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SEQUENCE - ILE DES ESCLAVES

robin.bruniaux

Created on February 1, 2024

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Transcript

L'Île des esclaves, une utopie en scène

INDIVIDU ET SOCIETE : confrontations de valeurs ?

Comment la comédie fait-elle réfléchir aux tensions sociales ?

Lecture : Marivaux, L'Île des esclaves

L'Ile des esclaves

L’île des esclaves de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux

Introduction

Présentation de l'auteur : Marivaux Complète les informations suivantes

Origines sociales : Epoque : Mouvement littéraire de l'époque : Genre littéraire : Titres célèbres :

Introduction

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Introduire le mot de passe

SEANCE 1

L'exposition

Objectif : découvrir le rôle d'une scène d'exposition

Consigne : Complétez la carte mentale en relevant dans les répliques des personnages les informations permettant de comprendre l'intrigue :

Quand ?

Où ?

La scène d'exposition présente les éléments nécessaires à la compréhension de la pièce : le lieu, l'époque, les personnages, l'intrigue. Elle permet d'introduire le noeud de la pièce.

Qui ?

Evénements antérieurs

Quelle(s) question(s) le spectateur peut-il se poser à la fin de la scène d'exposition ?

SEANCE 2

Ecrire une scène de théâtre

Objectif : apprendre à rédiger une scène de théâtre

IPHICRATE. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.ARLEQUIN. Eh ! Chaque pays a sa coutume : ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi ; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi. IPHICRATE. Cela est vrai. ARLEQUIN. Eh ! Encore vit-on. IPHICRATE. Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre. ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. Ah ! Je vous plains de tout mon coeur, cela est juste. IPHICRATE. Suis-moi donc ? ARLEQUIN, siffle. Hu, hu, hu. IPHICRATE. Comment donc, que veux-tu dire ? ARLEQUIN, distrait, chante. Tala ta lara. IPHICRATE. Parle donc, as-tu perdu l'esprit, à quoi penses-tu ? ARLEQUIN, riant. Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure ; je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire. IPHICRATE, à part les premiers mots. Le coquin abuse de ma situation, j'ai mal fait de lui dire où nous sommes. (Haut) Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos, marchons de ce côté. ARLEQUIN. J'ai les jambes si engourdies. IPHICRATE. Avançons, je t'en prie. ARLEQUIN. Je t'en prie, je t'en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c'est l'air du pays qui fait cela. IPHICRATE. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux. ARLEQUIN, en badinant. Badin, comme vous tournez cela. (Il chante) L'embarquement est divin Quand on vogue, vogue, vogue, L'embarquement est divin Quand on vogue avec Catin. IPHICRATE, retenant sa colère. Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin. ARLEQUIN. Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe. IPHICRATE. Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? ARLEQUIN. Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge. IPHICRATE, un peu ému. Mais j'ai besoin d'eux, moi. ARLEQUIN, indifféremment. Oh cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je ne vous dérange pas ! IPHICRATE. Esclave insolent ! ARLEQUIN, riant. Ah ah, vous parlez la langue d'Athènes ; mauvais jargon que je n'entends plus.

ARLEQUIN, en badinant. Badin, comme vous tournez cela. (Il chante) L'embarquement est divin Quand on vogue, vogue, vogue, L'embarquement est divin Quand on vogue avec Catin. IPHICRATE, retenant sa colère. Mais je ne te comprends point, mon cher Arlequin. ARLEQUIN. Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là ; et le gourdin est dans la chaloupe. IPHICRATE. Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? ARLEQUIN. Oui ; mais les marques de votre amitié tombent toujours sur mes épaules, et cela est mal placé. Ainsi tenez, pour ce qui est de nos gens, que le ciel les bénisse ; s'ils sont morts, en voilà pour longtemps ; s'ils sont en vie, cela se passera, et je m'en goberge. IPHICRATE, un peu ému. Mais j'ai besoin d'eux, moi. ARLEQUIN, indifféremment. Oh cela se peut bien, chacun a ses affaires ; que je ne vous dérange pas ! IPHICRATE. Esclave insolent ! ARLEQUIN, riant. Ah ah, vous parlez la langue d'Athènes ; mauvais jargon que je n'entends plus.

IPHICRATE. Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer tous les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage. ARLEQUIN. Eh ! Chaque pays a sa coutume : ils tuent les maîtres, à la bonne heure, je l'ai entendu dire aussi ; mais on dit qu'ils ne font rien aux esclaves comme moi. IPHICRATE. Cela est vrai. ARLEQUIN. Eh ! Encore vit-on. IPHICRATE. Mais je suis en danger de perdre la liberté, et peut-être la vie ; Arlequin, cela ne te suffit-il pas pour me plaindre. ARLEQUIN, prenant sa bouteille pour boire. Ah ! Je vous plains de tout mon coeur, cela est juste. IPHICRATE. Suis-moi donc ? ARLEQUIN, siffle. Hu, hu, hu. IPHICRATE. Comment donc, que veux-tu dire ? ARLEQUIN, distrait, chante. Tala ta lara. IPHICRATE. Parle donc, as-tu perdu l'esprit, à quoi penses-tu ? ARLEQUIN, riant. Ah, ah, ah, Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure ; je vous plains, par ma foi, mais je ne saurais m'empêcher d'en rire. IPHICRATE, à part les premiers mots. Le coquin abuse de ma situation, j'ai mal fait de lui dire où nous sommes. (Haut) Arlequin, ta gaieté ne vient pas à propos, marchons de ce côté. ARLEQUIN. J'ai les jambes si engourdies. IPHICRATE. Avançons, je t'en prie. ARLEQUIN. Je t'en prie, je t'en prie ; comme vous êtes civil et poli ; c'est l'air du pays qui fait cela. IPHICRATE. Allons, hâtons-nous, faisons seulement une demi-lieue sur la côte pour chercher notre chaloupe, que nous trouverons peut-être avec une partie de nos gens ; et en ce cas-là, nous nous rembarquerons avec eux.

Sujet : L'Ile des animaux

En imitant la composition de la scène de Marivaux pour introduire l'Ile des Esclaves, écrivez la scène d'exposition intitulée L'Ile des animaux. Vous imaginerez le comportement de deux naufragés du 21e siècle débarquant sur une île où les animaux ont pris le pouvoir.

SEANCE 2

Le vocabulaire du théâtre

Objectif : Découvrir les mots de l'univers du théâtre

Acte/scène: Une pièce de théâtre se divise en _______ qui se divisent eux-mêmes en plusieurs _______. On change de _______ quand un personnage entre ou sort de la scène. Didascalie : Les didascalies sont des phrases qui ne sont pas prononcées par les acteurs. Elles indiquent la façon dont le comédien doit lire la réplique. Elles sont souvent écrites entre parenthèses ou en italique.

L'aparté

Occupant un statut particulier, ni dialogue ni monologue, l'aparté désigne des paroles qu'un personnage prononce pour lui-même ou qu'il adresse au public, et que les autres personnages ne sont pas censés entendre. Ce type de réplique crée une complicité entre le personnage et le public, aux dépens des autres. Cela peut augmenter les tensions d'un conflit ou l'aspect comique d'une scène.

Vocabulaire du théâtre

QUELQUES DEFINITIONS

Il s'agit de la situation dans laquelle au moins deux personnages se parlent sur une scène. Au sein de cet échange de paroles, qui est à la base de toute pièce, on établit quelques différences : –la réplique : elle constitue le type de discours le plus fréquent au théâtre, puisqu'elle désigne toute prise de parole d'un personnage. On considère qu'une pièce de théâtre est essentiellement composée d'échanges de répliques entre différents personnages – la tirade : c'est une longue réplique d'un personnage, destinée à convaincre ou à émouvoir, voire à informer. Sachant que la domination d'un personnage se manifeste par la fréquence et par la durée de ses prises de parole, celui qui déclame une tirade montre ou veut montrer sa maîtrise d'un sujet pour s'imposer face aux autres. – la stichomythie : il s'agit d'une succession rapide de répliques très brèves entre deux personnages, dans laquelle ils se répondent de façon symétrique (de vers à vers ou de mot à mot) dans une sorte de duel verbal. Elle constitue un dialogue particulièrement vif et correspond souvent à un moment de grande intensité ou d'émotion dans une tragédie ou une comédie. En effet, elle donne lieu à des jeux de mots, car elle utilise des formules condensées. Elle s'accompagne d'un jeu de scène animé.

Monologue

Il arrive également qu'un personnage se retrouve seul sur la scène de théâtre et continue à parler ; il n'est alors plus question de dialogue mais de monologue. On désigne par là un discours qui n'est adressé à personne en particulier, mais dont le public profite néanmoins pour mieux connaître les sentiments et les pensées profondes du personnage en question.

La double énonciation

Le texte dramatique présente une situation d'énonciation particulière. On appelle double énonciation le fait qu'il y ait deux destinataires. – les personnages présents sur la scène écoutent les paroles prononcées par les autres personnages – les spectateurs qui assistent au spectacle et perçoivent l'intégralité du texte de l'auteur. Le jeu des entrées et des sorties des personnages fait qu'ils ne disposent pas tous de la même information, alors que le public connaît toutes celles qui sont dévoilées sur scène.

SEANCE 3

Un portrait satirique

Objectif : apprendre à rédiger une scène de théâtre

Lecture : L'Ile des esclaves, scène 3

1-Quels sont les défauts d'Euphrosine selon Cléanthis ? 2-Dans les 93 à 98 ("Madame se tait [...] à la fois"), combien peut-on compter de propositions ? Quel est l'effet produit ? 3-Quels procédés de style peu-on observer dans le même passage ? Quels effets produisent-ils ? 4-Relevez les paroles rapportées. Qui les prononce ? Pourquoi Cléanthis a recours à ce procédé ? (l.111 à 129)

5-Quelles sont, selon Cléanthis, les occupations et les préoccupations d'Euphrosine ? 6-A quelle classe sociale du 18ème siècle ces activités font-elles référence ? En quoi le portrait dressé par Cléanthis est-il satirique ?

LES FONCTIONS DU PORTRAIT

  • Un portrait élogieux vante les qualités (morales ou physiques) de la personne décrite.
  • Un portrait à charge est un portrait négatif, critique.
  • Le portrait satirique caricature le comportement d'une personne pour la critiquer : il exagère ses traits et s'en moque.

5-Quelles sont, selon Cléanthis, les occupations et les préoccupations d'Euphrosine ? 6-A quelle classe sociale du 18ème siècle ces activités font-elles référence ? En quoi le portrait dressé par Cléanthis est-il satirique ?

Les amours de Boucher

SEANCE 4

Comédie galante

Objectif : Découvrir le marivaudage

Lecture : L'Ile des esclaves, scène 6

1-A quoi Arlequin et Cléanthis décident-ils de s'occuper pour s'amuser ? Comment comptent-ils le faire ? 2-Quel est le niveau de langue employé ici ? Le dialogue vous semble-t-il naturel ou artificiel ? 3-Comparez les réactions des deux personnages face à leur jeux. 4-En quoi le jeu d'Arlequin et de Cléanthis est une comédie voire parodie galante ?

Bilan Le "marivaudage" est l'art de jouer sur les mots de façon très raffinée notamment pour exprimer son amour. Selon vous, dans cette scène, les personnages pratiquent-ils le marivaudage ou s'en moquent-ils ? Expliquez

SEANCE 5

Amour et condition sociale

Objectif : Découvrir le marivaudage

Lecture : L'Ile des esclaves, scènes 7-8

I-Le masque ou la sincérité (Scène 7)

1-De quoi Cléanthis informe-t-elle Euphrosine ? 2-Comment Cléanthis juge-t-elle le comportement passé de sa maîtresse et de ses anciens amants ? 3-Quelles sont les qualités d'Arlequin selon Cléanthis ? Quelle vision sociale cela révèle-t-il ?

II-Une comédie dramatique (Scène 8)

1-Euphrosine est-elle sensible à la cour d'Arlequin ? Expliquez. Quel sentiment veut-elle lui inspirer ? 2-Pourquoi Euphrosine se sent-elle persécutée ? Qu'explique-t-elle à Arlequin dans sa dernière réplique ? 3-Cette scène est-elle comique ? Repérez trois passages comiques et trois passages tragiques ou pathétiques. Indiquez qui parle.

SEANCE 5 - Amour et condition sociale

Lecture : L'Ile des esclaves, scènes 7-8

I-Le masque ou la sincérité (Scène 7)

1-De quoi Cléanthis informe-t-elle Euphrosine ? 2-Comment Cléanthis juge-t-elle le comportement passé de sa maîtresse et de ses anciens amants ? 3-Quelles sont les qualités d'Arlequin selon Cléanthis ? Quelle vision sociale cela révèle-t-il ?

II-Une comédie dramatique (Scène 8)

1-Euphrosine est-elle sensible à la cour d'Arlequin ? Expliquez. Quel sentiment veut-elle lui inspirer ? 2-Pourquoi Euphrosine se sent-elle persécutée ? Qu'explique-t-elle à Arlequin dans sa dernière réplique ? 3-Cette scène est-elle comique ? Repérez trois passages comiques et trois passages tragiques ou pathétiques. Indiquez qui parle.

SEANCE 5 - Amour et condition sociale

Lecture : L'Ile des esclaves, scènes 7-8

I-Le masque ou la sincérité (Scène 7)

1-De quoi Cléanthis informe-t-elle Euphrosine ? 2-Comment Cléanthis juge-t-elle le comportement passé de sa maîtresse et de ses anciens amants ? 3-Quelles sont les qualités d'Arlequin selon Cléanthis ? Quelle vision sociale cela révèle-t-il ?

II-Une comédie dramatique (Scène 8)

1-Euphrosine est-elle sensible à la cour d'Arlequin ? Expliquez. Quel sentiment veut-elle lui inspirer ? 2-Pourquoi Euphrosine se sent-elle persécutée ? Qu'explique-t-elle à Arlequin dans sa dernière réplique ? 3-Cette scène est-elle comique ? Repérez trois passages comiques et trois passages tragiques ou pathétiques. Indiquez qui parle.

SEANCE 6

Un beau projet

Objectif : Comprendre les enjeux d'un dénouement

Lecture : L'Ile des esclaves, scène 10
  1. Qu'a fait Arlequin dans les premières lignes ? Pourquoi ? Expliquez son projet.
  2. Cléanthis est-elle d'accord avec le projet d'Arlequin ?
  3. Quelle valeur Arlequin défend-il ? Expliquez.
  4. Les personnages ont-ils évolué depuis leur arrivée sur l'île ?
  5. Finalement, quelle est la valeur reconnue par tous ?

Le mot dénouement appartient à la famille de noeud. L'exposition d'une pièce pose un problème (le noeud) qui trouve sa résolution à la fin de la pièce.

Le dénouement

La moralité de la pièce

A la lecture du dénouement, quelle est la leçon que Marivaux invite à comprendre de la pièce ?

Candide et Cacambo montent en carrosse ; les six moutons volaient, et en moins de quatre heures on arriva au palais du roi, situé à un bout de la capitale. Le portail était de deux cent vingt pieds de haut et de cent de large ; il est impossible d’exprimer quelle en était la matière. On voit assez quelle supériorité prodigieuse elle devait avoir sur ces cailloux et sur ce sable que nous nommons or et pierreries. Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les conduisirent aux bains, les vêtirent de robes d’un tissu de duvet de colibri ; après quoi les grands officiers et les grandes officières de la couronne les menèrent à l’appartement de Sa Majesté, au milieu de deux files chacune de mille musiciens, selon l’usage ordinaire. Quand ils approchèrent de la salle du trône, Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s’y prendre pour saluer Sa Majesté ; si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ; en un mot, quelle était la cérémonie. « L’usage, dit le grand officier, est d’embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. » Candide et Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté, qui les reçut avec toute la grâce imaginable et qui les pria poliment à souper. En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui coulaient continuellement dans de grandes places, pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématique et de physique. Après avoir parcouru, toute l’après-dînée, à peu près la millième partie de la ville, on les ramena chez le roi.

Candide et Cacambo montent en carrosse ; les six moutons volaient, et en moins de quatre heures on arriva au palais du roi, situé à un bout de la capitale. Le portail était de deux cent vingt pieds de haut et de cent de large ; il est impossible d’exprimer quelle en était la matière. On voit assez quelle supériorité prodigieuse elle devait avoir sur ces cailloux et sur ce sable que nous nommons or et pierreries. Vingt belles filles de la garde reçurent Candide et Cacambo à la descente du carrosse, les conduisirent aux bains, les vêtirent de robes d’un tissu de duvet de colibri ; après quoi les grands officiers et les grandes officières de la couronne les menèrent à l’appartement de Sa Majesté, au milieu de deux files chacune de mille musiciens, selon l’usage ordinaire. Quand ils approchèrent de la salle du trône, Cacambo demanda à un grand officier comment il fallait s’y prendre pour saluer Sa Majesté ; si on se jetait à genoux ou ventre à terre ; si on mettait les mains sur la tête ou sur le derrière ; si on léchait la poussière de la salle ; en un mot, quelle était la cérémonie. « L’usage, dit le grand officier, est d’embrasser le roi et de le baiser des deux côtés. » Candide et Cacambo sautèrent au cou de Sa Majesté, qui les reçut avec toute la grâce imaginable et qui les pria poliment à souper. En attendant, on leur fit voir la ville, les édifices publics élevés jusqu’aux nues, les marchés ornés de mille colonnes, les fontaines d’eau pure, les fontaines d’eau rose, celles de liqueurs de canne de sucre, qui coulaient continuellement dans de grandes places, pavées d’une espèce de pierreries qui répandaient une odeur semblable à celle du girofle et de la cannelle. Candide demanda à voir la cour de justice, le parlement ; on lui dit qu’il n’y en avait point, et qu’on ne plaidait jamais. Il s’informa s’il y avait des prisons, et on lui dit que non. Ce qui le surprit davantage, et qui lui fit le plus de plaisir, ce fut le palais des sciences, dans lequel il vit une galerie de deux mille pas, toute pleine d’instruments de mathématique et de physique. Après avoir parcouru, toute l’après-dînée, à peu près la millième partie de la ville, on les ramena chez le roi.

Voltaire, Candide (XVIII)

Voltaire, Candide (XVIII)