La femme barbare

Les Barbares

Le Barbare dans D&D

Drapé de fourrure et portant une hache, un humain tribal de haute taille marche à grandes enjambées à travers le blizzard. Riant aux éclats, il charge le géant du givre qui a osé s'en prendre au troupeau de son clan. Ces barbares, bien que différents, ont en commun leur rage : un déchaînement de fureur, inextinguible et irraisonné. Bien plus qu'une émotion passagère, leur colère est celle d'un féroce prédateur acculé pour un barbare, la civilisation n'est pas une vertu, c'est un signe de faiblesse.

•Toute civilisation se construit par opposition à son voisin :

Égypte : tout ce qui n’est pas l’Égypte (les neuf peuples) Chine : chez les Zhou (XIe et VIe s av JC) distinction entre le barbare cuit (intégrable) et le barbare cru. Chine : Dynastie Han : distinction géographique entre tribus du nord(les chiens) et tribus du sud (les serpents)

Sandales de Toutankamon (XVIIIe dynastie)

• Idée générale sur les constructions anciennes de l’altérité

o Opposition comportementale o Construction spatiale ou environnementales o Apparence différente, éloignée du canon esthétique dominant et proche de l’animalité o « Ethnicisation » de l’autre : construire une entité sans réel lien o Jeu d’inversion chez les moralistes : pour Confucius les ethnies du sud et du nord peuvent s’unir contrairement aux Hans.

Le barbare, un concept grec

La langue barbare

Homère, Iliade II, 867-875 ;

« Nastès marche à la tête de ses Cariens au parler barbare. Ce sont ceux de Milet, et du mont Phthires au feuillage infini, ceux du fleuve Méandre et du Mycale aux hautes cimes. Ceux-là ont pour capitaines Amphimaqueet Nastès, Nastès et Amphimaque les brillants fils de Nomion…. » (traduction P. Mazon)

Anacréon (VIe s. av. J.-C.): βάρβαρος (barbaros/oï)

Le barbare, un concept grec

La langue barbare

• Jeu d’opposition : le grec existe car le barbare (langue) existe • Une opposition linguistique qui devient civilisationnelle : la langue fait partie des distinctions au même titre que le sang, les sanctuaires, les sacrifices et les mœurs.

« Il y a le monde grec, uni par la langue et par le sang, les sanctuaires et les sacrifices qui nous sont communs, nos mœurs qui sont les mêmes, et cela, des Athéniens ne sauraient le trahir. » Hérodote, Histoires, VIII, 144 ; traduction A. Barguet

Le barbare, un concept grec

LA LANGUE BARBARE

Langue civilisée en opposition avec les parlers barbares L’absence de parler articulé chez le barbare suppose qu’il n’y a pas de raisonnement

Agamemnon refuse d’écouter Teucer, un de ses parents sang mêlé, en raison de son parler barbare.

• Mais une construction pensée comme progressive : Selon Thucydide, Homère n’a jamais donné le nom « hellénique » ni « barbare » car rien ne désignait cela

"Ne vas-tu pas t’assagir, comprendre qui tu es ? n’amèneras-tu pas quelqu’un d’autre, un homme libre qui nous parle à ta place ? Toi, quand tu parles, je ne comprends pas ; je n’entends rien à la langue des Barbares." (Sophocle, Ajax, v. 1259-1263 ; traduction J. Grosjean)

Le barbare, un concept grec

LES STÉRÉOTYPES CLASSIQUES DE LA BARBARIE

Taille et musculature disproportionnée : trop grands et trop musclés Pilosité importante

«Je me vois cherchant à reconnaître ces chefs aux noms interminables et aux statures dignes de ces noms ; je crois voir les brancards lourds des atrocités qu'ont osées les barbares, chaque prisonnier suivre, les mains liées, l'image de ses forfaits » Pline le Jeune (Panégyrique de Trajan XVII, 1-2 ; trad. M. Durry

Suicide de Décébale, colone trajane

Le barbare, un concept grec

LES STÉRÉOTYPES CLASSIQUES DE LA BARBARIE

• Couleur différente : trop noir ou trop blanc • Tatouages

Vase plastique -520 / -510 (4e quart VIe s. av. J.-C.)

Le barbare, un concept grec

LES STÉRÉOTYPES CLASSIQUES DE LA BARBARIE

• Costume différent : vêtement moulant des Scythes

Plat attique représentant un Scythe, fin du VIe s. av. J.C.

Le barbare, un concept grec

LES STÉRÉOTYPES CLASSIQUES DE LA BARBARIE

• Incapacité à vivre en polis : o Nomade o Perfide o Potentiel envahisseur o Alimentation différente. o Rapport entre les sexes o Violence

Achille tuant Penthésilée, VIe siècle av. J.-C., poterie,

Le barbare, un concept grec

LES STÉRÉOTYPES CLASSIQUES DE LA BARBARIE

Hippocrate : Airs, eaux, lieux

• Théorie des climats

Aristote, Politique, VII, 6.

« Les peuples qui habitent les climats froids, les peuples d'Europe sont en général pleins de courage ; mais ils sont certainement inférieurs en intelligence et en industrie ; et s'ils conservent leur liberté, ils sont politiquement indisciplinables, et n'ont jamais pu conquérir leurs voisins. En Asie, au contraire, les peuples ont plus d'intelligence, d'aptitude pour les arts, mais ils manquent de cœur, et ils restent sous le joug d'un esclavage perpétuel. La race grecque, qui topographiquement est intermédiaire, réunit toutes les qualités des deux autres. Dans le sein même de la Grèce, les divers peuples présentent entre eux des dissemblances analogues à celles dont nous venons de parler : ici, c'est une seule qualité naturelle qui prédomine, là elles s'harmonisent toutes dans un heureux mélange . »

Le barbare, un concept grec

LOCALISER LE BARBARE

• Montagnes et mer comme mode de défense

Le barbare, un concept grec

LOCALISER LE BARBARE

• Carte « macrobienne » : la terre est un globe. Rechercher le point central comme sommet culturel • Carthographie : Delphe est au centre du monde • La théorie des climats arrive à Rome au 1er siècle avant J.C

Le barbare, un concept grec

LOCALISER LE BARBARE

Le Perse: archétype du barbare oriental

Le Germain: archétype du barbare occidental

Forte pilosité, désordre et vaillance

Absence de pilosité, despotisme et mollesse

La synthèse romaine

LA CONCEPTION ROMAINS (IIE AV J.C. – IVE AP J.C.)

La théorie des climats chez Tacite

Pour moi, je me range à l’opinion de ceux qui pensent que les peuples de la Germanie, pour n’avoir jamais été souillés par d’autres unions avec d’autres tribus, constituent une nation particulière, pure de tout mélange et qui ne ressemble qu’à elle-même. De là vient l’apparence, elle aussi, pour autant que la chose est possible en un si grand nombre d’hommes, est la même chez tous : yeux farouches et bleus, cheveux d’un blond ardent, grands corps et qui n’ont de vigueur que pour un premier effort ; leur endurance n’est pas le même à la peine et au travail ; ils ne supportent pas du tout la soif et la chaleur, mais le froid et la faim, ainsi accoutumés par leur ciel ou leur sol.

Tacite, La Germanie, I ; IV ; XIX ; XXIII ; XXVIII ; XXIX ; (extraits) (Trad. J.Perret, Paris, CUF, 1967)

La synthèse romaine

LA CONCEPTION ROMAINS (IIE AV J.C. – IVE AP J.C.)

• Peu d’innovation, mais synthèse • Réception de l’héritage grec pour la pensée et l’image • Reprise des codes de l’art grec • Volonté de montrer que les Romains ne sont pas des Barbares

La synthèse romaine

LA CONCEPTION ROMAINS (IIE AV J.C. – IVE AP J.C.)

• Carthographie romaine : vision du monde de Pompeius Melus. Rome est au centre du monde.

Vision du monde de Pompeius Mela Ier s. av. J.C. (reconstitution)

La synthèse romaine

BARBARES MENAÇANTS, BARBARES INTÉGRABLES

Rome menacée par les différents peuples barbares Le barbaricum: espace barbare

« Les peuples de Germanie ne bâtissent pas de villes ; ils ne supportent même pas que leurs maisons soient mitoyennes. Ils vivent isolés et à l’écart les uns des autres, s’installant là où une source, une plaine ou un bois leur a donné envie d’habiter » (Tacite, Germanie, v. 100

La synthèse romaine

BARBARES MENAÇANTS, BARBARES INTÉGRABLES

• intégration des barbares par la construction d’une culture civique et l’accès à la citoyenneté

o élites locales à partir du IIIe siècle av J.C o octroi massif à partir du Ier siècle av J.C. o Généralisé en 212 par l’édit de Caracalla

La synthèse romaine

BARBARES MENAÇANTS, BARBARES INTÉGRABLES

• intégration des barbares par la romanisation

«Pour habituer, par les jouissances, à la paix et à la tranquillité des hommes disséminés, sauvages, et par là même disposés à guerroyer, il exhortait les particuliers, il aidait les collectivités à édifier temples, forums, maisons. (…) De plus, il faisait instruire dans les arts libéraux les fils des chefs, et préférait les dons naturels des Bretons aux dons acquis des Gaulois, si bien qu’après avoir naguère dédaigné la langue de Rome, ils se passionnaient pour son éloquence. On en vint même à priser notre costume et, souvent, à porter la toge. » (Tacite, Agricola. 21, 1-3

La synthèse romaine

LE BARBARE MEILLEUR QUE LE ROMAIN.

• Discours des moralistes romains

«Les plus braves de ces trois peuples sont les Belges, parce qu’ils sont les plus éloignés de la Province romaine et de sa civilisation, parce que les marchands y vont très rarement, et, par conséquent, n’y introduisent pas ce qui est propre à amollir les cœurs » (Guerre des Gaules)

La synthèse romaine

LE BARBARE MEILLEUR QUE LE ROMAIN.

• Discours des moralistes romains

Aussi vivent-ils sous la garde de la chasteté, loin des spectacles et du vin qui corrompent les moeurs, loin des festins qui allument les passions. Hommes et femmes ignorent également les mystérieuses correspondances. Très peu d'adultères se commettent dans une nation si nombreuse, (…) Les garçons ont des désirs tardifs, ce qui leur donne une jeunesse inépuisable. On ne hâte pas non plus le mariage des filles : elles ont, comme leurs époux, la vigueur de l'âge, la hauteur de la taille; et d'un couple assorti et robuste naissent des enfants également vigoureux Tacite, Germanie, XIX, XX (vers 100 ap. JC.)

La synthèse romaine

LE BARBARE MEILLEUR QUE LE ROMAIN.

• Discours des moralistes romains

"La frugalité de leur genre de vie, leur éloignement des affaires d’argent leur permettent d’avoir entre eux des rapports réglés par l’équité étant donné qu’ils ont tout en commun […] ne possédant rien qui les expose à la servitude" Strabbon à propos des Scythes

LE DISCOURS CHRÉTIEN (300-600)

• Définition du Barbare change : le non chrétien o 1/ état antérieur au christianisme o 2/ population non évangélisées o 3/ ennemis récurrents d’un royaume chrétien

La femme barbare