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Le front populaire en France
Judith Serve
Created on October 24, 2023
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Transcript
Le front populaire en France durant l'entre-deux-guerres, entre 1936 et 1938
Sources : Manuel de 3ème HGEMC, Le livre scolaire, 2016 Manuel de 3ème HGEMC, Hatier, 2021
Manifestation à Paris le 6 février 1934
Sources : Manuel de 3ème HGMEC, Hatier, 2021 Gallica.bnf.fr Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-52336
6 juin 1936. Un mois plus tôt, les élections législatives ont donné la majorité à la coalition des partis de gauche, S.F.I.O., Parti radical socialiste et Parti communiste, réunis sous le nom de Front populaire. Alors que partout en France éclatent les premières « grèves de la joie » (selon l'expression de la philosophe Simone Weil), Léon Blum, le nouveau chef du gouvernement, prend la parole à la Chambre des députés pour présenter le programme de la coalition élue. Le Populaire, journal de Blum, retranscrit son discours : « Le Gouvernement se présente devant vous au lendemain d'élections générales où la sentence du suffrage universel, notre juge et notre maître à tous, s'est traduite avec plus de puissance et de clarté qu'à aucun moment de l'histoire républicaine. Le peuple français a manifesté sa décision inébranlable de préserver contre toutes les tentatives de la violence ou de la ruse les libertés démocratiques qui ont été son œuvre et qui demeurent son bien. Il a affirmé sa résolution de rechercher dans des voies nouvelles les remèdes de la crise qui l'accable, le soulagement de souffrances et d'angoisses que leur durée rend sans cesse plus cruelles, le retour à une vie active, saine et confiante. « Dès le début de la semaine prochaine, nous déposerons sur le bureau de la Chambre un ensemble de projets de loi dont nous demanderons aux deux Assemblées d'assurer le vote avant leur séparation. Ces projets de loi concerneront : – l'amnistie, – la semaine de quarante heures, – les contrats collectifs, – les congés payés, – un plan de GRANDS TRAVAUX, c'est-à-dire d'outillage économique, d'équipement sanitaire, scientifique, sportif et touristique, – la nationalisation de la fabrication des armes de guerre, – l'Office du blé qui servira d'exemple pour la revalorisation des autres denrées agricoles, comme le vin, la viande et le lait, – la prolongation de la scolarité, – une réforme du statut de la Banque de France garantissant dans sa gestion la prépondérance des intérêts nationaux. » Vous avez entendu le programme du Gouvernement. Vous savez quelles sont les intentions qui l'animent. Vous savez dans quel esprit et dans quelle direction il entend pousser la politique du pays."Nous voulons être le Gouvernement du bien public et de la paix. "
Le récit d’Henri Vieilledent, ouvrier serrurier et membre du conseil d’administration de la Chambre syndicale de la serrurerie, relate la grève qui débute le lendemain de la signature des Accords Matignon, au sein de l’entreprise de charpente et de menuiserie qui l’emploie."Alors le lundi 8 juin, avant l’entrée de 13h25, une brève décision avait été prise sous l’impulsion du seul syndiqué de « la boîte ». Après la sortie de 18 heures, on se réunirait au « Petit bar ». La moitié du personnel des ateliers du fer (une vingtaine d’ouvriers) étaient là ; on se mit d’accord sur l’action à entreprendre. (…) La rentrée du lendemain mardi 9 juin eut lieu sans attroupement, et le travail fut assuré jusqu’au casse-croûte. L’action devait être engagée à la fin de la pause. Ainsi fut fait. Chacun ayant abandonné sa tâche ; délégués en tête, le groupe des ouvriers du fer, une quarantaine, quitta les ateliers du bois, le cortège entraîna menuisiers, charpentiers et manœuvres.Un peu d’émotion, quelque solennité accompagnaient cette marche vers le patron, catalogué « dur ». Les délégués comptaient cinq à dix années de présence. Aucun d’eux ne connaissait la voix du patron. Circulant quotidiennement dans les ateliers, menace silencieuse, il ne parlait qu’à son contremaître. L’entretien, vers lequel ils allaient [le patron, les délégués et les ouvriers], innovait ; il allait inaugurer une ère de rapports nouveaux.Pendant l’arrêt du casse-croûte, il avait été convenu que les grévistes, afin de manifester leur unanimité, se placeraient dans la cour, devant les vitres de la direction. En haut d’un petit escalier, les délégués découvrirent le bureau patronal éclairé par la baie vitrée à travers laquelle il pouvait déjà voir les hommes en bleus. La porte était ouverte ; ils étaient attendus. Le patron était dans son habituelle tenue, en veston, le chapeau sur la tête. Assis, il se tourna pour regarder les quatre compagnons qui s’alignèrent silencieusement au bout de son bureau ; puis son regard alla vers la cinquantaine de visages attentifs qui se dressaient devant lui dans la cour. Il était pâle ; ses lèvres trahissaient l’émotion. (….) Regardant à nouveau les délégués debout, il leur dit d’une voix où perçait la crainte : « Messieurs, votre action ne me surprend pas ; nous vivons une période de trouble ; je n’espérais pas échapper au désordre ». (…)Pour le porte-parole des grévistes, (...), il parla des souffrances endurées dans des bâtiments ouverts à tous vents, parce que réduits, sur deux côtés, à leur charpente ; il souligna l’offense à leur dignité que constituait l’absence de toute hygiène et de tout confort, ; il parla de la sécurité complètement délaissée. Il précisa ce qui ne devait plus être. Toutes ces demandes, avec les revendications de salaires étaient consignées sur les feuillets qu’il déposa sur le bureau."Témoignage d’H. Vieilledent cité par G. Lefranc, 1936, l’explosion sociale, Paris, Julliard, Archives, 1966, p.202-208
Cette victoire de la gauche permit à Léon Blum de prendre officiellement la direction du nouveau gouvernement socialiste dès le 4 juin 1936. Cependant, à peine arrivé au pouvoir, celui-ci dut faire face à un mouvement inattendu de grèves. Déclenché dans les usines Bréguet au Havre le 11 mai 1936, à la suite du licenciement d’ouvriers qui avaient refusé de travailler le 1er mai, ce mouvement s’étendit rapidement à l’ensemble du territoire. (...) Mobilisant deux millions d’ouvriers, ces grèves revêtent un caractère nouveau, comme le montrent bien diverses photographies de l’époque : d’une part, elles se traduisent par l’occupation des lieux de travail par les ouvriers, destinée à immobiliser les machines et à empêcher le patronat d’employer un personnel de remplacement ; d’autre part, les ouvriers adoptent volontairement un comportement pacifiste exemplaire, évitant tout incident violent ou toute destruction de matériel. (...) Débordant le secteur de la métallurgie, ces grèves atteignirent d’autres branches de l’industrie et, même, du commerce : (...)" Charlotte DENOËL, « Les grèves de mai-juin 1936 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 06/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/greves-mai-juin-1936