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EL 3 La Thénardier
Camille Déruelle
Created on August 9, 2023
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Transcript
Explication linéaire n° 3 "La Thénardier", V. Hugo, Les Misérables, 1832
Pour entrer dans notre extrait...
Monsieur Thénardier
Madame Thénardier dont nous étudierons le portrait.
Lâches, trompeurs, profiteurs et sans scrupules, le couple est toujours dans les sales coups, profitant de la misère des autres pour gagner de l'argent. La mère de Cosette sera obligée de vendre ses dents pour financer l'accueil de sa fille.
Le couple tient une auberge crasseuse dans laquelle ils escroquent tous leur clients.
Cosette, confiée par sa mère Fantine aux Thénardier par manque de ressources, la petite fille vit dans des conditions humaines, traitée comme une esclave par le couple et ses enfants.
Explication linéaire n°3
Le texte
INTRODUCTION
1er mouvement
2eme mouvement
3eme mouvement
conclusion
On n’a encore aperçu dans ce livre les Thénardier que de profil ; le moment est venu de tourner autour de ce couple et de le regarder sous toutes ses faces. Thénardier venait de dépasser ses cinquante ans ; madame Thénardier touchait à la quarantaine, qui est la cinquantaine de la femme ; de façon qu’il y avait équilibre d’âge entre la femme et le mari. Les lecteurs ont peut-être, dès sa première apparition, conservé quelque souvenir de cette Thénardier grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile ; elle tenait, nous l’avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure. Elle faisait tout dans le logis, les lits, les chambres, la lessive, la cuisine, la pluie, le beau temps, le diable. Elle avait pour tout domestique Cosette ; une souris au service d’un éléphant. Tout tremblait au son de sa voix, les vitres, les meubles et les gens. Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l’aspect d’une écumoire. Elle avait de la barbe. C’était l’idéal d’un fort de la halle habillé en fille. Elle jurait splendidement ; elle se vantait de casser une noix d’un coup de poing. Sans les romans qu’elle avait lus, et qui, par moments, faisaient bizarrement reparaître la mijaurée sous l’ogresse, jamais l’idée ne fût venue à personne de dire d’elle : c’est une femme. Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde. Quand on l’entendait parler, on disait : C’est un gendarme ; quand on la regardait boire, on disait : C’est un charretier ; quand on la voyait manier Cosette, on disait : C’est le bourreau. Au repos, il lui sortait de la bouche une dent.
LE TEXTE
Introduction
L'auteur et l'oeuvre
L'extrait à l'étude
Problématique : Comment le portrait moral et physique de la Thénardier engendre-t-il une créature aux incohérences monstrueuses ?
Mouvements du texte
1er mouvement
2e mouvement
3e mouvement
L'adoption d'une démarche scientifique d'observation
Une femme aux contradictions monstrueuses
Un portrait physique effrayant
texte
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analyse
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analyse
1er mouvement : Une démarche d'observation scientifique
On n’a encore aperçu dans ce livre les Thénardier que de profil ; le moment est venu de tourner autour de ce couple et de le regarder sous toutes ses faces.
Analyse du 1er mouvement
Idée : Un couple comme objet d'étude - Adresse directe de l'auteur au lecteur avec lequel il s'inclut grâce à un pronom indéfini. - Jusqu'alors le couple avait été peu abordé avec le verbe "aperçu" et la métaphore du profil qui sous-entend une étude superficielle. - Propose d'étudier le couple des Thénardier de manière objective en adoptant une démarche scientifique avec la métaphore qui les présente comme un objet exposé dans un musée . "Aperçevoir" a été remplacé par "regarder" donc observer volontairement et dans les détails, l'idée est renforcée par l'hyperbole "sous toutes ses faces". Les Thénardier sont présentés comme un objet à étudier, présentant des caractéristiques particulières : rejoint le parcours "examiner la nature humaine".
On n’a encore aperçu dans ce livre les Thénardier que de profil ; le moment est venu de tourner autour de ce couple et de le regarder sous toutes ses faces.
2e mouvement : Rencontre inattendue avec un homme lunaire.
Thénardier venait de dépasser ses cinquante ans ; madame Thénardier touchait à la quarantaine, qui est la cinquantaine de la femme ; de façon qu’il y avait équilibre d’âge entre la femme et le mari. Les lecteurs ont peut-être, dès sa première apparition, conservé quelque souvenir de cette Thénardier grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile ; elle tenait, nous l’avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure. Elle faisait tout dans le logis, les lits, les chambres, la lessive, la cuisine, la pluie, le beau temps, le diable. Elle avait pour tout domestique Cosette ; une souris au service d’un éléphant. Tout tremblait au son de sa voix, les vitres, les meubles et les gens. Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l’aspect d’une écumoire. Elle avait de la barbe.
Analyse du 2e mouvement
Idée : L'âge, un critère prétendu d'équilibre - Début d'un portrait à l'imparfait à valeur de description. - Le couple est introduit par son âge avec un parallélisme entre Monsieur et Madame, les deux propositions sont juxtaposées pour mieux les comparer. - Hugo propose dans une proposition relative en incise une remarque désobligeante à propos des femmes qui seraient considérées comme vieilles dès l'âge de quarante ans là où les hommes devraient attendre d'en avoir dix de plus. Il s'agit surtout d'une première remarque pour ridiculiser la Thénardier. - La conclusion sous la forme d'une circonstancielle annonce une forme d'équilibre dans ce couple qui en est en réalité parfaitement dépourvu. Hugo finit d'ailleurs par faire figurer "la femme" avant le "mari" puisqu'elle est bien plus imposante à tous les aspects malgré son plus jeune âge. - Les Thénardier sont immédiatement présentés comme un sujet de curiosité.
Thénardier venait de dépasser ses cinquante ans ; madame Thénardier touchait à la quarantaine, qui est la cinquantaine de la femme ; de façon qu’il y avait équilibre d’âge entre la femme et le mari.
Analyse du 2e mouvement
Idée : Une créature de foire à la force inquiétante - Nouvelle interpellation des lecteurs les appelant à se souvenir de la première image laissée par cette femme à travers une importante accumulation d'adjectifs. Si les deux premiers pourraient être positifs, la suite de l'accumulation dresse un portrait repoussant bien loin de la féminité que l'on aurait pu attendre, ils semblent plutôt décrire une bête dont l'on vante la puissance physique. Le dernier adjectif introduit par la conjonction de coordination et achevant l'accumulation semble presque contradictoire avec ceux qui le précédent. - Analogie entre Mme Thénardier et une créature de foire provoquant l'inquiétude, l'allitération en [s] renfore le terme "sauvagesse" qui évoque ces peuples arrachés à leurs terres et placés dans des zoos humains que l'on venait admirer tiraillés entre curiosité et effroi. Le terme "colosse" connote la stature imposante et la force inouïe aggrave l'inquiétude suscitée par ce personnage. L'activité décrite par la proposition relative "qui se cambrent" évoque un mouvement inhumain inquiétant. La chevelure, au lieu d'être associé à la beauté féminine, se voit mise au service d'une démonstration de force monstrueuse.
Les lecteurs ont peut-être, dès sa première apparition, conservé quelque souvenir de cette Thénardier grande, blonde, rouge, grasse, charnue, carrée, énorme et agile ; elle tenait, nous l’avons dit, de la race de ces sauvagesses colosses qui se cambrent dans les foires avec des pavés pendus à leur chevelure.
Analyse du 2e mouvement
Idée : Une femme étouffante et autoritaire qui occupe tout l'espace et terrifie chaque élément de son foyer. - Nouvelle accumulation qui décrit les activités de cette femme introduite par l'hyperbole "tout". Aux tâches quotidiennes, s'ajoutent deux expressions populaires qui évoquent son autoritarisme ainsi que le bruit et le désordre qu'elle provoque. L'emploi de ces expressions populaires rappellent l'origine modeste du personnage décrit. La mention du diable insiste évidemment sur le caractère terrifiant de cette femme. - Introduit un autre personnage, sa servante Cosette associée à l'expression "pour tout" et à un champ lexical de la servitude sous-entendant qu'elle est bien insuffisante. L'antithèse est particulièrement parlante et rend la situation aussi ridicule que terrible pour la petite fille en mettant en avant la disproportion des tailles et des forces physiques entre une Cosette chétive et une femme gigantesque et brutale. - 2e hyperbole avec indéfini "tout", la présentant comme un monstre tonitruant dont l'influence présentée à travers une nouvelle accumulation s'étend des meubles aux personnes qui tremblent tous d'un même mouvement. - Nouvelle remarque sur son physique évoquant à nouveau à travers un adjectif son imposante stature. Comparaison peu flatteuse avec un ustensile de cuisine. Point culminant avec la dernière phrase qui vient anéantir toute trace de féminité et faire d'elle une véritable créature de foire dont l'autorité et l'attitude la transforme physiquement en homme.
Elle faisait tout dans le logis, les lits, les chambres, la lessive, la cuisine, la pluie, le beau temps, le diable. Elle avait pour tout domestique Cosette ; une souris au service d’un éléphant. Tout tremblait au son de sa voix, les vitres, les meubles et les gens. Son large visage, criblé de taches de rousseur, avait l’aspect d’une écumoire. Elle avait de la barbe.
3e mouvement : Une femme aux contradictions monstrueuses
C’était l’idéal d’un fort de la halle habillé en fille. Elle jurait splendidement ; elle se vantait de casser une noix d’un coup de poing. Sans les romans qu’elle avait lus, et qui, par moments, faisaient bizarrement reparaître la mijaurée sous l’ogresse, jamais l’idée ne fût venue à personne de dire d’elle : c’est une femme. Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde. Quand on l’entendait parler, on disait : C’est un gendarme ; quand on la regardait boire, on disait : C’est un charretier ; quand on la voyait manier Cosette, on disait : C’est le bourreau. Au repos, il lui sortait de la bouche une dent.
Analyse du 3e mouvement
Idée : Une femme qui s'illustre par ses contradictions et incohérences. - Mme Thénardier présentée à travers une association ridicule avec la mention des forts de la halle dont elle serait l'élite, des hommes puissants physiquement devant transporter des charges lourdes mais présentés comme "habillé en fille". - Débute ensuite un portrait en action qui introduit là encore des contradictions entre l'action, grossière et anti-féminine et l'adverbe auquel elle est associée désignant une action exceptionnelle digne d'admiration : ironie de la part de l'auteur. - Deuxième action évoquant à la fois son manque d'humilité mais aussi la violence dont elle est capable : on pense immédiatement à Cosette et à sa fragilité évoquée précédemment lorsque la noix est mentionnée.
C’était l’idéal d’un fort de la halle habillé en fille. Elle jurait splendidement ; elle se vantait de casser une noix d’un coup de poing.
Analyse du 3e mouvement
Idée : Nouvelles contradictions présentant cette femme comme monstrueuse. - Présentée à nouveau comme constituée d'associations improbables qui rajoutent à sa monstruosité : négation lexicale "sans" évoque des lectures de jeunesse qui lui donnent rarement (CCT) des manières faussement raffinées que l'on imagine bien ridicule dans le corps précédement décrit. L'antithèse associée à la préposition "sous" montre comme les manières distinguées sont profondément enfouies sous l'apparence d'un personnage de conte traditionnel réputé pour sa laideur et sa cruauté. L'adverbe "bizaremment" vient souligner l'incongruité du personnage. - Auteur nie complètement toute trace de féminité et d'élégance dans cette femme à travers les paroles rapportées associées à une double négation, point culminant du portrait qui ne laisse aucun doute sur l'apparence de la Thénardier. - L'adverbe démonstratif met à distance cette femme renforçant le côté péjoratif du portrait. - Champ lexical de l'expérience scientifique la présente comme une créature hybride, contre-nature, résultat d'un mélange accidentel malheureux à travers l'antithèse opposant donzelle à poissarde. Une donzelle est une jeune femme délicate et raffinée tandis que la poissarde (renforcé par le suffixe péjoratif "arde") évoque une femme grossière et vulgaire (vendeuse de poissons sur les marchés qui crie pour attirer le client).
Sans les romans qu’elle avait lus, et qui, par moments, faisaient bizarrement reparaître la mijaurée sous l’ogresse, jamais l’idée ne fût venue à personne de dire d’elle : c’est une femme. Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde.
Analyse du 3e mouvement
Idée : Fin du portrait en actions traduisant les réactions qu'elle inspire à ceux qui la côtoient. - Trois propositions juxtaposées en parallélisme qui évoquent les réactions que cette femme inspire : une circonstancielle de temps introduit un verbe qui sous-entend l'observation puis un verbe d'action suivi des paroles des témoins rapportées par le verbe de parole "disait" et deux points. Enfin, le présentatif "c'est" introduit le bilan tiré par l'observateur, péjoratif, qui l'associe à trois métiers masculins, autoritaires, de force et de violence. Un élément au centre de cette description détonne : la petite Cosette qui est "maniée", comme un objet par ce personnage terrifiant de cruauté et de puissance, le rôle de la Thénardier est hyperbolique puisque le bourreau torture et met à mort. - L'emploi du pronom personnel indéfini "on" signale que cette opinion est commune, partagée par tous unanimement. - Portrait s'achève sur une image répugnante : le mot "dent" est rejeté à la fin de la phrase pour le mettre en valeur mais aussi pour montrer qu'on ne l'attend pas là, elle ne devrait pas sortir de la bouche. Reprend l'expression avoir une dent contre quelqu'un : même lorsqu'elle dort elle reste menaçante.
Quand on l’entendait parler, on disait : C’est un gendarme ; quand on la regardait boire, on disait : C’est un charretier ; quand on la voyait manier Cosette, on disait : C’est le bourreau. Au repos, il lui sortait de la bouche une dent.
Conclusion
BILAN ET REPONSE A LA PROBLEMATIQUE
Le portrait de Mme Thénardier la dépeint comme une créature hybride composée d'un étrange mélange entre de minoritaires caractéristiques féminines et d'importantes caractéristiques masculines mettant en avant une taille imposante, une force colossale et une apparence monstrueuse. La richesse des images provoque dégoût et effroi pour cette femme ridiculisée par l'auteur. L'intérêt est d'attirer sur Cosette la pitié du lecteur puisqu'elle a été confiée par sa mère aux soins de cette ogresse. A travers le portrait de cette colosse, Hugo dépeint une classe de la population que la pauvreté rend nocive, cruelle et monstrueuse. Chez la Thénardier, intentions et apparences physiques concordent.
OUVERTURE :
On pourrait rapprocher ce portrait de la Thénardier du tableau de Quentin Metsys vers 1513 s'intitulant "Vielle femme grotesque" ou "La Duchesse grotesque" qui représente une femme aux caractéristiques physiques très masculines affublée d'un costume féminin qui la rend ridicule par ses contradictions.
Hugo fait ici référence aux créatures de foire très populaires, peuples étrangers ou monstres inhumains que l'on y exposait de gré ou de force. Certains réalisaient par exemple l'exploit de soulever des pavés ou autres objets lourds à la force de leur chevelure.
Dès le jour de sa publication, le 3 avril 1862, le premier tome des Misérables "Fantine" est épuisé. L'oeuvre colossale en 5 tomes est le fruit d'un long travail débuté dès 1828. Hugo recueille des témoignages (dont celui d’un condamné en 1801 à cinq ans de galères pour vol d’un pain), des articles de presse, il visite des bagnes, accompagne des travailleurs etc. : il souhaite rendre compte des conditions misérables dans lesquelles vit une partie importante de la population française. Il suit en particulier le personnage de Jean Valjean, un ancien bagnard qui tente de se racheter une conduite, de Fantine forcée à la prostitution pour survivre et de sa fille Cosette, exploitée par un horrible couple d'aubergistes, les Thénardier. Il résume ses intentions dans la préface à l'oeuvre : « Tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles ».
Les forts des Halles étaient des manutentionnaires qui transportaient les marchandises de l'extérieur vers l'intérieur des pavillons des anciennes Halles de Paris. Ils étaient désignés par le mot « forts » parce qu'ils devaient porter de lourdes charges durant leur travail.