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vieillir

Maryse Emel

Created on November 25, 2024

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Transcript

Cicéron De la vieillesse extraits

c'est chausser des semelles de plomb

Monologue de Don Diègue, dans le Cid de Corneille (Acte I, scène 4) Ô rage ! Ô désespoir ! Ô vieillesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ? Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire, Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ? Ô cruel souvenir de ma gloire passée ! Œuvre de tant de jours en un jour effacée ! Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur ! Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? Comte, sois de mon prince à présent gouverneur : Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur ; Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne, Malgré le choix du roi, m’en a su rendre indigne. Et toi, de mes exploits glorieux instrument, Mais d’un corps tout de glace inutile ornement, Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense, M’as servi de parade, et non pas de défense, Va, quitte désormais le dernier des humains, Passe, pour me venger, en de meilleures mains.

vieillir

A quel modèle nous renvoient les mots de "variation" et "vibration" ? Alors que, chez les Anciens, la vieillesse était presque synonyme de sagesse, et que, dans certains pays comme l’Afrique, « le vieux » est consulté comme détenteur de secrets de vie, garant de la tradition, comme celui qui met fin aux conflits, prônant la paix et la tolérance, il est chez nous devenu une sorte d’anti-modèle : il représente la vie épuisée, basculant dans la mort ; oublieux, il n’aurait rien à nous apprendre ; capricieux, il bousculerait nos projets les plus simples. Éloignons-nous de ces constructions théoriques : elles nous font négliger les variations, les vibrations continues qui tissent notre durée.

Réfléchir c'est agir

Cicéron De la vieillesse

Puissent, Scipion, les Dieux immortels vous réserver la gloire d'achever l'ouvrage commencé par votre aïeul ! Voilà trente-trois ans qu'il est mort, mais son souvenir vivra dans tous les âges. Il mourut un an avant ma censure et neuf ans après mon consulat, sous lequel il fut nommé consul pour la seconde fois. Est-ce que s'il lui avait été donné de vivre cent I ans, sa vieillesse lui serait à charge? Sans doute il ne pourrait plus courir, ni sauter, ni lancer le javelot, ni manier le glaive; mais il penserait, il prévoirait, il conseillerait; et si ce n'était là le propre de la vieillesse, nos ancêtres n'auraient pas donné au conseil suprême de l'État le nom de sénat. A Lacédémone, ceux qui occupent la première magistrature sont nommés les Anciens, et ils le sont en effet. Si vous voulez vous informer de ce qui s'est passé chez les autres peuples, vous verrez que les États ont toujours été ruinés par les jeunes gens, sauvés ou restaurés par les vieillards. « Dites-moi : comment votre république si florissante a-t-elle péri si vite? » Voilà ce que l'on demande, comme dans la fable du poète Névius. Entre autres réponses, on fait d'abord celle-ci : « Il se produisait des orateurs nouveaux, jeunes et insensés. » La témérité est en effet le caractère de la jeunesse, la prudence celui de la vieillesse.

Soutenir que la vieillesse n'agit point, est donc une vaine opinion; autant vaudrait dire que le pilote n'agit pas en conduisant le vaisseau : en effet, tandis que les autres se lussent au mât, s'agitent sur les ponts, vident la sentine, lui, le gouvernail en main, se tient immobile à la poupe. La vieillesse ne fera pas ce que fait la jeunesse : non, mais elle fera des choses bien plus utiles et plus grandes. Ce n'est point par la force, la prestesse ou l'agilité du corps, que les grandes choses s'accomplissent, mais par le conseil, l'autorité, la sage maturité dont la vieillesse, loin d'être dépouillée, est au contraire plus abondamment pourvue.

PRUDENCELe vieillard conserve tout son esprit, pourvu qu'il ne renoncent à l'exercer ni à l'enrichir ; et je ne parle pas seulement d'une vieillesse des grands citoyens et des hommes d'État, mais de celle qui s'écoule dans la tranquillité delà vie privée. Sophocle, dans son extrême vieillesse, composait encore des tragédies; on l'accusait de négliger son patrimoine pour cultiver ta poésie, et ses fils l'appelèrent en justice pour le faire interdire comme fou, au nom d'une loi semblable à celle de Rome, qui ôte la gestion de leurs biens aux pères qui les dissipent. On dit que le vieillard lut aux juges son Œdipe à Colon e, qu'il tenait à la main et qu'il avait tout récemment composé, et leur demanda ensuite si c'était là l'œuvre d'un fou. Il fut renvoyé absous après cette lecture. Est-ce que la vieillesse paralysa le génie de ce grand poète ou celui d'Homère, d'Hésiode, de Simonide, de Stésichore? Est-ce qu'elle flétrit le talent d'Isocrate et de Gorgias que je vous citais, ou de ces princes de la philosophie , Pythagore, Démocrite, Platon, Xénocrate, Zénon, Cléanthe, ou àe Diogène le stoïcien, que vous-mêmes avez vir à Rome? Est-ce que le mouvement de leur esprit s'arrêta avant le terme de leur vie? Mais quoi ! sans plus vous parler de ces études divines, je puis vous citer un grand nombre de cultivateurs romains de la Sabine, mes voisins et mes amis, qui ne souffriraient pas qu'aucun des grands travaux des 528 champs se fit sans eux, soit les semailles, soit la . récolte, soit la rentrée des grains ou des fruits. Il n'y a là sans doute rien de bien étonnant; on n'est jamais assez vieux pour ne pas espérer vivre encore une année; mais les vieillards dont je vous parle donnent leurs soins à des travaux dont ils savent bien que le fruit ne sera pas pour eux. « Il sème des arbres dont jouira le siècle à venir, » comme dit Statius dans les Synéphèbes. Le laboureur, si vieux qu'il soit, à qui l'on demandera : Pour qui semez-vous donc? n'hésitera point à répondre : Pour les Dieux immortels, qui n'ont pas voulu seulement que je reçusse ces biens de mes aïeux, mais encore que je les transmisse à mes descendants.

Un vieillard est toujours honoré quand il sait faire compter avec lui, quand il maintient ses droits, ne se rend l'esclave de personne, et conserve jusqu'à son dernier souffle toute son autorité sur les siens. Comme j'aime le jeune homme qui a quelque chose du vieillard, j'aime le vieillard qui a quelque chose du jeune homme; en lui le corps peut être vieux, mais l'esprit ne l'est jamais