Exposition_Trésor_d'archives_SAEF
Andy Lourenço
Created on June 28, 2024
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Trésors d'archives
Découvrez la richesse des collections du ministère : une sélection de documents remarquables qui racontent l'histoire de notre ministère
Une exposition présentée par le Service des archives économiques et financières
Préface
Introduction
EPOQUE MEDIEVALE ET MODERNE
Epoque contemporaine
Trésors d'archives
À travers la présentation d’une sélection d’une douzaine de documents et d’objets, cette exposition du Bureau documentation et archives (BDA) vous invite à découvrir la diversité et l’immense richesse des collections patrimoniales des ministères économiques et financiers.Cette exposition offre un florilège de pièces remarquables ou inédites conservées par le Service des archives économiques et financières (SAEF) à Savigny-le-Temple, ainsi qu’une œuvre d’art issue des collections du Bureau de l’immobilier et de l’environnement de travail (BIET), provenant originellement de la Monnaie de Paris et conservée à Croissy-Beaubourg.En levant le voile sur une partie des collections qui y sont conservées, le SAEF souhaite montrer combien ces documents rares et remarquables méritent d’être mis en lumière et valorisés auprès du public. Ils embrassent une longue période chronologique, du XIVe au XXe siècle. Par leurs formes, leurs supports (du parchemin aux archives audiovisuelles), leurs couleurs et leur sujet, ils surprennent, interrogent, font sourire : emblématiques, insolites, inhabituels… toujours essentiels à la compréhension de notre passé.Ces documents d’archives racontent tous, à leur manière, l’histoire de notre ministère et, au-delà, celle de notre pays.
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Introduction
Commissariat de l'exposition
Début de l'exposition
Financer la guerre au Moyen Age
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Mandement du roi Charles VI à ses généraux-conseillers sur le fait des aides pour la guerre, 1390 (SAEF, coll. Musée) ©MEF/SAEF
Trésor n°1
Charles VI
Fouquet, surintendant des Finances de Louis XIV
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Arrêt des comptes comportant la signature autographe de Nicolas Fouquet, 1654 (SAEF, coll. Musée) @MEF/SAEF
Trésor n°2
Nicolas Fouquet
Jeux de cartes et fiscalité, une longue histoire !
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Jeux de cartes à jouer : portraits de Paris, XVIIIe siècle (SAEF, coll Musée, boîte 323) © MEF/SAEF
Trésor n°3
Moule en cuivre
Célébrer le règne de Louis XV à travers les médailles
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Recueil de dessins relatifs aux « Médailles sur les faits principaux du règne de Louis XV », XVIIIe siècle (SAEF, YF-0000127/1) ©MEF/SAEF
Trésor n°4
Edme Bouchardon
La modernisation de l’industrie à l’époque de Turgot
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Lettre de Turgot à Nicolas-François Renard, conseil honoraire au Parlement de Besançon, 1775 (SAEF, 0Fi-0000251) ©MEF/SAEF
Trésor n°5
La saline d'Arc-et-Senans
Turgot
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Lettre de Turgot à Nicolas-François Renard, conseil honoraire au Parlement de Besançon, 1775 (SAEF, 0Fi-0000251) ©MEF/SAEF
Napoléon, sous les ors du Premier Empire
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Portrait de l'impératrice Joséphine en grand costume, Le sacre de S.M. l'Empereur Napoléon dans l'église métropolitaine de Paris, le XI frimaire an XIII, 1815 (SAEF, Plano 1)©MEF/SAEF
Trésor n°6
Le sacre de l'Empereur
Comment remplir le Trésor public en 1849
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Caricature de presse intitulée "Mr Fould cherchant à remplir la caisse (du Trésor public)" après 1848 (SAEF, 0Fi-0000254) ©MEF/SAEF
Trésor n°7
Achille Fould
Inspecteur des Finances : le prestige de l'uniforme
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Détails des costumes des inspecteurs généraux des Finances, dessins aquarellés sur papier, 1844 (SAEF, B-0059114/1) ©MEF/SAEF
Trésor n°8
Le costume
Inspecteur des Finances : le prestige de l'uniforme
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Détails des costumes des inspecteurs généraux des Finances, dessins aquarellés sur papier, 1844 (SAEF, B-0059114/1) ©MEF/SAEF
Les billets "un peu spéciaux" de la guerre de 14..
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Monnaies de nécessité de la Chambre de commerce de Paris, 1922 (2Fi-0000060) ©MEF/SAEF
Trésor n°9
Affiche
honorer les héros de la seconde guerre mondiale
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Livre d'or en hommage aux fonctionnaires et agents du ministère des PTT, 1939-1945, page de garde (SAEF, PH 029/20-0001) ©MEF/SAEF
Trésor n°10
Photographie
LE PASSAGE AU NOUVEAU FRANC : quelle galère !
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Lettre de Valéry Giscard d'Estaing, ministre de l'Economie et des finances, aux membres du gouvernement, 13 novembre 1972 (SAEF, B-0050784) ©MEF/SAEF
Affiche
Trésor n°11
1962 : Aux finances publiques, une carrière commence !
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Images extraites du reportage audiovisuel « Une carrière commence » de la Direction générale de la comptabilité publique, 1962 (SAEF, AV-19620730-2) ©MEF/SAEF
Trésor n°12
Campagne de recrutement
Le médaillier « art nouveau » de la Monnaie de Paris
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Photographie du meuble médaillier « art nouveau » de la Monnaie de Paris, vers 1907 (n° d’inventaire GIPAM 1371 / MOB 000008) ©MEF/SAEF
Trésor n°13
Auguste PATEY
Commissariat de l’exposition : Claire MARTIN, Frédéric QUEGUINEUR, Henri MASSENET et Carole LECLERE (Service des archives économiques et financières), avec le soutien précieux de Richard HELEINE, Sophie BECQUET et Céline PAGNAC (Centre de ressources documentaires).Le SAEF souhaite également remercier :-Christine LEMAIRE, Vincent DUBUS, Adeline FALIGUERHO (SIRCOM) et Caroline ISART (SIEP) pour la conception graphique et la communication-Jacques PREVOT (BIET), pour son appui scientifique et sa disponibilité.
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Commissariat de l'exposition
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Service des archives économiques et financières
archives@finances.gouv.fr
Des fonds riches et variés
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Photographie du centre des archives économiques et financières à Savigny-le-Temple ©MEF/SAEF
Photographie du meuble médaillier « art nouveau » de la Monnaie de Paris, vers 1907 (n° d’inventaire GIPAM 1371 / MOB 000008) ©MEF/SAEF
Portrait du graveur des monnaies Auguste PATEY, Photo LARGER, Gazette numismatique, 1898 (SAEF, ZA-B1) ©MEF/SAEF
Arrêt des comptes comportant la signature autographe de Nicolas Fouquet, 1654 (SAEF, coll. Musée) ©MEF/SAEF
"Monte [la despence] à la somme de deux cens soixante six mil huict cens trente une livres six deniers t[ournois].Et la recepte totalle et generalle dud[it] present compte contenu en treize chapp[itres] monte à deux cens soixante et quatre mil trois cens dix-neuf livres quatorze solz dix deniers.Partant apert la despence exceder la recepte de la somme de deux mil cinq cens unze livres, cinq solz huict deniers t[ournois] qui sont deus au contable.Ce present compte a esté veu, examiné, clotz et arresté ès hostels de nosseigneurs les premier president et procureur general du Roy et surintendant de ses finances le dix-huictième juilliet mil six cens cinq[uan]te quatre.Bellièvre Foucquet Levesque Pichon CramoisyGillot Laugeoys MarchantPatin Levieulx Je soubzsigné, André Levieulx, conseiller eschevin de ceste ville de Paris et cy devant recepveur general de tous les hospitaux (…)
Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV
Cet arrêt des comptes du 18 juillet 1654, résultat du contrôle des comptes présenté par André Levieulx, échevin de la ville de Paris, pour les hôpitaux de la ville, a été acquis pour les collections du musée des finances, en raison d’une particularité remarquable, celle de comporter la signature autographe de Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances de 1653 à 1661 du roi Louis XIV (1643-1715).Marquis de Belle-Île, vicomte de Melun et de Vaux, procureur général au Parlement de Paris et surintendant des Finances, Nicolas Fouquet devient l'un des hommes les plus riches et les plus puissants du royaume de France. Il ne saisit pas immédiatement les conséquences politiques de la prise de pouvoir personnel de Louis XIV, en mars 1661. Le faste du château de Vaux-le-Vicomte qu’il fait bâtir entre 1657 et 1661 contribue en outre au ressentiment du jeune roi. L’influence grandissante de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), futur contrôleur général des finances, marquera l'arrêt de l'ascension de Fouquet, qui est dénoncé par Colbert pour malversations. Arrêté sur l'ordre de Louis XIV en 1661, Nicolas Fouquet est condamné au terme d'un procès-fleuve de trois ans à la confiscation de ses biens, et au bannissement hors du royaume. Sa peine est aggravée par le roi en un emprisonnement à vie en la forteresse de Pignerol, où il meurt le 23 mars 1680. Ce destin romanesque repris dans de nombreux romans et films, dont Le Vicomte de Bragelonne, dernier volet de la trilogie des Mousquetaires d’Alexandre Dumas, assure à Nicolas Fouquet une célébrité posthume.
Affiche de la DGFIP « Qui mieux que vous pour rejoindre les finances publiques ? », 2023 (DGFIP, avec l’aimable autorisation du Cabinet et communication) ©MEF/DGFIP
Costume d’un inspecteur général des finances de 1e classe (SAEF, B-0083632/1) ©MEF/SAEF
Les billets « un peu spéciaux » de la Guerre de 14
Le SAEF conserve des « billets de nécessité » de la Première Guerre mondiale, dont ces coupures de 1920 émises par la Chambre de commerce de Paris.Pour faire face à la pénurie de monnaie métallique dont les raisons étaient multiples (thésaurisation, arrêt du crédit, frappe monétaire limitée), des émissions dites « de nécessité » sont réalisées. En août 1914, la Chambre de commerce de Paris est la première à solliciter l’autorisation d’une telle émission. En réponse, le 15 août 1914, l’Etat acte l’existence officielle de cette monnaie locale, par lettre du ministre des Finances Joseph Noulens publiée au Journal officiel ; toutefois elle ne relèvera d’aucun cadre légal et sa circulation sera seulement tolérée par les autorités. Mais l’émission parisienne est abandonnée en raison de l’avancée des troupes allemandes, du départ du gouvernement pour Bordeaux et de l’exode des Parisiens : les billets déjà imprimés sont brûlés et les planches gravées rendues inutilisables. Malgré ce premier échec, jusqu’en mai 1924, 124 chambres de commerce émettront pour 668 millions de francs en billets de nécessité, de 50 centimes, 1 F, 2 F, parfois plus. En 1920, la Chambre de commerce de Paris est autorisée à émettre pour 200 millions de francs de billets de nécessité pour remplacer et uniformiser les billets de nécessité en circulation dans toute la France. Ces billets sont ensuite échangés progressivement avec les pièces de monnaie correspondantes, puis définitivement retirés de la circulation en 1926 (loi du 13 janvier 1926).
« Charles, par la grace de Dieu Roy de France, à nos amez et feaulx les generaulx conseilliers sur le fait des aides pour la guerre, salut et dilection. Savoir vous faisons que pour consideration des bons et agreables services que nostre amé et feal conseillier Pierre Desmer nous a faiz tant en la generance du fait des diz aides, où il s’est bien et loyalement porté, comme autrement en plusieurs manieres et esperons qu’il nous face ou temps à venir, nous luy avons donné et octroié, donnons et octroions de grace especial par ces presentes la somme de mil frans pour une foiz.Si voulons et vous mandons que des deniers des diz aides vous, par Jacques Hemon, receveur general d’iceulx, facés paier et delivrer audit Pierre ladite somme de mil frans sanz delay, laquelle [somme], par raportant ces presentes [lettres] et quittance sur ce de luy, nous voulons et mandons estre allouée et rabatue de la recepte dudit receveur general par nos amez et feaulx gens de noz comptes à Paris sanz aucun contredit, nonobstant quelconques autres dons non exprimez en ces lettres. Ordonnons mandemens ou deffense au contraire etc. Donné à Saint Germain en Laye le XIe jour d’avril l’an de grace mil trois cens quatrevins et dix et de nostre regne le diziesme.Par le Roy en son ConseilMontagu »
Transcription
Napoléon, sous les ors du Premier Empire
Ce portrait de l’impératrice Joséphine en grand costume semé d’abeilles d’or, surmonté de l’aigle impérial, est issu du livre publié à l’occasion du sacre de Napoléon le 2 décembre 1804 à Notre-Dame de Paris. La riche bibliothèque patrimoniale du SAEF conserve dans le fonds de la Monnaie de Paris un exemplaire de ce magnifique ouvrage publié sous le titre Le sacre de S. M. l'Empereur Napoléon dans l'église métropolitaine de Paris, le XI frimaire an XIII.Réalisé à la demande de l’Empereur, ce livre monumental relié de cuir avec fers dorés aux chiffres et armes de Napoléon Ier présente les différentes étapes de la cérémonie – descriptions des tableaux et explication des costumes – et ses participants, puisque près de 20 000 fonctionnaires et militaires furent conviés. L’Empire s’affirme ici en adoptant la figure de l’animal par opposition à la fleur de lys royale : l’aigle renvoie au mythe des origines de Rome, fondatrice de la civilisation, et l’abeille aux origines de la France avec ce symbole de la lignée des rois mérovingiens (300 abeilles en or trouvées dans la tombe du roi Childéric 1er).Commencé en 1804, l’ouvrage n’est achevé qu’en 1815. Il s’agit avec le Sacre peint par David d’une des plus importantes commandes artistiques de Napoléon, qui mène une politique très active dans le domaine des arts (architecture, peinture, sculpture et arts décoratifs). D’autres exemplaires sont conservés à Paris ou encore Weimar. L'exemplaire personnel de l’Empereur est, lui, conservé au château de Fontainebleau.Napoléon s’inscrit par cette commande dans une tradition de livres de sacre à la suite notamment de Louis XV et Louis XVI. L'illustration y a d'autres fins que la peinture, comme vecteur de communication du pouvoir au service de la gloire de l’Empire.
Le Bureau documentation et archivesdes ministères économiques et financiers
Au sein du Secrétariat général des ministères économiques et financiers, le Bureau documentation et archives (BDA), rattaché à la sous-direction Fonctionnement des services du service de l’immobilier et de l’environnement professionnel (SIEP-Services), pilote la politique documentaire et archivistique. Il développe une offre de service à toutes les étapes de la gestion de l’information, et accompagne les directions dans la transition numérique et les profondes évolutions des modes de travail. Le bureau est un acteur majeur de la construction de l’histoire et de la mémoire du ministère, à travers ses archives et sa bibliothèque patrimoniale. Le pôle documentation du bureau donne accès à toutes les ressources utiles aux missions des services. Les documentalistes du CRD répondent aux besoins documentaires des agents sur place et à distance et les informent de l’évolution de leur environnement professionnel. Les documentalistes du Cedef orientent les internautes et les citoyens dans les politiques publiques menées par le ministère. La politique archivistique est assumée par le Service des archives économiques et financières (SAEF) qui collecte, gère et met à disposition du public les archives de l’administration centrale et des opérateurs de l’Etat de la sphère Economie-Finances. Les archivistes sont chargés de mettre en œuvre la politique ministérielle en matière d’archivage.Les fonds et collections du SAEF, conservés au centre des archives de Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), sont très variés et reflètent toutes les missions des ministères économiques et financiers du XIXe siècle à nos jours : affaires économiques, budget, douane, fiscalité, statistiques, industrie, commerce...
Sacre de l'empereur Napoléon Ier et couronnement de l'impératrice Joséphine dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, par Jacques-Louis David, 1806-1807 (Musée du Louvre) ©Louvre
Portrait de l'Impératrice Joséphine en grand costume, Le sacre de S. M. l'Empereur Napoléon dans l'église métropolitaine de Paris, le XI frimaire an XIII, 1815 (SAEF, Plano 1) ©MEF/SAEF
Célébrer le règne de Louis XV à travers les médailles
Ce dessin commémorant la construction du nouveau pont de Compiègne en 1730 est issu d’un recueil de la Monnaie de Paris de 124 dessins réalisés par Edme Bouchardon (1698-1762), dessinateur de l'Académie des Inscriptions et Médailles, pour illustrer les revers des médailles célébrant les évènements du règne de Louis XV (1715-1774). Il est réalisé à la sanguine, technique de dessin qui consiste à utiliser des pigments de couleur rouge terre, orange, ocre, marron et beige.De type classique, la médaille représente le roi et au revers une vue du pont encadré de deux urnes versantes : l'Oise (ISARA) et l'Aisne (AXONIA) rappelant la situation de Compiègne (Compendium : « raccourci ») au confluent des deux rivières, avec la légende : Compiègne orné et enrichi / Nouveau pont jeté sur l’Oise, 1730. Le pont inauguré par Louis XV en 1733 sous le nom de Pont neuf est rebaptisé Pont Louis XV en 2014. Caractéristique de la propagande royale par la gravure et le dessin, qui complétait l’édification de places et de statues équestres dans les villes du royaume, cette médaille illustre le programme d'amélioration des routes à l’époque de Louis XV, roi lettré qui s’intéresse aux beaux-arts et aux ponts et chaussées, et rompt avec l'image guerrière de son prédécesseur Louis XIV.
Portrait de Charles VI en costume de sacre (BnF, Français 2705, fol. C) ©Bnf
Gravure représentant Turgot, SAEF coll Musée
La Secrétaire généraleAnne BONDY-TOURET
Préface
Les archives sont indissociables de la notion de « Trésor », avec la création du « Trésor des chartes » au XIIIe siècle par les rois de France, pour conserver l’ensemble des titres officiels de la monarchie française. Au fil des siècles, malgré les vicissitudes de l’Histoire, les archives des ministères économiques et financiers se sont constamment enrichies et sont désormais collectées, classées et mises à la disposition des publics.Pour la première fois, le service de l’immobilier et de l’environnement professionnel du secrétariat général présente au public une exposition consacrée aux « Trésors d’archives ». Une douzaine de documents a donc été choisie parmi les 65 kilomètres linéaires d’archives papier et 8 To d’archives audiovisuelles ou numériques dont le service des archives économiques et financières du bureau de la documentation et des archives a la responsabilité. A cette sélection s’ajoute une œuvre d’art exceptionnelle issue des collections du bureau de l’immobilier et de l’environnement de travail. Emblématiques, insolites ou évocateurs de périodes marquantes de notre histoire, ces Trésors ont été choisis pour leur valeur esthétique ou patrimoniale.Au fil de l’exposition, les visiteurs pourront ainsi cheminer aux côtés de personnalités importantes pour notre ministère et pour l’histoire de France : Turgot voisine avec Valéry Giscard d’Estaing, et Charles VI avec l’impératrice Joséphine ! Mais, au-delà, c’est bien la vie quotidienne des Françaises et des Français qui est perceptible dans ces Trésors. Je vous invite en particulier à découvrir le parcours singulier de deux femmes ayant exercé au sein des ministères économiques et financiers : Mme Colette, receveuse des postes en 1940, et Jacqueline Girard, inspectrice stagiaire du Trésor en 1962…
Affiche "Chaque pièce d'or apportée à la banque avance d'une heure la victoire finale", 1915 ©Washington, Library of Congress
Honorer les héros de la Seconde Guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, outre les agents du ministère des Postes et télécommunications mobilisés dans les unités combattantes, d’autres agents, affectés aux sections techniques de télégraphie militaire ou à la Poste aux armées, ont également eu à cœur de servir vaillamment la France. En témoigne cette page extraite du Livre d’or du Ministère des PTT qui rend hommage à leur initiative, leur courage et leur dévouement dans l’exercice de leurs fonctions. Elle mentionne plusieurs femmes receveuses des postes lors des combats de la Campagne de France en mai-juin 1940, dont « Mme Colette », qui tenait le standard téléphonique de Seclin (Nord) et fut prise en otage par les troupes allemandes.Hommage de l’administration à ses agents, ce Livre d’or réalisé par le ministère dresse la liste des agents qui sont morts pour la France, qui se sont distingués par des actes d’héroïsme ou de dévouement, ou ont fait l’objet d’une citation.Une note du 9 octobre 1939 de la Direction du personnel prescrivait de recueillir des renseignements sur les actes de guerre du personnel des Postes, Télégraphes et Téléphones, en vue de les publier dans un Livre d’or. La mesure est effective à partir du 1er janvier 1940, et le recensement se poursuit jusqu’en 1943 environ : le Livre d’or est donc inachevé.Plusieurs administrations ont également établi des livres d’or en hommage à leurs personnels comme le Livre d’or des morts pour la France, conçu par le ministère des Pensions en 1919 qui se voulait un « monument de papier » à la gloire des soldats morts pour la France.
La modernisation de l’industrie à l’époque de Turgot
Comme en témoigne cette lettre de 1775 signée Anne Robert Jacques Turgot (1727-1781), contrôleur général des finances (notre « ministre des Finances ») durant le règne de Louis XVI, qui répond aux observations d’un conseiller honoraire au Parlement de Besançon, la construction de la saline d'Arc-et-Senans, synonyme d’expropriations et de déforestation, fut source de contestation.En effet, ce projet de manufacture royale de production de sel est réalisé sous Louis XVI de 1775 à 1779 par l’architecte Claude-Nicolas Ledoux. Il répond aux besoins croissants en sel liés à la croissance démographique et permet d’accroître les rentrées fiscales dans le contexte économique difficile de la fin du XVIIIe siècle.Le sel est soumis dès l’époque médiévale à des taxes puis à partir du XIVe siècle à un impôt permanent, la gabelle. Supprimée en 1790 par la Révolution, elle est réactivée par les régimes politiques du XIXe siècle, puis définitivement supprimée en 1945.Témoin de l’architecture des Lumières et illustrant la dimension utopiste du modèle de cité industrielle idéale de l’époque (lieu de production, de travail et de vie), la saline d'Arc-et-Senans ferme en 1895. Classée Monument Historique en 1926, achetée par le département du Doubs en 1927, elle est aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’Humanité.
Portrait de Nicolas Fouquet par Charles Le Brun, XVIIe siècle (Château de Vaux-le-Vicomte) ©DR
« A Paris, le 12 may 1775J’ai reçu dans leur tems, Monsieur, les lettres que vous avés pris la peine de m’écrire sur ce qui concerne l’établissement de la nouvelle saline près le bourg de Senans en Franche-Comté.Cet établissement n’est pas aussy inutil que vous paroissez le penser, il a au contraire paru au feu Roy [Louis XV] fort avantageux pour ses intérêts et ce n’a été qu’après un examen long et le plus réfléchy qu’il détermina à accepter la proposition qui luy en avoit été faite et à affecter à l’affouagement de cette nouvelle saline la majeure partie des bois de la forest de la Chaux, il a en conséquence été passé un traitté avec la compagnie chargée de la régie des salines de Franche-Comté et de Lorraine, par lequel cette compagnie s’est engagée et été autorisée à faire construire à ses frais tous les bâtiments, canaux et autres ouvrages nécessaires à l’exploitation dicelle dont il s’agit, sur les terreins qui doivent former son enceinte et la conduite des eaux salées pour la formation des sels. Mais l’intention du Roy ayant été d’indemniser équitablement les propriétaires de ces terreins en leur faisant payer comptant leur valeur réelle sur une estimation de gré à gré ou à dire d’experts convenus ou nommés d’office, Sa Majesté exécutera exactement les intentions de son aïeul à cet égard ; quant à ce que vous prétendés que cette nouvelle saline aura trop d’étendue, je ne puis que m’en raporter au compte qui m’a été rendu de la nécessité indispensable des différents bâtimens, atteliers et emplacemens qui paroissent indispensables pour une exploitation de cette nature et aussy nécessaire pour la comodité de son service que pour prévenir les accidens auxquels une pareille usine paroit être sujette.Au surplus, l’intention de Sa Majesté étant, comme je viens de vous l’observer, d’indemniser rigoureusement tous ceux qui auront perdu des terreins pour cet établissement, si vous et les autres propriétaires qui seront dans ce cas ont quelques réclamations fondées à faire sur les estimations de leurs terreins, ils pouront, comme vous, me les adresser et être assurés qu’il y sera statué équitablement et le plus favorablement qu’il sera possible. Ainsy j’espère que vous voudrés bien ne faire aucune difficulté aux entrepreneurs de cette nouvelle saline, tant pour la construction des fondations et des bâtimens sur les terrains qui doivent former son enceinte que pour la fouille et recherche des matériaux qui leur sont nécessaires pour cette construction. Comme le tems à y employer est précieux et qu’on ne pouroit différer cet établissement sans qu’il en résultât un grand préjudice pour les intérêts du Roy, j’autorise ces entrepreneurs à aller en avant, en convenant néantmoins, autant qu’il sera possible, de l’indemnité de la valeur des terreins qu’ils auront endomagés, tant pour leurs constructions que pour l’extraction des matériaux.Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.Turgot »
Transcription
1962 : Aux finances publiques, une carrière commence !
Ce reportage audiovisuel de 1962 de la Direction générale de la comptabilité publique est issu des archives audiovisuelles conservées par le SAEF. Intitulé "Une carrière commence", il relate l’arrivée en poste de deux jeunes inspecteurs stagiaires du Trésor, Jacqueline Girard et Jean Convert, affectés à la Trésorerie d'Isigny-sur-Mer et de Monfréville dans le Calvados.Véritable témoignage audiovisuel, ce reportage nous renseigne sur la réalité matérielle de la vie administrative de l’époque : organisation des espaces de travail, relations entre collègues et aspects vestimentaires notamment.D’une durée de 7 minutes, il reflète la modernité de l’action de communication institutionnelle de la part du ministère, qui passe par l’image et le son - choix d’un scénario et d’un montage audiovisuel moderne : on suit et on donne la parole aux nouveaux arrivants, de leur trajet en train à la découverte de leur lieu de prise de fonctions et à leur rencontre avec leur supérieur hiérarchique – et la décision de suivre un homme et une femme, dans une perspective d’égalité professionnelle très novatrice pour l’époque.Ce reportage fait également écho avec l’actualité et les enjeux d’attractivité RH et de recrutement dans la fonction publique relayé par les campagnes de communication récentes des finances publiques.
Photographie de la salle de lecture ©MEF/SAEF
Moule en cuivre pour cartes à jouer (SAEF, coll Musée) © MEF/SAEF
Le passage au nouveau franc : quelle galère !
Douze ans après l’introduction du nouveau franc en 1960, cette note du 13 novembre 1972 de Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Economie et des finances, aux membres du gouvernement témoigne de la persistance de l’usage de l’ancien franc dans l’administration. Symbole d'une réforme monétaire souhaitée par le Général de Gaulle en 1958 dans le cadre du plan de stabilisation économique « Pinay Rueff », la nouvelle unité monétaire française instituée le 1er janvier 1960 (1 nouveau franc = 100 anciens francs), en application de l’ordonnance du 27 décembre 1958, remplace le Franc Germinal – ou Franc Bonaparte – qui avait cours depuis 1803.Afin de limiter les risques de confusion, la nouvelle unité est désignée jusqu’au 31 décembre 1962 sous le nom de « nouveau franc », puis à partir de 1963 sous l’appellation traditionnelle de « franc » - qui trouve son origine dans la naissance du « franc » en 1360 au moment de la libération du roi de France Jean II le Bon. Il est entendu que l’unité monétaire ayant cours avant le 1er janvier 1960 doit être qualifiée d’« ancien franc ».Cependant, l’adoption par le public de cette nouvelle unité monétaire se heurte à un certain nombre de difficultés dues notamment à une transition trop douce, du fait de la coexistence des deux monnaies jusqu’au début des années 1970. L’usage de l’ancien franc perdura ainsi dans le langage courant pendant plusieurs décennies…
« Monte [la despence] à la somme de deux cens soixante six mil huict cens trente une livres six deniers t[ournois].Et la recepte totalle et generalle dud[it] present compte contenu en treize chapp[itres] monte à deux cens soixante et quatre mil trois cens dix-neuf livres quatorze solz dix deniers.Partant apert la despence exceder la recepte de la somme de deux mil cinq cens unze livres, cinq solz huict deniers t[ournois] qui sont deus au contable.Ce present compte a esté veu, examiné, clotz et arresté ès hostels de nosseigneurs les premier president et procureur general du Roy et surintendant de ses finances le dix-huictième juilliet mil six cens cinq[uan]te quatre.Bellièvre Foucquet Levesque Pichon CramoisyGillot Laugeoys MarchantPatin Levieulx Je soubzsigné, André Levieulx, conseiller eschevin de ceste ville de Paris et cy devant recepveur general de tous les hospitaux (…)
Transcription
Financer la guerre au Moyen Âge
Ce manuscrit du 11 avril 1390 sur parchemin – peau d’animal apprêtée comme support pour écrire – acquis pour les collections du musée des Finances, est le plus ancien document officiel conservé par le SAEF. Il s’agit d’un mandement du roi Charles VI à ses généraux conseillers, chargés des finances extraordinaires, ordonnant le versement de 1000 francs à Pierre Desmer, en remerciement de ses services dans l’obtention des aides pour la guerre : nous sommes alors en pleine Guerre de Cent Ans entre la France et l’Angleterre. Un mandement est une lettre scellée émanant de la chancellerie royale et mentionnant des ordres (du latin mandare : ordonner) donnés à des officiers du roi. L’authenticité du document est établie par l’utilisation de formules standardisées : « par la grâce de Dieu Roy de France » et « Par le Roy en son Conseil » accompagnées de la signature d’un des secrétaires du roi, Jean de Montagu, Grand trésorier de France – fonctions analogues à celles d’un ministre des finances – depuis 1388.Longtemps les rois de France n’ont disposé d’autres ressources que celles de leurs domaines, mais au XIVe siècle, ces ressources sont insuffisantes. L'impôt de guerre, qualifié d’extraordinaire car exceptionnel et justifié par une situation d'urgence, devient régulier sur le principe que tout sujet doit aider son seigneur, sous la forme d’un impôt dénommé « aides » prélevé sur les transactions commerciales. Charles VI supprime les aides en 1380 puis les rétablit dès 1382, provoquant des révoltes populaires à Paris et dans plusieurs provinces du royaume.
Portrait du sculpteur Edme Bouchardon, par François-Hubert Drouais, vers 1758 (Musée Carnavalet, P1966) @Carnavalet
Le médaillier « art nouveau » de la Monnaie de Paris
Ce médaillier créé vers 1907 provient de l’Hôtel de la Monnaie, quai Conti à Paris, où il se trouvait à l’entrée du bureau du Graveur général des monnaies Henri-Auguste Patey. Il fait aujourd’hui partie des œuvres d’art placées sous la responsabilité du Secrétariat général du ministère.Il est l’œuvre de l’ébéniste Mathieu Gallerey (1872-1965), dessinateur et fabricant de meubles du faubourg Saint-Antoine. Considéré comme le « précurseur du mobilier populaire moderne », Gallerey produit, à prix accessible, un mobilier alliant qualité technique et goût artistique, en déclinant les styles décoratifs alors à la mode, Art nouveau puis Art déco notamment. Composé de 84 tiroirs répartis dans trois armoires protégées par des portes fermant à clé, ce meuble spectaculaire permettait la conservation d’une sélection de médailles et de jetons issue des collections historiques de la Monnaie de Paris. Posé sur un piètement à entretoise, dont la ceinture est pourvue de trois tiroirs à verrouillage, le meuble présente une console en marbre brèche disposée au-devant pour permettre la dépose et la consultation des plateaux-tiroirs.Les poignées, les gonds et les porte-étiquettes en bronze ciselé, ainsi que les serrures en bronze et acier sont l’œuvre de Louis Gigou, diplômé de l’École Boulle à Paris. Les réalisations vaudront à ce serrurier d’art des récompenses aux expositions universelles de Milan en 1906, de Turin en 1911, de Gand en 1913 ou encore à l'Exposition coloniale de Paris en 1931.
Jeux de cartes et fiscalité, une longue histoire !
Arrivées en Europe probablement de Chine via la Turquie, les premières cartes à jouer sont attestées en France à partir du XIVe siècle par une ordonnance du prévôt de Paris du 22 janvier 1397.Issues des collections du SAEF qui conserve également des moules en bois et en cuivre, ces cartes à jouer réalisées par Guillaume Mandrou, fabricant de cartes actif à Paris entre 1769 et 1812, témoignent d’une pratique fiscale ancienne et de la volonté des autorités d’encadrer la pratique des jeux, notamment de hasard, contraires à la morale chrétienne et potentiellement source de troubles à l’ordre public.L’imposition et le contrôle de la fabrication des jeux sont ordonnés en 1583 par Henri III pour renflouer les caisses de l’Etat et combattre les désordres liés à la pratique des jeux de cartes (lettres patentes du roi du 21 janvier 1583). L’impôt sur les cartes « portant atteinte à la liberté du citoyen » est aboli par l’Assemblée nationale en 1791. Les lois du 30 septembre 1798 et du 23 février 1799 rétablissent les taxes, dont la perception est confiée au service des contributions indirectes. De 1813 à 1945, les cartes portent une mention légale avec la date de création. La taxe sur les jeux de cartes est finalement remplacée en 1959 par la TVA.
Comment remplir le Trésor public en 1849 ?
Dans cette caricature du XIXe siècle issue de la collection du numismate Edouard Dewamin (1851-1919) conservée par le SAEF, le dessinateur Charles Amédée de Noé dit Cham (1818-1879) dénonce de manière humoristique la multiplication des impôts votés pour réduire le déficit sous Achille Fould, ministre des Finances de 1849 à 1852 puis de 1861 à 1867 : impôt sur les boissons (1849), extension de la patente (taxe à payer pour exercer) aux avocats (1849), taxe pour lutter contre les chiens errants rejetée en 1850 et finalement votée en 1855, et projet finalement rejeté d’extension aux cheminées de la réforme de la taxe sur les portes et fenêtres.Cham est, aux côtés de Daumier, l'un des caricaturistes français les plus célèbres du XIXe siècle. Observateur attentif de son époque, il travaille notamment comme caricaturiste pour le journal satirique Le Charivari et puise son inspiration dans de nombreuses sources. Diffusée dans l’espace public, la caricature politique, par le biais de la gravure et de la presse satirique au XIXe siècle, acquiert, malgré la censure, une visibilité inédite. C’est en quelque sorte le précurseur des médias contemporains et de nos réseaux sociaux !
Inspecteur des finances : le prestige de l’uniforme
Ces deux pages de dessins aquarellés illustrent une ordonnance du roi Louis-Philippe du 9 juin 1844 relative à l’Inspection générale des finances. Elle définit le type d’uniforme que les inspecteurs doivent revêtir pour les missions hors de France. L’Inspection générale des finances est créée en 1816 de la réunion des inspecteurs généraux des contributions directes et du cadastre avec les inspecteurs généraux du Trésor. Elle exerce, sous l'autorité du ministre de l'Economie et des finances, une mission générale de contrôle, d'audit, d'étude, de conseil et d'évaluation en matière administrative, économique et financière.Signe distinctif de cette administration et de ce corps, l’uniforme est identique pour tous les agents : habit frac en drap bleu sur pantalon blanc ou bleu, boutons dorés avec la couronne de France, un écusson à la taille et un chapeau. Le grade - inspecteur général, inspecteur, sous-inspecteur, adjoint – est déterminé par l’importance des broderies (des branches de chêne en or et de lierre en argent) et des parements différents. Les inspecteurs généraux disposent également d’une épée avec poignée en nacre illustrée d’une coquille et de la couronne de France, et portent une plume noire sur le chapeau. L’uniforme est revu en 1852 par le décret du 17 novembre qui remplace l’habit bleu par l’habit vert foncé, la couronne par l’aigle impérial, et remplace sur les boutons, le motif de la couronne par la mention Inspection générale des finances.Représentatif d’une fonction, l’uniforme sert deux objectifs : un rôle d’identification du statut de serviteur de l’État, et une fonction de prestige, à l’instar par exemple de ceux toujours portés par les préfets lors des cérémonies officielles.
Livre d'or en hommage aux fonctionnaires et agents du ministère des PTT, 1939-1945, p. 266 (SAEF, PH 029/20-0001) ©MEF/SAEF
Gravure représentant Achille Fould, par le peintre Félix Philippoteaux (SAEF, 2Fi-0001239) ©MEF/SAEF
Photographie du central téléphonique Central « Passy » : multiple, sans date (BHPT 586_M-3-44) ©BHPT
Détails des costumes des inspecteurs généraux des finances, dessins aquarellés sur papier, 1844 (SAEF, B-0059114/1) ©MEF/SAEF
Photographie aérienne de la saline d’Arc-et-Senans, Doubs, 2021 ©DR
Affiche de la Loterie nationale, 1959 (SAEF, 1Fi-0001100) ©MEF/SAEF
« A Paris, le 12 may 1775J’ai reçu dans leur tems, Monsieur, les lettres que vous avés pris la peine de m’écrire sur ce qui concerne l’établissement de la nouvelle saline près le bourg de Senans en Franche-Comté.Cet établissement n’est pas aussy inutil que vous paroissez le penser, il a au contraire paru au feu Roy [Louis XV] fort avantageux pour ses intérêts et ce n’a été qu’après un examen long et le plus réfléchy qu’il détermina à accepter la proposition qui luy en avoit été faite et à affecter à l’affouagement de cette nouvelle saline la majeure partie des bois de la forest de la Chaux, il a en conséquence été passé un traitté avec la compagnie chargée de la régie des salines de Franche-Comté et de Lorraine, par lequel cette compagnie s’est engagée et été autorisée à faire construire à ses frais tous les bâtiments, canaux et autres ouvrages nécessaires à l’exploitation dicelle dont il s’agit, sur les terreins qui doivent former son enceinte et la conduite des eaux salées pour la formation des sels. Mais l’intention du Roy ayant été d’indemniser équitablement les propriétaires de ces terreins en leur faisant payer comptant leur valeur réelle sur une estimation de gré à gré ou à dire d’experts convenus ou nommés d’office, Sa Majesté exécutera exactement les intentions de son aïeul à cet égard ; quant à ce que vous prétendés que cette nouvelle saline aura trop d’étendue, je ne puis que m’en raporter au compte qui m’a été rendu de la nécessité indispensable des différents bâtimens, atteliers et emplacemens qui paroissent indispensables pour une exploitation de cette nature et aussy nécessaire pour la comodité de son service que pour prévenir les accidens auxquels une pareille usine paroit être sujette.Au surplus, l’intention de Sa Majesté étant, comme je viens de vous l’observer, d’indemniser rigoureusement tous ceux qui auront perdu des terreins pour cet établissement, si vous et les autres propriétaires qui seront dans ce cas ont quelques réclamations fondées à faire sur les estimations de leurs terreins, ils pouront, comme vous, me les adresser et être assurés qu’il y sera statué équitablement et le plus favorablement qu’il sera possible. Ainsy j’espère que vous voudrés bien ne faire aucune difficulté aux entrepreneurs de cette nouvelle saline, tant pour la construction des fondations et des bâtimens sur les terrains qui doivent former son enceinte que pour la fouille et recherche des matériaux qui leur sont nécessaires pour cette construction. Comme le tems à y employer est précieux et qu’on ne pouroit différer cet établissement sans qu’il en résultât un grand préjudice pour les intérêts du Roy, j’autorise ces entrepreneurs à aller en avant, en convenant néantmoins, autant qu’il sera possible, de l’indemnité de la valeur des terreins qu’ils auront endomagés, tant pour leurs constructions que pour l’extraction des matériaux.Je suis très parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.Turgot »
Transcription