Want to create interactive content? It’s easy in Genially!
Présentation des formes basiques
Morgan Francois
Created on November 26, 2024
Start designing with a free template
Discover more than 1500 professional designs like these:
Transcript
Scènes de table dans la création japonaise : le cas du manga
Morgan françois
Compétences travaillées
S’exprimer à l’oral en continu en s’adaptant au contexte
Argumenter à l’écrit
Développer une réflexion sur la langue pour améliorer et réviser ses productions écrites et orales
Mobiliser de manière personnelle une culture commune
« Qu’est-ce que ça bouffe alors, dans les mangas ! », Ryoko SEKIGUCHI
Objectifs : Lire un texte argumentatif « Traduire » une métaphore filée Poser une problématique Questions sur le texte : • Ecrire sur la nourriture, est-ce réservé aux seuls spécialistes du domaine ? • Que signifie la phrase : « les scènes de table sont pour ainsi dire la marque de fabrique de la création japonaise » ? • Pour décrire le rôle que joue le thème de la nourriture dans la littérature et le manga japonais, Ryoko Sekiguchi développe une métaphore. Laquelle ? Essayez de la « traduire » avec vos propres mots. • Problématique : si le thème de la nourriture n’est qu’un simple réceptacle, de quoi nous parle donc le manga culinaire ?
Questions sur le texte : • A quelle époque le thème de la nourriture se développe dans le manga ? Pourquoi pas avant ? • Quels mangas ont été les précurseurs du genre du manga culinaire ? • En quoi la multiplication des mangas culinaires a favorisé le monde de la restauration ? • En quoi le manga culinaire est aussi le reflet de notre époque et de ses évolutions ?
Gurumé-manga : nan desuka ? グルメ マンガ 何ですか
Article de Ryoko Sekiguchi "Ces BD qu'on dévore deux fois" :
Jirô TANIGUCHI : un mangaka cher aux Français
Activité : atelier de traduction du chapitre 3 du manga Les Rêveries du gourmet solitaire de Jirô TANIGUCHI
Pourquoi un exercice de traduction ? La traduction est une modalité de la lecture qui permet une découverte du monde. Elle est le processus linguistique par lequel un message dans une langue étrangère devient un message dans sa langue personnelle, et permet ainsi une exploration et un enrichissement du monde. Le langage permet de développer une expression du monde. Il s’agit ainsi de traduire « en personnage », ce qui signifie exprimer soi-même, en français, le vécu et l’expérience de quelqu’un d’autre. Dans notre exercice, il s’agira d’endosser le rôle d’un salarié japonais qui va déjeuner après un rendez-vous d’affaires.
Objectifs : Traduire « en personnage » : produire des « phrases vivantes » en français. Créer de l’action dans chaque case par la parole. Traduire les onomatopées : que disent-elles d’une scène de repas au Japon ? Découvrir le lexique gastronomique japonais.
Quel support pour l’exercice de traduction ? Jirô TANIGUCHI (dessin) et Masayuki Kusumi (scénario), Les Rêveries d’un gourmet solitaire, éditions Casterman, collection « écritures », 2016 Traduction : Patrick Honnoré Un mot sur l’histoire : Le premier volume narrant les expériences culinaires de Gorô Inokashira sort en 1994 sous le titre : Le Gourmet solitaire. Gorô est représentant de commerce et parcourt donc, à ce titre, Tokyo et le Japon. Lorsqu’il sort d’un rendez-vous, il a faim. Guidé par son intuition, il franchit la porte de restaurants qui deviennent le théâtre d’expériences culinaires enrichissantes à tous points de vue. Pourquoi ce chapitre ? Le contexte se laisse facilement appréhender, même pour des lecteurs français. Gorô sort tardivement d’un rendez-vous. Il a faim, il veut vite trouver un endroit où s’installer pour déguster un repas bien mérité. Dans ce chapitre, Gorô commande, entre autres plats, des râmen. L’extrait peut donc servir d’illustration à la première proposition autour de la question de la tradition. Gorô est un « gourmet solitaire » : si la scène est pauvre en action, elle plonge le lecteur au cœur des observations et des pensées du personnage. La scène de repas, outre la découverte du patrimoine gastronomique japonais, révèle ainsi le comportement humain et permet au lecteur de mener une recherche de soi.
Pistes de réflexion pour les enseignants par le traducteur Patrick Honnoré
Objectifs : Découvrir la scène uniquement par les images pour réfléchir au contexte et esquisser le portrait du personnage principal. Activité possible : proposer aux étudiants de créer quelques dialogues pour mieux cerner la scène et ses enjeux.
ETAPE 1 : Découverte d’une scène muette : une histoire sans paroles
ETAPE 2 : Découverte de la scène en VO
Puisqu’il est question d’une découverture de la culture japonaise, nous proposons aux étudiants la version japonaise de l’extrait. Bien sûr, le non-japonophone reste muet : c’est le but ! Les signes langagiers japonais nous transportent dans un ailleurs. Mais un ailleurs qui n’est pas imaginaire : la réalité du texte japonais le prouve, ainsi que la version muette dont le monde se laisse interpréter. La traduction est donc cette opération par laquelle le sens apparaît pour des lecteurs autres que ceux à qui le texte était originellement destiné.
Objectif : il ne s’agit pas de remplacer la traduction « calque » par une simple opération de correction du français, mais de produire une traduction « en personnage », en faisant des « phrases vivantes ». Activité en groupes de deux heures environ.
Le texte en japonais n’est pas exploitable pour nos étudiants non-japonophones. Une traduction intermédiaire produite, par exemple, à l’aide d’un logiciel de traduction automatique est indispensable.
11 Onomatopée de boisson 12 Bon ! 13 Onomatopée de boisson 14 Ça avait autant de goût que ça, une limonade ? 15 Quand j’étais gosse, les bulles m’arrachaient la gorge… 16 Maintenant, je trouve ça d’une douceur… Je dirais même plus… 17 100% nostalgie de grand-mère.
ETAPE 3 : Découverte de la traduction « calque » en VF
ETAPE 4 : Activité de lecture oralisée : faire jouer la scène aux étudiants pour vérifier le « parler juste », c’est-à-dire pour entendre le personnage « vivre » son repas en français.
ETAPE 5 Retour sur les productions des étudiants avec le traducteur Patrick Honnoré, façon masterclass.
Vers l’écrit : La scène retenue, accompagnée du travail de traduction, peut illustrer une réflexion menée dans le cadre de l’exercice de l’essai. Dans ce chapitre 3, il est question de commensalité, de construction humaine et sociale, et pour le lecteur, d’une recherche de soi. L’exercice de traduction vise aussi cet objectif : en exprimant l’expérience de Gorô dans ce restaurant tokyoïte, le lecteur mène également une expérience avec lui-même. Voilà, sans doute, une des clés du manga gourmet et de la littérature culinaire japonaise dans son ensemble.
Pour reprendre la métaphore de Ryoko SEKIGUCHI, la scène de table n’est qu’un réceptacle, le « bol », dans lequel l’auteur glisse un « accompagnement ». De quel accompagnement s’agit-il ici ? Quel sens donner au terme « gourmet » et à l’adjectif « solitaire » ? Pour aider à la compréhension : Lecture possible du texte de Yôko HIRAMATSU « Le Solitaire magnifique » placé « En guise de postface » dans l’édition Casterman.
Bilan
Le Gourmet solitaire, Jirô TANIGUCHI et Masayuki KUSUMI, éditions Sakka. La Cantine de minuit, Yarô ABE, Le Lézard noir, série en cours. Mes petits plats faciles by Hana, Masayuki KUSUMI et Etsuko MIZUSAWA, Komikku éditions. Série en trois volumes. Petite forêt, version intégrale, Daisuke IGARASHI, Moon light manga.
En complément : d'autres "manga gourmet"
Gorô est crevé et découragé. Il mange. Hop, il est content (au double sens du terme), il a oublié son découragement. Et ses soucis, qui sont sans doute plus importants qu'un quart d'heure de satisfaction, mais ça nous donne une idée de ce qui est important humainement dans la nourriture : le plaisir nous permet de relativiser les soucis de la vie, la condition "animale" de l'homme est notre sol le plus solide sous nos pieds. Bien sûr, on peut traiter ça en termes de métabolisme et de nombre de calories quotidiennes qui permettent de maintenir les fonctions vitales, mais dans la mesure ou ce nombre de calories n'est plus un souci immédiat, ce n'est pas cela qui nous importe en tant qu'être humain vivant et socialement assuré de vivre encore demain. Humainement, l'affaire de manger, c'est apaiser sa faim, certes, mais surtout : être content. Quels sont les termes (en français) qui exprime cette fonction : être content, être satisfait, être heureux... Dans cette histoire, être content est oublier qu'on était (qu'on a été) mécontent. L'oubli comme moyen d'avancer. Quand on regarde les dessins sans les paroles : Peut-on dire qu'il est content ? C'est le second point de cette histoire : l'expression des sentiments et langage quand on est seul. À la dernière case, est-il réellement content ? Il ne sourit pas aux anges, donc est-il réellement "satisfait" ? En réalité, oui, mais étant seul, il n'a pas besoin d'exprimer sa satisfaction. Quand on regarde les dessins sans les paroles : Peut-on dire qu'il est content ? En fait à qui sourit-il ? Qu'est-ce que l'expression du bonheur ? L'expression visible suppose un autrui pour le lui dire. Quand on est tout seul, on n'a pas besoin de sourire (mais on peut se sourire à soi-même, dans ce cas, on est son propre "autrui") Dans tout le chapitre, il parle/pense tout seul et ses seules paroles adressées à quelqu'un sont purement triviales (passer commande...). Par contre, il écoute les conversations à la table voisine. En réalité, ce n'est pas tant de manger qui est important pour être content, c'est de manger avec d'autres, même pas "avec" d'autres, mais "au milieu" des autres. S'il avait mangé un sandwich tout seul, aurait-il oublié sa mauvaise journée ? Au contraire, il n'aurait pensé qu'à ça.