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Séquence 1 : Français seconde
Killian TRIPON
Created on September 5, 2023
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Transcript
Poésie - Français Seconde GT
Poésies Engagées et Guerres de religion
Ronsard
Aubigné 1
Aubigné 2
Aubigné 3
Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau. Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi. L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
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Pierre Ronsard (1524 - 1585)
Il est une figure importante de la poésie française du XVIe siècle (Renaissance). Il est, avec Joachim Du Bellay (un autre grand poète de son époque), l'un des fondateurs de La Pléïade. Comme de nombreux poètes de l'époque, Ronsard s'inspire des poètes de l'Antiquité, mais aussi des poètes italiens de son époque, tels que Pétrarque ou encore Dante.
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Pierre Ronsard (1524 - 1585)
Il écrit de la poésie engagée, avec parfois un discours politique. Il a généralement abordé les thèmes de l'amour, du champêtre, de la politique ou encore de la philosophie. Il est le protégé de la reine Catherine De Medicis car il la soutient politiquement en écrivant des poèmes engagés en faveur des catholiques.
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La Pleïade (Milieu du XVIe, Renaissance)
1. Contexte historique : L'imprimerie développe la littérature à partir du XVe. (invention vers 1450 avec Gutenberg) Vers la fin du XVe siècle le Roi François Ier introduit l'art italien dans sa monarchie (châteaux, courtisans, etc). Il s'entoure d'artistes pour mettre en valeur son royaume. Ceci sera perpétué par ses successeurs : Henri II et Catherine de Médicis ! Au début du XVIe la langue française devient la langue officielle de l'administration (forte diffusion de la langue française).
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La Pleïade (milieu du XVIe, Renaissance)
2. Les caractéristiques de la Pléïade: La Pléïade est un groupe d'une poignée de poètes français désignés par Ronsard. Elle naît dans un contexte où l'art, et plus particulièrement la littérature (poétique), sont en plein essor. Pourquoi le nom La Pléïade ? Parce que le groupe comporte 7 poètes comme le nombre d'étoiles que possède la constellation de la Pléïade.
Son objectif est de concurrencer les poètes italiens par la création d'une poésie française rénovée. Involontairement, la Pléïade a permis de consolider la diffusion de la langue française.
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La Pléïade (milieu du XVIe, Renaissance)
Les guerres de religion au XVIe siècle.
Le XVIe est le siècle des guerres de religion entre chrétiens. 1515-1547 Règne de François Ier 1547-1559 Règne d'Henri II 1559-1560 Régence de Catherine de Médicis 1560-1574 Règne de Charles 9 Suivi par Henri III et surtout par Henri IV Environ 8 guerres de religion entre 1562 et 1598 (dont la dernière implique l'Espagne) Le massacre de la Saint Barthélemy en 1572 L'édit de Nantes en 1598 promulgué par Henri IV
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Les guerres de religion au XVIe siècle.
Le massacre de la Saint Barthélemy en 1572 (Tableau de François Dubois) Correspond au massacre de milliers de protestants par les catholiques (entre 10 000 et 30 000 dans la France entière).
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Le christiasnisme et ses confessions
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Le christiasnisme et ses confessions
Durant le XVIe, en France, les guerres de religion opposent principalement les protestants (de l'Eglise réformée) à une majorité de catholiques. Les catholiques répondent à l'ordre papal. Autrement dit ils reconnaissent le Pape comme le chef de l'église catholique. De fait, ils acceptent pleinement les interprétations de la Bible livrées par le Pape. A l'inverse, les protestants estiment que la Bible suffit en elle-même. De fait, les protestants refusent l'autorité du Pape. Tout le monde doit avoir la possibilité de lire les textes sacrés (latin).
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Le christiasnisme et ses confessions
Ajoutons également que les protestants et les catholiques ont quelques différences de croyances et pratiques. Exemples de pratiques catholiques n'ayant pas été reprises par les protestants : communion, Culte des Saints et de la Vierge Marie, allégeance au Pape. La Bible protestante exclue certains passages de la Bible catholique.
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Le christiasnisme et ses conflits
Au delà des différences : un conflit historique provoqué par l'émergence de l'Eglise réformée. La réforme est lancée en 1517 par Martin Luther, lequel aurait placardé 95 thèses (propositions). Dans ses thèses, Luther critique certaines pratiques de L'Eglise catholique (exemple : la vente d'indulgence). Progressivement, de nombreux croyants adhèrent aux propositions de Luther. Ils formeront pas-à-pas la réforme protestante puis la confession protestante.
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Le christiasnisme et ses conflits
Ne pas confondre : Martin Luther = L'allemand qui a lancé la réforme protestante en 1517 Martin Luther King = Le pasteur et militant américain assassiné en 1968
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Le Champ lexical / Les Champs lexicaux
Le champ lexical se réfère à un ensemble de mots qui sont liés par leur thème, leur sujet ou leur signification. Par exemple, le champ lexical de la nature pourrait inclure des mots comme "forêt", "arbre", "rivière", "animaux", etc. Les mots, qui forment un champ lexical, peuvent également appartenir à des classes grammaticales différentes (noms, verbes adjectifs, adverbes ou expressions).
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Le Champ lexical lors d'une analyse de texte
Repérer un champ lexical peut vous permettre de :
- identifier le thème central de votre texte/extrait de texte.
- d'identifier la progression narrative de votre texte. Le passage d'un champ lexical à un autre, peut signifier un changement important dans le texte.
- de deviner le sens d'un mot que vous ne connaissez pas. (exemple du "coutre" dans le texte de Ronsard)
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Analyse de texte
Dans ce contexte, Ronsard prend le parti des catholiques. Il est, rappellons le, soutenu par Catherine de Medicis (également catholique). Dans Le DISCOURS DES MISÈRES DE CE TEMPS (1562) Pierre Ronsard propose à la reine de favoriser l'unité nationale et religieuse. Votre objectif est d'identifier et surtout d'expliquer comment le poète s'y prend pour décrire le conflit. Identifiez les champs lexicaux employés. Analysez comment l'auteur découpe son texte (idenfiez les différentes parties). Quelles sont les thématiques ? Comment illustre-t-il le conflit ? Comment cet extrait se découpe-t-il ?
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau. Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi. L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
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Découpez le texte par thème.
Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau. Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi. L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
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Analysez les parties du texte.
Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi.
Partie 1
- La réforme est comparée à un "monstre". Cela confirme le positionnement de Ronsard en faveur des catholiques. (Métaphore)
- Vers faisant référence au FRATRICIDE ; champs lexicaux de la famille et des cercles relationnels proches.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Ce monstre arme le fils contre son propre père, Et le frère, ô malheur, arme contre son frère, La sœur contre la sœur, et les cousins germains Au sang de leurs cousins veulent tremper leurs mains, L’oncle fuit son neveu, le serviteur son maître, La femme ne veut plus son mari reconnaître. Les enfants sans raison disputent de la foi, Et tout à l’abandon va sans ordre et sans loi.
Partie 1
- Répétition du mot "contre" marque une forte opposition
- Champ lexical du conflit
- Anaphore "Et" : le poète semble insister sur l'accumulation des éléments en conflt.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
Partie 2
- Retour de la métaphore
- Répétition d'un adjectif possessif (3e P.S.) pour associer deux éléments = un professionnel et un outil/lieu de travail
- Champ lexical des métiers
- Champ lexical des outils (ils sont transformés en arme)
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Partie 2
- Chiasme -> mise en parrallèle entre un professionnel et un élément de son travail. (Sauf pour l'écolier) Cela créer un rythme et donne une impression d'abandon. (ABC/CBA)
- Anaphore
L'artisan par ce monstre a laissé sa boutique, Le pasteur ses brebis, l'avocat sa pratique, Sa nef le marinier, sa foire le marchand, Et par lui le prud’homme est devenu méchant.
L'écolier se débauche, et de sa faux tordueLe laboureur façonne une dague pointue, Une pique guerrière il fait de son râteau, Et l'acier de son coutre il change en un couteau.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Partie 3
- Antithèse entre "Morte" et "vit" + Personnification de l'autorité = lorsqu'il n'y a plus d'autorité chacun vit comme il veut.
- Allitération du son "s" donne du rythme
- Métaphore qui compare les lieux de culte à une ferme : marquée par l'énumération.
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Extrait du Discours des Misères de ce temps, Ronsard, 1562
Morte est l'autorité; chacun vit en sa guise; Au vice déréglé la licence est permise; Le désir, l'avarice et l'erreur insensé Ont sens dessus-dessous le monde renversé. On fait des lieux sacrés une horrible voirie, Une grange, une étable et une porcherie, Si bien que Dieu n'est sûr en sa propre maison.
Partie 3
- Le rapprochement entre "guise" et "permise" renforce le sentiment d'anarchie. Il s'agit d'une autre antithèse !
- Champ lexical du péché -> rejoint le sentiment d'anarchie
- Hyperbole -> même Dieu n'est pas en sécurité.
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Récapitulatif de l'analyse de texte
Thèmatique de l'extrait : Monde bouleversé, violent et divisé, avec l'abandon des règles, dans les familles et au travail. Ronsard n'appelle pas spécifiquement à la répression. Dans l'ensemble de son discours, il tente plutôt de décrire le conflit religieux aux lecteurs (dont CDM). Son objectif : inviter la reine à apaiser la colère dans les deux camps. Néanmoins, Ronsard prend le parti catholique, en considérant que ce qu'il surnomme le "monstre" (la réforme protestante) est responsable de la violence. Notons notamment que c'est bien le "monstre" qui arme, divise et renverse l'ordre établi. De plus, dans cet extrait le poète déplore que le conflit nuise à l'Eglise.
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La figure de style du chiasme (prononcé kiasme)
Un chiasme est une figure de style de construction dans laquelle les éléments sont arrangés en croix (d'où le terme "chiasme" qui signifie disposition en croix). Parfois, une conjonction de coordination peut venir séparer les éléments en miroir. Le chiasme dispose au moins deux éléments en miroir de deux autres éléments (AB/BA). Cela signifie qu'un chiasme peut dépasser ce nombre et devenir plus long (par exemple : ABC/CBA). Une phrase en chiasme peut se lire dans les deux sens sans perdre son sens (les mots sont souvent de même nature).
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La figure de style du chiasme (exemple)
"Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu." Booz endormi, V.Hugo
"Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu." Effet produit -> suggère une relation entre le roi d'en bas et le Dieu d'en haut. Le vers se lit dans les deux sens. Sujet, verbe, Complément Circonstanciel de Lieu, CCL, verbe, sujet. ABC/ABC
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La figure de style du parallélisme
Un parallélisme propose la répétition d'un morceau de phrase, de façon semblable à la fois sur sa longueur et sur sa nature. Contrairement au chiasme, un parallélisme possède une structure en AB/AB (non pas en miroir mais en copie). Le parallélisme est souvent utilisé en littérature, en poésie, en rhétorique et en discours pour donner de la force et de la clarté à l'expression, ainsi que pour créer un effet esthétique agréable.
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La figure de style du parrallélisme (exemple)
"L'humanité doit mettre fin à la guerre avant que la guerre ne mette un terme à l' humanité." John F. Kennedy, 1961. Traduction de : "Mankind must put an end to war - or war will put an end to mankind."
"L'humanité doit mettre fin à la guerre avant que la guerre ne mette un terme à l' humanité." John F. Kennedy, 1961. Sujet, verbe,COD, conjonction de coordination ("or"), sujet, verbe, COD. ABC/ABC Effet produit -> renforce l'idée transmise et donne un côté esthétique à la phrase.
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Exercice de différenciation
"Absence de preuve n’est pas preuve d’absence." " Rester dans le paradis, et y devenir démon, rentrer dans l'enfer, et y devenir ange !" "La neige fait au nord ce qu'au sud fait le sable. " "Le matin est neuf, neuf est le soir"
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Extrait du livre I de Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble9,Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant. Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante géniture, Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
Je veux peindre la France une mère affligée,Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage Dont nature donnait à son besson l'usage ; Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux, Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, Si que, pour arracher à son frère la vie, Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui6, À la fin se défend, et sa juste colère Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris, Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
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Théodore Agrippa d'Aubigné (1552 - 1630)
Théodore Agrippa d'Aubigné dit Agrippa d'Aubigné est un écrivain appartenant au mouvement baroque Il est presque exclusivement connu pour son recueil de poésie Les Tragiques. Ce recueil est, pour son époque, un ouvrage controversé puisqu'il raconte les persécutions qu'ont pu subir les protestants durant les guerres de religion (1562-1598). Il est né dans une famille de roturier (qui n'est pas noble) où il est baptisé sous la confession catholique. Néanmoins, il reçoit une éducation calviniste.
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Le baroque : mouvement culturel du XVIe et XVIIe
Le baroque est un mouvement culturel émergeant en Italie et s'étendant de la fin du XVIe (1580) jusqu'au milieu du XVIIe (1650). Le baroque est caractérisé par un style artistique "étrange" et par la surcharge décorative de certaines oeuvres. Le mot baroque désignerait, à la base, le caractère étrange, la bizzarerie d'un objet.En littérature, le baroque utilise de nombreuses métaphores et allégories dans ses œuvres. Le thème le plus abordé est le thème religieux mais les artistes baroques aiment aussi parler de la mort.
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Le baroque : mouvement culturel du XVIe et XVIIe
Le baroque témoigne d'une instabilité croissante en Europe. L'Eglise Réformée constitue un élément pertubateur suffisant pour que l'Eglise catholique leur déclare une guerre théologique et physique durant la fin du XVIe. Mais ce n'est pas tout ! Des découvertes majeures viennent ébranler l'Europe. Parmi ces découvertes, on note la révolution copernicienne (lancée au milieu du XVIe par Copernic) qui bouleverse la conception du monde de tout un continent. La Terre ne serait pas le centre de l'Univers ? Une autre découverte, allant de paire avec la révolution copernicienne, est la découverte de nouveaux mondes (continents, îles...), qui plus sont, habités.
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La vie mouvementée d'Agrippa
Agrippa a eu un parcours de vie atypique pour un poète. Il survit à la peste durant sa jeunesse. Il échappe au massacre de la Saint Barthélémy (1572). Il devient homme d'arme au service du parti protestant principalement au service d'Henri de Navarre (figure importante pour le poète et son oeuvre). Sa tête est mise à prix en 1620, ce qui le pousse s'exiler en Suisse où il publiera son oeuvre. Il meurt en 1630 à l'age de 78 ans !
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Le calvinisme ?
Théodore Agrippa d'Aubigné, a reçu une éducation dite calviniste. Cette éducation est relativement importante, dans la mesure où elle définit son appartenance à la confession protestante. Il tient cette éducation de son père qui s'était converti. C'est avec cette éducation qu'il découvre le latin et le grec ; ce qui lui permet de devenir un homme de lettre. Le calvinisme doit son nom à Jean Calvin. Ce dernier était un théologien réformateur du XVIe siècle. Il est le créateur de la doctrine protestante française dite calviniste.
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Les Tragiques : une oeuvre pro-protestant
Les tragiques est un recueil de poésie composé de 7 livres/chants. Le premier Livre s'intitule Misère. Il est publié en 1616 sous le même nom. Cependant, le recueil étant hautement controversé, Agrippa publie l'ouvrage sous le pseudonyme de L.B.D.D, lui même décliné en Le Bouc Du Désert. (son surnom étant le Bouc émissaire). Contrairement à Ronsard qui décrivait des scènes conflictuelles par des symboles. Agrippa utilise aussi ses propres souvenirs et expériences pour décrire l'horreur.
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Un texte en vers suivant le modèle de la prose
Dans le livre 1, intitulé "Misères," le poète ne suit pas une structure strophique traditionnelle. Au lieu d'organiser le texte avec des strophes distinctes, Agrippa d'Aubigné utilise une structure narrative continue, où le texte est présenté sous la forme d'une prose poétique. Il n'y a pas de strophe formelle dans ce livre. Les enjambements y sont donc très nombreux. De fait, ils ne sont pas très intéressant à analyser.
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L'Allégorie - Figure de style
L'allégorie est une représentation concrète d’une notion abstraite. Elle utilise un symbole (un texte, une image, etc.) qui véhicule une notion immatérielle. À l’écrit, on la repère souvent par l’utilisation de la majuscule (mais pas que !). Elle se présente par un ensemble de représentation évoquant toutes la même idée. L'Allégorie n'est donc pas un élément du texte, mais plutôt un ensemble d'éléments. Ainsi, l'Allégorie est principalement composée de figure d'analogie. Par exemple, lorsqu'elle se construit comme un personnage, elle se compose avec des personnifications.
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Quelques allégories
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L'Allégorie (exemple)
"Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ. Elle allait à grands pas moissonnant et fauchant, Noir squelette laissant passer le crépuscule." V.Hugo, Les Contemplation.
La mort est, ici, personnifiée en faucheuse (allégorie fréquente).L'ensemble de cet extrait renvoie à la faucheuse comme allégorie de la mort. Cela créer une ambiance pesante et donne à la Mort un aspect plus concret.
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L'Allégorie (exemple)
Tableau : Vanité de Phillipe de Champaigne (tableau du XVIIe de style baroque) Quelle est l'allégorie représentée dans ce tableau ?
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Les jumeaux Esaü et Jacob
Esaü et Jacob sont des personnages bibliques. Ce sont les jumeaux de Rebecca et Isaac. Esaü naît le premier, il détient donc le statut d'ainé. Il est préféré par son père qui appréciera que son fils se tourne vers la chasse. Jacob, le cadet, est plus réfléchi et est préféré par sa mère. Un jour, Esaü revient bredouille et affamé de sa chasse. Il demande à son frère de lui servir un repas, mais ce dernier n'accepte qu'à condition que son frère renonce à son droit d'aînesse (droit sur l'héritage familial).
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Les jumeaux Esaü et Jacob
Esaü accepte de renoncer à son droit en échange d'un potage aux lentilles. Néanmoins, son père Isaac se faisant vieux, et devenant aveugle, souhaite, avant de mourir, rétablir le droit d'aînesse de son fils préféré. Pour ce faire il doit lui accorder sa bénédiction. Jacob, aidé par sa mère, va tromper son père en le retrouvant avant Esaü. Isaac, pensant avoir Esaü en face de lui, accorde la bénédiction à Jacob. Il se rendra compte de son erreur mais ne pourra malheureusement pas revenir en arrière.
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Extrait du livre I de Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble9,Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant. Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante géniture, Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
Je veux peindre la France une mère affligée,Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage Dont nature donnait à son besson l'usage ; Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux, Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, Si que, pour arracher à son frère la vie, Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui6, À la fin se défend, et sa juste colère Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris, Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
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Les jumeaux Esaü et Jacob
Ces deux jumeaux, suite à ce conflit familial, se sépareront et prendront la tête de deux pays/peuples.
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Extrait du livre I de Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble9,Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant. Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante géniture, Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
Je veux peindre la France une mère affligée,Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage Dont nature donnait à son besson l'usage ; Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux, Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, Si que, pour arracher à son frère la vie, Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui6, À la fin se défend, et sa juste colère Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris, Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
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Extrait du livre I de Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble9,Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble. Leur conflit se rallume et fait si furieux Que d'un gauche malheur ils se crèvent les yeux. Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle voit les mutins tout déchirés, sanglants, Qui, ainsi que du cœur, des mains se vont cherchant. Quand, pressant à son sein d'une amour maternelle Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le lait, le suc de sa poitrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit : « Vous avez, félons, ensanglanté Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante géniture, Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture !
Je veux peindre la France une mère affligée,Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage Dont nature donnait à son besson l'usage ; Ce voleur acharné, cet Esaü malheureux, Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux, Si que, pour arracher à son frère la vie, Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie. Mais son Jacob, pressé d'avoir jeûné meshui, Ayant dompté longtemps en son cœur son ennui6, À la fin se défend, et sa juste colère Rend à l'autre un combat dont le champ et la mère. Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris, Ni les pleurs réchauffés ne calment leurs esprits ;
Partie 1 : Lancement du conflit Partie 2 : Revanche de l'autre frère Partie 3 : Effet du conflit sur la mère
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Proposition de plan et de problématique
Comment, dans cet extrait des Tragiques, Agrippa d'Aubigné illustre-t-il le malheur de la France face aux guerres de religion ?
I/ La France déchirée entre deux camps A) Allégorie de la France : mère de deux jumeaux B) Conflit rattaché à la nourriture II/ Conséquences du conflit sur la France C) L'allégorie mourante D) Engagement en faveur des protestants
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Sauter la correction au tableau
Rapprochement artistique
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Rapprochement artistique
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Rapprochement artistique - Adam et Eve avec leurs enfants Abel et Caïn
Mise en relation avec le texte : On retrouve l'idée "Je veux peindre la France une mère affligée, Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée" (v.97-98) Il n'y a pas de violence dans ce tableau mais on y retrouve la rivalité entre les jumeaux. Plus précisémment, la mère semble privilégier le cadet (Abel) puisque ce dernier est le seul en train d'être allaité sur le tableau tandis que l'aîné cherche l'attention de sa mère.
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Rapprochement artistique - Adam et Eve avec leurs enfants Abel et Caïn
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Rapprochement artistique - Abel et Caïn
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Rapprochement artistique
Ce tableau intitulé (traduction du portugais) Mère Noire date du début du XXe siècle. Contexte : la femme noire est une domestique au service d'une famille blanche relativement aisée.
On retrouve ici le conflit lié à la nourriture. Cependant, il n'est pas question de combat pour les deux nourrissons. C'est pour la mère qu'il est difficile de devoir allaiter un enfant qui n'est pas le sien, et ce , au détriment de son propre enfant. De ce point de vue, il existe un rapport de domination d'un enfant sur l'autre sur la question de l'alimentation. Ceci vient évidemment faire écho à notre extrait.
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Texte 3 - Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
A souffler tous les coins requiert sa diligence, La diligente au mal, paresseuse à tout bien, Pour bien faire craint tout, pour nuire ne craint rien. C’est la peste de l’air, l’Erynne envenimée, 890 Elle infecte le ciel par la noire fumée Qui sort de ses nareaux, elle haleine les fleurs, Les fleurs perdent d’un coup la vie, et les couleurs : Son toucher est mortel, la pestifère tue Les pays tous entiers de Basilique vue : 895 Elle change en discord l’accord des éléments, En paisible minuit, on oit ses hurlements, Ses sifflements, ses cris, alors que l’enragée 898 Tourne la terre en cendre, et en sang l’eau changée.
853 Ainsi en embrasant la France misérable, Cette Hydra renaissant ne s’abat, ne s’accable 855 Par veilles, par labeurs, par chemins, par ennuis ; La chaleur des grands jours ni les plus froides nuits N’arrêtent sa fureur, ne brident le courage De ce monstre porté des ailes de sa rage ; 859 La peste ne l’arrête, ains la peste la craint, [...] 881 Il fallait contre toi et contre ta machine Appuyer et munir, ingrate Catherine, Cette haute maison, la maison des Valois, Qui s’en va dire adieu au monde et aux François. 885 Mais, quand l’embrasement de la mi-morte France
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Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rime. Identifiez plusieurs figures de style. Qui est la personne décrite par le poète dans ce passage ? Quelles métaphores sont utilisées par Agrippa ? Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Repérage des figures de styles
A souffler tous les coins requiert sa diligence, La diligente au mal, paresseuse à tout bien, Pour bien faire craint tout, pour nuire ne craint rien. C’est la peste de l’air, l’Erynne envenimée, 890 Elle infecte le ciel par la noire fumée Qui sort de ses nareaux, elle haleine les fleurs, Les fleurs perdent d’un coup la vie, et les couleurs : Son toucher est mortel, la pestifère tue Les pays tous entiers de Basilique vue : 895 Elle change en discord l’accord des éléments, En paisible minuit, on oit ses hurlements, Ses sifflements, ses cris, alors que l’enragée 898 Tourne la terre en cendre, et en sang l’eau changée.
853 Ainsi en embrasant la France misérable, Cette Hydra renaissant ne s’abat, ne s’accable 855 Par veilles, par labeurs, par chemins, par ennuis ; La chaleur des grands jours ni les plus froides nuits N’arrêtent sa fureur, ne brident le courage De ce monstre porté des ailes de sa rage ; 859 La peste ne l’arrête, ains la peste la craint, [...] 881 Il fallait contre toi et contre ta machine Appuyer et munir, ingrate Catherine, Cette haute maison, la maison des Valois, Qui s’en va dire adieu au monde et aux François. 885 Mais, quand l’embrasement de la mi-morte France
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Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rime. Identifiez plusieurs figures de style. Qui est la personne décrite par le poète dans ce passage ? Quelles métaphores sont utilisées par Agrippa ? Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Repérage des figures de styles (Correction)
A souffler tous les coins requiert sa diligence, La diligente au mal, paresseuse à tout bien, Pour bien faire craint tout, pour nuire ne craint rien. C’est la peste de l’air, l’Erynne envenimée, 890 Elle infecte le ciel par la noire fumée Qui sort de ses nareaux, elle haleine les fleurs, Les fleurs perdent d’un coup la vie, et les couleurs : Son toucher est mortel, la pestifère tue Les pays tous entiers de Basilique vue : 895 Elle change en discord l’accord des éléments, En paisible minuit, on oit ses hurlements, Ses sifflements, ses cris, alors que l’enragée 898 Tourne la terre en cendre, et en sang l’eau changée.
853 Ainsi en embrasant la France misérable, Cette Hydra renaissant ne s’abat, ne s’accable 855 Par veilles, par labeurs, par chemins, par ennuis ; La chaleur des grands jours ni les plus froides nuits N’arrêtent sa fureur, ne brident le courage De ce monstre porté des ailes de sa rage ; 859 La peste ne l’arrête, ains la peste la craint, [...] 881 Il fallait contre toi et contre ta machine Appuyer et munir, ingrate Catherine, Cette haute maison, la maison des Valois, Qui s’en va dire adieu au monde et aux François. 885 Mais, quand l’embrasement de la mi-morte France
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Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rime. Identifiez plusieurs figures de style. Qui est la personne décrite par le poète dans ce passage ? Quelles métaphores sont utilisées par Agrippa ? Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
Dans ce deuxieme extrait, il est question de Catherine de Médicis, surnommée la mère des rois ou la veuve noire. Elle rejoint, par son mariage avec Henri II, la branche dynastique des Valois (dynastie = suite de souverains appartenant à une même famille). La généalogie des Valois de cette époque est relativement intéressante : Elle est la mère de François II (roi de France en 1559-1560 mort à l'age de 16 ans) La mère de Charles IX (roi de France entre 1560-1574) La mère de Henri III (roi de France 1574-1589 assassiné). Il est le dernier Valois ayant été roi de France
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
Si Henri III est le dernier Valois ayant été roi, Catherine est également la mère de Marguerite de Valois (Retenez son nom pour la suite). En parallèle de la dynastie des Valois, on trouve Henri de Navarre, roi du royaume de Navarre sous le nom d'Henri III. Il est de la dynastie des Bourbons. Notons que Henri de Navarre est protestant tandis que la dynastie des Valois est catholique.
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
Cependant, après le Massacre de la St Barthélemy en 1572, Henri de Navarre se marie avec la princesse Marguerite de Valois (Fille de Catherine de Medicis). Pour faire valoir son mariage au yeux de l'Eglise il abjure (renonce) le protestantisme et est assigné à la cour des Valois. Henri de Navarre, est placé sous surveillance à la cour des Valois, mais son abjuration ne l'empêche pas de mener des opérations militaires en dehors de la cour.
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
C'est à la cour des Valois qu'Henri de Navarre rencontre Agrippa (ayant possiblement feint d'être catholique). Ils deviendront amis et compagnons d'arme, et parviendront à s'enfuir de la cour des Valois en 1576, Henri de Navarre abjure alors le catholicisme pour redevenir protestant. De par son mariage avec la princesse Marguerite de Valois, il est un héritier au trône de France, si l'ensemble des fils d'Henri II meurent. En 1589, quand le troisième frère de Marguerite de Valois(Henri III) est assassiné, c'est à Henri de Navarre de monter sur le trône sous le nom de Henri IV. Néamoins pour pouvoir prétendre au trône il doit se reconvertir au catholicisme.
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
Consigne : A partir du cours, vous réaliserez un schéma reprenant la généalogie de la famille royale depuis Catherine de Médicis jusqu'à Henri IV. Conseil : réalisez votre schéma avec un crayon de bois Durée : 15-20 min
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Valois
Bourbon
François Ier (roi entre 1515 et 1547)
Catherine de Médicis
Henri II (roi entre 1547 -1559)
Henri de Navarre - (roi de Navarre entre 1572 et 1610) Henri IV (roi entre 1589 et 1610)
Marguerite de Valois
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Henri III (roi entre 1574 et 1589)
François II (roi entre 1559 et 1560)
Charles IX (roi entre 1560 et 1574)
Agrippa opposé à une famille royale catholique
Agrippa, dans cette histoire, avait rejoint la cours des Valois en 1573. Il était très apprécié par les membres de la cour (esprit vif et magicien) et réussi à devenir l'écuyer (personne au service d'un prince ou d'un chevalier) d'Henri de Navarre. Ce dernier va lui confier de nombreuses missions militaires en faveur du parti protestant. Henri de Navarre le nommera Maréchal en 1587. Cependant, Agrippa se dispute avec son maître et ami, car il accuse Henri de Navarre de favoriser les relations avec la cour Valoise catholique plutôt que de privilégier la cause protestante. L'année 1589 constitue un point de rupture, lorsqu'Henri de Navarre devient Henri IV après s'être ouvertement converti au catholicisme pour devenir le nouveau roi de France.
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Agrippa opposé à une famille royale catholique
En devenant le roi de France, Henri IV, anciennement Henri de Navarre , va devenir le premier Bourbon à devenir roi de France. Il met alors fin à la dynastie des Valois. Dans notre extrait, ce n'est pas Henri IV qui est critiqué mais bien Catherine de Medicis et sa famille, les Valois, dont le règne s'étend de 1328 à 1589. Elle y est décrite comme un monstre (sous plusieurs allusions) mais aussi comme une instigatrice (personne qui pousse à faire quelque chose) du mal. Agrippa lui reproche notammment le massacre de la St. Barthelemy.
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Anecdote
Malgré leur mésentente à la suite de la convertion d'Henri IV. Agrippa ne critiquera pas explicitement son ancien ami dans Les Tragiques. Bien qu'il considère son acte comme une trahison, les personnalités visées par le poète seront plutôt les Valois et l'Eglise Catholique, qu'il estime complices des massacres et guerres de religions. Henri IV meurt assassiné en 1610 à Paris, il est notamment à l'origine de l'édit de Nantes en 1598. Agrippa meurt en 1630 en Suisse à 78 ans. Malgré cette histoire conflictuelle entre deux frères d'armes, Henri IV sera le grand-père de Louis XIV tandis qu'Agrippa sera le grand père de François d'Aubigné. Ces deux nouveaux individus s'uniront en secret en 1683. Françoise d'Aubigné étant la maîtresse de Louis XIV après le décès de la Reine. Comble de l'histoire, Françoise d'Aubigné va contribuer à la déconstruction de l'édit de Nantes.
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Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rime. Identifiez plusieurs figures de style. Qui est la personne décrite par le poète dans ce passage ? Quelles métaphores sont utilisées par Agrippa ? Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Avec quoi le poète compare Catherine Medicis dans ce texte ?
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Premièrement, il la compare à un Hydre. Ce monstre est un serpent marin monstrueux issu de la mythologie grecque. Au vers 854 il la compare à une "Hydra" puis enchaîne en décrivant au vers 858 "ce monstre porté des ailes de sa rage". L'Hydre possède 7 têtes de serpent. Il a la capacité de faire repousser ses têtes, si elles se font couper. Cette capacité rend l'hydre presque immortel ; élément que l'on retrouve au v.854 avec le participe présent "renaissant".
Avec quoi le poète compare Catherine Medicis dans ce texte ?
Ensuite, à partir du vers 899, le poète décrit Catherine comme une "Erynne" soit une Erinye. Cette dernière est une divinité persécutrice faisant également partie de la mythologie grecque. On les appelle aussi des Furies (chez les romains) ou encore les déesses de la vengeance. Leur sang est toxique et leurs hurlements sont terrifiants au point de rendre fou. L'Erinye décrite par le poète "infecte le ciel" (v.890), tandis qu'elle terrifie, comme le montre l'énumération aux vers 896-897 : "ses hurlements, ses sifflement, ses cris".
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Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rime. Identifiez plusieurs figures de style. Qui est la personne décrite par le poète dans ce passage ? Quelles métaphores sont utilisées par Agrippa ? Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Un vocabulaire méprisant et terrifiant
Le champ lexical de la maladie et plus particulièrement de la peste : la "peste" est évoquée deux fois au v.859 au sein d'un parallélisme puis une fois au vers 889. On note aussi "infecte" (v.889) et "pestifère" (v.893). Le champ lexical du feu : "embrasant" (v.853), "embrasement" (v.885), "la noire fumée" (v.890) & "cendre" (v.898). Le champ lexical qui se réfère aux monstres cités : "fureur" v(.857), "envenimée" (v.889) ou encore "l'enragée"(v.897)
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Rapprochement artistique - Analyse en solo
Tableau : Un matin devant la porte du Louvre, huile sur toile d'Édouard Debat-Ponsan, 1880
Rapprochement artistique -Correction
Contexte : Le tableau présente Catherine de Medicis sortant des portes du Louvre le matin suivant les massacres de la St.Barthélémy. La reine est presque au centre du tableau, elle contraste avec la lumière de la scène, la pâleur des cadavres du premier plan et les habits de ses courtisans. La couleur noire de ses habits et sa posture impassible laissent imaginer son rôle lors des massacres . Elle semble être reçue par un soldat. La présence de remparts en arrière plan, permet de symboliser la mise à l'abri de la reine et sa cour lors des massacres. Dès lors, cette dernière ne sort qu'une fois le massacre effectué.
Rapprochement artistique -Correction
Le dégout des courtisans et l'indifférence de Catherine La responsabilité des soldats
Rapprochement artistique -Correction
Le tableau date de la fin du XIXe siècle (1880). L'évènement ayant alors plus de 3 siècles (1572), cela nous montre à quel point il fut marquant. Ici, nous comprenons que Catherine de Médicis reste associée à la couleur noire et aux massacres des protestants. Nous retrouvons ici la figure décrite par Agrippa : "Mais, quand l’embrasement de la mi-morte France A souffler tous les coins requiert sa diligence, La diligente au mal, paresseuse à tout bien, Pour bien faire craint tout, pour nuire ne craint rien."
Texte 4 - Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné (1616)
« Si vous êtes Français, Français, je vous adjure,390 Donnez secours de mort, c'est l'aide la plus sûre Que j'espère de vous, le moyen de guérir ; Faites-moi d'un bon coup et promptement mourir. Les reîtres m'ont tué par faute de viande, Ne pouvant ni fournir ni ouïr leur demande ; 395 D'un coup de coutelas l'un d'eux m'a emporté Ce bras que vous voyez près du lit à côté ; 397 J'ai au travers du corps deux balles de pistole. » ( …)
379 Là de mille maisons on ne trouva que feux 380 Que charognes, que morts ou visages affreux La faim va devant moi, force est que je la suive J'ouïs d'un gosier mourant une voix demi-vive : Le cri me sert de guide, et fait voir à l'instant D'un homme demi-mort le chef se débattant, 385 Qui sur le seuil d'un huis dissipait sa cervelle. Ce demi-vif la mort à son secours appelle De sa mourante voix, cet esprit demi-mort Disait en son patois (langue de Périgord) :
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Découverte du texte - préparation de l'analyse Reformulez les parties du texte que vous avez du mal à comprendre. Identifiez la métrique ainsi que le type de rimes. Identifiez des figures de style. Repérez le vocabulaire employé (champs lexicaux).
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Méthodologie - Construire un plan d'analyse
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Réalisation d'un plan (méthodologie)
Problématique : En quoi, dans ce passage, la mise en scène d'une rencontre entre le poète et un homme mourant permet-elle de dénoncer l'atrocité des guerres de religion ? I/ A) B) II/ C) D)
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Réalisation d'un plan (Correction)
Problématique : En quoi, dans ce passage, la mise en scène d'une rencontre entre le poète et un homme mourant permet-elle de dénoncer l'atrocité des guerres de religion ? I/ Vision macabre A) La description d'un Homme mourant B) L'état du mourant se dégrade II/ Témoignage de l'horreur C) Une scène décrite comme une expérience vécue D) Un récit de l'atrocité Réalisez un plan détaillé à partir de ce plan (ou du votre pour le tester). 2 à 3 éléments par sous-partie.
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Quelques pistes pour débuter ce travail
« Si vous êtes Français, Français, je vous adjure,390 Donnez secours de mort, c'est l'aide la plus sûre Que j'espère de vous, le moyen de guérir ; Faites-moi d'un bon coup et promptement mourir. Les reîtres m'ont tué par faute de viande, Ne pouvant ni fournir ni ouïr leur demande ; 395 D'un coup de coutelas l'un d'eux m'a emporté Ce bras que vous voyez près du lit à côté ; 397 J'ai au travers du corps deux balles de pistole. » ( …)
379 Là de mille maisons on ne trouva que feux 380 Que charognes, que morts ou visages affreux La faim va devant moi, force est que je la suive J'ouïs d'un gosier mourant une voix demi-vive : Le cri me sert de guide, et fait voir à l'instant D'un homme demi-mort le chef se débattant, 385 Qui sur le seuil d'un huis dissipait sa cervelle. Ce demi-vif la mort à son secours appelle De sa mourante voix, cet esprit demi-mort Disait en son patois (langue de Périgord) :
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Pourquoi retrouve-t-on cet Homme en train de mourir ? Pourquoi cela semble être le récit d'une expérience vécue par le poète ?
Rapprochement artistique : 13 août 1595 : Massacre de protestant en Vendée
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Massacre de protestants, gravure issue de l'ouvrage Histoire de France, par François GUIZOT, France, 1875
Rapprochement artistique : 13 août 1595 : Massacre de protestant en Vendée
Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que je vois ? Qu'est-ce que j'en pense ? Comment cela se rattache-t-il avec le texte 4 ? Citation(s) ?
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Rapprochement artistique : 13 août 1595 : Massacre de protestant en Vendée
Correction : Sur cette gravure on observe une situation similaire à celle que décrit Agrippa dans notre extrait. On retrouve du feu en arrière plan tandis que gisent les corps de civils protestants sur le sol. Vers la droite, au premier plan, un amas de soldats catholiques semble enfoncer une porte pour commettre de nouveaux massacres de protestants. Vers la gauche un soldat est en train de courser un homme et une femme ne semblant pas être armés (des civils). On peut imaginer que cette scène précède l'arrivée du poète là où il n'y a "que feux, que charognes, que morts ou visages affreux" (v.380). A contrario, de cette gravure, on ignore si les reîtres évoqués par l'homme mourant étaient catholiques ou protestants.
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Rapprochement artistique : 13 août 1595 : Massacre de protestant en Vendée
L'évènement : Des soldats catholiques (La Ligue) massacre 31 des 230 portestants dans d'un temple d'un village appelé La Brossardière sur la commune de La Tardière en Vendée.
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Vers la paix : Edit de Nantes 1598
L'édit de Nantes comporte plusieurs d'articles permettant, notamment, aux protestants de pratiquer leur culte dans certaines villes de France. Ils obtiennent aussi des droits religieux, politiques et civils. Pourquoi Nantes ? Parce que Nantes fait partie de la Bretagne (à l'époque) et que la Bretagne est le dernier bastion de la Ligue catholique en 1597. Face à Henri IV, conquérant progressivement le royaume pour maintenir la paix entre les confessions, la Bretagne catholique se soumet au roi de France en échange de l'accord signé à Nantes en 1598. A la mort d'Henri IV (assassiné en 1610) les guerres de religion reprennent mais elles ne retrouveront jamais l'ampleur qu'elles avaient au XVIe siècle.
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Histoire locale
Le chateau de Derval fut l'une des places fortes de Bretagne. Il fut assiégé en 1593 par les troupes de Henri IV lorsque celui-ci voulu soumettre la Ligue catholique. Il fît ensuite démanteler le chateau dont il ne reste que les ruines aujourd'hui.
Illustration du Chateau de Derval assiégé en 1373 lors de la guerre de Cent ans
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La Tour St. Clair vestige des 9 tours du chateau de Derval
Edit de Nantes 1598
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Edit de Nantes 1598 VS Edit de Fontainebleau 1685
La Révolution et la liberté de culte
Le registre pathétique
Le registre pathétique suscite la compassion ou même l'apitoiement du lecteur ou du spectateur (dans le cas du théâtre). Il vise à émouvoir, à toucher les sentiments du public en mettant en scène des situations, des personnages ou des discours qui évoquent la souffrance, la détresse, la douleur, la tristesse, la misère, ou d'autres émotions fortes. Nous avons pu l'observer dans les extraits de texte 1 et 3 d'Agrippa avec la mère affligée et l'homme dissipant sa cervelle. NB : pathétique vient du radical grec pathos pouvant signifier "souffrance".
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Le registre pathétique
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Le registre épique
Le registre épique est l'un des registres littéraires qui se caractérise par la narration de faits héroïques, de grandes aventures, de batailles épiques et de hauts faits accomplis par des héros ou des personnages légendaires. Un registre épique peut évoquer un héro, un conflit majeur, des éléments surnaturels, des évènements grandioses ou encore une dimension historique. On retrouve le registre épique dans les extraits de texte 1 et 2 avec le combat entre les jumeaux et la description faite de Catherine de Médicis. Le registre épique met souvent en avant un héro, mais ils peuvent aussi mettre en scène des anti-héros.
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Le registre épique
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De 0'00'' à 2'04'' puis de 20'20'' à 23'26
Frontière entre Histoire et littérature