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Les bases du théâtre
Killian TRIPON
Created on December 3, 2023
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Français
Les bases du théâtre
Règle du théâtre classique
Type de paroles
Comédie
A vs M
Drame
1.Une histoire du théâtre
Petite Histoire du théâtre
Le théâtre existe depuis l'antiquité. Il a émergé au sein de la civilisation grecque, dont il tire son nom depuis le grec ancien "theatron" qui peut signifier "le lieu où l'on regarde". Le mot théâtre est, par ailleurs, à la fois l'art et le lieu (le bâtiment) de représentation. Le théâtre grec naît entre le VIe et Ve siècle avant J-C. Il est associé au dieu grec Dionysos auquel les représentations théâtrales étaient dédiées lors de festivités annuelles. Il existe au moins deux grandes festivités de ce genre les Dionysies et les Lénéennes. Durant les dionysies et les Lénéennes le théâtre prend la forme de concours où les auteurs de pièces et leurs représentants (acteurs) s'affrontent pour la gloire.
Le théâtre (bâtiment) grec
Concernant le lieu de représentation (un théâtre/amphithéâtre), il était, chez les grecs, construit de la façon suivante (amphithéâtre) : Le parados : Entrées par lesquelles les acteurs et le choeur faisaient leurs entrées. Proskénion : l'estrade où les acteurs jouent Skéné : l'équivalent des coulisses (est aussi une partie du décor) Orchestra : le lieu où se place le choeur La thymélée : autel dédié à Dionysos
Les ruines du théâtre de Dyonysos à Athènes (Grèce)
Environ 17 000 places Datant du Ve av. J.C. Le Zenith de Nantes c'est 9000 places (debout)
Le théâtre grec
Par ailleurs, le théâtre grec (en tant qu'art) nous a laissé deux grands genres : la tragédie et la comédie. La tragédie grecque met généralement en scène une haute noblesse sinon de célèbres personnages se heurtant à la fatalité et suscitant l'admiration et la crainte. Dans la tragédie, cela se termine obligatoirement mal ! La comédie grecque à l'inverse de la tragédie met en scène des personnages communs qui par un ensemble de circonstance connaissent une évolution positive. Ainsi, toujours à l'inverse de la tragédie, la comédie veut une fin heureuse !
Masque de la tragédie et de la comédie
L'un des symboles du théâtre est le masque. Le masque a deux grandes fonctions. Premièrement, il doit permettre à l'acteur, portant le masque, de prendre l'apparence de son personnage (d'autant qu'un acteur pouvait jouer plusieurs personnages). Enfin, le masque permettait de mieux diffuser la voix de l'acteur. Quand on cherche à représenter le théâtre sous la forme d'un "logo", on peut penser aux masques de la tragédie et de la comédie.
Le théâtre romain
Très largement inspiré du théâtre grec, le théâtre romain reprend l'essentiel de la structure helléniques (grecques). En forme de demi-cercle, le théâtre romain développe quelque peu l'espace dédié à la scène. C'est surtout sur le plan des décors que le théâtre romain propose une évolution. Les romains prévoient un plus grand mur et de meilleurs décors comme fond de scène.
Le théâtre du Moyen Age et du début de la Renaissance
Contrairement aux théâtres antiques, le Moyen Age voit l'apparition de troupes mobiles. Les représentations se font toujours en extérieur mais elles ne requièrent plus les mêmes infrastructures. Le théâtre change aussi de fond, puisque le Moyen Age et la Renaissance font émerger de nouveaux genres : le drame liturgique, la morale, le mystère ou encore la farce. Le mystère, la morale et le drame liturgique, pour exemples, sont des genres théâtraux reprenant des épisodes bibliques tandis que la farce, pour autre exemple, cherche à faire rire le "petit peuple" par des jeux d'acteurs grossiers.
Le théâtre classique
A partir du XVIIe, une fois la Renaissance bien enclenchée, les auteurs de pièces de théâtre réouvrent la porte aux grands genres de l'Antiquité. La tragédie et la comédie repartent sous les plumes de Corneille, Racine et Molière. Ce n'est pas tout ! Le théâtre devient progressivement payant. De fait, il exclut une partie de la population au profit des classes les plus aisées (avec notamment la construction de loges). Il en profite pour se cloîtrer. Les représentations théâtrale se font désormais dans un espace clos. Au XVIIe, les salles deviennent rectangulaires, le public situé dans le parterre se tient debout tandis que les plus aisés peuvent profiter du confort des loges (situées sur les cotés).
Le théâtre classique
Cependant, parce que le théâtre se restreint au plus hautes classes de la société, il y a une professionnalisation de la part des auteurs de pièces et des comédiens. Le théâtre devient un alors univers de lettré... C'est le grand retour de la tragédie et de la comédie. A l'époque, il ne s'agit pas de rejouer les pièces de l'Antiquité, il s'agit de s'en inspirer pour en créer de nouvelles.
La tragédie et comédie classique (XVIIe)
Le théâtre du XVIIe se développe à partir du moment où le théâtre possède une utilité culturelle et politique importante aux yeux des autorités de l'époque (Monarchie de Louis XIII). Désormais, les auteurs de pièces et les comédiens reçoivent des subventions de la part du Roi. Les auteurs les plus connus et représentant aujourd'hui la tragédie classique du XVIIe siècle sont Jean Racine (1639-1699) et Pierre Corneille (1606-1684). Pour la comédie classique on retrouve plutôt Molière (1622-1673) et Pierre Corneille.
Le developpement du Drame au XVIIIe et XIXe siècle
Au XVIIIe siècle, le théâtre commence à s'émanciper des normes imposées par le classicisme (voir règle du théâtre classique). Au XIXe, c'est la redécouverte et l'ascension du drame qui apparait sous de nouvelles formes dramatiques (principalement avec le drame romantique).Le drame du XIXe raconte une histoire mettant en tension les personnages. Il ne s'agit plus de faire la distinction entre comédie et tragédie. Le drame en est parfois un mélange subtil. Il peut ainsi créer des situations comiques et pathétiques (susciter l'émotions). Toutefois, il ne cherchera pas à imiter le schéma de la tragédie, puisque sa fin ne sera pas nécessairement négative. De plus, au XIXe, on aborde de nouvelles thématiques telles que : la lutte des classes, le monde dans son ensemble, le voyage... Attention : Il ne faut pas confondre drame (action théâtrale) et drame (le genre théâtral). On observera d'ailleurs qu'un auteur de pièces de théâtre devient un dramaturge. Racine, qui n'a pourtant jamais écrit de drame, est un dramaturge.
Le théâtre moderne à partir du XXe
Le monde du théâtre va continuer d'évoluer au XXe siècle. L'arrivée de nouvelles technologies (liées à l'électricité) introduit de nouveaux mécanismes, éclairages et capacités sonores. Le théâtre du XXe va commencer à renoncer au réalisme. Contrairement aux siècles précédents, où le réalisme était jugé essentiel, le théâtre moderne propose des représentations plus imaginatives et abstraites, rendues possibles en partie par l'utilisation des nouvelles technologies.
Le théâtre moderne à partir du XXe
Le théâtre du XXe va essayer de nous faire réfléchir en utilisant des thématiques politiques et philosophiques. Il va parfois reprendre et mélanger les genres de la tragédie et de la comédie, avec la rénovation de pièces de l'Antiquité, agrémentées d'anachronismes (exemple : Antigone de Anouilh). On retrouve également cette idée du mélange des genres dans le théâtre absurde (théâtre post-2GM). Ce dernier met généralement en scène des personnages influencés par la modernité de nos sociétés, et ce de façon tragique mais avec des profils et comportements comiques.
2. La forme textuelle du théâtre
La structure d'une pièce de théâtre
La liste des personnages est généralement indiquée au début de chaque pièce. Cette liste permet à la fois de prendre connaissance du nombre de personnages, de leur nom et de leurs fonction/relation. Voici un exemple avec le Cid (ici on prend aussi connaissance du lieu où va se passer l'action) :
L'acte et les scènes
L'acte est une partie de la pièce regroupant un ensemble de scène autour d'une intrigue/action importante. Le passage vers un autre acte indiquera généralement un mouvement dans l'intrigue. Entre les actes, les lieux et les époques peuvent changer.La scène est une partie d'un acte jouée par les acteurs. Elle se découpe en fonction de l'action mais surtout selon les entrées et sorties des personnages.
L'acte et les scènes
Les protagonistes jouant la scène sont indiqués en dessous de l'annonce d'une scène. Par la suite les "paroles" sont attribuées aux acteurs précédemment évoqués.
Vers ou prose ?
Dans Le Cid de Corneille, la pièce est écrite en vers. Dans l'exemple, à droite, les vers sont numérotés par tranches de 5 (ce n'est pas un gage de versification). Quel est le mètre employé dans Le Cid ? Quel est le type de rime ?
Vers ou prose ?
Cependant, le théâtre utilise aussi la prose comme ce peut être le cas avec Marivaux. Voici un extrait de la scène V de l'acte I de La Seconde Surprise de l'amour de Marivaux (1727) Astuces pour savoir si on fait face à des vers : Regardez si la taille de chaque ligne est équivalente, cherchez des rimes, cherchez l'utilisation d'un potentiel mètre.
Les Didascalies
Une didascalie est une indication textuelle qui concerne la mise en scène. Souvent, elle renseigne sur l'attitude des personnages, leur diction et leur intention, leur position physique etc. Il s'agit d'un élément qui ne fait pas partie du texte mais qui est joué par les personnages concernés. Autrement dit, les acteurs ne prononcent pas les didascalies, mais les jouent sur scène !
Les Didascalies
Une didascalie interne se rapporte uniquement sur l'attitude du personnage. En voici un exemple, à travers la scène I de l'acte I de La Seconde surprise de l'amour de Marivaux.
3. L'espace théâtral
L'espace théâtral
L'espace référentiel : C'est le lieu fixé par l'auteur et qui est représenté par la scène et ses décors. L'espace scénique : Il s'agit du lieu "physique" où jouent les acteurs. Cet espace est délimité par l'estrade elle même découpée par "l'avant scène", "le fond de la scène", le "coté jardin" (gauche pour le spectateur) et le "coté cour" (à droite pour le spectateur).
L'espace théâtrale
Le hors scène : C'est le lieu d'origine ou de destination des personnages. Il est situé dans les coulisses et peut-être, comme dans le théâtre classique, le lieu des crimes/combats qu'on ne peut pas montrer sur scène sans choquer les spectateurs. Voici un exemple du hors scène dans l'acte II du Cid :
4. Les répliques au théâtre
Les types de "paroles" sur scène
La réplique : Il s'agit du texte prononcé par un personnage à destination d'un ou plusieurs autre(s) personnage(s). Exemple avec une célèbre litote du Cid :
Les types de "paroles" sur scène
Le dialogue : Le dialogue est un échange verbal (par les mots) entre deux ou plusieurs personnages. Exemple avec Marivaux :
Les types de "paroles" sur scène
La tirade : C'est une longue réplique sans interruption. Exemple avec Don Rodrigue discutant avec Chimène dans Le Cid Acte III scène IV :
Les types de "paroles" sur scène
Le monologue : Le monologue est une tirade ou un personnage parle seul et pour lui. Il peut également penser qu'il parle seul pendant qu'un autre protagoniste l'écoute. Exemple Marivaux Acte III scène I :
Les types de "paroles" sur scène
L'aparté : Un aparté est une réplique prononcée par un personnage à l'insu d'un autre (sans que l'autre personnage le sache). L'aparté peut être à destination du public ou du personnage lui-même. L'aparté est signalé par une didascalie. Exemple Marivaux Acte I scène XIV :
Les types de "paroles" sur scène
La stichomythie : La stichomythie désigne l'échange rapide de répliques courtes et vives. Elle s'oppose donc à la tirade et au monologue. Exemple Marivaux Acte I scène III :
5. Les codes du théâtre classique
La tragédie classique française
Au XVIe on observe l'émergence d'un ensemble de règles pour le théâtre qui viendront au XVIIe codifier le théâtre classique et tout particulièrement la tragédie ! Ces règles seraient à rattacher à Aristote qui définissait l'art théâtrale dans son ouvrage Poétique (IVe s. av. J-C) La règle des trois unités dans le théâtre classique : 1) L'unité d'action La pièce doit se concentrer sur une seule intrigue principale, sans sous-intrigue majeure. Toutes les actions et tous les événements doivent être liés à cette intrigue centrale. Cela évite la dispersion de l'attention du public et assure la concentration sur un seul fil narratif
La tragédie classique française
La règle des trois unités dans le théâtre classique : 2) L'unité de lieu Comme son nom l'indique -> Toutes les scènes de la pièce doivent se dérouler au même endroit, ou du moins dans des lieux très proches les uns des autres. Généralement, cela signifiait qu'une pièce se déroulait dans un seul lieu, comme une salle ou une cour, limitant les changements de décor. Cela contribuait à la concentration de l'action en même lieu.
La tragédie classique française
La règle des trois unités dans le théâtre classique : 3) L'unité de temps L'action de la pièce doit se dérouler dans une période de temps relativement courte et plausible. Idéalement, toute l'intrigue devrait se dérouler en l'espace d'une journée. Cette contrainte temporelle crée un sens d'urgence et de tension dramatique.
La tragédie classique française
La règle de bienséance : La règle de bienséance était une norme importante dans le théâtre classique français du XVIIe siècle. Elle était essentiellement définie comme la nécessité de représenter des sujets et des comportements considérés comme moralement acceptables et appropriés sur scène. Cette règle visait à maintenir un certain niveau de décence et de convenance dans les pièces de théâtre de cette époque. Elle pouvait concerner les normes sociales, l'interdiction au blasphème (avec l'évitement des sujets religieux), le respect des aristocrates (noblesse), absence de violence ou de scènes choquantes pour le spectateur. -> les scènes choquantes s'effectuent hors-scène
La tragédie classique française
La règle de vraisemblance : La règle de vraisemblance implique que l'action soit plausible pour le public. Et ce, même si le théâtre représente des événements imaginaires, fantastiques ou extraordinaires, ceux-ci doivent rester dans les limites du possible ou plutôt du vraisemblable. En d'autres termes, les actions des personnages et l'intrigue doivent être suffisamment crédibles pour que le public puisse les accepter sans remettre en question la logique interne de la pièce.
La tragédie classique française
La catharsis, dans la tragédie de l'Antiquité, consiste à purifier émotionnellement le spectateur. Le dramaturge va mobiliser des émotions liées à la pitié et la peur. Il faut montrer au spectateur l'influence des passions/désirs sur un personnage à la finalité tragique -> cela permet un soulagement du spectateur qui en prenant en pitié le personnage à l'impression de se purger émotionnellement Toutefois, cette purification reprend un autre objectif au XVIIe. Le théâtre du classicisme s'emploie à utiliser la catharsis d'une autre façon. Il s'agit toujours de purifier les émotions du spectateur. Cependant, en montrant le destin d'un personnage cédant à ses passions, on permet aux spectateurs de ressentir des émotions/passions inavouées.
La catharsis au cinéma (adaptation moderne du concept)
Des exceptions chez les dramaturges du XVIIe?
Le Cid est une Tragi-comédie de Corneille. A peine tragique, puisqu'il n'y a qu'un seul mort (Don Gomes) et à peine comique puisque la tension est palpable (Chimène doit composer avec un Don Rodrigue venant de tuer son père). Comme il s'agit, en partie, d'une tragédie classique, la pièce comporte 5 actes (comme le veut la codification classique) et est écrite en vers (Alexandrin). Néanmoins, il paraît difficile de respecter la règle des 3 unités dans Le Cid. En effet, si nous suivons la règle d'unité de temps, impliquant que la pièce se déroule seuleument sur une journée, alors Chimène et Rodrigue passent une journée infernale... -> de facto impacte la règle de vraisemblance...
Des exceptions chez dramaturge du XVIIe ?
Molière est le père de la comédie classique française. Il avait l'habitude de respecter la règle des trois unités, cependant, il a été accusé de ne pas respecter la règle de bienséance. Dans Tartuffe, par exemple, on l'accuse de se moquer de la religion et donc d'aller à l'encontre des valeurs morales de son époque (pas de bienséance donc). Pourtant, Molière y critique les imposteurs et ceux qui, grâce à la religion, manipulent autrui. Ainsi, il y dénonce le charlatanisme et non la religion. Peu importe, pour Molière et pour la comédie, les règles du théâtre classique sont inutiles. Pour lui, il faut plaire, c'est là la seule règle à respecter. De fait, la comédie classique se passe généralement des règles imposées pour la tragédie classique.
La comédie classique française
La comédie classique est bien moins codifiée que la Tragédie classique. A contrario de la tragédie, elle peut s'écrire en vers et en prose mais elle peut aussi s'affranchir de la règle des trois unités et de la structure organisée en 5 actes (imposées en tragédie classique). Rappel : La comédie met en scène des personnages bourgeois (et non des nobles) qui se confrontent à des situations comiques sinon à leurs propres passions (Exemple : Harpagon et l'argent dans L'Avare de Molière)
5.1 Les procédés comiques
Les procédés comiques
La comédie classique n'a pas de règles prédéfinies. En revanche, étant donné que son objectif est de distraire et de faire sourire, elle se doit d'être "comique". Au théâtre, on distingue 6 procédés comiques employés pour faire rire le spectateur :
- Le comique de geste
- Le comique de situation
- Le comique de répétition
- Le comique de mots
- Le comique de caractère
- Le comique de moeurs
Les procédés comiques
Le comique de caractère : les défauts d'un personnage sont amusants (avarice caricaturale, obsession...). Exemple : Le personnage d'Harpagon dans la pièce L'Avare de Molière.
Les procédés comiques
Le comique de geste : l'attitude d'un personnage fait rire, avec des gestes, une action particulière et des mimiques que le spectateur peut juger amusantes. Cela peut aussi passer par le fait qu'un personnage porte des vêtements extravagants ou surprenants.Le comique de situation : c'est la situation en elle-même qui est amusante. Le statut des personnages est en décalage avec la réalité, il y a un malentendu ou une dispute, le mari trompé rencontre l'amant... Exemples : Dans Le Cid c'est la gifle que donne Don Gomes à Don Diègue. Dans Les Fourberies de Scapin de Molière, on retrouve à la scène 2 de l'Acte III une scène où Scapin frappe avec un batôn son maître alors que ce dernier se trouve dans un sac.
SCAPIN.- Cachez-vous. Voici un spadassin qui vous cherche. (En contrefaisant sa voix.) "Quoi ? Jé n'aurai pas l'abantage dé tuer cé Geronte, et quelqu'un par charité né m'enseignera pas où il est ?" (À Géronte avec sa voix ordinaire.) Ne branlez pas. (Reprenant son ton contrefait.) "Cadédis, jé lé trouberai, sé cachât-il au centre dé la terre." (A Géronte avec son ton naturel.) Ne vous montrez pas. (Tout le langage gascon est supposé de celui qu'il contrefait, et le reste de lui.) "Oh, l'homme au sac !" Monsieur. "Jé té vaille un louis, et m'enseigne où put être Géronte." Vous cherchez le seigneur Géronte ? "Oui, mordi ! Jé lé cherche." Et pour quelle affaire, Monsieur ? "Pour quelle affaire ?" Oui. "Jé beux, cadédis, lé faire mourir sous les coups de vaton." Oh ! Monsieur, les coups de bâton ne se donnent point à des gens comme lui, et ce n'est pas un homme à être traité de la sorte. "Qui, cé fat dé Geronte, cé maraut, cé velître ?" Le seigneur Géronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni belître, et vous devriez, s'il vous plaît, parler d'autre façon. "Comment, tu mé traites, à moi, avec cette hautur ?" Je défends, comme je dois, un homme d'honneur qu'on offense. "Est-ce que tu es des amis dé cé Geronte ?" Oui, Monsieur, j'en suis. "Ah ! Cadédis, tu es de ses amis, à la vonne hure." (Il donne plusieurs coups de bâton sur le sac.) "Tiens. Boilà cé que jé té vaille pour lui." Ah, ah, ah ! Ah, Monsieur ! Ah, ah, Monsieur ! Tout beau. Ah, doucement, ah, ah, ah ! "Va, porte-lui cela de ma part. Adiusias." Ah ! diable soit le Gascon ! Ah ! En se plaignant et remuant le dos, comme s'il avait reçu les coups de bâton.GÉRONTE, mettant la tête hors du sac. - Ah, Scapin, je n'en puis plus. SCAPIN.- Ah, Monsieur, je suis tout moulu, et les épaules me font un mal épouvantable. GÉRONTE.- Comment, c'est sur les miennes qu'il a frappé. SCAPIN.- Nenni, Monsieur, c'était sur mon dos qu'il frappait. GÉRONTE.- Que veux-tu dire ? J'ai bien senti les coups, et les sens bien encore. SCAPIN.- Non, vous dis-je, ce n'est que le bout du bâton qui a été jusque sur vos épaules.
Les procédés comiques
Le comique de mots : les mots et parfois prénoms des personnages sont amusants. Il peut s'agir de jurons, d'un accent donné au texte ou encore d'une réplique inattendue.Exemples : Dans le Père Noël est une ordure (comédie française de 1979) : Félix - Vous mettez jamais de trempe à votre femme vous ? Pierre - Si mais jamais à coup de fer à souder ! Félix - Mais... c'est parce-que vous êtes pas bricoleur.
Les procédés comiques
Le comique de répétition : des paroles, des gestes ou une situation sont répétées. Cette répétition peut être ou devenir comique. Exemple : La scène 2 de l'acte III de Les Fourberies de Scapin -> Scapin prétend cacher son maître Géronte de soldats agressifs en l'enfermant dans un sac. La scène des coups de bâtons se répète : GÉRONTE.- Tu devais donc te retirer un peu plus loin, pour m’épargner... SCAPIN, lui remet la tête dans le sac.- Prenez garde. En voici un autre qui a la mine d’un étranger. [...]
Les procédés comiques
Le comique de moeurs : le fait de s'amuser des moeurs (habitudes sociales/coutumes) ou de moquer certains points d'une société à son époque. Exemple : critiquer les charlatans en les exposant sur scène.
Les anciens contre les modernes
Enonciation
Remise en question des règles du théâtre classique à partir du XVIIIe
Le XVIIe et XVIIIe sont les siècles des querelles entre "Modernes" et "Anciens". Qui sont-ils ? Pour les Anciens, la littérature classique doit reprendre le modèle de l'Antiquité. Le théâtre classique doit reprendre les thèmes de l'Antiquité. Pour les Modernes, la littérature du XVIIe, écrite sous le règne du Roi soleil (Louis XIV), est la forme de littérature la plus élaborée. Les classiques de l'Antiquité doivent se mêler avec de nouveaux classique (les oeuvres du classicisme) tout en évoluant à leur tour.
Principales figures de la querelle
Charles Perrault pour les Modernes Préfère les oeuvres du classicisme (du XVIIe) car plus modernes
Boileau pour les Anciens Préfère les oeuvres de la littérature classique (de l'Antiquité)
Le choc des cultures
- La littérature moderne ne peut pas surpasser les modèles de l'Antiquité.
- Les auteurs s'inspirant de l'Antiquité seront les plus connus dans l'avenir.
Les Anciens Préfèrent les oeuvres de la littérature classique (de l'Antiquité)
Les Modernes Préfèrent les oeuvres du classicisme (du XVIIe) car plus modernes
- La culture de l'Antiquité est en décalage avec les valeurs de la Monarchie du XVIIe.
- Il faut repenser la littérature comme une littérature française.
- La littérature antique va être oubliée contrairement à la littérature moderne.
Remise en question des règles du théâtre classique à partir du XVIIIe
Au milieu du XVIIIe (1700-1800) le mouvement du classicisme s'estompe au profit du mouvement des Lumières (duquel le romantisme s'inspirera ensuite). Le XVIIIe, c'est le siècle où les auteurs s'inspirent, non plus des classiques des Anciens (oeuvres de l'Antiquité) mais plutôt des nouveaux classiques redéfinis par les Modernes, autrement dit de la littérature du XVIIe. Au final, ni les Anciens ni les Modernes remportent réellement la bataille culturelle. Enfin, c'est compliqué...
Boileau avait raison
Aujourd'hui, Racine, Corneille et La Fontaine sont les auteurs classiques les plus reconnus et ayant très largement marqués et influencés la littérature française du XVIIe. Boileau avait prédit que ces auteurs deviendraient les plus célèbres parmi les auteurs du XVIIe. Plus encore, contrairement à Perrault, il avait prédit que les auteurs antiques ne resteraient pas dans l'oubli ! (Homère, Virgile...)
L'inarrêtable progrès... retour du drame (Perrault n'avait pas tort)
On retrouve, certes, une extension du conflit avec la bataille d'Hernani où Victor Hugo rompt avec les règles du théatre classique avec son drame romantique Hernani (1830). Face aux succès de cette pièce, le théâtre connaît une révolution prônant l'abandon des codes et genres du théâtre classique.
6. L'énonciation au théâtre (conclusion)
L'énonciation - double énonciation
L'énonciation en littérature désigne la production d'un message de la part d'un locuteur (ou émetteur ou énonciateur) à destination d'un récepteur (ou destinataire). Le message peut passer par la parole comme l'écrit. Au théâtre, l'énonciation est plus complexe. En effet, on parlera de double-énonciation. Pourquoi double ? Parce que le récepteur est double. Les destinataires sont le personnage (recevant la réplique d'un autre personnage) et le public.
L'énonciation - double énonciation
Cependant s'il existe 2 destinataires, il y aura 2 interprétations possibles du texte. L' interprétation se fera sur plusieurs niveaux.
- Premièrement, il y a le niveau de l'action théâtrale. Le "personnage" destinataire sur la scène joue l'interprétation de l'énoncé dans l'univers fictif joué sur scène !
- Ensuite, il y a le niveau des spectateurs. Le spectateur peut interpréter à sa façon, avec ce qu'il a pu voir de la pièce.
Analyser un texte théâtral
N'oubliez pas qu'une pièce de théâtre est, avant toute chose, destinée à la représentation. L'analyse d'un extrait de pièce doit donc aller dans ce sens, avec l'idée que votre texte n'a pas pour intention première d'être lu. Exemple , extrait de la scène 2 de l'acte 2 de la pièce Aulularia (IIIe-II s. av. J-C) de Plaute : MÉGADORE. — Par Pollux ! si tu as une âme raisonnable, tu as ce qu'il faut pour être heureux. EUCLION, à part. — Oui, la vieille lui a fait connaître mon trésor. La chose est sûre ; c'est clair. Ah ! je te couperai la langue et t'arracherai les yeux. MÉGADORE. — Pourquoi parles-tu là tout seul
Analyser un texte théâtral- exemple
MÉGADORE. — Par Pollux ! si tu as une âme raisonnable, tu as ce qu'il faut pour être heureux. EUCLION, à part. — Oui, la vieille lui a fait connaître mon trésor. La chose est sûre ; c'est clair. Ah ! je te couperai la langue et t'arracherai les yeux. MÉGADORE. — Pourquoi parles-tu là tout seul
- Aparté qui intrigue Mégadore (personnage) -> Plaute joue avec les conventions théâtrale -> il est étrange de se mettre à parler "à part" -> brise l'illusion théâtrale
- Double énonciation "Pourquoi parles-tu là seul" -> réaction à l'aparté d'Euclion -> à destination d'Euclion lui même mais aussi à destination du public qui s'est avéré complice !