Les goemoniers, de Pierre Arzel

Il s'inscrit dans ce qu’on appelle l’ethnologie du proche : l'auteur décrit le métier de ces gens de mer dont il est lui-même issu. L’objet de l’étude n’est pas ici une ethnie lointaine aux caractéristiques exotiques – comme il a souvent été d’usage en ethnologie, mais des locaux. Au moment de l’écriture du livre, beaucoup d’anciens goémoniers vivaient encore et ce métier était encore bien connu par la population littorale. Quarante ans après, ce témoignage provoque un sentiment de distance voire d’étrangeté. Par son activité, le goémonier a laissé de nombreuses traces le long des côtes (chaussées, quais, fours) et ce patrimoine appartient désormais au domaine archéologique. Enfin, le vocabulaire qui était propre à ce métier et les noms de lieux que ces hommes nous ont légué font partie du patrimoine linguistique.

Ouvrage d'ethnologie sur la corporation goémonière du littoral Nord-Finistère

mer avec un équipement rural. Mais pourquoi en serait-il autrement ? L’objet convoité n’est pas un animal, mais un végétal. Il ne s’agit pas de capture, mais de récolte. Il est logique d’utiliser pour la récolte des végétaux marins des outils qui ont fait leurs preuves pour les végétaux terrestres. En réalité, c’est l’objet convoité, les algues, qui impose les techniques d’acquisition, plus que l’appartenance des goémoniers au monde paysan." (p.44)

Cet extrait rappelle ce que sont les goémoniers : des paysans cultivant d’immenses champs d’algues.

« Cette origine paysanne de l’outillage explique pour une bonne part la condescendance que les marins-pêcheurs manifestent aux goémoniers. Ils ne voient en eux que des paysans fourvoyés sur l’eau, et rient de leur façon de travailler en

Les goemoniers une archive INA de 1969

GRUET Yves & MERCIER Alain (dir.) (2023), Les fours à goémon de Chausey à l’île d’Yeu. Étude d’un patrimoine méconnu, AMARAI, Rennes.

Pour aller plus loin

L'ouvrage Les goemoniers fait écho au sujet de thèse de Youenn Léon, lui-même petit-fils de goemonier, qui étudie notamment les noms de lieux et les vestiges que les goémoniers ont laissé sur les côtes. Par ailleurs, le patrimoine archéologique, tel que les fours à goémon, intéresse désormais l’archéologie, comme le montre cet ouvrage :