Rapport HCE 2023 sexisme en France

« Parce qu’il existe une continuité entre comportements sexistes et actes de violence, il faut apporter une réponse globale pour combattre le sexisme à tous les stades de ce continuum. »

Le 5e rapport annuel du Haut conseil à l'égalité (HCE) pointe une « situation alarmante », malgré des avancées incontestables pour les droits des femmes. Il soulève l'urgence d'agir :

Baromètre 2023

Le sexisme en France

Les femmes restent traitées inégalement par rapport aux hommes dans toutes les sphères de la société. Le nombre et la gravité d'actes et propos sexistes augmentent, dans l’espace public, professionnel, privé, numérique...

Un constat inquiétant, cinq ans après #MeToo, qui montre que le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes s’aggravent et les jeunes générations sont les plus touchées.

Baromètre Sexisme 2023 HCE

93% des Français·es estiment que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, école, famille...).

Le baromètre montre également que des situations de discrimination, violence et harcèlement sont vécues dans des proportions alarmantes.

Inégalités de traitement

80% des femmes déclarent avoir vécu des situations sexistes au quotidien

Sexisme ordinaire

Les sphères perçues comme les plus inégalitaires sont : - la rue et les transports (pour 57 % d’entre elles) - le foyer (49 %) - le monde du travail (46 %) - l'école ou les études (41 % des femmes âgées de 15 à 24 ans)

seuls 48 % des hommes entre 15 et 34 ans considèrent que l’image des femmes véhiculées par les contenus pornographiques est problématique contre 79 % des hommes âgés de 65 ans et plus

7 hommes sur 10 considèrent qu’on généralise en considérant que « les hommes sont tous sexistes »

23 % des hommes de moins de 35 ans pensent qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter

47 % des hommes estiment qu’il est acceptable d'aborder dans la rue une femme pour lui proposer d’aller boire un verre

40 % des hommes considèrent qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper de leurs enfants

9 femmes sur 10 affirment anticiper les actes et les propos sexistes des hommes et adopterdes conduites d’évitement pour ne pas les subir

Renoncements au quotidien

55 % renoncent à sortir et faire des activités seules 52 % ne s’habillent pas comme elles le souhaitent 41 % veillent à ne pas parler trop fort ou hausser le ton 40 % censurent leur propos par crainte de la réaction des hommes 80 % ont peur de rentrer seules chez elles le soir

37 % des Françaises interrogées ont déjà eu une relation non-consentie

14 % déclarent avoir subi un « acte sexuel imposé », c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol (22 % des femmes de 18 à 24 ans) 22 % ont déjà vécu une situation d’emprise psychologique ou de jalousie excessive imposée par leur conjoint15 % ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire (20 % chez les 50-64 ans)

Violences physiques, sexuelles et psychologiques

16 % des hommes pensent encore qu’une femme agressée sexuellement peut en partie être responsable de sa situation

4 hommes sur 10 considèrent que la lutte antisexiste va trop loin et qu’« on s’acharne sur les hommes » 6 hommes sur 10 estiment que les porte-paroles féministes en font trop 33 % des hommes interrogés pensent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société 23 % des hommes considèrent qu’on en fait trop sur les agressions sexuelles

Les hommes se sentent-ils concernés ?

Seuls 12 % des hommes reconnaissent avoir déjà insisté pour avoir un rapport sexuel alors que leur partenaire n’en avait pas envie 10 % qu’ils ont déjà eu un doute sur le consentement de leur partenaire

Seulement 25 % des Français·es jugent efficace l'action des pouvoirs publics pour lutter contre le sexisme, les violences sexistes et sexuelles et les féminicides. 82 % souhaitent voir la prévention et la lutte contre le sexisme devenir des sujets prioritaires dans l’agenda des pouvoirs publics.

Perte de confiance et attentes

Pour prévenir et lutter contre les actes et propos sexistes, la population interrogée accorde sa confiance à hauteur de :

• 4 % dans le gouvernement
• 35 % dans l'école et l'université
• 37 % dans la justice
• 48 % dans la police et la gendarmerie

pour en savoir plus

Slogan de la campagne nationale du HCE de lutte contre le sexisme du 23 au 27 janvier 2023

Le sexisme,on ne sait pas toujourscomment ça commence,mais on sait commentça se termine...

Anne-Cécile MAILFERT, présidente de la Fondation des Femmes

#MeToo est un mouvement de victimes sans coupables. #MeToo reste à faire pour résoudre le paradoxe d’une société convaincue d’avoir pris conscience de l’ampleur des violences sexuelles, mais qui n’en tire aucune conséquence pour ceux qui en sont les responsables.