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Tristan et Iseult 5e2

christine.wilson

Created on April 17, 2022

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Transcript

Tristan et Iseult

Les romans de chevalerie sont écrits au Moyen-Âge, entre le XIIe siècle et le XIIIe siècle;

Où se déroule l'histoire ?

De quand date la légende de Tristan et Iseut ?

Bravo ! L'on trouve un certain nombre d'éléments qui annoncent les versions postérieures de Tristan et Iseut dès le Xe siècle.

Suivant...

Retrouveras-tu Tristan ?

https://fr.wikipedia.org/wiki/Armorial_des_chevaliers_de_la_Table_ronde

https://www.heraldique.net/archives/mode-emploi-3.html

C'est bien Tristan ! Son blason est de sinople au lion d'or.

Suivant

1 Qu’est-ce que la matière de Bretagne ?

Ce sont les légendes de Grande Bretagne uniquement.

Elle désigne l'ensemble des textes du Moyen Âge et légendes de l'île de Bretagne, de l'Armorique actuelle...,

C'est la région de Bretagne.

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Apparition du saint graal aux chevaliers de la Table Ronde - Atelier d'Evrard d'Espingues vers 1470 © BNF / BNF

Tu peux poursuivre le parcours de de lecture !

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La naissance de Tristan

Aux temps anciens, le roi Marc régnait en Cornouailles. Ayant appris que ses ennemis le guerroyaient, Rivalen, roi de Loonnois, franchit la mer pour lui porter son aide. Il le servit par l’épée et par le conseil, comme eût fait un vassal, si fidèlement que Marc lui donna en récompense la belle Blanchefleur, sa sœur, que le roi Rivalen aimait d’un merveilleux amour.Il la prit à femme au moutier de Tintagel. Mais à peine l’eut-il épousée, la nouvelle lui vint que son ancien ennemi, le duc Morgan, s’étant abattu sur le Loonnois, ruinait ses bourgs, ses champs, ses villes. Rivalen équipa ses nefs hâtivement, et emporta Blanchefleur, qui se trouvait grosse, vers sa terre lointaine. Il atterrit devant son château de Kanoël, confia la reine à la sauvegarde de son maréchal Rohalt, Rohalt que tous, pour sa loyauté, appelaient d’un beau nom, Rohalt le Foi-Tenant ; puis, ayant rassemblé ses barons, Rivalen partit pour soutenir sa guerre.Blanchefleur l’attendit longuement. Hélas ! il ne devait pas revenir. Un jour, elle apprit que le duc Morgan l’avait tué en trahison. Elle ne le pleura point : ni cris, ni lamentations, mais ses membres devinrent faibles et vains ; son âme voulut, d’un fort désir, s’arracher de son corps. Rohalt s’efforçait de la consoler :« Reine, disait-il, on ne peut rien gagner à mettre deuil sur deuil ; tous ceux qui naissent ne doivent-ils pas mourir ? Que Dieu reçoive les morts et préserve les vivants !… »Mais elle ne voulut pas l’écouter. Trois jours elle attendit de rejoindre son cher seigneur. Au quatrième jour, elle mit au monde un fils, et, l’ayant pris entre ses bras :« Fils, lui dit-elle, j’ai longtemps désiré de te voir ; et je vois la plus belle créature que femme ait jamais portée. Triste j’accouche, triste est la première fête que je te fais, à cause de toi j’ai tristesse à mourir. Et comme ainsi tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom Tristan. »Quand elle eut dit ces mots, elle le baisa, et, sitôt qu’elle l’eut baisé, elle mourut.

Question 1/10

Qui est le père de Tristan?

Le duc Morgan answer

Le roi Marcanswer

Le roi Rivalen answer

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Question 2/10

Quelle est l'origine du prénom de Tristan?

C'est son nom de chavalier choisi par le roi Marc lors de son adoubement.

Du mot tristesse, ses parents sont morts, son père au combat, sa mère à sa naissance.

C'est son père qui l'a baptisé ainsi. answer

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Question 3/10

Rohalt le Foi Tenant révèle au roi Marc la véritable identité de Tristan, il est...

Un messager, joueur de harpe .

Son cousin, fils du roi Arthur.

Son neveu, fils de Blanchefleur. answer

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Question 4/10

Que devient alors Tristan ?

Tristan fut adoubé par le roi Marc.

Tristan fut banni.

Tristan s'en retourna dans le Loonois avec son père adoptif.

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Le combat contre le Morholt

Tristan monta seul dans une barque et cingla vers l’île Saint-Samson. Mais le Morholt avait tendu à son mât une voile de riche pourpre, et le premier il aborda dans l’île. Il attachait sa barque au rivage, quand Tristan, touchant terre à son tour, repoussa du pied la sienne vers la mer.« Vassal, que fais-tu ? dit le Morholt, et pourquoi n’as-tu pas retenu comme moi ta barque par une amarre ?— Vassal, à quoi bon ? répondit Tristan. L’un de nous deux reviendra seul vivant d’ici : une seule barque ne lui suffit-elle pas ? »Et tous deux, s’excitant au combat par des paroles outrageuses, s’enfoncèrent dans l’île.Nul ne vit l’âpre bataille, mais par trois fois, il sembla que la brise de mer portait au rivage un cri furieux. Alors, en signe de deuil, les femmes battaient leurs paumes en chœur, et les compagnons du Morholt, massés à l’écart devant leurs tentes, riaient. Enfin, vers l’heure de none, on vit au loin se tendre la voile de pourpre ; la barque de l’Irlandais se détacha de l’île, et une clameur de liesse retentit : « Le Morholt ! le Morholt ! » Mais, comme la barque grandissait, soudain, au sommet d’une vague, elle montra un chevalier qui se dressait à la proue ; chacun de ses poings tendait une épée brandie : c’était Tristan. Aussitôt vingt barques volèrent à sa rencontre, et les jeunes hommes se jetaient à la nage. Le preux s’élança sur la grève, et, tandis que les mères à genoux baisaient ses chausses de fer, il cria aux compagnons du Morholt :« Seigneurs d’Irlande, le Morholt a bien combattu. Voyez : mon épée est ébréchée, un fragment de la lame est resté enfoncé dans son crâne. Emportez ce morceau d’acier, seigneurs : c’est le tribut de la Cornouailles ! »

Question 5/10

Pourquoi Tristan affronte-t-il le Morholt?

Il combat pour le maréchal Rouhault.

Il se propose de combattre le Morholt pour libérer la Cornouailles d'un tribut de jeune gens dû à l'Irlande.

Il participe à un tournoi.

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Question 7/10

Après le combat contre le Morholt, Tristan est...

à égalité avec son adversaire.

vaincu et rentre à Tintagel

blessé et son épée ébréchée mais le Morholt est mort.

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Mais, à Tintagel, Tristan languissait : un sang venimeux découlait de ses blessures. Les médecins connurent que le Morholt avait enfoncé dans sa chair un épieu empoisonné, et, comme leurs boissons et leur thériaque ne pouvaient le sauver, ils le remirent à la garde de Dieu. Une puanteur si odieuse s’exhalait de ses plaies que tous ses plus chers amis le fuyaient, tous, sauf le roi Marc, Gorvenal et Dinas de Lidan. Seuls, ils pouvaient demeurer à son chevet, et leur amour surmontait leur horreur. Enfin, Tristan se fit porter dans une cabane construite à l’écart sur le rivage ; et, couché devant les flots, il attendait la mort. Il songeait : « Vous m’avez donc abandonné, roi Marc, moi qui ai sauvé l’honneur de votre terre ? Non, je le sais, bel oncle, que vous donneriez votre vie pour la mienne ; mais que pourrait votre tendresse ? il me faut mourir. Il est doux, pourtant, de voir le soleil, et mon cœur est hardi encore. Je veux tenter la mer aventureuse… Je veux qu’elle m’emporte au loin, seul. Vers quelle terre ? je ne sais, mais là peut-être où je trouverai qui me guérisse. Et peut-être un jour vous servirai-je encore, bel oncle, comme votre harpeur, et votre veneur, et votre bon vassal. »Il supplia tant, que le roi Marc consentit à son désir. Il le porta sur une barque sans rames ni voile, et Tristan voulut qu’on déposât seulement sa harpe près de lui. À quoi bon les voiles que ses bras n’auraient pu dresser ? À quoi bon les rames ? À quoi bon l’épée ? Comme un marinier, au cours d’une longue traversée, lance par-dessus bord le cadavre d’un ancien compagnon, ainsi, de ses bras tremblants, Gorvenal poussa au large la barque où gisait son cher fils, et la mer l’emporta. [...] Hélas ! ce port était Weisefort, où gisait le Morholt, et leur dame était Iseut la Blonde. Elle seule, habile aux philtres, pouvait sauver Tristan ; mais, seule parmi les femmes, elle voulait sa mort. Quand Tristan, ranimé par son art, se reconnut, il comprit que les flots l’avaient jeté sur une terre de péril. Mais, hardi encore à défendre sa vie, il sut trouver rapidement de belles paroles rusées. Il conta qu’il était un jongleur, qui avait pris passage sur une nef marchande ; il naviguait vers l’Espagne pour y apprendre l’art de lire dans les étoiles ; des pirates avaient assailli la nef : blessé, il s’était enfui sur cette barque. On le crut : nul des compagnons du Morholt ne reconnut le beau chevalier de l’île Saint-Samson, si laidement le venin avait déformé ses traits. Mais quand, après quarante jours, Iseut aux cheveux d’or l’eut presque guéri, comme déjà, en ses membres assouplis, commençait à renaître la grâce de la jeunesse, il comprit qu’il fallait fuir ; il s’échappa, et, après maints dangers courus, un jour il reparut devant le roi Marc.

Question 8/10

Qui soigne Tristan à son arrivée au port de Weisefort?

Iseut la Blonde, la nièce du Morholt.

Blanchefleur.

Iseut aux Blanches mains.

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La quête de la belle aux cheveux d'or

À cet instant, par la fenêtre ouverte sur la mer, deux hirondelles qui bâtissaient leur nid entrèrent en se querellant, puis, brusquement effarouchées, disparurent. Mais de leurs becs s’était échappé un long cheveu de femme, plus fin que fil de soie, qui brillait comme un rayon de soleil.Marc, l’ayant pris, fit entrer les barons et Tristan, et leur dit :« Pour vous complaire, seigneurs, je prendrai femme, si toutefois vous voulez quérir celle que j’ai choisie.— Certes, nous le voulons, beau seigneur ; qui donc est celle que vous avez choisie ?— J’ai choisi celle à qui fut ce cheveu d’or, et sachez que je n’en veux point d’autre.— Et de quelle part, beau seigneur, vous vient ce cheveu d’or ? qui vous l’a porté ? et de quel pays ?— Il me vient, seigneurs, de la Belle aux cheveux d’or ; deux hirondelles me l’ont porté ; elles savent de quel pays. »Les barons comprirent qu’ils étaient raillés et déçus. [...] « Roi Marc, vous agissez à grand tort ; et ne voyez-vous pas que les soupçons de ces seigneurs me honnissent ? Mais vainement vous avez préparé cette dérision : j’irai quérir la Belle aux cheveux d’or. Sachez que la quête est périlleuse et qu’il me sera plus malaisé de retourner de son pays que de l’île où j’ai tué le Morholt ; mais de nouveau je veux mettre pour vous, bel oncle, mon corps et ma vie à l’aventure. Afin que vos barons connaissent si je vous aime d’amour loyal, j’engage ma foi par ce serment : ou je mourrai dans l’entreprise, ou je ramènerai en ce château de Tintagel la Reine aux blonds cheveux.»

Question 9/10

Pourquoi le roi Marc doit-il se marier?

Le roi Marc souhaite se marier.

Le roi Marc est vieux et seul.

Ses Barons, jaloux de Tristan, réclament un héritier légitime.

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Question 10/10

Qui le roi Marc épousera-t-il?

Le roi Marc épousera celle qui comprend le langage des oiseaux.

Le roi Marc épousera la Dame du Lac.

Le roi Marc épousera celle à qui appartient le cheveu d'or..

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Question 10/10

Pourquoi Tristan veut-il affronter le dragon?

Tristan veut affronter le dragon parce que le roi d'Irlande donnera sa fille, Iseut la Blonde au vainqueur.

Tristan doit se faire pardonner du Roi Marc.

Tristan veut mourir au combat.

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d) Alors Tristan montra la langue du dragon, et offrit la bataille au sénéchal, qui n’osa l’accepter et reconnut son forfait. Puis Tristan parla ainsi : « Seigneurs, j’ai tué le Morholt, mais j’ai franchi la mer pour vous offrir belle amendise. Afin de racheter le méfait, j’ai mis mon corps en péril de mort et je vous ai délivrés du monstre, et voici que j’ai conquis Iseut la Blonde, la belle. L’ayant conquise, je l’emporterai donc sur ma nef. Mais, afin que par les terres d’Irlande et de Cornouailles se répande non plus la haine, mais l’amour, sachez que le roi Marc, mon cher seigneur, l’épousera.

a) Iseut la Blonde frémissait de honte et d’angoisse. Ainsi Tristan, l’ayant conquise, la dédaignait ; le beau conte du Cheveu d’or n’était que mensonge, et c’est à un autre qu’il la livrait…

b) Iseut l’aimait. Elle voulait le haïr, pourtant : ne l’avait-il pas vilement dédaignée ? Elle voulait le haïr, et ne pouvait, irritée en son coeur de cette tendresse plus douloureuse que la haine. Brangien les observait avec angoisse, plus cruellement tourmentée encore, car seule elle savait quel mal elle avait causé. Deux jours elle les épia, les vit repousser toute nourriture, tout breuvage et tout réconfort, se chercher comme des aveugles qui marchent à tâtons l’un vers l’autre, malheureux quand ils languissaient séparés, plus malheureux encore quand, réunis, ils tremblaient devant l’horreur du premier aveu.

e) Elle posa son bras sur l’épaule de Tristan ; des larmes éteignirent le rayon de ses yeux, ses lèvres tremblèrent. Il répéta : « Amie, qu’est-ce donc qui vous tourmente ? » Elle répondit : « L’amour de vous.» Alors il posa ses lèvres sur les siennes.

c) Comme le soleil brûlait et qu’ils avaient soif, ils demandèrent à boire. L’enfant chercha quelque breuvage, tant qu’elle découvrit le coutret confié à Brangien par la mère d’Iseut. « J’ai trouvé du vin ! » leur cria-t-elle. Non, ce n’était pas du vin : c’était la passion, c’était l’âpre joie et l’angoisse sans fin, et la mort. L’enfant remplit un hanap et le présenta à sa maîtresse. Elle but à longs traits, puis le tendit à Tristan, qui le vida. À cet instant, Brangien entra et les vit qui se regardaient en silence, comme égarés et comme ravis. Elle vit devant eux le vase presque vide et le hanap. Elle prit le vase, courut à la poupe, le lança dans les vagues et gémit :« Malheureuse ! maudit soit le jour où je suis née et maudit le jour où je suis montée sur cette nef ! Iseut, amie, et vous, Tristan, c’est votre mort que vous avez bue ! »

f) La nef, tranchant les vagues profondes, emportait Iseut. Mais, plus elle s’éloignait de la terre d’Irlande, plustristement la jeune fille se lamentait. Assise sous la tente où elle s’était renfermée avec Brangien, sa servante,elle pleurait au souvenir de son pays. Où ces étrangers l’entraînaient-ils ? Vers qui ? Vers quelle destinée ? QuandTristan s’approchait d’elle et voulait l’apaiser par de douces paroles, elle s’irritait, le repoussait, et la hainegonflait son coeur. Il était venu, lui le ravisseur, lui, le meurtrier du Morholt ; il l’avait arrachée par ses ruses à samère et à son pays ; il n’avait pas daigné la garder pour lui-même, et voici qu’il l’emportait, comme sa proie, sur lesflots, vers la terre ennemie ! « Chétive ! disait-elle, maudite soit la mer qui me porte ! Mieux aimerais-je mourirsur la terre où je suis née que vivre là-bas !… »

c) a) f) d) b) e)

d) a) f) c) b) e)

f) a) d) c) b) e)

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Le grand pin

Le nain bossu avait dit vrai : le roi n’attendit pas longuement. Cette nuit, la lune brillait, claire et belle. Caché dans la ramure, le roi vit son neveu bondir par-dessus les pieux aigus. Tristan vint sous l’arbre et jeta dans l’eau les copeaux et les branchages. Mais, comme il s’était penché sur la fontaine en les jetant, il vit, réfléchie dans l’eau, l’image du roi. Ah ! s’il pouvait arrêter les copeaux qui fuient ! Mais non, ils courent, rapides, par le verger. Là-bas, dans les chambres des femmes, Iseut épie leur venue ; déjà, sans doute, elle les voit, elle accourt. Que Dieu protège les amants ! Elle vient. Assis, immobile, Tristan la regarde, et dans l’arbre, il entend le crissement de la flèche qui s’encoche dans la corde de l’arc. Elle vient, agile et prudente pourtant, comme elle avait coutume. « Qu’est-ce donc ? pensa-t-elle. Pourquoi Tristan n’accourt-il pas ce soir à ma rencontre ? Aurait-il vu quelque ennemi ? » Elle s’arrête, fouille du regard les fourrés noirs ; soudain, à la clarté de la lune, elle aperçut à son tour l’ombre du roi dans la fontaine. Elle montra bien la sagesse des femmes, en ce qu’elle ne leva point les yeux vers les branches de l’arbre : « Seigneur Dieu ! dit-elle tout bas, accordez-moi seulement que je puisse parler la première ! » Elle s’approche encore. Écoutez comme elle devance et prévient son ami : « Sire Tristan, qu’avez-vous osé ? M’attirer en tel lieu, à telle heure ! Maintes fois déjà vous m’aviez mandée, pour me supplier, disiez-vous. Et par quelle prière ? Qu’attendez-vous de moi ? Je suis venue enfin, car je n’ai pu l’oublier, si je suis reine, je vous le dois. Me voici donc : que voulez-vous ? — Reine, vous crier merci, afin que vous apaisiez le roi ! » Elle tremble et pleure. Mais Tristan loue le Seigneur Dieu, qui a montré le péril à son amie. « Oui reine, je vous ai mandée souvent et toujours en vain : jamais, depuis que le roi m’a chassé, vous n’avez daigné venir à mon appel. Mais prenez en pitié le chétif que voici ; le roi me hait, j’ignore pourquoi ; mais vous le savez peut-être ; et qui donc pourrait charmer sa colère, sinon vous seule, reine franche, courtoise Iseut, en qui son cœur se fie ? — En vérité, sire Tristan, ignorez-vous encore qu’il nous soupçonne tous les deux ? Et de quelle traîtrise ! Faut-il, par surcroît de honte, que ce soit moi qui vous l’apprenne ? Mon seigneur croit que je vous aime d’amour coupable. Dieu le sait pourtant, et, si je mens, qu’il honnisse mon corps ! jamais je n’ai donné mon amour à nul homme, hormis à celui qui le premier m’a prise, vierge, entre ses bras. Et vous voulez, Tristan, que j’implore du roi votre pardon ? Mais s’il savait seulement que je suis venue sous ce pin, demain il ferait jeter ma cendre aux vents ! »

Quand Tristan et Iseut se retrouvent-ils secrètement, lorsque Tristan est chassé du château à cause des soupçons des barons?

Ils se retrouvent dans la forêt de Morois.

Tristan et Iseut se retouvent la nuit dans le verger, sous un grand pin.

Ils se retrouvent dans la maisonnette de l'ermite.

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Quand le roi Marc vient épier les amoureux dénoncés par les barons et sur les conseils du nain Frocin, que se passe-t-il?

Le roi Marc découvre son neveu et la reine en train de s'embrasser.

Iseut ne vient pas au rendez-vous.

Les amants ont vu le reflet du roi Marc dans l'eau de la fontaine et adaptent leur discours.

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LE NAIN FROCINLe roi Marc a fait sa paix avec Tristan. Il lui a donné congé de revenir au château, et, comme naguère, Tristan couche dans la chambre du roi parmi les privés et les fidèles. À son gré, il y peut entrer, il en peut sortir : le roi n’en a plus souci. Mais qui donc peut longtemps tenir ses amours secrètes ?Marc avait pardonné aux félons, et comme le sénéchal Dinas de Lidan avait un jour trouvé dans une forêt lointaine, errant et misérable, le nain bossu, il le ramena au roi, qui eut pitié et lui pardonna son méfait.Mais sa bonté ne fit qu’exciter la haine des barons ; ayant de nouveau surpris Tristan et la reine, ils se lièrent par ce serment : si le roi ne chassait pas son neveu hors du pays, ils se retireraient dans leurs forts châteaux pour le guerroyer. Ils appelèrent le roi à parlement :« Seigneur, aime-nous, hais-nous, à ton choix : mais nous voulons que tu chasses Tristan. Il aime la reine, et le voit qui veut ; mais nous, nous ne le souffrirons plus. »Le roi les entend, soupire, baisse le front vers la terre, se tait. [...] Alors le nain fit une laide félonie. Il entra chez un boulanger et lui prit pour quatre deniers de fleur de farine qu’il cacha dans le giron de sa robe. Ah ! qui se fût jamais avisé de telle traîtrise ? La nuit venue, quand le roi eut pris son repas et que ses hommes furent endormis par la vaste salle voisine de sa chambre, Tristan s’en vint, comme il avait coutume, au coucher du roi Marc.« Beau neveu, faites ma volonté : vous chevaucherez vers le roi Arthur jusqu’à Carduel, et vous lui ferez déplier ce bref. Saluez-le de ma part et ne séjournez qu’un jour auprès de lui.— Roi, je le porterai demain.— Oui, demain, avant que le jour se lève. »Voilà Tristan en grand émoi. De son lit au lit de Marc il y avait bien la longueur d’une lance. Un désir furieux le prit de parler à la reine, et il se promit en son cœur que, vers l’aube, si Marc dormait, il se rapprocherait d’elle. Ah ! Dieu ! la folle pensée !Le nain couchait, comme il en avait coutume, dans la chambre du roi. Quand il crut que tous dormaient, il se leva et répandit entre le lit de Tristan et celui de la reine la fleur de farine : si l’un des deux amants allait rejoindre l’autre, la farine garderait la forme de ses pas. [...] À minuit, le roi se leva et sortit, suivi du nain bossu. Il faisait noir dans la chambre : ni cierge allumé, ni lampe. Tristan se dressa debout sur son lit. Dieu ! pourquoi eut-il cette pensée ? Il joint les pieds, estime la distance, bondit et retombe sur le lit du roi. Hélas ! la veille, dans la forêt, le boutoir d’un grand sanglier l’avait navré à la jambe, et, pour son malheur, la blessure n’était point bandée. Dans l’effort de ce bond, elle s’ouvre, saigne, mais Tristan ne voit pas le sang qui fuit et rougit les draps. Et dehors, à la lune, le nain, par son art de sortilège, connut que les amants étaient réunis.

Tristan est tout de même démasqué à cause d'une ruse de Frocin. Laquelle?

Frocin a préparé un philtre de vérité.

Frocin répand une farine dans la chambre de la reine, et Tristan blessé par un sanglier, saigne.

Frocin épie lui-même les amants et les surprend.

VIII LE SAUT DE LA CHAPELLE Par la cité, dans la nuit noire, la nouvelle court : Tristan et la reine ont été saisis ; le roi veut les tuer. Riches bourgeois et petites gens, tous pleurent. [...] Les gardes et Tristan descendent hors de la ville, vers le bûcher.[...] Près de la route où Tristan passait, au faîte d’un roc et tournée vers la bise, une chapelle se dressait sur la mer.Le mur du chevet était posé au ras d’une falaise, haute, pierreuse, aux escarpements aigus ; dans l’abside, sur le précipice, était une verrière, œuvre habile d’un saint. Tristan dit à ceux qui le menaient :« Seigneurs, voyez cette chapelle ; permettez que j’y entre. Ma mort est prochaine, je prierai Dieu qu’il ait merci de moi, qui l’ai tant offensé. Seigneurs, la chapelle n’a d’autre issue que celle-ci ; chacun de vous tient son épée ; vous savez bien que je ne puis passer que par cette porte, et quand j’aurai prié Dieu, il faudra bien que je me remette entre vos mains ! »L’un des gardes dit :« Nous pouvons bien le lui permettre. »Ils le laissèrent entrer. Il court par la chapelle, franchit le chœur, parvient à la verrière de l’abside, saisit la fenêtre, l’ouvre et s’élance… Plutôt cette chute que la mort sur le bûcher, devant telle assemblée !Mais sachez, seigneurs, que Dieu lui fit belle merci ; le vent se prend en ses vêtements, le soulève, le dépose sur une large pierre au pied du rocher. Les gens de Cornouailles appellent encore cette pierre le « Saut de Tristan ».Et devant l’église les autres l’attendaient toujours. Mais pour néant, car c’est Dieu maintenant qui l’a pris en sa garde. Il fuit...

Le roi délace son manteau aux attaches d’or fin, le rejette, et son beau corps apparaît. Il tire son épée hors de la gaine, et redit en son cœur qu’il veut mourir s’il ne les tue. Le forestier le suivait ; il lui fait signe de s’en retourner. Il pénètre, seul, sous la hutte, l’épée nue, et la brandit… Ah ! quel deuil s’il assène ce coup ! Mais il remarqua que leurs bouches ne se touchaient pas et qu’une épée nue séparait leurs corps : « Dieu ! se dit-il, que vois-je ici ? Faut-il les tuer ? Depuis si longtemps qu’ils vivent en ce bois, s’ils s’aimaient de fol amour, auraient-ils placé cette épée entre eux ? Et chacun ne sait-il pas qu’une lame nue, qui sépare deux corps, est garante et gardienne de chasteté ? S’ils s’aimaient de fol amour, reposeraient-ils si purement ? Non, je ne les tuerai pas ; ce serait grand péché de les frapper ; et si j’éveillais ce dormeur et que l’un de nous deux fût tué, on en parlerait longtemps, et pour notre honte. Mais je ferai qu’à leur réveil ils sachent que je les ai trouvés endormis, que je n’ai pas voulu leur mort, et que Dieu les a pris en pitié. » Le soleil, traversant la hutte, brûlait la face blanche d’Iseut. Le roi prit ses gants parés d’hermine : « C’est elle, songeait-il, qui, naguère, me les apporta d’Irlande !… » Il les plaça dans la feuillée pour fermer le trou par où le rayon descendait ; puis il retira doucement la bague aux pierres d’émeraude qu’il avait donnée à la reine ; naguère il avait fallu forcer un peu pour la lui passer au doigt ; maintenant ses doigts étaient si grêles que la bague vint sans effort : à la place, le roi mit l’anneau dont Iseut, jadis, lui avait fait présent. Puis il enleva l’épée qui séparait les amants, celle-là même — il la reconnut — qui s’était ébréchée dans le crâne du Morholt, posa la sienne à la place, sortit de la loge.

Tristan et iseut se cachent dans la forêt de Morois. Que fait le roi Marc en les découvrant ?

Il les fera brûler.

Le roi Marc les épargne et échange anneau et épée en signe de réconcilaition.

Il va chercher ses gardes pour les faire emprisonner.

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L'ermite Ogrin et Le Gué Aventureux

Vers la mi-nuit, Tristan traversa la Blanche-Lande, trouva le bref et l’apporta scellé à l’ermite Ogrin. L’ermite lui lut les lettres : Marc consentait, sur le conseil de tous ses barons, à reprendre Iseut, mais non à garder Tristan comme soudoyer ; pour Tristan, il lui faudrait passer la mer, quand, à trois jours de là, au Gué Aventureux, il aurait remis la reine entre les mains de Marc. « Dieu ! dit Tristan, quel deuil de vous perdre, amie ! Il le faut, pourtant, puisque la souffrance que vous supportiez à cause de moi, je puis maintenant vous l’épargner. Quand viendra l’instant de nous séparer, je vous donnerai un présent, gage de mon amour. Du pays inconnu où je vais, je vous enverrai un messager ; il me redira votre désir, amie, et, au premier appel, de la terre lointaine, j’accourrai. » Iseut soupira et dit : « Tristan, laisse-moi Husdent, ton chien. Jamais limier de prix n’aura été gardé à plus d’honneur. Quand je le verrai, je me souviendrai de toi et je serai moins triste. Ami, j’ai un anneau de jaspe vert, prends-le pour l’amour de moi, porte-le à ton doigt : si jamais un messager prétend venir de ta part, je ne le croirai pas, quoi qu’il fasse ou qu’il dise, tant qu’il ne m’aura pas montré cet anneau. Mais, dès que je l’aurai vu, nul pouvoir, nulle défense royale, ne m’empêcheront de faire ce que tu m’auras mandé, que ce soit sagesse ou folie. — Amie, je vous donne Husdent. — Ami, prenez cet anneau en récompense. » Et tous deux se baisèrent sur les lèvres.

Le jugement par le fer rouge

Au jour marqué pour le jugement, le roi Marc, Iseut et les barons de Cornouailles, ayant chevauché jusqu’à la Blanche-Lande, parvinrent en bel arroi devant le fleuve, et, massés au long de l’autre rive, les chevaliers d’Artur les saluèrent de leurs bannières brillantes.Devant eux, assis sur la berge, un pèlerin miséreux, enveloppé dans sa chape, où pendaient des coquilles, tendait sa sébile de bois et demandait l’aumône d’une voix aiguë et dolente.À force de rames, les barques de Cornouailles approchaient. Quand elles furent près d’atterrir, Iseut demanda aux chevaliers qui l’entouraient :« Seigneurs, comment pourrais-je atteindre la terre ferme, sans souiller mes longs vêtements dans cette fange ? Il faudrait qu’un passeur vînt m’aider. »L’un des chevaliers héla le pèlerin :« Ami, retrousse ta chape, descends dans l’eau et porte la reine, si pourtant tu ne crains pas, cassé comme je te vois, de fléchir à mi-route. »L’homme prit la reine dans ses bras. Elle lui dit tout bas : « Ami ! » Puis, tout bas encore : « Laisse-toi choir sur le sable. » [...] Tremblante, elle étendit la main droite vers les ossements des saints, et dit :« Roi de Logres et roi de Cornouailles, sire Gauvain, sire Ké, sire Girflet, et vous tous qui serez mes garants, par ces corps saints et par tous les corps saints qui sont en ce monde, je jure que jamais un homme né de femme ne m’a tenue entre ses bras, hormis le roi Marc, mon seigneur, et le pauvre pèlerin qui, tout à l’heure, s’est laissé choir à vos yeux. Roi Marc, ce serment convient-il ?— Oui, reine, et que Dieu manifeste son vrai jugement !— Amen ! » dit Iseut.

La voix du Rossignol

Trois jours encore, il tarda, ne pouvant se déprendre du pays où vivait la reine. Mais quand vint le quatrième jour, il prit congé du forestier qui l’avait hébergé et dit à Gorvenal :« Beau maître, voici l’heure du long départ : nous irons vers la terre de Galles. »Ils se mirent à la voie, tristement, dans la nuit. Mais leur route longeait le verger enclos de pieux où Tristan, jadis, attendait son amie. La nuit brillait limpide. Au détour du chemin, non loin de la palissade, il vit se dresser dans la clarté du ciel le tronc robuste du grand pin.« Beau maître, attends sous le bois prochain ; bientôt je serai revenu.— Où vas-tu ? Fou, veux-tu sans répit chercher la mort ? » Dans sa chambre, entre les bras de Marc dormi, Iseut veillait. Soudain, par la croisée entr’ouvert où se jouaient les rayons de la lune, entra la voix d’un rossignol.Iseut écoutait la voix sonore qui venait enchanter la nuit ; elle s’élevait plaintive et telle qu’il n’est pas de cœur cruel, pas de cœur de meurtrier qu’elle n’eût attendri. La reine songea : « D’où vient cette mélodie ?… » Soudain elle comprit : « Ah ! c’est Tristan ! Ainsi dans la forêt du Morois il imitait pour me charmer les oiseaux chanteurs. Il part, et voici son dernier adieu. Comme il se plaint ! Tel le rossignol quand il prend congé, en fin d’été, à grande tristesse. Ami, jamais plus je n’entendrai ta voix ! »La mélodie vibra plus ardente.« Ah ! qu’exiges-tu ? que je vienne ! Non, souviens-toi d’Ogrin l’ermite, et des serments jurés. Tais-toi, la mort nous guette… Qu’importe la mort ! tu m’appelles, tu me veux, je viens ! » Dans sa chambre, entre les bras de Marc dormi, Iseut veillait. Soudain, par la croisée entr’ouvert où se jouaient les rayons de la lune, entra la voix d’un rossignol.Iseut écoutait la voix sonore qui venait enchanter la nuit ; elle s’élevait plaintive et telle qu’il n’est pas de cœur cruel, pas de cœur de meurtrier qu’elle n’eût attendri. La reine songea : « D’où vient cette mélodie ?… » Soudain elle comprit : « Ah ! c’est Tristan ! Ainsi dans la forêt du Morois il imitait pour me charmer les oiseaux chanteurs. Il part, et voici son dernier adieu. Comme il se plaint ! Tel le rossignol quand il prend congé, en fin d’été, à grande tristesse. Ami, jamais plus je n’entendrai ta voix ! »La mélodie vibra plus ardente.« Ah ! qu’exiges-tu ? que je vienne ! Non, souviens-toi d’Ogrin l’ermite, et des serments jurés. Tais-toi, la mort nous guette… Qu’importe la mort ! tu m’appelles, tu me veux, je viens ! »

LE GRELOT MERVEILLEUX Tristan se réfugia en Galles, sur la terre du noble duc Gilain. Le duc était jeune, puissant, débonnaire ; il l’accueillit comme un hôte bienvenu. Pour lui faire honneur et joie, il n’épargna nulle peine ; mais ni les aventures ni les fêtes ne purent apaiser l’angoisse de Tristan. Un jour qu’il était assis aux côtés du jeune duc, son cœur était si douloureux qu’il soupirait sans même s’en apercevoir. Le duc, pour adoucir sa peine, commanda d’apporter dans sa chambre privée son jeu favori, qui, par sortilège, aux heures tristes, charmait ses yeux et son cœur. Sur une table recouverte d’une pourpre noble et riche, on plaça son chien Petit-Crû. C’était un chien enchanté : il venait au duc de l’île d’Avallon ; une fée le lui avait envoyé comme un présent d’amour. [...] Il portait au cou, suspendu à une chaînette d’or, un grelot au tintement si gai, si clair, si doux, qu’à l’ouïr le cœur de Tristan s’attendrit, s’apaisa, et que sa peine se fondit. Il ne lui souvint plus de tant de misères endurées pour la reine ; car telle était la merveilleuse vertu du grelot : le cœur, à l’entendre sonner si doux, si gai, si clair, oubliait toute peine. Et tandis que Tristan, ému par le sortilège, caressait la petite bête enchantée qui lui prenait tout son chagrin et dont la robe, au toucher de sa main, semblait plus douce qu’une étoffe de samit, il songeait que ce serait là un beau présent pour Iseut. Mais que faire ? Le duc Gilain aimait Petit-Crû par-dessus toute chose, et nul n’aurait pu l’obtenir de lui, ni par ruse, ni par prière. Un jour, Tristan dit au duc : « Sire, que donneriez-vous à qui délivrerait votre terre du géant Urgan le Velu, qui réclame de vous de lourds tributs ? — En vérité, je donnerais à choisir à son vainqueur, parmi mes richesses, celle qu’il tiendrait pour la plus précieuse ; mais nul n’osera s’attaquer au géant. [...] Enfin la prouesse triompha de la force, l’épée agile de la lourde massue, et Tristan, ayant tranché le poing droit du géant, le rapporta au duc : « Sire, en récompense, ainsi que vous l’avez promis, donnez-moi Petit-Crû, votre chien enchanté ! [...] Prends-le donc ; mais sache que tu m’as enlevé la joie de mes yeux et la gaieté de mon cœur ! » Tristan confia le chien à un jongleur de Galles, sage et rusé, qui le porta de sa part en Cornouailles. Il parvint à Tintagel et le remit secrètement à Brangien. La reine s’en réjouit grandement, donna en récompense dix marcs d’or au jongleur et dit au roi que la reine d’Irlande, sa mère, envoyait ce cher présent. [...] Et chaque fois qu’elle le regardait, tristesse, angoisse, regrets s’effaçaient de son cœur. Elle ne comprit pas d’abord la merveille : si elle trouvait une telle douceur à le contempler, c’était, pensait-elle, parce qu’il lui venait de Tristan ; c’était, sans doute, la pensée de son ami qui endormait ainsi sa peine. Mais un jour elle connut que c’était un sortilège, et que seul le tintement du grelot charmait son cœur. « Ah ! pensa-t-elle, convient-il que je connaisse le réconfort, tandis que Tristan est malheureux ? Il aurait pu garder ce chien enchanté et oublier ainsi toute douleur ; par belle courtoisie, il a mieux aimé me l’envoyer, me donner sa joie et reprendre sa misère. Mais il ne sied pas qu’il en soit ainsi ; Tristan, je veux souffrir aussi longtemps que tu souffriras. » Elle prit le grelot magique, le fit tinter une dernière fois, le détacha doucement ; puis, par la fenêtre ouverte, elle le lança dans la mer.

ISEUT AUX BLANCHES MAINSLes amants ne pouvaient vivre ni mourir l’un sans l’autre. Séparés, ce n’était pas la vie, ni la mort, mais la vie et la mort à la fois.Par les mers, les îles et les pays, Tristan voulut fuir sa misère. Il revit son pays de Loonnois, où Rohalt le Foi-Tenant reçut son fils avec des larmes de tendresse ; mais ne pouvant supporter de vivre dans le repos de sa terre, Tristan s’en fut par les duchés et les royaumes, cherchant les aventures. [...] Alors il crut qu’Iseut s’était déprisé de lui et qu’elle l’oubliait.Or, il advint qu’un jour, chevauchant avec le seul Gorvenal, il entra sur la terre de Bretagne. Ils traversèrent une plaine dévastée : partout des murs ruinés, des villages sans habitants, des champs essartés par le feu, et leurs chevaux foulaient des cendres et des charbons. [...] Pendant deux jours, Tristan et Gorvenal passèrent les champs et les bourgs sans voir un homme, un coq, un chien. Au troisième jour, à l’heure de none, ils approchèrent d’une colline où se dressait une vieille chapelle, et, tout près, l’habitacle d’un ermite. [...] Après le repas, comme la nuit était tombée, et qu’ils étaient assis autour du feu, Tristan demanda quelle était cette terre ruinée :« Beau seigneur, dit l’ermite, c’est la terre de Bretagne, que tient le duc Hoël. C’était naguère un beau pays, riche en prairies et en terres de labour [...] Mais le comte Riol de Nantes y a fait le dégât : ainsi va la guerre. [...] Quand il s’arrêta au pied des murailles closes, il vit une troupe d’hommes debout sur le chemin de ronde, et demanda le duc. Hoël se trouvait parmi ces hommes avec son fils Kaherdin. Il se fit connaître, et Tristan lui dit :« Je suis Tristan, roi de Loonnois, et Marc, le roi de Cornouailles, est mon oncle. J’ai su, seigneur, que vos vassaux vous faisaient tort et je suis venu pour vous offrir mon service. [...] (Le combat a lieu.) Riol se remet en pieds, mais Tristan l’abat encore d’un coup qui fendit le heaume, trancha la coiffe et découvrit le crâne. Riol implora merci, demanda la vie sauve, et Tristan reçut son épée. Il la prit à temps, car de toutes parts les Nantais étaient venus à la rescousse de leur seigneur. Mais déjà leur seigneur était recréant.Riol promit de se rendre en la prison du duc Hoël, de lui jurer de nouveau hommage et foi, de restaurer les bourgs et les villages brûlés. Par son ordre, la bataille s’apaisa, et son ost s’éloigna.Quand les vainqueurs furent rentrés dans Carhaix, Kaherdin dit à son père :« Sire, mandez Tristan, et retenez-le ; il n’est pas de meilleur chevalier et votre pays a besoin d’un baron de telle prouesse. »Ayant pris le conseil de ses hommes, le duc Hoël appela Tristan :« Ami, je ne saurais trop vous aimer, car vous m’avez conservé cette terre. Je veux donc m’acquitter envers vous. Ma fille, Iseut aux Blanches Mains, est née de ducs, de rois et de reines. Prenez-la, je vous la donne.— Sire, je la prends », dit Tristan.

Jour est pris, terme fixé. Le duc vient avec ses amis, Tristan avec les siens. Le chapelain chante la messe. Devant tous, à la porte du moutier selon la loi de sainte Église Tristan épouse Iseut aux Blanches Mains. Les noces furent grandes et riches.Mais, la nuit venue, tandis que les hommes de Tristan le dépouillaient de ses vêtements, ils enlevèrent et firent choir de son doigt son anneau de jaspe vert, l’anneau d’Iseut la Blonde. Il sonne clair sur les dalles. Tristan regarde et le voit. Alors son ancien amour se réveille, et Tristan connaît son forfait.Il lui ressouvint du jour où Iseut la Blonde lui avait donné cet anneau : c’était dans la forêt où, pour lui, elle avait mené l’âpre vie. Et, couché auprès de l’autre Iseut, il revit la hutte du Morois. Par quelle forsennerie avait-il en son cœur accusé son amie de trahison ? Non, elle souffrait pour lui toute misère, et lui seul l’avait trahie. Mais il prenait aussi en compassion Iseut sa femme, la simple, la belle. Les deux Iseut l’avaient aimé à la male heure. À toutes les deux il avait menti sa foi.Pourtant, Iseut aux Blanches Mains s’étonnait de l’entendre soupirer, étendu à ses côtés. Elle lui dit enfin, un peu honteuse :« Cher seigneur, vous ai-je offensé en quelque chose ? Pourquoi ne me donnez-vous pas un seul baiser ? Dites-le moi, que je connaisse mon tort, et je vous en ferai belle amendise, si je puis.— Amie, dit Tristan, ne vous courroucez pas, mais j’ai fait un vœu. Naguère, en un autre pays, j’ai combattu un dragon, et j’allais périr, quand je me suis souvenu de la Mère de Dieu : je lui ai promis que, délivré du monstre par sa courtoisie, si jamais je prenais femme, tout un an je m’abstiendrais de l’accoler et de l’embrasser…— Or donc, dit Iseut aux Blanches Mains, je le souffrirai bonnement. »Mais quand les servantes, au matin, lui ajustèrent la guimpe des femmes épousées, elle sourit tristement, et songea qu’elle n’avait guère droit à cette parure.

XIX LA MORTÀ peine était-il revenu en Petite-Bretagne, à Carhaix, il advint que Tristan, pour porter aide à son cher compagnon Kaherdin, guerroya un baron nommé Bedalis. Il tomba dans une embuscade dressée par Bedalis et ses frères. Tristan tua les sept frères. Mais lui-même fut blessé d’un coup de lance, et la lance était empoisonnée.Il revint à grand’peine jusqu’au château de Carhaix et fit appareiller ses plaies. Les médecins vinrent en nombre, mais nul ne sut le guérir du venin, car ils ne le découvrirent même pas. Ils ne surent faire aucun emplâtre pour attirer le poison au dehors ; vainement ils battent et broient leurs racines, cueillent des herbes, composent des breuvages : Tristan ne fait qu’empirer, le venin s’épand par son corps, il blêmit et ses os commencent à se découvrir.Il sentit que sa vie se perdait, il comprit qu’il fallait mourir. Alors, il voulut revoir Iseut la Blonde. Mais comment aller vers elle ? Il est si faible que la mer le tuerait ; et si même il parvenait en Cornouailles, comment y échapper à ses ennemis ? Il se lamente, le venin l’angoisse, il attend la mort.Il manda Kaherdin en secret pour lui découvrir sa douleur, car tous deux s’aimaient de loyal amour. Il voulut que personne ne restât dans sa chambre, hormis Kaherdin, et même que nul ne se tînt dans les salles voisines. Iseut, sa femme, s’émerveilla en son cœur de cette étrange volonté. Elle en fut tout effrayée et voulut entendre l’entretien. Elle vint s’appuyer en dehors de la chambre, contre la paroi qui touchait au lit de Tristan. Elle écoute ; un de ses fidèles, pour que nul ne la surprenne, guette au dehors.« Beau doux ami, dit Tristan, je suis sur une terre étrangère, où je n’ai ni parent, ni ami, vous seul excepté ; vous seul, en cette contrée, m’avez donné joie et consolation. Je perds ma vie, je voudrais revoir Iseut la Blonde. Mais comment, par quelle ruse lui faire connaître mon besoin ? Ah ! si je savais un messager qui voulût aller vers elle, elle viendrait, tant elle m’aime ! Kaherdin, beau compagnon, par notre amitié, par la noblesse de votre cœur, par notre compagnonnage, je vous en requiers : tentez pour moi cette aventure, et si vous emportez mon message, je deviendrai votre homme-lige et vous aimerai par-dessus tous les hommes. »Kaherdin voit Tristan pleurer, se déconforter, se plaindre ; son cœur s’amollit de tendresse ; il répond doucement, par amour :« Beau compagnon, ne pleurez plus ; je ferai tout votre désir. Certes, ami, pour l’amour de vous je me mettrais en aventure de mort. Nulle détresse, nulle angoisse ne m’empêchera de faire selon mon pouvoir. Dites ce que vous voulez mander à la reine, et je fais mes apprêts. »Tristan répondit :« Ami, soyez remercié ! Or, écoutez ma prière. Prenez cet anneau : c’est une enseigne entre elle et moi. Et quand vous arriverez en sa terre, faites-vous passer à la cour pour un marchand. Présentez-lui des étoffes de soie, faites qu’elle voie cet anneau : aussitôt elle cherchera une ruse pour vous parler en secret. Alors dites-lui que mon cœur la salue ; que, seule, elle peut me porter réconfort ; dites-lui que, si elle ne vient pas, je meurs ; dites-lui qu’il lui souvienne de nos plaisirs passés, et des grandes peines, et des grandes tristesses, et des joies, et des douceurs de notre amour loyal et tendre ; qu’il lui souvienne du breuvage que nous bûmes ensemble sur la mer ; ah ! c’est notre mort que nous y avons bue ! Qu’il lui souvienne du serment que je lui fis de n’aimer jamais qu’elle : j’ai tenu cette promesse ! »

XIXLA MORTAmor condusse noi ad una morte.(Dante, Inf. ch. v.)À peine était-il revenu en Petite-Bretagne, à Carhaix, il advint que Tristan, pour porter aide à son cher compagnon Kaherdin, guerroya un baron nommé Bedalis. Il tomba dans une embuscade dressée par Bedalis et ses frères. Tristan tua les sept frères. Mais lui-même fut blessé d’un coup de lance, et la lance était empoisonnée.Il revint à grand’peine jusqu’au château de Carhaix et fit appareiller ses plaies. Les médecins vinrent en nombre, mais nul ne sut le guérir du venin, car ils ne le découvrirent même pas. Ils ne surent faire aucun emplâtre pour attirer le poison au dehors ; vainement ils battent et broient leurs racines, cueillent des herbes, composent des breuvages : Tristan ne fait qu’empirer, le venin s’épand par son corps, il blêmit et ses os commencent à se découvrir.Il sentit que sa vie se perdait, il comprit qu’il fallait mourir. Alors, il voulut revoir Iseut la Blonde. Mais comment aller vers elle ? Il est si faible que la mer le tuerait ; et si même il parvenait en Cornouailles, comment y échapper à ses ennemis ? Il se lamente, le venin l’angoisse, il attend la mort.Il manda Kaherdin en secret pour lui découvrir sa douleur, car tous deux s’aimaient de loyal amour. Il voulut que personne ne restât dans sa chambre, hormis Kaherdin, et même que nul ne se tînt dans les salles voisines. Iseut, sa femme, s’émerveilla en son cœur de cette étrange volonté. Elle en fut tout effrayée et voulut entendre l’entretien. Elle vint s’appuyer en dehors de la chambre, contre la paroi qui touchait au lit de Tristan. Elle écoute ; un de ses fidèles, pour que nul ne la surprenne, guette au dehors.Tristan rassemble ses forces, se redresse, s’appuie contre la muraille ; Kaherdin s’assied près de lui, et tous deux pleurent ensemble tendrement. Ils pleurent leur bon compagnonnage d’armes, si tôt rompu, leur grande amitié et leurs amours ; et l’un se lamente sur l’autre.« Beau doux ami, dit Tristan, je suis sur une terre étrangère, où je n’ai ni parent, ni ami, vous seul excepté ; vous seul, en cette contrée, m’avez donné joie et consolation. Je perds ma vie, je voudrais revoir Iseut la Blonde. Mais comment, par quelle ruse lui faire connaître mon besoin ? Ah ! si je savais un messager qui voulût aller vers elle, elle viendrait, tant elle m’aime ! Kaherdin, beau compagnon, par notre amitié, par la noblesse de votre cœur, par notre compagnonnage, je vous en requiers : tentez pour moi cette aventure, et si vous emportez mon message, je deviendrai votre homme-lige et vous aimerai par-dessus tous les hommes. »Kaherdin voit Tristan pleurer, se déconforter, se plaindre ; son cœur s’amollit de tendresse ; il répond doucement, par amour :« Beau compagnon, ne pleurez plus ; je ferai tout votre désir. Certes, ami, pour l’amour de vous je me mettrais en aventure de mort. Nulle détresse, nulle angoisse ne m’empêchera de faire selon mon pouvoir. Dites ce que vous voulez mander à la reine, et je fais mes apprêts. »Tristan répondit :« Ami, soyez remercié ! Or, écoutez ma prière. Prenez cet anneau : c’est une enseigne entre elle et moi. Et quand vous arriverez en sa terre, faites-vous passer à la cour pour un marchand. Présentez-lui des étoffes de soie, faites qu’elle voie cet anneau : aussitôt elle cherchera une ruse pour vous parler en secret. Alors dites-lui que mon cœur la salue ; que, seule, elle peut me porter réconfort ; dites-lui que, si elle ne vient pas, je meurs ; dites-lui qu’il lui souvienne de nos plaisirs passés, et des grandes peines, et des grandes tristesses, et des joies, et des douceurs de notre amour loyal et tendre ; qu’il lui souvienne du breuvage que nous bûmes ensemble sur la mer ; ah ! c’est notre mort que nous y avons bue ! Qu’il lui souvienne du serment que je lui fis de n’aimer jamais qu’elle : j’ai tenu cette promesse ! »Derrière la paroi, Iseut aux Blanches Mains entendit ces paroles ; elle défaillit presque.« Hâtez-vous, compagnon, et revenez bientôt vers moi : si vous tardez, vous ne me reverrez plus. Prenez un terme de quarante jours et ramenez Iseut la Blonde. Cachez votre départ à votre sœur, ou dites que vous allez quérir un médecin. Vous emmènerez ma belle nef ; prenez avec vous deux voiles, l’une blanche, l’autre noire. Si vous ramenez la reine Iseut, dressez au retour la voile blanche ; et si vous ne la ramenez pas, cinglez avec la voile noire. Ami, je n’ai plus rien à vous dire : que Dieu vous guide et vous ramène sain et sauf ! »Il soupire, pleure et se lamente, et Kaherdin pleure pareillement, baise Tristan et prend congé.Au premier vent il se mit en mer. Les mariniers halèrent les ancres, dressèrent la voile, cinglèrent par un vent léger, et leur proue trancha les vagues hautes et profondes. Ils emportaient de riches marchandises : des draps de soie teints de couleurs rares, de la belle vaisselle de Tours, des vins de Poitou, des gerfauts d’Espagne, et par cette ruse Kaherdin pensait parvenir auprès d’Iseut. Huit jours et huit nuits, ils fendirent les vagues et voguèrent à pleines voiles vers la Cornouailles.Colère de femme est chose redoutable, et que chacun s’en garde ! Là où une femme aura le plus aimé, là aussi elle se vengera le plus cruellement. L’amour des femmes vient vite, et vite vient leur haine ; et leur inimitié, une fois venue, dure plus que l’amitié. Elles savent tempérer l’amour, mais non la haine. Debout contre la paroi, Iseut aux Blanches Mains avait entendu chaque parole. Elle avait tant aimé Tristan !… elle connaissait enfin son amour pour une autre. Elle retint les choses entendues ; si elle le peut un jour, comme elle se vengera sur ce qu’elle aime le plus au monde ! Pourtant, elle n’en fit nul semblant, et dès qu’on ouvrit les portes, elle entra dans la chambre de Tristan, et, cachant son courroux, continua de le servir et de lui faire belle chère, ainsi qu’il sied à une amante. Elle lui parlait doucement, le baisait sur les lèvres, et lui demandait si Kaherdin reviendrait bientôt avec le médecin qui devait le guérir… Mais toujours elle cherchait sa vengeance.

L’ancre était relevée, le mât dressé, la voile tendue. Le vent frais du matin bruissait dans les haubans et gonflait les toiles. Hors du port, vers la haute mer toute blanche et lumineuse au loin sous les rais du soleil, la nef s’élança.À Carhaix, Tristan languit. Il convoite la venue d’Iseut. Rien ne le conforte plus, et, s’il vit encore, c’est qu’il l’attend. Chaque jour, il envoyait, au rivage guetter si la nef revenait, et la couleur de sa voile ; nul autre désir ne lui tenait plus au cœur. Bientôt il se fit porter sur la falaise de Penmarch, et, si longtemps que le soleil se tenait à l’horizon, il regardait au loin la mer.Écoutez, seigneurs, une aventure douloureuse, pitoyable à tous ceux qui aiment. Déjà Iseut approchait ; déjà la falaise de Penmarch surgissait au loin, et la nef cinglait plus joyeuse. Un vent d’orage grandit tout à coup, frappe droit contre la voile et fait tourner la nef sur elle-même. Les mariniers courent au lof, et contre leur gré virent vent arrière. Le vent fait rage, les vagues profondes s’émeuvent, l’air s’épaissit en ténèbres, la mer noircit, la pluie s’abat en rafales. Haubans et boulines se rompent, les mariniers baissent la voile et louvoient au gré de l’onde et du vent ; ils avaient, pour leur malheur, oublié de hisser à bord la barque amarrée à la poupe et qui suivait le sillage de la nef. Une vague la brise et l’emporte. [...] Tristan était trop faible désormais pour veiller encore sur la falaise de Penmarch, et depuis de longs jours, enfermé loin du rivage, il pleurait pour Iseut qui ne venait pas. Dolent et las, il se plaint, soupire, s’agite ; peu s’en faut qu’il ne meure de son désir.Enfin, le vent fraîchit et la voile blanche apparut. Alors, Iseut aux Blanches Mains se vengea.Elle vient vers le lit de Tristan et dit :« Ami, Kaherdin arrive. J’ai vu sa nef en mer : elle avance à grand’peine ; pourtant je l’ai reconnue ; puisse-t-il apporter ce qui doit vous guérir ! »Tristan tressaille :« Amie belle, vous êtes sûre que c’est sa nef ? Or, dites-moi comment est la voile.— Je l’ai bien vue, ils l’ont ouverte et dressée très haut, car ils ont peu de vent. Sachez qu’elle est toute noire. »Tristan se tourna vers la muraille et dit :« Je ne puis retenir ma vie plus longtemps. » Il dit trois fois : « Iseut, amie ! » À la quatrième, il rendit l’âme.Alors, par la maison, pleurèrent les chevaliers, les compagnons de Tristan. Ils l’ôtèrent de son lit, l’étendirent sur un riche tapis et recouvrirent son corps d’un linceul.

Sur la mer, le vent s’était levé et frappait la voile en plein milieu. Il poussa la nef jusqu’à la terre. Iseut la Blonde débarqua. Elle entendit de grandes plaintes par les rues, et les cloches sonner aux moutiers, aux chapelles. Elle demanda aux gens du pays pourquoi ces glas, pourquoi ces pleurs.Un vieillard lui dit :« Dame, nous avons une grande douleur. Tristan, le franc, le preux, est mort. Il était large aux besogneux, secourable aux souffrants. C’est le pire désastre qui soit jamais tombé sur ce pays. »Iseut l’entend, elle ne peut dire une parole. Elle monte vers le palais. [...] Elle se tourna vers l’orient et pria Dieu. Puis elle découvrit un peu le corps, s’étendit près de lui, tout le long de son ami, lui baisa la bouche et la face, et le serra étroitement : corps contre corps, bouche contre bouche, elle rendit ainsi son âme, elle mourut auprès de lui pour la douleur de son ami.Quand le roi Marc apprit la mort des amants, il franchit la mer et, venu en Bretagne, fit ouvrer deux cercueils, l’un de calcédoine pour Iseut, l’autre de béryl pour Tristan. Il emporta sur sa nef vers Tintagel leurs corps aimés. Auprès d’une chapelle, à gauche et à droite de l’abside, il les ensevelit en deux tombeaux. Mais, pendant la nuit, de la tombe de Tristan jaillit une ronce verte et feuillue, aux forts rameaux, aux fleurs odorantes, qui, s’élevant par-dessus la chapelle, s’enfonça dans la tombe d’Iseut. Les gens du pays coupèrent la ronce : au lendemain elle renaît, aussi verte, aussi fleurie, aussi vivace, et plonge encore au lit d’Iseut la Blonde. Par trois fois ils voulurent la détruire ; vainement. Enfin, ils rapportèrent la merveille au roi Marc : le roi défendit de couper la ronce désormais.

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SOLUTION

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10

Kaherdin est en guerre contre un baron.

Tristan est mortellement blessé.

Iseut aux Blanches Mains entend le récit de Tristan et le stratagème des amis.

Iseut aux Blanches Mains ment à Tristan qui meurt.

Iseut la Blonde meurt aux côté de Tristan.

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L'amour courtois

Les règles fondamentales

1 La dame est la suzeraine. La dame occupe une position symbolique élevée. L'homme doit lui vouer un amour exclusif et sans limite. 2 L'amour est source de tous les biens. L'homme accomplit des prouesses et des exploits pour gagner l'amour de sa dame. 3. La dame est libre de lui accorder ses faveurs ou de les refuser. 4 L'amour ne peut peut être obtenu sans souffrance. 5 L'amour est incompatible avec le mariage. l'amour courtois est toujours une relation adultère. 6 La relation doit rester secrète. 7 L'amour courtois concerne les gens de la cour.