Want to create interactive content? It’s easy in Genially!

Get started free

III-2 Epurer

MOZEC MOZEC

Created on February 6, 2025

Start designing with a free template

Discover more than 1500 professional designs like these:

Transcript

L'épuration

EN FRANCE

L'épuration économique
L'épuration administrative
L'épuration judiciaire
L'épuration sauvage
Les exécutions sommaires

Les ordonnances du GPRF mettent en place trois juridictions d'exception dont les jurés sont des membres de la Résistance

Dans les landes

Les exécutions sommaires dans les Landes

L'épuration administrative

L'épuration économique

La Cour de justice des Landes

La Chambre civique

L'épuration légale dans les Landes

La Cour de Justice départementale est l'instrument essentiel de l'épuration. La Cour de Justice des Landes est présidée par M. Davezan, président du tribunal, assisté de quatre jurés tirés au sort sur une liste de "citoyens qui n'ont cessé de faire preuve de sentiments nationaux". En fait, la liste a été établie par M. Labidalle, représentant du CDL à la Commission d'Epuration après appel aux CLL qui ont fait connaître les personnes qui dans leur canton méritent d'être jurés car résistants. Le Procureur de la République Armand remplit les fonctions de Commissaire du gouvernement. La Cour de Justice est chargée de juger les faits de collaboration et les activités antinationales dans le cadre de l'ordonnance du 26 juin 1944. Entre octobre 1944 et le 30 juin 1945, date de sa suppression, la Cour de Justice départementale a tenu 48 audiences, jugé 64 affaires concernant 92 accusés. Elle a prononcé 17 condamnations à mort (dont 10 par contumace) concernant 16 hommes et une femme. Un seul condamné est exécuté, Frédéric Hauss, traducteur de la Gestapo accusé de trahison ; il est fusillé le 6 février 1944 par des militaires volontaires (ex-FFI) sur un terrain attenant au camp d'aviation de Mont-de-Marsan. Il y a aussi 8 condamnations aux travaux forcés à perpétuité, 10 aux travaux forcés à temps, 34 peines d'emprisonnement et 19 personnes sont relaxées. Pour certains condamnés, le verdict s'accompagne de la confiscation totale ou partielle des biens (30), de la dégradation nationale (69) d'une interdiction de séjour dans le département (28) ou d'une amende (12). Si les dénonciations sont en général jugées avec sévérité, on peut noter que les militants les plus actifs de la collaboration dans le département connaissent des sorts divers : Lerède, chef de la Milice et le capitaine de gendarmerie Leyrat sont condamnés à mort mais le délégué départemental à l'information, A. Saint Martin sauve sa tête alors qu'il avait reçu à maintes reprises des menaces de mort. Il est toutefois condamné aux travaux forcés à perpétuité. Après la dissolution de la Cour de Justice des Landes, le 30 juin 1945, les affaires non encore jugées dans le département sont transférées à la Cour de Justice de Pau.

L'ordonnance du 27 juin 1944, complétée par les ordonnances des 25 octobre et du 11 décembre, constitue le fondement de l'épuration administrative. Les fonctionnaires, les agents de l'Etat ou d'une collectivité publique auront éventuellement à répondre des actes et des écrits susceptibles d'avoir contrarié l'effort de guerre des Alliés ou de la France Libre, porté atteinte aux institutions et aux libertés fondamentales. L'épuration commence, dès les premiers jours de la Libération du département par la mise à l'écart de personnalités qui sont à la tête de certaines administrations : le 24 août 1944, le chef des FFI, "Léon des Landes", décide la mise en congé de R. Courtot Sous-Préfet de Dax. Le 12 septembre, le directeur de la Banque de France est interné, l'inspecteur d'Académie des Landes révoqué et à la préfecture les chefs de la 1ère et de la 2ème division sont suspendus. Le procureur de Dax est remplacé le 4 octobre et le 6, le commis principal des PTT est révoqué pour appartenance au groupe Collaboration. Dans l'enseignement, quelques instituteurs ou professeurs sont internés, révoqués, ou mis en congé. Toutefois certaines mesures sont prises dans la précipitation car l'opinion publique fait pression ; ainsi cinq professeurs du lycée de Mont-de-Marsan et un professeur du collège de filles accusés de propagande allemande sont placés en non activité par le Préfet. Une Commission consultative d'enquêtes et d'épuration administrative est créée dans les Landes (arrêté du 27 janvier 1945) par le Commissaire de la République de Bordeaux, présidée par Gilbert Vital. La Commission est chargée de formuler, en liaison avec le CDL, un avis sur les plaintes portées par les organisations de Résistance au sujet de l'attitude des fonctionnaires durant l'Occupation. Les dossiers constitués sont transmis directement au Commissaire de la République qui saisira les juridictions compétentes. L'épuration des administrations publiques est jugée trop lente et très incomplète car elle fait face à des difficultés : "par suite de la pénurie de fonctionnaires qualifiés, il semble que le CDL éprouve les plus grandes difficultés à concilier la nécessité de l'épuration avec le fonctionnement normal des services publics". 602 personnes ont été arrêtées dans les Landes par mesure administrative, 111 ont été déférées au Parquet de la cour de justice ou de la chambre civique, 43 ont été internées, 47 ont été astreintes à résidence surveillées, 61 ont été éloignées, 262 ont été remises en liberté après achèvement de leur peine et 54 sans application de peine

Les femmes tondues dans les Landes

BILAN DE L'EPURATION DANS LES LANDES M. Leyrat, Capitaine de gendarmerie à Dax, est condamné à mort. Le 6 février 1945, à 7h30, Frédéric Hauss, ex-interprète de la Gestapo, condamné à mort par la Cour de Justice des Landes pour intelligence avec l’ennemi, et dont le recours en grâce a été rejeté, est fusillé à Mont-de-Marsan. Marcel Lerède, ancien chef départemental de la Milice dans les Landes et Roger Boulin, d’Hagetmau, en fuite sont condamnés à la peine de mort par contumace. M. Saint Martin, ex-greffer du tribunal de commerce à Dax, délégué départemental à l’information, est condamné aux travaux forcés à perpétuité. M. Prunetti, architecte à Dax, délégué cantonal à l’information est condamné à l’indignité nationale à vie. M. Richard et sa femme, professeurs à l’Ecole Normale d’instituteurs de Dax, sont condamnés à l’indignité nationale à vie. M. Marquet, instituteur, chef du R.N.P., est condamné à l’indignité à vie M. Lacouture-Borée fils notaire de Poyanne, est condamné à mort par contumace. Le 24 avril 1945, l’abbé Trémond, curé de Saint-Jean-d’Août comparait devant la Cour de justice, il avait une confiance en la victoire du Reich, et il a dénoncé à la gendarmerie française deux jeunes, les frères Sentucq, qui auraient proféré des injures à l’adresse du maréchal Pétain. L’abbé Trémond se défend énergiquement de cette accusation et il finit par être condamné à quatre ans de prison et dix ans d’indignité nationale.Maurice Baudiet, qui a quitté Mont-de-Marsan avec les Allemands en juin 1944, est arrêté à Bayonne. Le 12 juin, il comparait devant la Cour de Justice. Chef départemental de la LVF, adhérent au Parti franciste, il est condamné à vingt ans de travaux forcés, vingt ans d’interdiction de séjour, à la confiscation de ses biens et à l’indignité nationale.M. Laharie, industriel à Ychoux, est condamné à dix ans de réclusion.Marius Cassagne, industriel de Sabres, inscrit de février à décembre 1942 au groupe Collaboration, est condamné à 15 ans d’indignité nationale même s’il a camouflé de nombreux gens désignés pour aller travailler en Allemagne.Emile Tariotte, gérant du Charbon Landais à Mont-de-Marsan, a rendu certains services à la Résistance, il est condamné à cinq ans d’indignité nationaleLe 17 avril 1945, la jeune Pierrette Bascle, comparait devant la chambre civique. Fille du milicien Bascle tué en août 1944, elle a eu un soldat allemand comme amant et a tenu des propos de vengeance contre ceux qui avaient tué son père. La cour, estimant que l’accusée n’a adhéré à aucun groupement de nature à la placer en état d’indignité nationale, l’acquitte.

le procès pétain

Le procès laval

L'ordonnance du 26 août 1944 institue l'indignité nationale pour les personnes qui ont aidé l'Allemagne, porté atteinte à l'unité de la nation, à la liberté et à l'égalité des Français, méconnu l'idéal et l'intérêt national et négligé leur devoir. Sont aussi coupables du crime d'indignité nationale ceux qui ont participé à un organisme de collaboration tels que la Milice, le SOL, et ceux qui ont adhéré aux partis de la collaboration (PPF, parti franciste, MSR). 52 personnes adhéraient au PPF et 91 étaient membres du groupe Collaboration en août 1942 dans les Landes ; beaucoup d'entre elles ont été condamnées à l'indignité nationale. La Chambre civique ne peut condamner qu'à des peines d'indignité nationale à perpétuité puis à partir de l'ordonnance du 26 décembre 1944, on peut être condamné à temps (à moins de 5 ans) s'il y a des circonstances atténuantes. La condamnation à l'indignité nationale peut entraîner la confiscation des biens et l'interdiction de séjour. Les condamnés pour indignité nationale perdent leurs droits civiques : ils ne sont plus ni électeurs ni éligibles, sont exclus de la fonction publique, des institutions financières, des entreprises de presse et des associations professionnelles. Ils sont devenus des citoyens de seconde catégorie . La Chambre civique des Landes tient sa première session en novembre 1944. Lors de cette cession, elle acquitte le colonel M...., membre de la Milice : l'opinion est mécontente et dans la nuit du 24 au 25 novembre, un attentat à la bombe endommage le Palais de justice de Mont-de-Marsan. Il semble que les jurés aient hésité à prononcer l'indignité nationale à vie contre des inculpés qui ont derrière eux une brillante carrière militaire. La Chambre civique des Landes est supprimée le 30 juin 1945. Elle a tenu 15 audiences sur un total de 86 accusés. Elle a prononcé 14 indignités nationales à vie, 38 indignités nationales à temps, 2 interdictions de séjour, 3 confiscations de biens, 2 indignités nationales avec réhabilitation et 23 acquittements.

l'épuration économique doit sanctionner les entreprises qui ont travaillé pour l'effort de guerre allemand. Les entreprises de presse sont soumises à une très sévère épuration

Les exécutions sommaires de Français par la Résistance, avant la Libération sont des actions punitives contre des auxiliaires zélés de l'occupant (miliciens, représentants des forces de l'ordre, propagandistes…). Ces exécutions ont lieu sur ordre et sont ciblées : ce sont en réalité des actes de guerre. Environ 2 200 personnes sont exécutées pour trahison, souvent dans des zones de maquis.

Les tondeurs sont le plus souvent des résistants ; c'est le cas à Dax, Habas, Biscarrosse, Saint-Sever, Sore... Ces résistants tondeurs estiment être dans leur bon droit, d’autant que les autorités laissent faire. Ainsi dans l'enquête de gendarmerie qui suit la tonte de sept femmes à Habas, les six accusés concluent avec à peu près la même formule " Je trouve que le fait d'avoir tondu cette jeune fille est bien mérité ". Pour eux, l'attitude de ces femmes mérite punition et cette punition semble bien légère dans la mesure où elle apparaît en général comme peu violente ; et puis les cheveux repoussent. Le CDL aborde parfois le problème sans jamais porter de condamnation. Le 26 août 1944, lors de sa première réunion un des membres demande "qu'une fille de Mugron soit tondue" ; mais le PV de la réunion ne porte aucune mention des réponses apportées et de la décision prise.

Le centre de séjour surveillé (CSS) est créé pour recevoir les personnes internées qui purgent une peine mineure ou qui sont en attente d'un jugement. En août 1944, le CSS est installé dans les locaux du lycée Victor Duruy. Il est ensuite transféré au "camp de rigole", route de Bayonne. Ce camp est un terrain réquisitionné par les Allemands en 1941 : ils y construisent des baraquements qui servent de camp pour des prisonniers de guerre. En 1944, il devient le CSS qui comprend deux cantonnements, celui des hommes et celui des femmes. Onze baraques encadrent deux cours rectangulaires d'environ 3 000 m2 chacune : cinq baraques sont destinées à recevoir les hommes, trois les femmes, une l'administration, les deux dernières sont aménagées en hangars. La capacité d'accueil est de 400 places ; le nombre maximum d'internés est enregistré le 15 décembre 1944 avec 318 détenus. La garde du camp est au début assurée par des tirailleurs sénégalais, auparavant détenus par les Allemands. Le CSS a permis d'interner 602 personnes entre la Libération et sa fermeture définitive le 29 juin 1945. Il reste alors 31 détenus : 26 hommes qui sont transférés au camp de Gurs et 5 femmes envoyées au camp de Mérignac-Eysines.

  • Les exécutions sommaires
  • L'épuration sauvage
  • L'épuration judiciaire ou épuration légale
  • L'épuration administrative
  • L'épuration économique

Epurer, c'est punir et écarter les responsables de Vichy ainsi que tous ceux qui les ont suivis dans la collaboration. C'est aussi préparer et légitimer l'installation du nouveau pouvoir, celui des résistants. C'est enfin offrir une juste réparation aux victimes du nazisme et du pétainisme. "L'épuration est l'ensemble des procédures - sommaires ou judiciaires - auxquelles sont soumis les Français accusés de trahison, de collaboration, de crimes et de comportements liés à l'Occupation et à la collaboration avec l'ennemi". Le mot épuration recouvre différents aspects :

Certaines exécutions suscitent une grande émotion car elles concernent des personnalités connues dans le département : le 6 octobre 1943, Auguste Segas, conseiller municipal socialiste de Sabres est exécuté par des FTP car il était devenu un ardent défenseur de la politique du maréchal Pétain. Le 10 août 1944, le docteur Ribérol, chirurgien réputé et Président fédéral du PPF des Landes est abattu à Dax par des membres de l'AS. Parfois, ces exécutions sont des accidents : M. Dayon, maire de Trensacq est tué accidentellement par des membres du bataillon Arthur qui voulaient s'emparer d'une somme de 200 000 Francs pour subvenir aux besoins du maquis. Les résistants exécutent aussi des individus qui, sous couvert de résistance, se livrent au pillage et à des actes de banditisme : en juillet 1944, deux résistants, originaires de Gironde, sont fusillés par le maquis de Roquefort (AS) après avoir été jugés et condamnés à l'unanimité pour pillage.

L'ordonnance du 26 novembre 1944 crée une haute cour de justice chargée de juger les hauts responsables du gouvernement de Vichy (chef de l'Etat, chef du gouvernement, ministres, commissaires généraux, résidents généraux, gouverneurs et hauts commissaires). Trois magistrats et des jurés tirés au sort parmi les membres de l’Assemblée consultative provisoire ont à juger Philippe Pétain, chef de l’État français, Pierre Laval, chef du gouvernement, Joseph Darnand, chef de la Milice, et Fernand de Brinon, représentant de l’État français auprès de l’Occupant. Les quatre sont condamnés à mort, seul Pétain est gracié du fait de son grand âge. Au total, 108 personnalités de l’État français passent devant la Haute Cour jusqu’en 1949, 18 sont condamnées à mort, 3 sont exécutées. Pour 40, les poursuites sont interrompues pour fait de résistance avéré.

Son procès débute le 4 octobre 1945. Inconscient de la gravité des actes qui lui sont reprochés, Laval parle fréquemment du jour où il reprendra sa carrière politique. Il semble sincèrement persuadé de pouvoir encore convaincre ses juges du bien-fondé et de la nécessité de sa politique. La haine générale accumulée contre lui pendant l’Occupation éclate au grand jour à son entrée dans le box des accusés : très vite, Laval est hué et insulté par les jurés tirés au sort parmi des parlementaires et des résistants, il est de fait empêché de parler et de se défendre. Devant la partialité du jury qui le menace, par exemple, de « douze balles dans la peau », il refuse de continuer à assister à son procès et la défense refuse de plaider en signe de protestation

On a retrouvé les corps de 44 victimes (31 hommes et 13 femmes) en 1944-45 dont 30 ont été identifiées avec certitude. Toutes les victimes ne sont pas des Landais : ainsi, en août 1944, sur 10 personnes exécutées à Rimbez et Baudiets par un groupe de FTP français et espagnols, quatre ont été arrêtés dans le Lot-et-Garonne voisin (dont trois femmes de Nérac). Des Landais ont été exécutés dans les départements voisins : Pierre C. de Gabarret est enlevé le 20 octobre 1944 par des individus armés portant des brassards FFI et on retrouve son cadavre en décembre dans le Lot-et-Garonne. 14 cadavres n'ont pu être identifiés ; cinq à Arx, six à Rimbez et Baudiets, un à Mano. Les victimes de cette épuration sauvage sont surtout des personnes accusées de collaboration et de dénonciation sans que les faits soient toujours avérés.

Le 26 décembre 1944, une nouvelle ordonnance crée des chambres civiques dont la fonction est de traiter les délits mineurs (beaucoup concernent le marché noir). Elles peuvent condamner à l'indignité nationale, créée par l'ordonnance du 26 août 1944. Près de 70 000 dossiers sont étudiés : 20 000 se terminent par un acquittement, 15 000 par une dégradation nationale à vie, 32 000 par une dégradation temporaire. 3 000 personnes échappent à une sanction pour avoir eu un lien avec la Résistance.

Le procès de Philippe Pétain, chef de l'État français pendant l'Occupation allemande, débute le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de justice de Paris. Il est accusé de complot contre l'État et de collaboration avec l'ennemi. Après sa capture en 1944, Pétain, 89 ans, a été pris en charge à la frontière suisse par le général Koenig pour être conduit au fort de Montrouge. Transféré par le gouvernement allemand, le 20 août 1944, à Sigmaringen, puis en Suisse, au printemps 1945, lors des derniers soubresauts du IIIe Reich, il a refusé l'asile politique de ce pays et accepté d'affronter un procès public en France.

L'épuration sauvage se déroule dès la libération du territoire à l'été 1944. C'est une justice populaire, spontanée et souvent expéditive menée par des groupes de résistants, avant que ne soient mises en place les procédures de justice légale. Certaines résistants exécutent des personnes convaincues de collaboration, des cours martiales sont parfois improvisées, mais des collaborateurs fusillés sans jugement. L'épuration sauvage a pris parfois la forme de vengeance (élimination de concurrents, liquidation d'ennemis de classe, propriétaires terriens, patrons, notables...), de règlements de compte, voire d'affaires crapuleuses. On estime que 8 000 à 9 000 personnes ont été victimes de cette justice populaire. 20 000 femmes accusées de collaboration ont été tondues.

L'ordonnance du 17 octobre 1944 organise l'épuration dans les entreprises qui sera faite par les Comités régionaux interprofessionnels. Chaque comité comprend un magistrat, des membres du CDL, trois représentants des organisations syndicales, trois représentants de la catégorie à laquelle appartient l'intéressé. Les Comités interprofessionnels d'épuration proposent des sanctions au préfet. Le 14 novembre 1944, le CDL des Landes émet le voeu que "tous les industriels qui ont travaillé pour l'ennemi et qui ont augmenté leur production de 1939 d'un cinquième, soient frappés de sanctions allant jusqu'à l'internement administratif et l'indignité nationale." L'opinion landaise souhaite la condamnation sévère des gros trafiquants et notamment celle des marchands de bois, profiteurs de guerre. De plus, les Landes étant un département côtier, de nombreuses entreprises ont travaillé pour l'organisation Todt. De nombreux chefs d'entreprise sont internés dès la Libération, accusés, soit d'avoir travaillé pour l'effort de guerre allemand, soit de bénéfices illicites : fin 1944 sur 134 hommes internés au CSS de Mont-de-Marsan on compte onze industriels, deux entrepreneurs et huit négociants. Les chefs d'entreprise se défendent en plaidant la contrainte de l'occupant et la nécessité d'éviter à leurs ouvriers le départ en Allemagne au titre du STO. Les entreprises procèdent aussi à une épuration interne. Un Comité départemental de Confiscation des Profits illicites est créé, présidé par le Trésorier Payeur Général Lartigue assisté du vice-président Richardon, Contrôleur des impôts. Les papeteries de Roquefort sont condamnées par ce comité à 30 000 000 francs pour hausses illicites en 1943 et 1944 à la vente de bois de chauffage, de sciage et de papier, pour comptabilité occulte et présence d'une caisse noire. La Commission des profits illicites a examiné 755 dossiers : les sanctions prononcées ont été la confiscation de biens, des amendes, l'internement, la dégradation nationale.

Le département des Landes a été complètement libéré le 24 août 1944. Il n'y a pas eu de vacance de l'autorité préfectorale car le chef des FFI "Léon des Landes" a maintenu quelques jours en place le Préfet Gazagne "pour rendre hommage à l'attitude qu'il avait eu, depuis fort longtemps en faveur de la Résistance". Puis le 26 août, sur proposition de Léon des Landes, le CDL nomme l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées Paul Chary, Préfet des Landes sous réserve de l'approbation de Gaston Cusin, Commissaire de la République de Bordeaux. Dès la Libération, les groupes de résistants ont procédé à de nombreuses arrestations. Dans un premier temps, l'épuration est menée par les comités de Libération (CDL, CCL, CLL) et les groupements de la Résistance. La commission départementale d'épuration fonctionne à Mont-de-Marsan dès septembre 1944. Elle est présidée par le communiste Gilbert Vital qui est aussi vice-président du CDL et comprend des membres du CDL, le chef de cabinet du Préfet, le Procureur de la République et un inspecteur de la police spéciale.

Il n'y a pas eu dans les Landes d'exécution publique à caractère spectaculaire comme cela s'est parfois produit ailleurs. L'action conjuguée du CDL, du préfet et du chef FFI a permis un passage assez rapide à l'épuration légale, c'est-à-dire que les suspects ont été internés au centre de séjour surveillé de Mont-de-Marsan puis, après enquête de police, traduits devant les juridictions compétentes c'est-à-dire la cour de justice ou la chambre civique des Landes.

L'accusation lui reproche sa politique de collaboration, notamment par la mise en place du Service du travail obligatoire (STO) et la participation active à la déportation des Juifs. Les témoins à charge incluent des figures politiques et militaires de la IIIe République, comme Léon Blum : “ce peuple l'a cru, parce que l'homme qui lui tenait ce langage parlait au nom de son passé de vainqueur. Et cet abus de confiance morale, eh bien, cela oui, je crois que c'est la trahison", déclare-t-il". Pierre Laval renforce l'idée de la complicité de Pétain avec le régime nazi : "On allait trouver le Maréchal : il était toujours d'accord.

Pétain se défend en invoquant son rôle de "héros de Verdun" et le pouvoir "légitimement confié" par le Parlement en 1940 pour protéger la France (théorie du “bouclier et du glaive”, un bouclier préservant la France au maximum, y compris par une politique de collaboration du régime de Vichy en attendant que l'« épée » -de Gaulle- soit suffisamment forte pour vaincre l’Allemagne nazie) : "Je suis demeuré à la tête d'un pays sous l'Occupation. Voudra-t-on comprendre la difficulté de gouverner dans de telles conditions ? Chaque jour, un poignard sur la gorge. J'ai lutté contre les exigences de l'ennemi. L'histoire dira tout ce que je vous ai évité".

Comme dans l'ensemble du pays, des femmes ont été tondues dans les Landes à la Libération. Il est difficile de trouver des traces de ces évènements car les sources officielles (rapports des Préfets et des Sous-Préfets) n'en parlent pas et la presse locale l'évoque très peu. Heureusement, le sujet est parfois abordé lors des réunions du CDL et indirectement par des rapports de police ou de gendarmerie car certaines tondues ont porté plainte en justice. Il y a eu des femmes tondues à Dax, Saint-Sever, Habas, Biscarrosse, Hossegor, Sore, Tosse, Argelos, Mano...Mais le fait que l'on ne trouve rien sur la plupart des communes, Mont-de-Marsan en particulier, ne permet pas de conclure qu'il ne s'y est rien passé

RNP

PPF

Collaboration

Milice

SOL

LVF

Les résistants ont, dans toute la France, liquidé des traîtres et des collaborateurs sans attendre la mise en place des tribunaux de la Libération. De 1942 à 1945, il y a eu une cinquantaine d'exécutions sommaires dans les Landes. Divers facteurs expliquent ce chiffre relativement faible : le département étant surtout situé dans la zone nord, la LVF et le SOL, y étaient interdits et la Milice ne s'y est implantée qu'en mai 1944. Les partis collaborationnistes ont peu de militants : 91 pour le groupe Collaboration, 52 pour le PPF en 1944, très peu pour le RNP. A cela il faut ajouter la volonté du chef FFI du département, Léon des Landes, d'interdire à ses troupes toute exécution sommaire.

Le 17 août 1944, Laval, chef du gouvernement de Vichy d’avril 1942 à août 1944, principal maître d’oeuvre de la politique de collaboration avec l’Allemagne, est capturé par les Allemands et transféré à Sigmaringen, en Allemagne, où il vit en captivité, se considérant comme un otage du Reich. En février 1945, à l’approche des Alliés, Laval organise sa fuite. Après un échec pour obtenir un asile en Suisse, il réussit à quitter l'Allemagne pour l'Espagne à bord d'un avion allemand le 2 mai 1945. Après un séjour d'internement en Espagne, il est remis au gouvernement français de de Gaulle le 2 août 1945. Il est emprisonné à la prison de Fresnes dès son arrivée en France et il est inculpé de trahison.

L'épuration administrative vise à éliminer des administrations les fonctionnaires les plus compromis dans la politique de collaboration. Environ 100 000 dossiers sont ouverts et plus d’un quart donnent lieu à des sanctions, notamment pour le corps préfectoral, la magistrature, et les forces de l'ordre. L’épuration touche également l’Éducation nationale ou les Postes dans une proportion moindre (moins de 1,5 % des effectifs). Les fonctionnaires les plus compromis sont sévèrement sanctionnés, mais certains bénéficient de réintégrations après révision.

L'ordonnance du 26 juin 1944 organise les cours départementales de justice qui doivent juger les faits "révélant l'intention de favoriser les entreprises de l'ennemi" : elles peuvent condamner à mort. Dans chaque département, ces cours de justice statuent sur les cas de collaboration les plus graves. Elles sont composées d’un magistrat et de quatre jurés désignés par les CDL. 58 000 dossiers sont examinés et les verdicts sont sévères : 12 % des accusés sont acquittés, 12 % sont condamnés à mort (1,4 % sont exécutés), 24 % sont condamnés aux travaux forcés, 45 % sont condamnés à la détention (3,7 % à la détention criminelle). Pourtant, près de 1 800 exécutions en dehors de tout cadre légal ont encore lieu alors que les cours de justice ont commencé à fonctionner. Des verdicts considérés comme trop cléments conduisent au retour temporaire de l’épuration extrajudiciaire.

Bilan de l'épuration en France Epuration sauvage : 8 000 à 9 000 exécutions sommaires. Epuration légale : 311 000 dossiers sont ouverts, donc 1.3% de la population justiciable est menacée d'une action en justice mais 59% des dossiers sont classés faute de preuves. Ainsi 125 000 personnes sont poursuivies par la justice. Il y a eu : - 6 335 condamnations à mort (dont 3 910 par contumace) mais 767 personnes sont effectivement exécutées (46 concernent des femmes), les autres sont graciées et leur peine est commuée ; - 13 339 condamnations aux travaux forcés ; - 24 927 condamnations à des peines de prison ; - 50 223 personnes condamnées à l'indignité nationale par les chambres civiques.

Le président de la Commission d'Epuration Vital Gilbert (communiste) qui est aussi vice-président du CDL exprime des regrets : "A Hossegor, on a tondu des petites filles de l'Assistance publique qui avaient marché avec les Allemands pour avoir un peu d'argent mais certaines personnes d'une autre classe ne sont pas inquiétées". "Léon des Landes", chef des FFI landais et membre du CDL est agressé dans une rue de Dax par une tondue : il réplique par un article virulent dans La Résistance landaise du 19 mai 1945 intitulé "Le verdict des tondues". Les femmes tondues appartiennent le plus souvent à des "professions exposées" car elles sont régulièrement en contact avec les Allemands : serveuses de bar et de restaurant, coiffeuses, commerçantes, femmes de ménage...Pour ces femmes, la tonte est ressentie comme une humiliation et aussi comme une injustice profonde ; certaines font valoir qu'elles n'ont dénoncé personne, qu'elles n'ont pas porté tort à la collectivité et que leurs actes relevaient de leur vie privée. Et si la grande majorité d'entre elles cherchent à se faire oublier, quelques-unes portent plainte : ainsi, trois des femmes tondues de Habas accusent six résistants de leur village en novembre 1944 et exigent que justice soit rendue dans une lettre au Commissaire de la République de Bordeaux qui ordonne une enquête.

Huit exécutions seulement ont eu lieu avant le débarquement : le 1er novembre 1943, deux résistants sont exécutés par des membres du groupe de Lencouacq ; ils sont accusés de trahison car ils veulent accepter le marché de Grandclément avec la Gestapo qui prévoyait de remettre les armes parachutées aux Allemands. En février 1944, le gendarme S. est abattu à Bélus par le groupe FTP de Peyrehorade, le 3 juin on découvre le cadavre de F., dentiste de Casteljaloux, membre du PPF, à Bourriot Bergonce. Les auteurs des exécutions sont surtout des maquisards FTP, notamment du groupe des guérilleros espagnols et FTP français du capitaine François et du Bataillon Arthur qui en juillet-août 1944 se trouvent dans l'est du département. Les FTP ont exécuté 31 personnes, l'AS seulement 8.

Procès Pucheu

L'épuration judiciaire ou épuration légale. Annoncée par De Gaulle dès 1940, l'épuration est inscrite dans le programme du CNR. Elle devient une affaire d'Etat à Alger en 1943 : le 14 août, le CFLN annonce la formation d'une commission d'Epuration et décide que Pierre Pucheu, ancien ministre de l'intérieur de Vichy, en résidence surveillée à Alger, sera jugé par un tribunal militaire. Pucheu est condamné à mort et fusillé le 20 mars 1944. C'est le premier exemple d'épuration judiciaire. D'autres personnalités sont jugées et condamnées en Afrique du Nord, notamment des volontaires français qui ont combattu pour les Allemands contre les Alliés pendant la campagne de Tunisie : ces procès veulent montrer que la justice fonctionne.