Full screen

Share

Show pages

d'hier et d'aujourd'hui
des Erinyes à Marina Foïs
femmes sauvages

Want to create interactive content? It’s easy in Genially!

Get started free

Amata furieuse dans le chant VII de l'Eneide : femmes sauvages

Clémence Coget

Created on March 17, 2023

Furies et bacchantes en écho

Start designing with a free template

Discover more than 1500 professional designs like these:

Transcript

d'hier et d'aujourd'hui

des Erinyes à Marina Foïs

femmes sauvages

femmes sauvages

bacchantes

Amata furieuse

Allecto chez virgile

furies antiques

furies 2020's

index

bien des furies autour de nous

furies 2020's

+info

Journée d’étude : Furie Féministe

+info

Une série

+info

Un roman (2021)

+info

Un autre roman (2023)

Erinyes puis furies ou dirae

Furies antiques

+info

you can write a subtitle

Anthologie sonore furieuse sur radiofrance

Le texte est largement inspiré de la page Mythologica consacrée aux Erinyes

Histoire et mythologie en BD

VIDEOintro

+info

Giorces, CC BY 2.5 <https://creativecommons.org/licenses/by/2.5>, via Wikimedia Commons

chant VII, 323-329

La description virgilienne

Code Couleurs : - Nominatif : vert - Vocatif : jaune - Accusatif : bleu - Génitif : gris - Datif : rose - Ablatif : orange

L’Enéide de Virgile, Chant VII, 323-329

Allecto, Furie

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit: luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum: tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris.

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit:

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : Ces choses, lorsqu’elle les donna dites

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : Ces choses, lorsqu’elle les donna dites (=Ayant ainsi parlé)

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : Ces choses, lorsqu’elle les donna dites (=Ayant ainsi parlé)

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : Ces choses, lorsqu’elle les donna dites (=Ayant ainsi parlé) Elle gagna les terres, horrible à voir

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi.

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi.

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. La porteuse de deuil Allecto,

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. La porteuse de deuil Allecto, du séjour des déesses furies

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. La porteuse de deuil Allecto, du séjour des déesses furies et des ténèbres infernales elle la fait sortir

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. La porteuse de deuil Allecto, du séjour des déesses furies et des ténèbres infernales elle la fait sortir

Haec ubi dicta dedit, terras Horrenda petiuit : luctificam Allecto dirarum ab sede dearum 325 infernisque ciet tenebris, cui tristia bella iraeque insidiaeque et crimina noxia cordi. La porteuse de deuil Allecto, du séjour des déesses furies et des ténèbres infernales elle la fait sortir, Elle à qui les tristes guerres et les colères et les traîtrises et les reproches meurtriers sont à cœur

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris.

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris.

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre Tant elle se change en visages différents

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre Tant elle se change en visages différents

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre Tant elle se change en visages différents Tant son visage est cruel

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre Tant elle se change en visages différents Tant son visage est cruel

This work is licensed under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 Unported License.It makes use of the works ofKelly Loves Whales and Nick Merritt.

Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareae monstrum : tot sese uertit in ora, tam saeuae facies, tot pullulat atra colubris. Même le vénérable Pluton lui-même la hait Ses sœurs infernales haïssent ce monstre Tant elle se change en visages différents Tant son visage est cruel, tant sa face noire pullule de serpents

GDomaine Public https://www.metmuseum.org/art/collection/search/199615

chant VII, 341-405 traduction issue d'itinera electronica

allecto attaque

Alors Allecto, imprégnée des poisons de la Gorgone,se rend d'abord dans le Latium, vers les hautes demeuresdu maître des Laurentes. Elle investit le seuil silencieux d'Amata,surexcitée par l'arrivée des Troyens et l'hymen de Turnus;7, 345 soucis et colères brûlaient dans son âme de femme.La déesse arrache un serpent de sa sombre chevelure,le lance et le cache dans le corsage, au plus près du cœur de la reine,qui, ainsi affolée par ce monstre, bouleversera toute la maison.Le serpent, qui s'est glissé entre le vêtement et la tendre poitrine,7, 350 se déroule sans la toucher, et abuse la reine en proie au délire,en soufflant sur elle son haleine vipérine. L'immense couleuvrese mue à son cou en torsade d'or, bandeau qui, tel un long ruban,se mêle à ses cheveux et se coule le long de ses membres.

Et dès l'instant où le mal, se mélangeant à l'humide poison,7, 355 envahit ses sens et répand le feu dans ses os, tandis que son espritn'a pas conscience encore de la flamme qui embrase son coeur,Amata parle sur un ton assez posé, et, comme le font d'habitude les mères,pleurant abondamment sur l'hymen phrygien de sa fille, dit :"Faut-il que tu donnes Lavinia en mariage aux exilés de Troie,7, 360 toi, son père; et n'as-tu pas pitié de ta fille et de toi-même ?N'as-tu pas pitié de sa mère, que le perfide prédateur quittera,au premier Aquilon, pour prendre le large en emmenant notre enfant ?Du reste, n'est-ce pas ainsi que le berger phrygien pénétra à Lacédémoneet emmena la fille de Léda, Hélène, vers la ville de Troie ?7, 365 Et la bonne foi, sacrée pour toi ? Et le soin ancestral que tu prenais des tiens ?Et ta parole tant de fois donnée à Turnus, un homme de ton sang ?Si l'on exige pour les Latins un gendre venu d'une race étrangère,si cet arrêt est établi, si les ordres de ton père Faunus t'y contraignent,alors une terre, affranchie de notre sceptre et distincte de nous,7, 370 est bien, à mon avis, une terre étrangère, et c'est bien ce que disent les dieux.

Quant à Turnus, si l'on recherchait l'origine véritable de sa race,il descend d'Inachus et d'Acrisius, et du coeur même de Mycènes".Elle comprend que ces paroles sont vaines, en voyant Latinusinébranlable. Dès lors, le maléfique serpent qui l'affole7, 375 s'insinue jusqu'au fond de ses entrailles et la possède tout entière.Alors la malheureuse, excitée par ces monstres puissants,en plein délire, sans retenue, court comme une furie à travers l'immense cité.Telle parfois une toupie tourbillonnant sous le coup qui l'entraîne,quand des groupes d'enfants, absorbés par leur jeu, la manient7, 380 près des atriums déserts en l'activant avec une lanière,s'emporte en dessinant de larges cercles; debout, sans comprendre,les enfants restent stupéfaits et admirent le buis tournoyant;des coups animent la toupie. Dans une course tout aussi agitée,la reine est emportée au milieu de la ville et de ses fiers habitants.

7, 385 Bien plus encore, elle est comme possédée par Bacchus,son crime se fait plus grand, sa fureur s'accroît;elle vole vers les collines et cache sa fille sous les vertes frondaisons,elle veut arracher leur mariage aux Troyens et retarder les torches nuptiales.Toute frémissante, elle crie Evohe Bacche, hurlant que toi seul7, 390 tu es digne de sa fille, que pour toi elle prend les thyrses flexibles,t'honore dans un choeur et déploie devant toi sa chevelure sacrée.La rumeur s'envole, et les Furies enflamment le coeur des matrones;la même ardeur les pousse toutes ensemble à chercher de nouveaux toits;elles ont déserté leurs maisons, nuques et cheveux livrés aux vents,7, 395 tandis que d'autres femmes emplissent l'air de hurlements effrayés,et, enveloppées de peaux, portent des hampes chargées de pampres.Au mileu, la reine emportée tient un pin enflamméet chante les noces de sa fille et de Turnus.

Elle roule des yeux injectés de sang, et soudain s'écrie, le regard farouche :7, 400 "Io, mères Latines, où que vous soyez, écoutez :si l'infortunée Amata garde quelque prestige auprès des âmes pieuses,si vous vous en souciez, si les droits d'une mère vous rongent le coeur,dénouez les rubans de vos cheveux, célébrez avec moi les orgies".Ainsi, au milieu des forêts, au milieu des étendues vides où vivent les fauves,7, 405 de tous côtés, Allecto harcèle la reine avec les aiguillons de Bacchus.

femmes sauvages et scandaleuses

Bacchantes

De quoi les bacchantes sont capables

Orphée et les ménades

VIDEO

+info

© Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Les Bacchantes pour les Romains, les Bacchantes étaient l’équivalent des Ménades grecques. Elles accompagnaient Bacchus, de la même façon que les Ménades accompagnaient Dionysos, auquel ils avaient assimilé leur propre dieu du vin. De nombreux bas-reliefs les représentent demi-nues, et couvertes seulement d'un voile léger, ou de peaux de tigres passées en écharpe, la tête couronnée de lierre, les yeux égarés et le thyrse a la main. Quelquefois ou les voit chaussées du cothurne, les reins ceints de pampres, la tête ornée de guirlandes de smilax, de chêne, de sapin ou de laurier. Elles faisaient retentir l'air de leurs hurlements et du bruit de leurs instruments barbares, criant : Evohé! lo Bacche! etc., menaçant et frappant les spectateurs, formant des thyases ou danses qui consistaient en bonds irréguliers et convulsifs, déchirant de jeunes taureaux, mangeant leur chair crue, répandant de tous côtés du lait, du vin, du miel.

+info

texte issu du site Imago mundi

© Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

+info

une allusion au scandale des bacchanales ?

Zola ou la servante écarlate

Femmes sauvages

GDomaine Public https://www.metmuseum.org/art/collection/search/199615

Cinquième partie, chapitre 6

Germinal de zola

Pourtant, ce n’était pas Rasseneur, c’était Étienne qui enfonçait à coups de hache le magasin de Maigrat. Et il appelait toujours les camarades : est-ce que les marchandises, là-dedans, n’appartenaient pas aux charbonniers ? est-ce qu’ils n’avaient pas le droit de reprendre leur bien à ce voleur qui les exploitait depuis si longtemps, qui les affamait sur un mot de la Compagnie ? Peu à peu, tous lâchaient l’hôtel du directeur, accouraient au pillage de la boutique voisine. Le cri : du pain ! du pain ! du pain ! grondait de nouveau. On en trouverait, du pain, derrière cette porte. Une rage de faim les soulevait, comme si, brusquement, ils ne pouvaient attendre davantage, sans expirer sur cette route. De telles poussées se ruaient dans la porte, qu’Étienne craignait de blesser quelqu’un, à chaque volée de la hache.Cependant, Maigrat, qui avait quitté le vestibule de l’hôtel, s’était d’abord réfugié dans la cuisine ; mais il n’y entendait rien, il y rêvait des attentats abominables contre sa boutique ; et il venait de remonter pour se cacher derrière la pompe, dehors, lorsqu’il distingua nettement les craquements de la porte, les vociférations de pillage, où se mêlait son nom. Ce n’était donc pas un cauchemar : s’il ne voyait pas, il entendait maintenant, il suivait l’attaque, les oreilles bourdonnantes. Chaque coup de cognée lui entrait en plein cœur. Un gond avait dû sauter, encore cinq minutes, et la boutique était prise. Cela se peignait dans son crâne en images réelles, effrayantes, les brigands qui se ruaient, puis les tiroirs forcés, les sacs éventrés, tout mangé, tout bu, la maison elle-même emportée, plus rien, pas même un bâton pour aller mendier au travers des villages.

Non, il ne leur permettrait pas d’achever sa ruine, il préférait y laisser la peau. Depuis qu’il était là, il apercevait à une fenêtre de sa maison, sur la façade en retour, la chétive silhouette de sa femme, pâle et brouillée derrière les vitres : sans doute elle regardait arriver les coups, de son air muet de pauvre être battu. Au-dessous, il y avait un hangar, placé de telle sorte, que, du jardin de l’hôtel, on pouvait y monter en grimpant au treillage du mur mitoyen ; puis, de là, il était facile de ramper sur les tuiles, jusqu’à la fenêtre. Et l’idée de rentrer ainsi chez lui le torturait à présent, dans son remords d’en être sorti. Peut-être aurait-il le temps de barricader le magasin avec des meubles ; même il inventait d’autres défenses héroïques, de l’huile bouillante, du pétrole enflammé, versé d’en haut. Mais cet amour de ses marchandises luttait contre sa peur, il râlait de lâcheté combattue. Tout d’un coup, il se décida, à un retentissement plus profond de la hache. L’avarice l’emportait, lui et sa femme couvriraient les sacs de leur corps, plutôt que d’abandonner un pain.Des huées, presque aussitôt, éclatèrent.— Regardez ! regardez !… Le matou est là-haut ! au chat ! au chat !

La bande venait d’apercevoir Maigrat, sur la toiture du hangar. Dans sa fièvre, malgré sa lourdeur, il avait monté au treillage avec agilité, sans se soucier des bois qui cassaient ; et, maintenant, il s’aplatissait le long des tuiles, il s’efforçait d’atteindre la fenêtre. Mais la pente se trouvait très raide, il était gêné par son ventre, ses ongles s’arrachaient. Pourtant, il se serait traîné jusqu’en haut, s’il ne s’était mis à trembler, dans la crainte de recevoir des pierres ; car la foule, qu’il ne voyait plus, continuait à crier, sous lui :— Au chat ! au chat !… Faut le démolir !Et, brusquement, ses deux mains lâchèrent à la fois, il roula comme une boule, sursauta à la gouttière, tomba en travers du mur mitoyen, si malheureusement, qu’il rebondit du côté de la route, où il s’ouvrit le crâne, à l’angle d’une borne. La cervelle avait jailli. Il était mort. Sa femme, en haut, pâle et brouillée derrière les vitres, regardait toujours.D’abord, ce fut une stupeur. Étienne s’était arrêté, la hache glissée des poings. Maheu, Levaque, tous les autres, oubliaient la boutique, les yeux tournés vers le mur, où coulait lentement un mince filet rouge. Et les cris avaient cessé, un silence s’élargissait dans l’ombre croissante.

Non, il ne leur permettrait pas d’achever sa ruine, il préférait y laisser la peau. Depuis qu’il était là, il apercevait à une fenêtre de sa maison, sur la façade en retour, la chétive silhouette de sa femme, pâle et brouillée derrière les vitres : sans doute elle regardait arriver les coups, de son air muet de pauvre être battu. Au-dessous, il y avait un hangar, placé de telle sorte, que, du jardin de l’hôtel, on pouvait y monter en grimpant au treillage du mur mitoyen ; puis, de là, il était facile de ramper sur les tuiles, jusqu’à la fenêtre. Et l’idée de rentrer ainsi chez lui le torturait à présent, dans son remords d’en être sorti. Peut-être aurait-il le temps de barricader le magasin avec des meubles ; même il inventait d’autres défenses héroïques, de l’huile bouillante, du pétrole enflammé, versé d’en haut. Mais cet amour de ses marchandises luttait contre sa peur, il râlait de lâcheté combattue. Tout d’un coup, il se décida, à un retentissement plus profond de la hache. L’avarice l’emportait, lui et sa femme couvriraient les sacs de leur corps, plutôt que d’abandonner un pain.Des huées, presque aussitôt, éclatèrent.— Regardez ! regardez !… Le matou est là-haut ! au chat ! au chat !

Tout de suite, les huées recommencèrent. C’étaient les femmes qui se précipitaient, prises de l’ivresse du sang.— Il y a donc un bon Dieu ! Ah ! cochon, c’est fini !Elles entouraient le cadavre encore chaud, elles l’insultaient avec des rires, traitant de sale gueule sa tête fracassée, hurlant à la face de la mort la longue rancune de leur vie sans pain.— Je te devais soixante francs, te voilà payé, voleur ! dit la Maheude, enragée parmi les autres. Tu ne me refuseras plus crédit… Attends ! attends ! il faut que je t’engraisse encore.De ses dix doigts, elle grattait la terre, elle en prit deux poignées, dont elle lui emplit la bouche, violemment.— Tiens ! mange donc !… Tiens ! mange, mange, toi qui nous mangeais !Les injures redoublèrent, pendant que le mort, étendu sur le dos, regardait, immobile, de ses grands yeux fixes, le ciel immense d’où tombait la nuit. Cette terre, tassée dans sa bouche, c’était le pain qu’il avait refusé. Et il ne mangerait plus que de ce pain-là, maintenant. Ça ne lui avait guère porté bonheur, d’affamer le pauvre monde.Mais les femmes avaient à tirer de lui d’autres vengeances. Elles tournaient en le flairant, pareilles à des louves. Toutes cherchaient un outrage, une sauvagerie qui les soulageât.

On entendit la voix aigre de la Brûlé.— Faut le couper comme un matou !— Oui, oui ! au chat ! au chat !… Il en a trop fait, le salaud !Déjà, la Mouquette le déculottait, tirait le pantalon, tandis que la Levaque soulevait les jambes. Et la Brûlé, de ses mains sèches de vieille, écarta les cuisses nues, empoigna cette virilité morte. Elle tenait tout, arrachant, dans un effort qui tendait sa maigre échine et faisait craquer ses grands bras. Les peaux molles résistaient, elle dut s’y reprendre, elle finit par emporter le lambeau, un paquet de chair velue et sanglante, qu’elle agita, avec un rire de triomphe :— Je l’ai ! je l’ai !Des voix aiguës saluèrent d’imprécations l’abominable trophée.— Ah ! bougre, tu n’empliras plus nos filles !— Oui, c’est fini de te payer sur la bête, nous n’y passerons plus toutes, à tendre le derrière pour avoir un pain.— Tiens ! je te dois six francs, veux-tu prendre un acompte ? moi, je veux bien, si tu peux encore !

Cette plaisanterie les secoua d’une gaieté terrible. Elles se montraient le lambeau sanglant, comme une bête mauvaise, dont chacune avait eu à souffrir, et qu’elles venaient d’écraser enfin, qu’elles voyaient là, inerte, en leur pouvoir. Elles crachaient dessus, elles avançaient leurs mâchoires, en répétant, dans un furieux éclat de mépris :— Il ne peut plus ! il ne peut plus !… Ce n’est plus un homme qu’on va foutre dans la terre… Va donc pourrir, bon à rien !La Brûlé, alors, planta tout le paquet au bout de son bâton ; et, le portant en l’air, le promenant ainsi qu’un drapeau, elle se lança sur la route, suivie de la débandade hurlante des femmes. Des gouttes de sang pleuvaient, cette chair lamentable pendait, comme un déchet de viande à l’étal d’un boucher. En haut, à la fenêtre, madame Maigrat ne bougeait toujours pas ; mais, sous la dernière lueur du couchant, les défauts brouillés des vitres déformaient sa face blanche, qui semblait rire. Battue, trahie à chaque heure, les épaules pliées du matin au soir sur un registre, peut-être riait-elle, quand la bande des femmes galopa, avec la bête mauvaise, la bête écrasée, au bout d’un bâton.

Cette mutilation affreuse s’était accomplie dans une horreur glacée. Ni Étienne, ni Maheu, ni les autres n’avaient eu le temps d’intervenir : ils restaient immobiles, devant ce galop de furies.

Pour celles et ceux qui auront vu la quatrième saison jusqu'au bout...

La servante ecarlate la série

D'autres furies autour de vous ?

Next page

genially options