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Rapport au réel

Johanna Braun

Created on October 20, 2023

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Transcript

Le rapport au réel : la valeur expressive de l'écart

La Représentation

L'écart est le choix opéré par l'artiste pour représenter son référent (modèle) qui va plus ou moins correspondre à son apparence, sa réalité tangible. Cet écart est porteur d'une intention et de sens qu'il faut repérer.

ses langages, moyens plastiques et enjeux artistiques

Abstraction

Ecart le plus grand

Fiction

Vraissemblance

Ressemblance

Mimesis

Ecart le plus faible avec le réel

La Mimésis

"L'Art achève ce que la Nature n'a pas pu mener à bien"

Artistote

Ecart le plus faible entre la représentation et son référent. Volonté de représenter le réel aussi fidèlement que possible. En cela, la mimesis crée une sorte d'extension du réel à l'intérieur même de l'oeuvre. L'objectif de la mimesis est de tromper le regard

Le trompe-l'oeil :

La mimesis vue par Platon (vers -428, -348) En tant qu'imitation, la mimesis peut procurer une jouissance sensible, un plaisir poétique, mais elle ne garantit aucune vérité, aucune réalité. Dans sa République Idéale, Platon la réduisait au statut de simple ornement et la condamnait comme trompeuse. Si l'image mimétique de la chose n'est pas la chose, si elle n'est qu'un simulacre, si elle ne fait qu'interpréter alors elle n'est qu'une duperie, une production de l'imagination. Mais le paradoxe est que cette parfaite ressemblance impossible ou fantasmatique est précisément ce qui nous captive.

La Ressemblance

Création qui tend à imiter l'apparence extérieure du réel sans vouloir pour autant créer une illusion.

La ressemblance, c'est à dire le fait de vouloir créer une image fidèle au réel sans artifice ne s'incarne, jusqu'au XIXème siècle, que dans le genre du portrait où les peintres se confrontaient au réel sans avoir à y ajouter de fiction, au contraire !

Le réalisme. Mouvement artistique né en France qui rompt avec les codes de représentation de l'Art alors en vigueur. Les artistes délaissent les figures mythologiques pour se tourner vers la vérité du quotidien des hommes, loin de la bourgeoisie du monde des arts. Les réalistes sont au plus proche du réel par le soin de leurs représentation et par leur sujet.

La photographie apparait à la fin du XIXème siècle et bouscule ainsi les idéaux des artistes qui échouent dans la précision et la ressemblance avec le réel, devant ainsi se réinventer totalement.

Vraissemblance et photographie : les photographies naissent toujours de choix (sujet, cadrage, rendu...). Il faut donc déconstruire l'idée reçue selon laquelle elle n'est qu'une captation objective du réel. En effet, la photographie est une image créée, composée, parfois filtrée, retouchée voire même truquée ! Avec son évolution, elle a quitté cette qualité de "capteuse de l'instant décisif" -selon l'expression d'Henri Cartier-Bresson, d'image mobile arrêtée. Elle est devenue une question de choix de l'artiste, donc de subjectivité.

La Vraissemblance

Caractère de vérité possible, qui trompe la réalité pour se faire passer pour vrai. La vraissemblance se rapproche de la réalité sans jamais atteindre le réel.

Le vraissemblable et le silence chez Joannes Vermeer. Sur les 35 tableaux du peintre, 26 correspondent à des scènes d'intérieurs paisibles composés d'objets silencieux et de personnages tranquilles. L'ambition des peintres du XVIIème siècle consistait à nous faire croire à la réalité des scènes illustrées. Vermeer créait ainsi ses tableaux dans une pièce -souvent la même - et la peingnait depuis sa Camera Obscura qui lui permettait une grande précision dans sa copie de la réalité des gens et des objets. Mais "faire de la peinture une exacte restitution de la réalité serait réduire sa vocation, nier qu'elle a une épaisseur et qu'elle est le fruit d'une vision de l'artiste" George Didi-Huberman. Ainsi, les procédés utilisés par l'artiste ne visent pas à montrer un réel observé mais plutôt à mettre en scène une réalité décidée par le peintre pour le rendre vraissemblable, faisant ainsi concensus avec le spectateur.

Représentation où l'artiste ne cherche plus à montrer une copie du réel mais une autre réalité. Invention qui n'a pas de modèle complet dans la réalité mais qui s'en inspire.

La Fiction

Le premier contact de Joan Fontcuberta avec la photographie est d'ordre documentaire et quasi encyclopédique. A l'université de Barcelone, il étudie les sciences de l'information, discipline appelée également (et ironiquement) "sciences de la falsification".

Ses premières oeuvres consistent précisément à manipuler le support photographique. Il réalise des photomontages et utilise des techniques de manipulation en laboratoire. Il se sert de la fiction dans ses oeuvres pour prévenir le spectateur de l'omniprésence de la falsification, du mensonge médiatique ou scientifique dans la réalité. Sa grande série Fauna est exposée dans un musée de Zoologie et non d'art contemporain. La mise en espace de son exposition se veut ainsi objective, scientifique et rigoureuse alors que tout est faux !

Les oeuvres surréalistes montrent, comme dans nos rêves, des portions de réalité de natures diverses, as semblées sans logiques D'ailleurs, les artistes sont fascinés par les arts premiers chargés d'intentions magiques. Leur imagination et leur modes d'expression sont sans limites

L'Abstraction

Ici, l'artiste ne cherche plus à "imiter", il révise radicalement le réel, voire le déforme, et crée une autre réalité... la sienne.

Le fauvisme et le cubisme sont les précurseurs de l'abstraction en ce qu'ils se jouent déjà des codes du réel pour les déformer à la voloté de l'artiste

L'art abstrait finit de rompre avec la figuration en refusant de montrer des choses réelles. L'objectif est de privilégier l'émotion suscitée par l'explosion des couleurs et l'agencement des formes, signes, points et traits sur la toile. Priorité est ainsi progressivement donnée aux gestes de l'artistes, aux matières qui sont regardées pour leurs qualités expressives et non comme outil à la botte de la représentation.

Mythe fondateur de la culture occidentale

Zeuxis est un peintre qui aurait vécu de 464 à 398 ac JC. Jouant sur les couleurs et les contrastes d'ombres et de lumières, il excellait à donner l'illusion de l'espace. On dit que c'est lui qui a introduit l'esthétique du trompe l'oeil dans la peinture grecque. Il était en concurence avec Parrhasius d'Ephèse, autre excellent peintre dont on disait qu'il était inégalable dans la finesse des lignes et des contours. Pour se départager, ils se mirent d'accord sur un "duel pictural". Zeuxis se présentat avec un panneau de bois sur lequel il avait représenté une coupe de fruits avec des poires et du raisin qu'un oiseau voulu venir picorer au moment où le peintre dévoila son oeuvre. L'oiseau avait ainsi été dupé par le réalisme de la peinture. Parrhasius invita ensuite le jury et son rival dans son atelier. Chacun entra, se tourna vers le mur et attendit. Zeuxis demanda alors à Parrhasius de lever le rideau derrière lequel, pensait-il, l'oeuvre était dissimulée et ce dernier répliqua "Je n'ai rien à faire, vous regardez déjà l'oeuvre". Alors seulement, on se rendit compte qu'il avait peint un rideau de manière tellement réaliste que personne ne s'en était rendu compte. Zeuxis ne discuta pas la victoire de Parrhasius.

Hippolyte Bayard, Autoportrait en Noyé, 1840

Dès son invention, la photographie a joué avec la vérité, notamment à travers les oeuvres d'Hippolyte Bayard qui compose ici un faux noyé, un autoportrait au dos duquel il inscrit "Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir, ou dont vous allez voir les merveilleux résultats (...)". Très tôt, les créateurs se sont donc joué de la prétendue véracité de la photographie et de la croyance puissante qui se mettait en place dans une image "vraie".