13 octobre 2023 / Arras
oceane.vaillant
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Transcript
Les analyses proposées par Amin Maalouf dans Les identités meurtrières (1998) vous aident-elles, ou non, à comprendre la trajectoire d'un jeune homme d'origine ingouche, âgé de 20 ans en octobre 2023, Mohammed Mogouchkov, mis en examen le 17 octobre 2023 pour "assassinat et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle » ?
► Malgobek - Arras, une carte.
► Lycée Gambetta d'Arras, Lycée Pasteur d'Hénin-Beaumont
► Sommaire
► Classe de TG1 Remarques des élèves lors de la première séance, le mercredi 18 octobre 13h-15h.
► Les identités meurtrières, 19 extraits
Malgobek (en russe : Малгобек ; en ingouche : МагIалбике), lieu de naissance de Mohammed Mogouchkov, est une ville située en République d’Ingouchie, en Russie, éloignée de 6500 km de la ville d’Arras, en France.
Tout au long de la semaine du 16 au 20 octobre, au Lycée Louis Pasteur d’Hénin-Beaumont, dans les classes de TG1, TG3 et TSTI2D1 ainsi que dans le groupe de spécialité Humanités-Littérature-Philosophie (TG3-TG5), les cours de philosophie sont transformés, heure après heure, en séances d’atelier ayant un objectif double, la verbalisation de l’émotion et la mise en forme d'une réflexion, accompagnée de la présentation de quelques lectures favorables à l’analyse. Ces dernières ont été référencées sur le blog tenu par l’enseignant à l'intention de ses classes :
À la fin de la semaine, le professeur de philosophie, Olivier Verseau, propose à ses élèves de rédiger un écrit à partir d’une question (page de couverture) ou, si la difficulté semblait insurmontable, d’écrire un texte exposant la difficulté rencontrée. Dans ce livre numérique, dont les premiers destinataires sont les élèves elles-mêmes, eux-mêmes, ainsi que Monsieur Amin Maalouf, Académicien et désormais Secrétaire Perpétuel de l’Académie Française, ont été rassemblés, avec l’accord des intéressé.es et de leurs parents en vue d’une diffusion hors du cadre strict de la vie scolaire de chacune des classes concernées, les écrits de quelques élèves.
La philosophie au programme
Vendredi 13 octobre 2023 Attentat au Lycée Gambetta d’Arras
L'enseignant y a joint sa propre contribution.
Classe de TG1 Remarques des élèves lors de la première séance, le mercredi 18 octobre 13h-15h.
Sommaire
Justine RulensTraître ici, là renégat, comme toute personne à « l’identité complexe »
Noah AssesPourquoi je n’ai pas fait le devoir sur le parcours de Mohammed Mogouchkov
Mélanie Lengagne Manipulation d’un fils en détresse
Alicia KechoutCo-responsabilités
Clarisse VasseurUne réponse à une provocation
la question
Shainez Medjebeur Identification par essentialisation
Tiphaine MouiComment est-ce possible de commettre un tel acte ?
Tiphaine Ciurys Une trajectoire contrôlée
Igor Bodelle Un acte impardonnable à parcours complexe
Kylian KaszkowiakDes « raisons » d’agir?
Paul MolmyUn comportement à l’encontre de l’opinion publique?
Héline MichalskiPar conviction ou sous influence?
Ethan Lagaisse L’homme dont on ne connaît rien
Olivier Verseau, enseignantIdios kosmos, koïnos kosmos
Traître ici, là renégat, comme toute personne à « l’identité complexe »par Justine Rulens L’humain a la capacité de donner la mort, et notamment de faire cesser la vie d’un autre humain. Dans l’imaginaire commun, le criminel est différent, il est inhumain et monstrueux. L’ assassin est une personne qui a basculé dans le mal, l’immoral, l’indicible. Peut-on tout de même comprendre la trajectoire d’un homme, qui se retrouve meurtrier ? L’essai d’Amin Maalouf publié en 1998, Les identités meurtrières, servira d’outil pour répondre à cette question. Dans cette essai, l’auteur refuse la définition simpliste, courante, « tribaliste » de l’identité. Le but de cette œuvre est d’expliquer quelles sont les choses qui poussent certains humains à commettre des crimes au nom de leur identité religieuse, ethnique ou nationale. L’exemple de Mohamed Mogouchkov, jeune homme de 20 ans mis en examen en 2023 pour assassinat d’un professeur de son ancien lycée Gambetta à Arras, en relation avec une entreprise terroriste ainsi que pour association de malfaiteurs terroristes criminelles est le sujet central de la réflexion. Mohamed Mogouchkov est une personne avec une « identité complexe ». En effet, il est originaire du Caucase et non de France. De plus, il est musulman, c’est-à-dire qu’il professe l’Islam, religion non majoritaire en France et qui n’était pas non plus sa religion historique, qui était catholique.
Ce jeune homme, affirmant son identité ou juste en l’énonçant a très probablement été « en butte à l’incompréhension, à la méfiance ou à l’hostilité » comme pourrait le dire Amin Maalouf. Également, en France, comme dans tout autre pays, se trouvent des personnes racistes, fanatiques et xénophobes qui vont marginaliser, critiquer, juger, amener de la haine sur les étrangers, ou sur telle ou telle ethnie ou religion. Le jeune homme de 20 ans a dû déjà être « marginalisé », ou vu comme un « traître » ou comme un « renégat », pour reprendre les termes utilisés par Amin Maalouf. Il est évident de se dire qu’il a dû être moqué par les expressions et clichés ancrés en nous tous, et par les crimes, actes et opinions collectives que nous leur attribuons. Cela est dû selon l’auteur à la définition de l’identité « étroite, exclusive, bigote, simpliste » et qui « réduit l’identité à une seule appartenance ». Mohammed Mogouchkov a donc pu vouloir dissimuler son identité, ou être honteux de lui même, ou être saturé de toutes ces persécutions qui ont pu lui arriver ou à ses semblables (même origine ou même religion), et dans tous les cas cela amène de la haine et de la rage. Affirmer son identité, c’est souvent ce que l’on conseille à nos contemporains. Affirmer son identité serait un acte de courage et un acte libérateur. D’ailleurs, plusieurs personnes se rassemblent pour cela. Dans notre exemple, c’est le cas avec des personnes dont Mohammed Mogouchkov fait partie, qui ont l’Islamcomme religion commune : ils veulent affirmer leur identité de manière radicale, c’est-à-dire qu’ils sont enragés. Il ne veulent par « mendier auprès des autres le respect (...) mais qu’il faut leur imposer ».
Il y a une idée de vengeance, de venger toute personne victime de racisme, de xénophobie ou autre (voir paragraphe 1). Ils pensent « être dans leur droit » en tuant, « les autres l’auraient mérité ». Les meneurs de ce groupe arrivent à enflammer les esprits, à les manipuler, notamment par une idée de victoire, et qui arrivent donc à pousser certains à faire des actes radiaux, extrêmes. D’ailleurs, le père du jeune homme était en lien avec l’Islam radicale et a donc entraîné son fils dans ces groupes de personnes et a alors participé à sa manipulation, d’autant plus que ce père était violent. Enfin, peut-on dire que la folie résumerait tout ce que l’on vient de dire ? Mohammed Mogouchkov était un bon élève en classe et ses amis le décrivent d’une bonne manière. Il était certes fiché S et surveillé mais pas encore un tueur. Or, du jour au lendemain, il se transforme en un criminel, un assassin, et il y a donc bien folie comme le souligne Amin Maalouf. Cependant, d’autres actes de revendications du même type se sont déjà produits. Il est possible de citer le meurtre de Samuel Paty en 2020 ou l’attentat du Bataclan en 2015, et et donc dans ce cas dire « folie meurtrière » ne suffit plus d’après Amin Maalouf. La folie n’est pas le seul état, il y a également la peur. Ces personnes ont commis ces meurtres car elles sentaient leur « tribu » menacée. Cette menace
peut se ressentir par les guerres dans le monde entre plusieurs ethnies, religion dont on entend parler : ainsi quelqu’un favorable à telle religion ou tel pays, pourra discriminer la religion ou le pays adverse. Et « le sentiment de peur ou d’insécurité n’obéit pas toujours à des considérations rationnelles » ce qui explique que ces personnes pensent être dans leur droit. La rage, la peur, prennent possession de leur rationalité. Mohammed Mogouchkov est assurément responsable de son acte, mais il n’est donc pas seul responsable. D’après Amin Maalouf, il y a un « Mr Hyde » en nous tous. On peut alors dire que chez le jeune homme, toutes les conditions se sont rassemblées pour éveiller le monstre qui est en lui. On notera le conseil de l’auteur : Il est important que chacun de nous prenne conscience du fait que nos propos ne sont pas si innocents, et qu’on perpétue des préjugés et que l’on peut blesser. L’œuvre Les identités meurtrières m’a donc personnellement éclairée pour comprendre la trajectoire de Mohammed Mogouchkov.
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Pourquoi je n’ai pas fait le devoir sur le parcours de Mohamed Mogouchkovpar Noah Asses Tout d’abord j’ai été choqué par les événements et ayant vu des vidéos sans floutage et avec les cris des élèves spectateurs, j’ai été assez marqué par ce que j’ai vu, et je n’ai pas envie de parler du parcours qui a amené Mohammed Mogouchkov à faire cela car je trouve que ça lui apporterait de l’importance. Peut-être ai-je tort de penser cela mais c’est mon ressenti. Concernant les 12 extraits de Les Identités meurtrières d'Amin Maalouf, les ayant lus je n’ai pas vraiment compris en quoi cela pourrait m’aider à faire le parcours et le comparer car il parle d’identité et tout ça dans le genre (appartenance, choix). Mais je ne sais pas comment m’aider avec ces textes donc ça m’a déjà donné une raison en plus de ne pas le faire. De plus le quiproquo sur la question ne m’avait pas du tout aidé au début et concernant le devoir je ne saurais tout de même pas par où commencer ni quoi raconter, en général quoi faire. En tout cas je suis désolé de ne pas avoir fait ce devoir, je suis peut-être passé à côté de quelque chose, ça ne changera peut-être pas votre vie mais je suis désolé.
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Manipulation d’un fils en détressepar Mélanie Lengagne Amin Maalouf est secrétaire général de l'Académie Française, dans son essai Les identités meurtrières, il définit l’identité et les conflits qu’elle peut occasionner. Cet essai permet-il de comprendre la trajectoire, le parcours, la course folle de Mohammed Mogouchkov, sur l’homicide, la violence qu’il a commis ce vendredi 13 octobre 2023 à Arras dans le lycée Gambetta ? Ce crime ne dépend-il pas de l’éducation qui a été donnée par son père ? Ne s'est-il pas servi de son fils en détresse, qui voulait juste avoir de l’attention venant de son père ? A-t-il agit avec une autre personne que lui-même ? Ainsi comment en vient-il à commettre une violence ? Le parquet national antiterroriste ouvre une enquête pour avoir été en relation avec une entreprise terroriste pour avoir poignardé un professeur de lettres, Dominique Bernard, qui lui, essayait de protéger ses élèves. Mohammed Mogouchkov a été interpellé avec son frère qui était présent lors des faits. Son père, est fiché S (sûreté de l’Etat). C’est un jeune homme radicalisé d’une famille connue de la police et de la justice. Sa famille l’a t-il poussé à commettre l'irréparable ? Son frère aîné a été condamné en Avril pour association de malfaiteurs terroristes. A-t-il vécu dans une sombre
enfance avec de la violence ? Son frère a eu un projet d’attentat avorté contre l’Elysée. Nous parlons “d'une folie meurtrière”, de folie sanguinaire, ancestrale, héréditaire ». D’après ses professeurs, c’était un bon élève, "Les faits semblent avoir été commis dans le cadre d’une entreprise terroriste qui se structure, au-delà de l’adhésion à l’idéologie de l’État islamique (EI), autour des liens familiaux, en particulier de la fratrie Mogouchkov, dont on constate l’inclinaison progressive vers une radicalisation plus forte", précise un rapport de synthèse de la Sous-direction antiterroriste. Mohammed Mogouchkov provient d’une fratrie qui encourage le terrorisme et d’un père qui le guide dans ce genre de choses ce qui peut lui semblait normal de tuer une personne. Ainsi, Mohammed Mogouchkov était en relation avec un jeune homme, Maxime, qui lui s’est reconvertit à l’islam, reconvertir, composé du préfixe itératif re-, à nouveau, et de convertir, issu du latin convertere, tourner complètement, changer complètement, En matière de religion, la reconversion (d'un usage assez rare) est l’action de se convertir à nouveau, c'est-à-dire de retrouver sa foi perdue, après l'avoir abandonnée. Il est en prison pour avoir encouragé un codétenu à commettre un attentat et à l'extérieur, il se fait appeler Amza Bilal, il est soupçonné d’être le mentor religieux de Mogouchkov qui était en contact avec l'aîné de
la fratrie, il a envoyé un message avant l’attentat à Mohammed Mogouchkov. Amin Maalouf démontre « Lorsqu'un homme sain d’esprit devient du jour au lendemain un tueur, il y a bien une folie ». Pourquoi Mogouchkov, un homme qui a étudié lui-même au lycée d’Arras a pu commettre une telle atrocité ? peut être par « folie meurtrière ». Quand on est infans, un être sans parole nous sommes poussés à faire comme les parents, à reproduire, nous sommes influencés puis nous devenons une personne faites par l’éducation des parents sauf que la mère de Mogouchkov a vécu dans la violence ainsi que la famille car elle a été battu, par ses fils également, il a grandi dans une famille religieuse, avec un père qui faisait faire prier sa femme et ses enfants pendant des heures en les empêchant de manger. Grandir dans la violence est difficile pour l’« infans » qui reproduit ce qu’il voit et qui par ailleurs commet, reproduit. Amin Maalouf ajoute « Je ne pense pas que telle ou telle appartenance ethnique, religieuse, nationale ou autre prédispose au meurtre ». il est soupçonné d’être le mentor religieux de Mogouchkov qui était en contact avec l'aîné de la fratrie, il a envoyé un message avant l’attentat à Mohammed Mogouchkov. Amin Maalouf démontre « Lorsqu'un homme sain d’esprit devient du jour au lendemain un tueur, il y a bien une folie ». Pourquoi Mogouchkov, un homme qui a étudié lui-même au lycée d’Arras a pu commettre une telle atrocité ? peut être par « folie
meurtrière ». Quand on est infans, un être sans parole nous sommes poussés à faire comme les parents, à reproduire, nous sommes influencés puis nous devenons une personne faites par l’éducation des parents sauf que la mère de Mogouchkov a vécu dans la violence ainsi que la famille car elle a été battu, par ses fils également, il a grandi dans une famille religieuse, avec un père qui faisait faire prier sa femme et ses enfants pendantdes heures en les empêchant de manger. Grandir dans la violence est difficile pour l’« infans » qui reproduit ce qu’il voit et qui par ailleurs commet, reproduit. Amin Maalouf ajoute « Je ne pense pas que telle ou telle appartenance ethnique, religieuse, nationale ou autre prédispose au meurtre ». Mohammed Mogouchkov déclare : "Je voudrais aller au paradis, donc, j’essaie de faire desbonnes actions en étant musulman et ma religion est l’islam", comme l’attaque au couteau dans un parc pour enfant à Annecy, le 8 juillet 2023, le terroriste prend pour excuse dieu, que ce meurtre est pour aller au paradis, que c’est dieu qui lui a demandé. Pourquoi remettre en cause une religion et joué sur cela ? « des tueurs qui commettent les pires atrocités en étant convaincus d’être dans leur droit, de mériter le ciel et l’admiration de leurs proches » il était donc convaincu d’être dans ses droits puisqu’il a grandi dans cela, son éducation était basé sur cela. Peut-être, il voulait que son père soit fier de lui, qu’il le regarde pour une fois. Cet attentat ravive les plaies de l’assassinat de Samuel Paty, un professeur d’histoire, poignardé
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et décapité après avoir montré le 16 octobre 2020, à presque 3ans d’intervalle des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves. Cet attentat, effroyable par le geste, l'est aussi par le symbole. Pour la première fois, le terrorisme s'invite à l'école républicaine, sanctuaire du savoir, de l'enseignement laïc et de la liberté d’expression.
Co-responsabilitéspar Alicia Kechout Le vendredi 13 octobre, Mohammed Mogouchkov s’introduisait dans le lycée Carnot situé à Arras et assassina un Professeur nommé Dominique Bernard. Il fut mis en examen pour "assassinat et tentatives d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle ". Cet événement a suscité de nombreuses réactions de la part des personnes présentes sur les lieux mais aussi de leur entourage et des personnes qui ont été informées de cet acte via les médias. L’une de ces réactions, qui d’ailleurs fut majoritaire, était de qualifier cet homme de fou. En effet, toujours d’après leur compréhension de la situation, ils se demandèrent comment un humain « sain d’ esprit », et « bien dans sa tête », peut commettre un tel acte, qualifié d’ horrible, d’ignoble, d’inhumain. Cet homme ne peut être alors que diagnostiqué fou. De plus, sa culpabilité est totale, on sait que c’est lui seul qui a commis cet acte. Or, comme le dit l’ accusation, il y a «association de malfaiteurs» et une «relation avec une entreprise terroriste », bien qu’il ait tué seul ce professeur, la responsabilité de cet acte doit-elle être mise
seulement sur lui ? Ou bien y a-t-il d’autres personnes qui ont leur responsabilité dans cette tuerie ? On sait que de nombreuses personnes commettent ce même type d’ acte qualifiés de terroristes au nom de raisons similaires, souvent religieuses. Sachant cela, l’ acte de cet individu considéré fou est-il si insolite, ou bien, au vu des circonstances, ne relève que des conséquences logiques d’ un système qui existe déjà depuis longtemps. D’ une part, les analyses des textes d’ Amin Maalouf m’ont permis de comprendre que cet acte n’était pas commis par pure folie. En effet, d’après Amin Maalouf, « lorsqu'un homme par ailleurs sain d'esprit se transforme du jour au lendemain en tueur, il y a bien folie. Mais lorsqu'ils sont des milliers, des millions de tueurs, lorsque le phénomène se reproduit dans un pays après l'autre, au sein de cultures différentes, chez les adeptes de toutes religions comme chez ceux qui n'en professent aucune, dire "folie" ne suffit plus », or l’on sait que Mohamed Mogouchkov n’ est pas le premier à avoir commis un acte d’ une telle atrocité, d’ autres avant lui et en revendiquant la même religion, s’ y sont résolus. Mais alors, si ce n’est pas par folie meurtrière, qu’est-ce ce qui a pu pousser toutes ces personnes à passer l’acte ?
Les enquêteurs ayant fouillé son téléphone ont constaté qu’il éprouvait du ressentiment envers la France, mais pourquoi ? Tout d’ abord, il faut savoir que Mohammed est Ingouche, l’Ingouchie est une région très éloignée géographiquement et culturellement de la France, il est arrivé en France avec sa famille en 2008. Selon moi, et ayant lu et je l’ espère, compris les textes d’ Amin Maalouf, il a peut être reçu une certaine réticence de la part des Français ou des personnes possédant une origine différente de lui, car il était étranger au pays et donc pas dans la même appartenance qu’ eux. Toujours selon moi, s’il n’avait peut être pas reçu de discrimination alors peut-être qu’il aurait pu être mieux intégré et accepté. Et que sa haine vis-à-vis de la France, ne serait pas, ce qui lui aurait permis de penser à l’humain d’ abord avant de chercher une personne, ici un professeur, à assassiner. Il a assassiné seul, à l’ aide d’ un couteau et devant de nombreux témoins, ce professeur. Or on sait que depuis qu’il est très jeune, lui, ainsi que ses frères ont été élevés dans un environnement instable et violent. Son père, fiché S, et expulsé depuis 2018, les aurait élevé dans un islam radical et dans une sorte d’endoctrinement. Mohammed Mogouchkov, relativement jeune car âgé de 20 ans aurait pu facilement être manipulable de par son père, mais aussi par une entreprise terroriste. Si dès
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le plus jeune âge il ressent ce sentiment de rejet de la part des Français d’une part, d’autre part il est plus facile pour lui de se diriger vers les personnes auxquelles il fera confiance, ici sa famille et plus particulièrement, son père. Si déjà réticent face à la France, son jeune âge aurait contribué à le faire adhérer à des idées terroristes plus facilement, car celles-ci viendraient des personnes auprès desquelles il se réfugierait. Je pense que ces conditions réunies retrouvées chez ce jeune homme auraient incité davantage celui-ci à commettre cet acte, lui, mais pas uniquement, il est vrai que cet acte est horrible et que la responsabilité revient sur lui. Mais il faut aussi considérer ce qui l’ a poussé à le faire. Avant d’émettre des conclusion hâtives, est-ce que nous n’aurions pas nous aussi notre responsabilité dans l’histoire.
Une réponse à une provocation par Clarisse Vasseur Le 13 octobre 2023 s’est déroulé un attentat a Arras commis par Mohammed Mogouchkov, un jeune de 20 ans. Dominique Bernard, un professeur de français a été tué ainsi que 3 autres membres du personnel qui ont été blessés. A l’aide des analyses proposées par Amin Maalouf dans les Identités meurtrières publié en 1998, nous allons essayer d’éclairer et de comprendre la trajectoire d’un jeune homme de 20ans, Mohammed Mogouchkov, mis en examen pour «assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle». Dans un premier temps, nous allons expliquer la cause. Dans un second temps nous allons comprendre le but. Et pour finir, nous allons justifier par la valeur. Tout d’abord, nous allons expliquer la cause, à cause de quoi il a fait cet acte. Ce jeune homme de 20 ans , d’origine d’Ingouchie était fiché S. Il aurait commis cet acte car «la France pratique une politique de provocation avec les caricatures de Mahomet» et car «la politique française est contre l’islam». Dans Les Identités meurtrières, Amin Maalouf dit : «c’est cette propension de nos semblables à se muer en massacreurs lorsqu’ils
sentent leur «tribu» menacée». Ou encore « pour constater que toute communauté humaine, pour peu qu’elle se sente humiliée ou menacée dans son existence, aura tendance à produire des tueurs, qui commettrons les pires atrocités». On peut donc imaginer que Mohammed Mogouchkov a effectué l’attentat car lui et la communauté islamiste se sentaient menacés. Puis, nous allons comprendre le but d’avoir commis cet acte. «Ils promettent victoire au vengeance, enflamment les esprits, et se souvent parfois des moyens extrêmes dont certains de leurs frères meurtris avaient pu rêver en secret». «Quoi qu’il arrive «les autres» l’auront mérité, «nous» avons un souvenir précis de «tout ce qu’ils nous ont fait endurer» depuis l’aube des temps». Ici, la notion de vengeance est importante car il n’a pas agi que pour sa vengeance personnelle mais également pour tout les islamistes. Peut-être également pour venger son père, Iakoub Mogouchkov, de qui il est très proche, et qui a été expulsé de la France en 2018.Et pour finir, nous allons justifier par la valeur, au nom de quoi l’a-t-il fait.? Le terroriste n’a pas agis seul, il a notamment eu l’aide de son frère de 16 ans qui a également été arrêté. Mais il était aussi en relation avec une entreprise terroriste et aurait fait cela au nom de l’organisation terroriste État islamique. « Au sein de chaque
communauté blessée, apparaissent naturellement des meneurs. Enragés ou calculateurs, ils tiennent des propos jusqu’au boutistes qui mettent du baume sur les blessures. Ils disent qu’il ne faut pas mendier auprès des autres le respect, qui est un dû, mais qu’il faut leur imposer ». Nous pouvons donc penser qu’il y avait un meneur, une personne qui contrôlait tout au dessus de Mohamed Mogouchkov, qui leur a «lavé le cerveau» pour commettre cela. Pour conclure, Mohamed Mogouchkov a commis cet attentat pour se venger de la France qui pratiquerait une politique de provocation avec les caricatures du prophète Mahomet et qui aurait une politique française contre l’islam, au nom d’une organisation terroriste Etat islamique, et en relation avec une entreprise terroriste.
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Une trajectoire contrôléepar Tiphaine Ciurys Nous allons étudier un essai d’Amin Maalouf intitulé Les Identités Meurtrières paru en 1998. En effet, nous nous posons la question suivante : les analyses proposées par Amin Maalouf dans Les Identités Meurtrières, sont-elles éclairantes pour comprendre la trajectoire d’un jeune homme d’origine Ingouche, âgé de 20 ans en octobre 2023, Mohamed Mogouchkov, mis en examen pour « assassinat et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste », ainsi que pour « association de malfaiteurs terroristes criminelle ». La tra-ject-oire, autrement dit le parcours, revient à nous demander quels éléments l’ont construit et ont menés à un acte criminel de sa part. Pour cela, nous étudierons dans un premier temps, la construction de l’identité sous l’influence d’autrui puis dans un second temps, l’évolution de cette identité par comment je me vois et donne un sens à mes appartenances. Tout d’abord, la construction de notre identité est prise en charge par autrui. En effet, prenons l’exemple de notre naissance : quand on vient au monde, il y a de multiples choses que l’on ne décide pas comme notre prénom (qui pourra tout de même changer), le choix de nos vêtements et nos appartenances religieuses dans certains cas. En revanche, nous développons seuls notre conscience de soi, personne ne peut penser pour nous. Mais
cette conscience de soi est développée dès le bas-âge et pourrait être « brouillée ». En effet, l’éducation est une étape nécessaire au développement d’un individu. Éduquer c’est former autrui en lui faisant développer une bonne (ou mauvaise) aptitude. Amin Maalouf nous exprime sa pensée : « volontairement ou pas, les siens le modèlent, le façonnent, lui inculquent des croyances familiales, des rites, des attitudes, des conventions, la langue maternelle, et puis des frayeurs, des aspirations, des préjugés, des rancœurs, ainsi que divers sentiments d’appartenance comme de non-appartenance. » Dans le cas de Mohamed Mogouchkov, nous savons qu’il a grandi dans une famille ayant des membres fichier S dont son père qui devait quitter le pays depuis 2014. Nous savons également qu’il est mis en examen pour « relation avec une entreprise terroriste ». Nous pouvons supposer qu’il était sous une mauvaise influence depuis son plus jeune âge à cause de son environnement social. L’auteur nous dit : « car c’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard qui peut les libérer ». Le criminel est jeune et vient de loin, il est donc nécessaire de se pencher sur le sens de ses appartenances et comment lui-même se voit. Ensuite, nous étudions l’évolution d’une identité construite, par le sens de nosappartenances. Comme nous l’avons remarqué plus haut, notre identité est d’abord prise en
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charge par autrui, or la continuité de la construction de cette identité se fait par nous-même majoritairement (même si autrui peut toujours avoir une influence sur celle-ci). Amin Maalouf nous explique « qu’au sein de chaque communauté blessée, apparaissent naturellement des meneurs. Enragés ou calculateurs, ils tiennent des propos jusqu’au-boutistes qui mettent du baume sur les blessures. Ils promettent victoire ou vengeance, enflamment les esprits, et se servent parfois des moyens extrêmes dont certains de leurs frères meurtris avaient pu rêver en secret. » Puis, il nous fait part de son expérience : « pour avoir vécu dans un pays en guerre, (…) je sais parfaitement que la peur pourrait faire basculer n’importe quelle personne dans le crime. » De plus, il explicite : « (…) à partir du moment où une population a peur, c’est la réalité de la peur qui doit être pris en considération plus que la réalité de menace. » Les organisations terroristes utilisent l’islamisme pour justifier leurs actes alors que la religion n’autorise pas de tels actes. Quand des actions anti-terroristes sont menées à leur égard, ils se sentent alors menacés et veulent à leur tour répliquer. Pour conclure, ces extraits d’Amin Maalouf peuvent nous éclairer sur la trajectoire de Mohamed Mogouchkov en nous penchant plus précisément sur la construction de son identité.
Des « raisons » d’agir?par Kylian Kaszkowiak Notre réflexion va porter sur la trajectoire d’un jeune homme de 20 ans qui se nomme Mohammed Mogouchkov, et qui a commis un attentat à Arras le 13 octobre 2023. Nous allons corréler pour cela des extraits de Les identité meurtrières de Amin Maalouf paru en 1998. Comment les extraits de Amine Maalouf peuvent nous éclairer philosophiquement sur les actes de Mohammed Mogouchkov? Tout d’abord, nous allons voir qui est Mohammed Mogouchkov, ensuite, les raisons de Mohammed Mogouchkov, enfin, Mohammed Mogouchkov et la réflexion des extraits de Amin Maalouf. Tout d’abord, nous allons voir qui est Mohammed Mogouchkov. Mohammed Mogouchkov provient d’une famille nombreuse qui comporte cinq enfants dont trois garçons et deux filles. Il n’a pas une bonne situation familiale, notamment avec son père qui se nomme Yaqoub Mogouchkov, qui a été expulsé de la France. En 2018 vers la Russie. Celui-ci était un homme violent comme avec sa femme, mais malgré tout cela, il garde contact avec son fils (Mohammed) par téléphone. Il y a aussi les trois garçons Mogouchkov qui sont en détention avec l’aîné condamné en 2023 pour sa participation visant l’Élysée mais aussi pour l’apologie du
terrorisme. Le cadet mis en examen pour complicité dans le cadre de l’enquête sur l’attentat d’Arras et Mohammed Mogouchkov, pour avoir commis cet attentat, cet homicide. Suite à cet homicide, il sera considéré comme terroriste islamiste fichier S. Après la découverte de sa situation, autant familiale qu’aux yeux de l’État, nous allons découvrir ses raisons. Ensuite, les raisons de moi-même, Mogouchkov, d’avoir commis crime. D’autre part, étant donné les deux chefs d’accusation, ce jeune homme a agi pour terroriser. Le fait le plus important est sa trajectoire qui est renvoyée à l’homicide. Nous pouvons remarquer le mot « trajectoire ». Cela signifie le parcours, dans le mot trajectoire, nous pouvons retrouver le mot trajet, ce qui signifie de parcourir un certain espace pour aller d’un lieu à un autre. La trajectoire entre l’attentat de Mohammed Mogouchkov et l’assassinat de Samuel Patty est la même. Nous pouvons voir qu’elle vient pendant un même contexte, ce qui montre aussi la trajectoire entre le tueur, l’assassin et le défunt. Nous pouvons voir que Samuel Patty a été tué pour sa sagesse, c’est l’idée d’une conduite qui est sage, avoir des actes qui sont à la mesure de son savoir. Samuel Patty a été assassiné parce qu’il transmettait du savoir, il faisait de même avec ses élèves, il leur transmettait le pouvoir de réflexion et de savoir la vérité ou non contre leurs pensées idéologiques alors suite à ses différends pour réprimer le savoir, il (le savoir) devient une fatalité. Enfin, moi, Mohammed
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Mogouchkov et la réflexion des extraits de Amine Maalouf. D’autre part, nous pouvons voir aussi le rapprochement entre les textes d’Amin Maalouf et l’attentat de Mohammed Mougouchkov dans le titre avec le mot «meurtrières». Mohammed Mougouchkov est un réel rapprochement avec ses actes et le mot. Nous pouvons retrouver cette réflexion et le rapprochement se voit aussi avec le texte numéro 12 où Amin Maalouf vient à nous expliquer l’histoire de la « folie meurtrière ». Nous nous demandons comment des êtres humains en arrivent à commettre de telles atrocités. Nous pouvons citer ce passage pour illustrer cette situation : « En sens, il y a bien folie. Lorsqu’un homme, par ailleurs, sain d’esprit se transforme du jour au lendemain en tueur, il y a bien folie. […] sont des milliers, des millions de tueurs, lorsque le phénomène se reproduit dans un pays, après l’autre, au sein de cultures différentes, chez chez les adoptes de toute religion, comme chez ceux qui n’ont professent aucune, dire « folie », ne suffit plus. Ce que nous appelons commodément « folie meurtrière », c’est leur « tribu menacée ». Pour conclure, Amin Maalouf nous éclaire sur la non philosophie de Mohammed Mogouchkov, parce que le mot philosophie signifie l’amour de la sagesse. Or, avec les actes de Mogouchkov nous pouvons voir qu’il ne possède aucune sagesse. Alors Amin Maalouf vient à nous montrer cela, mais il nous donne sa nature et le principe de folie, avec Les identités meurtrières.
Une identité est ce qui nous rapproche de divers groupes humains, mais également ce quinous rend unique ou bien, d’après Maalouf, c’est d’abord « ce qui fait que je ne suis identique à aucune autre personne ». Elle peut être liée à l’appartenance à une nationalité, une tradition religieuse, une famille, un milieu professionnel ou social, mais elle est aussi façonnée par un certain nombre d’évènements, de choix qui se mélangent : région, quartier, groupe d’amis, entreprise, parti, passions, préférences sexuelles… Ce sont les «gênes de l’âme», expression qui nous ramène aux principes de la philosophie existentialiste : on ne naît pas tel qu’on est, on le devient. Mais alors Mohammed est-il devenu ce qu’il est, tout seul ? Ou bien à cause de facteurs qui lui façonnera cette idéologie ?Dans son livre Les identités meurtrières, Amin Maalouf tente de comprendre la notion d’identité aujourd’hui, dans un monde hyper connecté et globalisé. La modernité est née en Europe, à travers les différentes révolutions scientifiques, industrielles et qui ont fait progressivement émerger une « civilisation de référence » en Occident, alors que l’Orient musulman connaît une période de stagnation. Ainsi, selon Maalouf, la société en Occident a modernisé sa religion, tandis que l’islam a été interprété comme immobile. «L’humanité avait désormais les moyens techniques d’une domination planétaire ». Maintenant un fossé
Un comportement à l’encontre de l’opinion publique?par Paul Molmy Le vendredi 13 octobre 2023, un homme âgé de la vingtaine et muni d’un couteau, pénètre dans l’enceinte du lycée Gambetta à Arras (ce même lycée où il étudie et est qualifié de gentil et réservé), avec un but bien précis : porter atteinte à la vie de plusieurs professeurs d’histoire. De plus, Mohammed Mogouchkov s’avère être en relation avec une association de malfaiteurs terroriste criminelle. En effet les dernières paroles de M. Mogouchkov avant le passage à l’acte ont été enregistrées, dans celles-ci il prête allégeance au calife de l'État islamique, Abou Hafs al-Hachemi al-Qourachi, et déclare sa haine de la France, des Français, de la démocratie et de l'Éducation nationale. Il est pourtant bien venu en France avec sa famille en 2008, fuyant sa nation de l’Est, pour accéder à une vie « normale ». Après l’acte criminel de M. Mogouchkov et la médiatisation de certaines scènes de l’effroyable crime, la France, et surtout les alentours de la ville ciblée, sont sous le choc d’apprendre le décès du professeur de français et les blessés provoqués. Ce choc entraine des pensées bousculées et renfermées. L’auteur de cette attaque sera connu du monde entier à présent et qualifié de « déséquilibré ». Est-ce que cela détermine son identité ?
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identitaire se trouve entre l’Occident et l’Orient musulman, ainsi qu’une « domination » influente se trouve dans les mains de l’Europe. Les peuples se sont donc tournés vers le radicalisme religieux, qui rejette la modernité européenne. Etant lui-même islamique radical, Mohammed Mogouchkov possède un héritage de haine envers les Occidentaux, de plus son père étant fiché S, lui a certainement façonné aussi une idéologie radicale. Mogouchkov est né dans une situation où : son identité, sa personnalité, ses pensées sont dérobées par son entourage. Dès son enfance il a dû faire face à de la propagande d’organisation criminelle. M. Mogouchkov a-t-il vraiment eu le temps de se façonner sa propre identité ? Au lieu de considérer son identité comme unique et d’en faire un instrument de distinction voire de séparation, chacun devra «assumer sa propre diversité» : tel est le message de tolérance que nous livre Amin Maalouf. Avons-nous accepté la diversité de Mohammed Mogouchkov ? Son acte ne peut rester impuni dans n’importe quelle société moderne, sa raison de faire est passée avant sa raison d’être, son éducation et son/ses identités influent en lui et l’aveugle face à la réalité. Les identités meurtrières, d’Amin Maalouf, m’a donc aidé à construire une argumentation qui justifie ou pas la trajectoire de cet humain.
Un acte impardonnable à parcours complexepar Igor Bodelle A première vue, il semblerait que les douze extraits de Les identités meurtrières de Amin Maalouf nous éclairent sur la trajectoire de Mohammed Mogouchkov. En effet cet extrait nous montre les raisons qui peuvent pousser une personne à commettre l’irréparable. Ces raisons peuvent être diverses et multiples en fonction de chacun. Ainsi Mohammed Mogouchkov a tué un professeur de français, de sang-froid, à Arras. Pourtant les raisons présentent dans cet extrait ne peuvent pas forcément expliquer les justifications à la trajectoire de ce tueur. Doit-on continuer de dire que cet extrait nous éclaire sur le parcourt qu’a emprunté Mohammed Mogouchkov ? Mohamed Mogouchkov est un homme de 20 ans originaire de Tchétchénie, une république Caucase russe. Il était étudiant en BTS et ancien élève du groupe scolaire Gambetta à Arras. Il est accusé de l’assassinat de Dominique Bernard, un professeur de Lettres. Mogouchkov est fiché S notamment pour ses liens avec l’islam radical. C’est son identification à l’Etat islamique qui l’a poussé à tuer, comme expliqué dans l’extrait de Les identités meurtrières de Amin Maalouf : « Pour eux, affirmer leurs identités devient un acte libérateur, un acte de courage… ». Cet acte évoqué est, en l’occurrence, la décision du
meurtre de Dominique Bernard, ce qui peut être considéré comme son mécanisme de défense. Il l’utilise pour répondre à son offense c’est-à-dire à sa haine de la France, des français, de la démocratie et du reniement des valeurs républicaines françaises. Et c’est donc pourquoi il recherchait les professeur d’histoire puisqu’ils représentent l’intégralité de ces dernières. Mais le meurtrier qu’il est, est né dès son enfance et son éducation. En effet, étant petit, le père de Mohamed Mogouchkov faisait se battre à sang ses enfants et donc à pour résultat un traumatisme chez eux. De plus les relations familiales étaient patriarcales et les femmes n’avaient pas leurs mots à dire. C’est de là que prend racine la trajectoire de Mohamed Mogouchkov et ce parcours sera influencé par la société et le conduira jusqu’au meurtre de ce professeur. Ce sont les appartenances à certaines choses ou personnes qui font que l’on devient, ou non, violent. L’éducation joue un rôle majeur dans son parcourt et je pense que là est la racine du « monstre » que l’on connait aujourd’hui. Ce n’est pas uniquement la société qui forme des tueurs monstrueux ni qui créée une folie meurtrière comme celle d’Arras. Il a tout à fait le droit de renier toutes formes de démocraties ou les valeurs françaises quelles qu’elles soient mais il n’a en aucun cas le droit d’attenter à la vie de personnes innocentes. C’est l’identification à un groupe radical qu’est l’Etat islamique qui pousse Mogouchkov à tuer et est entré dans son mécanisme de défense
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face à ce qu’il considère comme une offense. Et c’est ces groupes qui sont unis par cette offense commune qui dans leurs visions jusqu’au boutiste poussent à cet acte libérateur : la tuerie. A mon avis, aucune raison ne justifie le meurtre ou la folie sanguinaire. Même dans les pires conditions de pensée, nul n’excuse le meurtre d’un de ses semblables. Certes en chacun de nous se cache ce « monstre » mais aucune condition ne doit faire émerger ce dernier si on est réfléchi. Puisque chacun a sa liberté de réflexion et donc peut décider de refuser l’émergence de la folie meurtrière. Et malheureusement c’est cette liberté qui permet également l’apparition des tueurs et donc de ces tragédies. Cette liberté, pouvant être appelé « semi-liberté » car nous sommes malgré tout emprisonnés sous les influences du monde qui nous entoure. Nous avons vu que les identités meurtrières de Amin Maalouf peuvent éclairer certains point de la vie des tueurs notamment l’identification à certaines choses ou encore l’influence de la société et l’éducation qui joue un rôle important. Mais tout ceci n’excuse pas du tout et nous restons notre propre maitre de nos actes et de nos pensées. En définitive, on peut dire que cet extrait nous éclaire légèrement sur la trajectoire de Mohammed Mogouchkov mais il faut garder un œil critique.
Comment est-ce possible de commettre un tel acte ?par Tiphaine Moui L’attentat qui a eu lieu le 13 octobre 2023 au lycée Gambetta-Carnot à ARRAS, est d’une atrocité absolue. Cela a touché énormément de personnes et a suscité beaucoup de questions. En effet Mohammed Mogouchkov, un jeune homme de 20 ans fiché S, a assassiné dans l’ancien lycée où il était scolarisé un professeur de français Dominique Bernard et a blessé trois autres personnes. Mohammed Mogouchkov était un islamiste d’origine ingouche qui est venu habiter en France en 2008. Dominique Bernard, père de famille, a tenté de s’interposer face au terroriste pour protéger ses élèves et ses collègues et a été poignardé à la vue de nombreux témoins. Cet acte horrible et inhumain a choqué de nombreuses personnes. Après cela nous pouvons nous demander pourquoi il fait cela ? Pourquoi utilise-t-il la violence ? Comment à 20 ans peut-on avoir des pensées comme celles-ci ? Voulait-il vraiment le faire ? Quelle est sa trajectoire et pourquoi en arriver là ? Pour répondre à ces questions nous allons nous appuyer sur le livre d’Amin Maalouf Les identités meurtrières. En effet dans son livre Amin Maalouf se pose la même question que nous : « Après chaque nouveau massacre ethnique, nous nous demandons à juste titre,
comment des êtres humains en arrivent à commettre de telles atrocités. » Ce qui nous fait réellement réfléchir c’est que ce terroriste faisait parti du lycée qu’il a attaqué il y a quelques années auparavant. Aux yeux de ses professeurs c’était plutôt un bon élève, personne n’aurait pu s’imaginer qu’il serait capable de commettre un tel acte. Personne n’a remarqué qu’il était radicalisé depuis des années car il se comportait comme ses jeunes camarades. Mais nous comprenons que même si Mohammed Mogouchkov paraissait comme les autres, il avait des idées horribles qu’il gardait en secret en lui. Comme le dit Amin Maalouf : « Lorsqu’un homme par ailleurs sain d’esprit se transforme du jour au lendemain en tueur, il y a bien folie. » Donc la question est d’où lui est venu l’idée ? D’où tient-il sa mentalité ? Comment en est-il arrivé là ? La réponse à ces questions est que tout cela est dû à son entourage. En effet le père fiché S est décrit comme un homme violent notamment envers sa femme. Il est lui aussi radicalisé, c’est donc de la que lui vient sa mentalité. Ses frères eux aussi radicalisés à l’Islam sont violents avec leur mère et leur sœur. Son frère ainé Mohamed Mogouchkov a même été interpellé en 2019 car il était soupçonné de complicité dans un projet d’attentat à la kalachnikov contre l’Elysée mais il est remis en liberté sous bracelet électronique en 2020. Cela ne l’a pas empêché
à continuer. Il continue à publier des contenus islamistes notamment sur une boucle télégram qu’il administre. Ce qui lui vaut une condamnation de 18 mois de prison pour « apologie du terrorisme » en juin 2023. Son frère cadet Movsar était aussi entré dans la spirale djihadiste en 2016. Enfin son troisième frère âgé de 17 ans est également mis en cause. Ce dernier a été interpellé à proximité d’un autre établissement scolaire lors de l’attaque. Un de ses frères lui a même appris à utiliser son couteau. Dans cette affaire nous entendons que parler des hommes mais où se placent les femmes ? La mère ainsi que la sœur étaient soumises par les hommes de la famille et n’avaient pas leur mot à dire. Elles vivaient constamment dans la terreur et la violence. Les hommes de cette famille se sentaient supérieurs et pensaient avoir tous les droits sur elles. Déjà petite la sœur de Mohammed Mogouchkov était malheureuse et voyait son frère comme un monstre. Dans cette affaire Mohammed Mogouchkov est donc coupable pour le crime qu’il a commis mais la famille notamment les hommes également car ils l’ont incité à faire cet acte atroce. Il a été élevé dans un environnement rempli de violence où la femme est considérée comme rien et la religion comme la chose la plus importante. Le rôle de la famille a donc un rôle plus qu’important car il y a une démarche collective terroriste. Et Mohammed Mogouchkov a peut-
être fait cela car il se dit que comme son père n’a pas osé le faire, lui va avoir le courage de le faire. Comme le dit Amin Maalouf : » Ils promettent victoire ou vengeance, enflamment les esprits, et se servent parfois des moyens extrêmes dont certains de leur frère meurtris avaient pu rêver en secret. » Il fait ce que les autres, qui ont la même mentalité que lui, n’ont pas fait. Mais ce que nous n’arrivons pas à comprendre c’est pourquoi font-ils cela au nom de la religion musulmane. Car nulle part dans n’importe quelle religion il est écrit de tuer ou de vouloir faire du mal. Mais Mohammed Mogouchkov se sert de la religion pour attaquer les gens, leur faire du mal, les terroriser. La religion n’est donc qu’un prétexte. Il pense que les gens méritent de souffrir alors il attaque des innocents qui n’ont rien demandé et fait aucun de mal. On le voit avec les citations : « Quoi qu’il arrive « les autres », l’auront mérité » et « Je ne pense pas que telle ou telle appartenance, ethnique, religieuse, nationale ou autre prédispose au meurtre. » Ou encore : « Il suffit de passer en revue les événements de ces dernières années pour constater que toute communauté humaine, pour peu qu’elle se sente humiliée ou menacée dans son existence aura tendance à produire des tueurs, qui commettront les pires atrocités en étant convaincus d’être dans leur droit, de mériter le ciel et l’admiration de leurs proches. » Mohammed Mogouchkov ne prend
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donc pas en compte son identité Ingouche ni son identité Française qui pourtant devrait constituer aussi son identité car cela fait maintenant un moment qu’il est arrivé en France. Pour lui son identité est juste d’être musulman. Et c’est d’ailleurs son identité qui le pousse à commettre cette atrocité. Il met en avant qu’une partie de son identité car pour lui son identité Ingouche et Française ne compte en rien. Et pour lui il faut affirmer son identité musulmane. Comme le dit Amin Maalouf : «L’appartenance qui est en cause- la couleur, la religion, la langue, la classe…- envahit alors l’identité entière… Ceux qui la partagent se sentent solidaires, ils se rassemblent, se mobilisent, s’encouragent mutuellement, s’en prennent à « ceux d’en face. » « Pour eux, affirmer leur identité devient forcément un acte de courage, un acte libérateur… » Donc Mohammed Mogouchkov, un jeune homme à priori comme les autres, n’a pas eu la même trajectoire qu’un jeune homme de 20 ans devrait avoir puisqu’il a été mis en examen pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, ainsi que pour association de malfaiteurs terroriste criminelle. » Sa trajectoire est donc différente des jeunes hommes de son âge notamment à cause du rôle important que sa famille a jouée car ils l’ont influencé à avoir cette mentalité-là et donc à commettre cet acte. Mais aussi à cause de son côté radicalisé, de cette volonté à faire du mal et terroriser et de sa volonté d’affirmer sa seule identité musulmane.
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L’homme dont on ne connaît rienpar Ethan Lagaisse Mohammed Mogouchkov, d’origine tchétchène et française, ne sait peut-être pas qui il est au fond de lui même. Comme tout le monde, Mohammed M. a une essence au fin fond de lui même, une essence de vie, la sienne, celle qu'il détient depuis sa naissance. Mohammed M. était potentiellement perdu au fond de lui et se posait peut-être comme question : Pourquoi ? Pourquoi je suis ici, quel est mon but dans ma vie? Peut-être que Mohammed M. a fait ça pour sa région, son peuple, son histoire ou sa langue? Mohammed M. a 2 appartenances en lui, le tchétchène et le français. Peut-être qu'en prenant les expression françaises et cette conception étroite et simpliste qui le réduit a une seule et unique appartenance. En faisant cela, on crée des massacreur qui se proclament avec une telle rage qu’ils se poussent à exécuter ces crimes si atroces. Mohammed M. a une identité qu’on ne connaît pas à cent pour cent comme tous les autres homme. Dans la partie inconnue de son identité, des informations que personne ne sut, sont des choses mauvaises. Il a peut-être tué Dominike Bernard car telle était sa valeur?
Je ne pense pas que l’on peut dire le pourquoi du comment il a tué ce professeur. Les identités meurtrières peuvent et ne pas aider pour comprendre les actions de Mohammed M. On ne peut pas savoir pourquoi il a fait ça car il y a différentes causes, des problèmes dans sa vie et on ne connaît pas sa vie passée.
Identification par essentialisationpar Shainez Medjebeur Nous allons étudier la trajectoire de Mohamed Mogouchkov à travers certains extraits des Identités Meurtrières écrit par Amin Maalouf. Mohamed Mogouchkov est un jeune homme de 20ans ayant commis un acte criminel à Arras le 13 octobre 2023. Comment les extraits d’Amin Maalouf nous semblent-elles éclairantes pour comprendre la trajectoire de Mohamed Mogouchokov ? Pour répondre à cette interrogation, il convient de prendre connaissance de Mohamed Mogouchkov ,puis la trajectoire qu’il a pris pour effectuer cet acte et pour finir la relation avec les extraits d’Amin Maalouf. Prenons connaissance du personnage Mohamed Mogouchkov, et également de ses proches. Ce jeune homme de 20 ans est russe de la province caucasienne d’Ingouchie, né là-bas. Lui et sa famille fuient leur pays en pleine guerre de Tchétchénie. En passant par la Pologne, et la Belgique, ils arrivent en France en 2008 et déposent une série de demandes d’asiles, toutes déboutées. Cependant, le profil de la famille Mogouchkov suscitait de vives inquiétudes pour les autorités françaises. De plus que, cette famille baigne depuis toujours dans le fanatisme religieux dicté par Iakub, salafiste endurci dans le sillage des affrontements russo-tchétchènes qui ont touché l’ensemble des communautés
musulmanes du nord Caucase. La famille et Mohammed étaient donc sous le radar de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) avec comme mesures de surveillance active l’écoute téléphonique et la surveillance physique par les services de Renseignements français. Suite à cela, le frère de Mohammed Mogouchkov prénommé Souleymane a été interpellé par la DGSI en 2019 pour projet d’attenter qui a été déjoué ainsi que pour des faits d’apologie du terrorisme, ce qui est le cas de Mohammed Mogouchkov. Il a fait une attaque à l’arme blanche avec un couteau plus précisément dans l’ancien établissement scolaire dans lequel il a fait ses années de lycée : nous allons voir au nom de quoi, à cause de quoi et au vue de quoi il a fait cet acte alors que son ancien professeur de sport le qualifiait d’élève réservé, calme et «lambda». Pour tenter de comprendre la trajectoire de Mohammed Mogouchkov, nous allons voir certains points. Premièrement, son acte est qualifié d’acte terroriste : il faut savoir que la violence terroriste possède une forte dimension symbolique puisque l’acte s’inscrit dans le cadre d’une « guerre psychologique » qui cherche à provoquer un état de choc émotionnel au sein d’un groupe visé, touche l’Education Nationale et plus particulièrement les professeurs qui sont les victimes des actes terroristes comme l’avait subi mortellement un professeur d’histoire géographie, Samuel Paty, le 16 octobre 2020, pour avoir montré des
caricatures du prophète Mahomet à ses élèves. Un événement très médiatisé puisque l’acte terroriste cherche à bénéficier de la plus grande publicité possible. Pour accomplir cet acte, les terroristes peuvent avoir plusieurs buts ou raisons. D’abord, la majorité des attentats sont faits par des personnes fidèles à la religion musulmane de ce fait, certaines personnes font partie d’un groupe islamiste qui a pour but de penser que faire ces attentants vengeraient donc le Dieu nommé Allah mais ce n’est pas le seul but. Ces individus veulent également promouvoir une idéologie spécifique à caractère philosophique, social, culturel, politique ou religieux ce qui explique pour quoi ils s’en prennent aux professeurs et visant plus ceux qui enseignent l’histoire et la géographie puisque leur devoir est de rester neutre vis-à-vis de la politique et de la religion alors que les personnes commettant un acte terroriste voudraient que ces professeurs défendent la religion à laquelle eux croient. Ainsi, l’idéologie qu’ils cherchent à promouvoir permet de distinguer des actes terroristes d’autres violences. De plus, l’acte terroriste est conçu par des auteurs comme un moyen légitime de propagande dans le cadre d’un conflit politique où on cherche à défendre une cause qui n’a pas droit de cité. En plus de promouvoir, ils cherchent à déstabiliser un groupe social, ses institutions et ses valeurs.
D’après une source d’information médiatique, Mohammed Mogouchkov faisait partie d’une entreprise terroriste et a fait son geste au nom de l’Organisation État Islamique d’où la phrase qu’il a dite avant de commencer son acte en le traduisant « Dieu est grand » ce qui peut faire allusion à l’attaque du Hamas en Israël. S’est-il senti surveillé et s’est-il dit qu’il fallait agir au plus vite? Aucune source ne peut répondre à cela. Toutefois, il y a une certaine coïncidence entre la mort de Samuel Paty qui a eu lieu de 16 octobre 2020 et la mort de Dominique Bernard professeur de Lettres tué par Mohammed Mogouchkov qui a eu lieu le 13 octobre 2023 : personne ne s’attendait à ce que cet acte soit reproduit et 3 ans après le dernier crime de la sorte en date du 16 octobre 2020, presque la même date avec trois jours d’intervalle. Il a donc atteint son but : créer une situation de peur et de terreur durable au sein d’une communauté ciblée à l’aide d’une stratégie communicationnelle. Les extraits du livre d’Amin Maalouf sont éclairants pour comprendre la trajectoire de Mohammed Mogouchkov. Par exemple l’extrait 8 : « L’identification par essentialisation » nous parle principalement que l’humanité entière n’est faite que de cas particulier. Dans le passage suivant : « Si j’insiste à ce point, c’est à cause de cette habitude de pensée tellement répandue encore, et à mes yeux fort pernicieuse, d’après laquelle, pour affirmer son identité, on devrait simplement dire « je suis
arabe », « je suis français »[…]; celui qui aligne, comme je l’ai fait, ses multiples appartenances, est immédiatement accusé de vouloir «dissoudre» son identité dans une soupe informe où toutes les couleurs s’effaceraient ». En disant nos origines ou notre religion on «dissout», comme le dit explicitement la citation ci-dessus, notre identité dans une soupe informe, on banalise chaque personne étant de la même origine ou même religion par exemple mais chacun est différent : « Et si un chrétien libanais est différent d’un musulman libanais, je ne connais pas deux chrétiens libanais qui soient identiques, ni deux musulmans, pas plus qu’il n’existe dans le monde deux français, deux africains, deux arabes ou deux juifs identiques ». Dans la société, beaucoup de clichés sont fait à propos de notre identité dont notre origine, certains actes nous seront attribués comme si notre origine définissait ce que l’on fait ou non, notamment un acte illégal, et il en est de même avec les personnes de couleur, la société les associe à un certain groupe d’appartenances. On peut prendre exemple des terroristes : les terroristes sont musulmans mais les musulmans ne sont pas des terroristes. Un autre extrait m’a percutée : « […] entre deux frères qui ont vécu dans le même environnement, des différences en appartenance minimes mais qui les feront réagir, en matière de politique, de religion ou de vie quotidienne, aux antipodes l’un de l’autre; qui feront même de l’un d’eux un tueur
et l’autre un homme de dialogue et de conciliation ». Ce n’est pas parce qu’on a eu la même enfance, que l’on va devenir la même personne que celui ou celle qui a vécu la même enfance que nous. Ce qui n’était peut-être pas le cas de Mohammed Mogouchkov avant que son frère Souleymane soit interpellé puisque Mohammed a fait le même acte que lui et lorsqu’il a fait cela il a eu le soutien de son frère et qui lui aussi a tenté un attentat qui a été déjoué contrairement à celui de Mohamed. Enfin : « Mais nous nous comportons tous comme s’il en était autrement. Par facilité nous englobons les gens les plus différents sous le même vocable, par facilité aussi nous leur attribuons des crimes, des actes collectifs, des opinions collectives». Lorsqu’une personne n’est pas dans les normes de la société actuelle nous la mettons dans une case dans laquelle d’autres personnes se retrouvent dans le même cas que lui ou elle et nous leur accordons des actes, des opinions, et des crimes collectifs comme l’a expliqué Amin Maalouf. Pour conclure, les extraits de l'ouvrage d’Amin Maalouf me semblent éclairants pour comprendre la trajectoire de Mohammed Mogouchkov par ce processus d'identification par essentialisation. On peut relier l’attentat fait à Arras avec l’attentat du 11 septembre à New-York lorsque les 2 tours ont été touchées,
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l’attentat lié à Charlie Hebdo et l’attentat du Bataclan puisque tous ont été faits par des terroristes de religion islamique.
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Par conviction ou sous influence?par Héline Michalski Après celle tragédie à Arras ce vendredi 13 octobre 2023 il y a maintenant 1 mois, il me semble intéressant d'étudier Les identités meurtrières d'Amin Maalouf qui nous apprend des éléments sur l’identité d’une personne, l'unicité, les communautés. Ce qui m'a éclairé sur ce jeune homme de 20 ans, grâce aux Identités meurtrières est tout d'abord que la population se sent menacée par rapport à une religion. Dans un second temps, que deux personnes d'une religion identique sont différentes et pas forcément identiques. Puisque l'éducation a un rôle dans la trajectoire de ce jeune homme. Puis, pour finir, les raisons de cette « folie meurtrière ». Tout d’abord, Les identités meurtrières m’a aidé à comprendre que les gens se sentent menacés par rapport à une religion. Puisqu'ils pensent que certaines religions vont causer un conflit plus sanglant. Et qu'une autre religion va les empêcher de se massacrer. Certaines personnes pensent que certaines religions tuent plus que d’autres. Comme le dit Amin Maalouf, « là où les gens se sentent menacés dans leur foi, c'est l'appartenance religieuse qui semble résumer leur identité entière […]
leur confit en est-il moins sanglant : les hutus comme les tutsis sont catholiques et ils parlent la même langue, cela les a-t-il empêchés de se massacrer ?" Ce qui prouve qu'il pense qu’une religion tue plus que l’autre. J'ai aussi été éclairée sur le fait que deux personnes d'une même religion sont différentes. Puisque si deux musulmans l'un deux fait une « folie meurtrière » cela ne veut pas dire que l'autre personne va commettre la même chose parce qu'il est musulman. Une religion ne crée pas l'état d'esprit. Comme l'écrit Amin Maalouf, « je ne connais pas deux chrétiens libanais qui soient identiques, deux musulmans ». Encore une fois, par exemple, deux frères, qui ont la même famille, la même vie, ont vécu dans le même environnement, mais ne sont pas forcément les mêmes. Amin Maalouf dit « entre deux frères qui ont vécu dans le même environnement, des différences en apparence minimes, mais qui les feront réagir, en matière politique, de religion ou de vie quotidienne, aux antipodes l'un de l'autre ; qui feront même de l'un deux un tueur et l'autre en homme de dialogue et de conciliation". De plus, il juge une religion comme 'les Arabes refusent', 'les Anglais ont saccagé' et cela se termine parfois en sang à cause de
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préjugés. De plus, l’éducation a un rôle très important aussi puisque, comme Amin Maalouf le dit, l’apprentissage commence très tôt, dès la prime enfance. Volontairement ou pas, les siens le modèlent, le façonnent, lui inculquent des croyances familiales, des rites, des attitudes, des conventions, la langue maternelle bien sûr, et puis des frayeurs, des aspirations, des préjugés, des rancœurs, ainsi que divers sentiments d’appartenir comme de non-appartenance." Ce qui prouve que la cause qui a poussé Mohammed Mogouchkov n'est pas la religion, mais d'abord sa famille. Sachant que son père est en prison pour cela ainsi que ses frères, nous pouvons en conclure que son père lui avait appris certaines choses. Et que c’est peut-être pour rendre fier son père ou finir ce qu’il avait commencé avant d’aller en prison. Pour finir, Amin Maalouf nous donne une cause d’après lui de « folie meurtrière ». Ce que nous appelons « folie meurtrière », c'est cette propension de nos semblables à se muer en massacreurs lorsqu’ils sentent leur « tribu » menacée le sentiment d'avoir peur ou d'insécurité n’obéit pas toujours à des considérations rationnelles. Voilà, il pense donc que la peur cause des folies meurtrières. Et cela m’éclaire sur l’évènement, le 16 octobre 2020, Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie dans un collège, a été décapité
pour avoir montré une caricature du prophète Mahomet a ses élèves. Et d'un point de vue, je me suis dit que cela est bien la peur, pour Amin Maalouf, ils font cela pour protéger leur "tribu". Chaque fois qu'il se passe des tragédies le plus souvent ce sont des professeurs d’histoire géographie. Ce sont les professeurs qui parlent le plus de la religion. Et la religion n’accepte pas les causes de tragédie, peut-être c’est ce qui a qui a poussé Mohammed Mogouchkov à faire ce crime à Arras. J'en conclus que Les identités meurtrières m’ont aidée à comprendre d'un côté les points de vue de Mohammed Mogouchkov, mais il aurait dû réagir différemment, ce qu’il a fait, c'est horrible. Certainement que lui en avait marre d'être jugé comme criminel et qu'il l’a fait pour donner raisons aux autres. Ensuite peut-être que son père l'a poussé à le faire. Il se sentait peut être en danger qu’il avait peur pour sa “tribu.” Cela ne sont que des suppositions, nous ne saurons jamais vraiment pourquoi il a fait ce crime.
Idios kosmos, koïnos kosmospar Olivier Verseau, enseignant Devant une réalité qui excède ma capacité à y faire face, qui décourage mon effort de compréhension parce qu’elle soulève en moi la plus vive indignation, je m’exclame volontiers : Comment est-ce possible! Exclamation donc, non pas question. Car la phrase signifie : ce n’est pas possible ! Et pourtant. Même si je n’en fais pas moi-même directement l’expérience, mais comme en attestent, presque immédiatement parfois, de nombreux témoignages, et autant d’images et prises de paroles publiques, le fait est réel, non pas seulement possible, et certainement pas « impossible ». D’abondantes représentations, images ou discours, me le mettent au contraire sous les yeux. Et d’autres que moi, pour ainsi dire « tout le monde », en est bouleversé. « Ça » a donc bien eu lieu. « Ça » : notamment qu’un étudiant en BTS, âgé de vingt ans, dont le parcours scolaire est par ailleurs décrit par ses enseignant.es comme celui d’un élève « calme et réservé », pénètre un vendredi 13 octobre dans son lycée, à Arras, armé d’un couteau dans le but d’assassiner, en est témoin un enseignant qui entendit l’assaillant le déclarer en ces termes, « un prof d’histoire ». Incontestablement « ça a eu lieu ». Soit. Mais pourquoi devait-ce être en ce lieu, là-bas, ou plutôt là, ici pour ainsi dire, du moins si près de chez moi, si près de ma ville, mon lycée, en tous cas dans un lycée semblable au mien,
parmi des lycéennes et des lycéens, parmi des enseignants et des enseignantes si semblables à ceux et celles que moi-même je fréquente, qui cependant ne parlent ni russe ni ingouche? L’assaillant de Dominique Bernard, professeur de Lettres au collège Carnot, n’était-il pas né à 6500 km d’ « ici »? Que pourrions-nous, l’assassin, sa victime et moi, avoir en commun? Serions-nous du même monde? « Dans quel monde vivons-nous! » s’écriera-t-on. Nouvelle exclamation. Nouvelle expression de mon indignation devant ce qui apparaît comme aberrant. Erreur, errance, aberration : les voies, viae (latin), et dé-via-nces humaines, toutes ces trajectoires forment, s’entrelaçant ou pour le moins se croisant, se heurtant parfois, parfois même s’anéantissant les unes les autres, le monde dans lequel « nous vivons ». A la différence de tous les autres jours qui précédèrent ce 13 octobre 2023, l’entrée de l’étudiant Mohammed Mogouchkov au sein du lycée Gambetta d’Arras constitue ce vendredi 13 octobre une « intrusion » et son comportement est qualifié, selon le motif de sa mise en examen, d’ « attentat » et de « tentative d’attentat ». Car atteinte fut portée à la vie d’un homme, Dominique Bernard, enseignant et « cofondateur de l'université populaire d’Arras où il animait des conférences de littérature, de philosophie, de cinéma et de musique », mais aussi à la vie d’une communauté pédagogique, à l’ordre d’un établissement scolaire, aux règles qui
structurent celui-ci, aux lois qui encadrent ces règles ainsi que celles de tous les établissements relevant de l’institution scolaire, aux valeurs qui fondent la Constitution dont relèvent toutes les institutions de l’Etat français dont je suis moi-même ressortissant et, entre autres, l’institution scolaire qui favorise la transmission des savoirs d’une génération à l’autre et soutient à travers les âges la pérennité d’une culture, notamment à travers l’enseignement de l’histoire. Comment comprendre la trajectoire individuelle d’un jeune homme, russe de nationalité, scolarisé en France depuis 2008, poussé à commettre un crime dont le sens irradie tous horizons confondus, et aussi profondément ? Tel est un des enjeux d’une réflexion sur cette violence : quel monde commun une telle violation dévoile-t-elle à mes yeux? Quelle est cette vérité, a-lètheia selon le mot grec que Heidegger propose de décomposer ainsi, à laquelle je dois maintenant faire face? Comment pourrai-je parvenir à comprendre qu’ un « être frontalier », pour reprendre l’expression proposée dès 1998 par Amin Maalouf dans Les identités meurtrières, devienne l’auteur d’une telle transgression? Viol, violence, violation La trajectoire de Mohammed Mogouchkov, né à 6500 kilomètres du lieu du crime qu’il commettra vingt ans plus tard, ressemble à
celle d’un projectile survolant des espaces administrativement et géographiquement distincts, traversant territoires et frontières, contrées et cultures, langues et histoires régionales. Comment arriver à penser le continuum d’un tracé d’un point à un autre, Malgobek en Ingouchie d’une part, Arras dans les Hauts-de-France d’autre part, malgré la discontinuité des unités territoriales? Et pourtant la violence de l’acte perpétré ce 13 octobre ne concerne pas seulement la traversée de frontières et de continents, mais aussi et d’abord la transgression d’un espace symboliquement circonscrit : un établissement scolaire, son « règlement intérieur », son enceinte et ses portails. Parmi toutes les représentations qui sont ébranlées par l’intrusion criminelle de l’assaillant ce vendredi 13 octobre, il y a aussi, il y a d’abord, l’évidence qui semblait encore pouvoir s’imposer : une école, où une société se perpétue et se renouvelle, se pense et se redéfinit, n’est-elle pas un lieu à part, séparé, protégé des tensions sociales, politiques et historiques, lesquelles entraveraient sinon la possibilité d’un dialogue entre transmission et renouveau? C’est ainsi que les « nouveaux venus et nouvelles venues », pour reprendre l’expression de Hannah Arendt, étant pour une société donnée une chance de renouveau, sont provisoirement exempté.es de l’obligation, entre autres, de travailler, c’est-à-dire de participer à l’effort collectif de production, de reproduction de la
société telle qu’elle existait déjà avant leurs venues : la loi interdit le travail des enfants et institue l’étude comme une obligation. C’est en ce sens que l’autrice de la Condition de l’homme moderne écrit : « le commencement inhérent à la naissance ne peut se faire sentir dans le monde que parce que le nouveau venu possède la faculté d’entreprendre du neuf, c’est-à-dire d’agir. En ce sens d’initiative un élément d’action, et donc de natalité, est inhérent à toutes les activités humaines. De plus, l’action étant l’activité politique par excellence, la natalité, par opposition à la mortalité, est sans doute la catégorie centrale de la pensée politique, par opposition à la pensée métaphysique ». Etudier n’est pas travailler, travailler-reproduire. Etudier est agir : c’est tenter un commencement, c’est initier un renouveau, en appeler à et, donc, pro-voquer une « naissance ». C’est pourquoi la violence du jeune assaillant Mohammed Mogouchkov, lui-même étudiant, rejaillit sur lui-même : se trans-former en assassin - et, qui plus est, assassin d’un enseignant - n’est pas moins contraire à l’idée de ce qu’est être un étudiant ou une étudiante, que ne l’est la représentation de l’« enfant-soldat ». En effet toute violence consiste en la violation d’une limite symbolique, d’un ordre institué, d’une unité représentée, d’un statut établi en droit, d’une entité que nos mots et nos représentations font exister : « une école », «un.e enfant.e», « un.e étudiant.e », « un.e enseignant.e ». Ce sont ces entités auxquelles
une telle irruption de violence porte atteinte. Puisqu’en ce jour d’octobre 2023 cette violence fut une réalité, comme fut réelle l’assassinat par décapitation du professeur d’histoire Samuel Paty à la sortie du Collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine en Île-de-France, trois ans plus tôt, par un assaillant encore plus jeune que ne l’est Mohammed Mogouchkov, comment cette violence était-elle possible? Comment cette possibilité faisait-elle déjà partie intégrante du monde dans lequel je vis, comment faisait-elle à mon insu le monde que j’habite? Vérité et dévoilement La mort de Dominique Bernard est un fait. Déclarer que Dominique Bernard est mort, c’est dire une vérité. Le lycée Gambetta est un établissement scolaire de la ville d’Arras située dans les Hauts-de-France, éloigné en réalité de plusieurs milliers de kilomètres de la ville de Malgobek : le rappeler c’est également énoncer une vérité. Au moment des faits, l’assassin est réellement âgé de 20 ans : cette information constitue elle aussi une vérité. Cette lugubre énumération illustre dans les trois cas une définition de la vérité que la tradition attribue initialement à Thomas d’Aquin : la vérité est l’« adéquation entre l’esprit et la chose », adaequatio rei et intellectus (Somme théologique, 13ème s.). Dans ses Pensées Métaphysiques (17ème s.), Spinoza insiste : une chose, ou un fait, ne peut
être ni vraie ni fausse, c’est l’idée que je me fais de la chose, ou le récit concernant le fait, qui peut l’être. Tandis que, d’un côté, la vraisemblance consiste en l’accord entre ce que je dis et ce que l’on dit et que, d’un autre côté, la véracité réside dans l’accord entre ce que je pense et ce que je dis, la vérité ne relève pas d’un accord entre le sujet et lui-même (véracité) ou d’un accord entre un sujet et un grand nombre de sujets (vraisemblance). La vérité exige un accord entre un sujet, ou une communauté de sujets pensants, parlants, et quelque chose qui n’est pas plus du domaine des idées, des représentations, des discours, des mots : quelque chose qui est appelé « réalité », qui n’est pas même - puisqu’il n’y a d’ob-jets que pour un sujet qui l’ob-serve, le perçoit, l’imagine ou le conçoit - de l’ordre de l’objectivité. D’ailleurs, qu’on en prenne ou non connaissance, une réalité est et elle est telle qu’elle est indépendamment de ce que j’en dis ou pense, de ce que nous en disons ou pensons : produire des pensées à son propos, vraies ou fausses, n’a pas d’incidence sur le fait qu’elle est et qu’elle est ce qu’elle est. C’est d’abord en ce sens qu’un des Fragments d’Héraclite (6ème s. AEC) retient l’attention. Ecrire qu’ « il y a pour les éveillés un monde unique et commun (koinos kosmos), mais que chacun des endormis se détourne vers un monde particulier qui lui est propre (idios kosmos) » revient à partir d’un « il y a », d’une réalité qui s’impose incontestablement à toutes et tous dans son unicité. Le caractère réel de la réalité tient d’abord dans le fait que
la réalité est la seule réalité, qu’il n’y a pas autant de réalités que de sujets qui sereprésentent la réalité, autant de réalités que d’idées ou de discours sur la réalité. Même dans ses rêveries les plus illusoires, malgré ses sommeils les plus profonds, nul n’ignore, nulle ne peut ignorer le propre de la réalité : il n’y en a qu’une. Ainsi affirmer que tel acte procède d’un sujet enfermé dans son monde, dans un idios kosmos, parce que ce sujet serait affecté par quelque trouble psychique, en un mot que ce sujet serait « fou », c’est soi-même prendre le risque de ne pas prendre la mesure de ce que nous devons ensemble envisager comme notre monde commun. Concernant l’homicide perpétré le 13 octobre 2023 à Arras, celui-ci s’inscrit, comme le revendique explicitement son auteur en prenant pour cible des professeur.es d’histoire, dans la lignée de l’assassinat de Samuel Paty prémédité par Abdoullakh Anzorov, citoyen russe d’origine tchétchène alors âgé de 18 ans. Il prend ainsi la longue suite des personnes, toutes des hommes, presque toutes âgées d’une vingtaine d’années, accusées d’assassinat et de tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste (voir la chronologie des attentats terroristes en France établie par l’encyclopédie Wikipédia) depuis Mohammed Merah (Toulouse, Montauban, 2018) jusqu’à Radouane Lakdim, défunt mais nommé au procès, ouvert ce 22 janvier 2024, des attentats survenus le 23 mars 2018 à Carcassonne et à Trèbes. Le geste de Mohammed Mogouchkov ne peut donc pas être considéré, si injustifiable
soit-il, comme « fou », comme un geste inexplicable ou incompréhensible par et pour d’autres que l’auteur lui-même. Dans Les identités meurtrières, Amin Maalouf relève l’aveuglement, déni de rationalité, qui consisterait à en rester à un tel diagnostic pseudo-psychiatrique par lequel on renoncerait soi-même à raisonner : « Lorsqu'un homme par ailleurs sain d'esprit se transforme du jour au lendemain en tueur, il y a bien folie. Mais lorsqu'ils sont des milliers, des millions de tueurs, lorsque le phénomène se reproduit dans un pays après l'autre, au sein de cultures différentes, chez les adeptes de toutes religions comme chez ceux qui n'en professent aucune, dire ‘folie' ne suffit plus. » En ce sens, ce que révèle l’homicide perpétré par Mohammed Mogouchkov, selon une trajectoire qui a l’épaisseur de celles des nombreux autres auteurs d’attentats terroristes qui ont précédé le sien, c’est un monde qui était encore voilé à mes yeux, un monde où son acte comme de nombreux autres avant lui, étaient possibles puisqu’ils ont réellement eu lieu. Cette vérité n’est pas seulement la mise en évidence d’un fait, mais le dévoilement d’un monde, un monde que je ne savais pas encore voir, notre monde commun. Telle est la violence que m’impose ce fait que je ne saurais qualifier de « fait divers » : l’obligation pour moi de changer, si j’accepte de ne plus vivre dans « mon monde », ma représentation globale de cette totalité que j’appelle « monde », le monde où je vis.
Trajectoires, subjectivité, identité Face à la violence, face à une telle violence, la puissance unificatrice de la raison qui, selon les mots d’Albert Camus au début du Mythe de Sisyphe, veut « unifier » pour « comprendre », est profondément mise à l’épreuve. Sauf à faire le choix; face à l’épreuve, de se di-vertir en considérant le fait, malgré sa répétition, comme « divers », comment la raison parviendra-t-elle, partant de nos déchirures et de leurs lambeaux, à « faire un » (un-i-fier), à penser le monde, un monde koinos? Non pas seulement penser mais, d’un même geste, « panser » pour reprendre le titre de la dernière publication, de son vivant, de Bernard Stiegler, Qu’appelle-t-on panser? (2020). L’hypothèse développée par Amin Maalouf dans Les identités meurtrières articule deux échelles pour penser l’unité ou plutôt, dans la transition entre 20ème et 21ème siècles, pour diagnostiquer le défaut d’unité. D’un côté, la mise en commun d’un monde que le processus de mondialisation appelle tout en s’y opposant, étant donné les enjeux géo-économiques conflictuels. De l’autre, l’unité de la personne, habitant ou habitante de ce monde, « sommée » de se diviser elle-même, et finalement de mutiler son identité, pour « s’intégrer » dans une culture qui n’est pas sa culture d’origine.
D’un côté, à l’époque d’une mondialisation dont l’histoire est inséparable de celle de la colonisation sous toutes les formes, politique ou économique, que celle-ci peut prendre, une nation ne peut plus être considérée comme une entité autonome. D’un autre côté, parce que cette mondialisation a fait « de tous les hommes, en quelque sorte, des migrants et des minoritaires », « tous contraints de vivre dans un univers qui ne ressemble guère à [leur] terroir d’origine, «d’apprendre d'autres langues, d'autres langages, d'autres codes », en ayant « tous l'impression que [leur] identité, telle qu’ [ils] l’imagin[aient] depuis l'enfance, est menacée » (IM p13), l’identité ne peut plus être considérée comme l’affirmation d’une seule « appartenance ». Multiples sont en effet les « appartenances » dont chez chacun, chez chacune, est tissée son identité : « L'identité de chaque personne est constituée d'une foule d'éléments qui ne se limitent évidemment pas à ceux qui figurent sur les registres officiels. Il y a, bien sûr, pour la grande majorité des gens, l'appartenance à une tradition religieuse; à une nationalité, parfois deux; à un groupe ethnique ou linguistique; à une famille plus ou moins élargie ; à une profession ; à une institution ; à un certain milieu social... Mais la liste est bien plus longue encore, virtuellement illimitée : on peut ressentir une appartenance plus ou moins forte à une province, à un village, à un quartier, à un clan, à une équipe sportive ou professionnelle, à une bande d'amis, à un
syndicat, à une entreprise, à un parti, à une association, à une paroisse, à une communauté de personnes ayant les mêmes passions, les mêmes préférences sexuelles, les mêmes handicaps physiques, ou qui sont confrontées aux mêmes nuisances » (Les identités meurtrières, éd.Grasset & Fasquelle, 1998, p.19). Amin Maalouf incrimine une conception « tribale » de l’identité, celle qui somme un sujet de « choisir un camp » en renonçant à la multiplicité de ses appartenances pour n’en plus revendiquer qu’une seule, soit que cette dernière constitue un signe social de complète allégeance ou d’ « intégration » (par exemple, en Ingouchie, « se sentir russe » à condition de renoncer à sa foi musulmane ou, en France, « se sentir » exclusivement, intégralement, « français.e »), soit qu’elle devienne au contraire, selon un processus analysé par Amin Maalouf (l’appartenance stigmatisée est d’abord retenue, tenue cachée, pour être ensuite revendiquée ouvertement, violemment), un socle de contestation, d’opposition, voire de reniement violent. La déclaration enregistrée par Mohammed Mogouchkov peu avant son intrusion dans son établissement scolaire, dont la retranscription partielle a été rendue publique le 17 octobre par le quotidien Le monde, n’est-elle pas emblématique d’un sentiment, pour reprendre l’alternative présentée par Amin Maalouf, de « désintégration » par injonction à une « intégration » interprétée comme
inconditionnelle ? « Oh Français, s’exclame Mohammed Mogouchkov, peuple de lâcheté et de mécréants. J'étais dans vos écoles des années et des années, j’ai vécu des années et des années parmi vous, gratuitement. [...] Vous m'avez appris ce qu’est la démocratie et les droits de l’homme, et vous m'avez poussé vers l'enfer. » Être et donc ne pas être. Pour reprendre les termes simplistes de l’invective de Mohammed Mogouchkov : être français, et donc ne pas être digne d’entrer au paradis. Être éligible à l’entrée au paradis, et donc ne pas être français. Tel est peut-être le sens de la violence qui à travers cet attentat m’atteint. Si je ne peux comprendre ce que signifie la trajectoire d’un Mohammed Mogouchkov c’est que je ne comprends pas quel est le fondement sur lequel repose ma propre conception, si largement répandue par ailleurs, de ce que j’appelle « l’identité ». Et je me sens « sincèrement bouleversé par un drame » auquel, « sans le vouloir », j’ai moi-même « contribué » : « Si les hommes de tous pays, de toutes conditions, de toutes croyances se transforment aussi facilement en massacreurs, si les fanatiques de tous poils parviennent aussi facilement à s'imposer comme les défenseurs de l'identité, c'est parce que la conception « tribale » de l'identité qui prévaut encore dans le monde entier favorise une telle dérive; une conception héritée des conflits du passé, que beaucoup d'entre nous rejetteraient s'ils l'examinaient de plus près, mais à laquelle
nous continuons à adhérer par habitude, par manque d'imagination, ou par résignation, contribuant ainsi, sans le vouloir, aux drames par lesquels nous serons demain sincèrement bouleversés» (IM p41). Conclusion : 'Fabriquer des massacreurs' Les identités meurtrières établit un point difficilement discutable : ce que la doxa se contenterait de nommer « folie meurtrière » est en réalité un produit, l’effet d’une construction, le résultat d’un processus de « fabrication ». Je peux ne pas retenir l’hypothèse qui consiste à mettre en cause une conception tribale de l’identité dans « la fabrique » de terroristes, hypothèse dont Amin Maalouf indique lui-même les limites : « Je ne me hasarderai pas à fournir une explication universelle à tous les massacres, et encore moins à proposer un remède miracle. Je ne crois pas plus aux solutions simplistes qu'aux identités simplistes. Le monde est une machine complexe qui ne se démonte pas avec un tournevis. Ce qui ne doit pas nous interdire d'observer, de chercher à comprendre, de spéculer, de discuter » (IM p40). Cette hypothèse mobilise du moins plusieurs paramètres et, en conséquence, plusieurs niveaux d’exigence de réflexion : la mondialisation des relations entre les communautés, le déplacement libre ou forcé des populations, la définition d’une
subjectivité portant, collectivement ou solitairement, la responsabilité de ses choix d’appartenances identitaires. En ce sens, la réflexion d’Amin Maalouf éclaire l’articulation entre deux mots, , suggérée par leur commune étymologie, « sub-jectivité » et « tra-jectoire » : pour chacun, chacune d’entre nous, sa trajectoire d’existence est ponctuée de choix l’invitant non seulement à hiérarchiser ses appartenances identitaires mais, aussi et surtout, à choisir la construction de sa propre conception de l’identité.
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