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L'oeuvre intégrale

Laurence Mathieu

Created on February 10, 2024

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Transcript

Mercredi 26 novembre 2025

Lire une oeuvre intégrale

Gagner en cohérence

Objectifs

Donner envie à nos élèves de lire

Constuire le sujet-lecteur

Vos questions

Le choix de l'oeuvre

Sommaire

Problématiser

Accompagner la lecture

Différencier

L'apport des neurosciences

Vos questions ?

Faire lire une oeuvre intégrale ?

L'étude de l'oeuvre intégrale...

En 1ère 4 OI sur programme national + 4LC

En 6e : 3 OI issues de la littérature patrimoniale + 3 LC issues de la litt. contempo. ou jeunesse

En 2nde : 5 OI ou sections de recueils de poésie + GT + 2 LC

Au cycle 4 : 3 OI issues de la littérature patrimoniale + 3 LC issues de la littérature jeunesse

Quelles oeuvres ?

Comment choisissez-vous les oeuvres intégrales que vous étudiez avec vos élèves ?

Classiques / Littérature jeunesse ?

Contrainte / plaisir ?

Développer le plaisir de l'étude

"Lire n'est pas répondre à des questions, mais se poser des questions." Catherine Tauveron

En finir avec les questionnaires de lecture.

Ne pas choisir une oeuvre pour illustrer une problématique littéraire.

« Le lecteur, lui, cherche dans les œuvres de quoi donner sens à son existence » T. Todorov, La Littérature en péril, 2007)

Faire de l'élève un interprète, un sujet lecteur.

Choisir des oeuvres qui permettent aux élèves de se questionner.

Choisir des oeuvres qui permettent aux élèves de questionner le monde.

Choisir des textes résistants

Use animage

Ce n'est pas seulement au fil des rues, au gré du vent ou de la brume, de la lumière et de la neige, qu'elle apparaît. Ce n'est pas seulement le long de vieilles façades de maisons à l'abandon, dans des bosquets de lilas ou à flanc de colline, qu'elle manifeste son imprévisible présence. C'est aussi bien dans des lieux clos, - des chambres, des boutiques, des cafés. C'était dans une chambre d'hôte, aux murs tapissés de papier à fleurs. Ce papier était déjà ancien, fané, assez sali et même écorché par endroits. Le rouge et l'orangé des roses peintes avaient bruni, et le fond, qui avait dû être d'un léger jaune paille, s'était encrassé. Ces roses terries, toutes les mêmes et disposées à égale distance les unes des autres, composaient un monotone jardin vertical qui enserrait les quelques meubles en bois sombre. Morne jardin de fin d'automne, quand les fleurs ont perdu leur éclat et s'apprêtent à mourir. Roses sans grâce et sans attrait, n'exhalant plus qu'une très fade odeur. Roses de personne. Et toutes, en leur insignifiance, démultipliaient une impression de vide, d'anonymat, d'ennui profond. D'ennui profond comme l'oubli. Assise à la table de cette chambre d'hôte, je lisais. Une lampe en métal laqué de peinture d'un blanc incertain comme celui d'une coquille d'œuf jetait sur le livre un ovale de lumière, et les objets posés autour du livre striaient la nappe de traits d'ombres obliques. Je fus soudain détournée de ma lecture. Elle était là, postée au bord de la table, immobile autant qu'invisible, mais si présente qu'il était impossible de mettre en doute sa venue. Et il n'était pas davantage nécessaire de chercher à déceler quelque signe visible de sa présence, de scruter l'espace alentour. Elle se tenait bien trop près pour pouvoir se montrer ; plus près qu'elle ne l'avait jamais été. Elle était là, si pleinement et étrangement là, dressée dans sa majesté de mendiante, dans son silence bruissant d'un long et ténu chuchotement de larmes, dans son infinie douceur de pleurante. Elle était là, tout à fait invisible et tout à fait présente, géante immatérielle au cœur très nu et miséricordieux. Comme à chacun de ses surgissements elle ne demeura qu'un instant. Mais cet instant suffit, comme à chaque fois, pour bouleverser le temps et le lieu, pour transformer tout l'espace du visible alentour et détourner la pensée de son cours, pour requérir l'attention du côté de la mémoire. Pour mettre le cœur en alarme t faire trembler la mémoire comme un corps qui a froid, qui a faim et a peur, - un vrai corps de chair et de sang et de nerfs qui soudain se réveille à l'intérieur de notre propre corps. Corps des autres, corps de l'autre, étranger et si proche à la fois. Déjà elle s'était retirée. Son passage n'avait duré que ce que dure le blanchoiement d'une vaguelette s'arrachant à la masse opaque de la mer pour courir sur le sable. A peine déploie-t-elle son friselis d'écume que la mer la rappelle pour la refondre en elle, et la mince vague effacée ne laisse sur le sable qu'une trace éphémère. Ainsi procède la géante.

Qui est la géante ?

Qu'en pensez-vous ?

Placer les élèves en situation d'investigation

Question : Qui est pour vous la géante ? 1-Phase individuelle à l’écrit. 2-Phase en groupe : proposer une représentation de la géante qui rende compte de votre interprétation (image, scénette, lecture expressive mise en espace, dialogue, écrit d’invention…). Vous justifierez vos choix en vous appuyant sur le texte. 3-A l’issue des présentations : débat sur les différentes propositions retenues.

Proposition du groupe de travail de lettres de l'académie de Nantes

L'étude d'une oeuvre intégrale... n'est pas l'étude intégrale d'une oeuvre...

Problématiser

Etudier, c'est renoncer.

... est donc une question anthropologique. Elle concerne des enjeux de formation personnelle.

La problématique

... n'est pas une question technique, formaliste.

Problématiser

Choisir les extraits (20 à 30 l.) donnant lieu à des explications de texte.

Faire des choix, ne pas céder à la tentation de l'exhaustivité

Mener des lectures transversales en lien avec les explications de texte et la problématique.

Prendre en compte la spécificité de l'oeuvre et les enjeux pour l'élève.

Une séquence ?

- une séance inaugurale

- 3 explications de texte

- une ou plusieurs lectures transversales

- des éléments d'histoire artistique (photo, tableaux, cinéma, sculpture...) - des textes complémentaires (LCA notamment) - un projet d'apprentissage, une tâche finale (lecture, écriture, oral) - des séances d'étude de la langue (décrochées) et de lexique (en rapport avec les textes)

Quand lire ?

- Avant la séquence - Au fur et à mesure

Quelles difficultés pose la lecture de l'oeuvre ?

Entrer dans l'oeuvre

Créer des horizons d'attente

Comment ? Vos pratiques

Proposer un sujet d'écriture

Se mettre à la place d'un personnage....

Etudier le sommaire, la liste des personnages

Faire des hypothèses sur l'intrigue, sur le parcours proposé par un auteur

Organiser un débat de type philosophique

S'exprimer sur le thème d'une oeuvre..

Entrer par des tableaux, des photos, des films

Faire des hypothèses sur un personnage, un auteur...

Anticiper difficultés de l'oeuvre

Ex. : La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette

Déjouer une difficulté de lecture : la galerie de portraits de la cour de Henri II,

Proposer une lecture en arpentage de l'incipit

Entrer par un point de grammaire

La négation ou l'art de la litote

Accompagner la lecture

Association d'idées, convocation de souvenirs personnels

Le carnet de lecteur, lectrice : écrire pour lire

Interroger les émotions

Rapprochements avec d’autres œuvres

Solliciter les sens

Partage des valeurs, idées des personnages

Réactiond'ensemble

Solliciter le sujet lecteur

Ce texte a-t-il produit en vous des images, des sons ou d’autres sensations ? Si oui, lesquel(le)s ? Vous renvoie-t-il à des réalités connues ? Si oui, lesquelles ?

Ce texte a-t-il suscité en vous des associations d’idées, des souvenirs personnels ? A quels moments ? Quelles associations ? Quels souvenirs ?

Ce texte vous a-t-il évoqué d’autres livres ? des films ? des tableaux ou photos ? Si oui lesquels ? À propos de quels passages ? Quels souvenirs ?

Certaines expressions, certains passages, certains faits vous ont-ils touché.e ? Si oui, lesquels ? Pourquoi ?

Avez-vous partagé les attitudes, pensées, valeurs de certains personnages ou de l'auteur ? Êtes-vous rebuté par certains aspects ? Le texte vous laisse-t-il.elle indifférent.e ?

En classe ou en groupe

Le cercle de lecture

Dans une salle aménagée

Passer d'une lecture individuelle à une lecture collective

Passer d'une lecture subjective à une communauté interprétative

Variante : Le débat interprétatif face à des textes résistants

Différencier dans une classe hétérogène

Sélectionner des chapitres à lire, résumer ou lire à haute voix les autres, classiques adaptés pour allophones,

Adapter les itinéraires de lecture

Proposer des adaptations.

Adaptations filmiques, BD....

Proposer des livres audio

Différencier, retrouver le plasiir d'éouter une histoire, support pour travailler l'oralisation...

L'apport des neurosciences

Source : La Lecture littéraire au cycle 4, Magistère

Source : La Lecture littéraire au cycle 4, Magistère

Une séance

Une séance

Un objectif ciblé (compétences, savoirs)

Des activités (tâche, consigne, modalités d'exécution)

S'inscrit dans la séquence en cours, prépare le projet d'apprentisage

Des documents (réfléchir à leur lisibilité, les varier)

Réfléchir aux pré-requis, aux étayages nécessaires (différenciation)

Un déroulement

Soigner le lancement et la fin de la séance

Une trace écrite

Bilan : Qu'ont appris mes élèves lors de cette séance ? Qu'ont-ils appris à faire ? Comment puis-je évaluer l'ateinte de l'objectif ?

Phase d'exploration ou de découverte

Une séance

Phase préalable à l'activité Activité des élèves

Matrice possible à personnaliser à varier

Phase de structuration

Mise en commun - synthèse Formalisation et institutionnalisation

Phase d'évaluation

Phase de réinvestissment

Vos séquences en cours

Ce n'est pas seulement au fil des rues, au gré du vent ou de la brume, de la lumière et de la neige, qu'elle apparaît. Ce n'est pas seulement le long de vieilles façades de maisons à l'abandon, dans des bosquets de lilas ou à flanc de colline, qu'elle manifeste son imprévisible présence. C'est aussi bien dans des lieux clos, - des chambres, des boutiques, des cafés. C'était dans une chambre d'hôte, aux murs tapissés de papier à fleurs. Ce papier était déjà ancien, fané, assez sali et même écorché par endroits. Le rouge et l'orangé des roses peintes avaient bruni, et le fond, qui avait dû être d'un léger jaune paille, s'était encrassé. Ces roses terries, toutes les mêmes et disposées à égale distance les unes des autres, composaient un monotone jardin vertical qui enserrait les quelques meubles en bois sombre. Morne jardin de fin d'automne, quand les fleurs ont perdu leur éclat et s'apprêtent à mourir. Roses sans grâce et sans attrait, n'exhalant plus qu'une très fade odeur. Roses de personne. Et toutes, en leur insignifiance, démultipliaient une impression de vide, d'anonymat, d'ennui profond. D'ennui profond comme l'oubli. Assise à la table de cette chambre d'hôte, je lisais. Une lampe en métal laqué de peinture d'un blanc incertain comme celui d'une coquille d'œuf jetait sur le livre un ovale de lumière, et les objets posés autour du livre striaient la nappe de traits d'ombres obliques. Je fus soudain détournée de ma lecture. Elle était là, postée au bord de la table, immobile autant qu'invisible, mais si présente qu'il était impossible de mettre en doute sa venue. Et il n'était pas davantage nécessaire de chercher à déceler quelque signe visible de sa présence, de scruter l'espace alentour. Elle se tenait bien trop près pour pouvoir se montrer ; plus près qu'elle ne l'avait jamais été. Elle était là, si pleinement et étrangement là, dressée dans sa majesté de mendiante, dans son silence bruissant d'un long et ténu chuchotement de larmes, dans son infinie douceur de pleurante. Elle était là, tout à fait invisible et tout à fait présente, géante immatérielle au cœur très nu et miséricordieux. Comme à chacun de ses surgissements elle ne demeura qu'un instant. Mais cet instant suffit, comme à chaque fois, pour bouleverser le temps et le lieu, pour transformer tout l'espace du visible alentour et détourner la pensée de son cours, pour requérir l'attention du côté de la mémoire. Pour mettre le cœur en alarme t faire trembler la mémoire comme un corps qui a froid, qui a faim et a peur, - un vrai corps de chair et de sang et de nerfs qui soudain se réveille à l'intérieur de notre propre corps. Corps des autres, corps de l'autre, étranger et si proche à la fois. Déjà elle s'était retirée. Son passage n'avait duré que ce que dure le blanchoiement d'une vaguelette s'arrachant à la masse opaque de la mer pour courir sur le sable. A peine déploie-t-elle son friselis d'écume que la mer la rappelle pour la refondre en elle, et la mince vague effacée ne laisse sur le sable qu'une trace éphémère. Ainsi procède la géante.