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I3
Léonce Dussarrat
Created on January 15, 2025
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Transcript
Faire face à la répression
La trahison de Grandclément
André Soussotte
Alphonse Laborde
L'abbé Bordes
Les déportés d'Alliance
L'abbé Bordes
Ma petite Gil chérie,N'aies aucune haine, ma petite fille, contre ceux qui n'auront supprimé ; ils sont en parfait droit. Je t'avais bien dit souvent ce qui m'arriverait si j'étais pris. Moi je me console en me disant qu'ils ne pourront jamais me faire autant que je leur ai fait. S'ils me fi1sillent, qu'est-ce la vie d'un homme contre tout ce que j'ai contribué à couler de bateaux, etc... Pas grand-chose. Je suis même fier de pouvoir mourir la tête haute et pour mon pays. Si cela m'arrive, ce sera dur pour toi, je te comprends, mais oublie très vite, comme si tu ne m'avais jamais connu, et fais-toi une petite vie heureuse jusqu'au jour où, toi aussi, tu viendras me rejoindre. Enfin, malgré tout, j'espère que je pourrai en sortir sans trop de mal. Adieu ma chérie, sois courageuse et crois-moi heureux. Dédé
Ma petite maman, mon petit papa Je vais donner cette lettre à un camarade sûr, qui vous la fera parvenir à la fin de la guerre, si moi je ne puis le faire moi-même. Si cette chose arrivait, je serais très heureux que vous puissiez croire que je suis mort sans aucune souffrance morale, les 8 mois de prison ont sufi pour me préparer à cela. Je porte toujours sur moi les médailles que j'avais à Bordeaux avec la petite chaîne que maman m'avait offerte et si je suis fusillé, je serai heureux d'avoir pu rendre service à ma patrie et d'être mort pour elle. Ne me plaignez pas si je suis mort et n'ayez aucune haine contre les Allemands ; s'ils le font, ils en ont parfaitement le droit. Je vais vous quitter et une fois de plus, je vous demande pardon de la peine que je vous ai faite, mais j'espère que Dieu voudra que je puisse vous le rendre un jour. Je vous embrasse de tout coeur et donnez un bonjour à tous les parents et amis. En cas une fois, mille baisers de votre fils que vous aime. Dédé
Extraits des dernières lettres d'André Soussotte
L’abbé Bordes est fusillé à Gaggenau le 30 novembre à 17 heures, avec tout le réseau Alliance, puis son corps sera jeté dans une fosse commune à Ottenau.
Journal de captivité
En 1943, une vague d’arrestations frappe la filière parisienne du SOE et l’OCM d’Aquitaine, notamment Lucette Grandclément, son épouse. André Grandclément est arrêté à Paris le 19 septembre 1943, puis transféré au siège de la Gestapo de Bordeaux le 22 septembre. Il y est interrogé par l'adjudant SS Friedrich Dohse qui, constatant son anticommunisme, lui propose un accord : il lui promet de lui rendre sa liberté, celle de son épouse et des 250 militants de l’OCM arrêtés en échange de la livraison des dépôts d'armes de l'OCM, qui permettront de lutter contre l’URSS et les maquis communistes. .Dohse accorde quelques heures de liberté à Grandclément pour convaincre ses subordonnés. Il rejoint Charles Corbin (responsable régional de l’OCM) qui semble sensible à ses arguments, mais aussi des agents SOE dont Roger Landes profondément choqué par cette trahison. Londres est alors prévenu que les parachutages dans la région doivent être stoppés.
Dhose exige qu'un premier dépôt soit livré immédiatement à titre de gage. Le 28 septembre, Malleyrand et Chazeau, ainsi que Robert Mollié se laissent convaincre par Grandclément qui affirme jouer un double jeu et qu’il est nécessaire de livrer les armes pour éviter les exécutions. La cachette de Sabres, où des armes parachutées ont été enterrées, est donnée, puis un autre dépôt est dévoilé près de Labrède, au Temple et à Pissos. Selon le marché passé entre Dohse et Grandclément, un tiers des stocks d'armes existants sont livrés (935 containers, soit 45 tonnes d'équipement dont plus de 2000 mitraillettes Sten) tandis que plus d'une centaine de prisonniers de l’OCM sont libérés. Cependant, certains chefs, comme Léonce Dussarrat (« Léon des Landes ») préfèrent passer dans la clandestinité plutôt que de rencontrer Grandclément.
Journal de captivité
Le dimanche 16 janvier 1944, l'abbé Bordes et les membres du réseau Alliance sont transférés au camp de Compiègne. Puis, les membres du réseau Alliance sont déportés le 27 janvier 1944 au camp de concentration de Buchenwald dans un convoi de 1580 détenus.
André Grandclément est un résistant français né en 1909. Il est démobilisé en 1940 avec le grade de colonel et reprend ses activités dans les assurances à Bordeaux. Anticommuniste, il est dans un premier temps proche de la position collaborationniste du régime de Vichy mais il est écoeuré par sa servilité envers les Allemands. Il entre dans la Résistance en 1941, puis il rejoint au printemps 1942 l'OCM, l'Organisation Civile et Militaire. Il rencontre à Paris le colonel Touny, chef national de l'OCM, qui le nomme responsable de la région B (le territoire occupé allant de Poitiers à Bayonne). Grâce à l’aide du service britannique de renseignement du SOE, il développe son réseau formant plusieurs milliers d'agents.
Tous deux transmettent de nombreux documents aux services secrets britanniques, mais ils sont arrêtés en pleine transmission le 7 décembre 1943. Ils sont déportés le 27 janvier 1944 à Buchenwald. Malade, Alphonse Laborde meurt le 24 février 1944. Soussotte est fusillé à l’âge de 21 ans, le 30 novembre 1944 à Gaggenau aux côtés de l’abbé Bordes. Il a écrit deux dernières lettres, à ses parents et à sa fiancée où il dit sa fierté de patriote
Grandclément négocie ensuite avec Dohse la transformation de ses réseaux en « maquis blancs » destinés à lutter contre les communistes si les Allemands devaient quitter la France. Il a pour projet de faire inspecter le maquis de Lencouacq par Dohse. En juillet 1943, par mesure de sécurité, le groupe de maquisards OCM commandé par Guy Sarramagnan abandonne Sabres et s'installe au lieu-dit "Le Sescons", à Lencouacq, dans une ferme appartenant aux papeteries de Roquefort. Grandclément, Malleyrand, Chazeau, et Lacaze, tentent de persuader les 14 résistants de ce maquis d'accepter la visite de Dohse, ainsi que la remise des armes en échange d’une amnistie de la part des Allemands : rendez-vous est pris pour le 1er novembre 1943. Sarramagnan n'accepte pas cette entrevue et décide de tendre une embuscade pour empêcher la délégation d’arriver jusqu’au maquis. Lorsque Dohse, Grandclément arrivent vers 16H15 et marchent en direction du camp, Chazeau, envoyé en éclaireur est abattu d'une rafale de mitraillette Les autres prennent la fuite. Le matin du 1er novembre, le fils du colonel Rollot, qui avait accepté le marché de Grandclément, était jugé responsable de haute trahison et fusillé, selon les ordres du colonel de Marguerittes, un des chefs de l’OCM.
Le 7 décembre 1943, la Gestapo, sur dénonciation, arrête à Bordeaux les participants à une émission de radio clandestine, parmi lesquels Fanfan Laborde et Soussotte (qui font partie du groupe de l’abbé Bordes). Dans les papiers de Laborde, on retrouve un agenda qui renferme la mention « en cas de malheur, prévenez l’abbé Bordes ».
Journal de captivité
Le 18 décembre 1943, l'abbé Bordes est arrêté dans son domicile de Dax par la Gestapo, incarcéré à la prison de Bayonne, puis transféré au fort du Hâ à Bordeaux.
Le maquis quitte ensuite Lencouacq pour la forêt de Geaune, tandis que son ancien site est investi par l'armée allemande. Robert Mollié, chef départemental de l'OCM, et sa femme, recherchés, quittent également la région. Le 15 décembre, Robert Mollié est conduit à Tarnos où il est pris en charge par l'inspecteur Bouillar, alias "Dédé le Basque", pour passer en Espagne et rejoindre l'Afrique du Nord. Le 30 décembre, Guy Sarramagnan rejoint à son tour l'Afrique du Nord par l'intermédiaire du même réseau. Le groupe passe sous le commandement de Jean Laffite, instituteur à Miramont.
L’abbé Bordes est transféré le 9 mars 1944 au camp d’Offenburg puis le 27 octobre au camp de Gaggenau.
Journal de captivité
En juillet 1944, Grandclément et sa femme se cachent à Pyla-sur-Mer. Pour le capturer, les agents du SOE d'Actor lui font croire qu'ils ont pour ordre de le ramener en Angleterre, où il aura l'occasion de s'expliquer. Il est alors interrogé par Roger Landes qui conclut à la trahison. Le 27 juillet 1944, il est abattu au Muret par André Bouillar, Roger Landes se chargeant de son épouse.
L’abbé Bordes, né en 1880 à Tartas, est ordonné prêtre du diocèse de Dax et d’Aire en 1904. Mobilisé comme infirmier en 1914, il est nommé premier aumônier du 34e régiment d'infanterie. Il est blessé deux fois lors de la Grande guerre, puis il devient curé de Gamarde-les-Bains, et enfin chanoine et vicaire général de l'évêché de Dax, aumônier de la Jeunesse agricole et de la Jeunesse ouvrière catholique (JAC- JOC). L'abbé Bordes est un ami de Camille Bouvet du réseau Alliance. D'abord favorable à Pétain, son domicile au n°6 de la place Lonné à Dax, est dès 1941 une étape pour tous ceux qui tentent de rejoindre la zone libre. Il s’engage plus activement à partir de juin 1942 et adhère au réseau Alliance sous le pseudonyme “Saint Père”. Il transforme sa maison en centre émetteur pirate.
Alphonse Laborde dit "Fanfan, très malade passe de nombreuses années dans un sanatorium en Bretagne. Puis l'abbé Bordes le place comme apprenti coiffeur chez M. Capdeville de Dax. A la suite de la défaite, "Fanfan" rêve de travailler pour la libération de la France. Avec la permission de l'abbé Bordes et de sa mère, il entre au groupe de renseignement Alliance de Bordeaux.
Jean André Soussotte, né en 1923 à Hinx, s’engage dans la marine nationale. Il est radio télégraphiste sur le Jerfaut jusqu'au sabordage de celui-ci et de la quasi-totalité de la flotte française à Toulon le 11 novembre 1942, lors de l'entrée des troupes allemandes en zone libre. De retour à Hinx, il est recruté par l'abbé Bordes dans le réseau Alliance comme radio sous le pseudonyme de "Laneret" et opère à partir du domicile de l'abbé Bordes, au n°6 de la place Lonné, avant de rejoindre Bordeaux en compagnie d'Alphonse Laborde.