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Impression - LES GRANDES DECOUVERTES
robin.bruniaux
Created on September 9, 2023
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Transcript
PARCOURS 1 : Les Grandes DécouvertesLa Découverte de l'Amérique
Séance 4 : Un indien judicieux
Objectifs : - comprendre les enjeux d'un dialogue - découvrir un récit de voyage
Problématiques : - Comment le voyage et la découverte d'autres cultures permettent de se découvrir soi-même ? - Quelles représentations de l’ailleurs les récits de voyage nous font-ils découvrir ?
Lecture analytique : Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
Séance 5 : Des descriptions merveilleuses
Objectifs : - analyser des textes descriptifs - compreux les enjeux des textes descriptifs
Thématique : Le voyage et l'inconnu, pourquoi aller vers l'inconnu ?
Séance d'introduction : Qui est Christophe Colomb ? Objectif : découvrir la représentation du monde à l'époque de C. Colomb.
Lectures analytiques : - Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578. - Marco Polo, Le Livre des Merveilles, 1298
Séance 1 : Le journal de bord
Objectif : distinguer les caractéristiques d'un journal de bord
1-Que trouve-t-on dans un journal de bord ?
Séance 6 : Nouveau Monde ou fin d’un monde ?
2-Comment écrire un journal de bord
Objectifs : - comprendre les conséquences des explorations européennes du XVIe siècle - réfléchir à la notion de "barbarie"
Lecture analytique : Christophe Colomb, Journal de bord du premier voyageAnalyse d'image : Théodore de Bry, Le débarquement de C. Colomb
Séance 2 : Les conditions du voyage
Lectures de corpus : - Hernan Cortés, La Conquête du Mexique, 1521. - Bartolomé de las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes occidentales, 1552. - Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid, 1992
Objectifs : - comprendre les impressions et sentiments des explorateurs- méthodologie --> construire un paragraphe et développer une réponse
Lectures analytiques : - Stefan Zweig, Magellan, 1938- Antonio Pigafetta, Premier voyage autour du monde de Magellan, 1520.
Vocabulaire : formation des mots - lexique de l'exploration
Conjugaison : conjuguer et employer le présent et le passé composé de l’indicatif
Orthographe : Réaliser les accords simples du verbe avec son sujet, du participe passé
Séance 3 : Rencontre avec les indigènes
Grammaire : Identifier le sujet, le verbe et ses compléments essentiels, l’attribut du sujet - utiliser la ponctuation - Identifier les classes grammaticales du nom, du verbe et du pronom personnel
Objectif : observer les différences entre deux civilisations
Lecture analytique : Christophe Colomb, Journal de bord du premier voyage
REALISATION FINALE : Elaboration d'un journal de bord
Christophe Colomb et son équipage ont quitté l’Espagne le 3 août 1492 pour aller aux Indes. Ils débarquent en réalité sur l’archipel des Bahamas, puis à Cuba (Colba) et à Haïti (Hispaniola).
9 septembre : A 3 heures, le vent de nord-est se lève et je prends ma route cap à l’ouest. 24 septembre : Plus les jours passent, plus la peur des marins grandit ainsi que les murmures. 10 octobre : Navigation sud – sud-ouest. Les hommes se plaignent de la longueur du voyage. Je les réconforte en leur rappelant les profits qu’ils en attendent. 12 octobre : La terre paraît à 2 heures du matin. Au matin, je débarque sur une île. Je déploie la bannière royale, j’en prends possession au nom du roi et de la reine. 24 octobre : Je suis parti pour une île que les Indiens que j’emmène avec moi appellent Colba. Si j’en crois les indications qu’ils me donnent sur sa grandeur et sa richesse, ce doit être Cipango qui devrait se trouver dans ces parages d’après les cartes que j’ai consultées. Ils disent qu’elle est bien pourvue de perles, d’or et d’épices. 16 décembre : Les habitants d’Hispaniola ne possèdent pas d’armes et sont tout nus. Ils sont si poltrons que 1000 d’entre eux n’oseraient pas attaquer trois de nos hommes. Ils sont aptes pour qu’on les fasse travailler. On pourra en faire des chrétiens.
D’après Christophe Colomb, Journal de bord du premier voyage, 1492
L’écrivain autrichien Stefan Zweig (1881-1942) traverse l’Atlantique vers l’Amérique du Sud. Alors qu’il trouve son voyage long et ennuyeux, il se fait à lui-même les remarques suivantes.
Rappelle-toi dans quelles conditions on voyageait autrefois. Compare cette traversée avec celles des audacieux navigateurs qui découvrirent ces mers immenses. Essaie de te représenter comment ils se lançaient, sur leurs malheureux cotres, dans l’inconnu, ignorants de la route à suivre, perdus dans l’infini, sans cesse exposés aux dangers et aux intempéries, aux souffrances de la faim et de la soif. Pas de lumière la nuit, comme boisson l’eau saumâtre des tonneaux et l’eau de pluie, rien d’autre à manger que le biscuit dur comme de la pierre et le lard salé et rance, souvent même manquant de cette pauvre nourriture pendant de longs jours ! Pas de lit ni de couchette, une chaleur infernale, un froid impitoyable et de plus la conscience qu’ils étaient seuls, absolument seuls dans cet immense désert d’eau. Pendant des mois, des années, personne chez eux ne savait où ils se trouvaient et eux-mêmes souvent ignoraient où ils allaient. La faim voyageait avec eux, la mort les entourait sous mille formes sur mer et sur terre, le danger qui les menaçait venait à la fois de l’homme et des éléments. Personne, ils le savaient, ne pouvait leur venir en aide, aucune voile ne viendrait à leur rencontre dans ces mers inconnues, personne ne pourrait les sauver de la détresse et du malheur, ou, en cas de naufrage, faire connaître leur mort. Je n’eus qu’à me souvenir de ces premiers voyages des conquérants de la mer pour avoir honte de mon impatience.Stefan Zweig, Magellan, 1938.
Christophe Colomb a quitté l'Espagne le 3 août 1492. Ses marins et lui ne reverront la terre que le 12 octobre.
Ses compagnons espagnols murmurèrent d'abord en secret puis l'accablèrent bientôt d'invectives et méditèrent de le tuer, avant de concevoir enfin le projet de le jeter à la mer : ils avaient été trompés par un Ligure qui les entrainait délibérément jusqu'en un lieu d'où ils ne pourraient jamais revenir. Au trentième jour, enflammés de fureur, ils réclamèrent à grands cris d'être ramenés en arrière et harcelaient Colomb afin de l'empêcher de pousser plus avant. Pour lui, arrachant journée après journée, maniant flatteries et espérances, il apaisait les excités tout en promettant des châtiments : s'en prendre à lui, avertissait-il, ou refuser d'obéir relèverait, devant les souverains, du crime de trahison.
Pierre Martyr d'Anghiera, Décades du Nouveau Monde, XVIème siècle.
Au cours de la traversée, un phénomène étrange se produit : la boussole n'indique plus le Nord !
« Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Chinito en écartant les matelots du premier rang.- Tu vois pas ? On lui montra du doigt la fleur de lys qui, sur le cadran de la boussole, indiquait le nord. L’aiguille s’en était légèrement écartée vers l’Ouest.« Il y a de la mauvaiseté là-dedans, dit un ancien qui avait vu bien des choses au cours de sa longue vie en mer.- De la sorcellerie ! »L’équipage au grand complet fixait ses regards sur l’aiguille, avec l’espoir de le voir revenir à la position naturelle. Après les mots lancés, les prières et les menaces, le silence s’installa, lourd d’une peur d’animaux traqués.Dans quels parages arrivaient-ils si la boussole ne pouvait plus leur servir de guide ? […]« Dieu se venge ! cira un matelot.- Dieu est avec nous. »Une voix calme, froide, coupante les fit se retourner. Christophe Colomb s’était approché sans qu’ils l’eussent remarqué tant ils étaient absorbés par l’étrange phénomène.
Jean-Côme Noguès, Le Voyage inspiré
Moi, afin qu’ils nous aient en grande amitié et parce que j’ai connu qu’ils étaient gens à se rendre et convertir bien mieux à notre Sainte Foi par amour que par force, j’ai donné à quelques-uns d’entre eux quelques bonnets de couleur et quelques perles de verre qu’ils se sont mises au cou ; et beaucoup d’autres choses de peu de valeur dont ils eurent grand plaisir ; et ils nous firent tant d’amitié que c’était merveille. Ensuite, ceux-là venaient, nageant, aux chaloupes des navires dans lesquelles nous étions, et ils nous apportaient des perroquets, du fil de coton en pelotes, des sagaies et beaucoup d’autres choses qu’ils échangeaient contre d’autres que nous leur donnions, telles que petites perles de verre et grelots. Mais il me parut qu’ils étaient des gens dépourvus de tout. Ils vont nus, tels que leur mère les a enfantés, et les femmes aussi, toutefois, je n’en ai vu qu’une, qui était assez jeune. Et tous les hommes que j’ai vus étaient jeunes, aucun n’avait plus de trente ans ; ils étaient tous très bien faits, très beaux de corps et très avenants de visage, avec des cheveux quasi aussi gros que le crin de la queue des chevaux, courts et qu’ils portent jusqu’aux sourcils, sauf en arrière, quelques mèches qu’ils laissent longues et jamais ne coupent.
Christophe Colomb décrit dans son journal de bord son premier contact avec la population indigène.
Christophe Colomb, Journal de bord
Certains d’entre se peignent le corps en brun, et ils sont tous comme les Canariens, ni noirs ni blancs, d’autres se peignent en blanc et d’autres en rouge vif, et d’autres de la couleur qu’ils trouvent. Certains se peignent le visage et d’autres tout le corps ; certains se peignent seulement le tour des yeux et d’autres seulement le nez. Ils ne portent pas d’armes ni même ne les connaissent, car je leur ai montré des épées que par ignorance, ils prenaient par le tranchant, se coupant. Ils n’ont pas de fer ; leurs sagaies sont des bâtons sans fer, et certaines ont à leur extrémité une dent de poisson, et d’autres différentes choses. Tous sont pareillement de belle stature, de belle allure et bien faits. […] S’il plaît à Notre seigneur, au moment de mon départ, j’en emmènerai d’ici six à vos Altesses pour qu’ils apprennent à parler.
a) Christophe Colomb décrit-il les Indiens de manière positive ou négative ? b) Qu’est-ce qui le surprend chez eux ? Quels sont les détails qui attirent son attention ? c) Chercher les différences entre européens et amérindiens dans les deux textes • physiques : • vestimentaires : • sociales :
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Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées -Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Vocabulaire : Trouve dans le texte les mots qui correspondent aux définitions proposées - Personne qui aime à parler longuement, à tout propos = - Dont l'esprit manque de finesse, de subtilité = - Difficulté, souffrance = - Causer de l'inquiétude, du souci à quelqu'un = - Danger =
Jean de Léry nous rapporte sa discussion avec un vieil Indien Tupinamba. Pour lui, le bois de brésil est un moyen de se chauffer ou d’obtenir de la teinture rouge. Il ne comprend donc pas que les Français viennent le chercher de si loin et en si grande quantité. Léry lui explique que des commerçants sont très riches grâce à la vente de ce bois.
Jean de Léry, Voyage en terre du Brésil, 1578.
« Mais cet homme si riche dont tu me parles, ne meurt-il point ? » « Bien-sûr qu’il meurt, répondis-je, comme les autres. » Sur quoi, comme ce sont de grands discoureurs et qu’ils soutiennent fort bien une conversation jusqu’au bout, il me demanda aussitôt : « Et quand il est mort, à qui va tout le bien qu’il laisse ? » « A ses enfants s’il en a, à défaut à ses frères et sœurs, ou à ses plus proches parents. » « Vraiment, dit alors mon vieillard, nullement lourdaud comme vous en jugerez, je comprends à présent que vous autres Mairs, c’est-à-dire Français, êtes de grands fous. Car avez-vous besoin de vous donner tant de peine pour traverser la mer […] pour amasser des richesses pour vos enfants ou ceux qui vous survivront ? La terre qui vous a nourris ne suffit-elle pas aussi à les nourrir ? Nous avons, ajouta-t-il, des parents et des enfants que, tu le vois, nous aimons et chérissons. Mais parce que nous sommes sûrs qu’après notre mort, la terre qui nous a nourris les nourrira, sans nous en soucier davantage, nous nous reposons sur cela. » Voilà en résumé le véritable discours que j’ai entendu de la propre bouche d’un pauvre sauvage américain. Ainsi cette nation, que nous estimons si barbare, se moque-t-elle de bon cœur de ceux qui, au péril de leur vie, traversent la mer pour aller chercher du bois de brésil afin de s’enrichir.
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Texte 1 : Jean de Léry, Voyage en Terre de Brésil
Quant aux plantes et herbes dont je veux aussi faire mention je commencerai par celles qui, à cause de leurs fruits et de leurs effets me semblent les plus excellentes. Premièrement, la plante qui produit le fruit nommé par les sauvages …………….…, est de forme semblable aux glaïeuls, et encore ayant les feuilles un peu courbées et cannelées tout autour, elles s’approchent plus de celles de l’aloès. Elle croît aussi non seulement amoncelée comme un grand chardon, mais son fruit aussi, qui est de la grosseur d’un melon moyen, et ressemble à une pomme de pin, sans pendre ni pencher d’un côté ni de l’autre, pousse comme nos artichauts. Et du reste, quand ces ……..……….. sont venus à maturité, étant de couleur jaune azuré, ils ont une telle odeur de framboise, que non seulement en allant par les bois et les autres lieux où ils croissent, on les sent de fort loin, mais aussi leur goût fondant dans la bouche est naturellement si doux qu’il n’y a confiture de ce pays qui les surpasse : je soutiens que c’est le plus excellent fruit de l’Amérique.
1. Souligner en rouge les comparaisons 2. Souligner en vert les mots qui renvoient au vocabulaire des sensations et de la perception
Texte 1 : Le plus excellent fruit de l'Amérique
Quant aux plantes et herbes dont je veux aussi faire mention je commencerai par celles qui, à cause de leurs fruits et de leurs effets me semblent les plus excellentes. Premièrement, la plante qui produit le fruit nommé par les sauvages …………….…, est de forme semblable aux glaïeuls, et encore ayant les feuilles un peu courbées et cannelées1 tout autour, elles s’approchent plus de celles de l’aloès. Elle croît aussi non seulement amoncelée2 comme un grand chardon, mais son fruit aussi, qui est de la grosseur d’un melon moyen, et ressemble à une pomme de pin, sans pendre ni pencher d’un côté ni de l’autre, pousse comme nos artichauts. Et du reste, quand ces ……..……….. sont venus à maturité3, étant de couleur jaune azuré4, ils ont une telle odeur de framboise, que non seulement en allant par les bois et les autres lieux où ils croissent, on les sent de fort loin, mais aussi leur goût fondant dans la bouche est naturellement si doux qu’il n’y a confiture de ce pays qui les surpasse : je soutiens que c’est le plus excellent fruit de l’Amérique.
Jean de Léry, Voyage en Terre de Brésil
1-cannelé : creusé - mouluré - strié - silloné 2-amoncelé : en hauteur 3-maturité : taille adulte - mûr 4-azuré : bleu azur - reflet bleu
1. Surligner les adjectifs2. Souligner en rouge les comparaisons 3. Souligner en vert les mots qui renvoient au vocabulaire des sensations et de la perception.
Texte 2 : Marco Polo, Le Livre des Merveilles
En cette province vivent de très grosses couleuvres, et aussi ces grands serpents qui sont tellement démesurés que tous les hommes s’en doivent émerveiller ; à voir et à regarder, sont choses très hideuses. Et vous dirai comment ils sont grands et gros. Or sachez pour vrai qu’il n’y en a de dix pas de long, qui sont aussi gros qu’un tonneau, car ils ont dix paumes de tour. Ce sont là les plus gros. Ils ont deux courtes pattes devant, près de la tête, mais sans pieds, si ce n’est qu’ils ont trois griffes, deux petites et une plus grande, acérées comme celles d’un faucon ou d’un lion. Ils ont la tête énorme, et les yeux plus gros qu’une miche de quatre dinars, et tout luisants ; leur gueule est si vaste qu’ils peuvent bien engloutir un homme d’un seul coup.
1. Surligner les comparaisons 2. Souligner en noir les adjectifs qualificatifs 3. Souligner en vert les adverbes de degré de l’adjectif (degré d’intensité, degré de comparaison : infériorité, égalité, supériorité).
En cette province vivent de très grosses couleuvres, et aussi ces grands serpents qui sont tellement démesurés que tous les hommes s’en doivent émerveiller ; à voir et à regarder, sont choses très hideuses. Et vous dirai comment ils sont grands et gros. Or sachez pour vrai qu’il n’y en a de dix pas de long, qui sont aussi gros qu’un tonneau, car ils ont dix paumes de tour. Ce sont là les plus gros. Ils ont deux courtes pattes devant, près de la tête, mais sans pieds, si ce n’est qu’ils ont trois griffes, deux petites et une plus grande, acérées comme celles d’un faucon ou d’un lion. Ils ont la tête énorme, et les yeux plus gros qu’une miche de quatre dinars, et tout luisants ; leur gueule est si vaste qu’ils peuvent bien engloutir un homme d’un seul coup.
En cette province vivent de très grosses couleuvres, et aussi ces grands serpents qui sont tellement démesurés que tous les hommes s’en doivent émerveiller ; à voir et à regarder, sont choses très hideuses. Et vous dirai comment ils sont grands et gros. Or sachez pour vrai qu’il n’y en a de dix pas de long, qui sont aussi gros qu’un tonneau, car ils ont dix paumes de tour. Ce sont là les plus gros. Ils ont deux courtes pattes devant, près de la tête, mais sans pieds, si ce n’est qu’ils ont trois griffes, deux petites et une plus grande, acérées comme celles d’un faucon ou d’un lion. Ils ont la tête énorme, et les yeux plus gros qu’une miche de quatre dinars, et tout luisants ; leur gueule est si vaste qu’ils peuvent bien engloutir un homme d’un seul coup.
En cette province vivent de très grosses couleuvres, et aussi ces grands serpents qui sont tellement démesurés que tous les hommes s’en doivent émerveiller ; à voir et à regarder, sont choses très hideuses. Et vous dirai comment ils sont grands et gros. Or sachez pour vrai qu’il n’y en a de dix pas de long, qui sont aussi gros qu’un tonneau, car ils ont dix paumes de tour. Ce sont là les plus gros. Ils ont deux courtes pattes devant, près de la tête, mais sans pieds, si ce n’est qu’ils ont trois griffes, deux petites et une plus grande, acérées comme celles d’un faucon ou d’un lion. Ils ont la tête énorme, et les yeux plus gros qu’une miche de quatre dinars, et tout luisants ; leur gueule est si vaste qu’ils peuvent bien engloutir un homme d’un seul coup.
1. Surligner les comparaisons 2. Souligner en noir les adjectifs qualificatifs 3. Souligner en vert les adverbes de degré de l’adjectif (degré d’intensité, degré de comparaison : infériorité, égalité, supériorité).
1. Surligner les comparaisons 2. Souligner en noir les adjectifs qualificatifs 3. Souligner en vert les adverbes de degré de l’adjectif (degré d’intensité, degré de comparaison : infériorité, égalité, supériorité).
1. Surligner les comparaisons 2. Souligner en noir les adjectifs qualificatifs 3. Souligner en vert les adverbes de degré de l’adjectif (degré d’intensité, degré de comparaison : infériorité, égalité, supériorité).
Texte 2 : Marco Polo, Le Livre des Merveilles
Texte 2 : Marco Polo, Le Livre des Merveilles
Texte 2 : Marco Polo, Le Livre des Merveilles
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Hernan Cortés est un chef de guerre conquistador au service de Charles Quint (roi d’Espagne). Il part à la conquête du Mexique en 1519 et établit dans un premier temps des liens avec la société aztèque. Il parvint même à construire une alliance militaire avec une cité aztèque. Mais très vite, il considère les mœurs et coutumes aztèques comme barbares, notamment les sacrifices humains. Il considère donc comme un devoir chrétien d’évangéliser ces peuples afin d’apporter une civilisation policée à ces « barbares ». Dans cet extrait de La Conquête du Mexique, rapport des conquêtes à Charles Quint (roi d’Espagne), Cortés exprime son dégoût vis-à-vis des sacrifices aztèques.
Ils ont une autre coutume horrible, abominable, bien digne de châtiment et que nous n’avons observée nulle part ; c’est que, chaque fois qu’ils ont quelque chose à demander à leurs idoles, afin qu’elles soient propices à leurs prières, ils prennent des jeunes garçons et des jeunes filles, des hommes et des femmes aussi, dont ils ouvrent la poitrine, dont ils arrachent le cœur et les entrailles qu’ils brûlent devant leurs faux dieux, leur en offrant la fumée en sacrifice.
Hernan Cortés, La Conquête du Mexique
Bartolomé de las Casas dénonce le sort réservé aux indigènes dans sa Très brève relation de la destruction des Indes occidentales.
En quarante ans, par suite de la tyrannie et des actions infernales des chrétiens, douze millions d’âmes, hommes, femmes et enfants sont morts. Pourquoi les chrétiens ont-ils tué et détruit un pareil nombre d’âmes ? Seulement pour avoir de l’or, se gonfler de richesses en quelques jours. Jamais les habitants de toutes les Indes n’ont fait le moindre mal aux chrétiens. Bien au contraire, ils les ont considérés comme venus du Ciel. Les armes des Indiens sont plutôt faibles, peu offensives, peu résistantes. Les chrétiens, avec leurs chevaux, leurs épées et leurs lances, ont commencé les tueries et les actes cruels, étrangers aux Indiens."
Bartolomé de las Casas, Très brève relation de la destruction des Indes occidentales, 1552.
Bartolomé de las Casas dénonce le sort réservé aux indigènes dans sa Très brève relation de la destruction des Indes occidentales.
Quelquefois on saisit les enfants par les pieds et on leur fracasse le crâne contre les roches ! Ou bien on les met sur le grill, on les noie, on les jette à des chiens affamés qui les dévorent comme des porcs ! On fait des paris à qui ouvrira un ventre de femme d’un seul coup de couteau ! Les murmures s’enflent, au point que l’un des assesseurs du légat doit agiter une sonnette pour qu’ils s’effacent. Après quoi le légat reprend la parole : -Frère Bartolomé, je vous le répète, vous nous parlez de la triste misère de la guerre, qui est commune à tous les peuples, mais ici ce… Las Casas se permet alors d’interrompre le cardinal. -La guerre ? Quelle guerre ? Il quitte la table et s’avance. Son émotion devient très vive et très visible. -Ces peuples ne nous faisaient pas la guerre ! Ils venaient à nous tout souriants, le visage gai, curieux de nous connaître, chargés de fruits et de présents ! Ils ne savaient même pas ce qu’est la guerre ! Et nous leur avons apporté la mort ! Au nom du Christ !
Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid
Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid
Bartolomé de las Casas dénonce le sort réservé aux indigènes dans sa Très brève relation de la destruction des Indes occidentales.
Quelquefois on saisit les enfants par les pieds et on leur fracasse le crâne contre les roches ! Ou bien on les met sur le grill, on les noie, on les jette à des chiens affamés qui les dévorent comme des porcs ! On fait des paris à qui ouvrira un ventre de femme d’un seul coup de couteau ! Les murmures s’enflent, au point que l’un des assesseurs du légat doit agiter une sonnette pour qu’ils s’effacent. Après quoi le légat reprend la parole : -Frère Bartolomé, je vous le répète, vous nous parlez de la triste misère de la guerre, qui est commune à tous les peuples, mais ici ce… Las Casas se permet alors d’interrompre le cardinal. -La guerre ? Quelle guerre ? Il quitte la table et s’avance. Son émotion devient très vive et très visible. -Ces peuples ne nous faisaient pas la guerre ! Ils venaient à nous tout souriants, le visage gai, curieux de nous connaître, chargés de fruits et de présents ! Ils ne savaient même pas ce qu’est la guerre ! Et nous leur avons apporté la mort ! Au nom du Christ !
Jean-Claude Carrière, La Controverse de Valladolid
Au Brésil, les Amérindiens Tupinambas tuaient et mangeaient leurs prisonniers à l’issue de combats avec les peuples voisins. Le prisonnier — ou la prisonnière — était conservé un certain temps dans le village avant d’être tué. Selon Jean de Léry, les victimes ne cherchaient pas à s’enfuir, devenant même joyeux au moment d’être mangés
Alors, aussitôt que le prisonnier a été assommé, les vieilles femmes se présentent avec de l’eau chaude qu’elles ont toute prête, puis frottent et ébouillantent le corps mort de telle façon qu’en ayant enlevé la première peau, elles le rendent aussi blanc que les cuisiniers de chez nous rendent un cochon de lait prêt à rôtir. Après cela, des hommes, prenant ce pauvre corps, le fendront et le mettront rapidement en pièces. Alors, tous les morceaux du corps, et même les tripes après être bien nettoyées, sont immédiatement mis sur les boucans, auprès desquels, pendant que le tout cuit ainsi à leur mode, les vieilles femmes (qui comme j’ai dit ont un étonnant appétit de chair humaine) étant toutes assemblées pour recueillir la graisse qui dégoutte le long des bâtons de ces grandes et hautes grilles de bois, lèchent leurs doigts et disent « Yguatou », c’est-à-dire, il est bon. Quand la chair d’un prisonnier, ou de plusieurs (car ils en tuent quelquefois deux ou trois en un jour) est ainsi cuite, tous ceux qui ont assisté au spectacle du massacre se réjouissent de nouveau autour des boucans, sur lesquels avec coups d’œil et regards de fous ils contemplent les morceaux et les membres de leurs ennemis.
Jean de Léry, Voyage fait en la Terre de Brésil.
Quel que soit leur nombre, chacun, s’il est possible, avant de sortir de là en aura son morceau. Non pas cependant, comme on pourrait le penser, qu’ils fassent cela pour se nourrir ; car bien que tous avouent que cette chair humaine est merveilleusement bonne et délicate, cependant, c’est plus par vengeance, que pour le goût qu’ils le font (hormis ce que j’ai dit à propos des vieilles femmes en particulier qui en sont si friandes). Leur principale intention est qu’en poursuivant et en rongeant ainsi les morts jusqu’aux os, ils suscitent par ce moyen la crainte et l’épouvante des vivants. Et de fait pour assouvir leurs courages cruels, tout ce qui peut se trouver sur les corps de tels prisonniers, depuis les extrémités des orteils jusqu’au nez, aux oreilles et au sommet de la tête, est entièrement mangé par eux ; j’excepte toutefois la cervelle à laquelle ils ne touchent point. Et de plus, comme nos Toüoupinambaoults conservent les crânes par monceaux dans leurs villages, comme on voit chez nous des têtes de morts dans les cimetières, la première chose qu’ils font quand les Français viennent les voir et leur rendre visite, c’est qu’en racontant leurs exploits et en leur montrant les trophées de ces crânes ainsi décharnés, ils disent qu’ils traiteront de même tous leurs ennemis.
Jean de Léry, Voyage fait en la Terre de Brésil.
Il me semble que ce que j’en ai dit est assez pour faire sentir l’horreur et dresser à chacun les cheveux sur la tête. Mais que ceux qui liront ces choses si horribles commises chaque jour parmi ces nations barbares du Brésil, pensent aussi un peu de près à ce qui se fait de notre côté parmi nous. Et sans aller plus loin, en la France quoi ? (Je suis français et cela me blesse de le dire) durant la sanglante tragédie qui commença à Paris le 24 août 1572, la graisse des corps humains (qui d’une façon plus barbare et cruelle que celle des sauvages furent massacrés dans Lyon, après avoir été retirés de la rivière de la Saône) ne fut-elle pas publiquement vendue aux enchères au plus offrant ? Les foies, les cœurs et les autres parties des corps de quelques-uns ne furent-ils pas mangés par les meurtriers fous furieux, dont les enfers ont horreur ? Un protestant, à Auxerre, fut misérablement massacré, et ceux qui commirent ce meurtre découpèrent son cœur en pièces, pour l’exposer et le vendre à ceux qui le haïssaient et, l’ayant fait griller sur des charbons, assouvissant leur rage comme des chiens, en mangèrent. Par conséquent qu’on ne déteste plus tant désormais la cruauté des sauvages anthropophages, c’est-à-dire, mangeurs d’hommes, car puisqu’il y en a de semblables, voire de plus détestables et pires au milieu de nous.
Jean de Léry, Voyage fait en la Terre de Brésil.
Montaigne donne son opinion sur les tribus anthropophages.
Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu'on m'en a rapporté : sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n'est pas de son usage. Comme de vray nous n'avons autre mire de la verité, et de la raison, que l'exemple et idée des opinions et usances du païs où nous sommes. Là est tousjours la parfaicte religion, la parfaicte police, parfaict et accomply usage de toutes choses.
Montaigne, "Des Cannibales", Essais.
Pourquoi le massacre de la Saint Barthélémy choque t-il particulièrement Jean de Léry ? Pourquoi Jean de Léry compare-t-il les actes de barbarie commis par les Tupinambas avec ceux commis par son propre peuple ? Qu’est-ce qui est le pire selon lui ?