de la réalité ? • L’art doit-il augmenter le réel ? Le dépasser ? Créer un autre réel ?
• L’oeuvre d’art peut-elle amplifier notre rapport au réel ? Le modifier ? • L’artiste peut-il emprunter à l’historien et/ou à l’archiviste pour créer ? • La vérité, l’authenticité peuvent-elles constituer des critères artistiques légitimes ?
JOSEPH VERNET
A retenir : Vernet s'inspire des vedutes et de la peinture de paysage. Pour les ports, il répond à une commande par une série : c'est un inventaire. Il alterne entre l'objectivité de l'étude et la liberté de créer pour composer. Tableaux à la gloire de la Marine et témoignage de la vie des ports. Dimension politique et pédagogique.
La série des ports de France intervient durant le règne de Louis XV et d'un moment de prospérité et de paix dans le pays où les lettres et la culture vont se développer dans le milieu bourgeois, en parallèle
Elements Biographiques
Ancrage historique
La série des Ports de France de Vernet
d'une grande souffrance du peuple. Des penseurs comme Voltaire, Rousseau ou encore Diderot poseront les premiers jallons de la pensée démocratique qui conduiront à la Révolution de 1789
Né Claude-Joseph VERNET le 14 août 1714 et mort le 3 décembre 1789 .Peintre, dessinateur et graveur français, connu pour ses peintures de paysages et ses marines. Issu d’une famille de peintres et d’artistes. Il se forme auprès de son père puis part à Rome en 1734 où il est influencé par le style des peintres paysagistes et marins italiens. Il développe une vision objective, une forme de réalisme car il fait des études sur le motif En 1753, il est admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture puis reçoit une commande de Louis XV pour peindre une série des principaux ports de France. 15 tableaux sont réalisés de 1753 à 1765 (Marseille, La Rochelle, Toulon, Bayonne…). Série inachevée. On demande à Vernet de représenter sur chaque tableau, au 1er plan, les activités spécifiques à la région. Ses peintures sont donc de véritables témoignages de la vie dans les ports il y a plus de 250 ans. Le roi ne pouvant pas se rendre dans chacun de ces ports, commande ces vues afin de les connaître. Elles ont alors une visée ornementale et pédagogique Les éléments peints sont réfléchis pour informer le roi de manière à ce qu’il connaisse les régions (costumes, traditions, topographie, habitudes…), les produits importés et exportés On peut rapprocher ces vues des plans reliefs. Elles ont vocation à rester dans la partie officielle de Versailles
"Surtout ne perdés pas de vue l'intention du Roy qui est de voir les ports du royaume représentés au naturel dans vos tableaux. Je sens bien que votre imagination se trouve par là génée; mais avec votre talent, on peut réunir le mérite de
Une commande Royale
l'imitation et celui de l'investion: vous en avés donné les preuves"
Marquis de Marigny, surintendant des Batiments
Les Vedutes italiennes
La veduta est un procédé de peinture très détaillé, en général en grand format, d'un paysage urbain ou d'autres panoramas qui reproduit ce que le regard saisit. Par la rigueur des lignes tracées, l'exactitude topographique, les peintres restituent le cadre de la vie quotidienne avec précision.
- Travail sur plan - Parcours de l'espace, multiplication des points de vue - Création de plusieurs études - Composition sous forme de dessin - Passage à la toile définitive sans passer par l’ébauche pour « profiter de la chaleur de son imagination » - Aide d'élèves en atelier - Encadrement avec cadre à la romaine, préféré aux cadres chargés, baroque.
Inspirations
Processus
A gauche : Canaletto, Vue du Palazzo Ducale vers la Riva degli Schiavoni, 1740
A droite : Guardi, Le Grand Canal de Venise avec le Palazzo Bembo, 1768
JOSEPH VERNET
DESCRIPTION DE L’OEUVRE Composition panoramique offrant une large ouverture sur la rade de Toulon (Rade = Grand bassin ayant une issue vers la mer et où les navires peuvent mouiller) On observe la double préoccupation de l’artiste : figurer les activités humaines + topographie de l'espace. Perspective aérienne/atmosphérique : il atténue contours et couleurs dans les lointains . Au 1er plan animé : effervescence humaine et animale. On voit de nombreux personnages en mouvement, exécutant des activités par groupe. De part et d’autres de la toile, des éléments architecturaux notables : une bâtisse riche à gauche, une fontaine ornementale à droite (une femme semble montrer des poissons en pointant du doigt l’eau) Les personnages comme les animaux se répartissent de façon homogène dans cet espace qui est très clairement délimité en tant que 1er plan par une ligne horizontale qui coïncide avec la rambarde de cette terrasse. Des détails nombreux voulus par l’artiste viennent nous donner l’atmosphère du lieu et donnent des indices quant à la localisation : la table en train d’être mise sous la tonnelle, le jeu de boules, la présence de cyprès, la lumière chaude, les pots contenant les arbres fruitiers… renvoient au sud de la France. Par-delà la rambarde et ce 1er plan qui offre un point de vue en plongée sur le reste du paysage, se déploie la nature dominée par l’homme. Les haies sont taillées, les champs cultivés et délimités, parcelle par parcelle. Ce paysage bocager constitue le 2ème plan de notre composition. Quelques bâtiments apparaissent dans cet espace mais c’est véritablement le vert et la végétation qui dominent. Les nuances de vert sont nombreuses et témoignent de la prouesse technique de l’artiste. Le 3eme plan et arrière-plan commence avec l’eau et la fameuse rade qui donne son titre au tableau. Les couleurs sont claires, ténues, de plus en plus floutées pour respecter la perspective aérienne. De nombreux bateaux apparaissent avec leur multitude de mats et, pour ceux qui naviguent, avec leurs voiles déployées. Le paysage, en fond, se montre plus accidenté, plus vallonné et dessine les contours de la rade. Au loin, la ligne d’horizon à peine esquissée et se confondant presque avec le ciel. Cette oeuvre présente un aspect descriptif et documentaire très affirmé : Joseph Vernet nous présente un espace reconnaissable, à la topographie exacte, ainsi que les coutumes de ce lieu. Il établit un rapport bien défini du proche et du lointain. Le point de vue est essentiel et correspond à celui de l’artiste depuis une maison de campagne.
Joseph VERNET (1714-1789), La ville et la rade de Toulon, deuxième vue, le port de Toulon, vue du mont Faron, 1756, huile sur toile, H. : 165 cm, L. : 263 cm, Paris, musée du Louvre ; Tableau=15-527418 : © 2015 GrandPalaisRmn (musée du Louvre)
Il est très important de noter que Vernet assouplit la demande qui lui a été faite par l’ANECDOTE augmentant ainsi le réel. En effet, la dimension décorative insistante, l’importance du récit incarné par les saynètes du 1er plan ainsi que la composition très rigoureuse du tableau donnent l’impression d’une réalité mise en scène, augmentée.
ANDREAS GURSKY
A retenir : Gursky se pose au carrefour des différents mouvements photographiques du XXème siècle en croisant l'objectivité du regard éloigné, frontal de la photographie à un humanisme lattent dans le sujet même de ses oeuvres. Ses retouches s'approchent de la construction subjective de la photographie pour renforcer le regard du spectateur.
La photographie subjective tente de manière expérimentale, telle la peinture, d'être considérée comme un art à part entière, une « photographie d'auteur » dès les années 1920. Pour ses adeptes, la photo ne doit pas aspirer à la reproduction objective ou naturaliste de la réalité mais doit a contrario tendre vers une interprétation imagée et personnelle. Selon eux, n'importe quel cliché possède un caractère subjectif de par son cadrage, son immédiateté et la perspective.
Elements Biographiques
Photographie subjective
Oeuvres d'Andreas Gursky
Né en Allemagne, en 1955 dans une famille de photographes, il étudie d'abord à la Folwangschule d'Essen qui prône une photographie subjective avant d'entrer aux Beaux-Arts de Düsseldorf sous la direction des célèbres photographes Bernd et Hilla BECHER dont le regard détaché et objectif sur la société post-industrielle s'oppose aux idées de l'école d'Essen.A partir des années 90, il réalise des sériesphotographiques qui dressent un INVENTAIRE DES LIEUX EMBLÉMATIQUES DE LA VIE SOCIALE MONDIALISÉE : supermarchés, gratte-ciels, usines, parkings, rassemblements festifs et sportifs…Ses images interrogent la standardisation et l’ampleur du monde moderne. Gursky est une figure majeure de la photographiecontemporaine. Ses images sont proches despeintures en termes de composition et demonumentalité. Bien que ses photos puissent sembler documentaires, elles sont le plus souvent modifiées et recomposées numériquement, soulevant ainsi des questions sur la réalité et la perception visuelle
Otto Steinert, Etreinte, 1946
Pour Hilla Becher, qui fonde l'école de Düsseldorf, « la photographie est une esthétique qui informe ». Ainsi, l’objectivité ne s’identifie pas à une sorte de vérité de la photo, elle est plutôt du côté de l’outil, du fonctionnel. L’image photographique relève de la technique de l’inventaire, elle ne recherche pas l’émotion ou l’empathie. Les photographies des Becher respectent un protocole minutieux : lumière neutre, cadrage frontal et serré, absence de nuage, de personnages… Les tirages toujours en N&B sont ensuite présentés et regroupés de façon à constituer des typologies de sites
Bernd et Hila Becher,12 châteaux d'eau 1978 - 1985
Photographie Objective
À la sortie de la deuxième guerre, se développe un courant de la photographie mettant au centre de son propos la personne humainel. Tous ces artistes partagent une vision essentialiste et lyrique de l’homme et s’appuient sur l’idée d’une nature humaine universelle
Gursky travaille la photographie à la manière d'un peintre. Il capture les espaces à l'aide d'une chambre noire de laquelle il extrait "sur le vif" des négatifs qui vont lui permettre de composer l'image finale.
Photographie humaniste
Processus
Cartier Bresson, Derrière la gare St Lazare, 1932
Dorothea Lange, Migrant mother, 1936
De retour à l'atelier, il va assembler numériquement ces négatifs afin d'amplifier les espaces, de les mettre en scène pour créer ces effets d'accumulation ou, au contraire, de vide sans fin. Son travail photographique est un travail de composition des espaces.
Robert Doisneau, Le baiser de l'hotel de ville, 1950
ANDREAS GURSKY
DESCRIPTION DE L’OEUVRE Cette photographie, aux couleurs saturées et particulièrement nombreuses, présente l’intérieur d’un commerce où tous les produits sont à 99 cents. Cette vue panoramique en légère plongée offre aux yeux du spectateur une succession de rayonnages emplis de produits de consommation courante et, en particulier, alimentaires, qui donnent l’impression quasiment d’une étendue infinie.La composition est simple et particulièrement efficace : une succession de lignes horizontales qui structure l’espace du tableau, entrecoupées par quelques verticales qui correspondent aux éléments structurels du magasin (colonnes reliant le sol au plafond) et des lignes de fuite perceptibles, induisant la profondeur et guidant notre regard, mais finalement peu marquées.Quelques figures humaines dont nous ne distinguons que le buste et/ou la tête ponctuent ce paysage commercial et nous offrent un rapport d’échelle. Cependant cette présence est ténue et ne semble pas être le sujet principal de l’oeuvre. Les clients incarnent le double mouvement photographique : la miniaturisation puis l’agrandissement. L’aspect presque fantomatique de ces personnes renforce l’impression de déshumanisation provoquée par la société de consommation.Cette photographie fonctionne comme une peinture et pourrait aisément être transformée en toile abstraite caractérisée par des lignes, des couleurs et un rythme régulier.Ici on perçoit le document sous le tableau puisque la chaîne de magasins a fermé en 2024 et cette photo est le témoignage d’une époque.Mais il y a une AUGMENTATION DE LA DESCRIPTION DOCUMENTAIRE puisqu’il y a AGRANDISSEMENT DE L’IMAGE NUMÉRIQUE et un SURCROÎT DE NETTETÉ apporté par le montage numérique.Contrairement à ce que l’on percevrait dans la réalité, ici TOUT EST NET comme s’il s’agissait d’une vision supra-humaine car la vision humaine ne permet pas d’embrasser d’un seul coup d’oeil tant de détails.Il s’agit d’une PERCEPTION AUGMENTÉE DU RÉEL Il y a augmentation de l’image en tant que réalité par le traitement informatique. Avec Gursky nous sommes davantage devant la réalité de l’image que devant l’image de la réalité car aucune connaissance n’est fournie. Le monde devient spectacleTaille importante de la photographie qui permet une immersion du spectateur
Andreas GURSKY (1955-…), 99 Cent, 1999, tirage : 5/6, photographie, épreuve couleur sous Diasec, épreuve chromogène, 206,5 x 337 x 5,8 cm (197 x 327 cmhors marge), Paris, Musée national d’art moderne (MNAM)
« Mes photographies sont des tableaux d’uneréalité intensifiée. Elles sont basées sur la réalité, mais elles sont aussi une reconstruction de la réalité »
Andreas Gursky