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Régis DANIEL
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Transcript
Musiques électros
JEFF MILLS / Light from the Outside world / 2012 JAZZRAUSCH BIGBAND / Dancing Wittgenstein / 2018
"Dès qu'il s'agit de musique électronique, nous travaillons par définition à créer de nouveaux mondes sonores. Ces producteurs ne veulent pas changer le monde. Ils ne veulent pas écrire de chansons d'amour. Ils ne veulent pas chanter la révolution. Ils ne veulent pas se mettre en colère. Ils veulent être des scientifiques du son. Ils veulent explorer de nouveaux univers sonores" Kodwo Eshun
Extraits au programme
JAZZRAUSCH BIGBAND Dancing Wittgenstein / 2018
Jeff Mills / Orchestre national d'Île-de-France Light From The Outside World concert enregistré à la Salle Pleyel le 23 septembre 2012
Dancing Wittgenstein :
The Man who Wanted Stars
I want to be a banana :
The Bells
I want to be a banana (Slatec remix):
Amazon
Subzero :
Sonic Destroyer
1/ Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
A/ Précurseurs et expérimentateurs du XXème siècle B/ L'influence d'artistes visionnaires des années 70 C/ Musiques électros : naissance et évolution dans l'histoire et la géographie
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein C/ Art du temps dans les musiques électros : permanences et ruptures rythmiques D/ Musique, son et acoustique : quelles sont les caractéristiques sonores de la musique électro ?
3/ La musique, l'homme et la société
A/ Débat #1 : musique vivante vs musique enregistrée : l'homme et la machine B/ Débat #2 : Musiques électros et droits d'auteurs
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Intro
Electro est un terme générique désignant de nombreux genres et sous-genres comme la dance, la house, la techno, l'ambient, l'acid jazz, le drum and bass, la jungle...
Si ses précurseurs ont pu bénéficier de studios spécialement équipés par des institutions musicales, aujourd'hui l'électro est un style produit par des applications (séquenceurs et éditeurs audio) accessibles à tous. Si les musiques électroacoustiques depuis Pierre Schaeffer sont classées dans les musiques savantes, l'électro est davantage dans le répertoire populaire. Aussi, ce style musical est indissociable de la danse. La démocratisation des home studios popularise alors la production des musiques électros
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : sources
Connue depuis l'antiquité, l'utilisation de l'électricité et sa démocratisation évoluent considérabement à l'orée du XXème siècle (Volta, Ohm, Morse, Edison, Tesla...)
Un transducteur est inventé à cette même période : le principe du microphone avec celui du téléphone par Graham Bell en 1876. Il s'agit de la transformation du son en signal électrique.
Mécanique puis plus tard électrique, le phonographe permettra de reproduire le son : c'est une révolution qui donnera progressivement naissance à l'industrie du disque et à la radio : une révolution musicale.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : invention de la lutherie électrique
Le telharmonium de l'américain Thaddeus Cahill
Suite à ces progrès technologiques, les premiers instruments électriques apparaissent : A la fin du XIXe / début du XXe siècle, de plus en plus de compositeurs essaient de construire des instruments électriques puis électroniques. Les premières musiques électroniques sont ainsi créées à partir d’appareils de laboratoire ou de radiophonie détournés.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : invention de la lutherie électrique
Plusieurs inventions s'en suivront comme les ondes Martenots ou le Thérémin
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : création d'un nouveau style en France, la musique concrète
Inventée en 1948 par Pierre Schaeffer au studio d’essai de la RTF, la musique concrète a un caractère expérimental à ses débuts. Dans son Etude aux chemins de fer, Schaeffer a une démarche inverse par rapport à la tradition :
Composition traditionnelle d'une musique savante : CONCEPTION ECRITURE INTERPRETATION SON Composition d'une musique concrète : SON CONCEPTION REALISATION
Un outil essentiel : la table de mixage initialement élaborée pour la radio. Elle permet de piloter plusieurs pistes, de les mélanger en modifiant pour chacune leur volume et leur son.
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : création d'un nouveau style en France, la musique concrète
Variations pour une porte et un soupir / Pierre Henry Musique élaborée à partir du son : d’où le nom concret, d’où la notion d’objet sonore. Pierre Henry et Pierre Schaeffer veulent libérer le son de sa signification et de son contexte d'origine. Ils veulent que l'auditeur l’apprécie pour son timbre, pour sa qualité musicale. Pierre Henry est condidéré par beaucoup de DJ comme le père de la techno
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : création d'un nouveau style en Allemagne et en France, la musique électroacoustique
Karlheinz Stockhausen écrit en 1956 Le chant des adolescents. Cette oeuvre présente de nombeux sons de générateurs électroniques. On dit parfois qu'elle est l'acte de naissance des musiques élecroniques. Mais du fait de la présence des voix enregistrées, il s'agit d'une musique électroacoustique. L'électroacoustique consiste à mélanger les enregistrements de source naturelle (bruits, voix, instruments... des sons concrets) à des sonorités provenant de synthétiseurs. Une autre oeuvre célèbre de Pierre Henry, Psyché rock (tirée de la Messe pour le temps présent) mélange les sons électroniques (intro) et concrets (enregistrement d'un groupe de jerk)
A/ les précurseurs et les expérimentateurs du XXème siècle : création d'un nouveau style en Allemagne et en France, la musique mixte
Après ces expérimentations que l'on range dans l'histoire de la musique savante, les synthétiseurs et autres technologies vont se démocratiser et basculer dans les musiques populaires : l'industrie du disque, l'avènement du rock et des musiques amplifiées vont permettre l'émergence de nouveaux styles musicaux.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
B/ Musiques électros : l'influence d'artistes visionnaires des années 70
Le disco avec la voix de Donna Summer et les synthétiseurs de Giogio Moroder
Recherches sonores visionnaires avec les synthétiseurs analogiques de Pink Floyd
Exploration des sons de "machine" par le groupe allemand Kraftwerk
Les rythmes hypnotiques et minimalistes du funk afroaméricain de James Brown
Sonorités avant-gardistes et rythmiques nouvelles du groupe allemand Can
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
C/ Musiques électros : naissance et évolution dans l'histoire et la géographie
Le style musical qui engendrera la house et la techno : le disco Face à une demande grandissante des clubs américains, les DJ vont proposer une disco produite "à la maison", à faible coût et très rentable... La house
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Naissance dans les clubs des USA : New York, Chicago et Detroit
Du point de vue sociologique, ce sont les artistes afroaméricains qui donnent naissance à la musique electro. Dans les clubs de New York et Chicago, cette nouvelle musique est produite par les DJ dans les années 80 sur un support de prédilection : le disque vinyle. (Maxi)
" De nos jours, on appelle techno ou dance music tout et n'importe quoi, parce qu'il n'est plus question que de musique électronique créée à l'aide de la technologie. Peut-être qu'on ne devrait garder que le terme dance music"
Ne jamais oublier la fonction essentielle de la musique électro : la danse et la fête dans les clubs ! La house, c'est une production "à la maison" de musiques dans le style disco mais à moindre coût à l'aide des machines, réalisée par une seule personne, le DJ.
A Détroit, dans une ville ouvrière meurtrie par des crises économiques successives et des émeutes. La création musicale électronique est un exutoire pour beaucoup de musiciens. En plus des clubs, la diffusion de ce style sera assurée par les radios.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Musiques electros Européènnes : déplacement géographique vers Londres et Berlin dans les années 90
Sortir du club : les rave party
Berlin dans ce contexte de réunification après la chute du mur de Berlin acueille de nombreux DJ américains comme Jeff Mills et devient une capitale européenne de l'électro
En Angleterre, dans les années 90 la techno remporte un vif succès. Les rave s'organisent dans tout le pays et sont interdites par Margaret Tatcher...
"La réunification s’est opérée à un rythme très lent dans l’administration, dans les têtes, dans la réparation des infrastructures, tout ça a pris beaucoup de temps. En revanche, les Allemands qui faisaient la fête dans les clubs techno ont vécu une réunification immédiate, c’était incroyable et ça a vraiment été un signal important."
Eberhard Elfert, historien de la scène techno berlinoise
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
La french touch des années 90
David Guetta, Laurent Garnier, Daft Punk, Saint Germain... démontrent le lien indissociable des musiques électros à la danse. Si la naissance de l'électro est rattachée au disco dans les années 80, les années 90 vont démontrer une proximité avec le funk, le jazz et le rock.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Les musiques electros gardent leur empreinte expérimentale...
Aphex twins produit un style expérimental déçelable dans Vordhosbn avec une programmation de batterie virtuose. Un exemple démontrant l'évolution de ce style musical vers une certaine complexité. Extrêment variée, la piste de percussion est un contrepied aux musiques formatées et commerciales, basées sur des répétitions simplistes.
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Musiques électros et mondialisation culturelle
La musique électro se métisse naturellement. C'est sans doute aussi l'une de ses cractéristiques : elle se nourrie d'autres styles et propose des hybridations originales.
Métissages avec le rock et la musique symphonique
Métissages avec le jazz
1986 / Tutu / Miles Davis
1993 / Glory Box / Portishead
Culture musicale et artistique dans l'histoire et la géographie
Musiques électros et mondialisation culturelle
Dans le mixage de Block Rockin' beats, les anglais The Chemical brothers intègrent une ligne de basse électrique digne d'un riff de rock, mais aussi, de nombreux samples du batteur de studio Bernard Purdie. L'électro se métisse avec le rock dans les années 90
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Né en 1963 à Détroit L'un des premiers grands DJ de techno Fonde des labels célèbres : Underground Resistance et Axis Un compositeur très prolifique : plus de 50 albums Sa longue carrière, plus de 40 ans, se divise en deux parties : Une première traditionnelle : celle du DJ de techno produisant des maxis et jouant dans des clubs. Il improvise sur sa TR 909 en fin de set. La deusième partie de sa carrière est moins conventionnelle : Jeff Mills sort du réseau techno et se produit dans des projets conceptuels :
- Collaboration avec des musiciens classiques, de jazz ou de rock - Collaboration avec des orchestres symphoniques - Collaboration avec de grands lieux culturels : Centre Pompidou, Louvre, Quai Branly, Salle pleyel, Pont du Gard... - Sa production diversifie les supports : vinyles, maxis, CD, DVD, Blu-Ray, clé USB, fichiers, musiques de film et de ballet, ciné-concert etc...
Actuellement Jeff Mills vit à Paris.
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Ce projet de collaboration avec un orchestre symphonique est né en Norvège. Il a été donné plusieurs fois avec des orchestres différents. Light from the outside world est un mélange de compositions spécialement écrites pour orchestre et instruments électroniques et d'oeuvres préexistantes orchestrées. Les oeuvres retenues pour le baccalauréat sont enregistrées le 23 septembre 2012 à la salle Pleyel de Paris, avec l'orchestre national d'île de France dirigé par Christophe Mangou. La présence du compositeur en tant que DJ est notable.
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
Les outils et instruments de Jeff Mills contrôlés en direct :
La table de mixage Midas permettant le mélange des pistes électroniques
1983 : la TR 909 de Roland
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
Les outils et instruments de Jeff Mills
Séquenceur et synthétiseur Korg Electibe EA1 MKII : il produit tous les sons autres que les percussions
Platine Pioneer CDJ 2000 : platine mixant à partir de fichiers numériques et non analogiques (vynile)
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
The Man who Wanted Stars
L'une des première interprétation live du morceau, celui-ci sera utilisé comme musique d'un film de Jacqueline Caux en 2014. CARACTERE : une atmosphère tendue, dans un style cinématographique. caractère épique des enchainements d'accords aux cuivres TIMBRE : le morceau le plus orchestral de tous, car il a été pensé avant tout pour la formation symphonique, puissance du TUTTI RYTHME : Rythmiquement, le morceau étonne car le kick est pratiquement inexistant. Une mesure à 4 temps, avec une rythmique à la ride. ECRITURE : Basé sur un motif générateur sur lequel évoluent des variations (contrechants...) Langage dissonant, parfois atonal, parfois tonal en mineur.
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
La forme basée sur une seule idée musicale (monothématisme) :
The Man who Wanted Stars
Intro A1 A2 A3 A2' Coda
Motif A des bassons en do mineur Entrée discrète de la TR-909 Dissonances persistantes
Retour du motif A triomphant : klimax Caractère très rythmique
Cadence parfaite en do mineur, arpèges du piano
Dissonances, dialogue piano / cordes
Motif A après un roulement de timbales accompagné par des harmonies épiques aux cuivres : euphonie. Il a une carrure de 4 mesures, construites en antécédent / conséquent
Grosse caisse, toms et solo de violon dans un contexte atonal. Retour du motif A varié
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Jeff Mills / The Bells / 1997
"Le morceau techno le plus joué, et peut-être le plus influent" Kirk Degiorgio
CARACTERE : un caractère dramatique, tendu mélangé à des influences funk et disco : une association originale
TIMBRE : présence des cloches tubulaires (titre) remarquer les effets orchestraux : glissandi des trombones, pizzicati des cordes, le crescendo orchestral
RYTHME ET ECRITURE : Présence de nombreux ostinati, ostinato sur une note pédale comme ligne de basse Présence d'un motif ou riff principal (A) qui va subir de nombreuses variations : minimalisme Un kick saturé, sur tempo vif
Break down au milieu du morceau : kick muté ou suspendu
Dans ce morceau, on retrouve le principe de variation. Egalement, les entrées successives de plans sonores. Plusieurs sections de The bells fonctionnent selon le plan "rise and drop"
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Jeff Mills / The Bells / 1997
Une forme qui se base sur la répétition et les variations d'un motif principal :
A3
A4
A1
A2
Coda
Intro
B1
B2
Thème au cloches tubulaires qui évolue vers le motif A2
Le motif A bien affirmé alterne aux différents pupitres
Nouvelle idée sur un kick muté, glissandi des trombones et doubles croches des timbales. Caractère orchestral crescendo orchestral
Retour du thème des cloches de l'introduction
Sur A, une baisse de l'intensité et de la tension
Retour du B varié
Entrée du kickSuperposition progressive des plans sonores/ostinati Kick muté avec crescendo sur accord dissonant Rythme syncopé (contretemps aux cordes)
Retour des cloches tubulaires Motif principal doublé (cordes, xylo...)
Transition de l'un à lautre par tuilage
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Underground resistance (Jeff Mills) / Amazon / 1992
CARACTERE : une certaine mélancolie, étrangeté mais aussi une fin éclatante par sa virtuosité TIMBRE : même type de configuration orchestre + sons électroniques. Mais un son concret en introduction : bruits d'oiseaux (sample). Remarquer les jeux sur le cercle des toms du percussioniste RYTHME : tempo vif, 4/4. Toujours la notion d'ostinati, de superposition de plans rythmiques ECRITURE : un thème qui est constitué de la superposition de 3 éléments : un motif harmonique, un ostinato rythmique et un ostinato mélodique sur 16 mesures.
L'original de Underground Resistance
Ostinato mélodique, comme un arpège
Motif harmonique
Ostinato rythmique
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Underground resistance (Jeff Mills) / Amazon / 1992
A1
A2
A3
Intro
SOLO Percussion
Ajout par rapport à l'original Solo de toms et grosse caisse accompagnés par la TR 909 + les arpèges du Korg Electribe
Entrées successives : Entrée du kick effet de crescendo orchestral Partie très rythmique mettant en avant l'ostinato rythmique
Retour du thème mais sans kick Nouvelle orchestration = tutti
Présentation du thème (3X) Montée en puissance (crescendo orchestral)
Son concret de chants d'oiseaux
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Sonic Destroyer / 1991
A l'origine, un morceau sortie sous le label berlinois Tresor à l'époque des raves.
CARACTERE : guerrier, presque militaire, figuralisme de la guerre (?) avec des sons de sirène, d'avion... Evocations des émeutes de Detroit ? Ce caractère se retrouve également dans l'arrangement TIMBRE : Intéressant de remarquer comment l'orchestre imite les sons agressifs électroniques de la veriosn originale : glissandi des cordes, doublures bois + cordes + xylophone... Recherche de la puissance symphonique + le rôle exclusivement rythmique des sons électros RYTHME : on remarque que la version mixte est plus rapide que l'originale Omniprésence du motif principal jouant parfois sur la surprise du contretemps. Caractère syncopé, irrégulier ECRITURE : l'ambitus du motif principal est un triton : caractère dissonant et guerrier
Surprise du contretemps
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
A/ Jeff Mills / Light from the outside world
Sonic Destroyer / 1991
La forme est sensiblement la même que l'original : pas de liberté de l'arrangement. Simplement un ajout à la fin d'un solo de timbales
Solo de timbales
A2
A2
A3
A4
A2
A1
Réexposition finale du motif principal
Breakdown : kick muté uniquement le thème des sirènes couplé aux glissandis de cordes Superposition progressive avec un nouveau motif (en croche régulières, intervalle de sixte)
Pas d'intro, exposition du thème principal sans kick
Réexposition du motif principal superposé au nouveau motif A3
Entrée du kick Série de variations sur le motif principal A remarquer la superposition avec les sirènes (trombones)
Remarquer la superposition avec le motif A3
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
- Un groupe d'étudiants de musique et de théâtre formé à Munich en 2014 par le tromboniste Roman Sladek. Ce dernier assure la production et la direction musicale.
- "Jazzrausch" car premiers concerts dans le club munichois Rausch & Daughters
- Un big band traditionnel avec des instruments électroniques : métissage du jazz, de la house et de la techno
- 120 concerts par an dans le monde entier et signé sur le label Act
- Le plus souvent, les compositions, paroles et arrangements sont du guitariste Leonhard Kuhn. Ce sera le cas sur Dancing Wittgenstein
- Energie scènique de 20 musiciens sur scène plus spectaculaire que le seul DJ derrière sa table de mix : raisons du succès de Jazzrausch Bigband
Un concert live du Jazzrausch Bigband
Exemple d'un big band traditionnel de la swing era. Count Basie, Swingin' the blues / 1941
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
- Un groupe d'étudiants de musique et de théâtre formé à Munich en 2014 par le tromboniste Roman Sladek. Ce dernier assure la production et la direction musicale.
- "Jazzrausch" car premiers concerts dans le club munichois Rausch & Daughters
- Un big band traditionnel avec des instruments électroniques : métissage du jazz, de la house et de la techno
- 120 concerts par an dans le monde entier et signé sur le label Act
- Le plus souvent, les compositions, paroles et arrangements sont du guitariste Leonhard Kuhn. Ce sera le cas sur Dancing Wittgenstein
- Energie scènique de 20 musiciens sur scène plus spectaculaire que le seul DJ derrière sa table de mix : raisons du succès de Jazzrausch Bigband
Un concert live du Jazzrausch Bigband
Exemple d'un big band traditionnel de la swing era. Count Basie, Swingin' the blues / 1941
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
- A la différence de l'orchestre symphonique et la house, le jazz et les musiques électros ont des racines afro-américaines communes :
- Depuis très longtemps, le jazz a adopté les instruments électroniques : le jazz-rock dans les années 70 avec par exemple Chameleon d'Herbie Hancock, Miles Davis avec Tutu en 1986, la techno de Detroit très influencée par le jazz comme dans Hi tech jazz en 1993 et aussi en France avec Saint Germain. On parle aussi d'acid jazz.
- Dans le cas du Jazzrausch big band, on pourrait parler d'une techno acoustique, un style où les instruments acoustiques imitent les sonorités électroniques.
fin des 90's
90's
70's
80's
Herbie Hancock / Chameleon / 1973
Saint Germain / so flûte / 1995
Miles Davis / Tutu / 1986
UR / Hi tech jazz / 1993
Ainsi, Jazzrausch big band n'est pas forcemment moderne mais s'inscrit plutôt dans une certaine continuité d'un métissage entre le jazz et les musiques électroniques... Ne serait-ce pas un cas inverse au projet symphonique de Jeff Mills ?
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
- Le morceau a été composé par Leonhard Kuhn, le guitariste du Jazzrausch Bigband
- On remarque sa longueur : 10'10. A remarquer que le caractère underground des musiques électros fait qu'elles n'obéissent jamais au format "radio edit"
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
- CARACTERE : Dansant, un mélange intéressant d'étrangeté et d'esprit festif
- TIMBRE : On remarque de prime abord ce qui fait la marque de Jazzrausch : les vents jouent le rôle
- TEMPS : sur un BPM à 121 et une mesure à 4/4. A remarquer l'importance du déphasage rappelant le minimalisme américain. Déphasage des ostinatis rythmique créant une instabilité dans la régularité.
- ECRITURE : en Sib mineur. Mélodie accompagnée principalement avec la voix et le chorus de sax, ou alors avec de la polyrythmie. Dancing Wittgenstein présente de nombreux rise/drop. C'est un effet classique et efficace de l'électro. Enfin, remarquons une grille harmonique sur 4 accords dans le refrain (rare en electro) et les harmonies très enrichies du chorus de saxophone.
Steve Reich, compositeur minimaliste américain, joue beaucoup sur cette notion de déphasage dans son oeuvre
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
Du point de vue de la forme, elle se déroule sur un temps long et étiré. Toutefois, elle est assez classique : une forme couplet / refrain
Pont1
Chorus
CODA
C1
INTRO
C2
Pont2
C3
En deux parties : une instrumentale jouant sur le déphasage, provoquant une instabilité rythmique Une autre partie avec la voix parlé/chanté récitant du Wittgenstein, sur une pédale de sib avec une stabilité rythmique cette fois Style techno
Uniquement instrumental, présence de la batterie importance de la caisse claire pédale sib / do en alternance toujours des rise and drop
Conclu par un rise and drop
Plus lyrique, mélodique et mis en valeur par une grille harmonique sur 4 accords Rise and drop
On retrouve l'alternance sib/do du pont précédent mais avec plus de complexité harmonique : influence du jazz
Solo de saxophone, improvisation virtuose dans un style rapellant de jazz-rock Retour de l'instabilité rythmique de l'intro
Toujours avec un rise and drop
Ce refrain est varié car il y a à la différence du premier, en contrechant, un solo de guitare éléctrique au son saturé
Retour de l'ostinato avec une citation célèbre de Ludwig Wittgenstein :
Voix chantée Style plus house, plus mélodique Rise and drop
" Ce dont on ne peut parler, il faut le taire "
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Dancing Wittgenstein (2018)
Une comparaison intéréssante :
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / I want to be a banana (2018)
Composition de Leonhard Kuhn (chef d'orchestre), 2016. A remarquer la futilité et le caractère absurde des paroles : un clin d'oeil au funk afro-américain
- CARACTERE : dansant, groove, festif, humoristique. Ce morceau est un patchwork de styles afro-américains différents : house, jazz (riff harmoniques des vents, chorus de sax), funk (pèches de cuivres, expression de James Brown "take me to the bridge"), blues (grille harmonique du chorus de sax baryton), fanfare voire gospel...
- TIMBRE : le piano, la clarinette basse on une place importante au début. A remarquer le solo de sax ténor avec une wah-wah
- TEMPS : 120 BPM. Régularité et temps strié par le kick. Basé sur une cellule rythmique en ostinato. Comme un riff. L'accompagnement est basé sur un rythme disco/funk. Accentuation des contretemps et ryhmes pointés. Pèches rythmiques des cuivres.
- ECRITURE : accords en quarte du piano, richesse harmonique, écriture homorythmiques des vents : recherche d'une puissance, en général écriture mélodie accompagnée, le jeu "out" des improvisations du sax, grille harmoniques de blues à la fin
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / I want to be a banana (2018)
A remarquer que les couplet se basent sur les mêmes paroles mais présentent des variations.
Intro
C1
C2
Pont
C3
C5
C4
Chorus 2
Klimax et CODA
Chorus 1
Caractère festif, esprit gospel ou fanfare, aspect d'improvisation collective
Apparition de la voix, réponse des vents sur 4 noires. Le C2 est plus long avec l'ajout d'une cocotte à la guitare électrique
Présentation du motif rythmique principal : accentuation des contretemps et rythmes pointés
Jeu polyrythmique, superposition de plans sonores + un son électro avec effet d'echo
Dans le style jazz rock sur des notes pédales à la basse, long solo de sax avec wah-wah
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / I want to be a banana (Slatec remix) (2018)
Slatec est un groupe dans le groupe mené par Romain Sladek : 5 musiciens du Jazzrausch Bigband
Un REMIX : procéder à un nouveau mixage d'un titre original. On peut ajouter des pistes, en enlever, traiter les pistes originales, les varier... Dans tous les cas, le remix tente de respecter l'original et en même temps être créatif. C'est donc une adaptation très libre.
CARACTERE : expérimental, presque sombre alors que l'original est léger
TIMBRE : ce remix privilégie les sonorités électroniques alors que les instruments acoustiques sont privilégiés dans l'original : filtres, effets, sampling... Les enregistrements originaux sont coupés , collés modifiés...Beaucoup de traitement sonore. Voix modifiée : pitchée vers l'aigu
RYTHME : le rythme est sur un tempo lent, rythmique lourde, proche du dubstep
ECRITURE : Typique de l'électro : superposition de pistes, de plans sonores
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / I want to be a banana Slatec remix (2018)
Intro
C1
C2
C3
C1
Chorus
Monnayage électronique ou stretch time on retrouve les même paroles. Sample des cuivres originaux
Voix traitée
Encore plus de manipulations électroniques
Voix pitchée + sons originaux des cuivres Rythmique syncopée
On retrouve un extrait du chorus original
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Subzero (2018)
C'est un arrangement fidèle d'un morceau emblématique de Ben Klock (2009), pilier de la techno allemande par Leonhard Kuhn. La construction du morceau original est typique avec son ajout successif de plans sonores et rythmiques et sa forme (A1, A2, A3, A4, A5...). Subzero est un bon exemple de minimalisme, basé sur un seul riff sur lequel des variations s'opèrent.
- CARACTERE : étrange, hypnotique, peut rapeller l'orient
- TIMBRE : le bigband avec le kick electro très sourd. Présence de la batterie, de la guitare électrique et de la basse. Imititation des effets électroniques de l'original par les vents. l'ajout original d'une improvisation vocale au caractère oriental avec se intervalles augmentée et ses demi-tons, des sons concrets (verres ?), des glissandis
- TEMPS : même tempo que l'original. Toujours les notions de loops, d'ostinati, de motifs rythmiques... On retrouve le rythme caractéristique de la techno : contretemps, syncopes, rythmes pointés
- ECRITURE : superpositions de plans sonores et rythmiques. Le riff se base sur un intervalle de demi-ton qui peut rapeller ce caractère oriental, des notes pédales...
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
B/ Jazzrausch Bigband / Subzero (2018)
FORME : Variations d'une seule idée musicale, par ajouts ou suppressions de plans sonores, typique de la techno. Cela rappelle la chaconne : danse baroque avec des variations sur une basse obstinée
A4
A5
A2
A4
A3
A1
kick et ostinato
Disparition de la voix, reste une note pédale et une variation du motif principal passant d'un instrument à un autre
Riff principal avec une note pédale Ajout et suppression de plans sonores
Nouveau motif avec son intervalle de septième mineure descandant + glissandis
Breakdown avec le fade-out du kick, crescendo d'une note pédale
Klimax avec le retour du kick dans un caractère plus fanfare, insistance du motif principal descendant, tutti
Retraits des motifs mettant en valeur l'introduction du chorus vocal jeu au balais de la batterie
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
Comparaison avec des formes baroques
Les formes des musiques électroniques se basent essentiellement sur le phénomène de répétition. Quelques rapprochements avec des formes existantes sont possibles : chaque ajout de piste est comme une variation de la séquence précédente. Ce principe peut alors rapeller la passacaille, la chaconne ou le ground, danses typiques de l'époque baroque : une seule tonalité, un thème court sans cesse varié, une basse obstinée, des montées progressives en puissance, des variations rythmiques, d'instrumentation, le respect de la carrure...
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
C/ Art du temps dans les musiques électros : permanences et ruptures rythmiques
- Basé sur la répétition des boucles : loop. Cette permanence connait des ruptures
- Généralement binaire et en 4/4
- La pulse est accentuée sur tous les temps par le kick, ou bass drum : la grosse caisse (influence du disco) très présente ou absente (mutée)
- Un lien essentiel avec la danse : dans la catégorie danse de société et non danse de ballet
- Importance du rythme, avec parfois des jeux polyrythmiques,
- un temps majoritairement très strié mais aussi des temps lisses (lors des breakdown) pour mieux valoriser les séquences très rythmées
- Chaque style a une caractéristique rythmique propre. ex. l'accentuation des contretemps dans la techno. Une origine : le rythme du disco
- Minimalisme du matériau musical utilisé, pauvreté de la mélodie et de l'harmonie ce qui met en avant le rythme
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
D/ Musique, son et acoustique : quelles sont les caractéristiques sonores de la musique électro ?
- Sons exclusivement électroniques, synthétiques ou échantillonés : provenant de synthétiseurs, d'instruments virtuels, de sample...
- Rise and drop : épaississement progressif de la matière sonore, par ajouts successifs de plans sonores vers un klimax.
- Depuis la fin des années 90, la musique électro est produite par la MAO (musique assistée par ordinateur)
- La musique électro a ceci de particulier : le compositeur peut modifier à volonté le timbre qu'il choisit. Le traitement sonore est une caractéristique de ce style : appliquer des effet, modifier son attaque, sa chute...
- Dans les deux choix au programme, l'idée d'une musique mixte avec le mélange des sons électros et orchestre symphonique (Jeff Mills) et celle d'une techno acoustique (Jazzrausch Bigband)
2/ Le son, la musique, l'espace et le temps
Notions essentielles à maîtriser
Pour aller plus loin...
3/ La musique, l'homme et la société
La technique du sampling : recréation ou plagiat ?
Le producteur Moby accède à une renommée planétaire en utilisant les enregistrements de l'éthnomusicologue Alan Lomax, ce dernier ayant réalisé des captations de nombreux musiciens afro-américains, dans la première moitié du XXème siècle. Se pose alors le vif débat sur la question des droits d'auteurs... N'y a-t'il pas dans cette pratique du sampling une forme de vol de la propriété intellectuelle ?
" Une musique faite par tout un attirail de machines électroniques, moi aussi je peux le faire !" Sean Booth
" La différence entre la drum and bass et la jungle ? A mon avis, il n'y en a pas. j'en ai marre de tous ces noms. Marre de tous ces intelligent techno, hardstyle, techstep etc... " LTJ BUKEM
" Ce que nous entendons sur les disques produits dans les années 60 est pour la plus grande part le fruit de travaux de montage de bandes magnétiques, ce qui n'est pas très différent des manipulations du son sur ordinateur aujourd'hui. Tout est question de manipulation." Bill Laswell
" La musique des machines est le seul moyen d'aller de l'avant." Juan Atkins
" J'ai fait des platines un instrument à part entière. Vous pouvez vous contenter de passer un disque. Mais si vous voulez jouer des platines, vous devez apprendre à le faire. Vous devez vous entraîner, comme pour n'importe quel autre instrument " DXT