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Analyse linéaire n°2 : Roman, Les Cahiers de Douai, Rimbaud
Victoire Batifol
Created on March 25, 2024
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Transcript
Roman
Cahiers de Douai
Arthur Rimbaud
START
Lecture linéaire n°2
texte
introduction
Grammaire
Mouvement 1
Lien avec le parcours
Mouvement 2
Mouvement 3
Conclusion
Introduction
· Amorce : contexte littéraire, historique ou anecdote· Présenter l'auteur et l'oeuvre · Présenter le texte · Problématique · Annonce du plan
Mouvement 1
le cadre du « roman »
I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Mouvement 1
le cadre du « roman »
I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Le premier vers du poème (« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. ») semble se présenter d’abord comme une confidence autobiographique, mais l’emploi et la répétition du pronom indéfini « on » modère cette première impression pour suggérer une expérience plus large, universelle, à laquelle le lecteur peut s’identifier. Le choix du « on » - et non l’emploi du « je », cher aux poètes romantiques pour exprimer leurs états d’âme - révèle aussi le souhait de Rimbaud d’opérer une distance critique et de s’écarter des codes lyriques traditionnels pour relater avec ironie ses premiers élans amoureux.
Roman
I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Le titre "roman" pose le poème de rencontre amoureuse dans une trame narrative, dans une fiction et dans une atmosphère romanesque. En même temps, roman place l’intrigue du côté de la romance, dont peut-être il va se moque. Roman portent donc des connotations autour de l’imaginaire et de la frivolité, de l’ironie et du fantasme.
Titre
Pronoms
Le cadre du poème propose un tableau romantique fondée sur la description d’éléments qui font appel aux cinq sens. Il est donné par les compléments circonstanciel de temps et de lieux : « quand on a dix-sept ans », « un beau soir », « sous les tilleuls verts de la promenade ». Ce cadre est celui de l’idylle, mais c’est une idylle urbaine, dans une ville de province qui pourrait être Charleville.
Cadre spatial
• Le poète quitte les « cafés tapageurs » de la ville pour profiter de la nature environnante qui éveille tous ses sens : sa vue (« les tilleuls verts, v. 4), son odorat (« les tilleuls sentent bon », v. 5), son ouïe (le « vent chargé de bruits », v. 7) puis son goût (« parfums de bière », v. 8). Le jeune poète s’ouvre avec délectation à la sensualité du monde. • Cet enthousiasme sensoriel se traduit également par l’usage d’une ponctuation expressive avec les deux points d’exclamation des vers 3 et 5 qui révèlent la joie éprouvée par le poète. • Enfin, cet élan passionné se manifeste aussi par les répétitions des termes « bons » (v. 5) et « parfums » (v. 8).
Sensations
Mouvement 2
II - Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche... Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête...
la rencontre, l’idylle
II - Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche... Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête...
10 15
Mouvement 2 : la rencontre, l’idylle
Le vers 9 ouvre, grâce au présentatif « voilà », le regard du lecteur sur la rencontre. C'est la strophe de l’innamoramento, c’est-à-dire du coup de foudre, avec un jeu vif sur l’apparition de la femme désirée. On retrouve les sensations liées au sentiment amoureux « doux frissons », et la nature, « la petite branche » (vers 10), confirme le cadre de l’idylle. L’innamoramento se poursuit vers 15-16 par le rapprochement des amants : après les regards, voici le toucher des lèvres dans le baiser. On retrouve ici une image hugolienne du baiser comparé à un petit animal avec le rejet de la proposition subordonnée relative « qui palpite là » .
Le poète est engagé dans le sentiment amoureux et le fait partager au lecteur, grâce à ce pronom indéfini « On ». On peut aussi voir un regard ironique qui observe l’adolescent amoureux. « Les doux frissons du vers 12 » ; la « griserie » du vers 13, le «Champagne », constitue un champ lexical de l’ivresse, laquelle devient une image de l’émotion amoureuse. De même, le sentiment amoureux se traduit par cette fusion avec la nature, dans ce printemps du mois de juin sous la promenade des tilleuls. La métaphore de la sève illustre cette image importante chez Rimbaud. L’amour est un sentiment du printemps, visible à travers cette belle métaphore du vers 13 : « La sève est du champagne et vous monte à la tête... », qui pose une équivalence entre la nature, l’alcool et le sentiment amoureux.
II - Voilà qu'on aperçoit un tout petit chiffon D'azur sombre, encadré d'une petite branche, Piqué d'une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche... Nuit de juin ! Dix-sept ans ! - On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête... On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête...
Coup de foudrel'innamoramento
10 15
lyrisme
Les adjectifs épithètes « petite », « doux », « blanche » participent d’une description hypocoristique et élogieuse de la jeune fille. Les phrases exclamatives et le présent de l’indicatif accentuent l’intensité de la scène. Les amants semblent fusionner dans les frissons qui désignent les tressaillements des amoureux.
L’être désiré est un peu chosifié du présentatif « voilà ». Elle est désignée par la métonymie « un tout petit chiffon » : la jeune fille est réduite à sa toilette, sa robe et son chapeau (la mauvaise étoile). L’ironie est palpable avec cette réduction. On peut bien sûr faire une lecture plus réaliste/prosaïque de la scène : le poète voit la jeune fille de loin !
enthousiasme
La fille, cette chose
Suite du mouvement 2
III Le cœur fou robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux col effrayant de son père... Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
la rencontre, l’idylle
Le vers 17 s’ouvre sur une double référence. La première évoque le personnage de Robinson Crusoë, le célèbre protagoniste du roman éponyme de l’écrivain anglais Daniel Defoe paru en 1719. C’est à partir de ce prénom évoquant un héros partant à l’aventure que Rimbaud forge le néologisme « Robinsonne » qui signifie « vagabonder ». La seconde référence (« à travers les romans ») fait écho à l’univers romanesque des romans d’amour dont les aventures sentimentales font rêver le jeune poète.
III Le cœur fou robinsonne à travers les romans, - Lorsque, dans la clarté d'un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l'ombre du faux col effrayant de son père... Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... - Sur vos lèvres alors meurent les cavatines...
L’ironie douce se manifeste par certains clichés comme l’ombre du père (vers 20). La surveillance du père n’empêche pas la demoiselle de marquer son intérêt pour le poète lorsque leur regard se rencontre : « Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif… » (v. 23). Les points de suspension suggèrent une action qui ne peut être dite et qui trouble le poète par sa sensualité.
Robinson
20
la figure du père
Le troisième huitain confirme sans doute l’hypothèse du fantasme adolescent. Les baisers qui précèdent sont rêvés. L’adolescent, désigné encore par une métonymie, « le cœur fou », rêve au fil de ses lectures de romans d’amour. Le poète rêve de l’être aperçu comme Robinson rêve d’une voile passant au loin à l’horizon de Speranza, l’île où il a fait naufrage.
La mise en scène de la nouvelle rencontre s’élabore dans un cadre nocturne, dessiné par petites touches : tout d’abord l’espace, la rue le soir à la lueur du réverbère, les personnages rapidement esquissés par petite touche ; la jeune fille en mouvement, l’ombre menaçante du père et le poète en jeune homme naïf.
impressionnisme
Fantasme
Mouvement 3
la fin du roman, la fin de l’été
IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !... - Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
Mouvement 3
la fin du roman, la fin de l’été
IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !... - Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
25 30
Brève histoire
• Le poème se construit de manière circulaire en s’achevant sur le lieu (les cafés) que le poète fuyait au début. S’ils étaient auparavant pour l’adolescent synonymes d’une vie qu’il cherchait à fuir tant elle était peu conforme à ses désirs, les cafés représentent à présent un refuge où, dépité, le poète se console dans la boisson.• Le « champagne » du vers 14 semble bien loin : le poète retourne piteusement et ironiquement à ses bières et à sa limonade du début, signifiant la fin de l’idéal amoureux et le retour à une vie ordinaire.
IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Vous êtes amoureux. - Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - Puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire !... - Ce soir-là..., - vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade... - On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.
25 30
Loin du mythe romantique de l’amour éternel, l’histoire d’amour se révèle n’être finalement qu’une passion passagère. Le verbe « loué » (v. 25) marque le caractère temporaire de l’idylle entre les deux jeunes gens, comme un bail qui peut être résilié. Ici, l’histoire d’amour n’a duré qu’un mois environ, jusqu’au mois d’août.
les cafés
Le poème s’achève avec humour sur la rupture amoureuse. La jeune fille quitte le poète de sa propre initiative (v. 28) : celle qu’il qualifie d’« adorée » finit enfin par lui écrire, mais ce n’est qu’une lettre de rupture comme le suggèrent les points de suspension. L’hyperbole « l’adorée » peut rétrospectivement paraître ironique puisque l’amour fiévreux qu’éprouvait le poète pour la jeune fille n’a jamais été réciproque.
La répétition du vers d’ouverture du poème prend ici une dimension ironique : la promesse d’une histoire exaltante du vers 1 est vue rétrospectivement au vers 31 et semble sonner avec humour la fin des illusions. Le dernier vers constitue une chute inattendue à double titre. Le poème se clôt sur l’image triviale des tilleuls, inconvenante pour achever un poème dédié à la passion amoureuse, où l’évocation de l’idylle amoureuse aurait été de mise dans la grande tradition lyrique. L’anacoluthe (« Et qu’on a des tilleuls verts... ») qui marque une rupture dans la construction syntaxique, renforce également la surprise de cette fin. Rimbaud se joue ici des codes du lyrisme traditionnel et crée ainsi une poésie originale et nouvelle.
dénouement
une chute
Conclusion
Les enjeux du texte sont donc l’objet la représentation des amourettes adolescentes, leur poétisation par une forme structurée mais rythmée, un sujet de désir orientée par les plaisirs de la jeunesse, l’alcool, les jeunes filles, les cafés agités.
Rappel des idées importantes en s'aidant des mouvements : Premier mouvement : e cadre du « roman » (I) Deuxième mouvement : la rencontre, l’idylle (II et III) Troisième mouvement : la fin du roman et la fin de l’été (IV)
Comment ce poème participe-t-il d'une émancipation poétique ?Comment le poème de jeunesse rimbaldien imprime sa vivacité à un sujet romantique qui généralise son expérience amoureuse ?Comment ce poème lyrique romance, au sein d’une petite intrigue, le désir amoureux ? En quoi les images du printemps sont-elles renouvelées pour donner à voir l’éros rimbaldien, tout en fougue et en caricature ?
Dans "À une passante" de Baudelaire, le poète décrit une brève rencontre avec une femme inconnue dans la rue, qui suscite en lui une fascination immédiate. À travers des images évocatrices, Baudelaire exprime le désir de transcender la réalité ordinaire et d'accéder à un idéal de beauté et de perfection. Ce poème capture l'éphémère et l'insaisissable dans une rencontre qui laisse une empreinte indélébile sur le narrateur.
Grammaire
Relevez et analysez une subordonnée conjonctive circonstancielle dans la phrase :« L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière » (v. 6).
« L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière » (v. 6). • La phrase comprend deux verbes, donc deux propositions : – une principale (« L’air est parfois si doux » ; – une subordonnée (« qu’on ferme la paupière »). Cette subordonnée est introduite par la conjonction de subordination « qu’» associée à l’adverbe corrélatif « si » • Elle exprime la conséquence du fait exprimé dans la principale ; on peut en effet reformuler ainsi la phrase : La douceur de l’air conduit à fermer la paupière. Cette proposition subordonnée conjonctive est donc complément circonstanciel de conséquence.
Lien avec le parcours associé
Montrez en quoi le vocabulaire de ce poème est moderne.
Emancipations créatrices
Comparez ce vocabulaire avec celui utilisé par Blaise Cendrars dans l’extrait de Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France
Annonce du plan :
Premier mouvement : le cadre du « roman » (I) Deuxième mouvement : la rencontre/l’idylle (II et III) Troisième mouvement : la fin du roman/de l’été (IV)
Roman
« Sensation » décrit un jeune homme dans une nature idéalisée, tandis que « Roman » le place dans un environnement urbain où il fantasme une brève idylle insignifiante. Ce douzième poème des Cahiers de Douai, écrit en 1870 lors de la première phase créative de Rimbaud, est daté du 19 septembre 1870 et conservé à la British Library de Londres. Il offre un regard ironique sur la séduction adolescente, avec une structure composée de quatre huitains en quatrains d'alexandrins croisés, et une tonalité enjouée et dialogique. Malgré ses images traditionnelles de romance printanière, « Roman » révèle les prémisses de la tristesse et de la mort anticipées par le sujet lyrique.
Rimbaud, les Cahiers de Douai :
Arthur Rimbaud (1854-1891) a révolutionné la poésie moderne avec ses Cahiers de Douai, publiés en 1870 alors qu'il était encore adolescent. Cette collection comprend vingt-trois poèmes qui s'inspirent de formes fixes, tels que des sonnets et des ballades, exprimant une sensibilité intense et une quête de liberté. Les poèmes présentent une diversité de thèmes, allant de l'amour à la révolte en passant par la quête spirituelle, et témoignent des expérimentations audacieuses de Rimbaud avec la langue et la structure poétique. Les Cahiers de Douai offrent un regard fascinant sur les tourments intérieurs et les aspirations tumultueuses d'un jeune poète en plein éveil artistique. Ils marquent le début d'une révolution poétique qui influencera de nombreux écrivains à venir, faisant de Rimbaud une figure emblématique de la littérature.
Conclusion :
En conclusion, le poème "Roman" de Rimbaud, extrait des Cahiers de Douai, illustre magistralement la vivacité de l'expérience amoureuse adolescente tout en la poétisant avec une forme structurée et rythmée. À travers la représentation des amourettes adolescentes, Rimbaud offre un tableau vivant des plaisirs de la jeunesse, où l'alcool, les jeunes filles et les cafés agités jouent un rôle central. Cette poésie révèle ainsi une recherche de l'absolu dans l'expérience amoureuse, tout en la teintant d'une certaine mélancolie propre à l'adolescence. Le poète parvient à généraliser son expérience personnelle pour en faire un miroir de l'âme humaine, révélant ainsi la nature universelle des tourments et des joies de la jeunesse. De plus, à travers l'utilisation de l'ironie, Rimbaud se moque subtilement de la poésie amoureuse conventionnelle, traitant cet enthousiasme juvénile avec un mélange d'humour et de distance critique, ce qui confère une dimension supplémentaire à son exploration des tumultes de la passion adolescente. Les poèmes "Roman" de Rimbaud et "A une passante" de Baudelaire partagent une fascination pour les rencontres fugaces dans un cadre urbain. Ils expriment également le désir d'évasion et de liberté à travers l'amour et la poésie. Ainsi, ces œuvres se rejoignent dans leur exploration des thèmes de la passion, de la liberté et de l'évasion, incarnant l'idée d'émancipation créatrice propre au parcours "Emancipations créatrices".
Problématique :
Les enjeux du texte sont donc l’objet la représentation des amourettes adolescentes, leur poétisation par une forme structurée mais rythmée, un sujet de désir orientée par les plaisirs de la jeunesse, l’alcool, les jeunes filles, les cafés agités. Comment ce poème participe-t-il d'une émancipation poétique ? Comment le poème de jeunesse rimbaldien imprime sa vivacité à un sujet romantique qui généralise son expérience amoureuse ? Comment le sujet lyrique ironique affirme la puissance de l’adolescent contre des figures adverse : le groupe, le père et même la femme elle-même ? Comment ce poème lyrique romance, au sein d’une petite intrigue, le désir amoureux ? En quoi les images du printemps sont-elles renouvelées pour donner à voir l’éros rimbaldien, tout en fougue et en caricature ?
I On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. - Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! - On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L'air est parfois si doux, qu'on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits - la ville n'est pas loin - A des parfums de vigne et des parfums de bière...
Montrez en quoi le vocabulaire de ce poème est moderne.
« Roman » se caractérise par l’emploi d’un lexique du quotidien qui ne figure pas traditionnellement en poésie (« bocks », « limonade », « réverbère », « faux-col », « bottines »). Ces termes prosaïques se doublent d’expressions empruntées au langage populaire : « Robinsonne », « loué » et « mauvais goût ». Rimbaud, par cette grande liberté d’expression, propose ainsi une nouvelle poésie lyrique qui se démarque du lyrisme classique des romantiques et qui est susceptible de toucher les adolescents.
Amorce :
• Dans sa lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871, Rimbaud se moque de Musset et de son long poème « Rolla ». (Jacques Rolla, jeune bourgeois se suicide par amour.) À quinze ans, ces élans de passion mettent les jeunes en rut ; à seize ans, ils se contentent déjà de les réciter avec cœur ; à dix-huit ans, à dix-sept même, tout collégien qui a le moyen, fait le Rolla, écrit un Rolla ! Quelques-uns en meurent peut-être encore. Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871. • Rimbaud admire les romantiques, mais blâme leur lyrisme. • Il développe alors une poésie sensible mais ironique.
Comparez ce vocabulaire avec celui utilisé par Blaise Cendrars dans l’extrait de Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France.
Cette liberté lexicale de Rimbaud n’a cessé d’influencer d’autres poètes de la modernité. C’est le cas notamment de Blaise Cendrars qui, dans l’extrait présenté ici de la Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, n’hésite pas à mêler mots savants et vocabulaire familier. On relève ainsi l’usage de termes rares comme « le temple d’Éphèse » (v. 9) ou encore « une fournaise de glaives » (v.23). Cependant, un vocabulaire ordinaire et simple domine le reste du poème : « J’avais faim » (v. 15) ou encore, à propos de verres : « j’aurais voulu les boire et les casser » (v. 18). Cendrars souhaite ainsi s’émanciper des pesantes conventions poétiques.