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Nantes au temps de la traite négrière

Aude Grdl

Created on August 20, 2024

Visite virtuelle de Nantes basée sur les sites Les Anneaux de la Mémoire et Nantes Patrimonia.

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Transcript

visite virtuelle

Nantes au temps de la traite négrière

Basé sur les sites Les Anneaux de la Mémoire et Nantes Patrimonia.

Bonjour, je m'appelle Dominique Deurbroucq et je suis l'un des plus riches armateurs de Nantes. J'ai cru comprendre que tu étais de passage dans la ville, aussi, je serai ton fuide pendant ton voyage.

L'Hôtel Durbé

Cette maison présente une des façades les plus impressionnantes du Quai de la Fosse. Bâtie sur un sol instable, sa silhouette penchée sert rapidement de repère sur le quai. Dans la cour, des magasins et entrepôts permettaient aux négociants de mettre rapidement à l’abri les denrées débarquées. Elle est parfois baptisée « Hôtel de la Compagnie des Indes » du fait de l’ancienne présence de locaux de cette compagnie entre ses murs.

L'Hôtel O'Riordan

Cet hôtel témoigne de l’importance du milieu des armateurs irlandais du XVIIIe siècle à Nantes. En 1715, la famille négociante O'Riordan quitte le port irlandais de Limerick pour poursuivre et développer son commerce depuis Nantes. L'armateur Étienne O’Riordan (1696-1780) y retrouve d'autres familles irlandaises puissantes et y achète une seigneurie à la veille de la Révolution. Ainsi, il équilibre les risques économiques que comporte le commerce colonial par l’investissement foncier dont les revenus sont davantage sûrs et stables.

Le port de Nantes le long du quai de Fosse

Clique sur le tableau pour découvrir le témoignage d'un visiteur du XVIIIe siècle qui découvrit comme toi la ville.

Les voyages des navires négriers

La Marie-Séraphique (photos ci-contre) est l'un des navires les plus célèbres du commerce négrier nantais. Ce bateau, propriété de l'armateur Jacques-Barthélemy Gruel, arma quatre fois, de 1769 à 1775, partant de Nantes en direction de l'Afrique où elle transporta ensuite jusqu'aux Antilles près de 1344 esclaves noirs, échangés contre du sucre revendu en Europe. Le plan permet de rendre compte des conditions difficiles de la traversée pour les esclaves. Clique sur le bateau pour plus d'informations.

La Marie-Séraphique, vers 1772-1773

La maison Trochon

La façade richement décorée de l'immeuble affiche l’origine négociante de la fortune de son propriétaire initial : l’armateur Charles Trochon. On y retrouve de nombreux éléments consacrés au commerce maritime : mascarons de Mercure et de Neptune, instruments de mesure et globe terrestre. Ceux-ci prouvent la fierté qu’il y avait à pratiquer le commerce colonial au milieu du XVIIIe siècle. Enfin, des consoles figurent deux enfants portant des ailes de papillons qui soutiennent le balcon du premier étage. Ceux-ci ont donné son surnom à l’édifice : l’hôtel des Zéphyrs.

Voici ma maison !

L'hôtel Deurbroucq

Portrait de Dominique Deurbroucq par Morlot, 1753

Négociant nantais d’origine flamande, Dominique-René Deurbroucq est connu pour s’être fait représenter, lui et sa femme avec deux de leurs esclaves. Ces deux tableaux sont précieux pour l’historien. En effet, ils prouvent la présence d’esclaves sur le sol français au XVIIIe siècle malgré la grande méfiance des autorités royales concernant le séjour de captifs d’origine africaine en métropole. Aujourd’hui, l’hôtel Deurbroucq est scindé en deux bâtiments dont l’un, qui donne sur la rue Félix Eboué est occupé par le tribunal administratif. Du vivant de l'armateur, les deux structures étaient reliées entre elles. Elles présentent déjà l’impressionnante façade néo-classique conçue pour "répondre" aux hôtels négriers de l’île Feydeau. Notamment à l’hôtel de la Villestreux situé à tout juste 200 mètres de là.

L'hôtel Grou

Guillaume Grou (1698-1774) était un important négociant nantais qui a initié une centaine d’expéditions de traite. Marié à Anne O’Shiell, qui appartenait au milieu des armateurs irlandais ayant des parts dans la Société d'Angola, il a acquis, entre autres un terrain de l’île Feydeau. Il y fit construire un immeuble dont il occupait l’étage noble (le premier) et dont il louait les autres parties. Guillaume Grou occupa également plusieurs charges civiles : consul des marchands en 1745, échevin en 1748 et juge-consul en 1755.

L'hôtel de La Villestreux

Armateur d’origine malouine, Nicolas Perrée de la Villestreux (1690-1766) se fixa à Nantes et y acquit un large terrain dans le nouveau lotissement de l’île Feydeau. Entre 1743 et 1754, il y fit construire un hôtel aux dimensions impressionnantes. Les proportions de l’édifice sont deux fois plus importantes que celles des autres immeubles négociants du quartier. Il compte ainsi un entresol, deux étages nobles et un étage mansardé pour les domestiques. Près de 140 personnes pouvaient loger entre les murs du bâtiment dont les façades, la toiture, le porche d’entrée et les deux grands escaliers donnant sur la cour intérieure sont classés.

Le Temple du Goût

Unique hôtel particulier nantais entièrement classé, cet immeuble constitue l’archétype de la réussite architecturale au XVIIIe siècle. On remarque la richesse de ses deux façades extérieures allée Duguay-Trouin (n°16) et rue Kervégan (n°30) dont la forme pyramidale attire le regard vers le haut. Les balcons galbés, mascarons, frontons percés de lucarnes et cornes d’abondance décorent et rythment la structure et lui ont valu la reconnaissance du bon « goût » de son concepteur.

Les mascarons de l'Allée Brancas

Au XVIIIe siècle, les façades monumentales richement décorées des immeubles négriers se dressent telle une muraille le long de la Loire. Certains visages sculptés (mascarons) rappellent ici la spécificité transatlantique de la ville avec des allégories géographiques : la première est celle de l’Amérique (jeune indien souriant coiffé de plumes), la seconde évoque l’Afrique (visage de femme noire) (voir photos ci-contre).

Les mascarons de l'île Feydeau

Mascaron d'une femme, représentation de l'Afrique

Le long de l’ancienne île Feydeau, quartier prestigieux des armateurs et des négociants nantais du XVIIIe siècle, de nombreux mascarons illustrent le passé esclavagiste de la ville. Au n°1 place de la Petite Hollande, le visage d’une femme noire se distingue à l’extrémité d’un balcon. Celui-ci cumule des traits caricaturaux : cheveux crépus, front bas, yeux globuleux, nez épatés, lèvres charnues et boucles d’oreilles.

Mascaron de Neptune, dieu de la mer

L'Hôtel Berrouette

Acquis lors de la vente des parcelles du lotissement de l'île Feydeau, le terrain devînt la propriété du négociant et avocat au conseil du roi Jacques Berrouette (1682-1763). Il y fit bâtir cet hôtel particulier orné de deux balcons en fer forgé et qui se distingue surtout par la lucarne situé à son sommet.

L'église Sainte-Croix

Fer de lance de la Révolution française, la ville de Nantes comptait alors plusieurs sociétés populaires en son sein. La plus radicale d’entre elles, la société Vincent la Montagne avait installé le lieu de ses réunions dans l’église Sainte-Croix. C’est ici qu’elle célébra la première abolition de l’esclavage décrétée par la Convention le 4 février 1794. Un citoyen noir qui participait à la cérémonie proposa qu’une lettre de félicitations soit adressée à l’Assemblée nationale au nom des hommes de couleur et de l’humanité. Ce qui fut fait. Construite dans la seconde moitié du XVIIe siècle, l'église a été de nouveau transformée au XIXe quand le chœur fut repensé et que le campanile et le beffroi furent ajoutés.

L'Hôtel Montaudouin

L’Hôtel Montaudouin s’élève au centre de la place Foch à quelques dizaines de mètres de la cathédrale. Bâties en 1783, ses majestueuses colonnes grecques consacrent l’apogée du commerce colonial dans ces années précédant la Révolution. Sur le fronton, deux écus conservent la trace de la famille Montaudouin, propriétaire initiale du bâtiment. Les Dulac, autres armateurs négriers, habitèrent l’aile nord de la résidence. Au cours de la Restauration, une statue de Louis XVI est élevée sur la place en 1823. Une marque de "l'Ancien Régime mental" (Olivier Grenouilleau) dans lequel restent plongés des notables nantais regrettant la traite des esclaves.

L'Hôtel d'Aux

Cet hôtel qui borde la place d’Armes fut la propriété de l'armateur René-Louis d'Aux. De facture néo-classique, l’édifice est marqué par sa symétrie, l'harmonie de ses proportions et malgré tout son aspect "saillant" qui lui donne l'air de s'avancer sur la place. La famille d'Aux possédait également un château de campagne plus à l'ouest de la ville.

Le château d'Aux, propriété de la famille de René-Louis d'Aux

Les magnolias de Nantes

C’est sans doute en 1711 que le premier plant venant de Louisiane est débarqué du Saint-Michel, propriété de l’armateur René Darquistade, qui le fait installer en l’orangerie du château de la Maillardière, à Vertou. Une vingtaine d’années plus tard, l’arbuste, qui ne fleurit toujours pas, est transplanté en pleine terre : il survit aux rigueurs des hivers et produit des fleurs. C’est peut-être cette transplantation qui nourrit la version d’une arrivée après 1730 dans la propriété de l’armateur. Mais il est certain qu’en 1764, François Bonamy, professeur de botanique au premier Jardin des plantes, l’identifie comme un exemplaire du Magnolia Grandiflora, décrit par le botaniste suédois Linné et ainsi nommé en hommage au botaniste français Pierre Magnol, mort en 1715. François Bonamy arrive à obtenir des pousses par marcottage, mais elles sont systématiquement volées ! C’est le pépiniériste Bruneau qui, en 1795, réussit la reproduction par cette technique, malgré le mauvais état de l’arbre, endommagé par les combats de la guerre civile. Ainsi, le premier magnolia introduit en France, connaît une descendance d’où semble issu le plus vieil exemplaire vivant, planté en 1807 dans l’actuel Jardin des plantes de Nantes par son directeur Jean-Alexandre Hectot. Des lauriers-tulupiers sont également importés.

Le Magnolia d'Hectot planté en 1807 dans le Jardin des Plantes

La stèle d'Haveloose

Bien que pratiquant « l’infâme trafic » des esclaves, plusieurs armateurs étaient connus comme des philanthropes à l’intérieur de leur région d'origine. Ainsi, l’armateur Charles-Mathurin d’Haveloose légua une forte somme d’argent à la ville de Nantes au moment de sa mort en 1839. La municipalité le remercia en faisant ériger un monument au cimetière de la Bouteillerie. On y découvre ce cénotaphe construit au milieu du XIXe siècle. Adossé à la conciergerie qui fait l’angle entre les rues Gambetta et Frédéric Cailliaud, on y voit un bas-relief surmonté d’un sommet sculpté de motifs végétaux. Entre les deux, une inscription : « À d’Haveloose, le bienfaiteur des pauvres ».