SG - Méthodologie de la dissertation - 2024
Yousra Gasmi
Created on September 8, 2024
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Transcript
Méthodologie de la dissertation
Peut-il y avoir liberté sans loi ?
Tous les sujets posent une question à laquelle on ne peut pas répondre par les faits. On ne peut donc jamais d’emblée répondre à la question. Il faut auparavant trouver et résoudre le problème.
Emmanuel Macron a-t-il mis à mal la démocratie en France ?
Repères
Universel
1. Caractère de ce qui concerne tous les individus d'une même classe, sans exception. 2. Caractère de ce qui est valable indépendamment du temps et de l'espace.
Général
Caractère de ce qui concerne la plupart des individus d'une même classe, et qui admet donc des exceptions.
Particulier
Caractère de ce qui ne concerne qu'une partie d'une même classe.
Singulier
Caractère de ce qui ne concerne qu'un seul individu d'une même classe.
De la question d'actualité à la question philosophique
Emmanuel Macron a-t-il mis à mal la démocratie en France ?
De la question d'actualité à la question philosophique
Le peuple est-il souverain ?
Emmanuel Macron a-t-il mis à mal la démocratie en France ?
- Analyse du sujet
Identifier les notions en jeu
Définir tous les termes
Reformuler la question
2. Problématisation
Faire un dilemme sous forme de tableau où on envisage les deux réponses possibles à la question.
Formuler le paradoxe
Formuler le paradoxe
Si […], alors […], Mais […] [Question éventuelle]
[Constat/définition], ce qui implique […] Or, […] Alors,
On pourrait penser que [...]Pourtant, [...]Alors, [...]
Formuler le paradoxe
D'une part […], D'autre part […]
Soit [...], alors [...]Soit [...], alors [...]
3. Rédaction de l'introduction
- Accroche : un cas concret qui permet d’amener la question du sujet
- Formulation de la question du sujet et reformulation de la question
- Développement du problème (et annonce de plan)
Peut-il y avoir liberté sans loi ?
Dans le film American Nightmare, réalisé par James DeMonaco, une nuit par an tous les crimes sont permis aux Etats-Unis, c’est-à-dire qu’aucune loi ne les interdit. Dans ce contexte où aucune sanction n’est à craindre, certains peuvent alors plus librement assouvir leurs pulsions les plus violentes. D’autres, en revanche, par peur des autres, doivent se barricader chez eux afin de se protéger : pour eux, l’absence de loi implique l’absence de sécurité. C’est pourquoi on se pose la question suivante : peut-il y avoir liberté sans loi ? Autrement dit, est-il possible d’agir sans contrainte si aucune règle ne nous protège ? Si la loi consiste en l’établissement de règles qui fixent des limites, alors elle nous protège et assure notre sécurité : elle protège autrui de ma liberté et me protège également de la liberté d’autrui. Mais il existe des lois qui produisent des injustices : elles privent certaines personnes ou populations de leurs droits. C’est notamment le cas des lois qui organisent le travail forcé des minorités. Comment définir un cadre légal qui garantisse à la fois la sécurité et la justice et qui permette à chacun d’exercer sa liberté ?
4. Rédaction des parties
A - Recherche des idées
- Trouver 1 argument qui défend l’enjeu 1 et le développer à l'aide d'un raisonnement en 3 étapes. S’appuyer sur un philosophe, sur un domaine de la connaissance ou de la culture et sur au moins 2 exemples. - Trouver 1 argument en faveur de l’enjeu 2 avec le même type d’argumentation. - Trouver 1 argument pour résoudre la problématique avec le même type d’argumentation.
4. Rédaction des parties
B - Construction du plan
Le plan se compose de 3 parties cohérentes et qui ne se répètent pas. Plan thèse/antithèse/synthèse à bannir ! Partie I : enjeu 1 Partie II : enjeu 2 Partie III : réponse à la problématique Organiser ses idées en fonction du plan.
C’est surtout la cohérence qui importe en réalité : la contradiction est possible mais elle doit être cohérente. Plus précisément, une partie ne doit pas annuler la précédente au risque de se retrouver sans problème. Les deux premières parties constituent un paradoxe au sens où les deux arguments qui y sont développés sont certes incompatibles mais nécessaires tous deux. C’est pourquoi précisément il y a problème.
C - Détail du développement
Pour la rédaction, on écrit proprement et on fait attention à l’orthographe. Introduction Soit on part d’un exemple qui sert d’accroche pour amener le sujet (film, roman, etc.), soit on entre directement dans le sujet en le reformulant. Doivent apparaître la reformulation, l’enjeu 1, l’enjeu 2 et la problématique. On annonce le plan pour plus de clarté. Le but de l’introduction est de passer de la question au problème.
C - Détail du développement
On saute 2 lignes entre l’introduction et le développement.
Développement On saute 2 lignes entre les parties. Rédaction de la partie I : 4 paragraphes On définit les termes pour amener l’enjeu 1 et on énonce l’idée générale de la partie. On développe l’argument de la partie (1ère étape) + lien avec le sujet. On développe la conséquence de cet argument (2ème étape) + lien avec le sujet. On fait la transition vers la partie II.
C - Détail du développement
Développement On saute 2 lignes entre les parties. Rédaction de la partie II : 4 paragraphes On redéfinit les termes pour amener l’enjeu 2 et on énonce l’idée générale de la partie. On développe l’argument de la partie (1ère étape) + lien avec le sujet. On développe la conséquence de cet argument (2ème étape) + lien avec le sujet. On fait la transition vers la partie III (reformulation de la problématique).
C - Détail du développement
Développement On saute 2 lignes entre les parties. Rédaction de la partie III : 3 paragraphes On récapitule les 2 premières parties pour amener la résolution du problème. On développe l’argument de la partie (1ère étape) + lien avec le sujet. On développe la conséquence de cet argument (2ème étape) + lien avec le sujet.
Comment faire les liens avec le sujet et les transitions ? On répond à la question : « En quoi ce qu’on vient de dire permet-il de répondre au sujet mais reste insuffisant ? » ou « En quoi avons-nous avancé dans la réflexion et pourquoi faut-il continuer tout de même ? »
Conclusion On saute 2 lignes entre la partie III et la conclusion. Le but est de répondre au sujet en prenant parti. On répond donc en donnant les conditions de sa réponse, càd on la nuance.
Documents annexes
Parties 1 et 2 rédigées
Grille d'évaluation de la dissertation
Pistes pour construire la 3ème partie
Commençons par l’examen de l’idée selon laquelle la loi garantit la sécurité, et ainsi la liberté, de tous. Si l’on s’en tient à la définition des termes, la liberté est la capacité d’agir sans contrainte et la loi constitue une contrainte. Si loi et liberté semblent incompatibles, comment comprendre alors que la loi nous permettrait d’être libre ? C’est l’idée de sécurité qui nous permet de le comprendre car elle est la phase intermédiaire par laquelle la loi nous rend libre. La sécurité se définit comme la situation dans laquelle on ne court aucun danger. Or, selon la définition de la liberté qu’on vient de donner, exercer sa liberté revient à pouvoir nuire à autrui. Si la loi est incompatible avec cette définition, c’est parce que la liberté est alors conçue comme liberté individuelle. Si des lois existent, c’est pour protéger chaque membre de la liberté individuelle des autres. La loi fonde ainsi une liberté collective. Selon cette nouvelle définition, la liberté admet des limites. Et il est vrai que ces limites peuvent être vécues comme des contraintes. Il est en effet difficile de se sentir libre en respectant la loi si par exemple on a envie de dépasser les limitations de vitesse sur la route. Dans ce cas, comment comprendre que la loi puisse garantir notre liberté ? On peut aussi se demander si le sentiment de liberté suffit à affirmer la liberté. C’est alors le caractère général de la loi qui nous permet de répondre. En effet, il faut distinguer entre les cas où on est limité par la loi à raison et ceux où on l’est à tort. Contrairement à des lois discriminantes, qui limitent certains mais pas tous, le caractère général de la loi est précisément ce qui garantit sa légitimité. Par définition, la loi a vocation à s’appliquer à tous également, et c’est ce qui protège et garantit la liberté de chacun. Cette généralité vaut aussi bien pour les lois qui définissent des devoirs que pour celles qui définissent des droits. C’est le cas de la loi qui légalise l’avortement par exemple. On constate là encore que légalisation va de pair avec sécurité. Cette loi ne crée pas un nouvel état de fait mais l’encadre. Avant elle, les femmes avortaient, mais dans la clandestinité : elles se mettaient ainsi en danger. Donc, nous voyons comment la loi, en garantissant la sécurité, permet de mieux exercer sa liberté. Mais à quelle condition nous le permet-elle ? En effet, il peut exister des lois qui définissent des droits qu’on ignore. Or, pour jouir de certains droits, il faut le demander. Certains citoyens sont ainsi privés de certains droits par ignorance et non par absence de loi ou à cause de la loi. C’est pourquoi on peut redéfinir la liberté comme la « faculté d’agir en connaissance de cause », comme le fait Engels dans le chapitre X d’Anti-Dühring. Il explique que la liberté ne consiste pas à refuser ce qui nous détermine, mais à le connaître. Le problème de la liberté n’est pas pour lui l’existence du déterminisme, mais son ignorance. Par cette dernière, on se sent peut-être libre, mais de façon illusoire. Donc le sentiment de liberté ne suffit pas à vérifier la liberté. Pour être libre, il faut connaître la loi. Au terme de ce premier moment, nous avons vu que loi et liberté semblaient incompatibles parce que nous avons défini la liberté comme liberté individuelle. A partir de là, nous avons montré que le caractère collectif de la loi exigeait son caractère général et qu’à cette condition, la loi était légitime. Pourtant, certaines lois sont générales tout en étant illégitimes et en entravant la liberté. Examinons à présent l’idée selon laquelle les lois, bien que générales, peuvent être injustes et ainsi remettre en question la liberté des individus. Si le caractère général de la loi assure une certaine égalité, comment comprendre que certaines lois générales peuvent être injustes ? C’est difficile à comprendre si on s’en tient au caractère général de la loi, car souvent, quand on pense à des lois injustes, il s’agit de lois qui définissent des exceptions illégitimes. Comment distinguer les exceptions légitimes d’exceptions illégitimes et donc injustes ? Si on reprend l’exemple du code de la route, nous avions vu dans la première partie que j’acceptais les limites de ce code parce que tous les conducteurs devaient le respecter et non seulement moi. Pourtant il existe des exceptions définies par le code de la route lui-même : les forces de l’ordre, les pompiers et le SAMU peuvent passer au feu rouge quand ils sont en service. En revanche, une loi qui autorise et organise le travail forcé des minorités définit une exception illégitime : c’est le cas de la manière dont sont traités les Ouïghours, minorité religieuse en Chine. La première exception est justifiée : il s’agit de garantir la liberté de la personne blessée en lui permettant d’être soignée. La seconde exception prive certains de leurs droits, de leur liberté. Ainsi, la loi définit une exception injuste, c’est-à-dire une discrimination. Le critère justifiant une exception est la liberté. Comment comprendre alors que certaines lois, tout en n’admettant aucune exception puissent être injustes ? En effet, il existe des lois qui traitent tout le monde de la même manière et qui sont injustes. Un exemple de loi qui, en étant la même pour tous, serait injuste est la loi qui exigerait que la scolarité d’un enfant coûterait à la famille 2000€ par an. La loi serait la même pour tous. Pourtant ce serait injuste puisque certains auraient les moyens de scolariser leurs enfants et d’autres non, en fonction du milieu socio-économique dont on serait issu. Certains seraient alors privés du droit à l’instruction : ils seraient libres en théorie, mais pas en pratique. Cette égalité de traitement conduit à une situation d’inégalité. C’est pourquoi à l’inverse de telles lois, générales mais injustes en même temps, il existe des lois justes mais qui ne sont pas générales pour autant. En effet, les lois qui définissent des droits sociaux ne définissent pas des droits pour tous, mais des droits en fonction des besoins ou de la situation socio-économique des personnes : elles respectent un principe d’équité et non de stricte égalité. Cette distinction est faite par Aristote au livre V d’Ethique à Nicomaque car il faut aussi pallier le caractère général de la loi qui ne prend pas en compte les cas particuliers, en mettant en avant le principe d’équité selon lequel on donne à chacun selon ses besoins, alors que le principe d’égalité est le principe selon lequel on donne à tous exactement la même chose. Au terme de ce deuxième moment, nous avons vu que les exceptions à la loi n'étaient pas toujours injustes et que des lois générales peuvent être injustes quand elles ne prennent pas en compte les différences entre les individus. La loi est donc censée garantir la sécurité, mais si elle est toujours la même pour tous sans exception, elle finit par garantir une liberté abstraite ou théorique seulement. Mais qui voudrait d’une telle liberté ? On veut être libre concrètement et non seulement en théorie. A quelles conditions alors un cadre légal peut-il garantir à la fois ordre et justice, c’est-à-dire permettre à chacun d’exercer une liberté concrète et pas seulement théorique ?
GRILLE D’EVALUATION DE LA DISSERTATION ACQUIS EN COURS NON ACQUIS
- INTRODUCTION
- DEVELOPPEMENT
- CONCLUSION
La troisième partie de la dissertation Il existe plusieurs manières de concevoir la 3ème partie de la dissertation
- Une réponse à la problématique en continuité avec le travail effectué lors des 2 premières parties.
- Changer le champ de validité de la question : on aurait deux premières parties qui poseraient la question en interrogeant un seul champ (juridique) et la 3ème partie interrogerait un autre champ de validité de la question (le champ moral par exemple)
- Réinterroger le verbe contenu dans la question du sujet : l’astuce possible pour le dépassement est de transformer un « peut-on » en « doit-on » ou en « faut-il » ou l'inverse.
- [En dernier recours] Assumer l’aporie (c’est-à-dire l’impasse) : on a testé les 3 premières manières de répondre et on n’arrive pas à s’en sortir. On fait quand même une troisième partie mais une troisième partie qui se questionne beaucoup, où on explique du mieux possible pourquoi le problème ne semble pas pouvoir être résolu.
- Dernière solution : la plus difficile puisqu’elle demande une certaine maîtrise de l’exercice. On dynamite le sujet en remettant en question le présupposé. Le présupposé est la thèse admise implicitement par la question du sujet, c’est-à-dire la thèse que les deux premières parties (qui s’opposent) admettent sans jamais remettre en question.