Carrière de Moulin Labbé

Cette seconde discordance correspond à l'orogenèse cadomienne, survenue avant l'orogenèse varisque puisqu'elle s'est faite de -750 à -540 millions d'années (et oui, elle se trouve bien en-dessous des calcaires de Laize que vous venez d'observer) ! Cette fois, les roches qui constituent le Briovérien sont des siltites et ont parfois subit un certain métamorphisme (transformation de la roche dûe à son enfouissement en profondeur et à la hausse de température associée).

Rostres de Belemnites Brugnieri

A chaque orogenèse correspond une discordance régionale majeure. Une orogenèse désigne le processus de formation des chaînes de montagnes, par rapprochement puis collision ou subduction de plaques tectoniques convergentes. Ici, la discordance entre les calcaires cambriens et les calcaires jurassiques témoigne de l'orogenèse varisque, responsable de la formation de la chaîne hercynienne dont les massifs s'érigeaient à 6000 mètres d'altitude à l'époque (les Appalaches aux Etats-Unis en sont encore un actuel témoin). Les roches qui forment la partie haute du front de taille sont des calcaires très bioclastiques qui regorgent de rostres de bélemnites et de bivalves comme les Pecten (ancêtres de la coquille Saint-Jacques). Ils contiennent de petites sphères couleur rouille dont le diamètre n'excède pas 2 millimètres, ce sont des oolithes ferrugineuses. Ces éléments témoignent d'un environnement de dépôt marin dont la tranche d'eau avoisinnait les 20 à 50 mètres de profondeur il y a 189 millions d'années.

Vous êtes ici ! En regardant vers le Nord, les couches géologiques inclinées sous vos yeux et sous vos pieds correspondent aux calcaires de Laize, au-dessus, en jaune sur la coupe ci-contre, les calcaires bioclastiques du Jurassique qui sont discordants sur le reste. En contrebas, après avoir descendu les marches en bois, vous vous retrouvez face aux schistes du Briovérien, formant une nouvelle discordance avec le Cambrien qui le surmonte !

Coupe géologique de la vallée de la Laize (Lithothèque de Normandie)

Les calcaires de Laize qui forment la base de cette falaise beige-ocre se sont déposés au Cambrien (entre -541 et -485 millions d'années). Ils se présentent en bancs massifs et ne contiennent que très peu de faune inframillimétrique. Composés de vases carbonatées aux grains très fins, ils présentent une texture très lisse et sont alors dits "sublithographiques" (sur lesquels il est possible d'écrire). Ces vases carbonatées témoignent d'un ancien milieu marin lagunaire. Ici, les bancs calcaires sont visibles de profil et sont inclinés vers le Nord. Vous vous trouvez en fait sur la bordure sud du synclinal de May-sur-Orne. Cette structure plicative incurve les couches géologiques en forme de gouttière concave, laissant affleurer les couches plus anciennes sur les bordures extérieures de la gouttière et les couches plus récentes au coeur de celle-ci (en bleu ci-dessous).

LA CARRIERE DE MOULIN LABBE

Front de taille majeur de la carrière de Laize la Ville faisant apparaître la discordance varisque entre les calcaires de Laize en base et les calcaires du Lias (Jurassique) au-dessus.