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MANGIN Amandine
Created on February 29, 2024
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Transcript
Résister à la déportation à Avondurant la Seconde Guerre mondiale
Comment Juifs et Résistants ont-ils résisté à la déportation dans ce petit village situé en zone occupée ?
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Résister PENDANT la déportation pour empêcher la déshumanisation
Résister APRES la déportation pour résister à l'oubli
Résister AVANT pour empêcher la déportation
Itinéraires des résistants déportés d'Avon :
Remerciements
Document de présentation
Nos sources
Itinéraires des juifs déportés d'Avon :
Lucien BUNELle Père Jacque s
Paul MATHERY
Hans Helmut MICHEL
Jacques HALPERN
Maurice SCHLOSSER
Lucien WEIL
Itinéraires des résistants déportés d'Avon :
Lucien BUNELle Père Jacques
lieu de naissance et jeunesse
arrivée à Avon
déportation
rapatriement du corps
Itinéraires des résistants déportés d'Avon :
Paul Mathéry
lieux de naissance et jeunesse
lieux de déportation
Itinéraires des Juifs déportés d'Avon :
Hans Helmut Michel
Itinéraires des Juifs déportés d'Avon :
Hans Helmut Michel
lieux de déportation
Drancy
lieux de naissance et jeunesse
Itinéraires des Juifs déportés d'Avon :
Maurice SCHLOSSER
Jacques HALPERN
Itinéraires des Juifs déportés d'Avon :
Maurice Schlosser
Jacques HALPERN
lieux de déportation
Drancy
lieux de naissance et jeunesse
Itinéraires des Juifs déportés d'Avon :
Lucien Weil
Le camp de Drancy
Le camp de Drancy est un camp de transit, c’est-à-dire d’internement et de regroupement des juifs en France avant leur départ pour Auschwitz. A l’origine, la cité de la Muette était un ensemble de logements bon marché construit dans les années 1930. En juillet 1940, l’ensemble est réquisitionné par la Wehrmacht. La cité va servir de camp de détention provisoire pour les prisonniers de guerre français et anglais.A l’été 1942, la cité de la Muette, située à proximité de deux gares (gare du Bourget-Drancy et gare de Bobigny), devient un camp de transit : près de 65 000 Juifs sont déportés depuis le camp de Drancy, principalement à destination d’Auschwitz-Birkenau.La note de service du camp de Drancy n° III datée du 16 septembre 1943 nous permet de connaître la vie quotidienne dans le camp : réveil à 7h, appel, travail de 8h à 12h00, soupe puis reprise du travail de 13h50 à 18h30, soupe, appel du soir et retour dans les chambres à 21h30 avec une extinction des lumières à 22h.
Photographie des internés juifs dans le camp de Drancy (on voit qu’ils portent l’étoile jaune).
Sur plus de 65 000 juifs déportés depuis Drancy, seuls 3% reviendront en France.
note de service
Le camp de Royallieu
Le camp de Royallieu se situe en France, près de Compiègne, et a été construit en 1913, il servait alors de caserne militaire. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, il fut reconverti en hôpital, puis en 1940, occupé par les Allemands. Il servit de camp de transit pour des prisonniers, qui étaient ensuite déportés vers l’Allemagne ou la Pologne. En 1941, le camp de Royallieu fut transformé par les nazis en camp de concentration pour les opposants politiques de l’Allemagne nazie, les résistants, les étrangers… A l’occasion de la « rafle des notables » opérée à Paris le 12 décembre 1941,le camp C destiné aux juifs a été crée à Royallieu. Cette troisième grande rafle de juifs réalisée par les autorités allemandes en France avec la complicité du gouvernement de Vichy a eu lieu en représailles contre des actes de sabotage et des attentats contre l’occupant allemand. Les 743 juifs arrêtés au cours de cette rafle sont internés dans le camp de Royallieu, avant d’être déportés vers des camps d’extermination comme Auschwitz-Birkenau ou Treblinka. Ce camp est le seul en France à être entièrement dirigé par les nazis. On n’y tue pas, mais on y laisse mourir de faim et de froid ses occupants dans des conditions d’hygiène éprouvantes. Il est officiellement dissous le 1er septembre 1944, trois mois après le débarquement des troupes alliées en Normandie. En tout, ce camp aura accueilli 54 000 détenus, c’est le deuxième camp en France après Drancy. Après la guerre, il a été transformé en mémorial, inauguré et ouvert au public le 23 février 2008, en mémoire à tous les déportés qui y ont transité.
Le camp de Neue-Bremm
Ce camp se situe près de Sarrebrück, en Allemagne. Ce camp n’était pas un camp de concentration comme les autres. Il n’était pas soumis à la SS (comme les camps de concentration), mais seulement à la Gestapo. Ils servaient entre autre à discipliner les insoumis, les faire plier, mettre fin à leurs résistances. Ce camp était un lieu de terreur. Le terrain entier était entouré d'une clôture électrique en fil de fer barbelé. Un mirador équipé d’une mitrailleuse et de phares rendait toute fuite impossible. Au centre du camp se trouvait le bassin – lieu de cruelles tortures et de meurtres.
Des hommes et des femmes en provenance de toute l’Europe y étaient emprisonnés en tant qu'adversaires politiques du régime nazi, que résistants dans les pays occupés, qu'objecteurs de conscience, qu'espions alliés, prisonniers de guerre, juifs, ecclésiastiques ou, comme ce fut le cas pour le Père Jacques, en tant que détenus "Nacht und Nebel" ("Nuit et brouillard", déjà considéré comme mort, sans pouvoir donner de nouvelles à leurs proches ni recevoir de colis...) Pour la plupart des détenus, la « Neue Bremm » n’était qu’un lieu de transit avant leur transfert dans les camps de concentration. L’alimentation y était catastrophique : le matin et le soir 80 g de pain, à midi une soupe faite d’eau et de quelques feuilles de chou blanc fanées et à moitié pourries. Dans l’espace de trois semaines les prisonniers perdaient jusqu’à 30 kg. Les conditions hygiéniques étaient humiliantes. Les vêtements que les détenus portaient lors de leur arrivée n’étaient jamais changés. Des poux, des punaises et des puces les tourmentaient. Dans le camp des hommes, les détenus étaient surtout exposés à la violence physique : ils étaient battus, humiliés, torturés, fouettés, maltraités, piétinés à mort, noyés, tués volontairement. La « torture sportive » autour du bassin ajoutée à la dénutrition catastrophique des détenus causa de nombreux décès. En outre, beaucoup de détenus furent fusillés. Jusqu’à ce jour, il est impossible d'évaluer le nombre exact des victimes de ce camp.
Le camp de Mauthausen
Mauthausen se situe en Autriche sur la rive gauche du Danube, à proximité de grande carrière de granit. Initialement annexe du camp de Dachau, le camp de Mauthausen accueille ses premiers détenus en 1938 (droit commun, criminels, asociaux) encadrés par des SS. L’une des caractéristiques du camp de Mauthausen reste son allure générale de forteresse médiévale, conférée surtout par son mur d’enceinte en granit, construit entre septembre 1941 et fin 1944 et par son porche monumental flanqué de tours de garde massives.
Le camp de concentration de Mauthausen est d’abord un lieu de répression et d’élimination des adversaires politiques et idéologiques du régime nazi. Sa classification en camp de catégorie III lui fait une réputation justifiée d’extreme sévérité. Selon cetteclassification, le camp est destiné à recevoir les individus « irréductibles ou jugés irrécupérables» et visait à l’anéantissement total de la personnalité, niant l’humanité des prisonniers afin de les réduire à un troupeau anonyme et craintif… Ainsi la violence est extrême : châtiments corporels, station debout toute une journée sans manger, l’enchainement à un poteau en pleines intempéries, séances d’exercices épuisants en pleine nuit, suspension par les poignets liés dans le dos provoquant la dislocation de l’épaule, le lâchage des chiens sur les détenus, les assassinats en précipitant les prisonniers du haut de la carrière... A partir de 1943, ces représailles ne s’arrêtent pas mais se relâchent un peu car l’Allemagne a besoin de cette main d’oeuvre concentrationnaire. Les SS ont alors du mal à s’adapter à cette logique économique. Certains détenus, les kapos, avaient un pouvoir sur les autres détenus et bénéficiaient d’importants avantages. Eux aussi usaient de la violence et pouvaient en toute impunité violenter voire tuer des prisonniers. L’affectation dans les kommandos les plus difficiles pouvait être une sanction, notamment pour les Juifs, Tziganes… Les détenus dépourvus de tout appui de la part des kapos ne revenaient donc jamais de ces kommandos les plus exposés.
Mauthausen n’est pas qu’un seul camp central, il y a aussi 70 autres camps et des kommandos annexes comme par exemple :
- Le camp de Melk (où était Paul Mathéry) qui est crée fin avril 1944 à l’arrivée de deux convois de Français (très majoritairement résistants) encadrés par des droit-commun allemands. Le 8 juillet 1944, le camp est bombardé par méprise : les victimes se comptent par centaines. Une partie des détenus est affectée à la construction de l’usine souterraine de roulements à billes. Les effectifs atteignent environ 10 000 détenus. Au total, 14 000 déportés passent au camp de Melk, parmi lesquels 4800 périssent, dont 663 Français (dont Paul Mathéry). Un crématoire est en service le 1er novembre 1944Le camp de Melk est évacué vers Mauthausen ou Ebensee entre le 15 et le 20 Avril 1945 ce qui provoque de lourdes pertes.
- Le camp de Gusen (où était le Père Jacques) qui commence à être construit en décembre 1939 à 4,5 km de Mauthausen, proche des carrières. A l’origine les baraquements étaient prévus pour 300 détenus mais en accueillaient finalement plus de 600. En février 1943, une partie des usines de Steyr est transférée dans le camp de Gusen pour la fabrication de pièces d’armement et de moteurs d’avions Messerschmitt 262. Un réseau de galeries souterraines est creusé en 1944-1945. Les effectifs ne cessent d’augmenter, pour atteindre et dépasser 20 000 détenus entre fin 1944 et le printemps 1945. Bien que dépendant de Mauthausen, le camp de Gusen dispose d’une autonomie administrative. Le taux de mortalité diminue sensiblement entre mai 1943 et avril 1944, en raison de la nécessité pour l’Allemagne de poursuivre son effort de guerre et de produire plus d’armes.
La libération des détenus de l’ensemble des camps de Mauthausen s’effectue en deux temps : - d’abord sous l’égide de la croix rouge fin avril 1945 qui évacue des détenus vers la Suisse. Les dernières semaines d’avril se produit une hécatombe, de nombreux détenus bout de force meurent dans des conditions humanitaires et sanitaires déplorables. - Ensuite, le 5 mai, une patrouille américaine pénètre, par hasard et sans instructions particulières, dans le camp central. Mais devant le drame qu’elle découvre repart alerter sa hiérarchie. Des règlements de compte et des pillages se produisent.Le 6 mai, les troupes américaines reviennent en force avec des moyens plus adaptés afin de sauver ceux qui peuvent l’être et ensuite d’évacuer le camp.Le nombre total de victimes du complexe Mauthausen– Gusen est estimé entre 95 000 et 118 000 morts.
Le camp d'Auschwitz
Auschwitz est le plus grand camp de concentration et d'extermination du troisième Reich.Avant l'envahissement de la Pologne par l’Allemagne nazie en septembre 1939 ce bâtiment faisait office de base militaire polonaise située à une cinquantaine de kilomètres de Cracovie. Les nazis le transforment en camp de concentration, opérationnel le 27 avril 1940 (Auschwitz I sur le plan). Le site de Birkenau (Auschwitz II) est établi en octobre 1941, à trois kilomètres d’Auschwitz. C’est un camp d'extermination qui y débute en mars 1942. Il y a dans le camp quatre chambres à gaz utilisant du Zyklon B. Jusqu'en novembre 1944, le camp fonctionne comme une usine de mort, réceptionnant des convois en provenance de toute l'Europe. La majorité des personnes déportées à Birkenau sont des Juifs et la quasi-totalité d’entre eux sont immédiatement envoyés vers les chambres à gaz. Seule une petite proportion d'entre eux est sélectionnée pour travailler dans le camp et dans les usines de munitions situées dans des camps annexes ou pour être soumise aux expériences « médicales » du docteur Josef Mengele et de son équipe.
Le processus de sélection et d’extermination est minutieusement planifié et organisé. À l’arrivée du train sur le quai, les anciens détenus accueillent les victimes et rassemblent leurs effets dans des baraquements situés dans une zone connue sous le nom de « Kanada ». Les nouveaux arrivants sont contraints de former deux files – hommes et garçons d'un côté, femmes et filles de l'autre – et les médecins SS procèdent à la sélection. En fonction de leur apparence physique, les prisonniers sont envoyés vers les travaux forcés ou vers les chambres à gaz, au gré des décisions des SS. Avant leur entrée dans la chambre à gaz, les victimes, auxquelles on a fait croire qu'elles allaient subir un processus de désinfection, reçoivent l'ordre de se déshabiller. Les portes de la pièce sont verrouillées et le gaz est introduit. Une fois les victimes assassinées, leurs dents en or sont arrachées et la chevelure des femmes est tondue par les Sonderkommando – des groupes de Juifs affectés aux fours crématoires. Les corps sont jetés dans les fours pour y être incinérés, les ossements sont pulvérisés et les cendres répandues dans les champs.De nouvelles sélections ont lieu plusieurs fois par jour au cours des appels. Les prisonniers affaiblis ou malades sont sortis des rangs et envoyés vers les chambres à gaz. Un règlement impitoyable basé sur les châtiments et la torture est appliqué dans le camp. Rares sont ceux qui parviennent à survivre. Le camp de travail (Auschwitz III) est l’usine chimique IG Farben qui employait 190 000 personnes dont 80 000 déportés. Cette usine est responsable de la production du gaz mortel le Zyklon B utilisé dans les chambres à gaz.
Auschwitz fut le camp est le plus meurtrier : environ 1 million de Juifs, 70 000 Polonais, 25 000 Sinti et Roms (Tsiganes) et près de 15 000 prisonniers de guerre originaires d'URSS ou d’ailleurs seront assassinés à Auschwitz-Birkenau.Ce camp est libéré par l'armée russe le 27 Janvier 1945. Aujourd’hui le camp d’Auschwitz est un lieu de mémoire et se visite afin de témoigner de ce génocide.
Des Juifs soumis à la sélection sur le quai d'Auschwitz-Birkenau, plus connu sous le nom de « rampe ». Les SS séparent les déportés en deux groupes. Les prisonniers du camp aident lnouveaux arrivants et sont contraints par les SS à se tenir sur la rampe pour veiller à ce que la sélection se déroule « dans l'ordre ». Yad Vashem Photo Archives 14DO9
Auschwitz-Birkenau, appel devant le bâtiment de la cuisine. Photo 95503 des Archives de Yad Vashem
1. Savoir, avoir conscience du danger
Résister AVANT pour empêcher la déportation
2. Fuir et se cacher
3. Entrer en résistance
1. Savoir, avoir conscience du danger
Pour résister, il faut savoir pourquoi l’on résiste et ce que l’on risque. La population française savait-elle ce qui arrivait aux Juifs arrêtés et déportés ? Les Juifs eux mêmes savaient-ils ce qu’ils risquaient ? Plusieurs documents d’archives nous laissent penser qu’effectivement la population était au courant de certaines choses : en Seine et Marne, et plus précisément à Meaux, des tracts communistes ont été découverts en avril 1942. Les idées de la Résistance se diffusaient donc en Seine et Marne comme en témoigne le rapport d’un adjuvant envoyé à la Feldkommandantur de Melun et à la Kreiskommandantur de Meaux : « les gendarmes ont découvert des tracts communistes qui ont vraisemblablement été jetés par un avion » « ces tracts étaient la réduction du numéro spécial du journal « l’humanité » portant la date du 1er mai 1942 ».
Rapport signalant la découverte de tract comportant le journal L’Humanité du 1er mai 1942, archives départementales 77
1. Savoir, avoir conscience du danger
Ces journaux diffusaient les idées des réseaux de résistance, informaient la population et appelaient à l’action contre l’ennemi. C’est pourquoi ils étaient interdits. Toutefois ces journaux paraissaient clandestinement. Par exemple, le journal l’Humanité publie un article intitulé « la barbarie nazie » le 1er mai 1942. Cet article relate en détail les injustices et les conditions de vie des internés à Drancy : les détenus étaient « des morts vivants » ,« la terreur s’aggravait», « des scènes horribles se produisirent » « attitude barbare » « brutalité », « brutes hitlériennes » « actes inqualifiables ». Ces expressions montrent la violence dont font preuve les Allemands envers les prisonniers français. Même si les Français ne savaient pas exactement ce qui se passait dans les camps de concentration et d’extermination du Reich, cet article prouve qu’ils avaient vent de ce qui se passait dans les camps de transit comme Drancy, là où seront internés les juifs d’Avon après leur arrestation en janvier 1944 . L’article se termine par un appel à la résistance : « que chacun se prépare à la lutte pour anéantir les nazis et leurs valets ». On peut penser que le mot « valets » faisait référence à la France collaborationniste ou à la milice française par exemple.
Article « Barbarie nazie » extrait de L’Humanité du 1er mai 1942 évoquant la déportation, archives départementales 77
1. Savoir, avoir conscience du danger
Les idées des résistants pouvaient également se diffuser par des messages radios : la radio de Londres, notamment la BBC, et les émissions françaises comme "Ici la France", "Honneur et Patrie" ou "Les Français parlent aux Français" permettaient de diffuser des informations censurées par les médias autorisés.
Plus précisément à Avon, le témoignage du Père Philippe, supérieur des Carmes, publié en décembre 1944 dans En famille quand même page 325, montre qu’il avait parfaitement conscience du danger et connaissait le sort réservé aux Juifs arrêtés : à propos du Père Jacques, il dit : « je le verrai toujours venant me proposer d’héberger des enfants juifs. J’ai d’abord hésité à lui donner l’autorisation, mais sur une deuxième demande plus insistante, réitérée quelques quinze jours après, ayant moi même réfléchi davantage et constatant la nécessité où nous étions d’accueillir ces pauvres enfants (car personne ne voulait les prendre) si nous ne voulions pas, en fait, les abandonner à la Gestapo, c’est-à-dire à la déportation en Pologne, à la mort par la torture, je lui ai donné toute autorisation en lui affirmant que, quoi qu’il arrive, il aurait non seulement le mérite de la charité mais encore, ce qui est précieux pour un religieux- celui de l’obéissance. » Le Père Philippe, en 1943, avait donc bien conscience du sort réservé aux Juifs : la déportation en Pologne et la mort. Il n’en connaissait sans doute pas les détails (chambre à gaz, solution finale, camp d’extermination…) mais il accepte de prendre la responsabilité de l’accueil de ces 3 enfants juifs pour les sauver d’une mort certaine.
2. Fuir et se cacher
A. La rafle du Vel d’Hiv Les mesures antisémites s’intensifient en France dès 1941-1942 : recensements, tampon « JUIF » sur les papiers d’identité, port de l’étoile jaune… les arrestations et les rafles se multiplient. Les 16 et 17 juillet 1942, la police française procède à l’arrestation de 13 000 Juifs à Paris : les personnes sans enfant seront transférées directement au camp de Drancy tandis que les familles seront retenues quelques jours au vélodrome d’hiver à Paris dans des conditions d’hygiène déplorables avant d’être transférées dans les camps du Loiret (Camp de Pithiviers ou de Beaune-la Rolande).
Comment certains Juifs ont-ils réussi à échapper à leur arrestation ?
C’est au cours de cette « rafle du Vel d’Hiv » que la mère d’Hans Helmut Michel fut arrêtée, conduite à Drancy puis déportée à Auschwitz le 24 juillet 1942 d’où elle ne reviendra pas. C’est aussi au cours de cette rafle que les deux parents et Claude, le petit frère de Jacques Halpern, ont été arrêtés, envoyés au Vel d’Hiv durant 4 jours puis transférés au camp de Beaune-la-Rolande. Le 5 août, les deux parents sont déportés directement à Auschwitz tandis que les enfants, dont les Allemands ne veulent pas au départ, restent seuls. Mi août, Claude est transféré à Drancy puis à Auschwitz le 31 août 1942 où il a été gazé dès son arrivée le 2 septembre 1942.
Cette photographie est la seule qui nous est parvenue de la rafle du vel d’Hiv. Très impopulaire, cette rafle a été censurée par les autorités allemandes qui ont interdit la publication de la moindre photographie ou du moindre article sur cette rafle dans la presse. Le verso de cette photographie retrouvée en 1990 par Serge Klarsfeld, porte un cachet de la censure allemande daté du 17 juillet 1942 : « gesperrt – interdiction de publication – bildzensur prop.[aganda] st.[affel] paris ». On y aperçoit 3 des 50 autobus mis à la disposition de la police française par la RATP intercalés avec des véhicules de police. Devant l’entrée du Vel d’Hiv, il y a un petit attroupement avec probablement des agents en civil – les hommes en chapeau mou – qui encadrent les victimes. Plus loin, un gardien de la paix et probablement un chauffeur de bus observent la scène. Enfin, on aperçoit les victimes juives. Elles sont environ une vingtaine, avant tout des femmes, certainement en train de débarquer les dernières affaires. On distingue assez nettement une fillette, adossée au mur du Vel d’Hiv. L’étoile jaune sur son vêtement est visible.
2. Fuir et se cacher
B. Echapper aux rafles et aux arrestations
Quelques jours avant cette rafle du Vel d’Hiv, des rumeurs d’arrestation circulent dans Paris. La sœur d’Hans Helmut MICHEL se cache chez une amie, Marguerite Cottong (devenue Weinberger après son mariage). Cette jeune femme aide plusieurs juifs hongrois et allemands. Hans Helmut, lui, est arrêté avec sa mère mais relâché quelques heures plus tard car il a moins de 16 ans et que sa grand-mère, qui n’a pas été arrêtée car trop âgée, peut s’occuper de lui. En effet, la circulaire secrète de la Préfecture de police datée du 13 juillet 1942 précisait effectivement que la Rafle devait concerner « tous les Juifs des nationalités allemande, autrichienne, polonaise, tchécoslovaque, russe et apatrides , quelque soit leur sexe, pourvu qu’ils soient âgés de 16 à 60 ans (les femmes de 16 à 55 ans) » […] « dans le cas où un membre de la famille bénéficie de la dérogation, les enfants ne sont pas emmenés, à moins qu’ils ne soient Juifs et âgés de 16 ans et plus » ce qui n’est pas le cas d’Hans Helmut MICHEL. Ce dernier a donc échappé une première fois à l’arrestation en raison de son âge et des consignes reçues par les policiers durant cette rafle du Vel d’Hiv. Cependant le 28 décembre 1942, deux policiers français viennent à leur domicile arrêter précisément Hans Helmut et sa sœur. Ils s’enfuient tous deux par la porte de la cuisine et se réfugient chez une voisine à l’étage puis chez leur amie Marguerite. Ils sont ensuite confiés à la sœur Marie Louise et au Père Devaux de la congrégation des Pères et des soeurs de Notre Dame de Sion.
L'exemple de Hans Helmut MICHEL
2. Fuir et se cacher
Il en va de même pour Jacques Halpern. Agé de plus de 16 ans et de nationalité française, il a été relâché après la rafle du Vel d’Hiv contrairement à ses parents de nationalité polonaise et à son frère qui avait moins de 12 ans (à 9 jours près !). Il se retrouve seul et va être confié par l’UGIF (Union générale des Israélites de France, fondée par Vichy en novembre 1941 et seule institution juive autorisée) à l’Ecole de Travail (école israélite fondée en 1852 qui accueille des élèves en apprentissage chez un patron pour devenir des ouvriers qualifiés). Le registre des entrées et sorties de cette école de Travail mentionne bien la présence de Jacques Halpern, apprenti chapelier de nationalité française. Cependant les dates nous interrogent : il est écrit qu’il se serait présenté le 7 juillet 1942 (c’était plus vraisemblablement après la rafle soit le 17 juillet 1942) comme l’indique un courrier interne à l’UGIF daté du 22 juin 1944 « il s’agit d’un jeune qui s’est présenté spontanément demandant son hébergement à la suite de l’arrestation de ses parents ». De même son entrée n’a été consignée qu’après le 10 août 1942, peut-être qu’une autre solution d’hébergement a été cherchée sans succès pour Jacques Halpern durant ces quelques semaines. Le 5 mars 1943, une solution semble enfin avoir été trouvée. Pour « couvrir » Jacques Halpern et l’Ecole de travail, il est noté qu’il a été renvoyé de l’école sur le registre. De même dans le courrier interne à l’UGIF il est mentionné « ce garçon dont les parents sont déportés, séjourna à l’Ecole jusqu’au 5 mars 1943, date à laquelle il disparut sans donner de nouvelles et fut signaler au commissariat... ». En effet, il était urgent de trouver une autre solution d’hébergement pour Jacques Halpern car des rafles avaient déjà eu lieu en février 1943 dans des maisons de l’UGIF. C’est ainsi qu’il a été confié, lui aussi, au Père Devaux de la congrégation des Pères de Notre-Dame-de-Sion.
L'exemple de Jacques HALPERN
2. Fuir et se cacher
Maison mère de la Congrégation Notre-Dame-de-SIon située au 61 rue Norte Dame des Champs à Paris
La maison mère de cette congrégation, située à Paris, est un lieu de rencontre de la résistance catholique. En France, elle aide les familles en danger à franchir la ligne de démarcation ou à fuir en Suisse, clandestinement. Les sauvetages s’accélèrent après l’été 1943. Cachant les enfants dans ses pensionnats ou dans des familles d’accueil, elle coopère avec des réseaux de sauvetage juifs et chrétiens et fournit de nouvelles identités aux enfants. C’est ainsi que Hans Helmut MICHEL devient Jean BONNET, que Jacques HALPERN devient Jacques DUPRE et que Maurice SCHLOSSER devient Maurice SABATIER après avoir été confié à la congrégation notre Dame de Sion par son père Arthur SCHLOSSER début 1943. Le père Devaux tenait les listes des enfants placés qu’il cachait sous les marches de l’autel de sa chapelle. Au printemps 1944, il y avait 404 noms sur cette liste mais pas les noms de ces trois enfants. Le pensionnat des sœurs de Sion fut un refuge provisoire, peu d’enfants étaient cachés dans Paris même.
Cour du Petit-Collège à Avon
Le Père Devaux était donc en contact avec le Père Jacques qui, après avoir longuement hésité, accepte de recueillir ces trois enfants à Avon. A leur arrivée à Avon, ces trois enfants sont logés chez Madame Jourdain au 20 rue de la Charité. Celle-ci témoigne : « le Père Jacques m’a demandé de prendre trois élèves en pension. Pendant trois semaines, ces enfants ont couché ici. Mais on ne les voyait pas beaucoup : ils partaient au collège le matin de bonne heure et rentraient tard le soir. Le Père Jacques ne nous avait pas dit que les enfants étaient Juifs. Je ne me doutais de rien. Un jour, le Père Jacques est venu : « je vous reprends ces trois enfants et je vous donne ce jeune homme là. » C’était Maurice. J’ai mieux connu Maurice puisqu’il est resté chez nous jusqu’à la fin ». Après ces trois semaines passées chez Mme Jourdain, ces trois enfants intègrent l’internat du Petit-Collège. Le maire d’Avon Rémy Dumoncel ainsi que le secrétaire de mairie Paul Mathéry ont aidé à cacher ces enfants juifs notamment en leur fournissant de fausses cartes d’alimentation.
2. Fuir et se cacher
Réussir à s'échapper ! L'exemple de Maurice BAS
Le « Maurice » auquel Mme Jourdain fait référence est Maurice BAS. Maurice et Simon Bas sont deux frères d’une fratrie de cinq enfants d’origine juive polonaise venue en France dans les années 1920. Maurice est né à Varsovie en 1924 tandis que son frère Simon est né à Paris en 1929. Tous deux ont obtenu la nationalité française. En 1942-1943, la famille doit se cacher car les risques d’arrestation sont de plus en plus importants. Maurice et Simon ont, eux aussi été recueillis par la congrégation de Notre-Dame-de-Sion puis confiés au Père Jacques. Ils se cachaient sur les noms de Maurice et Lucien Lefèvre et n’étaient pas élèves au Petit-collège ce qui d’ailleurs les a sauvé. Ils faisaient de petits travaux comme aider M. Poisson , chargé de l’économat, c’est-à-dire de la cantine. Pressentant un danger imminent, le Père Jacques conseille à Maurice Bas de faire repartir son frère Simon sur Paris ce qui lui permet d’échapper à l’arrestation du 15 janvier 1944. Quant à Maurice, il est toujours présent au Petit-Collège à cette date. Il parvient à s’enfuir en se cachant dans l’infirmerie, et en demandant à masquer l’entrée de sa cachette en entreposant quelques bûches de bois. Puis profitant du vacarme lié à la fermeture du Petit-Collège, il s’échappe en bleu d’ouvrier par le jardin et enjambe le mur qui communique avec le collège des filles Uruguay France. Il se réfugie chez M. Poisson, et le soir, retourne chez Mme Jourdain. Le lendemain, il va retrouver sa famille à Paris avant de partir en Suisse où il finira la guerre. Ces deux enfants, Maurice et Simon Bas ont donc réussi à échapper à la déportation et ont survécu.Maurice BAS témoigne : «C’était Mère Louisa qui m’avait donné son adresse. Elle était Supérieure à Notre-Dame-de-Sion à Paris. Elle a caché cinq cents enfants ! J’avais de faux papiers au nom de « Maurice Lefèvre ». le Père Jacques avait donné son prénom à mon frère : « Lucien Lefèvre ». Quand le père a eu des inquiétudes, il a demandé à mon frère de trouver une autre cachette. J’ai téléphoné à une amie de Paris qui est venue le chercher. Moi je suis resté au collège. Je travaillais, je faisais différentes choses. J’avais une petite chambre de l’aure côté de la rue. Je ne couchais pas au collège. »
2. Fuir et se cacher
Hans Helmut MICHEL, Maurice SCHLOESSER, Jacques HALPERN, Maurice et Simon BAS ont donc réussi à échapper à l’arrestation, à résister à la déportation en se cachant, en changeant d’identité. Ile se devaient d’être discrets, de ne pas évoquer leurs familles, leurs origines et d’adopter leurs nouvelles identités… Hans Helmut MICHEL et Maurice BAS ont aussi réussi à s’échapper, à s’enfuir alors qu’ils risquaient d’être arrêtés et déportés. Ces cinq enfants ont donc véritablement RESISTER A LA DEPORTATION du mieux qu’ils ont pu. Mais ces enfants n’étaient pas seuls. Ils ont pu compter sur l’aide de nombreuses personnes (la voisine des MICHEL, Marguerite Cottong, le Père Devaux, Mère Louisa, Mme Jourdain, le Père Jacques, Rémy Dumoncel, Paul Mathéry, le directeur de l’Ecole de Travail Georges Lewitz, M. POISSON…) qui les ont aidés à se cacher et donc ont eux aussi RÉSISTER À LA DÉPORTATION de ces enfants, parfois au péril de leur vie comme en témoignent les arrestations de messieurs Bunel, Dumoncel, Mathéry, Lewitz…
3. Entrer en résistance
A. Pourquoi le Père Jacques est-il devenu Résistant ?
Premièrement, le Père Jacques a toujours été contre l’idéologie nazie qu’il considère comme contraire au message de l’Evangile. Il écrit après les accords de Munich en septembre 1938 « les gestes d’ignoble brutalité accomplis par les gouvernements actuels d’Allemagne et d’Italie sont écoeurants ». Durant la bataille de France au cours de laquelle il s’est battu et a été fait prisonnier à Lunéville, il fait preuve de patriotisme et digère mal la défaite française de 1940. Il défend la liberté, appelle à la résistance spirituelle et culturelle. Il écrit à destination des ses élèves dans le bulletin du Petit-Collège intitulé En famille ! en mai 1942 : « Chacun de vous est une portion de France. En vous cultivant intellectuellement, en vous sanctifiant, en formant en vous une volonté solide, c’est un peu de la France que vous améliorez, que vous sanctifiez. Aimez ardemment votre pays vivant et se redressant en vous et par vous. » Ce texte peut-il être considéré comme un appel à la résistance, un refus de l’armistice, de l’occupation.Deuxièmement, le Père Jacques a été profondément choqué par la politique antisémite et collaborationniste du régime de Vichy. Son premier acte de résistance sera de permettre à Lucien Weil, ancien professeur de sciences naturelles juif, de venir enseigner au Petit-Collège. Lorsque la synagogue de Fontainebleau est incendié, il aide les Juifs à déblayer et nettoyer les lieux. Troisièmement, le Père Jacques a aussi connaissance de faits de Barbarie de la part de l’occupant nazi qui l’ont profondément marqué en mai 1942. Sur la base de dénonciation, les Allemands arrêtent 6 pères de famille (cinq hommes d’Avon et un de Thomery) qui se sont rendus coupables de braconnage pour nourrir leurs femmes et nombreux enfants. Ces 6 braconniers ont été fusillés. Cette affaire a soulevé une immense émotion à Avon même si avec la censure cet évènement n’a pas été relaté dans la presse de l’époque. Enfin, le STO (service de Travail obligatoire qui oblige les jeunes hommes français à partir travailler en Allemagne) est une mesure très impopulaire. Le Père Jacques n’hésitera pas à cacher des réfractaires au STO.
3. Entrer en résistance
B. Faire partie d’un réseau de Résistance
Le Père Jacques est en lien avec Rémy Dumoncel, le maire d’Avon et Paul Mathéry, le secrétaire de mairie. L’équipe municipale d’Avon se compose aussi de Léon Guéneau et Lucien Canus qui s’occupent des cantines scolaires et du ravitaillement (point sensible dans le contexte de pénuries liées à la guerre), Aristide Roux et Charles Ziegler qui sert d’interprète aux Allemands. Toutes ces personnes faisaient partie d’un réseau de résistance appelé Vélite-Thermopyles. Ce réseau a été fondé en octobre 1940 par des Normaliens afin de recueillir et fournir aux Alliés des renseignements militaires, économique (transport, productions afin de prévoir des sabotage) et politiques (opinion publique) sur l’Occupation allemande. En avril 1942, Clément Jacquiot qui travaille à l’ONF accepte d’être chef de groupe d’information dans la région de Fontainebleau. Avec l’aide de Clément Ballen de Guzman, tout un réseau de résistance s’organise à Fontainebleau qui comprend une cinquantaine de membres. Le père Jacques y entre le 1er mai 1942. Vers la fin 1942, le Père Jacques est approché par Françoise Leclercq, mère d’un élève, pour rejoindre le comité directeur du mouvement communiste intitulé « front national » mais le Père Jacques refuse car les fréquents aller-retours à Paris éveilleraient les soupçons. Il propose donc le Père Philippe qui acceptera la mission. Le réseau d’Avon est spécialisé dans le refuge et l’évasion. Ils fournissent des faux « Ausweiss » avec le cachet officiel de la Kommandatur de Fontainebleau. Charles Ziegler intercepte le renseignement et le transmet à Rémy Dumoncel, Paul Mathéry ou au Père Jacques. Paul Mathéry ou Lucien Canus préparent les faux papiers (cartes d’identité et carte d’alimentation), le petit collège sert de cachette le temps d’organiser l’évasion vers la zone libre. Le réseau Vélyte Thermopyle est rattaché au BCRA (Bureau Central de Renseignement et d’Action) à Londres à partir de 1943.
3. Entrer en résistance
Le Père Jacques est aussi en lien avec les Ancelles de Sion qui ont placé dans la région de Fontainebleau une centaine d’enfants juifs. Le 13 janvier 1944, le Père Jacques demande à la famille Paillard de prendre le père de Maurice SCHLOSSER comme ouvrier agricole. Paul Mathéry, Rémy Dumoncel et le Père Jacques sont très surveillés. L’ajointe de Paul Mathéry parle trop, notamment à l’abbé Vayer qui est contre la résistance et proche de Jean Couëlle, principal collaborateur bellifontain qui livre des noms à la Gestapo et aide Korf à lutter contre la résistance. Dès octobre 1943, le Père Jacques a des craintes pour les 3 enfants juifs scolarisés au Petit-Collège. Il essaie de les placer ailleurs mais ne trouve personne qui accepte de les recueillir. Début janvier 1944, le Père Jacques, de plus en plus inquiet, fait une avance de salaire aux professeurs ayant en charge une famille, au cas om le collèe ne soit fermé suite à son arrestation (ce qui se produira). Alors qu’il sait qu’il va être arrêté, l’agent informateur RX 3 280 du réseau Vélyte continue ses actions de résistance. Le Père Jacques ne craint pas la mort. En janvier 1944 il écrit à son frère « si je suis fusillé, réjouissez-vous car j’aurai réalisé mon idéal : donner ma vie pour tous ceux qui souffrent. » De même Paul Mathéry, sachant qu’il allait être arrêté n’a pas envisagé de fuir pour ne pas mettre en danger sa famille. Le 15 janvier 1944, ils sont tous deux arrêtés par la Gestapo comme en témoigne ce rapport de la gendarmerie daté du 18 janvier 1944 pour fausses identités et camouflages de Juifs.
3. Entrer en résistance
Cette note des renseignements généraux de Seine et Marne rédigée à Melun le 19 janvier 1944, est un peu plus précise sur les faits reprochés à Paul Mathéry (vente de cartes d’alimentation et établissement de fausses cartes d’identité) et au père Jacques (Lucien Bunel) qui a été arrêté pour avoir également fourni de fausses cartes d’identité mais aussi pour avoir cacher des enfants juifs et aider à l’évasion des réfractaires au STO.
3. Entrer en résistance
Autres sources qui nous renseignent sur leurs actes de résistance, ces états signalétiques élaborés en février 1946 par la mairie :
Sur cette fiche de Paul Mathéry, on apprend qu’il s’est évadé de Suisse en 1940. Il a aussi pris une part active dans l’établissement de fausses cartes d’identité et de cartes d’alimentation pour des réfractaires et de Juifs d’Avon. Élément moins connu, il a aussi hébergé des Alsaciens (lui même étant originaire d'Alsace).
3. Entrer en résistance
Sur cette fiche signalétique de Lucien Bunel, on voit qu’il a semblé important de rajouter des précisions dans un second temps sur le rôle et l’engagement du Père Jacques dans ses actions de résistance. En effet, d’abord simplement mentionné pour l’aide qu’il a apporté à 3 juifs et pour faire passer des réfractaires en Espagne et en Angleterre afin qu’ils rejoignent la France libre, il a été ajouté que Lucien Bunel a également aidé d’autres juifs en les employant au Petit-Collège. Mais il aurait aussi aidé des communistes et des Franc-maçons. Enfin, son rôle de résistant par son attitude exemplaire et inspirante durant sa propre déportation a été ajouté : « toujours été très opposé aux idées nazies, il organisait des conférences lorsqu’il était prisonnier à Lunéville au début de la guerre, dans les camps de déportation, il maintenait très haut le moral des hommes par ses valeurs personnelles et son inlassable dévouement fraternel. Il était adoré de tous ceux qui le connaissait». Cela montre une reconnaissance de l’action de résistance du père Jacques DURANT sa déportation.
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
Résister PENDANT la déportation pour empêcher la déshumanisation
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
Suite à une dénonciation très précise, la Gestapo débarque au Petit-Collège d’Avon le 15 janvier 1944 pour arrêter le Père Jacques, Hans Helmut MICHEL, Jacques, HALPERN et Maurice SCHLOSSER. Sur le temps du midi, la famille Weil, juive, est également arrêtée. Les trois enfants juifs et la famille Weil sont conduits au siège de la Sipo-SD au 21 rue Delaunoy à Melun. Ils y restent 3 jours. Des tortures ont sans doute été pratiquées sur l’un des enfants juifs.
Etape 1 : l’arrestation et la prison de Melun
Ce rapport du 18 janvier relate l’arrestation de 5 jeunes gens dont 3 juifs, élèves ou surveillants du Collège des Carmes à Avon. Cependant l’identité de ces trois garçons n’est pas mentionnées. Ce rapport sera complété le lendemain par cette note de renseignements qui dévoile la fausse identité des 3 enfants juifs et leurs âges.
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
Le 18 janvier, les 3 enfants et la famille Weil sont transférés au camp de Drancy comme en attestent ces documents de transfèrement ci dessous :
Ces deux billets de transport SNCF datés du 18 janvier 1944 témoignent du transport de 16 adultes (gendarmes et israélites) de la gare de MELUN à la gare du BOURGET DRANCY, puis du BOURGET DRANCY vers la gare de MELUN pour seulement 6 adultes (les 10 israélites ayant été laissés à Drancy).
Ce rapport écrit le 18 janvier 1944 et reçu par la préfecture de Seine et Marne le 24 janvier 1944 nous informe sur l’identité des 9 israélites transférés de Fontainebleau à Drancy. On retrouve le nom des trois enfants et de Lucien Weil, de sa mère et de sa sœur et de la famille Feigelmann. On remarque qu’il n’y a que 9 noms alors que les billets de transport supposaient la présence de 10 israélites et 67 gendarmes. Peut-être un gendarme est-il resté à Drancy ?
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
L’arrestation de la famille Weil apparaît sur cet autre document daté également du 19 janvier 1944 où il est bien précisé que ces trois personnes sont de « race juive » :
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
A leur arrivée au camp de Drancy, les Juifs d’Avon se font enregistrer sous les matricules 11697 à 11702 ce qui montre qu’ils sont arrivés ensemble à Drancy. Ils remettent ensuite argent et bijoux contre un reçu, leur faisant ainsi croire qu’ils récupèreront leurs biens. Le carnet de fouille n°60 montre là encore que les Juifs d’Avon étaient groupés pour la fouille. Ils sont dépouillés de tout, parqués et gardés par des officiers français sous les ordres des Allemands. Peur, crainte, morosité s’emparent des Juifs dans ce camp bondé. Les trois enfants et la famille Weil restent à Drancy du 18 janvier au 3 février 1944. Le 3 février 1944 à 9h, les Juifs d’Avon sont emmenés à la gare de Bobigny. Ils ont résisté aux conditions d’internement du camp de Drancy et ont réussi à rester ensemble.
Etape 2 : le camp de Drancy
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
Etape 3 : le convoi 67, le transfert vers Auschwitz
D’après les listes de déportés, nous savons que le convoi 67 part de Drancy le 3 février 1944. Les noms de WEIL Irma, WEIL Lucien et WEIL Fernande ainsi que le nom des trois enfants d’Avon, HALPERN Jacques, SCHLOSSER Maurice et MICHEL Jean figurent à la suite les uns des autres sur cette liste (numéros 751 à 756). Cela nous montre que les Juifs d’Avon sont restés ensemble depuis leur arrestation le 15 janvier 1944, ce qui les a rassurés et laissés dans l’ignorance du sort qui les attendait : ils allaient à Pitchipoi (mot utilisé par les Juifs pour une destination inconnue).
Liste des déportés du convoi 67 parti le 3 février 1944 de Drancy vers Auschwitz
https://collections.yadvashem.org/fr/deportations/5092638
Le train est manœuvré par les ingénieurs et les conducteurs de la SNCF jusqu'à la nouvelle frontière franco-allemande puis l'équipe française est remplacée par du personnel des chemins de fer allemands de la Reichsbahn.
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
Etape 3 : le convoi 67, le transfert vers Auschwitz
Nous nous sommes servis des témoignages de Raphaël Esrail et de Claudine Hess recueillis en 1988 afin de connaître les conditions de déportation durant ce convoi. En effet, Raphaël Esraïl (résistant juif arrêté le 8 janvier 1944 à Lyon) et Claudine Hess ont fait partie du même convoi 67 et figurent parmi les rares rescapés. Ainsi ils témoignent de leur trajet en train : ils étaient entassés à 60 dans des wagons à bestiaux prévus pour 8 chevaux ou 40 hommes, ils étaient dans le noir. Ils n’avaient pas à manger et très peu d’eau. Ils étaient si serrés qu’ils ne pouvaient pas s’asseoir tous en même temps. Ils peinaient à respirer car il y avait peu d’air. Ils n’avaient plus de pudeur car ils devaient faire leurs besoins devant tout le monde dans un seau. Il y a eu tout de même deux arrêts « sanitaires », pour vider les seaux. Ces arrêts sont également l’occasion de rançonner les passagers : «Deux évasions ayant eu lieu, le gendarme allemand nous ordonne de lui remettre toutes nos cigarettes en représailles, et menace de fusiller dix hommes du wagon par évasion. Plus tard, il nous dépossèdera de nos montres-bracelets : c’est le pillage organisé » témoigne Léon Ichbiah. Ces rumeurs d’évasion témoignent de la volonté de résistance de ces déportés. Dès la première nuit, il y a eu des morts.
Le corps et l’esprit des déportés devaient donc RESISTER à ces conditions de déportations extrêmement difficiles et inhumaines. Les Juifs d’Avon sont arrivés vivants à Auschwitz, ils ont donc résisté à ces 3 jours de trajet dans le treizième wagon du convoi 67. Ce convoi 67 était constitué d’environ 1200 personnes : seulement 160 hommes et 49 femmes sont restés pour travailler et tous les autres ont étés gazés dès leur arrivée.
Wagon témoin installé au mémorial de la déportation du camp de Drancy
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
Etape 4 : l’arrivée à Auschwitz
A la sortie du train, les déportés étaient éblouis par les projecteurs, les chiens aboyaient, les SS leurs criaient dessus en allemand et il faisait froid.La sélection commence… Ce convoi était constitué d’environ 1200 personnes : seulement 166 hommes et 49 femmes sont « sélectionnés » pour travailler dans le camp. Ils reçoivent les matricules 173228 à 173393 pour les hommes et de 75125 à 75173 pour les femmes. Ces numéros sont tatoués sur l’avant bras gauche et constitueront leur nouvelle identité. Il faudra donc résister à la déshumanisation volontairement orchestrée dans les camps. Sur ces 215 déportés du convoi 67 sélectionnés pour travailler, seuls 26 survivront dont Louise Alcan dont voici le témoignage sur son arrivée à Auschwitz.
Les 985 autres déportés du convoi 67, dont les 6 Juifs d’Avon ont été, dès leur arrivée, envoyés vers la chambre à gaz ce 6 février 1944.
L'enfer de Birkenau 6 février 1944 (témoignage de Louise Alcan)C'est le six février que j'arrive, mais où ? Le train est arrêté depuis très peu de temps. Nous apercevons, à travers les fentes du wagon, des baraques à l'infini, de la neige, des barbelés et des corbeaux. Puis nous voyons aussi des bagnards, des hommes en habits rayés, l'air fatigué, avec des gestes d'automates, des regards absents. Ce sont sans doute nos camarades de demain. Brusquement, la porte s'ouvre, des S. S. apparaissent et nous crient des ordres d'une voix gutturale. Il s'agit de descendre vite si l'on ne veut pas recevoir de coups. Mais ces vieillards et ces gosses peuvent-ils descendre vite dans la neige et la boue ? Les vieilles femmes tombent et se relèvent péniblement, toutes sales et trempées, les gosses hurlent et les mères ne veulent pas laisser les sacs dans lesquels il y a le lait des petits. On nous dit de déposer nos bagages, que nous les retrouverons. Stéphane et moi descendons les dernières du wagon avec nos bagages quand même à la main. On nous oblige à les laisser en tas avec ceux des autres. Les S. S. nous crient de faire vite: « los, los ». Combien de fois l'entendrons-nous ! On nous fait mettre en rang. On sépare les hommes des femmes. A Drancy, l'on avait dit que les familles resteraient ensemble ! Au loin, nous apercevons des gens qui montent sur des camions. Sans doute vont-ils ailleurs. A un moment, nous arrivons devant un S. S. qui nous fait passer, Stéphane et moi, à gauche, alors que toutes les autres s'en vont à droite. Pourquoi ? Il fait très froid, je perds un soulier dans la boue neigeuse ; alors j'enfile mes sabots. On nous fait ranger par cinq. On nous emmène à pied vers le camp. Nous sommes 49 femmes. Je suis scandalisée de voir partir des hommes en camion alors que nous allons à pied. Nous passons devant un poste d'aiguillage sur lequel je lis ce nom : « Auschwitz ». Plus de doute. Nous sommes dans ce trop fameux camp dont personne né revient. Tous ceux que connais qui y sont partis n'ont pas donné de nouvelles. C'est un camp d'extermination.
1. Les déportés juifs : résister jusqu’à l’extermination
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
A. résister en prison : « il faut des prêtres dans les prisons »
Paul Mathéry et le Père Jacques sont arrêtés le 15 janvier 1944 par le SS Wilhelm Korff de la Gestapo de Melun. Ils sont amenés rue Damesme à la prison de Fontainebleau. En prison, les tortures sont fréquentes, les membres de la Gestapo sont des brutes : coups de poings, coups de pieds, supplices de la baignoire, des lanières de cuir, pendaison par les bras retournés, chaussures doublées de clous, impossibilité de s’asseoir pendant plusieurs nuits… Paul Mathéry a lui même été torturé, mais il a RÉSISTÉ, il n’a pas parlé. Pour le père Jacques, les conditions de détention ne sont pas si strictes : il a accès à des livres, à des colis, il peut lire, prier, il reçoit un petit autel portatif lui permettant de célébrer la messe secrètement et en l’absence des SS, grâce à la complicité des gardes il reçoit même la visite du Père Philippe et d’un de ses élèves du Petit-collège. Le Père Jacques dégage une aura exceptionnelle : ce fameux Korff, chef de la Gestapo, ne le torture pas ; il semble subjugué par sa personnalité. Il dira de lui : « Quel homme ! Il n’a qu’un défaut : celui de n’être pas nazi ». En effet, le Père Jacques n’a pas peur de la mort, il tient tête à Korff : « Plutôt que de tuer des pères de famille, de faire des veuves et des orphelins, prenez moi et fusillez moi ».
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
Alors que son Provincial œuvre pour sa libération, le Père Jacques refuse et souhaite rester auprès de ses camarades prisonniers « il faut des prêtres dans les prisons si vous saviez ! » « Je ne veux pas partir, il y a trop de malheureux, trop de souffrance, je le sens, il faut que je reste » confie-t-il. Le Père Jacques a conscience du rôle important qu’il joue auprès des autres détenus, il rassure, calme, organise des conférences et devient un soutien psychologique précieux. La cellule de prison du père Jacques devient un centre de charité et de fraternité. Il remonte le moral de son co-détenu communiste M. Guimard et partage avec lui ses paniers de victuailles envoyés par la Supérieure des religieuses de Saint Joseph de Cluny.
« il est certain que si je suis sorti vivant de cet enfer, le moral que le Père Jacques a su me forger n’y est pas pour rien ». M. Guimard
«Son influence, son coeur, sa gaieté et son humeur toujours égales ont été pour moi le plus grand bienfait de toute ma détention » Charles Meyer, autre codétenu
Cela n’empêche pas que le Père Jacques, après deux mois d‘emprisonnement, est très amaigri, le visage décharné, les yeux creux. Les conditions de détention ne sont donc pas si faciles. Mais il RESISTE ! Il résiste à la souffrance, à la délation, à la dépression et aide ses co-détenus par son attitude positive, bienveillante, généreuse (partage de ses colis). Il est d’un réconfort soutenant et essentiel pour les autres prisonniers et les aide à tenir bon, il ne cherche pas à obtenir de passe-droit et à être libéré de prison car il se sent utile auprès de ces hommes qui souffrent.
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B. Résister dans les camps de transit : le camp de Royallieu
Le 6 mars 1944, le Père Jacques et Paul Mathéry sont transférés au camp de Royallieu près de Compiègne. Là encore, le Père Jacques se met au service des autres, distribue aux détenus les plus faibles le contenu de ses colis et ne garde rien pour lui, se rapproche des communistes avec lesquels ils nouent de sérieuses relations de confiance malgré leurs opinions antireligieuses…Le Père Jacques aide tout le monde quelques soient leurs idées politiques et leur foi. Il est très populaire. Avant son arrivée à Royallieu, il y avait déjà 6 prêtres, seulement 3 ou 4 personnes assistaient à la messe. Quelques jours après l’arrivée du Père Jacques, plus de 200 détenus assistaient à sa messe. La foi du père Jacques rayonnait, transmettant un sentiment de joie, de puissance et de paix. Il organisa des cours de catéchisme, très vite le baraquement est trop petit pour accueillir tous ceux venus écouter le Père Jacques parler de mariage, d’éducation des enfants, de foi… Mais un jour, un SS arrive en pleine conférence et cette aura, cette influence du Père Jacques sur des centaines de détenus ne lui plaît pas du tout. Il interdit les messes, les conférences, les chapelets.
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C. Résister dans le camp de représailles de Neue Bremm
Dès le 28 mars, le Père Jacques est envoyé ailleurs, il quitte le camp de Royallieu pour le camp de représailles de Neue Bremm à Sarrebruck dans lequel il reste du 29 mars au 20 avril. Ce camp se caractérise par la torture sadique infligée par les SD pour mater l’esprit de résistance des détenus : privation de nourriture, de sommeil, exercices physiques alors que les détenus sont faibles et épuisés, appels interminables dans le froid, humiliation, violences, noyades, détenus dévorés par des chiens… A Neue Bremm, si les détenus ne sont pas directement assassinés, ils sont condamnés à mourir d’épuisement en 3 semaines. Sur les 50 détenus du convoi du Père Jacques, il ne reste que 7 survivants, dont le Père Jacques, le 20 avril. Le Père Jacques résiste, sa part d’humanité et sa foi résistent, il lance même dans le projet de s’occuper de l’infirmerie pour prendre soin des malades ce qui au départ lui vaut coups et insultes mais finit par lui être accordé. Très souvent, le père Jacques donnait sa ration de nourriture, déjà bien mince (un bol d’eau chaude et 2 cuillères de poudre de légumes) aux malades, au péril de sa vie il volait des médicaments, des restes de nourritures… Le Père Jacques alla même jusqu’à demander à rester à Neue-Bremm ce qui lui a été refusé. Il avait survécu déjà 3 semaines dans cet enfer, était-il possible d’y survivre plus longtemps ?
Bassin du quartier homme du camp de Neue-Bremm autour duquel avaient lieu les « exercices » et tortures.
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D. Résister dans les camps de concentration : Mauthausen, Melk, Gusen
Paul Mathéry a été transféré à Mauthausen directement depuis le camp de Royallieu le 6 avril 1944. Il envoie une lettre à sa femme datée du 6 avril 1944 où il explique que les Avonnais restent ensemble (sauf le Père Jacques), et vont être déportés en Allemagne ce jour. Il termine sa lettre par un « Vive la France », signe que l’esprit de résistance l’habite toujours.
Note de Paul Mathéry à sa femme et à sa fille, envoyée depuis le camp de Royallieu le 6 avril 1944. 326J1
Arrivé à Mauthausen, il fut mis en quarantaine puis transféré au kommando de Melk, une annexe de Mauthausen située à une vingtaine de kilomètres. L’objectif de ce camp était la construction d’une usine souterraine de roulements à billes pour le compte de l’entreprise Steyr-Daimler-Puch AG. En un an, quatorze mille quatre cents furent affectés à Melk, et sept mille travaillèrent en permanence sur le chantier, à partir de juillet 1944, un flux régulier d’arrivants compensant les « pertes » causées par les conditions de travail et de vie. Le 7 juillet 1944, P. Mathéry envoie une lettre à sa famille dans laquelle il affirme être en bonne santé. Le nom du camp A. K. Me qui apparaît sur la carte peut, en effet, désigner l’annexe de Melk. Paul Mathéry ne survécut que quelques mois à ces difficiles conditions de déportation, il meurt le 2 août 1944, atteint de dysenterie. Jean Ecole, un déporté ayant connu Paul Mathéry et le Père Jacques à Compiègne, a assisté aux derniers instants de Paul Mathéry à l’infirmerie de Melk. Il affirme que Paul Mathéry a gardé « jusqu’au bout son courage de Français et de chrétien » et qu’il avait « gagné l’estime de ses camarades de déportation mais aussi d’un sous officier allemand ». On apprend par Charles Meyer que le corps de P. Mathéry fut transféré à Mauthausen car le crématoire de Melk ne fonctionnait pas encore. Paul Mathéry résista donc durant de longs mois à ces conditions de déportation sans perdre son patriotisme et son courage.
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
Le père Jacques fut, lui aussi, envoyé à Mauthausen cependant il n’y a pas retrouvé Paul Mathéry. Les 20-21 et 22 avril, le Père Jacques est enfermé dans un train roulant vers l’Est. Les déportés ne pouvaient pas en descendre ni pour se ravitailler, ni pour faire leurs besoins, ni pour se dégourdir les jambes. Le 22 avril au soir, Le père Jacques arrive au camp de concentration de Mauthausen. Dans ce camp, à la violence des SS s’ajoute ici la cruauté des kapos. Les nouveaux venus sont mis en quarantaine durant un mois, entassés à 300 ou 400 dans des baraquements prévus pour 50. Jamais le Père Jacques ne se plaignit, souvent, il allait réconforter les camarades découragés. Il résiste et aide les autres à résister par sa foi, par son humanité, par sa bonté d’âme, par ses paroles de réconfort à ces mauvais traitements mais aussi par sa résistance à la déshumanisation voulue par ces camps. Dans ces lieux, l’humanité est niée, la vie semble sans valeur et peut être retirée en une seconde, le désespoir des détenus est profond. D’après Henri Boussel (résistant du réseau « étoile » déporté à Mauthausen en mars 1943), il y avait dans ces camps une réelle volonté de supprimer toute résistance « il y avait des sévices directs contre toute manifestation de l’intelligence, contre ceux qui voulaient maintenir un certain moral, un certain état d’esprit auquel les nazis faisaient une chasse effrénée. Ils chassaient les prêtres et tous les intellectuels ». Le camp de Mauthausen est particulièrement violent. Il s’agit alors pour les détenus de résister physiquement et moralement contre l’immense machine nazie qui veut à tout prix les broyer. Le Père Jacques est un appui pour les autres mais lui même trouve appui dans la prière et la foi qui lui apportent une énergie prodigieuse.
Entrée du camp de Mauthausen
Les SS forçaient les détenus déjà épuisés à "jouer" à saute-mouton
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Le 18 mai 1944, après le mois de quarantaine, le Père Jacques est affecté au camp de Gusen I, situé à 5km de celui de Mauthausen. 12 heures de travail par jour sous la menace des SS et des kapos qui font pleuvoir les coups. Mais le Père Jacques va bénéficier de la fraternité du camp et de l’aide d’Henri Boussel qui côtoie les détenus polonais qui occupent les postes importants dans le camp. Il réussit ainsi à faire transférer le Père Jacques à l’usine d’armement Steyr plutôt qu’aux travaux de terrassement pour la construction de réservoirs d’eau. Ainsi les conditions de travail sont moins pénibles. De plus, cette place au contrôle qualité permettait au Père Jacques de résister en sabotant ou en mettant au rebus le plus de pièce possible afin de freiner la production d’arme de l’Allemagne. Cette place permettait également au père Jacques de recevoir du monde.
Entrée du camp de Gusen
Henri Boussel témoigne : « Le Père Jacques avalait rapidement sa maigre pitance et se mettait à la disposition de tous ceux qui, clandestinement, voulaient le voir. « il confessait tellement qu’il prenait même sur le peu de repos qu’il pouvait avoir après ses 12h de travail » « Il n’a pris aucun moment de loisir vraiment à lui. Il allait confessait, donnait des cours de catéchisme, faisait des conférence sur le clergé en France, répondait aux questions des communistes... » « Il désirait qu’une franche sympathie s’établissent entre tous les prisonniers ».
Par trois fois (Noël 1944, 1er janvier 1945 et paques 1945), le Père Jacques réussit à dire une messe clandestine au péril de sa vie car le moindre exercice religieux était interdit. Un détenu polonais, qui y a participé, témoigne : « Sur le visage de tous, le recueillement et l’attention »
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
Louis Deblé, étudiant parisien témoigne lui aussi : « ce calme et ce sang-froid permanent au milieu de gens constamment affolés et agités furent certainement une des qualités les plus caractéristiques du Père Jacques au camp de concentration ; j’aimais être à côté de lui, car il forçait par son attitude à rester calme ; quand on discutait avec lui, on n’avait plus l’impression d’être au camp » « notre petit groupe qui entourait le Père Jacques a toujours lutté contre l’esprit « gunésien » c’est-à-dire barbelisé… Nous ne parlions jamais de notre faim, de notre fatigue, de nos peurs… Nous n’avons jamais cessé de tenir haut l’esprit, de lutter contre cette dépréciation spirituelle qui courait le camp, nous n’avons pas été contaminés par le vent de terreur, de brutalité, d’ordure qui soufflait dans notre vie quotidienne parce que le Père Jacques était là, près de nous, aidant ceux qui n’en pouvaient plus, relevant ceux qui tombaient, donnant même son pain à ceux qui avaient faim... Le Père Jacques a toujours voulu rester avec nous, connaître toute les douleurs, nous aider à les supporter. Il ne nous a pas lâché, il en est mort, c’est pour nous qu’il est mort afin que nous vivions ! »
Chaque matin le Père Jacques se rendait au « revier » c’est-à-dire à l’infirmerie. « Ses visites furtives étaient pour le malade le seul breuvage et je puisais à cette source miraculeuse les conditions de ma propre victoire sur le déclin définitif » témoigne Roger Heim.
Ainsi par sa générosité, son dévouement, le Père Jacques sauva la vie de plusieurs détenus qui ont ainsi pu survire et être libérés.
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
De janvier à avril 1945, la famine emporta des milliers de prisonniers. Sans compter la grande tuerie, le gazage en masse de tous les faibles, infirmes… orchestrée par les SS en réponse à l’arrivée imminente des Alliés pour la libération du camp de Mauthausen. Le 28 avril, tous les Français de Gusen ont été rassemblés et envoyés à Mauthausen pour être rapatriés par la croix rouge et échangés en Suisse contre des Allemands faits prisonniers durant la campagne de France. Un colis de la croix rouge a été donné aux prisonniers qui se sont rués sur cette nourriture comme des animaux. Nombreux sont morts de cet excès de nourriture. Le 28 avril donc ces prisonniers français parcourent les 5 km vers Mauthausen dans des conditions difficiles et à bout de force. Malheureusement, les camions de la croix rouge étaient déjà partis et ne sont pas revenus avant 10 jours. Les déportés sont restés à Mauthausen sans nourriture, dans le froid, épuisée par la marche et ces années de déportation… Le 5 mai le camp est libéré par les Américains.
Photo : La libération du camp de Mauthausen par la 11e division blindée de la 3e armée des États-Unis, 1945. © Mémorial de la Shoah/ coll. NARA.
2. les déportés résistants : résister jusqu'à la libération ?
Le Père Jacques tomba malade. Il avait de la fièvre, ne mangeait pas la maigre ration quotidienne. Malgré tout il fut désigné comme président du comité français du camp pour la défense de leurs intérêt. Il travailla alors 18h par jour à ses nouvelles fonctions mais la fièvre ne le quittait pas.Le 6 mai 1945, le Père Jacques, atteint d’une broncho-pneumonie accepte enfin de se rendre à l’infirmerie. Le 10 mai, Mme de Crespin dit de La Susse, une résistante française, organise le transfert du Père Jacques à Linz pour le faire soigner. Le 20 mai, il reçut l’extrême onction. Il est atteint de tuberculose et est transféré à l’hôpital de Saint-Élisabeth de Linz en Autriche. Le 2 juin, le médecin s’étonne de sa « résistance remarquable » mais il décède à 23h30.
Le Père Jacques a donc bien résisté jusqu’à la libération, il est mort libre. La libération étant arrivée, il s’est autorisé à se laisser gagner par l’épuisement et la maladie car il avait accompli sa mission : aider, accompagner, sauver et alléger les souffrances de nombreux camarades déportés.
Des funérailles sont organisées le 4 juin par les Carmes de Linz puis son corps fut rapatrié en France et inhumé le 26 Juin 1945 au couvent d'Avon.
Résister APRES la déportation pour résister à l'oubli
1. Témoigner
2. La Reconnaissance des actions de résistance
3. Commémorations et devoir de mémoire
Résister APRES la déportation pour résister à l'oubli
1. Témoigner
Il a parfois fallu plusieurs dizaines d’années pour que les langues se délient et que les témoins de la Shoah racontent ce qu’ils ont vécu. Ainsi les témoignages de Lore Tourtebatte (sœur de Hans Helmut MICHEL), de Guy de Voguë (ancien élève au Petit-Collège), de Raphaël Esrail(rescapé du convoi 67), de Jean Gavard, de Jean Cayrol, de Henri Boussel (déportés à Mauthausen), de Maurice BAS (qui a réussi à s’échapper du Petit collège le 15 janvier 1944) … ont été précieux pour reconstituer les itinéraires des déportés d’Avon. Le Père Philippe de la Trinité (supérieur des Carmes) publie un recueil de témoignages pour reconstituer la vie du Père Jacques dès 1947 et Jacques Chegaray, qui a connu le Père Jacques également, rédige sa biographie en 1988.Louis Malle, lui, a choisi la fiction pour exorciser ce souvenir terrible de son enfance. En effet, lui-même élève au Petit-Collège, il était un camarade de Hans, Jacques et Maurice et élève du Père Jacques. Il a donc décidé de raconter leur histoire dans le film « Au revoir les enfants » en 1988.
Tous ces témoignages ont donc permis au Père Jacques et aux trois enfants déportés d’Avon de ne pas tomber dans l’oubli.
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2. La Reconnaissance des actions de résistance
Il a fallu plusieurs dizaines d’années pour retrouver l’identité des 3 enfants d’Avon déportés ainsi que leur histoire et leur photographie. Les identifier a été une façon de reconnaître leur existence et de rendre hommage à leur tentative de résistance à la déportation.
A. Identifier
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2. La Reconnaissance des actions de résistance
Dans l’immédiat après guerre, la ville d’Avon et le Petit-Collège sont reconnus pour leurs actions dans la Résistance. Ainsi, la mairie d’Avon cite le Petit -Collège des Carmes d’Avon pour la croix de la libération. Le préfet de Seine et Marne cite la ville d'Avon et le Petit-Collège pour la médaille de la Résistance auprès du premier ministre le 10 juillet 1946. Le 11 novembre 1948, la ville d’Avon reçoit la croix de guerre avec étoile d’argent.
B. Accorder des titres honorifiques
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2. La Reconnaissance des actions de résistance
B. Accorder des titres honorifiques
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2. La Reconnaissance des actions de résistance
C. Le titre de « Juste parmi les nations »
Le titre de « Juste parmi les nations » a été créé en 1953 par la Knesset, parlement israélien, et le mémorial de Yad Vashem (Institut pour la mémoire de la Shoah) à Jérusalem. Cette distinction rend hommage aux personnes non juives qui, dans les territoires occupés par les nazis, ont choisi de sauver des Juifs en danger, au péril de leur vie. Ce titre est la plus haute distinction civile attribuée par l’État d’Israël. A Avon, ce titre a été décerné à : -Lucien Bunel (le Pére Jaques de Jésus) le 17 janvier 1985-Paul Mathéry (secrétaire de la mairie d’Avon) le 21 janvier 2002-Rémy Dumoncel (maire d’Avon) le 17 janvier 1985En tout, 4206 Français ont été reconnus « Justes parmi les nations ». Des arbres, symboles du renouveau de la vie, ont été plantés autour du mémorial de Yad Vashem dans l’allée des Justes ou au jardin des Justes en l’honneur de ces Justes.
Allée des Justes à Jérusalem
Chaque Juste reçoit une médaille qui porte cette citation du Talmud « quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier »
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3. Commémorations et devoir de mémoire
Dès octobre 1945, la rue de la charité devient la rue Père Jacques.
Très récemment, le 17 janvier 2024, une salle du lycée François Ier a été nommée la salle Lucien Weil avec l’installation sur la porte de la salle de cette plaque commémorative.
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3. Commémorations et devoir de mémoire
Plusieurs plaques commémoratives à Avon rappellent cette tragique histoire locale (collège de la Vallée, couvent des Carmes, cimetières, mairie...)
Dans la cour du couvent des Carmes en janvier 1965
Dans le hall de mairie d'Avon
Au cimetière d'Avon
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3. Commémorations et devoir de mémoire
Des cérémonies de commémoration sont régulièrement organisées par les frères Carmes comme lors des 70 ans ou 80 ans de l’arrestation du Père Jacques.
cérémonie de commémoration organisée le 15 janvier 2014 à l'occasion des 70 ans de l'arrestation du Père Jacqeus
Le mémorial Père Jacques a été inauguré le 2 juin 2021
La Ville d’Avon organise chaque année le 2 juin la « fête des Justes » dans un soucis de commémoration pour ces Avonnais qui ont reçu le Titre de Justes parmi les nations.
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3. Commémorations et devoir de mémoire
De récentes publications contribuent également à faire connaître cette histoire et participent ainsi au devoir de mémoire : en 2019, Jean Trolley et Camille W. De Prévaux ont publié une bande dessinée intitulée Au revoir les enfants, la véritable histoire du Père Jacques.
Enfin, dès 1961, le CNRD, concours national de la Résistance et de la Déportation a eu pour ambition de faire travailler les élèves sur l'histoire de leur département, de leur faire approcher la démarche de l'historien, le recours aux sources et de faire d'eux des "passeurs de mémoire". ..
Documents de présentation :
Dès le mois de septembre, notre professeur d’histoire, Mme Morales, nous a présenté ce qu’était le CNRD car nous ne connaissions pas. Elle nous a proposé de travailler sur le thème de cette année : « résister à la déportation en France et en Europe » et d’utiliser l’histoire locale afin de traiter ce sujet. C’est ce qui nous a motivés à nous inscrire à ce concours. Les premiers cours du CNRD ont eu pour but de nous présenter le contexte de la Seconde guerre mondiale, de la Collaboration et de la Résistance car nous ne l’avions pas encore fait en classe. Ensuite, le 10 novembre, nous sommes allés visiter le mémorial Père Jacques. Maryvonne Braunschweig et le frère Robert nous ont expliqué l’histoire des déportés d’Avon. Nous avons trouvé cela très intéressant et cela nous a donné envie de continuer dans le projet. Nous voulions en apprendre plus sur cette histoire et sur la Seconde guerre mondiale en général.
Première visite du mémorial le 10 novembre 2023
Nous avons ensuite étudié le film de Louis Malle « Au revoir les enfants » ce qui nous a permis de mieux nous imaginer le quotidien des élèves au Petit-collège.
Au début du mois de février, nous sommes retournés avec toutes les classes de troisième du collège au mémorial Père Jacques à Avon. Nous nous sommes alors transformés en « guide » et avons pu guider nos camarades dans le mémorial, répondre à leurs questions, les aider à répondre à leur questionnaire… Il était agréable d’avoir ce savoir en plus et de pouvoir leur transmettre ce que nous avions appris.
Deuxième visite le mardi 6 février durant laquelle nous avons guidé et aidé nos camarades.
En analysant le thème de cette année, « résister à la déportation en France et en Europe », nous avons d’abord eu l’idée de réaliser une grande carte d’environ 1,5m sur 1m afin de représenter les itinéraires parcourus par les déportés d’Avon. Cela permettait d’inclure la dimension européenne, d’allier le travail d’histoire à la géographie et de travailler le langage cartographique. Nous voulions tracer les itinéraires sur la carte avec des bandeaux lumineux actionnés par un bouton afin de rendre la carte/maquette interactive. Cela nous aurait permis également de travailler des compétences avec le professeur de technologie. Nous voulions également créer des grands panneaux avec les 3 thèmes principaux : résister AVANT la déportation afin d’y échapper, résister PENDANT la déportation pour survivre physiquement et moralement et enfin résister à l’oubli APRES la déportation. Malheureusement, le règlement du CNRD imposait que les dimensions du colis ne dépassent pas 50cm. L’envoi d’une vidéo de la carte / maquette ne nous convenait pas vraiment car cela aurait été peu lisible et cela enlevait le côté interactif que nous voulions. C’est alors que nous avons eu l’idée de créer un site internet. Cela nous a permis de travailler des compétences informatiques que l’on pourra réutiliser pour la réalisation d’exposés ou de l’oral du DNB par exemple.
Pour réaliser nos recherches, nous nous sommes répartis le travail : chacun a choisi un itinéraire et des thèmes. Nous avons eu accès à des livres empruntés à la médiathèque d’Avon et à celle de Fontainebleau, mais aussi à des livres prêtés par Mme Braunschweig et par le couvent des Carmes. Nous avons eu accès à des documents envoyés par les archives départementales. Nous avons aussi utilisé internet mais nous nous sommes rendus compte que tout ne s’y trouvait pas contrairement à ce que nous pensions ! Ce concours nous a donc appris à diversifier nos sources, à chercher dans des livres et des documents d’archives, à synthétiser, à rédiger.Travailler sur ces itinéraires nous a également permis de distinguer les itinéraires des Juifs déportés qui sont passés par Drancy et qui étaient destinés au camp d’extermination d’Auschwitz et les itinéraires de ceux qui les avaient aidés, qui eux étaient déportés pour leurs actions de résistance. La destination et le traitement des déportés n’étaient pas les mêmes : les résistants ne sont pas voués à l’extermination à Auschwitz, ils sont d’abord amenés dans le camp de Royallieu près de Compiègne puis envoyés dans des camps de concentration comme Mauthausen. Ainsi les Allemands faisaient clairement la distinction entre les déportés juifs et résistants, dans leur idéologie, il était moins « grave » d’être résistant que Juif. Nous avons pu aussi en apprendre davantage sur les motivations et les actions des résistants à partir d’un exemple précis ainsi que sur les conditions de déportation. Participer à ce concours nous a donc permis de découvrir notre histoire locale que nous ne connaissions pas et de rendre l’histoire plus concrète et plus proche de nous.
7 rue Felix Herbet 77300 Fontainebleau01 64 22 58 22
CNRD catégorie 4(épreuve collective, classe de troisième)
Enzo Berkani 3A Charlotte Camus 3AMila Durand Pfaffenberger 3ANéo Goncalves 3A Stellyne Fidol 3BClarisse Hanczyk 3B Abigayle Sweeny 3CMme Morales, professeur d'histoire-géographie, EMC
Sources utilisées :
Publications
Documents vidéo
Documents d'archives
Sites internet
Les publications :
- Père Philippe de la Trinité, le Père Jacques de Jésus, martyr de la charité, Desclée de Brouwer, études Carmélitaines, 1946- Michel CARROUGES, le Père Jacques, au revoir les enfants, « collection épiphanie », cerf, 1988- Jacques CHEGARAY, Un carme héroïque, la vie du Père Jacques, Nouvelle cité, 1988- Maryvonne BRAUNSCHWEIG et Bernard GIDEL, Les déportés d’Avon, Au revoir les enfants, La Découverte, 1989- Maryvonne BRAUNSCHWEIG, Fontainebleau Avon,1940-1945 : à travers plaques, stèles et monuments, faits de résistance, répression, persécutions, SEZD, 2003- Didier-Marie GOLAY, Le don de soi, jusqu’au bout, Père Jacques de Jésus, colloque de mai 2015, éditions du Carmel, 2020- Le Père Jacques, résistant, Lettre du comité Père Jacques de Jésus ,° 41, 2023- bulletin de l’association des naturalistes de la vallée du Loing, avril 1950- Renée Wathier Dans Archives Juives 2001/1 (Vol. 34), pages 136 à 137 Éditions Les Belles lettres- « Lucien Weil (1902 - 1944), Au Collège des Carmes avec l’étoile jaune » Article de Maryvonne Braunschweig publié dans la lettre du comité du père Jacques n°38, 2020- « Les frères Maurice et Simon BAS, deux jeunes juifs au collège des carmes d’Avon en 1943 », Article de Maryvonne Braunschweig publié dans la lettre du comité du père Jacques n°38, 2020
Documents d'archives :
Consultés aux archives départementales (AD77)
Fonds :- M11409- Fonds Paul Mathéry 326J
Documents vidéo :
- Les enfants du Père Jacques, documentaire de Claude Elkaïm et de Michel Fresnel, 1990- Au revoir les enfants, Louis Malle, 1987- La Rafle, Roselyne Bosch, 2010
Sites internet :
- carte tirée du site https://ww2.ac-poitiers.fr/hist_geo/spip.php?article127- sur la rafle du Vel d’Hiv : https://ehne.fr- camp d’Auschwitz : https://www.yadvashem.org/fr/shoah/a-propos/solution-finale/camp-dextermination-dauschwitz-birkenau.html- le camp de Drancy : https://drancy.memorialdelashoah.org/le-memorial-de-drancy/qui-sommes-nous/histoire-de-la-cite-de-la-muette.html- les Justes parmi les nations : https://yadvashem.org- le convoi 67 : https://collections.yadvashem.org/fr/deportations/5092638- camp de Royallieu : https://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/la-rafle-des-notables-et-le-camp-de-royallieuhttp://www.memoirevive.org/royallieu-compiegne-frontstalag-122/- camp de Neue-Bremm : https://www.jugendserver-saar.de/fileadmin/user_upload/fe_editor/4f6ffe13a5d75b2d6a3923922b3922e5/Flyer_Neue_Bremm_franz.pdf- camp de Mauthausen : https://fondationdeportation.files.wordpress.com/2018/02/memoire-vivante37.pdf
Merci à ...
- Mme Maryvonne Braunschweig pour ses interventions auprès des élèves et l’aide apportée- Frère Robert et le couvent des Carmes pour leur accueil chaleureux et le prêt des documents- Les archives départementales du 77 (Olivier Plancke et le pôle médiation et action éducative )pour l’envoi de documents d’archives- Mme Da Costa, principale du collège pour avoir soutenu le projet- Mme Guillerault, Mme Mangin et Mme Morales professeures d’Allemand, de Technologie et d'histoirepour leur aide et précieux conseils