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Le Buisson Ardent

Maïna Baudry

Created on November 26, 2024

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Transcript

Un tableau de Nicolas Froment

Le Buisson ardent est un triptyque de Nicolas Froment, artiste avignonnais, réalisé au XVe siècle. C'est une huile sur toile collée sur bois, 429 × 308 cm hors dais (arche), avec un panneau central de 212 × 308 cm et deux panneaux latéraux de 111 × 308 cm et 106 × 308 cm. Probablement né en Picardie entre 1430 et 1435, Nicolas Froment, tout comme Enguerrand Quarton, s'installera en Provence. Il se forme au contact des maîtres flamands dans les années 1460-1465 et restera toujours très attaché à leur style. Au cours de cette période de formation, il voyage également en Italie comme la plupart des artistes de l'époque. Pendant son séjour en Italie il peint La résurrection de Lazare (1461) pour le couvent des Observantins de Mugello. A cette époque, le roi René règne sur l'Anjou, la Lorraine et la Provence.Il est aussi un grand mécène et Nicolas Froment deviendra le peintre officiel de sa cour.

Le Buisson Ardent

René d’Anjou (1409-1480), surnommé le Bon Roi René

Le commanditaire du triptyque est René d’Anjou (1409-1480), surnommé le Bon Roi René par ses sujets. René d’Anjou appartient à la haute noblesse européenne du 15e siècle. Il fut aussi un amoureux des arts et l’un des mécènes les plus généreux de l’époque. Il possédait une bibliothèque comportant de nombreux manuscrits enluminés et s’entourait de peintres, d’orfèvres et de brodeurs. A cette époque, le roi René organise sa succession. La commande d’un grand triptyque évoquant un épisode biblique est un acte de dévotion qui illustre par l’image sa piété. Le monumental Triptyque du Buisson ardent, terminé en 1476, fut placé à Aix-en-Provence dans l’église des Grands-Carmes, pour surmonter l'autel. Il y resta jusqu’à la Révolution de 1789.Cette commande de la part d’un roi esthète, à la grande culture théologique, est une œuvre de dévotionvéhiculée par la doctrine immaculiste, et qui associe lapiété personnelle à la foi en l’Église triomphante quiguide tout bon gouvernement. Alors qu’il destinait son corps et son cœur à la ville d’Angers, c’est à la capitale de laProvence redevenue ville royale que René lègue cette peinture in memoriam.

Etude historique

Nicolas Froment a placé à l’arrière-plan un vaste paysage reconstitué comportant chemins sinueux, architectures lointaines et soleil levant. Le peintre s’inspire d’un paysage provençal ou italien qui n’a évidemment aucun rapport avec celui que connaissaient les juifs du temps de Moïse. Il s’agit simplement de produire un effet de perspective. Le panneau de gauche représente le roi René à genoux, avec de gauche à droite, sainte Madeleine, saint Antoine et saint Maurice. Le panneau de droite représente Jeanne de Laval, seconde épouse du roi René, avec de gauche à droite, saint Jean, sainte Catherine et saint Nicolas. Aux pieds du saint, apparaissent les enfants que, selon la légende, il aurait ressuscités. Les retables étaient en général fermés. On ne les ouvrait qu’à l’occasion des fêtes religieuses ou, éventuellement, pour la durée des offices. La monumentalité de l’ensemble, les couleurs vives et le cadre doré donnaient de l’éclat à la cérémonie et en accentuait la dimension spirituelle. En général le revers des panneaux latéraux était traité en grisaille, technique n’utilisant que des nuances d’une même couleur afin d’imiter une sculpture en pierre ou en marbre. Nicolas Froment a parfaitement simulé deux sculptures placées dans des niches de pierre. Il traite le thème de l’Annonciation : l’archange Gabriel (à gauche) annonce à la Vierge Marie (à droite) la naissance prochaine du Christ.

Comme il était de tradition au 15e siècle, le panneau central est consacré à l’épisode religieux et les panneaux latéraux à la représentation des donateurs, c'est-à-dire ceux qui payent l’artiste et offrent l’œuvre à l’Église catholique. Le panneau central illustre l’épisode biblique de façon assez libre puisqu’il inclut des personnages du Nouveau Testament : Jésus et la Vierge. La partie inférieure reflète avec exactitude le texte biblique. Moïse est un vieillard barbu portant un costume censé être, pour un peintre occidental, celui des bergers de Palestine. Il manifeste sa stupéfaction en voyant apparaître l’ange annonciateur de la parole divine et enlève ses chaussures selon l'ordre divin inscrit dans le texte biblique. Il se tient en effet sur une terre sainte. L’ange est richement vêtu, le peintre s’étant inspiré des vêtements du haut-clergé de son époque. Il porte au cou un pendentif évoquant le péché originel : Adam et Ève sous le pommier avec le serpent. La partie supérieure est consacrée au buisson ardent qui devient ici un imposant massif de chênes verts, de ronces, d’églantiers et d’aubépines sur lequel trônent la Vierge Marie et l’Enfant Jésus. Certains commentateurs indiquent que la présence de la Vierge correspond à une conception particulière de l’épisode du buisson ardent, celle de l’ordre des Victorins dont le siège était à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Le « buisson tout en feu » de la Bible n’apparaît donc pas ici, mais le peintre y place quelques flammes dans la partie supérieure. Une inscription latine figure sur le cadre, en dessous du tableau.

Etude esthétique