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Transcript

Visa pour l'image 2024

FiguresIconiques

Les photojournalistes puisent dans des références culturelles communes, renforçant ainsi le message photographique.Les participants de cet atelier ont identifié des figures et contenus iconiques et de leur intericonicité, analysé et interprété des photographies de presse et mis en regard avec d'autres photographies exposées à Visa 2024 ou une «photo iconique».

Introduction

Intériconicté : procédé qui consiste à faire reconnaître une image connue dans une image nouvelle.

L'intericonicité dans la photographie de presse

Les photoreporters nous rassemblent autour de références et d’expériences visuelles communes, la finalité étant de « provoquer l’attention, voire de faciliter l’adhésion du spectateur en nouant un contrat de lecture stable, clair et immédiatement identifiable » (L’intelligence des images - l’intericonicité, enjeux et méthodes, Mathilde Arrivé).

Les photographies de presse argumentent plus qu'elles n'informent grâce au recours à des figures de rhétorique, à des procédés de narrativisation, de dramatisation, de symbolisation, à l'exploitation des ressources des outils plastiques et esthétiques. - Martine Joly, L'image et son interprétation, Armand Collin, 2005, 226 p.

1. Références artistiques2. Photos iconiques et histoire3. Photos iconiques et polémique4. Photos iconiques et Culture Populaire5. Iconicité et symbolique

Sommaire

références artistiques

Les photojournalistes puisent consciemment ou insconsciemment dans l'héritage de la culture artistique occidentale, religieuse ou profane.

+ info

Michel-ANGE pAULA BRONSTEIN

Explications "Pièta"

Intericonicité Paula BRONSTEIN Najiba et Shabir (Kaboul, 2016) / Pietà de

Michel-Ange (Rome, 1499)

Photographie prise par la photojournaliste américaine Paula BRONSTEIN à Kaboul, capitale de

l’Afghanistan, en mars 2016.Najiba est assise en tailleur sur le matelas d’un lit de l’hôpital de Kaboul. Elle tient sur elle son neveu Shabir (2 ans) qui a été blessé dans l’explosion d’une bombe. Cette explosion a également

tué sa sœur, nous renseigne la légende.Le crane de l’enfant est entouré d’un large bandage qui suggère que la blessure est grave. Sa tante Najiba détourne la tête. Elle semble ne pas avoir la force de regarder le petit garçon blessé. On distingue à peine le visage de Najiba dans l’ombre. Tête baissée, elle appuie son front dans la paume de sa main gauche, dans une attitude de profonde affliction.L’angle de prise de vue est frontal. Nous nous trouvons à moins d’un mètre des sujets, dans leur intimité immédiate. Cette proximité augmente considérablement l’émotion de la scène.La lumière, qui provient de la gauche, se pose sur le visage de l’enfant. « Survivra-t-il ? » est la question que l’on se pose immédiatement. La beauté de ses traits contraste avec l’importance de sa blessure. Il symbolise l’innocence de toutes les victimes civiles injustement fauchées par la guerre.Les éléments de la chambre, à l’arrière-plan de la photographie, disparaissent dans la pénombre. Ilssont gommés, permettant à la femme et à l’enfant de se détacher, ensemble au premier plan, commeun groupe sculptural, et nous pensons immanquablement à la Pietà de Michel-Ange.La Pietà est une sculpture en marbre achevée par l’artiste italien en 1499. Elle représente le thème biblique de la Vierge Marie en Mater Dolorosa, tenant sur ses genoux le corps du Christ après sa crucifixion. Elle est exposée dans la basilique Saint Pierre de Rome et est considérée comme un

chef d’œuvre absolu de la Renaissance.Au-delà du sujet lui-même (la douleur d’une mère devant le corps de son enfant mort, gravement blessé dans le cas présent) un élément supplémentaire incite à la comparaison. Il s’agit des nombreux éléments blancs qui peuvent suggérer le marbre dont la Pietà est faite : Les plis du drapé qui entoure les épaules de Najiba, le voile dont sa tête est couverte, le bandage qui ceint la tête de l’enfant Shabir comme le teint livide de son visage ainsi que le drap du matelas d’hôpital qui

semble comme un socle.La composition de cette photo de l’américaine Paula BRONSTEIN nous renvoie, sur le fond comme sur la forme, à l’iconicité religieuse chrétienne de la Pietà, présente à Rome comme dans de nombreuses autres églises. Un moyen pour la photographe américaine de dénoncer la brutalité aveugle de la guerre, en attirant notre attention sur l’innocence des victimes et la profondeur du chagrin de leurs plus proches, quelque soit leur religion.

Pour aller plus loin sur ce thème

Hélène Pascot,Professeur-documentalisteLycée Dhuoda, Nîmes

J.-F. Millet pierre faure

L'angélus de Millet et la photo de l'exposition de Pierre Faure sur le monde paysan. Ici Guy, 82 ans, photographié dans la ferme familiale dans l'Eure en 2017.L'idée était de représenter le vide, l'absence, la dureté de vie quotidienne et l'isolement du monde paysan dans son environnement.Les visages sont masqués par l'ombre chez Millet, Faure prend son modèle de dos. Peu importe l'identité du personnage principal, il est dans les deux contextes, insignifiant, peu de chose, invisible, tout entier dévoré par l'espace qui l'entoure.

E. degas pAULA BRONSTEIN

Explications (2 p.)

Visa 2024 – Images iconiquesBronstein/Degas

Photo de Paula Bronstein – Danseuses en temps de guerre – Kiev – 2022La photo montre un groupe de danseurs de ballet dans un plan d’ensemble.Au premier plan, se trouve un groupe de 3 danseuses de ballet , dont deux sont dos à l’appareil photo. On distingue la concentration sur les deux danseuses de profil. Leur tenue claire se fond avecles voilages plus sombres et les miroirs malgré un léger contraste, ce qui ajoute de la profondeur à

l'image. Lumière/ombre.Leur posture et leur expression que l’on devine, donnent une idée de la concentration et de la grâce

nécessaires pour la danse. Plusieurs danseurs (dont 3 hommes) en arrière-plan sont en train de pratiquer Une danseuse est

assise au sol.Le studio de danse lui-même, avec des miroirs, des voilages et des barres de danse, reflète les danseurs et multiplie les perspectives. Cela donne une impression de mouvement et de dynamisme, même dans une scène statique. C’est un moment suspendu, presque irréel, comme un tableau dans

cette ville en guerre où la vie continue.Degas- les danseusesLe tableau "Répétition d'un ballet sur la scène" d'Edgar Degas, peint en 1874, montre un groupe de danseurs de ballet en pleine répétition. Les danseurs sont capturés dans diverses poses, certains pratiquant leurs mouvements tandis que d'autres se reposent. Au premier plan, une danseuse est assise par terre, attachant son chausson de ballet, tandis qu'une autre se tient près d'elle, les bras gracieusement arqués au-dessus de sa tête. L'arrière-plan présente d'autres danseurs et de grands miroirs qui reflètent leurs images, créant une sensation de profondeur et d'espace. On distingue un homme spectateur en noir assis sur une chaise sur le bord de la scène.L'utilisation de la lumière et de l'ombre contribue à l'atmosphère, mettant en valeur les costumes et les mouvements des danseurs contre les environs plus sombres. Cette scène est intéressante pour sa représentation candide des préparatifs en coulisses du ballet, révélant à la fois l'élégance et la discipline de cet art. Degas capture la beauté et la rigueur de la danse avec une grande sensibilité et un souci du détail. Le tableau est un hommage à la grâce et à l'effort des danseurs de ballet. Cette composition en couches met en valeur la discipline et l'élégance de la pratique du ballet tout

en jouant avec la perspective et l'espace.

Comparaison-Sujet Principal : Les deux œuvres se concentrent sur les danseuses, mais Bronstein met l'accent sur la vie qui continue en temps de guerre, tandis que Degas capture la grâce et la beauté du ballet.

- La photo de Bronstein est ancrée dans un contexte de conflit, ajoutant une dimension de lutte et de survie, alors que les œuvres de Degas se situent dans un cadre plus paisible et quotidien.- Émotion : Les deux œuvres transmettent des émotions fortes, mais de manière différente. Bronstein évoque un moment supendu : les danseuses à l’opéra. L’art perdure comme une parenthèse dans un pays en guerre, tandis que Degas inspire la sérénité et l'admiration pour la

beauté du ballet.En résumé, bien que les contextes et les émotions diffèrent, la construction du texte visuel comportedes similitudes. Les deux artistes mettent en avant la grâce et la beauté du ballet avec des tons pastels;Degas comme Bronstein sont des observateurs discrets d’une scène intimiste et silencieuse.Les deux parviennent à transmettre des émotions fortes à travers ce qu’ils nous donnent à voir. Degas, avec ses pastels et ses huiles, et Bronstein, avec sa photographie , réussissent à capturer l'essence de leurs sujets de manière réaliste et intimiste.

LE CARAVAGE Mugur Varzariu

Qu’est-ce que leclair-obscur ?

Info

Photo : Françoise Demulder, Le massacre du quartier de La Quarantaine. Beyrouth, Liban, 1976 © Françoise Demulder / Roger-Viollet

2023

1976

"La référence à des images d’archives est une manière de souligner la gravité des événements. Selon un mécanisme psychologique éprouvé – on comprend mieux ce que l’on connaît déjà –, la réitération diachronique des icônes a eu pour fonction de faire prendre conscience de la portée historique de la situation...L’intericonicité sert donc, avant tout, à convoquer l’histoire." Clément Cheroux

Quand les photos actuelles se nourrissent de l'histoire de la photographie de presse

Photos iconiques et Histoire

Loay Ayyoub - La tragédie de Gaza (photo n° 23)

pour aller plus loin...

Plan your communication structure.

Susangerd, Iran. March 1981 - Hassan Jangju, a young Iranian Basiji crawls forward through marshland during fighting near Susangerd in southern IranAlfred Yaghobzadeh / WAR PHOTO LIMITED.

2024

GUERRE DU VIETNAM © Henri Huet/Associated Press

1966

Debarquement de normandie ©Robert Capa © International Center of Photography / Magnum Photos

1944

Figures iconiques et photos de guerre

pour aller plus loin...

Analyse d'André Gunthert

« On dit d’une photographie qu’elle est symbolique quand elle quitte le terrain de l’actualité pour devenir exemplaire. » Dit Frédéric Lambert* – Sémiologue du texte et de l’image. Autrement dit, une image qui sort de l’évènement particulier qu’elle était censée décrire pour tendre vers quelque chose de plus universel, qui renvoie à une idée ou un concept. (In )

2010

1985

Pistes pédagogiques autour de ces deux photos et retour sur une polémique

Quand les photos actuelles se nourrissent de l'histoire de la photographie de presse

Photos iconiques et POLEMIQUE

Eric Bouvet en 1985

https://www.gettyimages.dk/detail/news-photo/pakistani-flood-victim-mohammed-nawaz-hangs-onto-a-moving-news-photo/103328304?adppopup=true

Omayra Sanchez © Frank Fournier Contact Press Images

“Témoigner ne laisse pas indemne.”Kevin Carter

1

2

Brenda Ann Kenneally(photo n°50)

Photo de guerre et jeu vidéo (photo 4)

Photos Iconiques et Culture Populaire

Le drapeau dans la photographie de presse

Enfant et ballon

Iconicité et symbolisme

Enfant et le rouge

Exposition de John Moore à Visa pour l'Image 2024 : voir photo 2

Dominic Robinson from Bristol, UK — Banksy Girl and Heart Balloon

Par Joe Rosenthal — https://www.apnews.com/f00e1181d57a414a848ac96b772839fddirect linkCe fichier est dérivé de : Raising the Flag on Iwo Jima, larger.jpeg, Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=77823832

Avec la participation de :Muriel BernabeuFranck BrenierChristelle ChampyJean-françois LahorgueHélène PascotEmmanuelle Raoux-BonnetMagali RoussignolBrigitte SardaNathalie Otalora

Il s'agit d'une photo dans une photo, avec l'iconicité de Marilyn, bien sûr, mais de ce que la beauté peut représenter. La personne, Madison, entame une transition par rapport à un mythe/une icône. Réflexion sur la place des femmes, les minorités, l'emprisonnement et la difficulté à se construire dans le monde hyper formaté des US aujourd'hui. L'icône, c'est la femme/mère représentée par Madison (poitrine = donner le sein, etc) et Marilyn qui, elle pose dans une attitude très lascive/sexuelle.Le public cible, ici, est aussi important, car il est différent si on regarde Marilyn ou Madison. L'image connue, ici, n'est pas unique, il s'agit de la représentation de la Femme dans l'art (voir Marilyn et Koons et Warhol par exemple).

Écoutez l’interview d’Eric Bouvet, rencontré à Perpignan le 04 septembre 2021 lors du stage Visa pour l’image organisé par le Clemi Montpellier (17’16 min - 21’04 min)

« T’es qu’un salaud, tu l’as laissée crever pour faire cette photo »

Eric Bouvet

L'interview d'Eric Bouvet à Visa pour l'image en 2021.

Comme Franck Fournier, Eric Bouvet a photographié Omayra Sanchez. A son retour en France, on lui a reproché d'avoir fait ces photographies.

Des peintres de la Renaissance et du Baroque vont redécouvrir au 17e siècle le clair-obscur, Le Caravage ou Georges de La Tour utilisent ce procédé pour créer une profondeur et un effet dramatique.Le photoreporter Mugur Varzariu utilise ici le même procédé pour mettre en valeur la famille réunie autour du feu de camp. Le regard du spectateur se concentre dans un premier temps sur le jeune homme debout torse nu à droite de l’image, puis sur les visages éclairés également par la flamme du foyer. Le photographe nous invite dans cette scène de la vie quotidienne et nous prend à témoin sur les conditions de vie de ces familles Roms en Roumanie.

Qu’est-ce que le clair-obscur ?

Technique picturale qui accentue le contraste entre les zones claires et les zones d’ombres. Elle est souvent utilisées pour augmenter l'effet de volume ou accentuer les mouvements et l'expression des corps et visages.