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Représentation mimesis
m.vageon
Created on July 2, 2023
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Transcript
Le Rapport au réel
L'ecart entre le réel et sa représentation, mimesis, ressemblance, vraisemblance, Valeur expressive de l'écart
QUESTIONS ABORDEES
- Représentation et création : reproduction, interprétation, idéalisation, approches contemporaines, apports de technologies…
- Moyens plastiques et registres de représentation : volonté de fidélité ou affirmation de degrés de distance au référent…
1. Introduction
Degrés d'iconicité
2. a. Aux origines du concept de Mimesis : les grecs
2. Mimesis
2. b. Mythe fondateur et mimesis
2. c. Imiter, créer l'illusion du réel : trompe l'oeil et hypérréalisme
3. Ressemblance
Focus sur la représentation dans le Labourage Nivernais de Rosa Bonheur
4. Vraisemblance
4. a. Au service du Beau et du cohérent
4. b. Anamorphose
Focus sur la représentation dans 99 cent de Andréas Gursky et Le port et la Rade de Toulon de Joseph Vernet
5. Fiction
5.a. Quand la fiction est vraisemblable
5. b . Quand la vraisemblance est mise à l'épreuvre : aux portes du possible
5. c . Quand la réalité fait place à l' imaginaire, au fantasme, à un monde onirique ou fantastique
6. Affirmation de l'écart au réel
7. Abstraction : disparition du réel
8. Réalité virtuelle, réalité augmentée
Introduction
L'image est un signe visuel : objet qui renvoie à un autre objet en le représentant visuellement. La représentation analogique va dominer la civilisation occidentale jusqu'au 20ème siècle. Nous copions le monde pour le restituer en peinture, dessin, photo, sulpture ... La représentation donne une image du réel. Cependant les images figuratives ne sont pas nécessairement réalistes. En effet, une re-présentation (double de la réalité) s'écarte plus ou moins du réel. Le réel figuré peut imiter une image du monde et être réaliste mais elle est en fait le plus souvent modifiée : idéalisée, schématisée, caricaturée, déformée... Il s'agit donc de questionner la rapport qu'entretient la représentation (l'oeuvre : la peinture, la sculpture, le dessin...) avec son référent, le réel, le modèle. En est elle une reproduction, une transposition, une interprétation, une idéalisation, une reconstruction, peut on parler de ressemblance ou de vraisemblance ? L'écart au réel dans une production plastique peut être lié à une modification de forme, de spatialité, de composition ou de couleur. Il est, dans tous les cas, porteur d'une intention et de sens qu'il s'agit de questionner car il a une valeur expressive.
Norman Rockwell Triple Autoportrait, Peinture à l'huile sur toile, 1960 (H × L)113,5 × 87,5 cm Musée Norman Rockwell, Stockbridge
- figuratif
- référent
- représentation
- valeur expressive de l'écart
- Transposition
- Reproduction
- Idéalisation
- Reconstruction
Il faut interroger le lien entre le réel et la représentation (bidimensionnelle ou tridimensionnelle) : y a t il peu d' 'écart, la représentation est-elle ressemblante ou au contraire, s'éloigne t-elle de la réalité ? Si oui, quel en est le but et l'effet produit ? L'artiste doit- il imiter la réalité ? S'écarter de la réalité n'est il pas un moyen pour lui de s' exprimer ?
René Magritte, La condition humaine, 1933, huile sur toile 100 x 81 x 1.6 cm Nationale Gallery Washington
Degrés d'iconicité
L’échelle d’iconicité d’Abraham Moles (1971) peut être utilisée comme entrée de lecture pour décrire les codes représentation utilisés : de la mimesis, aux représentations réalistes aux plus abstraits. L’iconicité peut être définie comme le degré de ressemblance d’une image avec l’objet qu’elle représente (son référent). Cette échelle hiérarchise les différents signes du degré d’analogie le plus fort au plus abstrait. Elle permet de classer les signes iconiques selon leur degré de stylisation et de simplification.L’échelle d’iconicité permet de mesurer l’écart entre le réel et sa représentation. Plus le degré d’iconicité est élevé plus le signe est analogique, autrement dit plus sa représentation est proche de son référent.
- réalisme
- abstrait
- analogie
- réel/ réalité
- représentation
- iconicité
- stylisation
- shématisation
https://www.grapheine.com/divers/graphisme-pictogrammes-jeux-olympiques-paris-2024-pas-la-medaille-dor
2. Mimesis
2. a. Aux origines du concept de Mimesis : les grecs
- La première forme d'art est apparue avec l'art rupestre, à la Préhistoire. Ainsi, la première fonction de l'art a été de réprésenter et d'imiter la nature. voir Grotte Chauvet/ grotte de Lascaux
- Les grecs inventent le concept de MIMESIS qui guidera les artistes jusqu'au 19ème siècle et l'arrivée de la photographie. La fonction de l'art sera d'imiter la nature avec une volonté de lui ressembler, de créer une image des plus ressemblante.
- Ce terme est défini par Platon (4ème siècle av JC) comme étant "l'imitation de la nature par les hommes par les arts et la technique".
- Les Grecs sont les premiers à observer et étudier la nature dans ce souci de ressemblance. Les Egyptiens, par exemple, ne se soucient guère d'être proche de la réalité dans leurs représentations. Leurs oeuvres sont régies par des logiques symboliques. (ex : rendre compte de l'importance d'une personne en la représentant plus grande que les autres)
- Aristote (4eme siècle av JC) nuancera le concept de Mimesis en précisant que l'imitation suppose intrinsèquement une interprétaton, une idéalisation, une sublimation. Pour lui IMITER = STYLISER.
- En témoigne le Doryphore de Polyclète (5eme siècle av JC) et son texte Le canon. Le célèbre sculpteur grec codifie la représentation du corps et instaure une règle pour représenter la nature. Il montre que le corps humain est régi par des nombres comme peut l'être la nature. Aussi, dans les représentations d'alors, la nature et les hommes qui certes donnent la sensation d'être vivants par la justesse de leurs traits, n'en sont pas moins idéalisés.
Copie du Doryphore de Polyclète, exemplaire provenant de Pompéi (av. 79 AEC). Marbre, H. 2 m. Musée archéologique national de Naples
« L’œuvre comme imitation de la nature, tout en obéissant à des conventions qui lui sont propres » : Poétique d’Aristote, d’après La République de Platon. « L’art achève ce que la nature n’a pu mener à bien » : Aristote (La Physique II, 8, 199 a 15-17)
MIMESIS : imitation de la nature par les hommes au travers des arts et de la technique.
2. b. Mythe fondateur et mimesis
• La qualité de la mimesis devient un véritable critère d’appréciation des performances picturales pour les Grecs de l’Antiquité. En témoigne le mythe de Zeuxis cité par Pline l'Ancien. • Zeuxis vaincu : le duel avec Parrhasios ! « On raconte que ce dernier [Parrhasios] entra en compétition avec Zeuxis : celui-ci avait présenté des raisins si aisément reproduits que les oiseaux vinrent voleter auprès d’eux sur la scène ; mais l’autre présenta un rideau peint avec une telle perfection que Zeuxis, tout gonflé d’orgueil à cause du jugement des oiseaux, demanda qu’on se décidât à enlever le rideau pour montrer la peinture, puis, ayant compris son erreur, il céda la palme à son rival avec une modestie pleine de franchise, car, s’il avait personnellement, disait-il, trompé les oiseaux, Parrhasios l’avait trompé lui, un artiste." Pline, Histoire naturelle, Livre XXXV, §65, 66, traduction d’A.Reinach, La peinture ancienne, 1921; Macula 198 L’Anecdote des raisins chez Pline l'Ancien illustre ce pouvoir illusionniste de la peinture. Pouvoir de re-présenter le réel, de donner à voir les objets ou les êtres absents.
J.J. von Sandrart. Zeuxis and Parrhasius (detail). 1683. Wellcome Collection,
La critique de Platon
MYTHE FONDATEUR : Les grands mythes fondateurs sont des récits expliquant l’origine d'un rite, d'une idée, d'une cité, d'un pays, d'une nation. (ex : Rémus et Romulus)
Le concept de mimesis est au cœur de la philosophie platonicienne puisque celle-ci s’articule sur l’opposition entre monde intelligible et monde sensible, Le second étant seulement la copie du premier et ayant par conséquent un degré moindre de réalité. La mimesis, parce qu’elle éloigne de la réalité intelligible, ne peut donc être envisagée par Platon comme un phénomène positif. Puisque l’art pictural grec prétend imiter la nature sensible, et s’adresse à la perception, il est considéré par Platon comme un artifice trompeur. Platon critique donc l’art pictural en ce qu’il n’est qu’un art de l’illusion, qui charme et séduit la sensibilité au lieu de ménager un accès au vrai. Cf VMC_ Platon, République X,
2. c. Imiter la vision du réel : simuler le réel
Réel : ce qui est concret, qui existe indépendamment de la perception humaine Réalité : ce qui est appréhendé de manière empirique, qui existe grâce à l'expérience que nous en faisons Trompe l'oeil : Représentation destinée à donner l'illusion de la réalité. Le trompe-l'œil naît quand la volonté de « tromper » l'emporte sur l'intention esthétique et incite l'artiste à utiliser tous les artifices techniques possibles, le premier étant l'intervention de la troisième dimension, d'une perspective qui fait « sortir » un ou plusieurs objets de la surface du panneau, de la toile, de la paroi lorsqu'il s'agit d'un décor mural. Hypérréalisme : Courant des arts plastiques apparu aux États-Unis à la fin des années 1960, et caractérisé par une interprétation quasi photographique du visible, avec ou sans intention critique.
Trompe l'oeil
Andrea Mantegna, Occulus du plafond et paroi nord de la Chambre des Époux, Palais Ducal de Mantoue, Italie, 1465-1474
C. N. Gijsbrechts, Trompe l’oeil. Letter rack with a barber-surgeon’s instruments, 1668 (Copenhagen, SMK).
Pere Borrell del Caso, Escapando de la crítica, 1874
L’hyperréalisme est la reproduction, neutre et objective, à l’identique d’une image en peinture ou en sculpture. Il prend ses racines dans la philosophie de Jean Baudrillard, « la simulation de quelque chose qui n’a jamais vraiment existé ». En tant que tel, les hyperréalistes créent une fausse réalité, une illusion convaincante basée sur une simulation de la réalité.
Hyperréalisme
Info
3. Ressemblance
Avant l'avènement de la photographie, la capacité à imiter l'apparence du réel et à insuffler une impression de vie aux personnages et aux éléments présents dans un tableau constituait le fondement des pratiques artistiques. Jan Van Eyck, au cours du 15ème siècle, est reconnu comme l'inventeur de la peinture à l'huile. Grâce à cette technique innovante, il est devenu un véritable illusionniste du réel, s'efforçant de rendre fidèlement compte des matières, des expressions et des personnages qu'il représentait. Le genre du portrait, quant à lui, a également établi la ressemblance comme un gage de qualité artistique. Les peintres réalistes du 19ème siècle, en choisissant de représenter la vie quotidienne comme sujet de leurs œuvres, sans artifice ni embellissement, s'opposent ainsi à la vision classique qui tend à idéaliser la nature. Ils sont les pionniers d'une approche visant à 'montrer la vraie vie'. De plus, le dessin d'observation a également pour objectif de capturer la ressemblance, soulignant ainsi l'importance de l'exactitude visuelle dans l'art.
On trouve des portraits réalistes dès l’Antiquité. L'Égypte en donne une des interprétations les plus élevées aux IIe et IIIe siècles après J.-C. avec les peintres de l'oasis du Fayoum qui ont produit de nombreuses œuvres aux corps et visages saisissants de vérité. Par ailleurs, la civilisation romaine sculpte ou peint des portraits dont certains produisent une très forte impression de réalité. Mais la révolution chrétienne brise cette tradition, la peinture du Moyen Âge ne cherche pas à représenter la figure humaine de manière réaliste. Elle a une fonction religieuse, didactique et mnémonique pour les fidèles dont l'immense majorité est illettrée et pour qui elle illustre les temps forts de la Bible. C'est seulement à partir du XIVe et surtout du XVe siècle que les peintres commencent à nouveau à se soucier de peindre des corps véritables, et non de simples signes représentant des personnages, des personnes singulières qu’on peut reconnaître. Les portraits ne seront cependant pas nécessairement ressemblants, la représentation pourra être idéalisée pour flatter ou ennoblir le modèle
Van Eyck
Madame Vigée-Le Brun et sa fille, Jeanne-Lucie-Louise, Elisabeth Vigée Le Brun 1786 1,05 m x 0,84 m huile sur boisLouvre Paris
Portrait
Ressemblance : a) Domaine des beaux-arts: Similitude de physionomie, d'allure entre une personne et (le portrait, le buste, etc. d'une personne réelle ou fictive. b) Représentation d'une personne par les arts graphiques ou plastiques. https://www.cnrtl.fr/definition/ressemblance Par extension : ce qui permet d'établir un lien entre deux choses parce qu'elles ont de nombreux points communs comme un objet et l'image de cet objet
Réalisme
Focus sur la représentation dans le Labourage Nivernais de Rosa Bonheur, 1849, Huile sur toile, 1,33 x 2,6 m, Musée d'Orsay, Paris, France
- Etudes, esquisses, observation du réel, dessin sur le motif
- Toute sa vie entourée d'animaux
- Veritable portrait animalier : hommage aux animaux tels des humains
- Réalisme : goût du détail, rendu de la matière (terre, pelage) minutie
- Dimension d'une peinture d'histoire
Représentation
Ce tableau représente une scène de labour au début de l'automne dans un paysage de collines. Deux attelages de six bœufs tirent les charrues, aiguillonnés par les laboureurs. Ce premier labour (« sombrage ») est pratiqué notamment dans les exploitations vinicoles, très nombreuses dans la Nièvre. Les animaux, avec leur robe claire, sont également caractéristiques de la région.
- Place importante faite à la terre : occupe 1/2 partie basse de la toile
- Lumière naturelle et douce qui suit les obliques dessinées par le troupeau : source naturelle en hors champ > de la gauche vers la droite
- Composition : Trois espaces sont d’abord délimités : la terre, les bêtes, le ciel ; c’est la nature à l’œuvre. Trois lignes obliques tranchent la toile de gauche à droite, séparant la terre non travaillée de celle labourée, puis l’ensemble constitué par les animaux et les hommes, séparés à leur tour du ciel.
Clés d'analyse
- Tout concourt à magnifier les animaux : Présence humaine discrète : labourage et personnage petits et plus flous
La peinture réaliste à laquelle Rosa Bonheur peut aisément être rattachée est un courant artistique qui se concentre sur une représentation fine et surtout objective de la nature et des sujets réels. En réaction aux styles académique et romantique précédents, qui mettaient l'accent sur l'expression personnelle de l'artiste plutôt que sur la réalité, la peinture réaliste s’attache à représenter des paysages, des animaux, des gens et des scènes de la vie quotidienne avec simplicité et véracité. Ces sujets sont souvent étudiés d’après nature, les peintres sont en contact avec la vie réelle, non sublimée, juste appréciée telle quelle. Rosa Bonheur ira donc, dès son plus jeune âge, dans les forêts, la basse-cour ou les étables pour croquer les animaux domestiques. Tout le temps, pas monts et par vaux, en quête d’authenticité, elle adaptera sa garde-robes à son mode de vie artistique, préférant le pantalon aux toilettes féminines et en usera par le biais d’un permis de travestissement.
Réalisme
« Vérité, harmonie, sentiment exquis de la nature, tout y est réuni. Quelle intensité de vie dans ces six bœufs aux formes superbes, traînant avec effort la charrue qui s'enfonce dans la terre lourde et grasse ! [...] Rien de cherché, rien de convenu ; c'est la nature prise sur le fait, dans sa simplicité grandiose. » Bulletin des beaux-arts : France de 1500 à nos jours, 1885.
4. Vraisemblance
4. a. Au service du Beau et du cohérent
Beaucoup d'artistes jouent sur l'ambigüité fascinante qui existe entre la ressemblance et la vraisemblance : ils modifient la réalité de manière subtile, la recompose et l'idéalise, tout cela au service de l'esthétique ou de la cohérence. La véritable difficulté qui se pose alors pour ces artistes est de parvenir à réaliser des représentations qui soient non seulement vraisemblables, mais qui permettent également au spectateur de ne pas percevoir ces "adaptations" comme des altérations de la réalité. Les images qui nous entourent aujourd'hui, dans notre quotidien saturé de visuels, jouent toutes avec la réalité pour atteindre un niveau de vraisemblance. La retouche d’images, ainsi que le développement des trucages photographiques numériques assistés par ordinateur, ont connu une expansion significative depuis les années 1990. Cela soulève encore davantage des questions sur le rapport des images à la réalité que nous percevons. Toutefois, il est intéressant de noter que ces retouches et ces adaptations artistiques ne sont pas un phénomène récent, mais remontent en fait à plusieurs siècles. Le célèbre artiste Magritte nous interrogeait déjà sur ce jeu "trompeur" des images, feignant la présence d'une pipe par sa représentation, tout en dénonçant la tendance naturelle du spectateur à prendre pour réelle une simple représentation. Cela soulève des réflexions profondes sur la nature de l'art et de la perception. Les illusions d'optique, quant à elles, font passer pour vraies des représentations qui se jouent habilement de notre regard et de notre compréhension. Elles doivent être considérées dans ce même registre d'interrogation. Les anamorphoses, par exemple, reposent sur la nécessité de se placer au bon endroit pour découvrir une représentation qui, à première vue, peut sembler trompeuse. Cette interaction entre l'observateur et l'œuvre d'art est essentielle pour comprendre la profondeur de l'expérience artistique.
La Lamentation sur le Christ Mort d’Andrea Mantegna, peint vers 1480
« Peindre n'est pas dépeindre, comme écrire n'est pas décrire. La vraisemblance n'est que trop trompe l'oeil. " Le jour et la nuit. Georges Braque. 1991
René Magritte, La trahison des images, 1929 Huile sur toile, 60,3 × 81,12 cm Musée d'Art du comté de Los Angeles
Entourage de Toussaint Dubreuil, Portrait de Henri IV en Hercule terrassant l’Hydre de Lerne, vers 1600, huile sur toile, 91 x 74 cm. Musée du Louvre, Paris.
Vraisemblance : Caractérise ce qui paraît être vrai, ce qui se veut conforme à l'idée que l'on se fait de la réalité. Ce qui semble vrai, juste, plausible, crédible. Caractère de vérité possible de quelque chose, qui trompe la réalité pour se faire passer pour vrai. Ce terme vient du latin « verum » qui signifie « vérité » et « similis » qui signifie « similaire ». Une œuvre qui joue sur la vraisemblance a pour ambition de paraître vraie.
4. b. Anamorphose
JR, Trompe l'oeil, Les Falaises du Trocadéro, 19 Mai 2021, 17h38, Paris, France, 2021A
J, Du 21 octobre au 7 novembre 2021 Greetings from Giza; Egypte, l’anamorphos
Georges Rousse à Rüsselsheim 20032013
Markus Raetz, Métamorphose II (1992).
Felice Varini, Cinq ellipses (Metz 2009)
Une anamorphose : n. f. venant du grec anamorphoûn, signifie transformer.Le principe de l’anamorphose consiste à réaliser une œuvre déformée, dont la recomposition sera perceptible à partir d’un endroit précis ou au travers d'un miroir courbe. Autrement dit, l’œuvre est compréhensible d’un seul point de vue. Partout ailleurs, le spectateur ne voit que des éléments incohérents entre eux.Cette technique relève donc de procédés mathématiques pour jouer avec notre vision. Le spectateur devient acteur car il doit se déplacer dans l’espace pour lire l’œuvre : il en devient une composante.;
Focus sur Joseph Vernet : Vraisemblance
Focus sur Andreas Gursky : Vraisemblance
« Surtout ne perdés pas de vue l’intention du Roy qui est de voir les ports du royaume représentés au naturel dans vos tableaux. Je sens bien que votre imagination se trouve par là gênée ; mais avec votre talent on peut réunir le mérite de l’imitation et celuy de l’invention : vous en avés donné des preuves. » Marquis de Marigny, surintendant des Bâtiments sous Louis 15
« Mes images sont toujours des interprétations des lieux. » « Je ne suis pas intéressé par une vision objective du monde, mais par une vision picturale. »
Il développe une vision objective, une forme de réalisme car il fait des études sur le motif.Quand il revient à Paris, Louis XV lui commande vingt-quatre tableaux de ports de France pour informer de la vie dans les ports. Seuls quinze tableaux seront réalisés, de 1753 à 1765 (Marseille, Bandol, Toulon, Antibes, Sète, Bordeaux, Bayonne, La Rochelle, Rochefort et Dieppe) ; certains ports sont représentés plusieurs fois. On avait demandé à Vernet de représenter sur chaque tableau, au premier plan, les activités spécifiques à la région. Ces peintures sont donc de véritables témoignages de la vie dans les ports il y a 250 ans. En effet, le commerce maritime français est à son apogée et le roi ne peut aller tous les voir : pour les connaître, il commande ces vues qui ont une visée ornementale et pédagogique. Les éléments peints sont tous réflechis pour informer le roi de manière à ce qu'il connaisse les régions (costumes, traditions, ...), les produits importés, exportés... Les vues ont le même rôle que les plans reliefs et ont vocation à rester dans la partie officielle de Versailles?
La Ville et la rade de Toulon 1756 Vernet, Claude-Joseph France,Hauteur : 1,65 m ; Hauteur avec accessoire : 2,017 m ; Largeur : 2,63 m ; Largeur avec accessoire : 2,982 m ; Epaisseur avec accessoire : 11,5 cm huile sur toile, Louvre Paris
Tout l'effet produit sur le spectateur repose sur la vraisemblance. Comme pour l'hypérréalisme, c'est bien l'ancrage au monde sensible par l'usage de la photogrphie qui plonge le spectateur dans ce qu'il croit être le spectacle de la réalité. Les manipulations imformatiques sont imperceptibles. Si la vision de ces ensembles est inhabituelle, si la netteté des images est surprenante, les photographies n'agissent pas moins sur notre cerveau comme étant des preuves, des documents. Andréas Gursky est aux portes du possible, à la limite de la vraisemblance : notre perception ne cerne pas le caractère impossible de cette image.
Les mondes imaginaires, les rêves et les fantasmes sont des représentations qui engagent une multitude de fictions. Du surréalisme à la figuration narrative, en passant par la réalité augmentée et virtuelle, les fictions produites varient en termes de vraisemblance. En s'ancrant dans la réalité et en imitant ses codes, elles ont la capacité de déstabiliser le spectateur et de le tromper. À l'inverse, lorsque ces fictions s'éloignent de la réalité, elles peuvent transporter le spectateur dans des univers entièrement imaginaires, offrant ainsi une expérience unique et immersive.
5. Fiction
5.a. Quand la fiction est vraisemblable
Pour construire ses fictions, l’artiste catalan de renommée internationale, Joan Fontcuberta, n’hésite pas à assumer toutes sortes de rôles dans des mises en scènes complexes. Sa plus fameuse création, la série Fauna (1989)mêle ainsi faux documents, animaux empaillés, installations et publications… Elle interroge tant l’histoire de la photographie que les liens entre art et sciences.
Christian Boltanski explique que sa posture artistique s’est constituée entre lui et « un monsieur fou qu’[il] était en même temps » Des vitrines exposent alors les archives de la vie de Boltanski (photographies, documents, sucres taillés), un album photocopié intitulé Recherche et présentation de tout ce qui reste de mon enfance, 1944-1950, rassemble une photo de classe, une composition de rédaction et des petits objets comme autant d’archives historiques. Pendant longtemps, Christian Boltanski a travaillé sur des documents photographiques, sans doute parce que la photographie portait en elle, jadis, la notion de preuve. Pourtant dans les 10 portraits photographiques de Christian Boltanski, 1946-1964, nous nous trouvons face à un document faux et ce, malgré la légende qui témoigne que ce sont des portraits de Christian Boltanski entre 2 et 20 ans. Les portraits sont ceux d’enfants et d’adolescents croisés au parc Montsouris le même jour.
Christian Boltanski (French, 1944–2021) Title: Les portraits photographiques de C.B, 1972 , 1972 Medium: photograph glued on paper Size: 50 x 64.5 cm. (19.7 x 25.4 in.)
Fiction : Produit de l'imagination, invention qui n'a pas de modèle complet dans la réalité mais qui peut s'en inspirer. L'artiste cherche alors à créer une autre réalité ou une réalité imaginaire.
5. b . Quand la vraisemblance est mise à l'épreuve : aux portes du possible
Eva Lauterlein, Chimères (2017). Réel, oui, mais quelque chose nous dit que ces êtres ne sont pas entièrement humains. Ils ont une qualité robotique désengagée. Pourtant, les sujets d’Eva Lauterlein sont réels, et humains – dans une certaine mesure. Ou plutôt à plusieurs degrés. Leurs visages et leurs corps sont des reconstitutions assistées par ordinateur à partir de photographies de vrais hommes et femmes qu’elle connaît, avec jusqu’à quarante photographies différentes employées. Lauterlein aurait bien pu créer des monstres, mais dans sa série (re)créations, elle contourne habilement la ligne entre attraction et répulsion. The New Photographic Portrait, 2006 William A.Ewing with Nathalie HerschodorferThames & Hudson
Le triangle de Penrose, objet impossible conçu par le mathématicien anglais Roger Penrose dans les années 1950, sera une figure essentielle des travaux de l’artiste Maurits Cornelis Escher. Cette figure a été décrite pour la première fois en 1934 par le suédois Oscar Reutersvärd (1915-2002) qui est le premier à avoir introduit les figures impossibles dans l’art. Elle a été redécouverte par Penrose qui en publie le dessin dans le British Journal of Psychology en 1958. Dans cette même publication nous retrouvons l’escalier de Penrose que reprendra Escher pour sa fameuse lithographie Montée et Descente (1960).
Filip Dujardin Fiction nr. 4 et 6 (from Fictions), 2008 - 2010 Phorographie couleur
5. c . Quand la réalité fait place à l' imaginaire, au fantasme, à un monde onirique ou fantastique
Yves Tanguy, Jour de lenteur, 1937 La fiction se déroule dans un paysage sans horizon peuplé d’étranges sculptures mécaniques. Leurs ombres se projettent dans un désert surréaliste où chacun est libre d’imaginer sa propre histoire, Huile sur toile • 92 × 73 cm • Coll. et © Centre Pompidou, .
Surréalisme
Salvador Dalí, Persistance de la mémoire, 1931 Huile sur toile, 24 × 33 cm Museum of Modern Art, New York (États-Unis)
Figuration narrative
Jacques Monory, Le Meurtre n°10/2, 1968 Les Meurtres Peinture en trois panneaux Huile sur toile et miroir brisé avec impacts de balles, 160 x 400 cm Œuvre présentée dans les salles contemporaines du Musée
Mariko Mori, Pure Land, 1996–98, glass with photo interlayer, 305 x 610 x 2.2 cm (Los Angeles County Museum of Art) © Mariko Mori
6. Affirmation de l'écart au réel
Grâce à l'avènement de la photographie qui se chargera dorénavant d'imiter le réel, les artistes de la fin du 19e siècle commencent à libérer l'art pictural de la contrainte figurative et s'éloignent des représentations ressemblantes. Ils vont en effet accorder une autonomie croissante aux formes, aux couleurs et à l'espace qui pourra bientôt assumer sa planéité. Le 20ème siècle consistera donc à utiliser cette liberté nouvelle pour expérimenter et déconstruire l'art traditionnel et classique, s'éloigner de la réalité pour explorer ses qualités propres.
Formes
Paysage géométrisé
La photographie, innovation techique déterminante
Paul Klee Landscape with the Yellow Steeple 1920 48.5 x 54 cm huile et stylo Staatsgemäldesammlungen, Staatsgalerie moderner Kunst
Paysage torturé
Espace
Paysage fragmenté
Le cubisme modifie en profondeur le concept de représentation artistique : il ne s'agit plus de transposer le réel en lui imprimant une symbolique ou en prenant des libertés avec les couleurs et les formes mais de créer un langage pictural autonome qui peut s'inspirer de la réalité observée ou s'en détacher pour aller vers l'abstraction. L'œuvre est alors un assemblage de formes ou de volumes avec un dessin très apparent et des effets de perspective obtenus par des ombrages. La perspective linéaire, artifice de représentation de l'espace sur une surface plane, est totalement remise en cause, comme l'affirme Georges Braque (1882-1963) : « Je dis adieu au point de fuite. Et, pour éviter une projection vers l'infini, j'interpose des plans superposés à une faible distance. Pour faire comprendre que les choses sont l'une devant l'autre au lieu de se répartir dans l'espace. » (*)
Chaïm Soutine, Paysage à Cagnes (La Gaude) [1923] Huile sur toile, 81 x 100 cm
Pommier en fleurs, 1912 (Piet Mondrian, 1872-1944)
Les expressionnistes ont une vision pessimiste de leur époque et cherchent à exprimer leurs angoisses par une utilisation non naturaliste de la couleur, la déformation du trait, une stylisation de la représentation faisant disparaître les détails.
Pablo Picasso. Maisons sur la colline (1909). Huile sur toile, 81 × 65 cm, collection partic ulière.
Paysage aplati
Couleurs
Le Fauvisme recherche alors une utilisation de la couleur qui aille au-delà de la restitution de la lumière. Les couleurs vives et les contrastes violents devaient permettre de structurer l'espace du tableau. Le respect des règles de la perspective n'est pas jugé essentiel. Le paysage devient alors un espace pictural pur utilisant des formes empruntées à la nature.
Henri Matisse Polynésie, La mer 1946 s Papiers collés rehaussés de gouache et marouflés sur toile 196 x 314 cm
André Derain. Bateaux dans le Port, Collioure (1905) Huile sur toile, 72 × 91 cm, collection particulière.
7. Abstraction : plus de rapport au réel
"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible" Paul Klee, 1920
On peut parler d'un degré nul d'inconicité pour l'art abstrait. La réalité semble totalement écartée des représentations abstraites. L'abstraction marque une recherche de l'universalité
"Le seul objet de cinquante ans d’art abstrait est de présenter l’art en tant qu’art et rien d’autre ; de le remettre à sa vraie place, de l’isoler et de le définir au plus près ; de le rendre plus pur et plus vide, plus absolu et plus exclusif – non objectif, non représentatif, non figuratif, non imagiste, non expressionniste, non subjectif." Ad Reinhardt
Wassily Kandinsky est reconnu comme le premier artiste abstrait. Il défend la primauté des formes et des couleurs en énoncant : "L'objet nuisait à mes tableaux". De nombreux artistes lui succèderont mais plusieurs opteront pour des conceptions très différentes car il exitse, en effet, plusieurs formes d'art abstrait.
« J'appelle art abstrait tout art qui ne contient aucun rappel, aucune évocation de la réalité observée, que cette réalité soit, ou ne soit pas le point de départ de l'artiste. » Michel Ragon, L'Aventure de l'art abstrait, Paris, Robert Laffont, 1956,
L'art abstrait est un art sans images identifiables, fait de couleurs, de lignes ou de matières, qui ne représentent rien que l'on puisse reconnaître. C'est un art non figuratif qui pour autant peut être représentatif (représenter une idée, un sentiment, un concept...). Il apparaît en Eurpoe en 1910 et bouleverse l'idée de beauté dans les arts.
8. Regard sur la réalité virtuelle, de la réalité augmentée , des hologrammes ?
"Il est devenu banal de déclarer que les images virtuelles et les mondes fictifs créés par les nouvelles technologies donnent à repenser le rapport de l'homme au réel, et le rapport de l'homme à lui-même. Il conviendrait aujourd'hui de regarder les oeuvres d'art comme des dispositifs fictionnels, non pas seulement comme de pures et simples fictions, mais comme des virtualités qui aiguisent nos yeux, affûtent nos oreilles, engendrent les fantasmes que nous projetons dans le futur comme autant d'espoirs d'émancipation."
Les représentations créées en réalité augmentée ou en réalité virtuelle, les hologrammes nous exposent aux mêmes questionnements : s'agit-il pour l'art de copier la nature, d'être dans la mimesis ou de s'en écarter ? Les choix opérés par les artistes sont tout aussi signifiants qu'ils l'étaient en peinture, sculpture ou photographie... Pour autant, l'ambiguïté est troublante car notre cerveau interprète les signes qu'il reçoit comme étant ancrés à la réalité, non forcément par le biais d'une représentation mimétique mais par la projection tridimensionnelle. En effet, qu'en est il d'une image abstraite vue dans un casque virtuelle ? Si elle n'a pas de lien avec la réalité, que le degrés d'iconicité est nul, elle n'en est pas moins perçue par le cerveau comme étant réelle.
Le virtuel, c’est la réalité en puissance, avant que le réel ne s’«actualise», c’est-à-dire ne se réalise. Il y a un en deçà de la représentation, avant que cet en deçà ne prenne corps, ne se concrétise, ne se sensibilise, ne prenne place dans la réalité sensible.
Marc Jimenez L’art entre fiction et réalité L’Université des Arts L’Harmattan
"Loin des sensations gratuites des montagnes russes ou des zombies, il existe une autre réalité virtuelle qui réenchante nos perspectives et génère de la poésie", écrivent Benoît Baume, cofondateur du VR Arles Festival, et Fabien Siouffi
La réalité virtuelle s’appuie sur un ensemble de technologies qui immergent une personne dans une reproduction numérique du monde réel ou dans un monde imaginaire. Plus le nombre de sens mobilisés est important – la vue, l’ouïe et le toucher – et plus l’immersion est efficace.Grâce à différents outils comme des lunettes stéréoscopiques (le même type de lunettes que pour regarder des films en 3D) ou un casque immersif, l’utilisateur peut se déplacer dans un environnement plus ou moins sophistiqué, en 3D. Il peut vivre également une expérience interactive en manipulant virtuellement des objets, jusqu’à en ressentir le poids et la texture. L’expérience peut être enrichie par des manettes, gants, volants ou autres interfaces haptiques, pour des interactions plus complexes. Toutes ces interactions avec l’environnement virtuel ont lieu en temps réel La réalité augmentée consiste à superposer du contenu supplémentaire au monde qui vous entoure. Elle fournit du contenu digital qui complète ce que vous voyez, grâce à des lunettes spéciales ou à la caméra de votre téléphone, tablette ou autre. Hologramme : Un hologramme est une image qui contient des informations tridimensionnelles. Un hologramme résulte ainsi d'une image d'interférence entre les ondes issues d'un objet photographié et celles issues du faisceau laser qui a servi à éclairer cet objet.
La réalité augmentée
Hologrammes
Réalité virtuelle
Pierrick Sorin les Théatres optiques.
"J’ai une fascination enfantine de voir un personnage apparaître comme ça dans un décor qui lui est palpable, réel. Retrouver les jeux de l’enfance et avoir un contrôle sur le monde, ce dont rêve tout individu !"
Fabio Digiampetro 2016 Hyperplanes of Simultaneity, Personale, Palazzo Reale, Milano
Adrien M et Claire B Mirages et Miracles 2019 Réalité augmentée
Ressemblance
Vraisemblance
Mimesis
- Réalisme / naturalisme
- Impression de vie
- Dessin d'observation
- Portrait
- Aristote / Platon
- Pline l'Ancien : Zeuxis / Parrhasios
- Idéalisation / Canon
- Mimétisme / Imitation
- Trompe l'oeil
- Hypérréalisme
- Anamorphose
- Perspective classique
- Réel / Réalité
- Tromperie
- Construction, idéalisation
Degré d'iconicité
Fiction
MOTS / IDEES CLES : Rapport au réel
- Abraham Moles
- seuil de lisibilité
- Analogie > abstraction
- Dégré de ressemblance
- Pictogramme/ schématisation / simplification des formes
- figuration / représentation / image
- valeur expressive de l'écart
- Imaginaire/ rêve
- Surréalisme
- Figuration narrative
Réalité virtuelle/ augmentée
Sur ma fiche synthèse
Ecart au réel
- Autre réalité
- Immatérialité
- Autogénérative
- Interaction
- Hologrammes
- Les définitions / explications
- 2 citations // rapport au réel
- Les mots clés
- Une oeuvre en exemple avec son cartel illustrant la :
- Photographie
- Cubisme
- Fauvisme
- Expressionnisme
- Impressionnisme
- Stylisation
- exploration des éléments plastiques : couleur/ espace/ formes/ lumières
- Géométrisation / fragmentation
- Planéité du support
Abstraction
- Art abstrait
- Degré d'iconicité nul
Mariko Mori, Pure Land, 1996–98, glass with photo interlayer, 305 x 610 x 2.2 cm (Los Angeles County Museum of Art) © Mariko Mori
Duane Hanson Supermarket Lady 1969-1971 Matériau polyester, fibre de verre, peinture acrylique, huile, cheveu, prothèse oculaire, chariot de supermarché, boîte de conserve et nourriture 166 cm × 65 cm Ludwig Forum für Internationale Kunst[1
Filip Dujardin Fiction nr. 4 et 6 (from Fictions), 2008 - 2010 archival inkjet print on pearl paper 120 x 100 cm - 112 x 106 cm (frame)
Mondrian Pommier en fleurs, 1912 Peinture à l'huile sur toile 78,5 cm x 107,5 cm Musée d'Art de La Haye
La Lamentation sur le Christ Mort d’Andrea Mantegna, peint vers 1480 montre un Christ peint en raccourci, de face dans une perspective centrale depuis les pieds vers sa tête dans un cadrage resserré. Ce point de vue particulier oblige Mantegna à « tricher » sur les proportions des pieds. En effet, si les pieds avaient été peints avec leurs proportions réelles, tels qu’ils auraient été perçus dans la réalité, ils viendraient totalement masquer le reste du corps, remplissant totalement le premier plan. Le corps est donc peint de façon vraisemblable sans être ressemblant à ce que nous aurions dû voir en vrai.
La Figuration narrative
Autour des années 60 en France la Nouvelle Figuration manifeste un vif intérêt pour les images médiatisées. Chez ses artistes, la représentation du réel se charge d'une vision souvent critique. Les formes de représentations sont tout à la fois réalistes, fantastiques, imaginaires... Chez Jacques Monory, la saisie du réel passe en particulier par le filtre de l'image telle que le médiatise le cinéma. En utilisant souvent le bleu pour travailler ses représentations et en intégrant parfois des miroirs, il transporte le spectateur dans un univers cinématographique dont il inventera le scénario avec les éléments qui lui sont donnés. "Le dessein de tels artistes n’est donc pas nécessairement de fournir une information explicite ni strictement discursive mais de pratiquer une appropriation de la réalité en la soumettant à leur propre clef de décryptement et en effectuant le filtrage nécessaire pour que, entre cette réalité et l’œuvre, s’établissent un écart, un hiatus, une transposition. » (Gérald Gassiot-Talabot, Bande dessinée et Figuration narrative, catalogue de l’exposition, 1967.)
JR, Trompe l'oeil, Les Falaises du Trocadéro, 19 Mai 2021, 17h38, Paris, France, 2021Avec son installation sur le Parvis des Droits de l’Homme, visible du 17 mai au 19 juin 2021, JR poursuit sa réflexion sur l’architecture et l’excavation de monuments emblématiques, en imaginant un trompe-l’œil laissant apparaître une rue de Paris en contrebas d’un grand précipice surmonté par la Tour Eiffel.Comme pour ses projets au Musée du Louvre, au Palazzo Strozzi, et au Palais Farnèse, il utilise la technique de l’anamorphose, qui permet de révéler pleinement une image depuis un point de vue précis.JR laisse encore une fois la possibilité à chacun de s’approprier l’œuvre et d’en faire sa propre interprétation.
Au cœur d’un paysage urbain, le souverain, vêtu d’une tenue romaine, peau de bête sur les épaules, appuie fermement un gourdin au sol tandis qu’une créature gémissante pourvue de plusieurs têtes gît à ses pieds. L’image s’éloigne ostensiblement du vraisemblable pour mettre en évidence la force du roi, sa capacité à terrasser ses adversaires et à gouverner avec fermeté. Sa victoire est manifeste et sa puissance renforcée par un corps magnifié, imposant et dont la jeunesse contraste avec un visage marqué par la vieillesse. Cette apparence, empreinte de l’esthétique maniériste et inspirée du modèle antique, s’inscrit dans un processus d’idéalisation voué à véhiculer une conception déifiée du prince. Le peintre a volontairement exacerbé cette musculature pour vanter la bonne santé du monarque et exalter son ardeur et son efficacité au combat.
Du 21 octobre au 7 novembre 2021, à l'occasion du festival Forever is Now initié par Art d'Égypte, JR imagine une installation sur le site du plateau de Gizeh. Son projet, un trompe-l'oeil intitulé Greetings from Giza et composé d'une toile montée sur une structure métallique, joue avec l’idée d’une carte postale placée devant la pyramide. Celle-ci a été construite en 2570 av. J.-C. et sert de tombeau à Khéphren, pharaon de la quatrième dynastie. Pour Greetings from Giza, JR utilise une nouvelle fois la technique de l’anamorphose, dans la continuité de ses interventions au Louvre, où il avait fait disparaître la pyramide en 2016, puis révélé le Secret de la Grande Pyramide en 2019. Plus récemment, JR a utilisé cette technique pour ses projets à Florence (La Ferita), à Paris (Les Falaises du Trocadéro) et à Rome (Punto di Fuga).