La Chambre bleue

HISTOIRE DES ARTS

LES ARTS ENTRE LIBERTÉ ET PROPAGANDE 1910-1945

L'ÉMANCIPATION DE LA FEMME ARTISTE

Suzanne Valadon (1865-1938)

La Chambre bleue, huile sur toile, 90 x 116 cm, 1923, musée des Beaux-Arts de Limoges

Problématique :

Comment Suzanne Valadon dans La Chambre bleue s'approprie-t-elle un poncif de la peinture masculine d'une manière résolument émancipatrice ?

La composition

Titien, Vénus d'Urbin, huile sur toile, 1538, Florence, Galerie des Offices.

Jean-Auguste-Dominique Ingres, La Grande Odalisque, huile sur toile, 1814, Paris, Musée du Louvre.

Édouard Manet, Olympia, huile sur toile, 1863, Paris, Musée d'Orsay.

Le décor

La femme

corps

posture

physionomie

vêtements

Les éléments de modernité : La Chambre bleue, un manifeste d'émancipation

• La représentation d'une femme moderne :

• une femme cultivée, qui lit des livres.

• une femme qui se fiche des convenances avec une cigarette à la bouche, comme une sorte de défi à la bonne éducation : la présence de la cigarette caractérise alors les femmes de petite vertu ou les femmes artistes.

• une femme aux formes généreuses qui ne correspondent pas aux critères de représentation traditionnels au 19ème siècle.

• Une représentation moderne d'une femme moderne :

• Aucune idéalisation de la femme ni recherche de séduction :

• absence de nudité.
• habillement : des vêtements d'intérieur colorés confortables.
• absence de regard à l'intention du peintre ou du spectateur : une femme plongée dans ses pensées.

• Une palette chromatique insolite, une gamme de couleur audacieuse :
• le camaïeu de bleus formé par le décor constitue un écrin qui met en valeur la carnation colorée de la femme.
• le mur coloré à l'arrière-plan.
• des couleurs qui ne sont pas celles que l'on voit dans la réalité : par exemple des touches de vert, de bleu, de jaune, de violet... sont utilisées pour représenter la peau.

• Des motifs décoratifs qui emplissent l'espace pictural.

Éléments de conclusion

Détournement des codes habituels de la Vénus allongée ou des odalisques orientalisantes.

Représentation d'un corps incarné (au sens littéral, une femme peinte pour elle-même dans toute sa plénitude) loin des représentations fantasmées et hyper-sexualisées de la femme.

La Chambre bleue a été acquise par l'État en 1924, un an après sa création : une consécration pour l'artiste.

Citation de Suzanne Valadon : "Ne m’amenez jamais pour peindre une femme qui cherche l’aimable ou le joli, je la décevrais tout de suite"