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Le langage
Eric Hantute
Created on December 29, 2023
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Transcript
Le langage
I. Le langage et la pensée 1. le problème du langage animal
De Platon à Descartes, on retrouve un même présupposé : la fonction du langage, c’est l’expression de la pensée. Le langage est un instrument a) qui nous sert à nous comprendre nous-mêmes b) qui nous permet de nous exprimer c) qui permet aux autres de nous comprendre.Sans les mots, on ne pourrait pas savoir ce que l'on pense et toute communication serait impossible. Mais les animaux communiquent. Possèdent-ils un langage ?
Pendant longtemps, on considère que non. Pourquoi ?
Parce qu'on distingue le signal et le signe.
Le signal est inné, le même pour tous les membres de la même espèce. Il demeure toujours le même. Il est délivré de façon automatique et déclenche automatiquement un comportement précis. Conséquences : il n'y a pas de dialogue, d'hésitation, de question, d'invention de nouveau signaux.
Le signe, lui, est inventé (les hommes inventent sans cesse de nouveaux mots. Il est choisi (on choisit nos mots). Il ne déclenche pas un comportement précis réfuté (on peut dire non), il peut être amélioré (on choisira un autre mot, plus précis).
Le signal est toujours concret (il représente toujours soit une chose matérielle soit une action précise à faire). Le signe peut être concret ou abstrait, renvoyer à quelque chose qui n'existe pas. On parlera de communication animale et de langage humain. Mais il y a une autre différence sur laquelle insiste Descartes dans une lettre célèbre :
La lettre au marquis de Newcastle
1646
"Enfin il n'y a aucune de nos actions extérieures, qui puisse assurer ceux qui les examinent, que notre corps n'est pas seulement une machine qui se remue de soi-même, mais qu'il y a aussi en lui une âme qui a des pensées, excepté les paroles, ou autres signes faits à propos des sujets qui se présentent, sans se rapporter à aucune passion. Je dis les paroles ou autres signes, parce que les muets se servent de signes en même façon que nous de la voix; et que ces signes soient à propos, pour exclure le parler des perroquets, sans exclure celui des fous, qui ne laisse pas d'être à propos des sujets qui se présentent, bien qu'il ne suive pas la raison; et j'ajoute que ces paroles ou signes ne se doivent rapporter à aucune passion, pour exclure non seulement les cris de joie ou de tristesse, et semblables, mais aussi tout ce qui peut être enseigné par artifice aux animaux; car si on apprend à une pie à dire bonjour à sa maîtresse lorsqu'elle la voit arriver, ce ne peut être qu'en faisant que la prolation de cette parole devienne le mouvement de quelqu'une de ses passions; à savoir, ce sera un mouvement de l'espérance qu'elle a de manger, si l'on a toujours accoutumé de lui donner quelque friandise lorsqu'elle l'a dit; et ainsi toutes les choses qu'on fait faire aux chiens, aux chevaux et aux singes, ne sont que des mouvements de leur crainte, de leur espérance, ou de leur joie, en sorte qu'ils les peuvent faire sans aucune pensée. Or il est, ce me semble, fort remarquable que la parole, étant ainsi définie, ne convient qu'à l'homme seul. Car, bien que Montagne et Charon aient dit qu'il y a plus de différence d'homme à homme, que d'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite, qu'elle ait usé de quelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eût point de rapport à ses passions; et il n'y a point d'homme si imparfait, qu'il n'en use; en sorte que ceux qui sont sourds et muets, inventent des signes particuliers, par lesquels ils expriment leurs pensées. Ce qui me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous, est qu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leur manquent. Et on ne peut dire qu'elles parlent entre elles, mais que nous ne les entendons pas; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurs passions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s'ils en avaient."
Explication
Aujourd'hui, on entend de plus en plus parler de langage animal. Cependant, certains refusent cette expression parce que nous serions les seuls à utiliser des signes. Conséquence : si on accepte l'expression, on dira que seuls les humains parlent.
2. UNE PENSEE SANS PAROLE ?
On voit souvent le langage et les mots comme une sorte de boîte à outils. Cela suppose une antériorité de la pensée par rapport aux mots; on chercherait nos mots dans la boîte afin de nommer nos pensées, comme on cherche un marteau dans une boîte afin de planter des clous. Or, réfléchissons un instant : les choses se passent-elles ainsi ?
Hegel (19ème) ecrit :
« Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une entreprise insensée. Et il est également absurde de considérer comme un désavantage et comme un défaut de la pensée cette nécessité qui lie celle-ci au mot. On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable. Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie ».
On ne pense pas en dehors des mots. Ce qui donne une réalité objective à notre pensée, ce sont les mots car ils la clarifient, la précisent. Grâce à eux, on peut prendre conscience de ce que l’on pense ; la pensée devient claire lorsqu'elle s'incarne dans un mot.
D’où les questions : Qu’en est-il lorsque nous cherchons nos mots ? Mots et pensée ne seraient-ils pas distincts ? Les mots sont-ils de simples instruments au service de la pensée ?
Selon Hegel, je n’ai pas vraiment de réelle pensée avant de la mettre en mots. Car c’est grâce à eux que je sais ce que je pense. D’où la critique que fait Hegel de l’ineffable, c’est-à-dire d'une pensée qui ne pourrait pas se dire. Ce n’est pas une pensée spéciale, originale ; c’est une pensée défaillante. Pourquoi ?
II. PEUT-ON TOUT DIRE ? 1. LES limites morales
Il existe des limites morales : ce sont toutes les choses qu'il est interdit de dire. Pourquoi ? Parce que, dans toute société, il existe des valeurs à respecter (des normes du Bien et du Mal). La liberté d'expression n'est jamais totale ; elle est toujours plus ou moins limitée. On n'a pas le droit de tout dire. Qu'en est-il en France aujourd'hui ?
Diffamation et injure : La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse interdit la diffamation et l'injure publique, qui peuvent être sanctionnées par des amendes ou des peines de prison. Incitation à la haine : Tout discours incitant à la haine raciale, religieuse ou à la violence est strictement interdit et puni par la loi. Apologie de crimes : L'apologie du terrorisme, des crimes contre l'humanité ou la négation de génocides reconnus est passible de sanctions pénales. Protection de la vie privée : La divulgation d'informations personnelles sans consentement est encadrée par le droit au respect de la vie privée. Secret professionnel et défense nationale : Certaines informations, comme les secrets d'État ou les données médicales, ne peuvent être divulguées librement. Devoir de réserve : Les fonctionnaires doivent exprimer leurs opinions avec prudence, afin de respecter la neutralité du service public.
Il peut aussi s'agir des limites morales qu'on se fixe soi-même; il y a des choses qu'on s'interdit de dire parce qu'on ne veut pas faire de mal inutilement ou parce qu'on pense à la fragilité de notre interlocuteur. Ces limites sont donc liées à nos scrupules. Jankélévitch est celui qui a le plus insisté sur ce aspect.
jankélévitch ecrit :
“Toute vérité n’est pas bonne à dire; on ne répond pas à toutes les questions, du moins on ne dit pas n’importe quoi à n’importe qui; il y a des vérités qu’il faut manier avec des précautions infinies, à travers toutes sortes d’euphémismes (1), et d’astucieuses périphrases (2); l’esprit ne se pose sur elles qu’en décrivant de grands cercles, comme un oiseau. Mais cela est encore peu dire : il y a un temps pour chaque vérité, une loi d’opportunité qui est au principe même de l’initiation; avant il est trop tôt, après il est trop tard (…) Ce n’est pas tout de dire la vérité, “toute la vérité”, n’importe quand, comme une brute : l’articulation de la vérité veut être graduée; on l’administre comme un élixir puissant et qui peut être mortel, en augmentant la dose chaque jour, pour laisser à l’esprit le temps de s’habituer. La première fois, par exemple, on racontera une histoire; plus tard on dévoilera le sens ésotérique (3) de l’allégorie. C’est ainsi qu’il y a une histoire de saint Louis pour les enfants, une autre pour les adolescents et une troisième pour les chartistes (4), à chaque âge sa version; car la pensée, en mûrissant, va de la lettre à l’esprit et traverse successivement des plans de vérité de plus en plus ésotériques. Aux enfants le lait des enfants, aux adultes le pain substantiel des forts.” Vladimir Jankélévitch, L’Ironie, 1964.
Selon Jankélévitch, toute vérité ne peut être dite de manière brute ou immédiate. Certaines nécessitent des précautions infinies, car elles peuvent être mal comprises ou inappropriées selon le contexte. Il insiste sur la loi d’opportunité : chaque vérité a son moment propice. Trop tôt, elle risque de ne pas être assimilée ; trop tard, elle devient inutile. Dire la vérité demande donc une gradation, comme l’administration d’un élixir puissant qui pourrait être dangereux si donné en une seule fois. Il illustre cette idée avec l’exemple des récits historiques : une même histoire peut être racontée différemment selon l’âge et la maturité de celui qui l’écoute. Ce principe s’applique à la transmission du savoir : il faut adapter le discours à la capacité de compréhension de chacun. Ainsi, la vérité évolue selon le niveau de maturité intellectuelle et spirituelle du destinataire. En somme, dire la vérité est un art qui demande finesse, intelligence et mesure. Il ne s’agit pas simplement d’énoncer des faits, mais de les transmettre de manière à ce qu’ils soient véritablement compris et intégrés.
2. Les limites structurelles (les mots sont des concepts)
Il existe des limites liées à la nature même des mots. Ces limites sont liées au fait que les mots sont des concepts. Qu'est-ce qu'un concept ? Un terme général obtenu par abstraction. Les mots qui forment le langage humain sont des concepts.
Exemple : le mot "chat". Il possède une définition qui convient à tous les chats (même si, en réalité, tous les chats sont différents). Autre exemple : le mot "feuille". Il est défini ainsi : "partie des végétaux (siège de la photosynthèse) par laquelle ils respirent". Cela convient à toutes les feuilles. Conséquences positives ?
consequences negatives ?
C'est Henri Bergson qui les expose le mieux :
Henri Bergson1859-1941
« Chacun de nous a sa manière d’aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n’a-t-il pu fixer que l’aspect objectif et impersonnel de l’amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l’âme. Nous jugeons du talent d’un romancier à la puissance avec laquelle il tire du domaine public, où le langage les avait ainsi fait descendre, des sentiments et des idées auxquels il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui se juxtaposent, leur primitive et vivante individualité ». 1889
Cf. Polycop
III. Langage, valeurs et idéologie
1. valeurs et idéologie
Les valeurs sont des principes fondamentaux qui guident nos actions, nos choix et notre perception du monde. Elles peuvent être sociales, politiques, morales, ou religieuses, universelles (la liberté) ou personnelles (l'honnêteté), propres à un groupe, à une classe sociale ou à une époque, conscientes ou implicites. On leur accorde de l'importance, d'où l'idée qu'on puisse se battre, voire mourir, pour elles.
Une idéologie est un ensemble d'idées, de pensées philosophiques, sociales, politiques, morales, religieuses, propre à un groupe, à une classe sociale ou à une époque. Elle peut influencer les comportements individuels ou collectifs.
Quelques exemples d'idéologies :Anarchisme Communisme Fascisme Féminisme Libéralisme Marxisme Nationalisme Nazisme Socialisme Animalisme
Le mot "idéologie" est péjoratif : l'idéologie, c'est toujours celle de l'autre. On peut se présenter comme communiste mais on ne dira jamais qu'on défend l'idéologie communiste. Pourquoi ?
2. Langage, valeurs et ideologies
Le langage qu'on n'est jamais neutre. Il véhicule toujours des valeurs ou une idéologie. Exemples :
Exemples :
"Privilège blanc"
"Racisé"
"intersectionnalité"
Quand on impose des limites au langage, on le fait au nom de valeurs, de principes, qu'on considère comme importants, voire comme sacrés. Sinon pourquoi le blasphème serait-il interdit dans certains pays ? Sinon pourquoi les propos négationnistes le sont-ils en France ? Certaines paroles peuvent aussi être permises ou interdites au nom d'une idéologie.
Mais le langage est aussi un moyen d'imposer des valeurs, même en démocratie. Exemple :
Mais alors que se passe-t-il quand il y a modification du langage ? Par exemple, quand un Etat fait disparaître certains mots ou qu'il change les règles d'utilisation des mots ? C'est à cette question que répond George Orwell dans son roman 1984 en proposant le concept de NOVLANGUE.
Résumé
L’histoire se passe à Londres en 1984. Le monde est divisé en trois grandes ères géopolitiques en guerre : Eurasia, Estasia et Océania, toutes totalitaires, dirigés par des partis communistes qui se rêvaient au départ agents de libération du prolétariat. Le personnage principal, Winston Smith, travaille au Ministère de la Vérité, où il révise l’histoire pour la rendre adéquate à la version du Parti. Smith est un donc personnage lucide sur les manipulations opérées par le Parti, mais il dissimule ses opinions. Smith décrit la société qui l’entoure : la délation généralisée, la négation du sexe et de toute sensualité, la police de la pensée et de la langue, et surtout la surveillance de Big Brother, un système de caméra, réduisent l’individu à néant et l’isolent. Mais la rencontre avec une jeune femme, Julia, le pousse à transgresser les règles du parti : ils font l’amour et rêvent à un soulèvement de la population. Trahi par un de leurs « amis » (O’ Brien), ils sont arrêtés, torturés et rééduqués. La victoire du Parti sur Smith est totale puisqu’il reniera Julia.
principales caractéristiques de la novlangue :
- Réduction du vocabulaire : Les mots sont simplifiés et leur nombre réduit. Moins il y a de mots, moins il y a de possibilités de pensée indépendante. - Suppression des synonymes et antonymes : Par exemple, au lieu d'avoir "bon" et "mauvais", la novlangue utilise bon et non-bon, empêchant ainsi une nuance de jugement plus riche. - Création de nouveaux termes : Certains mots sont inventés pour orienter la pensée des citoyens, comme pensée-crime (l'acte de penser contre le Parti) ou doublepensée (la capacité de tenir deux croyances contradictoires en même temps et de les accepter toutes les deux). - Altération grammaticale : La structure grammaticale est simplifiée pour éviter des tournures de phrases trop complexes qui pourraient encourager une réflexion approfondie.
Quelques exemples de mots "novlangue" :- Pensée-crime : Toute idée contraire à la doctrine du Parti est un crime, même si elle n'est jamais exprimée.- Doublepensée : Cette notion permet au Parti de manipuler la vérité. Par exemple, La guerre, c’est la paix ou La liberté, c’est l’esclavage, sont des slogans qui brouillent les distinctions entre opposés. - Proléfeed. Ce terme désigne la culture de masse et la propagande simpliste destinée aux prolétaires, tous les divertissements de basse qualité conçus pour empêcher les prolétaires de penser ou de se révolter. - Bonpensant : Une personne qui ne remet jamais en question la doctrine du Parti et adopte automatiquement la pensée imposée.
Qu'est-ce que nous apprend la novlangue ?
Que modifier une langue, c'est modifier la pensée. Faire disparaître des mots, c'est faire disparaître des pensées. Ne pas disposer d'un mot, c'est être incapable de penser qelque chose. Imposer l'usage d'un mot, c'est comme imposer une pensée.
Résultat:
Si je n'ai pas de mot pour dire que le régime est illégitime, je ne pourrai pas le penser. Si les mots dont je dispose pour parler de l'Etat sont tous positifs, il va être impossible de penser les défauts de l'Etat. Si j'ai toujours appris la phrase : "l'esclavage, c'est la liberté", je vais penser que quand je suis esclave, je suis libre.
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Les concepts sont très pratiques dans la vie quotidienne. Ils permettent de communiquer rapidement des informations. Exemples : "J'aime les chats", "Cet arbre a perdu toutes ses feuilles".
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Utiliser le mot "parité", c'est défendre l'égalité hommes-femmes.
Parce qu'elle n'est pas claire . Et pourquoi n'est-elle pas claire ? Parce qu'elle n'est pas formulée grâce a des mots. donc une pensée sans mots, ce n'est pas une pensée claire.
Parce qu'ils utilisent des signaux et non des signes.
Parce qu'ils utilisent des signaux et non des signes.
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