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SEQUENCE-L'AVARE
robin.bruniaux
Created on February 14, 2024
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Transcript
L'AVARE - L'AVARICE PERD TOUT A VOULOIR TOUT GAGNER
SEQUENCE 4
Séquence 4 : L'Avare L'AVARICE PERD TOUT A VOULOIR TOUT GAGNER
Thématique : Avec autrui : amis, famille, réseaux
Quels sont les codes et les enjeux d'une comédie classique ?
Séance 1 : Molière et la comédie
Objectif : Découvrir Molière et son époque
Introduction
De Jean-Baptiste Poquelin à Molière
Séance 2 - Les personnages
Objectif : lire les didascalies initiales
Activité : Créer une carte mentale résumant les relations familiales
Séance 3 - Confidences entre frère et sœur
Objectif : découvrir le rôle des scènes d’exposition au théâtre
Lecture : L’Avare, acte I, scènes 1 et 2
Lecture : L’Avare, acte I, scène 1.
1. En quelles circonstances Valère et Elise se sont-ils rencontrés ? 2. Par quel stratagème Valère a-t-il pu rester proche d’Elise ?
Lecture : L’Avare, acte I, scène 2.
1. Qu’explique Cléante à sa sœur au début de la scène ? 2. Quel est le projet de Cléante ? 3. Quel portrait de leur père Cléante et Elise font-ils ? Citez le texte pour rédigez votre réponse.
Ecriture : Pour vous, la situation des personnages donne-t-elle envie de rire ? Expliquez.
I, 2
CLÉANTE. Ah ! Ma soeur, il est plus grand qu'on ne peut croire. Car enfin, peut-on rien voir de plus cruel, que cette rigoureuse épargne qu'on exerce sur nous ? Que cette sécheresse étrange où l'on nous fait languir ? Et que nous servira d'avoir du bien, s'il ne nous vient que dans le temps que nous ne serons plus dans le bel âge d'en jouir ? Et si pour m'entretenir même, il faut que maintenant je m'engage de tous côtés, si je suis réduit avec vous à chercher tous les jours le secours des marchands, pour avoir moyen de porter des habits raisonnables ? Enfin j'ai voulu vous parler, pour m'aider à sonder mon père sur les sentiments où je suis ; et si je l'y trouve contraire, j'ai résolu d'aller en d'autres lieux, avec cette aimable personne, jouir de la fortune que le Ciel voudra nous offrir. Je fais chercher partout pour ce dessein de l'argent à emprunter ; et si vos affaires, ma soeur, sont semblables aux miennes, et qu'il faille que notre père s'oppose à nos désirs, nous le quitterons là tous deux et nous affranchirons de cette tyrannie où nous tient depuis si longtemps son avarice insupportable. ÉLISE. Il est bien vrai que, tous les jours, il nous donne, de plus en plus, sujet de regretter la mort de notre mère, et que... CLÉANTE. J'entends sa voix. Éloignons-nous un peu, pour nous achever notre confidence ; et nous joindrons après nos forces pour venir attaquer la dureté de son humeur.
ÉLISE. Vous êtes-vous engagé, mon Frère, avec celle que vous aimez ? CLÉANTE. Non, mais j'y suis résolu ; et je vous conjure encore une fois de ne me point apporter de raisons pour m'en dissuader. ÉLISE. Suis-je, mon Frère, une si étrange personne ? CLÉANTE. Non, ma Soeur, mais vous n'aimez pas. Vous ignorez la douce violence qu'un tendre amour fait sur nos coeurs ; et j'appréhende votre sagesse. ÉLISE. Hélas ! Mon Frère, ne parlons point de ma sagesse. Il n'est personne qui n'en manque, du moins une fois en sa vie ; et si je vous ouvre mon coeur, peut-être serai-je à vos yeux bien moins sage que vous. CLÉANTE. Ah ! Plut au Ciel que votre âme comme la mienne... ÉLISE. Finissons auparavant votre affaire, et me dites qui est celle que vous aimez. CLÉANTE. Une jeune personne qui loge depuis peu en ces quartiers, et qui semble être faite pour donner de l'amour à tous ceux qui la voient. La nature, ma Soeur, n'a rien formé de plus aimable ; et je me sentis transporté, dès le moment que je la vis. Elle se nomme Mariane, et vit sous la conduite d'une bonne femme de mère, qui est presque toujours malade, et pour qui cette aimable fille a des sentiments d'amitié qui ne sont pas imaginables. Elle la sert, la plaint, et la console avec une tendresse qui vous toucherait l'âme. Elle se prend d'un air le plus charmant du monde aux choses qu'elle fait, et l'on voit briller mille grâces en toutes ses actions ; une douceur pleine d'attraits, une bonté toute engageante, une honnêteté adorable, une... Ah ! Ma Soeur, je voudrais que vous l'eussiez vue. ÉLISE. J'en vois beaucoup, mon Frère, dans les choses que vous me dites ; et pour comprendre ce qu'elle est, il me suffit que vous l'aimez. CLÉANTE. J'ai découvert sous main, qu'elles ne sont pas fort accommodées, et que leur discrète conduite a de la peine à étendre à tous leurs besoins le bien qu'elles peuvent avoir. Figurez-vous, ma Soeur, quelle joie ce peut être que de relever la fortune d'une personne que l'on aime ; que de donner adroitement quelques petits secours aux modestes nécessités d'une vertueuse famille ; et concevez quel déplaisir ce m'est de voir que par l'avarice d'un père, je sois dans l'impuissance de goûter cette joie, et de faire éclater à cette belle aucun témoignage de mon amour.
Lecture : L’Avare, acte I, scène 2.
1. Qu’explique Cléante à sa sœur au début de la scène ? 2. Quel est le projet de Cléante ? 3. Quel portrait de leur père Cléante et Elise font-ils ? Citez le texte pour rédigez votre réponse.
Ecriture : Pour vous, la situation des personnages donne-t-elle envie de rire ? Expliquez.
Séance 4 - Harpagon entre en scène
Objectifs : -comprendre la double énonciation au théâtre –comprendre la relation maître / valet au théâtre
Lecture : L’Avare, acte I, scène 3
I]-Harpagon et son valet
1. Quels principaux traits de caractère Harpagon manifeste-t-il dans cette scène ? Pour répondre, appuyez-vous : - Les modes verbaux utilisés dans la première réplique - Les champs lexicaux du vol, de l’avarice et de l’argent - Sur les manifestations de la violence dans les paroles et dans les gestes 2. Montrez en citant le texte que La Flèche se montre insolent envers Harpagon. 3. Comment La Flèche réussit-il à dire à Harpagon ce qu’il pense de lui ? Citez des exemples.
II]-Qui parle à qui ?
1. Relevez les différentes didascalies de la scène. Quels types d’indications fournissent-elles ? 2. Relevez les répliques qui sont prononcées en aparté. Quelles sont celles qui ne sont pas signalées par des didascalies ? 3. Sur quelle hauteur de la voix l’acteur doit-il prononcer ces apartés ?
Définitions
Un aparté : (du latin, a parte = à part), ce sont les paroles qu'un personnage prononce pour lui-même, alors que d'autres personnages sont présents sur scène. Ces paroles entendues des spectateurs constituent de brefs monologues. L'aparté permet à un personnage de commenter ce que dit ou fait un autre personnage.
Didascalies : notes rédigées par l’auteur présentes dans le texte d’une pièce de théâtre qui servent à indiquer la manière de jouer un personnage. Elles indiquent ce que font les personnages, la tonalité, leur attitude. Elles indiquent aussi tous les éléments extérieurs au texte (décor, costumes, les personnages).
I, 3
LA FLÈCHE. Que vous emporterais-je ? HARPAGON. Viens ça, que je voie. Montre-moi tes mains. LA FLÈCHE. Les voilà.
HARPAGON. Hors d'ici tout à l'heure, et qu'on ne réplique pas. Allons, que l'on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence. LA FLÈCHE. Je n'ai jamais rien vu de si méchant que ce maudit vieillard ; et je pense, sauf correction, qu'il a le diable au corps. HARPAGON. Tu murmures entre tes dents. LA FLÈCHE. Pourquoi me chassez-vous ? HARPAGON. C'est bien à toi, pendard, à me demander des raisons : sors vite, que je ne t'assomme. LA FLÈCHE. Qu'est-ce que je vous ai fait ? HARPAGON. Tu m'as fait que je veux que tu sortes. LA FLÈCHE. Mon maître, votre fils, m'a donné ordre de l'attendre. HARPAGON. Va-t'en l'attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison planté tout droit comme un piquet, à observer ce qui se passe, et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires ; un traître, dont les yeux maudits assiègent toutes mes actions, dévorent ce que je possède, et furètent de tous côtés pour voir s'il n'y a rien à voler. LA FLÈCHE. Comment diantre voulez-vous qu'on fasse pour vous voler ? Êtes-vous un homme volable, quand vousrenfermez toutes choses, et faites sentinelle jour et nuit ?
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HARPAGON. Les autres. LA FLÈCHE. Les autres ? HARPAGON. Oui. LA FLÈCHE. Les voilà. HARPAGON. N'as-tu rien mis ici dedans ? LA FLÈCHE. Voyez vous-même. Il tâte le bas de ses chausses. Ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu'on dérobe ; et je voudrais qu'on en eût fait pendre quelqu'un. LA FLÈCHE. Ah !Qu'un homme comme cela mériterait bien ce qu'il craint ! Et que j'aurais de joie à le voler ! HARPAGON. Euh ? LA FLÈCHE. Quoi ? HARPAGON. Qu'est-ce que tu parles de voler ? LA FLÈCHE. Je dis que vous fouillez bien partout, pour voir si je vous ai volé. HARPAGON. C'est ce que je veux faire. Il fouille dans les poches de La Flèche.
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HARPAGON. Je veux renfermer ce que bon me semble, et faire sentinelle comme il me plaît. Ne voilà pas de mes mouchards, qui prennent garde à ce qu'on fait ? Je tremble qu'il n'ait soupçonné quelque chose de mon argent. Ne serais-tu point homme à aller faire courir le bruit que j'ai chez moi de l'argent caché ? LA FLÈCHE. Vous avez de l'argent caché ? HARPAGON. Non, coquin, je ne dis pas cela. À part. J'enrage. Haut. Je demande si malicieusement tu n'irais point faire courir le bruit que j'en ai. LA FLÈCHE. Hé que nous importe que vous en ayez ou que vous n'en ayez pas, si c'est pour nous la même chose ? HARPAGON. Tu fais le raisonneur, je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles. Il lève la main pour lui donner un soufflet. Sors d'ici, encore une fois. LA FLÈCHE. Hé bien, je sors. HARPAGON. Attends. Ne m'emportes-tu rien ? LA FLÈCHE. Que vous emporterais-je ?
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LA FLÈCHE. La peste soit de l'avarice, et des avaricieux ! HARPAGON. Comment ? Que dis-tu ? LA FLÈCHE. Ce que je dis ? HARPAGON. Oui. Qu'est-ce que tu dis d'avarice et d'avaricieux ? LA FLÈCHE. Je dis que la peste soit de l'avarice et des avaricieux. HARPAGON. De qui veux-tu parler ? LA FLÈCHE. Des avaricieux. HARPAGON. Et qui sont-ils ces avaricieux ? LA FLÈCHE. Des vilains et des ladres. HARPAGON. Mais qui est-ce que tu entends par là ? LA FLÈCHE. De quoi vous mettez-vous en peine ? HARPAGON. Je me mets en peine de ce qu'il faut. LA FLÈCHE. Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous ?
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I, 3
Séance 2 : Harpagon entre en scène Objectifs : comprendre la double énonciation au théâtre – comprendre la relation maître / valet au théâtre
HARPAGON. Je crois ce que je crois ; mais je veux que tu me dises à qui tu parles quand tu dis cela.
LA FLÈCHE. Je parle... Je parle à mon bonnet. HARPAGON. Et moi, je pourrais bien parler à ta barrette. LA FLÈCHE. M'empêcherez-vous de maudire les avaricieux ? HARPAGON. Non ; mais je t'empêcherai de jaser, et d'être insolent. Tais-toi. LA FLÈCHE. Je ne nomme personne. HARPAGON. Je te rosserai, si tu parles. LA FLÈCHE. Qui se sent morveux, qu'il se mouche. HARPAGON. Te tairas-tu ? LA FLÈCHE. Oui, malgré moi. HARPAGON. Ha, ha. LA FLÈCHE, lui montrant une des poches de son justaucorps.. Tenez, voilà encore une poche. Êtes-vous satisfait ? HARPAGON. Allons, rends-le-moi sans te fouiller. LA FLÈCHE. Quoi ?
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I]-Qui parle à qui ?
1. Relevez les différentes didascalies de la scène. Quels types d’indications fournissent-elles ? 2. Relevez les répliques qui sont prononcées en aparté. Quelles sont celles qui ne sont pas signalées par des didascalies ? 3. Sur quelle hauteur de la voix l’acteur doit-il prononcer ces apartés ?
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II]-Harpagon et son valet
1. Quels principaux traits de caractère Harpagon manifeste-t-il dans cette scène ? Pour répondre, appuyez-vous : - Les modes verbaux utilisés dans la première réplique - Les champs lexicaux du vol, de l’avarice et de l’argent - Sur les manifestations de la violence dans les paroles et dans les gestes 2. Montrez en citant le texte que La Flèche se montre insolent envers Harpagon. 3. Comment La Flèche réussit-il à dire à Harpagon ce qu’il pense de lui ? Citez des exemples.
HARPAGON. Ce que tu m'as pris. LA FLÈCHE. Je ne vous ai rien pris du tout. HARPAGON. Assurément ? LA FLÈCHE. Assurément. HARPAGON. Adieu. Va-t'en à tous les diables. LA FLÈCHE. Me voilà fort bien congédié. HARPAGON. Je te le mets sur ta conscience, au moins. Voilà un pendard de valet qui m'incommode fort, et je ne me plais point à voir ce chien de boiteux-là.
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Séance 4 - Des plans vite contrecarrés
Lecture : L’Avare, acte I, scènes 4-5
1. Qu’est-ce qu’un coup de théâtre ? Pourquoi assiste-on a un véritable coup de théâtre dans les scènes 4 et 5 ? 2. Quel est le principal argument d’Harpagon pour marier sa fille à Anselme ? 3. Quels différents stratagèmes Valère imagine-t-il pour qu’Elise échappe au mariage voulu par son père ?
Séance d’écriture : Le fantôme de la mère d’Elise intervient et s’oppose à Harpagon. Imaginez ce dialogue sous la forme d’un texte de théâtre.
Séance 5 - Harpagon amoureux
Lecture : L’Avare, II, 5.
II, 5
Molière, L'Avare, II, 5.
HARPAGON. Il faudra voir cela. Mais, Frosine, il y encore une chose qui m'inquiète. La fille est jeune, comme tu vois ; et les jeunes gens d'ordinaire n'aiment que leurs semblables, ne cherchent que leur compagnie. J'ai peur qu'un homme de mon âge ne soit pas de son goût ; et que cela ne vienne à produire chez moi certains petits désordres qui ne m'accommoderaient pas. FROSINE. Ah que vous la connaissez mal ! C'est encore une particularité que j'avais à vous dire. Elle a une aversion épouvantable pour tous les jeunes gens, et n'a de l'amour que pour les vieillards.
HARPAGON. Mais, Frosine, as-tu entretenu la mère touchant le bien qu'elle peut donner à sa fille ? Lui as-tu dit qu'il fallait qu'elle s'aidât un peu, qu'elle fît quelque effort, qu'elle se saignât pour une occasion comme celle-ci ? Car encore n'épouse-t-on point une fille, sans qu'elle apporte quelque chose.FROSINE. Comment ? C'est une fille qui vous apportera douze mille livres de rente. HARPAGON. Douze mille livres de rente ! FROSINE. Oui. Premièrement, elle est nourrie et élevée dans une grande épargne de bouche. C'est une fille accoutumée à vivre de salade, de lait, de fromage et de pommes, et à laquelle par conséquent il ne faudra ni table bien servie, ni consommés exquis, ni orges mondés perpétuels, ni les autres délicatesses qu'il faudrait pour une autre femme ; et cela ne va pas à si peu de chose, qu'il ne monte bien, tous les ans, à trois mille francs pour le moins. Outre cela, elle n'est curieuse que d'une propreté fort simple, et n'aime point les superbes habits, ni les riches bijoux, ni les meubles somptueux, où donnent ses pareilles avec tant de chaleur ; et cet article-là vaut plus de quatre mille livres par an. De plus, elle a une aversion horrible pour le jeu, ce qui n'est pas commun aux femmes d'aujourd'hui ; et j'en sais une de nos quartiers qui a perdu, à trente-et-quarante, vingt mille francs cette année. Mais n'en prenons rien que le quart. Cinq mille francs au jeu par an, et quatre mille francs en habits et bijoux, cela fait neuf mille livres ; et mille écus que nous mettons pour la nourriture, ne voilà-t-il pas par année vos douze mille francs bien comptés ?
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HARPAGON. Elle ? FROSINE. Oui, elle. Je voudrais que vous l'eussiez entendu parler là-dessus. Elle ne peut souffrir du tout la vue d'un jeune homme ; mais elle n'est point plus ravie, dit-elle, que lorsqu'elle peut voir un beau vieillard avec une barbe majestueuse. Les plus vieux sont pour elle les plus charmants, et je vous avertis de n'aller pas vous faire plus jeune que vous êtes. Elle veut tout au moins qu'on soit sexagénaire ; et il n'y a pas quatre mois encore, qu'étant prête d'être mariée, elle rompit tout net le mariage, sur ce que son amant fit voir qu'il n'avait que cinquante-six ans, et qu'il ne prit point de lunettes pour signer le contrat. HARPAGON. Sur cela seulement ? FROSINE. Oui. Elle dit que ce n'est pas contentement pour elle que cinquante-six ans ; et surtout, elle est pour les nez qui portent des lunettes. HARPAGON. Certes, tu me dis là une chose toute nouvelle.
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HARPAGON. Oui, cela n'est pas mal ; mais ce compte-là n'est rien de réel. FROSINE. Pardonnez-moi. N'est-ce pas quelque chose de réel, que de vous apporter en mariage une grande sobriété ; l'héritage d'un grand amour de simplicité de parure, et l'acquisition d'un grand fonds de haine pour le jeu ? HARPAGON. C'est une raillerie, que de vouloir me constituer son dot de toutes les dépenses qu'elle ne fera point. Je n'irai pas donner quittance de ce que je ne reçois pas ; et il faut bien que je touche quelque chose. FROSINE. Mon Dieu, vous toucherez assez ; et elles m'ont parlé d'un certain pays, où elles ont du bien, dont vous serez le maître.
FROSINE. Cela va plus loin qu'on ne vous peut dire. On lui voit dans sa chambre quelques tableaux et quelques estampes ; mais que pensez-vous que ce soit ? Des Adonis ? Des Céphales ? Des Pâris ? Et des Apollons ? Non : de beaux portraits de Saturne, du roi Priam, du vieux Nestor, et du bon père Anchise sur les épaules de son fils. HARPAGON. Cela est admirable ! Voilà ce que je n'aurais jamais pensé ; et je suis bien aise d'apprendre qu'elle est de cette humeur. En effet, si j'avais été femme, je n'aurais point aimé les jeunes hommes.
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Enumérez les inquiétudes d’Harpagon à propos de son mariage avec Mariane et expliquez les arguments de Froisine pour le rassurer.
Arguments de Frosine
Inquiétudes d’Harpagon
Séance 6 - UN DINER PRESQUE PARFAIT
Lecture : L’Avare, III, 1.
1-Tu es invité au dîner d'Harpagon. Quelle chance incroyable ! A partir des informations de cette scène, note sur 10 la qualité du repas, l'ambiance et la décoration. Donne trois arguments pour justifier ta note.2-En vous appuyant sur les répliques d’Harpagon, énumérez les « dix commandements » pour tenir une maison en avare et réussir un maigre souper. Ex : Prenez garde de ne point frotter les meubles trop fort, de peur de les user. 3-Citez des exemples de la flatterie de Valère et de la sincérité naïve de maître Jacques.
Aide : Utilise le futur de l'indicatif qui permet de donner un ordre. Exemple : commandement n°1 : Tu réviseras ta leçon chaque soir. Commandement n°2 : Tu aimeras Stéphane Bern.
II, 5
Molière, L'Avare, III, 1.
HARPAGON. Allons, venez çà tous, que je vous distribue mes ordres pour tantôt, et règle à chacun son emploi. Approchez, Dame Claude. Commençons par vous. Elle tient un balai. Bon, vous voilà les armes à la main. Je vous commets au soin de nettoyer partout ; et surtout prenez garde de ne point frotter les meubles trop fort, de peur de les user. Outre cela, je vous constitue, pendant le soupé, au gouvernement des bouteilles ; et s'il s'en écarte quelqu'une, et qu'il se casse quelque chose, je m'en prendrai à vous, et le rabattrai sur vos gages. MAÎTRE JACQUES. Châtiment politique. HARPAGON. Allez. Vous, Brindavoine, et vous, La Merluche, je vous établis dans la charge de rincer les verres, et de donner à boire, mais seulement lorsque l'on aura soif, et non pas selon la coutume de certains impertinents de laquais qui viennent provoquer les gens, et les faire aviser de boire, lorsqu'on n'y songe pas. Attendez qu'on vous en demande plus d'une fois, et vous ressouvenez de porter toujours beaucoup d'eau. MAÎTRE JACQUES. Oui ; le vin pur monte à la tête. LA MERLUCHE. Quitterons-nous nos siquenilles, Monsieur ?
ÉLISE. Oui, mon Père. [...]
HARPAGON. Valère, aide-moi à ceci. Ho çà, maître Jacques, approchez-vous, je vous ai gardé pour le dernier. MAÎTRE JACQUES. Est-ce à votre cocher, Monsieur, ou bien à votre cuisinier, que vous voulez parler ; car je suis l'un et l'autre. HARPAGON. C'est à tous les deux. MAÎTRE JACQUES. Mais à qui des deux le premier ? HARPAGON. Au cuisinier. MAÎTRE JACQUES. Attendez donc, s'il vous plaît. (Il ôte sa casaque de cocher, et paraît vêtu en cuisinier.) HARPAGON. Quelle diantre de cérémonie est-ce là ? MAÎTRE JACQUES. Vous n'avez qu'à parler.
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HARPAGON. Je me suis engagé, maître Jacques, à donner ce soir à souper.MAÎTRE JACQUES. Grande merveille ! HARPAGON. Dis-moi un peu, nous feras-tu bonne chère ? MAÎTRE JACQUES. Oui, si vous me donnez bien de l'argent. HARPAGON. Que diable, toujours de l'argent ! Il semble qu'ils n'aient autre chose à dire, de l'argent, de l'argent, de l'argent. Ah ! Ils n'ont que ce mot à la bouche : de l'argent. Toujours parler d'argent. Voilà leur épée de chevet, de l'argent. VALÈRE. Je n'ai jamais vu de réponse plus impertinente que celle-là. Voilà une belle merveille que de faire bonne chère avec bien de l'argent. C'est une chose la plus aisée du monde, et il n'y a si pauvre esprit qui n'en fît bien autant : mais pour agir en habile homme, il faut parler de faire bonne chère avec peu d'argent. MAÎTRE JACQUES. Bonne chère avec peu d'argent ! VALÈRE. Oui.
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HARPAGON. Oui, quand vous verrez venir les personnes ; et gardez bien de gâter vos habits. BRINDAVOINE. Vous savez bien, Monsieur, qu'un des devants de mon pourpoint est couvert d'une grande tache de l'huile de la lampe. LA MERLUCHE. Et moi, Monsieur, que j'ai mon haut-de-chausses tout troué par derrière, et qu'on me voit, révérence parler... HARPAGON. Paix. Rangez cela adroitement du côté de la muraille, et présentez toujours le devant au monde. Harpagon met son chapeau au-devant de son pourpoint, pour montrer à Brindavoine comment il doit faire pour cacher la tache d'huile. Et vous, tenez toujours votre chapeau ainsi, lorsque vous servirez. Pour vous, ma Fille, vous aurez l'oeil sur ce que l'on desservira, et prendrez garde qu'il ne s'en fasse aucun dégât. Cela sied bien aux filles. Mais cependant préparez-vous à bien recevoir ma maîtresse qui vous doit venir visiter, et vous mener avec elle à la Foire. Entendez-vous ce que je vous dis ?
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MAÎTRE JACQUES. Par ma foi, Monsieur l'Intendant, vous nous obligerez de nous faire voir ce secret, et de prendre mon office de cuisinier : aussi bien vous mêlez-vous céans d'être le factoton. HARPAGON. Taisez-vous. Qu'est-ce qu'il nous faudra ?
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MAÎTRE JACQUES. Voilà Monsieur votre intendant, qui vous fera bonne chère pour peu d'argent. HARPAGON. Haye ! Je veux que tu me répondes. MAÎTRE JACQUES. Combien serez-vous de gens à table ? HARPAGON. Nous serons huit ou dix ; mais il ne faut prendre que huit. Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix. VALÈRE. Cela s'entend. MAÎTRE JACQUES. Hé bien ! Il faudra quatre grands potages, et cinq assiettes. Potages... Entrées... HARPAGON. Que diable, voilà pour traiter toute une ville entière. MAÎTRE JACQUES. Rôt... HARPAGON, en lui mettant la main sur la bouche. Ah traître, tu manges tout mon bien. MAÎTRE JACQUES. Entremets... HARPAGON. Encore ? VALÈRE. Est-ce que vous avez envie de faire crever tout le monde ? Et Monsieur a-t-il invité des gens pour les assassiner à force de mangeaille ? Allez-vous-en lire un peu les préceptes de la santé, et demander aux médecins s'il y a rien de plus préjudiciable à l'homme que de manger avec excès.
VALÈRE. Je ne me souviens pas maintenant de son nom. HARPAGON. Souviens-toi de m'écrire ces mots : je les veux faire graver en lettres d'or sur la cheminée de ma salle. VALÈRE. Je n'y manquerai pas. Et pour votre soupé, vous n'avez qu'à me laisser faire : je réglerai tout cela comme il faut. HARPAGON. Fais donc. MAÎTRE JACQUES. Tant mieux, j'en aurai moins de peine. HARPAGON. Il faudra de ces choses dont on ne mange guère, et qui rassasient d'abord : quelque bon haricot bien gras, avec quelque pâté en pot bien garni de marrons. VALÈRE. Reposez-vous sur moi.
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Molière, L'Avare, III, 1.
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1-Tu es invité au dîner d'Harpagon. Quelle chance incroyable ! A partir des informations de cette scène, note sur 10 la qualité du repas, l'ambiance et la décoration. Donne trois arguments pour justifier ta note.2-En vous appuyant sur les répliques d’Harpagon, énumérez les « dix commandements » pour tenir une maison en avare et réussir un maigre souper. Ex : Prenez garde de ne point frotter les meubles trop fort, de peur de les user. 3-Citez des exemples de la flatterie de Valère et de la sincérité naïve de maître Jacques. Flatterie de Valère Sincérité de maître Jacques
HARPAGON. Il a raison. VALÈRE. Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c'est un coupe-gorge qu'une table remplie de trop de viandes ; que pour se bien montrer ami de ceux que l'on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu'on donne ; et que, suivant le dire d'un ancien, « il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger ». HARPAGON. Ah que cela est bien dit ! Approche, que je t'embrasse pour ce mot. Voilà la plus belle sentence que j'aie entendue de ma vie. « Il faut vivre pour manger, et non pas manger pour vi... » Non, ce n'est pas cela. Comment est-ce que tu dis ? VALÈRE. « Qu'il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. » HARPAGON. Oui. Entends-tu ? Qui est le grand homme qui a dit cela ?
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Que penses-tu du repas d'Harpagon ?
Tu es invité au dîner d'Harpagon. Quelle chance incroyable ! A partir des informations de cette scène, note sur 10 la qualité du repas et l'ambiance et la décoration. Donne trois arguments pour justifier ta note.
Aide : Utilise le futur de l'indicatif qui permet de donner un ordre. Exemple : commandement n°1 : Tu réviseras ta leçon chaque soir. Commandement n°2 : Tu aimeras Stéphane Bern.
IV, 7
Molière, L'Avare, IV, 7.
Séance 7 : La folie d’Harpagon Objectif : Analyser les caractéristiques d’un monologue
HARPAGON. Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau. Au voleur, au voleur, à l'assassin, au meurtrier. Justice, juste Ciel. Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... Il se prend lui-même le bras. Ah, c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas, mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde. Sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus, je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? Que dites-vous ? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure ; et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne, qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ? De quoi est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l'on m'en dise. N'est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu'ils ont part sans doute au vol que l'on m'a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.
I. Un fou bien agité1) A quoi voit-on qu'Harpagon devient fou ? 2) Relevez les expressions qui montrent qu’Harpagon associe la disparition de son argent à sa mort. 3) Comment Harpagon parle-t-il de son argent ? Quel statut lui donne-t-il ? 4) Relevez toutes les accumulations dans cette scène. 5) Quelles sont celles qui correspondent à une gradation ascendante ?
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II. Du rire aux larmes 1) Quels sont les effets comiques présents dans ce monologue ? 2) Quelles expressions peuvent toutefois susciter un sentiment de pitié à l’égard d’Harpagon ? 3) Pourquoi peut-on dire que le personnage prend une nouvelle dimension dans ce monologue ?
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Molière, L'Avare, IV, 7.
Séance 7 : La folie d’Harpagon Objectif : Analyser les caractéristiques d’un monologue
HARPAGON. Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau. Au voleur, au voleur, à l'assassin, au meurtrier. Justice, juste Ciel. Je suis perdu, je suis assassiné, on m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N'est-il point là ? N'est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin... Il se prend lui-même le bras. Ah, c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas, mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ; et puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde. Sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus, je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ? Que dites-vous ? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure ; et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne, qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ? De quoi est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l'on m'en dise. N'est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu'ils ont part sans doute au vol que l'on m'a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après.
I. Un fou bien agité1) A quoi voit-on qu'Harpagon devient fou ? 2) Relevez les expressions qui montrent qu’Harpagon associe la disparition de son argent à sa mort. 3) Comment Harpagon parle-t-il de son argent ? Quel statut lui donne-t-il ? 4) Relevez toutes les accumulations dans cette scène. 5) Quelles sont celles qui correspondent à une gradation ascendante ?
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II. Du rire aux larmes 1) Quels sont les effets comiques présents dans ce monologue ? 2) Quelles expressions peuvent toutefois susciter un sentiment de pitié à l’égard d’Harpagon ? 3) Pourquoi peut-on dire que le personnage prend une nouvelle dimension dans ce monologue ?
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DEFINITIONS
Didascalies : notes rédigées par l’auteur présentes dans le texte d’une pièce de théâtre qui servent à indiquer la manière de jouer un personnage. Elles indiquent ce que font les personnages, la tonalité, leur attitude. Elles indiquent aussi tous les éléments extérieurs au texte (décor, costumes, les personnages).
Un aparté : (du latin, a parte = à part), ce sont les paroles qu'un personnage prononce pour lui-même, alors que d'autres personnages sont présents sur scène. Ces paroles entendues des spectateurs constituent de brefs monologues. L'aparté permet à un personnage de commenter ce que dit ou fait un autre personnage.