Procès Paul Touvier

Le procès Paul Touvier

Un procès pour l'histoire et la mémoire ?

Paul Touvier (1915-1996)

Présentation

• Paul Touvier était un homme politique français qui a été membre de la Milice pendant la Seconde Guerre mondiale. Il était responsable de nombreuses atrocités, notamment l'arrestation et la déportation de Juifs et de résistants.

• Condamné à mort par contumace à Lyon et à Chambéry, il est arrêté fortuitement à Paris en juillet 1947 mais parvient à s'évader.

De quoi est-il accusé ?

Un collaborateur dans l'Histoire Du crime contre l'humanité ?

Les premières plaintes pour crimes contre l'humanité sont déposées à Lyon en 1973,

lorsque l'on découvre qu'il est responsable de l'assassinat de sept Juifs au cimetière de de Rillieux-la-Pape, et une information judiciaire est ouverte en 1979.

Le mandat d'arrêt lancé contre lui en novembre 1981 conduit à son arrestation en mai 1989 dans un prieuré intégriste de Nice.

Malgré de nombreuses complications judiciaires, Touvier est jugé en mars et avril 1994 par la cour d'assises des Yvelines

Le procès

Commedu procès de Klaus Barbie (1987), celui de Paul Touvier en 1992 suit le mouvement des jugements tardifs des crimes de la Seconde Guerre mondiale.

Paul Touvier comparaît alors devant la cour d'assises des Yvelines à Versailles, du 17 mars au 20 avril 1994, pour complicité de crime contre l'humanité.

Configuration et débats

Au terme des débats, Touvier est condamné, comme Klaus Barbie, à la réclusion criminelle à perpétuité le 20 avril 1994. Le procès a lui aussi été intégralement filmé . Par la suite, le 1er juin 1995, son pourvoi(appel devant une juridiction supérieure) est rejeté par la Cour de cassation. Paul Touvier meurt d'un cancer de la prostate généralisé à la prison de Fresnes le 17 juillet 1996, à l'âge de 81 ans.

Conclusion

Configuration de la Cour d'assises

Paul Touvier est conduit jusqu’à une cage de verre, dispositif inédit dans un procès en France.Henri Boulard comme président et Maître Jacques Trémolet de Villers comme avocat de P.Touvier. On recense aussi la présence de témoins comme Pierre Lesage, ancien membre de l’état-major des Forces françaises de l’intérieur (FTP) qui contextualise davantage encore le procès ou bien Alain Jakubowicz qui lui va jusqu’à présenter Barbie et Touvier comme « alter ego ». Le procès durera au total 108 heures.

Les débats du procès

Les débats provoquèrent de la gêne : en effet, l’arrêt de la Cour de cassation supposait qu’on pouvait poursuivre un Français qui avait commis un crime pour le compte de l’Allemagne ; mais que si ce Français n’avait fait qu’obéir à Vichy, il était absous.

Depuis vingt ans, l’accusation avait réuni des preuves que Touvier agissait sur ordre de Vichy, et Touvier se défendait en disant qu’il n’avait agi que sous la contrainte du chef de la Gestapo, de plus, des témoins qui avaient affirmé lors de l'instruction que Touvier agissait de son propre chef ou appliquait des ordres de Vichy, dirent au procès qu’il obéissait aux Allemands. Mais l’extrémisme idéologique certain de Touvier facilita les choses avec l'accès à son journal de fuite découvrant son antisémitisme; finalement c'est la défense de Paul Touvier qui servit à le faire condamner.

REVENIR

Le procès de Paul Touvier restera alors gravé dans la mémoire collective, non seulement par son titre historique quant à l'accusation pour crimes contre l'humanité, mais aussis une manière de rendre hommage à la Résistance et aux crimes qui ont été commis, même 50 ans plus tard. Il symbolise la quête de la justice ainsi que la nécessité de préserver la vérité, comme le souligne Henry Rousso, historien français spécialiste de la France de Vichy, dans cette citation :

« Paul Touvier a été condamné. Et c'est bien ainsi. La France aura eu son procès pour crime contre l'humanité : on ne l'accusera plus de fuir son passé, à moins de se montrer d'une mauvaise foi considérable. Il n'en reste pas moins que Paul Touvier a sans doute été condamné sur un mensonge. Il est vrai que c'était le sien. »

Henry Rousso

Le 29 juin 1944 au matin, Henri Gonnet, un milicien aux ordres de Paul Touvier choisit parmi la dizaine de prisonniers juifs sept d'entre eux.

Ces sept hommes juifs sont emmenés dans une camionnette au cimetière de Rillieux où ils sont alignés contre un des murs d'enceinte (Chemin du cimetière) puis fusillés à la mitraillette, vers 5 h 30 du matin3. Jean Reynaudon se charge ensuite de tirer une balle dans la nuque de chacun d'eux.

Ce crime est celui qui a valu à Paul Touvier une condamnation pour complicité de crimes contre l’humanité.

Un crime contre l'humanité est une incrimination créée en 1945 dans le statut du tribunal militaire de Nuremberg, qui s'applique lors d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population » : meurtre ; esclavage ; déportation ; emprisonnement abusif ; torture ; abus sexuels ; persécution de masse ; disparitions ; apartheid, etc. Prévu à l'origine pour s'appliquer sans reconnaître le principe fondamental de non-rétroactivité des lois pénales, l'action contre les crimes contre l'humanité ne reconnaît plus la notion de prescription au-delà de 30 ans.