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Transcript

ECHAPPER A L'ARRESTATION

Vivre dans la clandestinité
Dans les Landes
Joseph Moses Gronich
Témoignage
Daniel Prync
Lettre
Gilbert Dupau
Journal d'activités
Dans les Landes
Vivre dans la clandestinité

Dans tous les pays sous leur domination, les Allemands ont utilisé la Déportation comme mesure de répression. Les résistants et les résistantes savent très tôt les dangers qu’ils courent du fait de leur engagement.

LA PRODUCTION DE FAUX PAPIERS

La production de faux papiers est cruciale pour aider celles et ceux menacés par la Déportation. Elle permet de fournir une couverture aux nombreuses populations pourchassées par les Allemands. Les besoins sont tels que l’on passe peu à peu d’une production artisanale à une production quasi industrielle. Des services de fabrication de faux papiers se créent au sein des mouvements de résistance. Il faut des faux papiers pour pouvoir circuler et des cartes d'alimentation pour survivre. En 1942, les cartes d'identité s'achètent vierges dans les bureaux de tabac. Après les avoir remplies, il faut coller une photo, y apposer la signature du maire et de deux autres personnes puis un tampon administratif. Les résistants volent ou demandent des tampons ou des timbres fiscaux en très grand nombre. De nombreux fonctionnaires administratifs détournent les tampons et falsifient les documents. Les cartes d'alimentations quant à elles, après avoir été lavées et repassées, sont redistribuées. Outre les papiers civils, les faux certificats de baptême délivrés à de nombreux Juifs par le clergé permettent le sauvetage en particulier des enfants.

Fausse carte d'identité de Jean Moulin

A AIRE SUR L'ADOUR un groupe de résistance se crée le 6 Avril 1942 lors d’une première réunion secrète chez l’épicier Paul Sarraute en présence de Henri Caillavet (alias Chanel) qui représente le mouvement de résistance Combat de Toulouse. Dirigé par Albert Broqua (entrepreneur de Travaux Publics) ce groupe réunit rapidement Pierre Dauba et Raymond Daudon (garagistes), Joseph Eychenne (contrôleur des impôts), le docteur Carle, René Faix (instituteur), Joseph Bedoura (ouvrier métallurgiste) et forme le groupe aturin des Corps Francs de la Libération.

Albert Broqua

René Faix

Fausse carte d'identité de Joseph Bedoura

Raymond Daudon

Paul Sarraute

En France, parallèlement à ses activités de propagande, le mouvement Défense de la France ajoute en 1942 la production de faux papiers pour les juifs. Les faux papiers furent créés dans un appartement atelier organisé et dirigé par Michel Bernstein et son épouse Monique Rollin. Au début, les techniques employées sont rudimentaires et artisanales. Michel Bernstein ne peut produire que 50 documents par semaine. À partir de février 1943, la production s’intensifie et se diversifie. Environ 12 000 faux tampons émanant de différentes administrations éparpillées sur tout le territoire, sont contrefaits pour permettre la validation de toutes ces « pièces officielles ». Ils produisent aussi des cartes d'alimentation, d'étudiants, des Ausweis, des permis de conduire, des certificats de travail, de démobilisation. Un faux timbre "1,50 fr. Philippe Pétain" est même imprimé par Défense de la France. Un Manuel du faussaire est rédigé afin que ces documents falsifiés soient le plus fidèles possible aux documents officiels et respectent les logiques administratives. Pour éviter à celles et ceux qui les portent d’être démasqués par un détail anodin ou un simple interrogatoire de routine, le mouvement Défense de la France remet avec chaque jeu de faux papiers des notes de renseignements sur les communes censées les avoir produits.

Mais j’ai été arrêté le 21 juillet 1942 vers 14H par la gendarmerie d’Amou, juste avant la ligne de démarcation. Le lendemain, j’ai été transféré à l’hôpital de Lesbazeilles, dans une ville du nom de Mont de Marsan. Le garagiste Suberbielle a été réquisitionné pour mon transport et il reçu 400 francs pour l’aller- retour : tant d’argent pour un jeune juif de 15 ans démuni comme moi ! Les Allemands n’ont-ils pas d’autres priorités ?

Albert Marmande et Jacques Miremont, membres de la jeunesse communiste clandestine, sont responsables d’un groupe FN-FTP très bien structuré dans le secteur de Saint-Martin-de-Hinx. Ils s’occupent notamment de la fabrication de fausses cartes d’identité, avec le cachet de la mairie de Saint-Martin-de-Hinx, pour les résistants vivant dans la clandestinité, par exemple, pour Georgette Roch, agent de liaison. Jacques Miremont, Albert Marmande et son père, Jean Marmande, sont arrêtés le 20 septembre 1942 et incarcérés au Fort du Hâ, quartier allemand à Bordeaux.  Déporté au camp de concentration de Sachsenhausen avec son père le 23 janvier 1943 sous le matricule 58581, Albert Marmande est porté disparu. La dernière lettre que sa mère a reçue était datée du 8 août 1944. Jean Marmande, matricule 58580, transféré le 6 février 1945 à Buchenwald, matricule 31473, a été abattu d’une balle dans la tête par une sentinelle SS à Pösing le 23 avril 1945 lors de la marche de la mort.

8 septembre 1942 : Un jour pire que les autres ! Ce matin le fourgon cellulaire nous a conduits, Georges Randé et moi, au siège de la S.A.P. Les policiers ont commencé par l’interrogatoire de Georges alors que moi, j’attendais mon tour, menotté dans une pièce attenante et attaché au pied d’une table. A midi Georges est sorti et le fourgon nous a ramenés à la prison. Le visage de Georges était tuméfié, il souffrait beaucoup... La colère et la détermination se liseaient sur son visage ! Il n’a donné aucune information ! Il ne parlera pas ! L’après-midi, le fourgon m’a ramené, seul, au siège de la S.A.P. A mon tour de subir ces atrocités... J’étais torse nu, les bras dans le dos, menottes aux poignets. L’inspecteur Célérier m’a serré la tête entre ses cuisses pendant que l’inspecteur Tournadour m’a rué de coups de nerf de bœuf dans le dos et de coups de poing. Je n’ai pas crié, j’essayais de contrôler la douleur et je pensais à ce qu’avait subi Georges le matin même. Après un bon moment, Célérier a enlevé enfin ma tête d’entre ses cuisses et les questions se sont succédées. Je me suis tu... Ma tête était vide... Je ne voulais plus penser. Je ne voulais pas parler... Je ne parlerai pas... Quatre longues heures de tortures... Mon corps n’était que douleur. Arrivé dans ma cellule, je me suis effondré dans les bras de mes compagnons qui m’ont déshabillé et installé sur le seul lit de la cellule. Toute la nuit, ils se sont relayés pour maintenir une serviette humide sur mon dos. Je souffrais de partout, mais j’ai tenu bon, je n’ai pas mis en danger notre réseau !

Le 1er mai a été notre groupe a été chargé du sabotage de l’usine de distillerie de résine de Ponson et le groupe de Souprosse est chargé du sabotage de l’usine de Tartas. Nos actions devaient se dérouler simultanément à minuit. A minuit et quart, notre usine était en flammes ! J’espère que l’autre groupe ne s’est pas fait prendre avant le sabotage... Nous nous sommes dépêchés de nous en aller pour ne pas nous faire attraper. 2 mai : hier après-midi, cinq de nos camarades, déjà en résidence surveillée, se sont faits arrêter par des pourris de la police française ! J’espère qu’ils ne parleront pas ! C'est la survie de notre réseau qui en dépend et notre vie à tous !

Oscar Martin est un résistant communiste de la première heure. Dès juin 1940, âgé de 35 ans et père de six enfants, il récupère des armes et des munitions dans un camp militaire près de son village natal de Salles-sur-Mer, puis il les utilise pour des sabotages, dont le déraillement d’un train de torpilles. En 1942, il devient le responsable départemental des groupes FTP de Charente-Maritime. Il entre en contact avec Jean Laurensan de Mimizan et André Miremont de Sabres. Le 1er septembre 1942, il se rend à Mont-de-Marsan pour y rencontrer le responsable FTP des Landes. Lorsqu’il descend du train à 23 heures, des militaires allemands en patrouille l’interpellent et décident de le conduire à la Feldkommandantur (actuel hôtel de ville) pour vérification d’identité. Dans une rue déserte du centre-ville, Oscar sort son pistolet, blesse un de ses gardiens et s’enfuit en direction de la zone libre. Ne connaissant pas les lieux, il ne réussit pas à franchir la ligne de démarcation. Le lendemain, à la nuit tombée, affamé, il va demander à manger au fermier du Pouy. Celui-ci refuse et envoie son fils prévenir la gendarmerie. Une chasse à l’homme est engagée. Encerclé dans un champ de maïs, Oscar Martin se donne la mort à l’endroit même où s’élève aujourd’hui l’école du Pouy. ”Ils ne m’auront jamais vivant” avait-il promis à ses camarades.

Mars 1942 : nous nous sommes rattachés au Front National et aux F.T.P. (Francs-Tireurs et Partisans). Suite à la rupture du pacte germano-soviétique, nous avons décidé de passer à des actes de résistance plus dangereux et spectaculaires.vie mais c’est pour la bonne cause, c’est pour la France ! Régulièrement, je me rends à Saint-Paul-les-Dax pour récupérer les tracts et les journaux clandestins.Les documents sont entreposés chez Jean Lassalle, à Lencouacq, ou bien arrivent par train en gare de Dax sous forme de bagages accompagnés. Edouard Grégoire, chauffeur d’un camion-citerne, en prend livraison et en assure la répartition, accompagné de deux camarades qui roulent quelques centaines de mètres devant et derrière pour avertir et prêter main forte en cas de danger.

10 mai : cette semaine, la maison de mes parents a été perquisitionnée. Mon ami, Georges Randé, a élaboré un plan plutôt ingénieux : il est artisan-menuisier et il bénéficie d’un laissez-passer pour franchir la ligne de démarcation car son domicile et son atelier se trouvent l’un en Zone libre et l’autre en Zone occupée. Il en profite pour faire circuler tickets de rationnement et tracts militants. 25 mai 1942 : Louis Giret a été arrêté avec une fausse carte d’identité au nom de “Jacques Fourcade”, né le 16 avril 1941 à Mont de Marsan et domicilié à Lugaut-Retjons. Elle a été fabriquée par Marcel Labidalle, le secrétaire de la mairie de Retjons. Suite à l’arrestation de Louis, les policiers ont retrouvé un important matériel de propagande, étiqueté « Jean Lassalle, Lencouacq », c’est une question de temps avant qu’on ne tombe aussi...

En juin 1942, nous avons dû nous rendre à la mairie pour récuperer nos insignes juifs. Je ne supportais déjà pas l’idée que ma fille Aimée, alors âgée de 10 ans, soit obligée de porter cette étoile jaune infamante, à l’école, dans la rue. Mais lorsqu’on m’a remis l’étoile de Colette, qui n’avait même pas 5 ans, je refusais fermement de prendre les deux insigne. Le 13 juillet 1942, au petit matin alors qu’il faisaitencore nuit, nous avons quitté notre domicile, abandonnant nos biens pour rejoindre Pau en zone non occupée à Pau. Nous avons réussi à nous cacher jusqu’à la fin de laguerre et à échapper aux rafles, à la déportation qui a condamné des milliers de juifs vivant en France. Nous sommes revenus nous installer à Tarnos.

4 juin 1942 : Ce matin, j’ai reçu la visite de ma mère Alice qui m’a apporté des objets de toilette et m’a glissé en cachette mon carnet. Puis j’ai été transféré à la prison de Mont de Marsan, j’y ai retrouvé Jean. Ils ont réussi à lui faire cracher mon nom et celui d’Edouard. Il faut dire qu'ils ont menacé d'arrêter sa femme et ses enfants, les brutes ! J’y ai aussi retrouvé Georges. L’après-midi nous avons été transférés tous les quatre à la prison du fort de Hâ à Bordeaux. 19 juin 1942 : Nous avons comparu devant la Cour Spéciale de Bordeaux, accusés de réorganisation de ligue dissoute, de transport et de distribution de presse clandestine. La cour s’est déclarée incompétente pour nous juger. Le soir même, nous avons été transférés dans le quartier allemand du fort de Hâ dans des cellules séparées. De nouveaux chefs d’inculpation ont été retenus contre nous : détention d’armes pour Edouard ; aide et fourniture de fausses cartes d’identité à des militants communistes vivant dans l’illégalité et en fuite pour Georges ; sabotages des usines de Carcen Ponson et Tartas pour moi.

Mais les Nazis et le nouveau régime de Vichy s’acharnaient contre les Juifs. La loi du 16 août 1940 décidée par Vichy m’interdisait d’exercer mon métier. J’ai sollicité une dérogation, mais une enquête du Commissariat Spécial (Polices administratives de Bayonne, Dax et Mont-de- Marsan) a confirmé l’interdiction d’exercer et a recommandé de me retirer la nationalité française. Ayant bénéficié d’avantages de la part de la ville de Tarnos et ma clientèle étant composée presque en totalité de communistes, je devais être considéré comme un dangereux juif. Ainsi le 12 décembre 1940, le préfet Daguerre a lancé la procédure de révision de la naturalisation de ma famille. Heureusement, une autorisation provisoire d’exercer la médecine m’a été accordée et j’ai pu continuer à rendre service à la population de Tarnos.

LES MESURES DE SECURITE

Les résistants et résistantes adaptent leurs comportements aux possibilités de représailles et cloisonnent leurs différentes activités, la vie normale et les actions illégales. Les communications, déplacements et rendez-vous s’entourent de précautions nouvelles. L'utilisation des transports en commun (bus, tramway, métro) et du chemin de fer est dangereuxse pour les résistants car les contrôles y sont fréquents, voire systématiques lors du franchissement de la ligne de démarcation. Cependant, les passages et les transports de matériel clandestins se multiplient, malgré la nécessité de posséder un Ausweis (laissez-passer). L'usage de la bicyclette permet de fuir rapidement et d'y cacher des documents ou objets compromettants (dans le guidon, les roues).

Le 18 août 1942, j’ai été transféré au camp de Mérignac sur ordre de la « Feldkommandantur » de mont de marsan. En tant que mineur, je pouvais être libéré et Mlle Macquart, 26 rue du Pont Louis Phillipe à Paris, a confirmé au directeur du camp qu’elle pouvait m’héberger. Rien à faire ! J’ai ensuite été interné à l’annexe de la « caserne coloniale “, quai de Bacalan à Bordeaux et je suis arrivé au camp de Drancy hier, le 26 août.

Daniel Prync est déporté à Auschwitz par le convoi n° 26 au départ de Drancy le 31 août 1942. Il est vraisemblablement assassiné dans une chambre à gaz à son arrivée le 2 ou 3 septembre 1942. Son frère Nuchim Prync rejoint la résistance, il a été arrêté à Lyon et incarcéré à la prison St-Paul de Lyon, puis déporté en mars 1943 à Sobibor

Du côté des organisations non communistes, l’inexpérience des premiers temps conduit à des imprudences qui ont pu provoquer leur chute. En zone occupée, la plupart de celles créées dès l’automne 1940 tombent au cours de l’année 1941, du fait de la répression. En effet, les « pionniers » de la Résistance, dont l’engagement se développe dès les premiers mois de l’Occupation allemande, ne s’entourent pas de toutes ces précautions de sécurité, non par imprudence mais parce qu’ils n’y sont pas préparés. Ce sont des personnes bien insérées (écrivains, universitaires, officiers, représentants de commerce…) et le plus souvent, elles développent leurs activités résistantes (réunions, fabrication de tracts puis de journaux clandestins) à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Le petit groupe qui se forme dès l’été 1940 au musée de l’Homme autour de la bibliothécaire Yvonne Oddon et de deux linguistes fraîchement naturalisés, Boris Vildé et Anatole Lewitsky, tire ses premiers tracts et la première édition du journal Résistance sur une ronéo qui se trouve dans une cave du palais de Chaillot. Au début de l’année 1941, à la suite de la trahison d’un agent allemand qui a réussi à infiltrer l’organisation, une série d’arrestations touche le groupe du musée de l’Homme, démontrant qu’aucune règle de cloisonnement n’est appliquée

Yvonne Oddon

Boris Vildé

Anatole Lewitsy

Juillet 1940 : j’ai été contacté par Jean Rieu, l’agent de liaison de la Jeunesse Communiste Clandestine, il veut mettre sur pied une organisation sur les structures de l’ancienne U.J.A.F ). C’est une excellente nouvelle.
Octobre 1940 : nous avons réussi à monter la J.C.C. (Jeunesse Communiste Clandestine) dans les cantons de Tartas, de Morcenx, dans la région de Lue. A mes côtés, se trouve René Dupau comme directeur départemental. C’est curieux, nous avons le même nom mais nous ne sommes pas de la même famille ! J’ai reproduit sur une machine à écrire cinquante exemplaires d’un tract dénonçant le pillage de l’économie française par les troupes d’occupation et la collaboration du gouvernement avec les nazis. Nous souhaitons appeler les Français à s’opposer au racisme et à la perte des libertés. J’espère que cet appel à la résistance sera entendu. Nous sommes aussi à la recherche de contacts dans la résistance, nous fabriquons de fausses pièces d’identité et repérons des hébergements pour les clandestins.

23 juin 1942 : J’ai été conduit au commissariat central de la S.A.P. (Section des Affaires Politiques) pour être interrogé par le commissaire Poinsot, ce salaud dont les bureaux ont la réputation d’être des salles de tortures ! Pour me faire parler, Poinsot m’a giflé, encore et encore, alors que son acolyte : l’inspecteur Penot me marchait sur les orteils avec le talon de ses souliers. Vers 18 heures, j’ai signé le procès-verbal qui précisait que je ne reconnaissais pas les faits qui m’étaient reprochés. Poinsot m’a lancé : “tu viens de signer ton arrêt de mort!” 28 août 1942 : Je suis transféré de la cellule 68 à la cellule 73 pour je ne sais quelle raison... Les interrogatoires s’enchainent.

Le 4 août, le procureur de la République de Mont de Marsan m’a fait juger par le tribunal pour « enfants et adolescents » pour “défaut de carte d’identité”, après une demande d’enquête auprès du commissariat de police de notre ancien quartier de la Folie Méricourt à Paris. J’ai été condamné le 11 août à 8 jours de prison avec sursis. Mais sur ordre de la SD de Dax, le préfet a ordonné que je sois remis par la gendarmerie française a la feldgendarmerie de mont de marsan… Quelques heures plus tard, j’ai été incarcéré a la prison de mont de marsan, alors que je n’ai que 15 ans…

Des moyens de communication parallèles sont mis en place pour survivre dans la clandestinité : les agents de liaisons, souvent des femmes ou les plus jeunes pour ne pas éveiller les soupçons, se chargent du transport du matériel ou des informations. Leur mission est périlleuse et les contacts entre agents limités afin d'éviter le démantèlement d'un réseau après l'arrestation d'un de ces membres. La correspondance s’effectue par l’intermédiaire de messages codés déposés dans des « boîtes aux lettres » correspondant à des adresses fictives pour ne pas compromettre les destinataires. Les résistants se réunissent dans des endroits tenus secrets jusqu’au dernier moment. Ces lieux ne sont pas forcément isolés car tout rassemblement dans ce genre d’endroit est susceptible d’attirer l’attention. Le colonel Rémy (Confrérie Notre Dame) a souvent expliqué qu’il ne s’était jamais senti autant en sécurité que lorsqu’il se trouvait dans des restaurants de marché noir fréquentés par les Allemands et donc peu susceptibles de faire l’objet d’un contrôle. Les personnes les plus exposées changent d’identité et adoptent des pseudonymes (Max pour Jean Moulin). Henri Frenay (fondateur de Combat) bascule dans la clandestinité totale en mars 1941 : il adopte plusieurs fausses identités (Henri Francen, Molin, Maurin, Tavernier, Gervais, Charvet, Lefebvre…), il vérifie qu’il n’est pas suivi à chacun de ses déplacements, il transforme sa silhouette en changeant régulièrement de chapeau et de manteau, en modifiant sa coiffure, portant parfois la moustache, utilisant des lunettes avec différentes montures... Lorsqu’un résistant ou une résistante est arrêté, il a pour consigne de tenir vingt-quatre ou quarante-huit heures sans parler s’il est torturé, afin que des mesures de sécurité puissent être prises dans l'intervalle.

Gilbert Dupau est déporté le 24 janvier 1943 au camp de concentration de Sachsenhausen et affecté au Kommando Heinkel. Le 4 avril 1945 il est transféré au camp de Schwarzheide, il a effectué la marche de la mort de Schwarzheide jusqu’à Languenau où il est libéré le 9 mai 1945. Georges Randé est fusillé le 21 septembre 1942, comme otage avec soixanbte-neuf autres résistants au camp de Souge, en représailles d’attentats commis contre les troupes allemandes d’occupation (attentat du cinéma Rex à Paris). Edouard Grégoire comparait fin juillet 1942 devant le Tribunal Militaire allemand pour détention d’armes. Il explique être collectionneur de revolvers et de pistolets, ce qui est confirmé par le maire de Saint-Paul-Lès-Dax. Il est relaxé. Il est libéré le soir même et sous une fausse identité, il entre dans la clandestinité, se cachant dans des conditions de grande précarité. Il rejoint l’Armée secrète de Léon des Landes. Il est l’auteur du spectaculaire sabotage le 15 juillet 1944 provoquant l’incendie du dépôt de carburant de la Standard Française des Pétroles à Dax, détruisant 350 000 litres de carburant en faisant exploser sept cuves.

Devenu docteur en médecine, la municipalité communiste de Tarnos m’a sollicité pour organiser un service médical social, pour les écoles, familles nécessiteuses. Nous nous sommes donc installés avec mon épouse dans cette petite ville des Landes en septembre 1930, logeant dans l’ancien presbytère.

Le 17 février 1932, ma femme donna naissance à notre fille ainée Aimée, puis le 4 juillet 1937 à notre petite Colette. J'étais le plus comblé des hommes, d’autant qu’en avril 1932, j’ai demandé à être naturalisé et obtenu pour toute la famille la nationalité française.

En septembre 1939, mobilisé, j’ai rejoint le 18ème R.I. à Pau comme médecin auxiliaire au 3ème bataillon. En mai 1940 j’ai été fait prisonnier par les vainqueurs allemands et je vivais dans l’inquiétude de me dire que ma femme allait devoir élever nos deux filles toutes seule. Libéré, je suis rentré à Tarnos depuis Verdun le 1er novembre 1940. Dès le lendemain, je me déclarais comme juif auprès de la sous-préfecture de Dax, comme l’exigeait l’ordonnance allemand een zone occupée. Mais je refusais d’apposer à la porte de mon cabinet l’affiche jaune signalant les « entreprises juives”. J’étais français avant d’être juif et je m’étais battu pour mon pays

Le basculement dans la clandestinité des groupes résistants se fait à des rythmes différents selon les contextes propres à chaque pays dominé par les Allemands. En Europe de l’Est, où de nombreuses populations ont vécu sous la domination des grands empires d’Europe centrale jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, une culture clandestine existe déjà, facilitant la réorganisation immédiate des partis politiques, syndicats.... En Europe de l’Ouest, la clandestinité a davantage été un apprentissage. C’est le cas de la France où des formes nouvelles d’organisation (mouvements et réseaux) ont dû être créées pour incarner la Résistance, car les structures traditionnelles se sont soit effondrées, soit ralliées à Vichy. Tout est à inventer. Seul le Parti communiste s’est déjà réorganisé dans la clandestinité, à la suite de son interdiction par le gouvernement Daladier en 1939, au lendemain du pacte germano-soviétique. Des règles très strictes sont imposées pour assurer la sécurité du parti et de ses membres. A la base, chaque militant ne peut connaître que deux autres membres du parti clandestin afin de cloisonner au maximum et d’éviter qu’une arrestation n’en entraîne d’autres en cascade.