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Psychologie de l'enfance : les systèmes cognitifs
Lyne Houot
Created on October 17, 2024
Travail de CHAVY Emma; HOUOT Lyne et SEGUY Léa - L3G1
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Transcript
Par CHAVY Emma, HOUOT Lyne et SEGUY Léa L3G1
wow
Les systèmes cognitifs
De Olivier Houdé
go!
UE501 - Psychologie de l'enfance
Novembre 2024
Salut l'ami !Mon nom est Cogito et comme toi, je veux en apprendre plus sur les systèmes cognitifs
Tu remarqueras très vite que je pose beaucoup de questions (certains disent que je suis "mou du ciboulot")
Allez viens suis moi !
Alors, de quoi va-t-on parler dans cette présentation ?
Index
Biographie d'Olivier Houdé
Pourquoi travailler notre système 3 d'inhibition
Les sciences cognitives : qu'est-ce que c'est ?
Outils et exercices utilisés pour développer ce système d’inhibition
La résistance cognitive
Bibliographie
Résister, pour quoi faire ?
Qui c'est ça ?
Olivier Houdé
Olivier Houdé est un enseignant-chercheur et psychologue franco-belge, connu pour ses travaux dans le domaine des neurosciences cognitives et du développement de l’enfant. Né en 1963, il a consacré une longue partie de sa carrière à l’étude des mécanismes de la pensée et des processus cognitifs, en mettant l’accent sur la manière dont les enfants acquièrent des compétences cognitives au fil de leur développement.
Tout en s'inspirant des travaux de Piaget, il a élargi ces idées en intégrant des concepts modernes de la psychologie cognitive et des neurosciences. Ainsi, Houdé prolonge l'œuvre de Piaget en l'adaptant aux enjeux contemporains de l'éducation et de la psychologie cognitive.
Olivier Houdé
Olivier Houdé a publié de nombreux articles scientifiques et ouvrages, parmi lesquels "L'Inhibition, un enjeu pour l'éducation" et "Apprendre à résister". Ces écrits contribuent à une meilleure compréhension des mécanismes de pensée, notamment chez les enfants, et explicitent des stratégies éducatives efficaces, permettant notamment aux enfants de mieux gérer leurs émotions et leurs impulsions.
L’un de ses axes majeurs d’étude est le développement d’une théorie nouvelle du développement cognitif, du raisonnement et de la décision, fondée sur le « processus d’inhibition » et le « contrôle cognitif ».
Ainsi, Olivier Houdé est un acteur clé dans le domaine de la psychologie du développement et de l’éducation. Ses travaux continuent d'influencer la compréhension de la manière dont les enfants pensent et apprennent, tout en soulignant l'importance d'une éducation adaptée à ces processus cognitifs.
Il s'inscrit dans la lignée des théoriciens du développement cognitif, et est souvent associé à la tradition piagétienne en psychologie du développement. Comme Jean Piaget, il s'intéresse à la manière dont les enfants construisent leur compréhension du monde et comment leur pensée évolue au fil du temps.
Ah, il me semble avoir déjà vu son livre à la bibliothèque ! Mais ça parle de la psychologie cognitive, sauf que j'ai pas compris ce que c'était...
Pour t'expliquer ça au mieux, il nous paraît important de définir deux grandes notions :
Les sciences cognitives
Les fonctions exécutives
Info
Info
C'est trop simple en fait, j'ai tout compris !
Pas vraiment, on n'a pas encore parlé de la résistance cognitive. Et tu vas voir, c'est pas si facile...
Mais biensûr, je savais bien que c'était plus complexe. Alors explique moi, c'est quoi la résistance cognitive ?
La résistance cognitive est un concept en psychologie qui fait référence à l’orientation des individus, à rejeter ou à résister à certaines informations extérieures. Cette résistance se base sur la présence de trois systèmes de pensée, proposés par Olivier Houdé.
Les trois systèmes cognitifs
Système 1
Système 2
Système 3
Système heuristique
Système algorithmique
Système d’inhibition
Le système 1, dit système heuristique, est une pensée automatique et intuitive qui fonctionne très bien et très rapidement, mais elle n’est pas toujours exacte. Le terme « heuristique » vient du grec ancien εὑρίσκω, eurisko signifiant « je trouve»
Le système 2, dit système algorithmique, est une pensée plus lente et réfléchie dite « logico-mathématique » qui coûte beaucoup d’énergie à un individu mais sa fiabilité est certaine.
Le système 3, dit système d’inhibition, possède une fonction d’arbitrage lorsqu’il y a un conflit entre les deux premiers systèmes. Il permet d’interrompre la stratégie heuristique lorsqu’elle est trompeuse et active la stratégie algorithmique pour obtenir la bonne réponse.
Quiz
Le fonctionnement des systèmes cognitifs
Ah d'accord, donc ce sont ces trois systèmes qui nous intéressent. Mais, j'avais lu un article sur les biais congitifs la dernière fois. Il disait que ces biais pouvaient perturber la perception de la réalité et nous tromper. Est-ce qu'ils jouent un rôle dans la résistance cognitive ?
ET BIEN OUI, viens voir !
Les biais cognitifs
Finalement, les biais cognitifs sont fondamentaux dans notre façon de percevoir et d'interagir avec le monde. Ils agissent souvent comme des filtres, nous amenant à interpréter les informations de manière à renforcer nos croyances existantes. Cependant, ces biais peuvent parfois altérer notre rationalité et vision du monde. En en prenant conscience, nous pouvons mieux comprendre nos propres limites cognitives et adopter des stratégies pour les surmonter. Cela peut nous permettre de développer une pensée plus critique et ouverte, essentielle dans un monde où l'information est abondante et souvent contradictoire, la vigilance aux biais est par conséquent un axe important dans l’éducation des plus jeunes.
Parallèlement, les biais cognitifs jouent un rôle dans la résistance cognitive. Ils altèrent la perception de la réalité et peuvent également provoquer des erreurs de jugement, ils sont pour autant des leviers d’action, pour traiter une information et pour pouvoir prendre une décision pertinente, rapidement et sans le moindre effort. Les biais existent car ils nous sont utiles :
- Notre cerveau s’économise en évacuant et en filtrant les informations non pertinentes pour se rappeler des plus importantes.
- Notre cerveau doit agir vite pour augmenter nos chances de survie, de sécurité ou de succès.
- Notre cerveau construit du sens à partir de morceaux d’informations, pour faire des liens afin de créer notre propre vision du monde.
« Nous sommes tous piégés par notre cerveau, même les génies »
Pascal Wagner-Egger
C'est quand même pas simple tout ça....
Mais non tu vas tout comprendre, peut-être que ce sera plus clair si je t'explique le développement du cerveau !
Euh non, pas ce développement là... Viens par ici
Le développement du cerveau
Le cerveau est le principal organe du système nerveux central, il se constitue de quatre grands lobes, d’un cervelet et d’un tronc cérébral
Ces derniers sont encore divisés en différentes sections et dans notre situation nous allons nous concentrer sur la partie antérieure du lobe frontal. On l’appelle le cortex préfrontal et c’est ici que l’on retrouve le système cognitif.
Lobe frontal
Lobe pariétal
Cortex préfrontal
Lobe occipital
Lobe temporal
Cervelet et tronc cérébral
Entre Piaget et Houdé
schéma
Le développement de notre cerveau se fait principalement d’un mouvement de l‘arrière à l’avant mais contrairement à ce que pensait Piaget, Olivier Houdé n’est pas en accord avec “le modèle de l’escalier” qui signifiait que le développement était linéaire. Selon lui, le développement se ferait d’aller-retour avec des progressions et des régressions. “Elle s’effectue par vagues successives selon les zones du cerveau : d’abord les régions associées aux fonctions sensorielles et motrices de base et, ensuite, jusqu’à la fin de l’adolescence, les régions – tel le cortex préfrontal – associées au contrôle cognitif supérieur, notamment l’inhibition”. Par ailleurs, les bébés auraient déjà des capacités cognitives et dès 4 mois, une capacité numérique. Malgré tout, le lobe frontal est celui qui mature le plus lentement et le cortex préfrontal se situant derrière les yeux, atteint donc sa maturation assez tardivement soit entre 20 et 25 ans.
J'ai tout noté ! Mais alors, pourquoi elle s'opère cette résistance ? Est-ce-que nos émotions ont un rôle à jouer ?
Exellente question, suis moi !
« Pour résumer c’est souvent la guerre à l’intérieur de nos têtes ! »
Olivier Houdé, Apprendre à résister
Pourquoi s'opère la résistance ?
Les travaux d’Olivier Houdé et d’Antonio Damasio ont révélé l'importance des émotions dans le raisonnement et la correction des erreurs cognitives, un aspect que Jean Piaget n’avait pas mentionné dans ses travaux. Piaget, en effet, n’a pas pris en compte le rôle des émotions, considérant la logique du système 2 comme indépendante des réactions émotionnelles. Cependant, les neurosciences modernes montrent que le cerveau ne sépare pas les émotions de l'intelligence, même dans des tâches logiques. Selon Damasio, les émotions telles que la peur de se tromper ou le plaisir de réussir, s’activent en même temps que le raisonnement logique.
Olivier Houdé dans son livre Apprendre à résister, écrit : « Pour résumer c’est souvent la guerre à l’intérieur de nos têtes ! ». En effet, lorsque nous devons résister c’est que notre cerveau voit un ennemi. Celui-ci peut être extérieur (pouvoir politique, envahisseurs…) ou intérieur (nos réseaux de neurones « s’affrontent » lorsque deux stratégies de résolution du problème s’opposent : une résolution heuristique rapide ou une résolution lente et réfléchie).
Ces émotions sont régulées par le système limbique et paralimbique, qui est connecté au cortex préfrontal, la région du cerveau responsable du contrôle inhibiteur, et donc du système 3. Les expériences d’Houdé montrent que lorsque les élèves corrigent une erreur de logique, une région émotionnelle, s’active et guide l’inhibition des réponses incorrectes. Ce processus est fortement influencé par des “émotions contrefactuelles”, telles que le doute, le regret de s’être trompé, et la curiosité de trouver la bonne solution.
Pour éviter les erreurs dues au système 1, Houdé estime qu’il ne faut pas se limiter à enseigner des règles logiques, mais qu’il faut développer la capacité d'inhibition chez les élèves, et cela notamment en stimulant des émotions constructives comme le doute et la curiosité. En effet, il a découvert, après avoir étudié et comparé les différentes conditions d’apprentissage, que l’entraînement du contrôle inhibiteur (notamment par les émotions) permet une correction bien plus efficace de l’erreur que la simple répétition des règles logiques du système 2.
Ainsi, les émotions ne sont pas seulement des réactions secondaires, mais des éléments fondamentaux pour résister aux biais cognitifs, en permettant au système d’inhibition (système 3) de mieux arbitrer entre l’intuition (système 1) et la logique (système 2).
Les pilliers de l'architecture de la pensée
Chez l’enfant, il existe “quatre piliers qui fondent le développement de l’intelligence : l’objet, le nombre, la catégorisation et le raisonnement”.
La catégorisation
Le nombre
Le raisonnement
L’objet
Savoir catégoriser les objets physiques et humains à partir de critères
Développement de son raisonnement lorsqu’il se porte sur des idées, des hypothèses et des propositions logiques
Acquisition de l’unité et de la permanence de l’objet à travers la perception visuelle et la manipulation de l’objet
Comprendre la notion et les principes du nombre et du dénombrement
Ces principes se développent tout au long de la vie de l’enfant grâce à la croissance et au développement cérébral ainsi qu’à l’éducation qui lui est donnée. Effectivement, le cerveau obéit au « calendrier de sa maturation » mais il est aussi «prédisposé à apprendre» dès la naissance. Ainsi, pour développer ces quatre principes, l’individu doit apprendre, dès l’enfance, à résister. Durant les premiers mois de vie, le bébé acquiert l’unité et la permanence de l’objet à travers la perception visuelle et la manipulation de l’objet. A la suite de cette prise de conscience, le bébé change sa perception et conception de son environnement, il passe “du continu au discontinu, au sens mathématique: désormais, son environnement est « découpé mentalement » en de multiples objets physiques et humains, uniques et permanents.” Enfin, l’enfant va développer son raisonnement lorsqu’il ne se porte plus seulement sur des objets concrets, mais aussi sur des idées, des hypothèses et des propositions logiques.
C'est beaucoup plus clair ! Mais alors explique moi, ça sert à quoi de résister ?
Pour tout expliquer cogito, je vais te montrer quel rôle joue la résistance pour ces 4 pilliers...
Pour retrouver des objets !
Ainsi, O. Houdé va travailler sur l’erreur cognitive « A-non-B », initialement découverte par Piaget. Mais alors, en quoi consiste cette erreur ?
L’intelligence naît dans le cerveau avec la notion appelée « permanence de l’objet ». Cette notion est définie comme étant la compréhension que les objets existent indépendamment de leurs actions et de leurs perceptions. La psychologue Renée Baillargeon a mis en place une expérience (cacher un objet et faire tomber une planche dessus : dans un cas, la planche s’arrête car l’objet est présent même s’il n’est pas visible. Dans un autre cas, par trucage, la planche ne s’arrête pas sur l’objet, comme si celui-ci avait disparu) et a ainsi démontré que les bébés acquièrent, dès l’âge de 4 à 5 mois, la permanence de l’objet.
Pour Piaget, l’enfant commettait cette erreur car il n’avait pas assimilé le principe de permanence de l’objet. O. Houdé, avec d'autres chercheurs, a étudié cette erreur que commettent tous les bébés et a découvert que, puisque l'enfant acquiert la notion de permanence de l'objet dès 4 à 5 mois, ce n'est pas cette notion qui explique l'erreur. Ils ont donc conclu que celle-ci devait être liée à un autre facteur. Ils ont également observé qu'à partir de 12 mois, les enfants ne commettent plus l'erreur « A-non-B ». Des enregistrements d'imagerie cérébrale ont révélé qu'avant cet âge, le cortex préfrontal n'est pas suffisamment développé, rendant l'enfant incapable d'inhiber l'impulsion de chercher sous le cache qu'il a pris l'habitude de soulever (une heuristique). Ainsi, dès 12 mois, l’enfant apprend à résister pour retrouver les objets !
Tout compris, mais il n'y a aucun lien avec les 3 autres pilliers, si ?
Mais si, j'allais y venir ! On résiste aussi pour dénombrer, clique ici
Résister pour dénombrer !
Qu’est-ce qu’il faut savoir pour compter correctement ?
Rochel Gelman définit 5 principes que les enfants (à partir de 3 ans) doivent acquérir pour apprendre à compter correctement
Les 5 principes de R. Gelman
Pour comprendre la résistance mise en place pour dénombrer, O. Houdé va étudier une tâche expérimentale de Piaget reposant sur la conservation du nombre.
Résister pour dénombrer !
Mise en place de l'expérience
Etape 1
Vers 4-5 ans : l’enfant sait reconnaître qu’il y a autant de jetons sur les deux lignes
A partir de 6-7 ans : l’enfant sait reconnaître qu’il y a autant de jetons sur les deux lignes
Résister pour dénombrer !
Mise en place de l'expérience
Etape 2
Vers 4-5 ans : l’enfant dit qu’il y a plus de jetons foncés que clairs. Il s’agit d’une erreur cognitive basée sur l’intuition de « longueur = nombre »
A partir de 6-7 ans : l’enfant sait reconnaître qu’il y a autant de jetons sur les deux lignes
Résister pour dénombrer !
Hein !? Mais pourquoi les enfants se trompent jusque 6/7ans alors qu'ils savent compter avant ça ?
Résister pour dénombrer !
D’après Piaget, les enfants se trompent car ils n’ont pas bien saisi la notion de nombre. Cependant, il est important de noter que des expériences similaires portées par d’autres scientifiques ont montré que dans certaines situations (dans lesquelles les lignes n’ont pas forcément le même nombre d’objets peu importe leur longueur, et les objets sont remplacés par des bonbons), les enfants très jeunes (moins de 2 ans) ne se trompent pas. Alors pourquoi dans l’expérience de Piaget se trompent-t-ils jusqu'à 5 ans ?
D’après O.Houdé, tout est ici question d’inhibition, et de résistance. En effet, depuis toujours, les enfants ont sous leurs yeux des affichages dans lesquels « nombre = longueur». Ces affichages créent donc une heuristique et vont donc bloquer l’enfant dans la tâche de Piaget. Ainsi, l’enfant doit apprendre à inhiber cette heuristique qui d’habitude marche très bien.
Alors, selon Houdé, Piaget testait sans le savoir l’inhibition de l’enfant plutôt que sa notion de conservation du nombre.
Et alors, pourquoi résister pour hum... la CA-TE-GO-RI-SA-TION?
Je vais te montrer un exemple précis ça sera mieux !
Pour étudier la résistance dans la catégorisation, O. Houdé s’est intéressé encore une fois aux travaux de Piaget et notamment à l’expérience des fleurs pour tester la catégorisation logique. Dans celle-ci, il testait la quantification de l’inclusion des classes.
Résister pour catégoriser !
L'expérience
Présenter à l’enfant 8 roses et 4 marguerites et demander : « Y a-t-il plus de roses ou de fleurs ? » Réponse de l'enfant jusqu’à 6-7 ans : « Plus de roses ! » Selon Piaget pas de compréhension d’inclusion de la sous classe « roses » dans la classe fleurs (qui comprend aussi les marguerites). Réponse de l'enfant à partir de 7 ans (correspondance avec ce que Piaget appelle l’âge de raison de 7 à 12 ans) : « Plus de fleurs car marguerites et roses sont des fleurs »
Résister pour catégoriser !
De nombreuses critiques de la théorie de Piaget sont ensuite apparues et il a été démontré que les enfants à cet âge-ci n’étaient toujours pas logiques et cela même s’ils avaient répondu « plus de fleurs ». En effet, si nous demandons à ces mêmes enfants «Pouvons-nous faire quelque chose pour avoir plus de roses que de fleurs ? », l’enfant répond (jusqu’à 12 ans) : « rajouter des roses ou enlever des fleurs ». Les chercheurs ont donc pensé que le principe de catégorisation arrivait encore plus tard chez l’enfant. Une nouvelle fois, Houdé nous présente ici qu’il n’est que question d’inhibition et de l'heuristique. En effet, des études ont prouvé que dès l’âge de 5 ans, l'enfant a compris les notions d’inclusion et de catégorisation. Alors Houdé explique ces erreurs par l’heuristique crée notamment par les phrases « pour avoir plus de… on ajoute » ; et « pour avoir moins de … on enlève ». Ainsi, quand on demande à un enfant âgé de 7 à 12 ans : « Pouvons-nous faire quelque chose pour avoir plus de roses que de fleurs ? », il réagit instinctivement et son heuristique de rajout et de retrait entre en jeu.
Et je suppose qu'il faut aussi résiter pour raisonner !
Exactement Cogito ! Viens je vais t'en dire plus.
Résister pour raisonner !
Dans son livre, O.Houdé nous présente notamment les expériences quant à des syllogismes pour nous montrer l’importance de résister pour raisonner. Dans ces syllogismes, deux stratégies s’opposent : la stratégie sémantique (crédibilité) et la stratégie logique (validité). Les individus auraient tendance à examiner la crédibilité avant la logique. En effet, si notre système heuristique nous indique une réponse crédible, nous ne la remettons pas en question. Cependant, si la réponse ne nous semble pas crédible, alors nous allons utiliser la vérification logique.
Résister pour raisonner !
Ah oui ! J'ai lu un exemple dans le livre de Kahneman et il était aussi présenté dans Apprendre à résister ! C'était... a) Toutes les roses sont des fleurs b) Certaines fleurs fanent vite Donc... c) Certaines roses fanent vite
Bien vu Cogito ! Ici, la conclusion est crédible et ne se heurte pas aux croyances des individus donc les gens auraient tendance à répondre que ce syllogisme est valide. Pourtant il se peut qu’aucune rose ne fane vite. Houdé présente cette situation comme étant « la paresse du raisonnement humain ». C’est pourquoi il faut apprendre à résister et supprimer pour un temps ses croyances afin de raisonner et ne pas se laisser manipuler par des biais cognitifs et des tournures de phrases.
Parfait ! Maintenant je sais tout !
Euh pas totalement Cogito... Il faut aussi que je te parle de l'amorçage négatif de cette résistance...
Oh non...
Viens lire ça
Amorçage négatif
L’amorçage négatif est un décalage de temps qui prouve que l’enfant a bien dû dans un premier temps inhiber et bloquer son système heuristique pour réussir la tâche qui lui est demandée. Ainsi, dans un second temps, il mettra plus de temps à répondre à une tâche qui ne nécessitera « que » son système heuristique car il devra tout d’abord le débloquer et donc arrêter de lui résister.
J'ai bien tout compris mais concrètement, ça sert à quoi de travailler notre système d'inhibition ?
Travailler notre système d’inhibition nous aide en permanence dans la vie de tous les jours. Comme nous avons pu le voir auparavant, il joue un rôle dans le contrôle de nos émotions et nous permet de mieux raisonner en cas de situation problème. Mais allons voir ensemble à quoi peut servir ce travail dans des circonstances plus précises :
A l'école
Dans la vie quotidienne
Les individus à besoins spécifiques
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A l'école
A l’école, le système d’inhibition joue un rôle primordial dans les apprentissages, en effet, dès le plus jeune âge, les élèves sont confrontés à des “situations de conflits cognitifs”. Durant toute leur scolarité, les élèves acquièrent de nombreux automatismes d’apprentissage, et bien qui ne soient pas mauvais, “sans quoi nous serions en permanence en surcharge cognitive”, ils peuvent souvent altérer notre raisonnement (exemples). Développer son système d’inhibition permet aux enfants de prendre du recul sur une situation donnée pour mieux trier les informations à leur disposition et faire la différence entre tous les apprentissages vus auparavant.
Cependant, si développer son système d’inhibition joue un rôle sur les acquisitions des élèves, il sert également dans la construction sociale de l’enfant. Effectivement, “le développement social de l’élève est aussi caractérisé par un mécanisme d’inhibition, mécanisme qui joue un rôle-clé pour apprendre à considérer le point de vue d’autrui” (étude). En outre, le cerveau humain s’avère très égoïste et sociocentré, apprendre à inhiber ces points là, à l’école, par différents outils, nous permet d’être plus tolérant des autres et de respecter la “pluralité des opinions”. L’enfant développe ainsi la sympathie et l’empathie et se construit “une théorie de l’esprit” du cerveau de l’autre. Ce travail rend “le cerveau plus solide, résistant à ses biais, puisqu’on connaît mieux les mécanismes. C’est la psychologie du développement.”
Dans la vie quotidienne
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Dans la vie quotidienne, “l’inhibition des biais moteurs et cognitifs est intimement liée à la construction humaine, depuis la permanence de l’objet chez les bébés jusqu’au raisonnement élaboré chez les adolescents et les adultes”. En effet, comme vu pour le cas de l’école, le travail de notre système d’inhibition nous permet d’apprendre à vivre en société en développant une conscience de l’autre. Des expériences, comme celle du test du Marshmallow ont révélé que les enfants qui résistent à la tentation, “qui ont un meilleur contrôle inhibiteur”, “étaient ceux qui parvenaient à développer et entretenir les meilleures relations sociales” à l’école mais surtout dans la vie de tous les jours. Ces mêmes personnes, sont celles, qui à l’adolescence ou à l’âge adulte, seront moins confrontées à des “comportements déviants” (agressivité, problème de drogue ou d’alcool). Travailler son système d’inhibition c’est apprendre la patience, le vivre ensemble, la tolérance, le respect d'autrui, ou encore développer son empathie et forger son esprit critique. Tous ces apprentissages permettent de pallier l’impulsivité, l’agressivité, l’égocentrisme ainsi qu’à l’apathie, sans quoi nous ne pourrions pas vivre dans la tolérance et la paix. L’humain n’aurait donc plus aucun filtre (crier en public, couper la parole, demander quelque chose inapproprié), de ce fait, l’inhibition est donc le “mécanisme d’adaptation par excellence” ,et reste “toujours un défi pour le cerveau”, elle nous met face au doute, à la curiosité, et au regret.
Pour les individus à besoins spécifiques
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Dans la vie quotidienne, nous avons pu comprendre le rôle primordial de développer son système d’inhibition. Les individus possédant un dysfonctionnement du cortex préfrontal ont un défaut d’inhibition et ont donc d’autant plus d’intérêt à travailler activement leur système 3. En effet, si on prend l’exemple d’une personne avec un TDAH (trouble déficit de l’attention et de l’hyperactivité), ces personnes présentent des symptômes d’hyperactivité motrice et d’impulsivité, de plus elles ont un déficit de certaines fonctions exécutives dont un trouble cognitif. Elles ont donc de très grandes difficultés d'inhibition, des difficultés avec les relations sociales et une très faible conscience de l’autre. Il est important de faire travailler leur système en permanence sans quoi elles sont confrontées à un non contrôle de leur émotions et se voient guider par leur impulsivité. Par ailleurs, selon Barkley, « une non maîtrise de l’impulsivité perturberait également les mémoires de travail verbales et non verbales », travailler son système 3 permettrait de soulager « la mémoire de travail puisqu’il permet de faire abstraction des distractions environnantes ». D’une autre part, les personnes qui subissent une lésion cérébrale au niveau du cortex préfrontal s’associe à un "trouble de l’affect". Elles n’ont plus d’inhibition et ont donc une perte d’empathie, un repli égocentrique, une restriction de l’affectivité (lassitude, dépression, désintérêt) et de nombreuses difficultés à gérer son comportement. Ces personnes se voient en grande difficulté pour vivre en société.
Outils et exercices utilisés pour développer le système d'inhibition
Pour mobiliser le système d’inhibition chez l’enfant plusieurs outils et exercices peuvent être mis en place. Une multitude de jeux de société existent sur le marché ainsi que d'autres activités nécessitant aucun matériel spécifique, tels que “Jacques a dit”, “1,2,3 Soleil”, “ni oui, ni non”, “cache-cache” ou la “ réponse inversée” (exemple) sollicitent cette fonction exécutive essentielle aux apprentissages. Houdé explique que “derrière leur apparence banale, ses jeux classiques sont en réalité des activités très sérieuses qui permettent d’exercer le contrôle inhibiteur et sont très appréciées des enfants”. Grâce à leur simplicité et à leur accessibilité, ces jeux peuvent être intégrés au quotidien de la classe.
Les jeux de société permettant de travailler l'inhibition
Bazar Bizarre junior (à partir de 3 ans), Jungle speed (à partir de 7 ans), Color addict (à partir de 7 ans). Ces jeux reposent sur la reconnaissance rapide de symboles ou d’objets. Lorsqu’un joueur aperçoit un symbole ou objet identique au sien ou à la carte présente, il doit agir rapidement pour attraper cet élément ou cette carte. Ce jeu permet l’inhibition des réflexes impulsifs au profit d’une approche plus réfléchie, car il faut être attentif aux motifs qui peuvent se ressembler et aux pièges glissés dans l’intention de nous tromper. Une observation attentive et une concentration sont nécessaires, les joueurs doivent donc inhiber les distractions potentielles pour se concentrer sur les cartes en jeu. Lors de la présence de deux symboles ou objets identiques, une tension s’installe car plusieurs joueurs essaient de remporter la manche, ils apprennent donc également à gérer leurs émotions (ex : excitation, frustration, …) cela peut donc être bénéfique dans d’autres situations sociales.
Au-delà des activités, la piste d’un enseignement explicite et participatif contribue également à exercer l’inhibition. Effectivement, le fait de rendre attentif les élèves aux difficultés et/ou pièges d’un exercice permet à l’élève d’apprendre à inhiber sa propension à tomber dedans. À cela il est possible d’ajouter des activités physiques, comme le yoga avec des exercices de
respiration et les sports d’équipe qui favorisent la coopération et la discipline, contribuant ainsi à un meilleur contrôle de soi.
Nous pouvons conclure par le fait que l’entraînement à l’inhibition, au même titre que les autres fonctions exécutives, devrait pouvoir être réalisé en tout temps et de manière transversale. Il ne s’agit pas de prévoir une plage horaire uniquement dédiée à l’exercice du contrôle inhibiteur pour que celui-ci se voit amélioré. Il est à solliciter en tout temps comme vu précédemment : à la maison et en classe. C’est ainsi que les actes du quotidien deviennent source d’exercice pour que parents et enseignants maintiennent le développement de l’inhibition.
Les 5 principes de Rochel Gelman
- le principe d’ordre stable (l’ordre des « mots-nombres » est fixe)
- le principe de stricte correspondance (les objets à compter ne peuvent être désignés que par un seul « mot-nombre »)
- le principe du cardinal (le dernier « mot-nombre » utilisé dans le décompte correspond au nombre total d’objet)
- le principe d’abstraction (c’est la quantité des objets qui importe, pas leur qualité (couleur, forme etc.)
- le principe de non-pertinence (l’ordre de comptage des objets n’importe pas)
Test du Marshmallow
Phineas Gage
Le cas de Phineas Gage est célèbre en psychologie car il a permis de démontrer l'importance du cortex préfrontal dans les fonctions exécutives et le comportement social. En 1848, un accident de travail a projeté une barre de fer à travers la tête de Gage, endommageant gravement son cortex préfrontal. Bien qu'il ait survécu, son comportement a radicalement changé : il est devenu impulsif, irritable et incapable de prendre des décisions appropriées.Ce cas a montré que le cortex préfrontal est crucial pour la régulation des émotions, la prise de décision et le contrôle social, ce qui a contribué à approfondir la compréhension des fonctions cognitives liées à cette région du cerveau.
Exercices de respiration
( à partir de 3 ans)
Enseigner aux enfants des techniques simples de respiration permet de réduire l’anxiété et renforcer la capacité à se calmer dans des situations potentiellement stressantes. Cela peut être fait en créant des jeux ou les enfants visualisent et/ou reproduisent des éléments à vent. Les exercices de respiration sont des outils accessibles, réalisables à tout âge et bénéfiques pour plusieurs raisons : réduction du stress, amélioration de la concentration, gestion des émotions…
Schéma du fonctionnement des trois systèmes cognitifs
Système heuristique
Pensée «automatique»et intuitive
Système d'inhibition
Rapidité
Fiabilité
Interrompt le système heuristique pour activer celui des algorithmes
Fonction d'arbitrage
Système algorithmique
Pensée réfléchie «logico-mathématique»
Fiabilité
Rapidité
Les sciences cognitives
- Les sciences cognitives sont un domaine interdisciplinaire qui étudie les mécanismes de la pensée et du comportement humain. Elles combinent des approches provenant principalement de la psychologie (qui examine les processus mentaux), de la neuroscience (qui s’intéresse à l’origine biologique des fonctions cognitives), de la linguistique et de l'informatique.Ces différentes disciplines se croisent afin de comprendre comment les individus mémorisent des informations, résolvent des problèmes et communiquent. En neurosciences, les recherches peuvent révéler comment différentes régions du cerveau sont activées selon la tâche qui est en cours, tandis que les études en psychologie peuvent servir à identifier les éléments qui influencent nos prises de décisions.
- Dans un contexte éducatif, les sciences cognitives peuvent jouer un rôle essentiel en fournissant des éclairages sur les méthodes d'apprentissage les plus efficaces. Par exemple, elles peuvent aider à concevoir des stratégies pédagogiques adaptées aux différentes manières dont les enfants apprennent, en tenant compte de leurs capacités cognitives et des fonctions exécutives associées.
Sports collectifs
( à partir de 3 ans )
Les sports collectifs développent le système d'inhibition en aidant les individus à contrôler leurs impulsions et à prendre des décisions stratégiques plutôt que des réactions intuitives. Cela inclut la gestion des émotions sous pression, le respect des règles et des stratégies d’équipe, ainsi que l'anticipation des actions adverses. Les joueurs apprennent à inhiber leurs désirs immédiats pour favoriser le collectif et optimiser les chances de succès de l’équipe. Ce contrôle est essentiel pour la performance individuelle et la cohésion de groupe.
Dans cette étude, des enfants d'âge scolaire (10 ans) et des adultes devaient imaginer la perspective corporelle et spatiale d'un autre, différente de la leur : personnage de face ou de dos. Avec le même paradigme expérimental d'amorçage négatif que celui utilisé pour le nombre et la catégorisation, nous avons mesuré grâce à la chronométrie mentale, en millisecondes, l'effort spécifique d'inhibition lors de cette tâche d'adaptation sociale. Les résultats indiquent que comme les adultes, les enfants doivent bien inhiber leur propre point de vue égocentré - ce qui est coûteux cognitivement - à chaque fois qu'ils veulent activer le point de vue de l'autre. C'est un « biais asocial » que Piaget appelait la « centration » (ou stade de l'égocentrisme), mais qui, contrairement à ce qu'il pensait, ne disparaît pas (décentration) avec « l'âge de raison» à 7 ans. Dans le cerveau humain, l'heuristique égocentrée persiste et domine ! Il faut toujours y résister.
Les fonctions exécutives
- Les fonctions exécutives sont un ensemble de processus cognitifs que met en œuvre un individu pour gérer ses comportements, ses pensées et ses émotions lors d’une situation qui nécessite de résoudre un problème pour lequel nos stratégies habituelles ne suffisent pas. Ce problème peut être : résoudre un exercice de mathématiques, trouver la solution à un jeu, comment se comporter avec un nouveau collègue ou simplement monter un meuble.
- Les fonctions exécutives sont présentes dans toutes les situations où il est indispensable de devoir s’arrêter, réfléchir et créer une solution pour réussir. Elles sont étroitement liées aux sciences cognitives, puisqu’elles regroupent plusieurs fonctions indépendantes mais qui interagissent entre elles comme la mémoire de travail, le contrôle de l’inhibition et la flexibilité cognitive.