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Présentation Mythologie

NRB- Karukerameau

Created on November 26, 2024

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Transcript

Les métamorphoses

Mythologie grecque et atelier d'écriture

Terminale latiniste

être et ne plus être

Tel est l'état de chacun de ces personnages, après sa métamorphose.Quelles sont leurs sensations ? Pourquoi ont-ils changé de forme? Sont-ils plus heureux ou plus malheureux ? Un petit tour dans la mythologie grecque....

Nos personnages

5. Niobé par CELER

1. Europe revue par VICTORIA

3. Narcisse et Echo par INSANA

7. Pyrame et Thisbé par LEPIDUS

4. Daphné par PERSEVERANTIA

6. Io par FURIA

2. Arachné par MENS

Marteen de Voos, 1590, huile sur panneau de chêne, Musée national de Bilbao

Cette femme, je la veux. Cette beauté époustouflante, je la veux, ce charme naturel et cette délicatesse juvénile, je les veux ! Et pour le dire, j’en suis tombé éperdument amoureux.

Je me couche et me laisse chatouiller par les minuscules brins d’herbe venus titiller ma peau sensible. Moi, Zeus, dernier fils de Cronos et Rhéa, Dieu du ciel et de l’orage, roi des dieux et des humains, j’ai abandonné mon physique divin pour devenir un majestueux taureau. Mon objectif, séduire cette douce créature, cette splendide femme, aperçue un peu plus tôt sur la plage. Ses cheveux ondulant au rythme du vent encadrent son magnifique visage. Quant à la robe qui lui sert de vêtement, elle ne laisse aucune imagination sur la volupté de ses courbes folles. Bientôt, elle sera mienne. Et par elle, je veux dire Europe. Mais je ne veux point m’attirer les foudres de ma tendre épouse Héra, et je ne veux en aucun cas effrayer ma belle. J’ai donc préféré me métamorphoser afin d’être sûr de pouvoir l’approcher.

Ancré dans le sol, j’essaie tant bien que mal de m’habituer à la sensation de mes sabots. Mes cornes en forme de croissant de lune, pèsent sur ma tête. Mais fort heureusement, mon cou est assez robuste pour supporter leurs poids. Mon corps massif contraste avec le délicat paysage qui se dessine devant moi. D’un coup d’œil, je remarque que ma robe crème brille sous les doux rayons du soleil, et mon poil soyeux se laisse caresser avec tendresse par la brise qui se lève. Malgré mon poids, je ne me sens pas encombré, au contraire, mes postérieurs et antérieurs me portent à la perfection. Afin de m’habituer à ce corps devenu mien, je fais un pas. Puis un deuxième, et finalement, je me laisse guider par mes envies et décide de galoper à travers la plaine qui s’étend devant moi. Mon ouïe affutée, complète ma vue quelque peu défaillante, le chant des oiseaux m’indiquant ma proximité avec les arbres.

ARACHNE

Je me rends à la maison d’Idmond. Paisible et florale, Il fut un temps où j’y tissais mes plus belles toiles. Je me rappelle les saules, les lilas, les liserons. Sur ce chemin, Qui était pour moi moins pénible, Moins long… Dorénavant, Je suis attaquée par toute cette agitation. Macroscopique, elle me nuit. Je tente de me frayer des passages Au sein des arbres, des bûches, de la végétation. J’adhère aux surfaces comme une experte, Et vois désormais le quadruple de mon ancienne vision. Grâce à Athéna et à sa prétention, je suis létale. Mes pattes, petites, se glissent dans les fines fibres du coton. Mes pédipalpes (dents) sont fatales. En cas de danger, je les dévoile pour y glisser mon doux poison. Finalement, mes doigts potelés ne me manquent pas Depuis que je tisse aussi vite que la lumière vive,

Et produis mon fil comme le Soleil produit les rayons. Athéna, que tu me gâtes ! Partout sur les plafonds, Sur les façades, J’expose mes beautés brillantes en guise de punition. Tu m’as rendue discrète… Me métamorphoser ne t’a point fait moins d’ombre. Bien que mes toiles soient pour les hommes bonnes à être aspirables, Je suis la meilleure de nous deux, en qualité et en nombre. Mais ne te méprends point Je ne suis point fâchée Ni guère motivée par la soif de vengeance, Puisque tu te l’es toi-même infligée. Quelle grâce ! Ce don divin me permet de tisser sans être repérée. Je suis ici, Au coin de ton mur, Au sommier de ton lit, Te laissant amère de mon succès.

Echo et Narcisse , 1903, JOHN WILLIAM WATERHOUSE

Fresque romaine , Ier siècle ap. J.-C. Pompei, Italie

écho et narcisse

Echo et narcisse

Cachée dans l’épaisseur des forêts, ma voix fragile glisse entre les arbres et ricoche contre les murs de pierres. C’est moi Echo, prisonnière d’un sort cruel, je n’ai plus d’histoire propre à raconter. Et pourtant chaque mot que je répète me brûle d’un désir : celui de parler par moi-même. Je me souviens du jour où tout a changé ; j’étais une nymphe joueuse, j’aimais la vie et les conversation infinies. Mais ma langue trop vive à été ma perte. Je distrayais Héra pour permettre à Zeus de fuir ses regards jaloux. Elle m’a maudite, elle m’a retiré ma voix. Je m’attarde souvent près des humains : ils parlent avec une telle légèreté, comme si leurs mots n’avaient pas de poids. Ils ne savent pas ce que c’est que de n’avoir que des fragments pour s’exprimer. Quand un homme crie à sa femme un « je t’aime », je répète ces paroles que je ne ressentirai jamais, ces paroles qui n’ont pas de sens à mes yeux. Parfois je m’interroge : comment vivre ainsi ? J’ai des pensées, des émotions, un cœur… Mais elles sont enfermées comme un oiseau dans une cage. C’est alors que je l’ai vu... Narcisse. Oh! Narcisse! Jamais je n’ai ressenti un tel sentiment, une telle chaleur, un tel désir d’être reconnue. Mais que pourrais-je lui dire ? rien d’autre que ce que lui ne me dirait… Je l’ai aimé en silence, jusqu’à ce que son obsession pour son propre reflet le consume. Et lorsque ses derniers soupirs se sont éteints, je les ai répétés, et je les ai transformés en une mélodie infinie. -Entends-moi, Narcisse. Je t’aime. Mais mes paroles se perdent encore, encore, encore.

Apollon et Daphné (XVe) par A. POLLAIOLO National Gallery à Londres
Apollon et Daphné, Le Bernin, 1622

Je sens mon corps comme calciné dans un étroit cercueil, je n’ai plus de bras ni de jambe. Mon corps ne fait qu’un. Je suis un laurier, un long tronc d’arbre. Je ne sens plus mon épaisse et grande chevelure me caresser le dos mais plutôt une broussaille dense de feuilles frivoles. J’ai essayé en vain de lever ne serait-ce que le bout de mon orteil, mais à présent mes pieds sont des racines ancrées dans le sol. Elles ne cessent de s’enfoncer de plus en plus loin, de s’étendre en s’entremêlant les unes aux autres. Désormais, je ne peux plus voir, ni toucher, et encore moins marcher. Mais je sens, je sens la brise de vent qui traverse et passe dans chaque recoin de mon feuillage, faisant tomber quand le vent se lève quelques fines écorces de mon tronc. Je sens la respiration des rouges-gorges, le battement de leur cœur quand ils viennent se poser sur mes branches. Je sens le pas léger et vif des animaux qui viennent s’abreuver près du fleuve où je suis enracinée. Cela m’est étrange et plaisant ! Je suis Daphné, la fille du Dieu du fleuve Pénée, la Nymphe des montagnes…enfin, plus maintenant. J’ai essayé en vain de fuir tous ces prétendants qui ne couraient qu’après ma beauté… mais voici le résultat de toutes ces peines : je suis un laurier... Cela me parait impressionnant et tout de même déconcertant. Depuis ma naissance j’ai toujours été complimentée pour ma beauté hors du commun. D’ailleurs je n’ai pas connu un instant de ma vie où il n’y eut pas un homme qui ne voulut me faire la cour. Et c’est malheureusement cela qui a causé ma perte. Un beau jour ensoleillé, quand je me promenais non loin du fleuve, dans la forêt, j’ai aperçu Apollon qui venait en ma direction avec un grand sourire. Sachant déjà qu’il allait essayer une fois de plus de me charmer, je me suis préparée à échapper à tous ces discours sentimentaux. Mais plus il se rapprochait de moi,plus je sentais qu’il n’était pas comme d’habitude. Il semblait comme animé d’une force incommensurable. J’ai senti très vite son trouble, mais j'ai vu aussi dans ses yeux qu'il voulait se rendre maître de moi, à n'importe quel prix. Dans la panique et la précipitation, j’ai fui, j’ai hurlé et j’ai appelé à l’aide. Pour finir, j’ai invoqué Pénée, mon père, le dieu du fleuve, pour lui demander de détruire cette beauté qui me nuit depuis si longtemps. Il m’a entendue, a eu pitié de moi, et m’a transformée en laurier. À présent je me sens définitivement libre de l’intérieur, sereine, apaisée. Même si je ne peux plus me déplacer où je veux, je profite des sensations les plus essentielles, en connexion totale avec la nature. Je peux enfin être utile à cette terre sans qu’on ne m’envie. Et, n’est-ce pas là la vraie beauté?

cratère à figures rouges, musée du Louvre

𝘕𝘪𝘰𝘣é et sa plus heune enfant, IIème siècle ap. J.C., Villa dei Quintilli.

𝘓𝘦 𝘔𝘢𝘴𝘴𝘢𝘤𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘕𝘪𝘰𝘣𝘪𝘥𝘦𝘴

NIOBE

𝘑𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘧𝘪𝘨é𝘦. 𝘜𝘯𝘦 𝘧𝘳𝘰𝘪𝘥𝘦𝘶𝘳 𝘨𝘭𝘢𝘤𝘪𝘢𝘭𝘦 𝘮’𝘦𝘯𝘷𝘦𝘭𝘰𝘱𝘱𝘦. 𝘌𝘭𝘭𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘱𝘶𝘪𝘴𝘴𝘢𝘯𝘵𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘢 𝘥𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘪 𝘮’𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘶𝘮é𝘦. 𝘔𝘰𝘯 𝘤𝘰𝘳𝘱𝘴 𝘯’𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘥𝘦 𝘤𝘩𝘢𝘪𝘳, 𝘪𝘭 𝘥𝘦 𝘱𝘪𝘦𝘳𝘳𝘦. 𝘑𝘦 𝘴𝘦𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘥𝘶𝘳𝘦𝘵é 𝘮𝘦 𝘱𝘦𝘴𝘦𝘳 𝘦𝘵 𝘮𝘦 𝘳𝘢𝘵𝘵𝘢𝘤𝘩𝘦𝘳, 𝘮𝘦 𝘭𝘪𝘦𝘳 à 𝘭𝘢 𝘵𝘦𝘳𝘳𝘦. 𝘗𝘰𝘶𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘫𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘦𝘯v𝘪𝘦 𝘥𝘦 𝘱𝘭𝘦𝘶𝘳𝘦𝘳, 𝘱𝘭𝘦𝘶𝘳𝘦𝘳 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘦𝘵 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘮’𝘪𝘯𝘰𝘯𝘥𝘦𝘳 de 𝘮𝘦𝘴 𝘭𝘢𝘳𝘮𝘦𝘴 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘫𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘭à, 𝘧𝘪𝘨é𝘦. 𝘗𝘰𝘶𝘳𝘲𝘶𝘰𝘪 ? 𝘖𝘩 𝘤𝘳𝘶𝘦𝘭 𝘥𝘦𝘴𝘵𝘪𝘯 ! 𝘫’𝘢𝘪 é𝘵é 𝘢𝘷𝘦𝘶𝘨𝘭é𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘭’𝘰𝘳𝘨𝘶𝘦𝘪𝘭 𝘧𝘶𝘯𝘦𝘴𝘵𝘦 qui 𝘮’𝘢 𝘱𝘰𝘶𝘴𝘴ée à 𝘥é𝘧𝘪𝘦𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘥é𝘦𝘴𝘴𝘦. 𝘑’𝘢𝘪 𝘰𝘴é 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘢𝘳𝘦𝘳 𝘮𝘢 𝘨𝘭𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘮è𝘳𝘦 𝘮𝘰𝘪, 𝘕𝘪𝘰𝘣é, à 𝘤𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘓atone. 𝘑’𝘢𝘪 𝘰𝘴é 𝘭𝘢 𝘮é𝘱𝘳𝘪𝘴𝘦𝘳, 𝘮𝘰𝘪, 𝘱𝘢𝘳𝘤𝘦 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘯’𝘢𝘷𝘢𝘪𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘥𝘦𝘶𝘹 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴. 𝘘𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘪𝘯𝘴𝘦𝘯𝘴é𝘦 𝘫’𝘢𝘪 é𝘵é ! 𝘈𝘱𝘰𝘭l𝘰𝘯 𝘦𝘵 𝘈𝘳𝘵é𝘮𝘪𝘴, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘤𝘰𝘭è𝘳𝘦 𝘥𝘪𝘷𝘪𝘯𝘦, 𝘰𝘯𝘵 𝘢𝘳𝘳𝘢𝘤𝘩é 𝘮𝘦𝘴 𝘵𝘳é𝘴𝘰𝘳𝘴, 𝘮𝘢 𝘧𝘪𝘦𝘳𝘵é, 𝘮𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘶𝘯𝘴 𝘢𝘱𝘳è𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘳𝘪𝘳𝘦, 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘷𝘪𝘦. 𝘛𝘰𝘶𝘵 𝘴’𝘦𝘴𝘵 é𝘵𝘦𝘪𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘮𝘦𝘴 𝘺𝘦𝘶𝘹. 𝘓𝘢 𝘥𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘢 é𝘤𝘳𝘢𝘴é 𝘮𝘰𝘯 â𝘮𝘦 𝘦𝘵 𝘈𝘮𝘱𝘩𝘪𝘰𝘯 𝘮𝘰𝘯 𝘣𝘪𝘦𝘯 𝘢𝘪𝘮é 𝘯’𝘢 𝘱𝘢𝘴 𝘴𝘶𝘱𝘱𝘰𝘳𝘵é 𝘤𝘦 𝘤𝘢𝘳𝘯𝘢𝘨𝘦. 𝘐𝘭 𝘴’𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘳é𝘤𝘪𝘱𝘪𝘵é 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵, 𝘴𝘦𝘶𝘭 𝘳𝘦𝘮è𝘥𝘦 𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘵 𝘰𝘶𝘣𝘭𝘪𝘦𝘳 𝘦𝘵 𝘯𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵𝘪𝘳 𝘯𝘪 𝘱𝘦𝘪𝘯𝘦, 𝘯𝘪 𝘥𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳. 𝘜𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴, 𝘫’é𝘵𝘢𝘪𝘴 𝘭à, 𝘧𝘪𝘨é𝘦, 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘴𝘦𝘶𝘭 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘢𝘨𝘯𝘰𝘯 𝘭’é𝘤𝘩𝘰 𝘥𝘦 𝘮𝘦𝘴 𝘴𝘢𝘯𝘨𝘭𝘰𝘵𝘴. 𝘑’𝘢𝘪 𝘴𝘶𝘣𝘪 𝘫𝘶𝘴𝘲𝘶’à 𝘯𝘦 𝘱lus en 𝘱𝘰𝘶𝘷𝘰𝘪𝘳. 𝘈𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘢𝘷𝘦𝘤 mes seuls 𝘴𝘢𝘯𝘨𝘭𝘰𝘵s et mon 𝘥é𝘴𝘦𝘴𝘱𝘰𝘪𝘳 𝘮𝘪𝘴é𝘳𝘢𝘣𝘭𝘦, 𝘫’𝘢𝘪 𝘴𝘶𝘱𝘱𝘭𝘪é 𝘡𝘦𝘶𝘴, 𝘯𝘰𝘯 𝘱𝘢𝘴 𝘥𝘦 𝘮’𝘢𝘱𝘢𝘪𝘴𝘦𝘳 mais 𝘥𝘦 𝘮’𝘢𝘯é𝘢𝘯𝘵𝘪𝘳.E𝘵 𝘪𝘭 𝘭𝘢 𝘧𝘢𝘪𝘵. 𝘈𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘥’𝘩𝘶𝘪 𝘫𝘦 𝘯𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘰𝘪𝘥𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘯 𝘥é𝘴𝘦𝘴𝘱𝘰𝘪𝘳 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘪𝘯𝘧𝘪𝘯𝘪𝘦 𝘵𝘳𝘪𝘴𝘵𝘦𝘴𝘴𝘦.

𝘔𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘤𝘪 𝘥𝘦𝘷𝘦𝘯𝘶𝘦 𝘭𝘦 𝘵𝘰𝘮𝘣𝘦𝘢𝘶 𝘥𝘦 𝘮𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘳𝘦 𝘩𝘰𝘯𝘵𝘦 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘮𝘰𝘯 𝘢𝘮𝘰𝘶𝘳 𝘣𝘳𝘪𝘴é : 𝘶𝘯 𝘳𝘰𝘤𝘩𝘦r 𝘪𝘮𝘮𝘰𝘣𝘪𝘭𝘦, 𝘣𝘢𝘵𝘵𝘶 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘦 𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘪𝘦. 𝘔𝘦𝘴 𝘭𝘢𝘳𝘮𝘦𝘴 𝘫𝘢𝘪𝘭𝘭𝘪𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘧𝘪𝘯, 𝘴𝘰𝘶𝘳𝘤𝘦 𝘪𝘯é𝘱𝘶𝘪𝘴𝘢𝘣𝘭𝘦 𝘯é𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘢 𝘴𝘰𝘶𝘧𝘧𝘳𝘢𝘯𝘤𝘦. 𝘊𝘦𝘳𝘵𝘢𝘪𝘯𝘴 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘷𝘢𝘯𝘵, à 𝘤𝘰𝘵é 𝘰𝘶 𝘴𝘶𝘳 𝘮𝘰𝘪, 𝘪𝘨𝘯𝘰𝘳𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘰𝘶𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘪 𝘫𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴. 𝘗𝘰𝘶𝘳𝘵𝘢𝘯𝘵 𝘤𝘦𝘶𝘹 𝘲𝘶𝘪 𝘤𝘰𝘯𝘯𝘢𝘪𝘴𝘴𝘦𝘯𝘵 𝘮𝘰𝘯 𝘩𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘴’𝘢𝘳𝘳ê𝘵𝘦𝘯𝘵, 𝘮𝘦 𝘳𝘦𝘨𝘢𝘳𝘥𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘮𝘶𝘳mur𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘦𝘶𝘹. 𝘐𝘭𝘴 𝘳𝘢𝘤𝘰𝘯𝘵𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭’𝘰𝘳𝘨𝘶𝘦𝘪𝘭 𝘮’𝘢 𝘥é𝘵𝘳𝘶𝘪𝘵𝘦, 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘮𝘢 𝘷𝘢𝘯𝘪𝘵é 𝘢 𝘢𝘵𝘵𝘪𝘳é 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘰𝘶𝘥𝘳𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘪𝘦𝘶𝘹. 𝘑𝘦 𝘴𝘶𝘪𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘭𝘦ç𝘰𝘯 𝘨𝘳𝘢𝘷é𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘳𝘰𝘤𝘩𝘦, 𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘪𝘴𝘦 𝘦𝘯 𝘨𝘢𝘳𝘥𝘦 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭’𝘢𝘳𝘳𝘰𝘨𝘢𝘯ce 𝘩𝘶𝘮𝘢𝘪𝘯𝘦. 𝘔𝘢𝘪𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘦 𝘴𝘰𝘶𝘤𝘪𝘦 𝘷𝘳𝘢𝘪𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘮𝘢 𝘥𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳 ? 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘢𝘪𝘵 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘫𝘦 𝘳𝘦𝘴𝘴𝘦𝘯𝘴, 𝘦𝘯𝘧𝘦𝘳𝘮é𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘤𝘦𝘵𝘵𝘦 𝘤𝘢𝘳𝘢𝘱𝘢𝘤𝘦 𝘧𝘳𝘰𝘪𝘥𝘦 𝘦𝘵 𝘮𝘪𝘯é𝘳𝘢𝘭𝘦 ? 𝘭𝘢 𝘴𝘰𝘭𝘪𝘵𝘶𝘥𝘦 𝘮𝘦 𝘳𝘰𝘯𝘨𝘦.

Rubens, 17ème, musée de Dresde

Ce qui ne l’est pas en l’occurrence est de feindre mon état, ma nature première, celle d’être humaine. Je me présente: Io, fille d’Inachos et de Lucane, prêtresse d’Héra dans le temple d’Argos. Il s’écoulait des jours heureux à mon époque humaine, trop parfaits me semble-t-il, puisqu’il a fallu que je les gâche, en m’entraînant dans cette histoire. Ô Lucane, très chère mère, vous m’aviez prévenue que l’amour était dangereux. Me voilà donc transformée en génisse blanche. Tout cela pour quoi ? Pour l’amour d’un dieu. D’un dieu trompeur.

J’ouvre les yeux et tout de suite je tombe à terre, déséquilibrée dû à cette nouvelle vision qui me permet désormais de voir tout, que cela se trouve à droite ou bien à gauche. Malgré cette nouvelle visibilité, je suis sûre que l’on peut apercevoir toute la tristesse dans mon regard. Mais mes mains, où sont mes mains ? Et mes pieds ? Je n’en ai plus. Ce qui était autrefois mes membres n’est plus qu’un immense morceau de chair. Je me sens si étrange, je ne saurais pas le décrire. Je suis plus courte, plus longue et plus lourde. L’impression de peser des kilos n’en est plus une. Chacun de mes pas est lourd…et extrêmement maladroit, je ne cesse de tomber. Je devrais me sentir nue, mais grâce à mon pelage blanc comme neige, ce n’est pas le cas. Les brises qui passent me permettent de sentir les délicieuses effluves d’herbe fraîche. Cette intensité de senteurs m’était totalement inconnue avant, comme si cette transformation m’avait permis de retrouver mes instincts primaires. Il m’est plutôt facile de meugler.

IO

Dessin à la plume, Cagliostro, 17ème, Metropolitan museum

Je fais cette promesse : Héra, où que tu sois et quoi que tu souhaites me faire, je ne céderai pas. Je me battrai, coûte que coûte, pour redevenir moi-même. Il en va de même pour toi, maudit Zeus, qui refuses d’assumer que je suis la seule que tu aimes réellement. Alors, je vous le dis : moi, je suis et je resterai à tout jamais lo.

La honte s’est abattue sur moi d’avoir trompé la déesse dont j’étais la prêtresse. Cette déesse souhaite ma perte pour avoir succombé aux avances de son époux. Pour échapper à la fureur d’Héra, Zeus ne trouva aucun autre moyen de me protéger que de me transformer en vache, animal sacré, propre aux sacrifices... Maintenant je me regarde : que suis-je devenue ? Humaine piégée dans le corps d’une pâle génisse. Piégée dans le corps d’un animal, je ne pense pas que l’on puisse se sentir plus vulnérable et furieuse que moi. Mais vous savez, je commence à comprendre : cette métamorphose est une malédiction, une punition divine. Je m’en voudrais à tout jamais d’avoir succombé. Je ne veux pas que les remords et la honte me plongent dans le désespoir. Je voudrais que la colère que je ressens contre moi-même et ces dieux trompeurs me permette de me souvenir qui je suis et de garder mon humanité.

Mosaïque de Thisbé et Pyrame (Maison de Dionysos à Paphos) – III apr J-C

J.Mignard 17e siècle – Découverte de Pyrame et Thisbé - à Sceaux, en France, dans une collection particulière

pyrame et thisbé

Pyrame et Thisbé

Le soleil est de plus en plus ardent, nos feuilles sont de plus en plus verdoyantes et nous sentons nos fleurs sur le point de se transformer. Ça y est encore, nous sommes enceintes. Une fois de plus, les fruits que nous porterons seront comme un hommage à l’anniversaire de notre mort. Une fois de plus, nous nous rappellerons, avec une impression de déchirement et un sentiment de stupidité plus profond, la raison de notre mort. La pluie tombe. Les gouttes ruisselantes sur nos tiges et nos mains vertes sont comme les larmes que jadis nous pouvions verser sur nos joues. Nous sommes pourtant réunis et formons ensemble une parfaite union ; mais seuls, prisonniers et voués à une vie infinie dans le corps d’un mûrier, nous ressentons ce désamour grandissant s’immiscer entre les racines de nos sentiments. Je ne suis que trop lui et Elle n’est que trop moi. Des enfants passent devant nous. Ils « s’amusent » à nous arracher nos fleurs et nos bras pour faire « beau » et nous replanter ailleurs. Nous donner un nouveau lieu de prison. Jamais nous n’aurions pensé que cette fameuse nuit romantique nous amènerait à cet éternel châtiment ; que l’amour que nous nous portions l’un à l’autre s’achèverait à cause d’une lionne jalouse : maudite soit-elle ! Finalement, si nous pouvions retourner en arrière, nous souhaiterions ne jamais avoir fait connaissance, ni n’avoir recherché cette sensation traîtresse qu’est l’amour. Amour. Colère. Ennui. Regret. Vous retrouverez en nos fruits tout ce méli-mélo de sentiments que nous avons enfoui dans les fibres de nos mûres. Ces mûres au jus pourpre et rouge, à l’aspect sombre, comme nos corps croupissants autrefois sous ce damné mûrier blanc. Notre sang subsistera à jamais en ne faisant qu’un, ultime produit de notre amour, jus symbolique de notre prison perpétuelle.

D'après les Métamorphoses d'Ovide,

1er siècle ap. JC.